1159.40 **B 106/2 ** **20.02.1875** **pp. 111-112** **Semaine religieuse Soissons** (Lettre d'invitation, signée du P. Hannus (Liesse) et de l'abbé Dehon, en vue du Congrès de Liesse - assemblée des œuvres catholiques du diocèse-, 10-11 mars 1875 ; lettre envoyée aux curés pour préparer l'assemblée, cf. NHV XI, 93sq) Monsieur, Plusieurs diocèses, et en particulier ceux de Cambrai et d'Arras voisins du nôtre, ont déjà tenu des réunions dans le but de généraliser les résultats des Congrès Catholiques qui ont eu lieu ces dernières années à Paris, à Nantes et à Lyon. Monseigneur l'Evêque de Soissons désire qu'une assemblée de ce genre se tienne prochainement à Notre-Dame de Liesse. Notre diocèse ne possède pas jusqu'à présent beaucoup d'œuvres, mais les réponses faites au Questionnaire du Bureau diocésain montrent que le clergé a compris la nécessité des Associations catholiques dans les conjonctures critiques que traverse en ce moment la société chrétienne. L'élan est donné, bien des œuvres vont surgir. Il importe donc qu'une réunion prochaine entretienne ces bonnes volontés et les stimule par le récit des résultats obtenus. Le Bureau diocésain, pour répondre au désir de Monseigneur, prend l'initiative de cette réunion, de laquelle nous espérons de si heureux fruits. Elle se tiendra à Notre-Dame de Liesse, les 10 et 11 Mars prochain. Nous vous proposons dès aujourd'hui le Programme des Questions qui doivent y être traitées, mais il pourra subir des modifications partielles. Monseigneur veut bien déléguer un de MM. les vicaires généraux pour présider l'assemblée en son nom. Nous demanderons le concours des membres du Bureau central de l'Union des Œuvres Ouvrières, du Comité de l'Œuvre des Cercles Catholiques, dans lequel notre département est si bien représenté, et de l'apôtre de l'usine chrétienne, M. Léon Harmel, filateur au Val-des-Bois, près Reims. Un des principaux résultats de cette réunion sera d'encourager les œuvres des campagnes, plus difficiles peut-être, mais non moins nécessaires que dans les villes. L'esprit chrétien et la pratique religieuse se perdent dans nos campagnes, la corruption des villes y a pénétré. Des Associations chrétiennes y ramèneront la foi avec les convictions sérieuses et l'énergie du devoir. Nous savons par les correspondances de plusieurs prêtres zélés, que des résultats ont été obtenus dans certaines paroisses rurales qui paraissaient d'abord offrir peu de ressources pour l'établissement de ces Œuvres. La question de l'usine donnera à cette assemblée un grand intérêt. L'industrie nous envahit : faudra-t-il nécessairement acheter ses avantages matériels au prix de la démoralisation de nos populations ouvrières ? Non, l'usine chrétienne n'est pas un rêve irréalisable ; nous en avons des types admirables où, grâce à un ensemble d'œuvres et d'institutions diverses, on a pu faire revivre la vigueur de la foi chrétienne, les coutumes des familles les plus honorables, et avec le bonheur du devoir accompli, l'esprit d'ordre et d'économie qui assure la prospérité de l'avenir. Penser à supprimer l'usine serait une utopie ridicule ; il faut christianiser l'usine. Notre réunion diocésaine fera appel à tous les industriels pour les engager à prendre les moyens qui ont abouti ailleurs à de si merveilleux résultats. Nous vous prions instamment, Monsieur, de faire part de notre projet à ceux de vos amis ecclésiastiques ou laïcs qui s'intéressent à ces œuvres multiples et qui veulent y contribuer par leur action, par leur influence, ou par leurs souscriptions. //Pour le Bureau diocésain// J.B. Hannus, S.J. L. Dehon, Vic.