221.17

B18/11.2.17

15. 10. 1872

Ses parents

Chers parents,

Je me laisse comme vous mettre en retard par mes occupations. Nous avons toujours ici quelque travail qui absorbe tous nos instants. Aujourd'hui c'était une conférence ecclésiastique qui me préoccupait depuis quelques jours. Mais ce qui m'a donné le plus de besogne depuis deux mois c'est le patronage. On a de la peine ici comme partout à trouver des ouvriers et ceux que l'on a font le lundi un jour ou deux chaque semaine. Cependant notre construction avance.

Il nous faudrait encore trois semaines de beau temps pour que notre bâtiment soit couvert. Déjà la cour, le préau et les lieux sont terminés et nous avons pu nous réunir là avant-hier et le dimanche précédent. L'œuvre marche très bien. Mr Gobaille est enchanté de sa fondation. J'espère que nous arriverons facilement à payer nos constructions. Une dame m'a fait don dernièrement d'un billard pour mon œuvre.

Je ne sais pas avec toutes ces occupations quand je pourrai aller vous voir. Il peut se faire cependant que je trouve bientôt le moyen d'aller passer une semaine avec vous.

Un de mes confrères, Mr Chedaille, est allé à Lourdes avec le pèlerinage national. Aujourd'hui Mr Genty, Mr Mathieu et Mr Gespitz sont partis pour le pèlerinage d'Issoudun. C'est moi qui voyage le moins.

J'ai vu plusieurs fois madame Fiévet. Elle est plus résignée qu'autrefois. Elle part demain pour La Capelle.

Je serai heureux de voir papa ici. Ma nouvelle chambre lui plaira. Je m'y trouve fort bien et je ne la changerais pas même pour celle de Mr Mathieu.

Si je ne vous vois pas avant un mois j'espère que vous pourrez m'envoyer 500 francs vers le mois de novembre.

J'ai fait mettre mon vin en bouteilles. Je le trouve bon. Je désirerais que vous m'envoyiez aussi à l'occasion deux ou trois litres de liqueur.

Comment est organisé votre asile? Amélie y sera-t-elle avec les enfants du peuple?

Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon et les enfants. Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon, vic.