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B18/9.2.39

Ms autogr. 2 p. (21 x 13)

À ses parents

Rome 12 Février 67

Chers parents,

Je vous envoie une lettre que mon vénéré supérieur m'a remise pour vous. Je lui ai dit confidentiellement que j'étais désolé de vous savoir tristes et chagrins. Je suppose qu'il vous explique que j'ai agi suivant la volonté de Dieu et que l'amour des enfants pour leurs parents ne fait que s'accroître quand ils suivent cette voie1.

Je rends grâce à Dieu de ce que ma chère mère ne souffre plus et j'espère qu'au mois de juillet nous pourrons être tout au bonheur d'être ensemble, sans avoir beaucoup besoin d'aller voir le médecin.

Votre dernière lettre m'a fait bien plaisir parce qu'elle n'était plus empreinte de cette fâcheuse inquiétude qu'exprimaient les précédentes. J'ai reçu aussi une bonne lettre de ce cher Mr Boute qui nous aime tous beaucoup2.

Nous avons eu dimanche une belle fête, la béatification du bienheureux Benoît d'Urbin. C'est un saint capucin qui vivait au commencement du 17ème siècle. Saint-Pierre était orné de tentures de soie et le chœur splendidement illuminé. Quatre grands tableaux représentaient les principaux miracles opérés par le bienheureux, authentiquement constatés par les autorités, les médecins et de nombreux témoins. Au fond du chœur, au centre d'une gloire rayonnante d'or et de lumières, était le portrait du saint. Après la lecture du décret devant le Sacré-Collège, on découvrit le portrait en entonnant le Te Deum; et le canon du fort Saint-Ange annonçait la fête à la ville. Il y eut ensuite messe solennelle et le soir le Saint-Père alla avec les cardinaux vénérer les reliques du bienheureux. Une telle fête marque combien Rome est peu inquiète et se préoccupe peu de la révolution.

Écrivez-moi bientôt. Dites-moi si Jules Lerouge a pu recevoir les sacrements avant de mourir3. Embrassez pour moi Henri, Laure et maman Dehon et la chère petite Marthe.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon

1 Cette belle lettre du P. Freyd à Mr Dehon mérite d'être reproduite (LV 1) comme intéressant la vie du P. Dehon à cette époque, même si elle ne lui est pas directement adressée et ne trouverait pas normalement place parmi les lettres de correspondants (LC).

2 Cf. LC 27.

3 Personnage pas autrement identifié.