**220.01** **B18/11.1.1 ** Ms autogr. 4 p. (21 x 13) **À ses parents** //Rome 11 janvier 70 // Chers parents, Nous avons eu pas mal de travail au Concile depuis quelques jours. Il y a eu la semaine dernière trois congrégations générales et la session1. Cette semaine nous avons un peu de repos, il n'y aura que deux congrégations. Chacune de ces réunions est pour nous très intéressante. Nous voyons de près se préparer les décrets qui ont la promesse d'être les oracles de l'Esprit-Saint. Quelles belles journées qui commencent par l'oblation du saint sacrifice, où j'ai le pouvoir d'appeler auprès de moi Notre-Seigneur et de puiser pour les vivants et pour les morts dans les trésors de ses grâces, et qui se continuent par une assistance si intime aux enseignements les plus élevés de l'Église! Les travaux du Concile marchent très bien. Cependant, il faut bien s'attendre à ce qu'il y ait quelques évêques qui, trompés par l'une ou l'autre illusion et se croyant dans la vérité, le retardent sur quelques points. Mais la promesse de la vérité n'est que pour ceux qui sont unis au successeur de Pierre, parce que c'est à lui qu'il a été dit: «Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église.» Un charmant incident de la séance d'hier était un beau discours (en latin) d'un évêque chaldéen, du pays des rois mages2. Nous écrivons beaucoup aux congrégations et nous réussissons fort bien jusqu'à présent. Aux sessions publiques nous n'avons pas à écrire, mais nous avons le privilège d'y assister dans les tribunes. Quatre seulement nous représentent dans la salle près de l'autel. J'étais de ce nombre à la seconde session, le jour de l'Épiphanie. Combien j'étais heureux d'être uni de si près aux prières de Pie IX et de tout le Concile pour l'Église. Nous avons souvent l'occasion d'entendre de magnifiques sermons de nos évêques français. Il y en a tous les jours de l'octave de l'Épiphanie à St André della Valle où vous alliez souvent l'an dernier3. Je me porte très bien et je n'ai pas même d'engelures comme j'en avais l'an dernier à pareille époque. Embrassez pour moi Henri, Laure, et maman Dehon. Donnez quelques bonbons de ma part à Marthe pour qu'elle ne m'oublie pas, et aussi à la petite Amélie. Je vous embrasse de tout cœur. Votre dévoué fils L. Dehon, pr. 1 On peut suivre, en NHV VII, 47-58, le déroulement de cette période, du 28 décembre au 10 janvier. 2 Mgr Ebedjesus Khayatt, évêque d'Amadija en Chaldée: «Les Orientaux, dit-il, ne connaissent pas les erreurs modernes et ils seront plus scandalisés qu'édifiés s'ils voient qu'on en est encore en Occident à discuter l'existence de Dieu et la spiritualité de l'âme» (NHV VII, 57). 3 Cf. NHV VII, 54-57.