**218.81** **B18/9.2.81 ** Ms autogr. 5 p. (21 x 13) **À ses parents** //Rome 23 mai 69 // Chers parents, C'est une bien belle journée aujourd'hui à Ste Claire. C'était hier l'ordination et nous avons eu sept nouveaux prêtres. Ce sont les élèves de mon cours, avec lesquels je devais être ordonné. Il y avait entre autres Mr Bernard de Lille et Mr Le Tallec, l'ancien zouave pontifical breton qui a servi ma seconde messe à St-Pierre. Aujourd'hui, Mr Dugas de Lyon chantait sa première messe ici. Il y avait son père, son frère, sa belle-sœur et même ses deux petites nièces qui sont grandes comme Marthe et Amélie. Vous pouvez représenter combien c'est émouvant en vous rappelant le 19 et le 20 décembre. Toute cette famille est bien heureuse aujourd'hui parce qu'elle est bien unie avec Dieu. Du reste, c'est une famille admirable. Mr Dugas père, bien que banquier, a le zèle de dire tous les jours l'office divin comme les ecclésiastiques, et le 11 avril, il a apporté au St-Père un cadeau de 50.000 francs. Je m'étonne, cher père, que le souvenir des belles journées que tu as passées ici, puisse te laisser en repos si tu n'es pas au courant de tes devoirs. Tu dois être soucieux et dois avoir perdu la paix de ton cœur. N'attends pas davantage. Le 31 mai, tu seras inscrit sous la protection de N.D. du Sacré-Cœur. C'est une association qui a plusieurs millions de membres, y compris Pie IX. On obtient par là bien des grâces. Je vous ai fait inscrire tous les quatre, vous deux, Henri et Laure. Pour gagner les indulgences, il faut dire matin et soir l'invocation: Notre-Dame du Sacré-Cœur, priez pour nous. J'ai recommandé aux prières de toute l'association plusieurs conversions et la persévérance d'une âme juste: tu comprends, cher Père, que tu ne pourras pas résister aux prières du monde entier. Je suis heureux que Mgr veuille bien s'intéresser à moi. Partout où il me mettra, il y aura quelque bien à faire et il sait bien que je ne m'inquiète pas de la question d'argent. Pour ce pauvre confrère que nous avons perdu, il a été entouré des soins les plus tendres par ses confrères. On le veillait jour et nuit, et pour témoigner à sa famille qu'il était entouré de vrais amis à sa mort, nous avons voulu supporter les frais de ses funérailles. Sa famille est une des familles de grande foi de la Bretagne et elle se console par la religion de son grand chagrin. Il n'y a plus de malades ici pour le moment1. J'ai reçu votre lettre hier, et une autre aujourd'hui de Mr Clavel. Je n'ai pas un instant pour écrire à Henri et à Laure. Embrassez-les pour moi, ainsi que maman Dehon, Marthe et Amélie. Je vous embrasse de tout cœur. Votre dévoué fils L. Dehon Excusez-moi si ma lettre est griffonnée. Post-scriptum. Je viens de voir le P. Supérieur. Il me dit que deux ou trois élèves vont partir dans huit jours pour fuir les chaleurs, et il n'est pas éloigné de me renvoyer avec eux parce que je ne pourrai plus faire grand-chose cette année, et j'ai besoin de longues vacances pour me préparer à l'année prochaine qui sera assez fatigante. Il pourrait donc se faire que je vous arrive bientôt; je vous écrirai prochainement à ce sujet2. Je vous embrasse de nouveau. L. Dehon, pr. 1 Sur ce «pauvre confrère» cf. LD 116. 2 Cette fin d'année scolaire fut en effet marquée par une grande fatigue qui fit craindre le pire. Cf. NHV VI, 136-139.