**218.61** **B18/9.2.61 ** Ms autogr. 4 p. (21 x 13) **À ses parents** //Rome 25 février 68 // Chers parents, C'est aujourd'hui que finissent nos petites vacances de carnaval. Nous en avons profité pour nous reposer un peu l'esprit et le corps, et nous allons reprendre demain les cours qui ne seront plus interrompus jusqu'à Pâques. Quelques élèves ont profité de ces jours de liberté pour faire les excursions de Tivoli, de Subiaco, des monts Albains et autres dont je vous ai parlé autrefois. Je connaissais déjà tout cela; aussi suis-je resté à Rome1. Le matin, je travaillais à me mettre au courant de ce que le grand nombre de cours m'avait forcé de négliger, et toutes les après-midi je faisais une charmante promenade de trois heures, avec quelques-uns de mes confrères, aux ruines et aux sites les plus intéressants qui avoisinent Rome. Nous avons été favorisés par une température délicieuse. La sève du printemps commence seulement à revêtir les arbres de leurs feuilles; mais il y en a un grand nombre qui restent toujours verts et tous les arbres fruitiers sont en fleurs depuis quinze jours au moins. Les réjouissances du carnaval dans la ville ont été très animées. Elles sont ici fort innocentes. La foule se porte au Corso toutes les après-midi, à pied, en voiture ou sur les balcons, et c'est un échange de bouquets ou de dragées de plâtre de la rue aux balcons suivant le caprice du moment. Il y a des chars élégants et de jolis costumes, mais pas de masques sur les visages. Les anglais sont très friands de ces divertissements. Les étrangers sont très nombreux à Rome comme tous les hivers. J'ai profité de ces vacances pour écrire quelques lettres, mais je n'en ai reçu de personne. Nous allons entrer en carême. Rome a pendant cette partie de l'année une physionomie toute particulière. Depuis les premiers siècles de l'Église, à chaque jour du carême est assignée une des anciennes basiliques et églises de Rome, élevées sur les tombeaux des martyrs, et les romains s'y rendent dévotement l'après-midi pour gagner les indulgences qui y sont attachées. C'est ce qu'on appelle les stations de carême. Nous profitons de nos petites promenades de chaque jour pour faire notre visite aux églises stationnales. C'est un des nombreux avantages qu'offre à la piété le séjour de Rome. Il est bien juste que les faveurs et les indulgences de l'Église aient été prodiguées aux sanctuaires de Rome, parce qu'ils sont presque tous élevés sur le lieu du martyre ou du tombeau de quelque saint2. J'attends une lettre de vous prochainement. Comme je me sers quelquefois d'occasions plus ou moins certaines, s'il arrivait qu'une de mes lettres se perdît ou se fît attendre, il ne faudrait pas vous en inquiéter. Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon et Marthe. Je vous embrasse de tout cœur. Votre dévoué fils L. Dehon 1 Cf. LD 45 d'avril 1866. À noter cependant que, selon NHV VI, 47-52, il a fait «aux vacances de Pâques 1868» l'excursion de Tivoli, Subiaco…: notes donc qui en réalité doivent se rapporter à l'excursion de 1866 2 Cf. NHV V, 17.