221.15

B18/11.2.15

11. 09. 1872

Ses parents

Chers parents,

Je serais allé volontiers à Vervins pour voir ma tante, mais je suis trop chargé de besogne. J'ai écrit hier à mon oncle Félix pour avoir des nouvelles.

Je suis très occupé par ma construction qui grandit petit à petit mais pas aussi vite que je le voudrais. L'œuvre marche très bien. Nous avions dimanche dernier une réunion de cent jeunes gens. Vous pouvez vous imaginer combien il y a de besogne pour organiser et diriger une œuvre aussi importante. J'ai eu avant-hier la visite de Mr le curé de Buironfosse. Il ira bientôt vous voir et vous donnera des détails sur la construction de notre local.

Nous aurons besoin de panneaux de fonte à jour pour une partie de corridor. Je crois que vous en avez encore deux qui ne vous servent pas depuis plusieurs années. Si vous voulez bien en faire don à notre œuvre donnez-moi leurs dimensions et je vous écrirai de suite s'ils peuvent faire notre affaire. Vous les enverriez par le messager.

Monsieur Lecot que vous avez reçu à La Capelle vient d'être éprouvé très cruellement. Il a perdu son fils aîné de 14 ans. Il est mort de la méningite après quelques jours de maladie. Ils sont admirables de résignation. Cependant c'est un grand chagrin pour la famille. C'était un enfant charmant comme le petit Pierre que vous connaissez. Il allait entrer en seconde chez les Jésuites à Vaugirard.

J'ai aperçu Madame Fiévet à l'église. Ses enfants craignent de la prévenir de la mort de son frère. Ernestine se plaint de n'avoir pas été avisée de cette mort.

Voici les chaleurs passées, je crois que vous pourrez bientôt m'expédier une feuillette de vin. Le mieux serait peut-être de m'envoyer du vin de Bordeaux qui ait déjà quelques années et que l'on puisse boire de suite. Vous pourrez vous payer avec les cent francs qu'il me reste à recevoir pour cette année. J'ai de quoi vivre ici jusqu'au mois de novembre.

Quand vous irez à Vervins veuillez faire payer chez Flem trois abonnements à la Thiérache pour Mr Cardon, Mr Gespitz et moi et de plus un volume ancien également intitulé la Thiérache que nous avons fait venir pour Mr Cardon, en tout vingt francs. Vous marquerez cela à mon compte.

Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon et les enfants. Dites-moi si mon oncle Alfred est tout à fait remis. Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon

P.S. Demandez des reçus chez Flem.