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Mois de Juillet

Le Sacré-Cœur de Jésus dans sa vie publique: ses enseignements

Deux méditations pour la retraite du mois

I. Vie de zèle et de dévouement

Mois du Précieux Sang

Ego sum pastor bonus: et cognosco oves meas et cognoscunt me meae… et animam meam pono pro ovibus meis. Et alias oves habeo, quae non sunt ex hoc ovili: et illas oporter me adducere et vo­cem meam audient (Joan. 10,11).

Je suis le bon Pasteur: je connais mes brebis et elles me connaissent… et je don­ne ma vie pour mes brebis. Et j'ai d'au­tres brebis qui ne sont pas de ce troupeau: il faut que. j'amène aussi celles-là et elles entendront ma vois (S. Jean, 10,11).

1er Prélude. Je vois Jésus donnant son sang pour ses brebis, particulièrement à Geth­sémani et au Calvaire.

2e Prélude. O bon Pasteur, donnez-moi l'esprit de zèle et de dévouement pouur que je me dépense aussi pour le bien de mon prochain.

1er POINT: Zèle de Jésus marqué par les flammes de son Cœur. - Jésus s'est dépeint lui-même comme le bon Pasteur qui donne sa vie pour ses bre­bis. Pendant toute sa vie mortelle, il a été embrasé de zèle pour la gloire de son Père et pour le salut des âmes. C'est par zèle qu'il a embrassé la pauvreté, le travail et l'obéissance; c'est par zèle qu'il s'est fatigué à prê­cher à travers la Judée et la Galilée; c'est par zèle qu'il a voulu porter sa croix et donner son sang pour nous.

S'il demeure dans l'Eucharistie et s'il intercède au ciel, c'est toujours par l'effet de son zèle pour la gloire de son Père et pour le salut des âmes. Les apôtres, dit saint Jean, lui appliquaient la parole du psaume 68: «Le zèle de votre maison me dévore».

Quels seront les objets de notre zèle? La gloire de Dieu et son culte, l'honneur des saints, la réparation des outrages faits à Notre-Seigneur, la conversion des pécheurs, l'éducation de l'enfance, la vie sociale chré­tienne, le soulagement des malheureuse, la délivrance des âmes du purga­toire. Quel champ immense! Il faut nous mettre à l'œuvre avec méthode et selon les devoirs de notre vocation.

IIe POINT: Le zèle de l'apôtre du Sacré-Cœur. - Jésus est tout zèle. Le zèle a consumé et dévoré sa vie. Les flammes de son Cœur en témoi­gnent. Il devait nécessairement inspirer le même esprit à la bienheureuse Marguerite-Marie, l'apôtre de son Cœur. Les rayons embrasés du Sacré-Cœur descendirent sur le cœur de son humble apôtre. C'était comme un feu qui dévorait ce cœur.

«Mon chétif cœur, disait-elle, se sent continuellement pressé de faire connaître et aimer celui de notre divin Maître, ce qui me fait souffrir un martyre continuel» (Lettre au P. Croiset. Lettre 100).

Elle eût voulu conquérir le monde au doux empire du Sacré-Cœur; elle trouva des auxiliaires jusqu'en Pologne, en Asie et en Amérique. Elle n'eut pas de repos jusqu'à ce qu'elle eût fait imprimer une image du Sacré-Cœur et composé des livres en son honneur. Elle mendiait des ressources pour sa propagande.

Elle eût voulu envoyer ces livres et ces images dans toutes le parties du monde.

Il lui fallut une chapelle spéciale, elle l'obtint.

Dans ses dernières années, elle vit le couronnement de son zèle. La fê­te du vendredi après l'octave du Saint-Sacrement se célébra au monastè­re. Toute la communauté entra dans ses vues. Les autres monastères de la visitation adoptèrent cette chère dévotion. D'autres ordres religieux s'en firent les apôtres, comme les jésuites, les bénédictins, les capucins, les oratoriens.

Son zèle alla même s'adresser jusqu'au cœur des rois, elle fit proposer à Louis XIV la consécration du royaume au Sacré-Cœur.

Elle désira mourir pour que son œuvre s'étendît plus librement. Elle offrit sa vie dans ce but.

Quel exemple de zèle incessant et ardent.

IIIe POINT: Les promesses faites aux apôtres du Sacré-Cœur. - Notre zèle se portera particulièrement vers la propagation et la diffusion de cette belle dévotion, qui a les promesses les plus merveilleuses. Nous travaille­rons au règne du Sacré-Cœur, à son règne positif dans les âmes par l'imitation de ses vertus, de son sacrifice, de son dévouement pour les humbles et les petits.

L'esprit du Sacré-Cœur se résume en quelques mots: «Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. - Venez à moi, vous tous qui souffrez, et je vous soulagerai. - Il m'a aimé et il s'est livré pour moi».

Nous répandrons cet esprit de charité. Nous tâcherons de le faire ré­gner dans la vie privée et dans la vie publique.

Notre-Seigneur nous en saura gré. «Les noms des apôtres du Sacré-Cœur, a-t-il dit, seront inscrits dans ce divin Cœur, et ils resteront éter­nellement dans son souvenir».

S'ils sont prêtres, leur ministère sera particulièrement béni.

«Le Cœur de Jésus se plaît à votre travail, écrivait la Bienheureuse à deux zélatrices, il vous aime, et si vous pouviez comprendre de quelle manière, vous ne garderiez plus de mesure en tout ce qui serait de votre pouvoir pour lui rendre quelque retour» (Lettre à la Mère de Saumaise). Tous les trésors divins sont ouverts aux apôtres du Sacré-Cœur.

«Oui, heureux sont ceux dont l'adorable Cœur de Jésus se sera servi pour l'aider à établir son sègne!» s'écriait la Bienheureuse. Et Notre­Seigneur lui répondit: «Je ne laisserai pas sans récompense les peines prises pour cela».

Résolution. - O Jésus, je vous promets plus de générosité, plus de dé­vouement dans l'accomplissement des devoirs de mon état, et un zèle, plus ardent pour le règne de votre divin Cœur. - Prévoir quelques ac­tes.

Colloque avec le Sacré-Cœur de Jésus.

II. La mort du juste

Et dicebat (unus de latronibus) ad Je­sum: Domine, memento mei cum veneris in regnum tuum. Et dixit illi Jésus: Amen dico tibi: hodie mecum eris in paradiso (Luc. XXIII).

Un des larrons disait à Jésus: Seigneur, pensez à moi, quand vous serez dans vo­tre royaume. Et Jésus lui dit: En vérité, tu seras aujourd'hui avec moi dans le para­dis (Luc. XXIII).

1er Prélude. Considérons la mort du bon larron sur la croix. Il a commis des crimes dans sa vie, mais sa mort est bien celle d'un juste: il est si pénitent et si confiant!

2e Prélude. Seigneur, quand je mourrai, souvenez-vous de moi et appliquez-moi les mérites de votre passion.

Ier POINT: La mort des justes et paisible et sainte. - La mort des justes est précieuse devant Dieu, dit le psalmiste (Ps 115). Nous l'avons bien vu au calvaire. Ce condamné devenu un juste par sa pénitence reçoit de Notre-Seigneur la promesse du paradis.

C'est bien un juste: il regrette ses péchés, il s'humilie: «Nous, dit-il, nous avons bien mérité notre peine». Il réprimande son compagnon qui blasphème: «N'as-tu donc pas la crainte de Dieu?» lui dit-il. Il rend témoignage à la sainteté de Notre-Seigneur et il l'invoque.

Puissions-nous mourir dans ces dispositions! «Celui qui meurt dans la crainte de Dieu, avait dit l'Ecclésiaste, aura une mort douce et bénie». Déjà les justes de l'Ancienne Loi mouraient dans la paix et dans une douce confiance, qui impressionnaient les témoins. «Seigneur, disait le prophète Balaam, puissé-je mourir de la mort de ces justes!» (Num 13). Mais dans l'Eglise, ces grâces sont bien plus abondantes. Ce sont des torrents de paix qui inondent les justes, comme l'a prédit Isaïe (Ch 66). Jésus et Marie viennent eux-mêmes chercher les saints à leur lit de mort. S'il ne vient pas visiblement et miraculeusement, le Sauveur vient inté­rieurement et par le secours de sa grâce. Les belles prières de l'Eglise pour les agonisants ne sont pas vaines.

IIe POINT: La mort des amis du Sacré-Cœur. - La mort est particulière­ment douce et favorable à ceux qui ont été pendant leur vie dévoués au Sacré-Cœur de Jésus. Notre-Seigneur l'a formellement promis plu­sieurs fois à la bienheureuse Marguerite-Marie.

«Le Sacré-Cœur m'a fait connaître, dit-elle, que le désir qu'il a d'être connu, aimé et honoré des hommes est si excessif, qu'il promet à tous ceux qui se consacreront et dévoueront à lui:

«Qu'il ne les laissera jamais périr; qu'il leur sera un asile assuré contre toutes les embûches de leurs ennemis, mais surtout à l'heure de la mort; qu'il les recevra amoureusement dans ce divin Cœur, mettant leur salut en assurance.

Ce divin Cœur a prédestiné ses vrais amis pour l'aimer et le glorifier éternellement dans le ciel, comme ils s'y seront occupés sur la terre» (Lettres au P. Croiset).

La Bienheureuse regardait la consécration au Sacré-Cœur de Jésus comme une sorte de contrat passé entre ce divin Cœur et le fidèle, qui, par cette offrande, met son salut en assurance.

Combien plus peuvent avoir la confiance de bien mourir, ceux qui se sont faits les apôtres de cette belle dévotion!

La supérieure de la Visitation de Paray ayant fait commencer dans l'enclos du Monastère la construction d'une petite chapelle dédiée au Sacré-Cœur, la Bienheureuse eut cette révélation: «Que Notre-Seigneur avait si agréable le soin qu'avait pris la mère Melin de lui faire élever un sanctuaire où serait adoré son Sacré-Cœur, qu'en récompense de ce zè­le, il lui promettait le privilège de mourir dans l'acte de son pur amour».

IIIe POINT: Préparons-nous une sainte mort. - Soyons toujours prêts. Le juste n'est jamais surpris.

Si nous sommes habituellement unis à Notre-Seigneur, la mort vien­dra sans nous troubler. Nous la verrons venir avec joie, comme saint Paul: «Ma vie, c'est le Christ, disait-il, et la mort m'est un gain» (Aux Philip. 1).

Appliquons-nous aux œuvres qui nous sont confiées, et le sentiment du devoir accompli nous donnera confiance à la mort. Nos œuvres ne nous suivent-elles pas devant le trône de Dieu? (Apoc. XIV).

N'avons-nous pas aussi un gage d'immortalité dans la sainte commu­nion, si nous la recevons dignement? «Celui qui mange ce pain ne mour­ra pas éternellement» (Jean VI).

La dévotion à Marie et à saint Joseph nous assure aussi leur concours à l'heure de la mort.

Soyons surtout fidèles à notre consécration au Sacré-Cœur. Remplis­sons bien ses obligations. Vivons pour le Sacré-Cœur de Jésus, pour son service, pour son amour, pour sa consolation.

Résolutions. - Ah! qu'il est doux de mourir après avoir eu une cons­tante dévotion au Cœur de celui qui doit nous juger! Pour cela, je re­nouvelle toutes mes résolutions d'amour et de réparation au Sacré­-Cœur de celui qui doit nous juger! Pour cela, je renouvelle toutes mes résolutions d'amour et de réparation au Sacré-Cœur de Jésus. J'accepte d'avance la mort qui m'est due mille fois, comme un sacrifice de répara­tion, d'expiation et d'amour.

Colloque avec Jésus sur la croix.

1er Juillet
Le Cœur de Jésus dans sa vie publique

Vos scitis quod factum est verbum per universam Judaeam: incipiens enim a Galilaea, post baptismum quod praedica­vit Joannes; Jesum a Nazareth, quomodo unxit eum Deus Spiritu Sancto et virtute; qui pertransiit benefaciendo, et sanando omnes oppressos a diabolo: quoniam Deus erat cum illo… et praecepit nobis praedicare populo (Act. 10,37).

Vous savez ce que Jésus a dit et fait en Judée, et d'abord en Galilée, après le bap­tême que Jean a prêché; comment Dieu a oint de l'Esprit-Saint et de sa vertu toute puissant, Jésus de Nazareth, qui a passé en faisant le bien et en guérissant les ma­lades et les possédés, parce que Dieu était avec lui… et il nous a envoyés prêcher au peuple (Act. 10,37).

1er Prélude. Saint Paul résume la vie publique du Sauveur: il a prêché, il a secouru toutes le infirmités, il a organisé l'Eglise.

2e Prélude. Trois mois de méditations nous rediront l'œuvre de Jésus. Suivons-le pas à pas comme faisaient ses disciples.

Ier POINT: Le décalogue. - Saint Paul parle clairement: «Ce sont des choses notoires, dit-il, vos scitis; Dieu a envoyé Jésus-Christ aux enfants d'Israël pour leur annoncer l'évangile de la paix: Verbum misit Deus filiis Israël, annuntians pacem per Jesum Christum. (Act. 10.36). Jésus a prêché, il a passé en faisant le bien et en guérissant les malades et les possédés. En­fin il nous a envoyés pour prêcher à notre tour et pour organiser l'Eglise».

Mais quelle doctrine a prêchée Jésus? Elle est bien claire, il l'a lui-même résumée au commencement du sermon sur la montagne: «N'allez pas croire, a-t-il dit, que je vienne détruire le décalogue. Je viens au con­traire en renouveler la promulgation, mais j'y ajoute des préceptes nou­veaux et des conseils de perfection: Nolite putare quod veni solvere legem, non veni solvere, sed adimplere (Mat. 5,17). Et quand un jeune converti lui de­mande: «Seigneur, quelle est votre doctrine? Que faut-il faire pour être sauvé?». Jésus lui dit: « Vous avez le décalogue: honorez Dieu et vos pa­rents, respectez le prochain et ses biens, c'est là le nécessaire; mais si vous voulez y ajouter la perfection, pratiquez le détachement des biens de la terre et suivez mes conseils» (Mat. 19,17). Notre-Seigneur ne dé­truit pas le décalogue, il le confirme, il en donne un admirable résumé: «Vous aimerez Dieu et votre prochain, c'est là toute la loi» (Mat. 22.37).

IIe POINT: La perfection chrétienne. - Notre-Seigneur a donc confirmé le décalogue, en le présentant sous son vrai jour: C'est une loi d'amour. «Vous aimerez Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces, et vous aimerez votre prochain comme vous-même, c'est là toute la loi et les prophètes».

Il a confirmé toute la loi morale, tant privée que sociale, qui était ins­crite dans la conscience de tous les hommes et que Moïse avait formulée au Sinaï sous la dictée de Dieu, Et il y a ajouté un code de vertus superie­rures exprimées dans les huit béatitudes et une règle de perfection facul­tative résumée dans les trois conseils de pauvreté, chasteté et obéissance. La morale complète a donc trois degrés: le décalogue, qui est la morale naturelle; les vertus chrétiennes qui constituent la morale évangélique; les conseils de perfection qui sont proposé à une élite.

Le sermon sur la montagne n'est autre chose que la promulgation des vertus évangéliques et chrétiennes, qui sont venues perfectionner le décalogue. La colline des béatitudes, près de Tibériade, est le nouveau Sinaï, où Jésus nous a donné ses admirables préceptes d'humilité, de douceur, de patience, de componction, de zèle et de force qui caractéri­sent la vie chrétienne.

IIIe POINT: La morale sociale. - On demande parfois si l'Evangile contient une morale sociale. L'évangile n'est pas un catéchisme didacti­que, mais il trace les grandes règles de la morale, aussi bien sociale que privée. Le décalogue est la base de toutes les législations humaines et de toutes le relations sociales. Tout le malaise social actuel vient de quelque violation du décalogue: travail servile du dimanche, mépris des règles de respect et de justice dans l'organisation industrielle ou dans le contrat du travail, etc.

Notre-Seigneur a confirmé le décalogue, il en a demandé instamment le respect. Pour adoucir les rouages de da justice, il y a ajouté le baume de la charité, de la douceur, du sacrifice, qui sont les vertus chères à son Cœur. Ceux qui croient pouvoir faire oublier leur peu de souci de la ju­stice en distribuant quelques aumônes, ne comprennent rien à l'évangi­le. «Chervez-la dans toutes ses. applications, dans toutes ses délicatesses et ajoutez-y comme supplément la charité, la douceur, la patience».

Résolutions. - Je retiendrai surtout que la loi divine est une loi d'amour. J'aimerai Dieu de tout mon cœur, de toute mon âme, de tou­tes mes forces. Je ferai toutes mes actions pour son amour.

Colloque avec Notre-Seigneur.

1er Juillet
Le précieux sang de Notre-Seigneur

Sancti eritis, quoniam ego sanctus sum… scientes quod non corruptibilibus auro vel argento redempti estis de vana vestra conversatione paternae traditionis: sed pretioso sanguine quasi agni immacu­lati Christi, et incontaminati (1. Petr. 1,10).

Soyez saints comme je suis saint, dit le Seigneur… Vous rappelant que vous n'avez pas été rachetés par l'or et de l'ar­gent de votre vie traditionnelle, inefficace pour le salut, mais par le sang précieux du Christ, l'agneau pur et san tâche (1. S. Pierre, 1,10).

1er Prélude. Notre vie ne nous appartient plus, mais au Christ qui l'a rachetée de son sang, laissons-nous conduire par l'impulsion de son divin Cœur.

2e Prélude. Donnez-moi, Seigneur, cette vie nouvelle: l'obéissance aimante pour vous, la charité pour mes frères.

Ier POINT: La rédemption par le sang du Sauveur. - Tout le nouveau te­stament est rempli de cette pensée fondamentale: Nous avons été rache­tés par le sang du Christ.

Toutes les victimes de l'ancienne loi étaient des figures de l'immola­tion du Christ. C'est lui qui était immolé symboliquement depuis l'ori­gine du monde (Apoc. 17).

Le sang du Cœur de Jésus, c'est le prix du salut que Dieu attendait depuis la faute d'Adam, c'est le gage de notre paix, de notre réconcilia­tion avec Dieu; c'est le sceau du nouveau testament.

Les apôtres ne prêchent pas autre chose. - Vous avez été justifiés par le sang du Sauveur, par la foi en son sang (Aux Rom). - Le Christ vous a rachetés par son sang, pour la rémission de vos péchés (Aux Eph). - Vous étiez loin de Dieu, vous avez été rapprochés de lui par le sang du Christ (Id). - Vous êtes entrés dans le royaume du Christ ra­chetés par son sang (Aux Coloss. 1,14). - Le sang de la croix a été pour vous le prix de la réconciliation et de la paix (Id. 1,20). - Le Christ, nouveau Pontife, n'a pas offert pour votre rédemption le sang des génis­ses, mais le sien propre (Aux Heb. 9,12). - Le sang du Christ est le si­gne de la nouvelle alliance comme celui de l'agneau était le signe de l'an­cienne (Id. 9,20).

Le sang du Cœur de Jésus c'est donc la source de toute grâce, de tou­te réconciliation et union avec Dieu de toute vertu et de toute perfection.

IIe POINT: Les effusions du sang de Jésus. - Jésus a commencé à donner son sang, dès l'aurore de sa vie, à la circoncision. Son sang découla de tous ses membres pendant son agonie au jardin des Oliviers. C'était là le pressoir annoncé par Isaïe (Chap. 63), où le sang de Sauveur coulait comme le vin, quand les raisins sont foulés aux pieds.

Le sang découla du corps adorable du Sauveur pendant la flagellation cruelle et prolongée qu'il a subie.

Il coula de sa tête adorable au couronnement d'épines.

Jésus perdait son sang précieux en portant sa croix jusqu'au calvaire. Il le versa abondamment de ses mains et de ses pieds, quand il fut cloué à la croix, et ces sources ne se fermèrent plus jusqu'à l'épuisement des veines du Sauveur.

Jésus donna les dernières gouttes de son sang quand son Cœur fut ou­vert par la lance.

Mais à vrai dire, c'est toujours son Cœur qui a donné son sang. Il le versait volontiers, il le donnait avec son sang. Il le versait volontiers, il le donnait avec amour. Il l'offrait à son Père par toutes ses plaies comme par autant de bouches suppliantes.

Dans l'ancien testament, le grand prêtre portai au Saint des saints dans un vase précieux le sang des génisses et des béliers pour l'holocaus­te et la réparation.

Jésus a offert dans le vase de son divin Cœur tout son sang précieux à son Père. Il l'a versé au Calvaire, comme Aaron et ses fils le versaient dans le Saint des saints; et maintenant au ciel Jésus présente toujours son sang à son Père comme un sacrifice unique qui suffit à tout, à l'holo­causte, à l'action de grâces, à la réparation et à l'impétration…

IIIe POINT: Les applications du sang de Jésus. - Jésus a offert une fois son sang à son Père en entrant au ciel (aux Héb. 9,12), et cela eût pu suf­fire pour notre salut; mais il a voulu que son sacrifice fût renouvelé tous les jours dans l'Eucharistie et que les nouveaux lévites l'offrissent dans un calice d'or. Mais le vrai calice est le Cœur de Jésus toujours vivant au ciel pour présenter son sang pour nous.

Et par les mérites de son sang, Jésus conserve son Eglise et lui donne chaque jour des grâces de progrès et de gie. - Par son sang, il donne aux âmes la grâce des sacrements, les grâces actuelles, la persévérance fi­nale et la vie éternelle. - Par son sang, il purifie les âmes du purgatoire et les conduit à la gloire éternelle.

Le sang de Jésus est mon salut, mon trésor et ma gloire. C'est au Cœur de Jésus que je le dois, c'est là que va ma reconnaissance.

Le sang du Cœur de Jésus est un trésor inépuisable et toujours dispo­nible. C'est comme la source vivifiante du paradis terrestre. C'est l'onde miraculeuse qui soutint la vie du peuple de Dieu au désert: «Ils burent de l'eau spirituelle sortie du rocher, dit saint Paul, et ce rocher était le Christ» (1 aux Cor. 10,4).

C'est l'eau vivifiante des sources du Sauveur, annoncée par Isaïe. A moi de puiser pour mon avancement au Cœur de Jésus, a l'eau de la grâce, méritée et symbolisée par le sang de Jésus.

Résolutions. - O Jésus, Sauveur adorable, qui avez daigné répandre votre sang sur la croix pour nous racheter de nos péchés, accordez-nous un pardon que nous ne méritons pas. Souvenez-vous que dans votre infi­nie bonté vous avez lavé nos âmes dans votre sang précieux; daignez achever votre œuvre en répandant sur nous l'effusion de vos grâces, afin que nous arrivions au ciel pour vous louer et vous aimer pendant toute l'éternité.

Colloque avec le Sacré-Cœur: union avec lui.

2 Juillet
De la visitation de Notre-Dame

Ut audivit salutationem Mariae Elisa­beth, exultavit infans in utero ejus: et re­pleta est spiritu sancto Elisabeth: et excla­mavit voce magna et dixit: Benedicta tu inter mulieres et benedictus fructus ven­tris tui… Ait Maria: Magnificat anima mea Dominum (S. Luc. 1,41).

Dès qu'Elisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant exulta dans son sein: et elle fut remplie de l'Esprit-Saint, et elle s'écria fortement: Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus le fruit de vos entrailles est béni… Et Marie dit: Mon âme glorifie le Seigneur (S. Luc. 1,41).

1er Prélude. C'est un des beaux mystères de l'évangile. Notre Seigneur y sanctifie son précurseur. Marie nous donne l'exemple de la charité et prononce son Magnificat, qui est devenu la formule de notre action de grâces.

2e Prélude. Charité et gratitude: mettez, Seigneur, ces belles vertus dans mon cœur.

1er POINT: Les vertus de Marie. - La très sainte Vierge nous montre ici la charité la plus délicate. Avertie par l'ange de la maternité de sa paren­te Elisabeth, elle part et fait un long voyage de trois jours pour la féliciter et lui offrir ses services.

Combien elle aurait eu de prétextes pour s'en dispenser! Elle n'était pas prévenue par Elisabeth, le voyage était long, et surtout elle avait reçu le message de l'ange, lui annonçant qu'elle serait la mère du Mes­sie. Elle pouvait croire que son devoir était de rester toute occupée à son union intime avec le Sauveur qu'elle portait dans son sein.

Mais non, la loi de charité lui paraît mériter tous les sacrifices. Elle va, et elle va sanctifier le précurseur du Sauveur en portant auprès de lui le Messie nouvellement incarné.

Si nous allons au prochain par devoir, par charité, nous serons auprès de lui les instruments de la grâce, nous l'édifierons et le ferons avancer, dans le chemin du salut.

IIe POINT: La sainte entrevue. - Que de merveilles dans cette entre­vue! Jésus ne paraît point, mais c'est lui qui fait tout. Marie est son in­strument.

La voix secrète de Jésus se fait entendre au cœur de Jean et il exulte au sein d'Elisabeth. La présence de Jésus agit sur l'âme de Jean. Elle le grâces extraordinaires. Il purifie de la tâche originelle, elle l'enrichit de est sacré prophète et précurseur.

Elisabeth est remplie du Saint-Esprit Elle pénètre des yeux de la foi dans le sein de Marie bienheureuse. Elle a une connaissance claire de la virginité de Marie et de sa maternité divine.

Elle félicite Marie de sa foi: «Vous êtes heureuse d'avoir cru, dit-elle, parce que les choses qui vous ont été dites par le Sauveur s'accompli­ront».

C'est bien la foi en effet qui est le principe de toutes les grâces de Ma­rie. Toute la vie du Sauveur paraît contraire aux promesses de l'ange. - «Votre fils, lui a dit Gabriel, sera hautement reconnu pour le Fils du Très-Haut; le Seigneur lui donnera le trône de David son père; il régne­ra à jamais sur la famille de Jacob, et son règne n'aura point de fin». Combien les faits parurent éloignés de ces promesses! Jésus naît pauvre, il mène durant trente ans une vie obscure; dans sa vie publique, il subsiste d'aumônes et il est en butte à l'envie, à la haine; puis se déroule le drame de la passion. Et Marie conservait sa foi. Oh! que nous devons rougir de notre manque de foi et de vie surnaturelle!

Mais une grâce de cette fête doit être aussi l'estime des visites de Jésus et de Marie. Oh! combien leur sainte présence apporte aux âmes de fa­veurs spirituelles! Pourquoi donc ne suis-je pas plus assidu à me remetre en présence de Jésus et de Marie, soit en visitant leurs autels, soit par l'union habituelle?

IIIe POINT: Le Magnificat. - Marie entonne le cantique d'action de grâces, et son chant restera comme l'expression de l'action de grâces de tous les enfants de Dieu. Comment dire le ravissement de son Cœur? Elle rapporte toute gloire à Dieu, en s'oubliant elle-même. C'est le sens de tout son cantique. C'est Dieu qui a tout fait en elle de grandes choses. C'est l'œuvre de sa miséricorde. Il est venu dans la puissance de son bras pour humilier les superbes et pour relever les petitis. Il est venu dé­pouiller ceux qui s'attachaient aux biens de la terre et enrichir de ses dons ceux qui étaient dans le besoin. - Il est venu accomplir les promes­ses faites aux patriarches.

Dans tout ce mystère de la Visitation débordent la charité du Cœur de Jésus qui répand ses grâces sur ceux qu'il visite, et l'humble recon­naissance du cœur de Marie, qui nous enseigne à dire à Dieu toute notre gratitude en lui attribuant fidèlement tout le bien qu'il opère en nous, ses pauvres serviteurs bien humbles et bien petits.

Le Magnificat nous servira de chant d'action de grâces pour remercier le Sacré-Cœur de Jésus de ses visites et de son séjour en nous par l'Eu­charistie et par la grâce.

Résolutions. Magnificat mea anima Dominum. Mon âme glorifie le Sei­gneur pour tous ses bienfaits: pour sa venue dans l'incarnation, pour ses enseignements lumineux pour l'effusion de son sang, pour l'institution de l'Eucharistie, pour le don de son cœur surtout et pour les grâces per­sonnelles dont il me comble tous les jours.

Colloque avec Marie: effusions d'action de grâces.

3 Juillet
Voici le Fils de Dieu

In diebus illis venit Jésus a Nazareth Galilaeae: et baptizatus est a Joanne in Jordane. Et statim ascendens de aqua, vi­dit coelos apertos, et spiritum tanquam columbam descendentem et manentem in ipso. Et vox facta est de coelis: Tu es Fi­lius meus dilectus, in te complacui (S. Marc 1,9).

En ces jours-là Jésus vint de Nazareth, de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt sorti de l'eau, il vit le ciel ouvert et l'Esprit-Saint descen­dant comme une colombe et demeurant sur lui. Et une voix descendit du ciel di­sant: Tu es mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes complaisances (S. Marc 1,9).

1er Prélude. Comme après le déluge, la colombe est la messagère de paix. Mais elle est aussi le symbole du Saint-Esprit et de l'onction divine.

2e Prélude. Vous êtes, Seigneur, notre Sauveur, notre Pontife et notre Roi, je me mets pleinement sous votre conduite, dirigez-moi.

Ier POINT: La douce messagère de paix. - La colombe du Jourdain, comme celle du déluge vient annoncer à la terre la cessation de la colère divine. Le ciel s'ouvrit pour laisser voir un rayonnement de lumière tout éblouissant. C'était l'annonce symbolique de la descente des lumières célestes pour éclairer le monde qui était assis dans les ténèbres.

La douce colombe symbolise les vertus évangéliques, la douceur, l'in­nocence, la pureté.

Quel beau jour tout rempli de promesses! C'est l'aurore d'un monde nouveau.

Jésus priait, nous dit saint Luc: Jesu baptizato et orante. Il demandait pardon à son Père pour le monde corrompu. Il le priait de bénir le baptê­me qui allait être le sacrement de la régénération universelle. Il demandait pour nous les vertus que symbolisait la colombe, la pureté et la douceur.

Il demandait aussi pour nous ce merveilleux royaume du Saint-Esprit qui allait être symbolisé par la descente de la colombe, et qui est toute la vie de l'Eglise dans l'efficacité des sacrements et l'action de la grâce.

IIe POINT: L'onction du Saint-Esprit. - Déjà dans l'ancienne alliance, la colombe était considérée comme le symbole, l'emblème de l'Esprit­-Saint: Vox turturis, vox Spiritus Sancti, disent les rabbins. Cet Esprit qui inspirait les prophètes et leur dévoilait les secrets de l'avenir, de l'aveu même des juifs, gardait le silence depuis quatre siècles, et semblait s'être retiré du milieu de la nation sainte. «C'est une tradition, disent leurs li­vres rabbiniques, qu'après la mort des derniers prophètes, Aggée, Za­charie et Malachie, le Saint-Esprit s'est retiré d'Israël». - Le voilà maintenant qui descend de nouveau pour remplir de son onction le Pon­tife éternel, le Messie qui doit sauver le monde et le Roi d'Israël qui va gouverner le nouveau peuple de Dieu.

Le Saint-Esprit vient et il demeure: manentem in ipso. C'est donc une onction stable qu'il apporte à Jésus, c'est un caractère qu'il lui imprime. Il confirme en son cœur humain les grâces qu'il y a mises dès le jour de l'incarnation; de nouveau il le fait prophète et Messie, il le fait prêtre, il le fait Roi.

Jésus priait toujours. Il rendait grâces à son Père de sa mission. Il le remerciait pour le salut accordé au monde. Il lui demandait pour nous l'efficacité de toutes les onctions que nous recevrions de l'Esprit-Saint: de l'onction du chrétien dans le baptême, de celle du soldat du christ dans la confirmation, de celle du sacerdoce dans le sacrement de l'ordre. Il priait pour que nous soyons dociles aux grâces quotidiennes de l'Esprit-Saint, aux doux murmures de la colombe, à toutes les influences de la grâce.

Comme le Saint-Esprit avait plané sur les eaux pour les féconder au temps de la création, ainsi la colombe mystique planait sur le Jourdain comme pour féconder le baptême et toutes les sources de vie du monde nouveau.

IIIe POINT: Le Fils de Dieu. - La voix céleste disait: «Tu es mon Fils bien-aimé, en qui je me complais». - Tu es mon Fils, tu as mon autori­té. Tu es le Roi du monde et son Pontife unique et universel.

Dieu le Père donnait ainsi crédit au Verbe incarné. Il le constituait no­tre chef et notre Roi. Il répétera plus tard ces paroles significatives, au jour de la transfiguration. C'est à nous qu'il s'adressera alors. Il nous di­ra: Voici mon Fils bien-aimé, écoutez-le. - Ecoutez-le, car il est votre chef, votre maître, votre Pontife et votre Roi. Ecoutez-le: lisez son Evan­gile, conformez-vous à ses commandements et à ses conseils. - Ecoutez­-le soyez dociles à son Eglise, qui a reçu de lui la mission de vous mainte­nir dans la foi et de vous conduire au salut. - Ecoutez-le pratiquement: suivez ses exemples, vivez de sa vie, imitez ses vertus. Apprenez de lui qu'il est doux et humble de cœur, qu'il est patient dans la souffrance, qu'il fait en tout la volonté de son Père et qu'il est dévoué jusqu'à la mort à tous ses frères dont il ambitionne le salut. - Ecoutez-le, c'est-à­-dire: mettez-vous, comme il vous l'a recommandé, sous la conduite de l'Esprit-Saint, qui vous enseignera toutes choses en son nom. En écou­tant l'Esprit-Saint dans le recueillement de votre cœur, c'est encore Jé­sus que vous écouterez, car c'est lui qui vous parle par son Esprit. C'est lui qui vous dirige par la voix de la grâce.

Résolutions. - Que de leçons dans cette contemplation! Je prie avec Jésus, je m'approprie la prière de son Cœur Sacré pour recevoir l'onc­tion et la grâce du Saint Esprit. Je vous salue et vous glorifie, ô Jésus, qui êtes le Fils bien-aimé du Très-Haut. Je me mets sous votre conduite, dirigez-moi par l'Esprit-Saint. Parlez, Seigneur, votre serviteur écoute.

Colloque avec Jésus au bord du Jourdain.

4 Juillet
Le Decalogue
La loi divine ramenée à sa perfection

Nolite putare quoniam veni solvere le­gem et prophetas: non veni solvere sed adimplere. Amen quippe dico vobis: do­nec transeat coelum et terra, iota unum aut unus apex non praeteribit a lege, do­nec omnia fiant (S. Mat., 5,17).

N'allez pas croire que je sois venu dé­truire la loi et les prophètes: je ne suis pas venu détruire la loi, mais la porter à sa perfection et accomplir les prophéties. Avant que le ciel et la terre ne passent, toute la loi sera accomplie jusqu'à un iota (S. Mat., 5,17).

1er Prélude. Jésus n'est pas venu détruire le décalogue, mais en demander l'accomplissement plus parfait, avec plus de justice et de charité.

2e Prélude. Le règne du Sacré-Cœur nous apporte encore un surcroît de charité.

­

Ier POINT: Le caractère de la loi nouvelle. - L'ancien testament a pris fin avec la prédication de Jean-Baptiste, le dernier des prophètes; le nou­veau a commencé avec la prédication de Jésus, le Sauveur et le Messie (S. Luc, 16-16). Notre-Seigneur n'est pas venu détruire la loi; il a expli­qué, il a développé la loi morale avec plus de clarté, plus d'étendue; il en a donné le sent véritable; il l'a purifié des fausses interprétations phari­saïques; il y a ajouté ce qui manquait, et l'a élevée à un idéal de perfec­tion qu'elle n'avait pas eue jusqu'alors, et qu'elle doît conserver jusqu'à la fin de siècles.

Dieu nous avait donné la lois sommairement au Sinaï: elle se résumait en deux préceptes: Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, et tu aimeras ton prochain comme toi-même.

Il fallait la délicatesse du Cœur de Jésus pour bien comprendre toute la plénitude du commandement divin et toute sa portée, et pour l'expli­quer sans mélange de vues terrestres.

Lui seul aussi pouvait ajouter au précepte la force de l'exemple dans l'accomplissement parfait de toute la loi, de manière à pouvoir dire: Je vous ai donné l'exemple, pour que vous fassiez comme vous m'avez vu faire.

IIe POINT: Intégrité de la loi. - Notre-Seigneur la rétablit sur plusieurs points.

1° Le décalogue a dit: «Tu ne tueras point». Les Pharisiens prenaient cela à la lettre et excusaient les autres violences. Notre-Seigneur nous rappelle que ce précepte interdit toute colère, toute injure, voire même tout sentiment intérieur d'hostilité contre le prochain. Il recommande le support mutuel et la prompte réconciliation après l'offense.

2° Le décalogue défend l'adultère. A l'encontre des Pharisiens, Notre-Seigneur nous dit que ce précepte interdit jusqu'aux moindres désirs, aux regards et aux pensées mauvaises, jusqu'au point qu'il vaudrait mieux perdre notre oeil ou notre main, s'ils nous sont occasion de scan­dale.

3° La loi de Moïse autorise le divorce en certains cas. Notre-Seigneur nous dit que c'était là une tolérance divine à cause de la faiblesse du peu­ple juif, mais que cela doit cesser dans la loi nouvelle, et il rétablit l'indis­solubilité du mariage.

4° La loi de Moïse défendait le parjure et ordonnait de tenir son ser­ment. Les Pharisiens limitaient cela au serment fait au nom du Sei­gneur, mais ils se souciaient peu du serment fait au nom du ciel ou de l'autel. Notre-Seigneur nous dit que tout serment doit être gardé, mais qu'il n'en faut faire aucun habituellement parce que notre simple affir­mation doit suffire.

5° La loi de Moïse frappait parfois les coupables de la peine du talion: dent pour dent, oeil pour oeil. Les Pharisiens transportaient cela dans la vie privée et justifiaient la vengeance. Notre-Seigneur nous dit qu'il faut supporter l'injure avec patience et rendre le bien pour le mal.

6° La loi prescrivait l'amour du prochain. Les juifs entendaient cela seulement des gens de leur race, et ils en sont encore là. Notre-Seigneur nous dit que cela s'applique à tous les hommes, et qu'il faut aimer nos ennemis eux-mêmes et faire du bien à ceux qui nous haïssent, comme notre Père du ciel fait luire son soleil sur les bons et les méchants.

IIIe POINT: Dans quelles intentions et dispositions il faut observer la loi. - Les pharisiens observaient la loi par hypocrisie, pour être vus, et par in­térêt, avec un esprit de critique et de dénigrement pour les autres. Notre-Seigneur nous donne pour modèle les dispositions de son propre cœur, toujours si humble et si charitable.

1° Si vous faites l'aumône, dit-il, que ce soit avec modestie. Votre Pè­re céleste, qui voit dans le secret, vous le rendra.

2° Si vous priez, faites-le de préférence dans la solitude, sans agitation sans trop de paroles, dans l'esprit de la belle prière du Pater.

3° Si vous jeûnez, n'en faites pas ostentation. Ne gâtez point vos œuvres par l'amour-propre.

4° Fuyez la passion des richesses, qui vous porte à un dévouement hypocrite pour les petits que vous voulez dépouiller. L'avarice rapace était un péché de race en Israël. Notre-Seigneur lui oppose la vertu de déta­chement et la confiance en la Providence divine.

5° Fuyez l'esprit de critique et de censure. Ne jugez point et vous ne serez point jugés. Pardonnez et l'on vous pardonnera. Ne cherchez point une paille dans l'œil du prochain quand vous avez une poutre dans le vôtre.

Enfin, prenez les moyens nécessaires pour bien observer la loi. Priez et demandez à Dieu la ferveur et la perfection. - Soyez miséricordieux pour le prochain, et Dieu le sera à votre égard - Pratiquez la mortifica­tion extérieure et intérieure. Entrez par la porte étroite. Le chemin du ciel demande des sacrifices. Gravissez-le avec constance et courage.

Résolutions. - O mon adorable Sauveur, j'admire les sentiments de votre Cœur. Vous nous demandez de pratiquer toute la loi, dans l'inté­grité de la justice et de la charité, et vous en avez donné le saint exemple. je me mets à nouveau sous votre conduite. Prenez-moi par la main et ne m'abandonnez pas.

Colloque avec Notre-Seigneur: union avec lui.

5 Juillet
Développement de la vie spirituelle

Videns autem Jésus turbas, ascendit in montem, et cum sedisset, accesserunt ad eum discipuli ejus, et aperiens os suum docebat nos, dicens: Beati pauperes spiri­tu, quoniam ipsorum est regnum coelo­rum. Beati mites, quoniam ipsi posside­bunt terram… (S. Mat. 5.1).

Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne, et s'assit, et ses disciples s'ap­prochèrent de lui. Il les enseigna en di­sant: Bienheureux les pauvres en esprit, parce que le royaume des cieux est à eux Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu'ils posséderont la terre (S. Mat. 5.1).

1er Prélude. La montagne des béatitudes est le nouveau Sinaï. Notre-Seigneur y don­ne sa loi paisiblement avec ses disciples assis autour de lui, recueillis et pieusement af­fectueux.

2e Prélude. Parlez, Seigneur, votre serviteur écoute.

Ier POINT: Purification de l'âme. - Notre-Seigneur contemple et décrit toute l'ascension d'une âme depuis sa conversion jusqu'à l'union divine et la pratique des vertus héroïques. Il résumera souvent cet enseigne­ment en quelques mots, quand il dira: «Si vous voulez venir après moi, renoncez à vous-même, prenez votre croix et suivez-moi. - Si vous voulez être parfaits, donnez tout aux pauvres, vous aurez vos trésor au ciel, et suivez-moi».

Il va nous décrire huit degrés de cette ascension, et à chacun d'eux il nous rappellera qu'avec l'avancement nous trouvons le bonheur. Bienheureux les pauvres en esprit. Au premier degré, le pécheur a con­science de sa pauvreté, de son impuissance, de son indigence spirituelle, du besoin qu'il a de ma miséricorde et de la grâce de Dieu; et il sent le besoin de se détacher des créatures, qui l'ont séduit par leurs appas trompeurs et qui ont été pour lui les pièges du péché. Il détache son cœur des biens terrestres; et s'il veut être héroïque, il y renonce entière­ment.

Bienheureux ceux qui sont doux. Au second degré, la pensée de ses péchés le porte à la pénitence. Il se soumet sans murmure aux épreuves que la Providence lui envoie, en se persuadant qu'il est encore mieux traité qu'il ne le mérite, et il supporte avec douceur les défauts de ses frères.

Bienheureux ceux qui pleurent. Le souvenir de ses péchés passés remplit le pécheur d'une sainte tristesse: il fait couler de ses yeux les larmes du re­pentir, qui ont une douceur mystérieuse. Il pleure aussi sur tous les maux qui désolent la terre.

IIe POINT: Illumination de l'âme. - Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice. - L'âme qui ressent le vif sentiment de sa misère éprouve le d'en être délivrée et d'être revêtue de justice et de vertu. Elle sollicite d'abord sa justification, sa réconciliation avec Dieu; puis elle a soif de pratiquer toute la justice, d'accomplir toute la loi, de servir Dieu comme il le désire.

C'est déjà le Sequere me; elle s'adonne à l'imitation de Notre-Seigneur, et avec lui elle veut servir son Père céleste dans la fidélité à tous les com­mandements. Comme Zachée, elle répare, elle restitue et ne craint rien tant que de garder encore quelque obligation qui lui pèse.

Bienheureux ceux qui font miséricorde. - L'âme convertie veut aussi se dévouer au prochain. Toute embaumée de la miséricorde divine, elle veut être miséricordieuse à son tour. Son cœur est dilaté. Elle se livre à toutes les œuvres de charité. Elle sait aussi que Dieu affermira et multipliera sa miséricorde envers elle, si elle est elle-même charitable envers le pro­chain.

IIIe POINT: L'union et la ferveur. - Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. - C'est le commencement de l'union. L'âme pu­rifiée goûte un bonheur enivrant. Elle verse de douces larmes. Elle se sent pure, Dieu habite en elle. Elle le sent, elle le voit même, c'est-à-dire elle voit dans la lumière divine la conduite de Dieu sur elle, ses comman­dements, ses conseils et tout ce qui intéresse sa vie spirituelle et ses pro­grès. Elle voit les périls à éviter, les sacrifices à faire, les actes de vertu à pratiquer. L'oraison de l'âme pure est lumineuse.

Bienheureux les pacifiques. L'âme pure et unie à Dieu jouit d'une paix délicieuse et toute surnaturelle, la paix des enfants de Dieu. Elle est en paix avec Dieu, avec sa conscience, avec le prochain. La paix de cette âme se reflète sur son visage. On en reconnaît l'origine divine. On ap­pelle ces âmes les enfants de Dieu. - Cette paix est le gage des progrès les plus marqués. Notre-Seigneur se plaît dans ces âmes pacifiées. Il y demeure, il y répand ses grâces, il en fait ses épouses.

Le Cœur de Jésus est un abîme de paix, la paix de l'âme indique sa présence et son action.

Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royau­me des cieux est à eux.

Notre-Seigneur nous le dira souvent: A sa suite, en sa compagnie, on porte la Croix. Il en donne la force, le goût même. Cette patience est le signe de l'union avec Notre-Seigneur.

L'époux divin veut que son épouse soit semblable à lui. «Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive».

La plus grande marque de l'amour, c'est de souffrir pour l'objet aimé. Que vos enseignements sont admirables, o mon Sauveur! et comme vous savez en peu de mots nous tracer tout le chemin qui conduit à vous!

Résolutions. - Bienheureux, dit le psalmiste, l'homme que Dieu enri­chit de sa grâce, il monte avec ordre de degré en degré. Donnez-moi, Seigneur, cette grâce. J'ai faim et soif de l'union avec votre divin Cœur. Que désiré je au ciel et sur la terre? Vous seul, mon Dieu, le Dieu de mon cœur et mon partage pour l'éternité (Ps 72).

Colloque avec Jésus enseignant ses disciples.

6 Juillet
Vertus chrétiennes et béatitudes:
détachement et pauvreté

Videns autem Jésus turbas; ascendit in montem, et cum sedisset, accesserunt ad cum discipuli ejus. Et aperiens os suum docebat cos dicens: Beati pauperes spiri­tu, quoniam ipsorum est regnum coelo­rum (S. Mat. 5,1).

Jésus, voyant la foule, monta sur la montagne; quand il se fut assis, ses disci­ples s'approchèrent de lui, et lui, ouvrant la bouche, les instruisait disant: Bienheu­reux les pauvres en esprit, parce que le royaume des cieux est à eux (S. Mat. 5,1).

1er Prélude. Ecoutons l'aimable et douce voix de Jésus, il nous dira par quels dépouil­lements on obtient la béatitude de ce monde, prélude de celle de l'éternité.

2e Prélude. Divin Sauveur, par la grâce de votre Cœur Sacré, mettez dans mon cœur ces dépouillements dont il m'a donné l'admirable exemple.

Ier POINT: La pauvreté. - Quelle est cette pauvreté, bénie par Notre-Seigneur et source de béatitude? - Dans l'ancien testament, la misère et la souffrance passaient pour une marque de la colère de Dieu. Dans l'Evangile, les pauvres sont exaltés, ceux surtout qui le sont de cœur, et les anathèmes de Notre-Seigneur tombent sur les riches, les puissants, les superbes, les grands du monde, les ambitieux qui ne rêvent que ri­chesses et honneurs: «Malheur à vous, car vous avez votre consolation ici-bas» (Luc. 6,24). Et pour qui sont les bénédictions, les promesses de joies pures, surnaturelles et profondes, qui se perfectionnent au ciel? Pour les petits, les humbles, les pauvres; ceux dont le cœur est détaché des richesses, qui dans l'opulence même fuient le faste et les prétentions, visitent les indigents, soutiennent les opprimés. - Heureux ceux-là, ceux surtout qui se font pauvres volontaires pour l'amour de Jésus­-Christ, qui méprisent les choses qui passent et qui se méprisent eux­-mêmes.

Je vous désire, ô bienheureuse pauvreté d'esprit, qui êtes la condition pour posséder le Sauveur, pour recevoir les effusions de son Cœur.

IIe POINT: Jésus et les apôtres. - Comme Jésus a aimé cette pauvreté et ce détachement! Voyez-le à Bethléem, en Egypte, à Nazareth, sur la croix! Il peut nous dire: Voyez s'il y a une pauvreté semblable à la mienne.

Il a épousé la pauvreté, il l'a choisie, c'est sa grâce: «Voyez, dit saint Paul, la grâce de Notre-Seigneur qui, étant riche, s'est dépouillé pour nous enrichir de sa pauvreté…» (pour nous en affecter les mérites) (2 aux Cor. 8-9).

Il aime les pauvres, c'est sa mission de les secourir et de les consoler: Evangelizare pauperibus misit me (S. Luc. 4,18). Il loue la pauvre vieille qui donne son obole au temple. - Il conseille la pauvreté à un jeune homme de noble famille qui cherche la perfection, et quand il voit son attache­ment aux biens terrestres, il exprime sa tristesse au sujet des riches, qui entreront difficilement au royaume du ciel (Luc. 18-18).

Les apôtres ont compris le bon Maître. - Il est certain, dit saint Paul à Timothée, que la piété qui se contente du nécessaire est une grande ri­chesse; car nous n'avons rien apporté en ce monde, et sûrement nous ne pourrons non plus en rien emporter. Ayant de quoi nous nourrir et de quoi nous vêtir, nous sommes satisfaits (1 Tim. 6-6). - Ecoutez, mes frères bien-aimés, dit S. Jacques: Dieu n'a-t-il pas choisi les pauvres du monde pour les rendre riches dans la foi (c'est-à-dire dans les biens sur­naturels), et héritiers du Royaume promis à ceux qui l'aiment? (Jac. 2,5).

Jésus ne peut pas venir avec sa grâce dans un cœur rempli d'attache­ment aux biens matériels. Ne l'attristons pas comme a fait le jeune hom­me noble de l'Evangile.

IIIe POINT: La béatitude promise. - Bossuet va nous l'expliquer: «A ce mot Bienheureux, dit-il, le cœur se dilate et se remplit dé joie. Il se resser­re à celui de Pauvreté; mais il se dilaté de nouveau à celui de Royaume et de Royaume des cieux. Car, que ne voudrait-on pas souffrir pour un royaume, et encore pour un royaume dans le ciel?… O Seigneur, je vous donne tout, j'abandonne tout pour avoir part à ce royaume! Puis-je être assez dépouille de tout pour une telle espérance? Je me dépouille de cœur et en esprit, et quand il vous plaira de me dépouiller en effet, je m'y soumets, c'est à quoi sont obligés tous les chrétiens. Mais l'âme religieuse se ré­jouit d'être actuellement dessaisie, dépouillée, morte aux biens du mon­de, incapable de les posséder. Heureux dépouillement, qui donne Dieu!».

Le pauvre, adopté comme enfant de Dieu, a le ciel en héritage. Comme Jésus-Christ, fils de Dieu, il peut dire: «Tout ce qu'a le Père est à moi», et: «c'est vous-même, mon Dieu, qui êtes la part de mon patrimoine» (S. Jean, 16,15. - Ps. 15).

Biens de la terre, estime humaine, vous passez, la béatitude céleste ne passe pas.

Dieu donne aux pauvres volontaires des joies intimes que le monde ne soupçonne pas. - Celui qui est généreux dans la pauvreté reçoit du ciel ce goût surnaturel que Notre-Seigneur appelle la béatitude.

Résolutions. - Puis-je vous refuser ce détachement, ô Jésus, quand vo­tre Cœur Sacré l'a pratiqué si généreusement pour m'enrichir de vos mérites et de votre grâce? Ne dois-je pas rendre la pareille à mes frères et les enrichir de ma pauvreté volontaire? - Si mon cœur est pauvre de toute attache aux biens temporels, vous y viendrez, Jésus, comme vous êtes venu dans l'étable de Bethléem.

Colloque avec Jésus à Bethléem: applications.

7 Juillet
Vertus chrétiennes et béatitudes:
douceur et humilité

Beati mites quoniam ipsi possidebunt terram (1 Mat. 5,4).

Mansueti haereditabunt terram et de­lectabuntur in multitudine pacis (Ps. 36,11).

Bieheureux ceux qui sont doux, parce qu'ils posséderont la terre (1 Mat. 5,4). Ceux qui sont doux gagneront la terre et jouiront d'une paix profonde (Ps. 36,11).

1er Prélude. Seigneur, vous êtes doux et humble de cœur, vous me l'avez dit pour que je vous imite, aidez-moi.

2° Prélude. Je prends place à vos côtés, ô Jésus, au sermon sur la montagne, enseignez-moi, parlez à mon cœur, formez-le sur le modèle du vôtre.

Ier POINT: La douceur. - Bienheureux, ceux qui sont doux de la dou­ceur puisée au Cœur de Jésus. A cette source, à cette école, on puise toutes les insinuations de la douceur: la parole consolante pour l'âme qui souffre, le mot encourageant pour l'âme abattue ou troublée, le sourire du pardon pour l'âme coupable.

Le cœur qui est doux aime à faire l'aumône d'un sourire, à procurer aux âmes un peu de joie et de bonheur.

Soyons comme un rayon de soleil de printemps, parmi les contrarié­tés, les souffrances, les mille peines de la vie, qui affligent nos frères; comme un rayon qui éclaire, qui réchauffe, qui dissipe les nuages, qui réjouisse le pauvre, le malade, l'abandonne.

L'âme douce pénètre tout de sa bienfaisante influence: c'est une force, une puissance, rien ne lui résiste; elle possède la terre, en gagnant le cœur de ceux qui l'entourent pour les porter à Dieu.

Elle est un apostolat, avec elle on devient meilleur. Que d'âmes d'époux, de frères, de pères, doivent leur salut à l'inaltérable et patiente douceur d'une compagne, d'une sœur, d'une fille!

Que d'âmes dévoyées ont été gagnées par la douceur d'une âme fra­ternelle et amie!

IIe POINT: Jésus et les apôtres. - O Jésus, qui nous avez dit d'appren­dre de votre cœur à être doux et humbles, rendez mon cœur semblable au vôtre!

Qu'il est doux et humble, l'enfant divin de Bethléem et de Nazareth!

C'est son caractère propre, c'est le cachet de sa vie.

Dans sa vie publique, il est doux et bon pour tous. Isaïe nous l'avait dépeint (42, 1), et Jésus se plaisait à relire ce tableau à la synagogue: «Voici mon Fils bien-aimé, il n'aime pas les querelles, les cris, le bruit du forum, il ne brise pas le roseau incliné et n'éteint pas la mèche qui fu­me …».

Jérémie nous l'avait présenté comme un agneau plein de douceur (31).

Il devait être aussi doux et plus doux même que ceux qui l'ont repré­senté dans le symbolisme de l'ancienne loi: Abel, Moïse, Isaac, Joseph, David.

C'est sous la figure d'un agneau qu'il était immolé tous les jours au temple. Saint Jean l'appelle l'Agneau qui est sacrifié depuis l'origine du monde (Apoc.).

Quand il entre a Jérusalem sur sa modeste monture, il est le Roi de douceur prédit par Isaïe et Zacharie (Mat. 21).

Dans sa passion, sa douceur se traduit par son silence et sa patience. La douceur, dit saint Paul, est fruit du Saint-Esprit, avec les vertus qui lui ressemblent: la paix, la bénignité, la bonté (Gal. 5,22).

La charité est douce, bienveillante, aimable, saint Paul le répète à tou­tes les Eglises: aux Ephésiens, aux Galates, aux Corinthiens.

Il recommande à Timothée d'être doux envers tous, patient et mo­deste, comme il convient à un bon serviteur de Dieu (2 Tim. 2,24). L'homme doux sera bienheureux parce que Dieu le bénira, mais aussi parce qu'il gagnera facilement les cœurs et n'aura pas d'ennemis.

IIIe POINT: La pratique. - La douceur s'acquiert par le combat, par l'exercice. Saint François de Sales, malgré sa nature vive, est devenu le plus doux des hommes. Il faut se faire violence pour être doux envers les événements, doux envers ses semblables, doux envers ceux dont l'hu­meur, les goûts, les habitudes, nous choquent, nous froissent, nous en­nuient, nous impatientent. - Il faut être doux envers soi-même, sup­porter nos propres défaillances, les inégalités, les mouvements d'humeur qui nous fatiguent, les nuages de tristesse et d'ennui qui passent.

«Il faut tout souffrir et ne faire souffrir personne», disait la bienheu­reuse Sophie Barat.

Il faut demander la douceur dans nos prières et dire souvent: Jésus, doux et humble de Cœur, rendez mon cœur semblable au vôtre. Rien n'est favorable à l'acquisition de la vertu de douceur comme de méditer les mystères de Bethléem et de Nazareth. Il faut se pénétrer de la suavité de Jésus, s'en revêtir, comme dit saint Paul. «Rejetez, nous dit­-il, toute amertume, toute colère, toute agitation, soyez doux, miséricor­dieux, patients. Imitez le Sauveur dans la charité qu'il nous a témoi­gnée».

Emportons de l'oraison cette grâce, cette impression de douceur. Demeurons dans le Cœur de Jésus, pour que sa douceur demeure en nous.

Résolutions. -Jésus, doux et humble de Cœur, je vous en supplie, à nouveau, rendez mon cœur semblable au vôtre. Je serai fidèle à mes rendez-vous de chaque jour à Nazareth et au calvaire, et des deux côtés j'apprendrai de vous la douceur, l'humilité, la bénignité, la patience: ré­solutions spéciales pour aujourd'hui.

Colloque avec Jésus doux et humble de Cœur.

8 Juillet
Vertus chrétiennes et béatitudes:
patience et pénitence

Beati qui lugent, quoniam ipsi consola­buntur (Mat. 5). - Spiritus domini misit me ut mederer contritis corde, ut praedi­carem annum placabilem Domino et diem ultionis omnes lugentes (Is. 61,1).

Bienheureux ceux qui pleurent, ils se­ront consolés. - L'Esprit du Seigneur m'a envoyé pour que je guérisse les âmes contrites, que je prêche l'année du jubilé et le jour de la réparation du Seigneur, que je console toutes les larmes (Is. 61,1).

1er Prélude. Comme Isaïe l'avait prédit, Notre-Seigneur est venu consoler tous ceux qui versent de bonnes larmes d'humilité et de pénitence.

2e Prélude. Mon âme est triste, Seigneur, à cause de mes péchés et de ceux de mes frères qui vous offensent, faites-moi entendre une parole de consolation.

Ier POINT: Larmes de contrition. - Tout ce que nous voyons au dedans de nous et au dehors n'est qu'affliction d'esprit, tentation et péché. Pleu­rons à la vue de tant de sujets de larmes: notre tristesse réjouira Dieu, et lui-même essuiera nos larmes (Fénelon).

Pleurons nos fautes, pleurons les fautes de nos frères et d'autant plus amèrement qu'ils y sont insensibles; pleurons sur les souffrances qu'elles ont causées au divin Agneau qui en est mort.

Ce ne sont pas les larmes de dépit, les larmes d'amour-propre, d'en­vie, de découragement, qui ont des promesses de béatitude. Ce sont les bonnes larmes de contrition.

Pleurons sur nos péchés personnels, sur notre tiédeur, sur nos rechu­tes constantes. Pleurons sur les sacrilèges et les profanations eucharisti­ques, sur les blasphèmes quotidiens de la mauvaise presse, sur l'immo­ralité croissante.

Pleurons sur les fautes qui attristent le plus le Cœur de Jésus, sur l'in­différence et l'ingratitude des âmes qui oublient son amour, qui gaspil­lent les grâces de leur vocation, qui sont insensibles, aux appels et aux avertissements répétés de la grâce.

Compatissons au Cœur de Jésus et au Cœur de Marie, blessés, attris­tés, offensés.

IIe POINT: Larmes d'amour, d'apostolat, de zèle. - Il y a des larmes ins­pirées par l'esprit apostolique, par le zèle. Telles furent les larmes de Jésus à la vue de Jérusalem qui résistait à la grâce; telles furent aussi ses larmes à la vue du noble jeune homme qui manqua sa vocation par suite de son attachement a ses richesses.

Versons des larmes de pitié filiale sur la sainte Eglise notre Mère, per­sécutée et méconnue; sur le Vicaire de Jésus-Christ, notre Père, calom­nié et honni, spolié et moralement enchaîné.

Versons des larmes de supplication pour les prodigues, perdus loin de la maison paternelle, loin du foyer divin de la pénitence et de l'Euchari­stie; - pour les enfants, que les lois maçonniques ravissent à notre zèle et au Cœur de Jésus-Christ; - pour les âmes scandalisées par la perse­cution actuelle; pour nos persécuteurs eux-mêmes dont nous demandons la conversion.

Il y a des larmes d'amour, qui plaisent particulièrement au Cœur de Jésus: «Je voudrais mourir, disait saint Paul, et aller auprès du Christ» (Philip. 1,23). Ce sont les larmes de l'exilé loin de sa patrie, de l'enfant loin de son Père céleste. «Il y a, disait Bossuet, les larmes de l'âme veuve de son Epoux, seule sur cette terre, n'y ayant rien, parce qu'elle croit n'y rien avoir quand elle n'a son Dieu qu'à travers des ombres. Oh! dit­elle, venez, venez sécher nos pleurs!».

Il y a des larmes d'amour et de reconnaissance. «Que pouviez-vous faire de plus, mon Dieu, pour nous, pour moi, que vous n'ayez fait? Pouviez-vous mitre plus pauvre, vivre plus humble, souffrir plus cruel­lement, mourir plus ignominieusement? Pouviez-vous vous immoler, vous donner plus totalement dans l'Eucharistie? Nous promettre un ciel plus beau, un bonheur plus grand, une éternité plus glorieuse? Ah! mer­ci! merci!

IIIe POINT: La consolation. - Elle commence sur la terre. Elle est ins­pirée par la foi. C'est une consolation dans nos peines, dans nos souf­frances, dans nos épreuves, de penser que notre patience efface nos fau­tes et nous prépare des grâces et une récompense toujours croissante. La patience est encouragée par l'espérance, dit saint Paul: une légère souf­france prépare une grande récompense (2 Cor. 4,17). - Si nous souf­frons, si nous mourons avec Jésus, nous a-t-il dit souvent, nous ressusci­terons et nous serons glorifiés avec lui (Rom. 8,17).

Cette sainte espérance donne une véritable joie, un commencement de béatitude céleste aux âmes généreuses dans la souffrance: «Béni soit le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, dit saint Paul; il nous console dans toutes nos tribulations, afin qu'à notre tour, nous puissions consoler ceux qui sont dans les angoisses, par les mêmes motifs d'encouragement que Dieu nous donne; car à mesure que les souffran­ces du Christ abondent en nous, le Christ fait abonder en nous la conso­lation» (2 Cor. 1,3).

Mais la consolation définitive sera au ciel: «Dieu, dit saint Jean, es­suiera toutes les larmes de ses élus» (Apoc. 7,17). Il ne sera plus question des incommodités de la terre, de la faim, de la soif et des intempéries; mais l'Agneau qui règne là pourvoira à tout et ouvrira à tous les sources de la vie et de la joie (Apoc. 7, et Isaïe 49).

Résolution. - Patience et pénitence sont des sources de joies célestes et même de douces consolations surnaturelles ici-bas.

J'aime à pleurer mes fautes, à pleurer sur les souffrances du Cœur de Jésus: je ferai souvent le chemin de la croix.

O Marie, ma mère, obtenez-moi la grâce de pleurer avec vous au pied de la croix: fac me tecum pie flere.

Je prendrai là le goût de la patience et de la pénitence.

Colloque avec Notre-Dame des Sept Douleurs.

9 Juillet
Vertus chrétiennes et béatitudes:
zèle pour la justice

Beati qui esuriunt et sitiunt justitiam, quoniam ipsi saturabuntur (S. Mat. 5,6). Deus, Deus meus ad te de luce vigilo. Sitivit in te anima mea, quam multiplici­ter tibi caro mea (61,62).

Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice parce qu'ils seront rassasiés. (S. Mat. 5,6).

Mon Dieu, mon Dieu, dès l'aurore je soupire vers vous; mon âme a soif de vous et tout mon être aspire à vous (61,62).

1er Prélude. La justice, c'est la sainteté, j'en ai soif, Seigneur, donnez-moi à boire de cette eau qui désaltère.

2e Prélude. C'est aux sources du Cœur de Jésus surtout qu'on peut puiser la justice; Seigneur, ouvrez-moi votre Cœur.

Ier POINT: Faim et soif de la justice. - La justice, c'est la sainteté, c'est Dieu et tout ce qui est de Dieu: sa connaissance, son intimité, son amour, sa grâce, son règne dans les âmes et dans la société, sa volonté et sa gloire.

Ayons donc faim et soif de méditation, de contemplation, de saintes lectures, pour mieux connaître Jésus. - Ayons faim et soif de l'Eucha­ristie: c'est la justice substantielle et vivifiante, c'est Jésus avec ses grâces, avec son amour, avec son cœur palpitant et vivifiant, avec tout le fruit de ses mérites.

La justice, c'est le règne de Notre-Seigneur. - A lui tout honneur, toute gloire, toute louange et tout amour. A lui mes pensées, mes désirs, ma volonté, mon cœur, mes forces et toute ma vie.

Dieu est mon Créateur, mon Père, mon Souverain, mon législateur, mon Sauveur, ma fin suprême: quand je lui aurai tout donné pour satis­faire sa justice et pour contenter son amour, je n'aurai rien ajouté à son infinie béatitude. Je serai encore un serviteur inutile. Ce que j'aurai fait, c'était une dette, c'était justice. Cependant j'ai soif de cette justice, Sei­gneur, parce que vous y avez droit. Aidez-moi.

IIe POINT: Jésus et les apôtres. - Jésus a voulu croître sans cesse dans cette justice aux yeux des hommes. Il s'en nourrissait: sa nourriture était de faire la volonté de son Père (S. Jean 4,34). Il avançait chaque jour en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes (S. Luc. 2,52). Il donna à son Précurseur la même grâce de croissance quotidien­ne: L'enfant croissait et se fortifiait en esprit (S. Luc. 1,80).

Il veut que nous croissions aussi chaque jour, ou plutôt c'est lui qui veut croître en nous comme en son corps mystique.

Saint Paul décrit admirablement cette croissance de Jésus en nous: «Il nous a donné, dit-il, des apôtres, des pasteurs, des docteurs, pour la con­sommation des saints par l'œuvre du ministère sacerdotal, et pour l'édi­fication du corps du Christ: jusqu'à ce que nous arrivions à l'unité de foi, à la connaissance générale du Fils de Dieu, à la perfection du chré­tien et à la pleine mesure du Christ vivant dans l'Eglise… pour que nous ne soyons plus comme des enfants hésitants et facilement trompés, mais que nous accomplissions la vraie justice dans la charité, et que nous croissions pleinement dans le Christ notre chef, pour devenir avec lui un seul corps bien compact, où circulera sa vie suivant la vocation et la me­sure de chaque membre, de manière à réaliser le développement harmo­nieux du Christ dans la charité» (Aux Eph. 4,11).

O Seigneur, j'ai soif de cet accroissement et de cette vie, mais pour ce­la, il faut que je me nourrisse assidûment de vous, de votre grâce, de vos enseignements, de vos mystères, de vos sacrements; il faut que je boive sans cesse aux sources d'amour, aux sources vivifiantes de votre Cœur, qui est le fruit de vie et la source du salut. Il faut que je m'abstienne de tout aliment nuisible, de tout ce qui est le monde et la chair, que je n'y touche pas, que je n'y goûte pas, sous peine d'arrêter ma croissance par ce poison (Aux Colos. 2,21).

C'est de vous seul que j'ai soif, ô mon Sauveur, venez et rassasiez mon cœur et mon âme.

IIIe POINT: Béatitude et satisfaction. - Il y a dès ici-bas une satisfaction pour les âmes justes. Elles jouissent d'une intimité particulière avec Notre-Seigneur. Ce n'est pas sans une douceur, parfois enivrante, qu'el­les boivent aux sources du Sauveur; mais c'est au ciel surtout qu'elles se­ront rassasiées de l'abondance des biens qui sont dans la maison de Dieu: elles seront enivrées au torrent des voluptés pures où le Seigneur abreuve ses élus. - Le Maître leur dira: «Venez, mes bien-aimés, man­gez, enivrez-vous», (Gant. 5,1) assez longtemps vous avez été altérés; c'est gratuitement, c'est pour toujours que je donne à ceux qui ont soif, soir de Dieu, soif de mon amour (Apoc. 21,6).

Ce sera la récompense infinie de l'âme qui, dès ici-bas affamée de ju­stice et d'amour, a soupiré avec le grand cœur d'Augustin: «Te volo, te quaero, te spero»: c'est vos que je veux, Seigneur, vous que je cherche et que j'espère!

Je veux être de ceux-là, Seigneur, j'ai faim et soif de la justice, pour moi, c'est toute ma règle, c'est l'union avec vous, c'est l'union avec vo­tre divin Cœur, dont les battements doivent diriger les miens.

J'ai trop bu jusqu'ici aux sources empoisonnées et boueuses, laissez­-moi boire aux sources limpides et vivifiantes de votre divin Cœur, j'y trouverai la béatitude et la joie de la grâce en attendant la béatitude du ciel.

Résolutions. - Comment entretenir en moi cette faim et cette soif? En contemplant fidèlement les vertus et les mystères de votre divin Cœur, ô mon Sauveur, en me sevrant des autres aliments pour la vie intérieure et recueillie.

Je serai fidèle à mon union quotidienne et constante avec les mystères de Nazareth et de la Passion.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

10 Juillet
Vertus chrétiennes et béatitudes:
la miséricorde

Beati misericordes, quoniam ipsi mise­ricordiam consequentur (S. Mat. 5,7). Videte quid audistis: in qua mensura mensi fueristis, rementietur vobis et adji­cietur vobis. Qui enim habet, dabitur illi, et qui non habet etiam, quod habet, aufe­retur ab eo (S. Marc. 4,24).

Bienheureux les miséricordieux parce qu'ils obtiendront miséricorde (S. Mat. 5,7).

Ecoutez avec attention: Vous recevrez dans la mesure où vous aurez donné et plus encore. Car celui qui a des mérites, on lui en ajoutera; et celui qui n'en a pas, on lui ôtera encore ce qu'il croit avoir (S. Marc. 4, 24).

1er Prélude. Jésus continue son discours, plein de charité, de douceur, de miséricor­de.

2e Prélude. Seigneur, n'éloignez pas de moi vos bontés; que votre miséricorde m'ac­compagne toujours (Ps. 39,12).

Ier POINT: Le bon Samaritain. - Un scribe venait un jour interroger le Sauveur insidieusement: «Que ferai-je, disait-il, pour gagner la vie éter­nelle?». - Jésus lui rappela la loi générale: Aimer Dieu et son prochain. - «Mais, dit celui-ci, qui est mon prochain?» - Et alors Jésus dévelop­pa la délicieuse parabole du bon Samaritain. Un juif est attaqué par des brigands sur le chemin de Jéricho. On le dépouille, il se défend, il est blessé; on le laisse à demi mort et baigné dans son sang. Un prêtre et un lévite passent, ils ne s'arrêtent pas, ils dédaignent ce pauvre blessé, ils n'ont qu'une religion pharisaïque et sèche. Un samaritain passe, il est ému de pitié et il multiplie ses soins; et cependant cette tribu était hostile aux juifs. Il prend le blessé sur son cheval, il le mène à l'hôtellerie, il donne de l'argent, il paiera le reste à son retour. - Voilà, ô Jésus, les dispositions de votre Cœur. Voilà ce que vous faites pour les pauvres blessés comme moi; voilà l'esprit de charité que vous inspirez à tous vos disciples.

IIe POINT: La miséricorde du Cœur de Jésus. - Pendant les jours de sa vie mortelle, ses paroles et ses actes furent marqués au coin d'une cons­tante miséricorde. Il dit à la femme adultère: «Personne ne vous a con­damnée, je ne vous condamnerai pas non plus»; - au paralytique de Bethsaïde: «Te voilà guéri, ne péché plus désormais». - Au larron repentant: «Tu seras avec moi aujourd'hui au paradis». - Il pardonne à Ma­deleine ses fautes honteuses, à Pierre son triple reniement. - Il a eu pi­tié des foules et leur a multiplié le pain; il était ému en voyant le peuple semblable à un troupeau sans pasteur on conduit par des pasteurs égoïs­tes et durs. - Il pleure sur la ville déicide, qui a soif de son sang: «Ah! si du moins tu voulais te procurer la paix», c'est-à-dire le pardon de celui que tu offenses! - Il attend au bord du puits la femme de Samarie pour la convertir et lui faire miséricorde. - Il appelle parmi ses apôtres et ses disciples, des pécheurs comme Mathieu et Zachée. - Il se peint sous la figure du bon Pasteur, sous les traits du père de l'enfant prodigue. - Il est le Dieu doux et patient, décrit par la sagesse et il dispose tout avec miséricorde (Sap. 15,1). - Il dit à ceux qui pleurent, à ceux qui souf­frent: Venez à moi et je vous soulagerai. - Il meurt en pardonnant à ses bourreaux, et en jetant ce cri sublime de miséricorde et de paix: «Mon Père, pardonnez-leur: Pater, dimitte illis», et ce cri se prolonge à travers les siècles en faveur des pécheurs, en ma faveur, ô mon Dieu!

Au ciel et dans l'Eucharistie il est toujours dans l'acte de la miséricor­de: Semper vivens ad interpellandum pro nobis. Il a gardé ses stigmates, com­me autant de la bouches mystiques qui réclament la miséricorde du Père céleste en notre faveur.

Toutes les manifestations de son Cœur depuis trois siècles sont le cri suprême de sa miséricorde.

IIIe POINT: Examen. - Déjà dans l'ancien testament, Dieu deman­dait à son peuple la pratique des œuvres de miséricorde, comme condi­tion du pardon et du salut. «Corrigez-vous, disait-il dans Isaïe, purifiez vos pensées et vos cœurs, cessez de m'offenser, mais aussi apprenez à faire le bien, soyez justes, secourez les opprimés, rendez justice aux veu­ves et aux orphelins, et alors vous, vous pourrez venir m'interpeller et me réclamer votre pardon, et alors, vos âmes fussent-elles jaunies com­me le saffran, elles deviendront blanches comme la neige; et si elles sont rougies comme la pourpre, elles deviendront blanches comme la laine de l'agneau» (Is. 1,17).

Où en suis-je pour cette vertu di féconde et rédemptrice? Quel sont mes sentiments à l'égard de ceux qui m'offensent ou me blessent, de ceux qui me critiquent ou me font souffrir? Quelle pitié ai-je au cœur pour ceux qui peinent et qui souffrent? - je veux me faire une loi de la clémence et de la miséricorde, la bienfaisance est le signe de l'alliance avec Dieu: Eleemosyna viri quasi signaculum cum ipso (Eccli. 17, 18).

Aide les petits et les pauvres, dit le sage, et ton aumône priera pour toi devant Dieu et éloignera de toi tous les périls (Eccli. 29,15).

C'est avec un Cœur ému de miséricorde que le Sauveur nous a visi­tés: Per viscera misericordeae in quibus visitavit nos oriens ex alto (Luc. 1,77). Soyons bons pour tous, comme il a été bon pour nous.

Résolutions. - Seigneur, je veux être bon et bienveillant, et pardonner à tous pour que vous me pardonniez aussi: où en suis-je dans cette voie? je veux me revêtir de miséricorde à votre exemple comme saint Paul m'y invite (Coloss. 3,12). Miséricorde divine, incarnée dans le Sacré-Cœur de Jésus, couvrez le monde, répandez-vous sur nous et faites ré­gner la miséricorde en mon cœur.

Colloque avec le Cœur miséricordieux de Jésus.

11 Juillet
La dispersion des apôtres:
devoirs des hommes apostoliques

Vos estis sal terme. Quod si sal evanue­rit, in quo salietur? ad nihilum valet ultra, misi ut mittatur foras, et conculcetur ab hominibus. Vos estis lux mundi. Non po­test civitas abscondi supra montem posi­ta, neque accendunt lucernam et ponunt eam sub modio (S. Mat. 5,13).

Vous êtes le sel de la terre. Si le sel s'affa­dit, comment salera-t-il? Il ne sera plus bon qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds. Vous êtes la lumière du monde. On ne cache pas la cité bâtie sur la montagne, et on n'allume pas un flambeau pour le mettre sous le boisseau (S. Mat. 5,13).

1er Prélude. Dans cette partie du sermon sur la montagne, Notre-Seigneur s'adresse aux apôtres et aux disciples choisis et leur trace les règles de l'apostolat.

2e Prélude. Nous sommes tous, Seigneur, appelés en quelque degré à l'apostolat, redites-nous les conseils tombés de votre Cœur.

Ier POINT: La dispersion des apôtres. - L'Eglise a placé cette fête après tout le cycle des mystères de Notre-Seigneur au moment où elle va nous faire relire dans la liturgie pendant les mois d'été, le récit de la vie apos­tolique menée pendant trois ans par le Sauveur en compagnie de ses apôtres.

Plus tard, Notre-Seigneur leur dira qu'il les envoie comme des agneaux au milieu des loups. Aujourd'hui déjà, sur la Montagne il leur dit qu'il leur faudra un grand courage, soutenu par un grand amour de Dieu, parce qu'ils seront persécutés, comme les prophètes l'ont été au­trefois.

Ce monde corrompu et corrupteur dont je viens de prononcer la con­damnation, leur dit-il, c'est à vous, mes apôtres et mes disciples choisis, et les fondateurs de mon Eglise, qu'il appartient de le convertir, de le ra­mener à moi par le spectacle de vos vertus non moins que par la puissan­ce de votre parole. Vous serez les prophètes du nouveau peuple de Dieu. Comme ceux d'autrefois, vous serez persécutés, mais soyez-en fiers et heureux, parce que votre récompense sera grande au ciel.

IIe POINT: Vous êtes le sel de la terre. - Ces comparaisons s'appliquent en premier et particulièrement aux pasteurs des âmes, prêtres, religieux, etc., mais elles s'appliquent aussi, d'une certaine manière, à tous les di­sciples de Jésus-Christ, aux simples fidèles eux-mêmes. N'ont-ils pas tous quelques devoirs d'apostolat vis-à-vis les uns des autres?

Tous doivent édifier leur prochain par le bon exemple, par les exhor­tations, les bons avis et tous les moyens que peut suggérer un zèle sage et prudent.

Ce devoir est plus complexe pour ceux qui ont quelque autorité fami­liale, patronale ou administrative. Mais combien est plus urgent le de­voir d'apostolat pour le prêtre! L'apostolat est sa mission, il y doit dépenser son intelligence, son cœur, toute son activité. «Je me dépenserai, dit saint Paul, et je dépenserai tout ce que je pourrai pour le salut des âmes». L'apôtre ne peut pas cesser de travailler au salut des âmes sans se perdre lui-même.

Quelle sera la punition de ceux qui négligent ce devoir? - Ils seront responsables devant Dieu de la perte des âmes qu'ils devaient sauver. - Ils seront rejetés et foulés aux pieds comme des instruments inutiles, comme un sel affadi et sans vertu.

S'en suit-il qu'un prêtre négligent, qui a perdu sa ferveur primitive ne puisse la recouvrer? - La conversion d'un prêtre déchu de sa ferveur est difficile, mais elle n'est pas impossible, puisque rien n'est impossible à Dieu. C'est une grâce qu'on peut obtenir par le Cœur de Jésus, qui est la source de toute miséricorde.

Un regard de Jésus a converti saint Pierre après son triple reniement. Il aurait converti judas, si judas ne s'était pas livré au désespoir.

IIIe POINT: Vous êtes la lumière du monde. - Tous les chrétiens doivent être la lumière du monde par leurs vertus. Le prêtre doit l'être particu­lièrement. Il a pour mission d'édifier et d'évangéliser.

Le prêtre est une lampe ardente et luisante, comme le précurseur (S. Jean, 5,35). - Une lampe ne s'allume pas d'elle-même elle est allumée: le prêtre est appelé par Dieu, accepté par ses supérieurs et revêtu de la grâce et de l'autorité apostolique dans la sainte ordination. - Une lam­pe luit et se consume, non pour elle-même, mais pour les autres…, le prêtre doit vivre pour les autres, se sacrifier tout entier pour le salut des âmes. - Une lampe n'est pas faite pour être cachée sous le boisseau, mais pour être vue, pour luire et éclairer; un prêtre doit édifier les fidèles par son exemple comme par ses paroles, il doit être le modèle sur lequel ils auront les yeux fixés. - Si une lampe vient à s'éteindre, tout retombe dans l'obscurité; si le prêtre cesse de luire et d'enseigner, la lumière de la foi s'éteint et l'ignorance se propage.

L'apôtre doit être aussi une lampe ardente, un foyer de chaleur. Cette chaleur, c'est le zèle, c'est l'amour de Dieu et des âmes. L'apôtre puise facilement cette chaleur au Cœur de Jésus, qui est une fournaise ardente de charité. L'apôtre fervent brûle d'amour pour Dieu et lui témoigne cet amour par tous les actes de la vie intérieure, par les actes d'amour et de réparation surtout, et il y sera facilement porté s'il contemple le Cœur de Jésus, le Cœur aimant et souffrant du Sauveur, qui nous demande l'amour réciproque, la consolation et la réparation. Il brûle aussi d'amour pour le prochain et il l'entretiendra en s'approchant du même foyer, le Cœur victime du Rédempteur.

Résolutions. - Seigneur Jésus, faites descendre sur mon pauvre cœur un rayonnement du vôtre. Vous êtes venu sur la terre pour allumer le feu de la charité, voici mon cœur, enflammez-le, consumez-le, afin qu'il ne sente plus jamais le froid de la tiédeur, de l'indifférence et de l'ingra­titude.

Colloque avec le Sacré-Cœur: union avec lui.

12 Juillet
Vertus chrétiennes et béatitudes

Beati mundo corde, quoniam ipsi Deum videbunt (S. Mat. 5,8).

Has ergo habentes promissiones, cha­rissimi, mundenus nos ab omni inquina­mento carnis et spiritus, perficientes sanc­tificationem in timore Dei (2 ad Cor. 7,1).

Heureux les cœurs purs, parce qu'ils verront Dieu (S. Mat. 5,8).

Mes bien-aimés, en possession des pro­messes qui nous ont été faites, purifions-nous de tout ce qui souille le corps et l'esprit, ache­vons l'œuvre de notre sanctification dans la crainte de Dieu (2 aux Cor. 7,1).

1er Prélude. Les âmes pures voient Dieu sur la terre dans la contemplation; au ciel elles jouiront d'une intimité toute particulière avec le Sacré-Cœur.

2e Prélude. Créez en moi, ô mon Dieu, un cœur pur (Ps. 50,12).

Ier POINT: Privilèges de la pureté. - C'est une vertu noble et fière qui dédaigne tout ce qui n'est pas Dieu - C'est une vertu chère au Cœur du divin roi: «Le roi a été épris de la beauté de l'âme vierge» (Ps. 44,12). - C'est une vertu divine: le ciel est sa patrie, c'est de là qu'elle est ve­nue quand «la splendeur de l'éternelle beauté» se fit chair dans le sein d'une vierge-mère.

L'âme pure voit Dieu, elle pénètre ses secrets, elle goûte son amour, el­le est toute à Lui, et Lui tout à elle: «elle a trouvé la vie - l'intelligence lui a été donnée, l'esprit de sagesse est venu en elle» (Prov. 8. - Sag. 7). Oublieuse du monde, de ses agitations, de ses tempêtes, elle s'élève com­me l'aigle aux régions supérieures où l'attendent la paix et la béatitude.

L'âme vierge est comme Marie un vase spirituel, un vase d'honneur, une tout d'ivoire; elle est un jardin fermé et une fontaine scellée; elle est un miroir sans tâche, une aurore brillante, une perle sans prix, «trésor infini, ceux qui l'ont trouvé sont devenus les amis de Dieu» (Sap. 7,16). - O mon Sauveur, source et gardien de ma pureté, je vous ai aimé, je vous aime audessus de toutes choses, au-dessus de la richesse et de la beauté (Sap. 7,8).

IIe POINT: Jésus et les apôtres. - Jésus est l'époux des âmes vierges. C'est lui qui est chanté dans les épithalames allégoriques du Cantique des cantiques et du psaume 44. L'âme vierge est pour lui la colombe bien-aimée qui pénètre au creux de la muraille, c'est-à-dire en son divin Cœur, pour y boire aux sources de la pureté.

La chasteté rayonne autour du Cœur de Jésus. Plus on approche de ce divin Cœur, plus on est et plus on doit être chaste: Marie, la mère de Jésus, est vierge; Joseph, son Père nourricier, est vierge; Jean-Baptiste, son précurseur, est vierge; Jean, le disciple bien-aimé, est vierge, et c'est à sa pureté virginale qu'il doit d'être admis à reposer sur le Cœur de Jésus et d'être choisi pour le fils adoptif de la Vierge Mère.

La pureté nous rend semblables aux anges.

Combien les apôtres nous recommandent la pureté! «Qu'on n'enten­de pas même parler, parmi vous, dit saint Paul, de quelque impureté que ce soit… comme il convient à des saints. Car sachez que nul fornica­teur, nul impudique ne sera héritier du royaume de Dieu» (Eph. 5,3). - (Je vous conjure, mes frères, par la miséricorde de Dieu, d'offrir vos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu; ainsi votre culte sera raisonnable» (Rom. 12). - «La volonté de Dieu est que vous vous abste­niez de la fornication; que chacun de vous sache garder son corps dans la sainteté et l'honnêteté, et non en suivant les convoitises de la passion, comme les païens qui ne connaissent pas Dieu».

«Dieu ne nous a pas appelés à l'impureté mais à la sanctification; celui donc qui méprise ces règles n'offense pas seulement un homme, mais Dieu lui-même qui les a prescrites et qui est présent en nous, puisqu'il nous a donné le Saint-Esprit» (1 Thessal. 4,3).

IIIe POINT: Délicatesse et fragilité de la pureté. - Il faut dire de la pureté ce que saint Paul dit de la grâce: «Nous portons ce trésor dans des vases fragiles, pour qu'il apparaisse bien qu'elle ne se garde qu'avec le con­cours de la puissance divine« (2 Cor. 4,7).

Il faut de notre part de la vigilance et de la vaillance dans la lutte. Il faut du sang et des larmes pour arroser ce lis: le sang du Christ dans la pénitence et l'eucharistie; les larmes d'un cœur jaloux de garder sa fidé­lité.

Il faut la lutte contre les mouvements de la nature. Celui qui cesse de veiller est déjà vaincu. Les armes sont le jeûne et la prière; et la lutte exi­ge vigilance et prudence. Il ne faut pas tout lire, ni tout voir, ni tout sa­voir; il ne faut pas goûter à tout ni jouir de tout. La pureté est comme l'or, le moindre souffle la ternit.

Celui qui veut être l'ami du Sacré-Cœur doit être particulièrement vi­gilant. Le Cœur de Jésus se détourne de tout ce qui est souillé. Il a fallu pour préparer le Cœur et le sang de Jésus, le miracle unique de la con­ception immaculée de Marie.

Jésus était attendu depuis le commencement du monde comme le Fils de la Vierge. Il est pur comme l'agneau et immaculé comme le lis de Jes­se. Sa pureté rayonne de tout son être; dans l'eucharistie, il est le vin qui fait germer les vierges.

Résolutions. - Jésus fils de la Vierge Marie, Jésus qui aimez la chaste­té, Jésus pureté des vierges, ayez pitié de moi. Marie, lis immaculé entre les épines, soyez la gardienne de ma pureté et priez pour moi. - L'union au Cœur de Jésus et au saint Cœur de Marie sera ma sauve­garde, avec la vigilance, la modestie des yeux, le recueillement dans la prière et la mortification habituelle: résolutions précises.

Colloque avec la Vierge immaculée.

13 Juillet
Vertus chrétiennes et béatitudes
l'esprit de paix

Beati pacifici, quoniam filii Dei voca­buntur (S. Mat., 5,9). Nihil solliciti sitis:… petitiones vestrae innotescant apud Deum; et pax Dei quae exsuperat omnem sensum, custodiat corda vestra et intelligentias vestras in Christo Jesu (Ad Philip., 4,6).

Heureux les pacifiques, parce qu'ils se­ront appelés enfants de Dieu (S. Mat., 5,9). Soyez sans inquiétude: Priez Dieu, et que la paix céleste qui surpasse tous les biens, garde vos cœurs et vos intelligen­ces dans le Christ Jésus (Aux Philip., 4,6).

1er Prélude. C'est l'Agneau de Dieu, qui nous recommande la paix, lui qui est venu nous remettre en paix avec son Père, et nous donner l'exemple de la paix dans la pa­tience et la charité.

2e Prélude. Seigneur, donnez-moi cette paix intérieure qui est un fruit de votre Esprit, et aussi la paix avec mes frères.

Ier POINT: La paix au dedans. - La paix de l'âme résulte surtout de l'abnégation, de la sainte indifférence que saint Ignace réclame de ceux qui veulent s'engager dans le chemin de la perfection. L'âme généreuse est tranquille, elle adhère à tout ce que Dieu veut en s'en rapportant à sa douce Providence. Elle plane au-dessus des misères de cette vie par une sérénité constante; elle se réjouit de tout en Dieu parce qu'il est bon; elle pleure sur le sein de ce tendre Père lorsqu'elle a péché, sachant bien que le châtiment qui doit nous apporter la paix retombe sur lui: disciplina pa­cis nostrae super eum et livore ejus sanati sumus (Is. 52). Elle entend ces encou­ragements tombés du Cœur de Jésus: «Ne vous troublez pas, je vous donne, je vous laisse ma paix» (S. Jean, 14,27).

Elle attend l'heure de la grâce et du secours divin. Cette paix est toute faite de confiance filiale en Dieu, en Notre-Seigneur. C'est la confiance du petit enfant entre les bras de sa mère.

IIe POINT: Paix au dehors. - Jésus a été vraiment un agneau pacifi­que. Dans sa passion, il est resté muet et doux au milieu des tortures, «semblable à un agneau devant celui qui le tond» (Is. 53,7). Il a exercé son ministère apostolique dans la paix et la douceur, comme le prophète l'avait annoncé, «sans contention, sans cris, sans lutte, sans briser le ro­seau incliné» (Is., 42,1 et S. Mat., 12,18).

Saint Paul nous enseigne la pratique de la paix: «Avertis nos frères, dit-il à Tite, de ne diffamer personne, de fuir les procès et les querelles, d'être équitables, témoignant la plus grande douceur pour tous les hommes; car nous étions nous-mêmes autrefois insensés, incrédules, égarés, asservis à toutes sortes de passions et de voluptés, dignes d'être haïs et nous haïssant les uns les autres» (Ad Tit. 3,1).

L'âme en qui réside la paix sait pardonner une offense, ne pas relever un mot blessant, laisser passer un procédé qui heurte, se sacrifier en si­lence.

Cette âme est, dans sa famille ou dans sa communauté, un ange de paix, de réconciliation et d'union.

«Combien sont éloignés de cet esprit ceux qui se plaisent à brouiller les autres, dit Bossuet; ceux qui, par de mauvais rapports, souvent faux dans le tout, souvent augmentés dans leurs circonstances, en disant ce qu'il fallait taire, en réveillant le souvenir de ce qu'il fallait laisser ou­blier, ou par des paroles piquantes et dédaigneuses, aigrissent leurs frè­res, déjà émus et infirmes, par leur colère».

Conseils de paix: «Ne vous laissez pas aller à la tristesse» (Eccli. 38,21). Vous sentez-vous de mauvaise humeur? souriez, si vous le pou­vez. - Etes-vous tenté de vous fâcher? Pour l'amour de Jésus, soyez doux et patient. - Est-ce de vous venger? rendez le bien pour le mal. - Est-ce de dire du mal d'une personne? dites-en du bien ou taisez-vous. - Est-ce de lui parler durement? parlez-lui doucement, cordialement.

III' POINT: La paix du Cœur de Jésus. - Dieu est la paix inaltérable et éternelle, la paix qui est la tranquillité de l'ordre (S. Aug). - Soyons la douce image du Dieu de paix qui est notre Père. Faisons briller en nos cœurs le reflet harmonieux de la paix qui habite le Cœur de Jésus.

La paix naît de la confiance. Jésus ne mérite-t-il pas notre confiance entière? - Voici mon Dieu Sauveur, dit Isaïe, je lui donnerai toute ma confiance: Fiducialiter agam in eo. Je ne craindrai plus: il est ma force et mon salut (Is. 12,2).

«Vous êtes en moi et moi en vous», nous dit Notre-Seigneur; (S. Jean, 14,20). Que peut craindre un enfant dans les bras d'un tel Père? Notre refuge de paix est le Cœur de Jésus. Là, toutes nos craintes, tous nos troubles, toutes nos passions s'apaisent. «Longin m'a ouvert par sa lance le côté de Jésus, je suis entré et je repose là en sûreté», dit saint Augustin (Manuel, 2). «Votre Cœur a été blessé, Seigneur, dit saint Bernard, pour que je puisse habiter paisiblement en lui et en vous…, qu'il fait bon à habiter dans ce Cœur!» (De la Passion, ch. III). - «Entrons là tout entiers, dit saint Bonaventure, nous y trouverons no­tre repos et une ineffable douceur» (Sigm. div. am. ch. I).

«Je te donne mon Cœur comme un lieu de refuge», disait Notre-­Seigneur à sainte Mechtilde.

Résolutions. - Avec Marguerite Marie, je trouve dans le Cœur de Jésus un lieu de refuge, un port de sûreté, une citadelle de protection con­tre les ennemis de mon salut.

«Ce Cœur adorable est une délicieuse retraite où nous vivrons à l'abri de tous les orages», nous dit-elle. - J'ai trouvé le lieu de mon repos. Je sais où je pourrai jouir de la paix, c'est dans le Cœur de Jésus. «J'ai trouvé mon bien-aimé, celui qui donne la paix à mon cœur. Je m'atta­che à lui et je ne le laisserai plus s'en aller» (Gant).

Colloque avec le Sacré-Cœur: résolution précise de se tenir dans la paix, quoi qu'il arrive.

14 Juillet
Saint Bonaventure
1221-1274

Cor suum tradet ad vigilandum dilucu­lo ad Dominum qui fecit illum, et in con­spectu Altissimi deprecabitur. Si enim Dominus magnus voluerit, spiritu intelli­gentiae replebit illum; et ipse tanquam imbres mittet eloquia sua (Eccli. 39,6).

Il appliquera son cœur, et il veillera dès le point du jour pour s'attacher au Sei­gneur qui l'a créé, et il offrira ses prières au Très-Haut. Il priera et, si Dieu le veut, il le remplira de l'esprit d'intelligence; et lui, répandra comme une pluie les paroles de la sagesse (Eccli. 39,6).

1er Prélude. Saint Bonaventure est aussi un saint du Sacré-Cœur. Il en a admirablement parlé.

2e Prélude. Obtenez-moi, séraphique docteur, la grâce de vivre avec vous dans le Cœur de Jésus.

­

Ier POINT: La préparation. - Saint Bonaventure est ne en Toscane, à Bagnorea. Comme il était gravement malade à l'âge de quatre ans, sa pieuse mère alla le recommander aux prières de saint François d'Assise et l'enfant guérit. Sa mère, pleine de reconnaissance, s'empressa de le consacrer au Seigneur et l'accoutuma de bonne heure aux vertus d'hu­milité et d'obéissance. L'enfant parut enflammé d'amour pour Dieu dès qu'il fut capable de le connaître.

A vingt-deux ans Bonaventure entra dans l'Ordre de Saint-François. Il étudia à Paris sous Alexandre de Hales et en compagnie de saint Tho­mas d'Aquin.

Le souvenir de la Passion de Notre-Seigneur l'enflammait d'amour pour le Sauveur. C'était le sujet ordinaire de ses méditations et souvent ses yeux étaient baignés de larmes.

Sa joie spirituelle révélait l'innocence de son âme.

Quand il fut prêtre, son émotion à l'autel se trahissait aussi par ses lar­mes.

Quand il prêchait, il faisait passer dans le cœur de ses auditeurs le feu sacré dont il brûlait lui-même. C'était vraiment un ami du Sacré-Cœur.

III POINT: Ses grandes œuvres. - Dès l'âge de vingt-trois ans, il devint professeur à la Sorbonne. Le roi saint Louis l'admettait souvent à sa ta­ble et demandait ses conseils. Il le pria d'écrire un office de la Passion et divers traités où se manifeste l'amour brûlant du saint docteur pour Notre-Seigneur.

En 1256, il fut élu général de son Ordre. Il y fit régner la ferveur et la charité.

Il alla faire une retraite à l'Averne au lieu où saint François avait reçu les stigmates. Il y écrivit son livre de la Voie de l'âme pour aller à Dieu et y prépara sa Vie de saint François.

Sa dévotion pour la Reine des anges était ardente. Il écrivit ses louan­ges dans le livre du Miroir de la Vierge et il paraphrasa le psautier en son honneur.

En envoyant ses missionnaires au loin, il regrettait de ne pas pouvoir aller avec eux donner son sang pour Notre-Seigneur.

Il refusa tant qu'il put les dignités, mais le pape Grégoire X l'obligea à accepter le cardinalat et le conduisit avec lui au Concile de Lyon, réuni pour réaliser l'union de l'Eglise grecque à l'Eglise latine et pour réveiller le zèle pour la croisade. Il y avait là cinq cents évêques. Saint Bonaven­ture charma les orientaux par sa douceur et les ramena à l'union. Mais il tomba malade et se prépara à la mort dans la contemplation de son cru­cifix.

IIIe POINT: L'apôtre du Sacré-Cœur. - Le docteur séraphique, par la bouche duquel, dit Sixte-Quint, le Saint-Esprit semble avoir parlé, chante suavement la dévotion au Sacré-Cœur: «O mon âme, dit-il, si tu savais combien le Cœur de Jésus est doux! Entres-y et quand tu y seras, puisses-tu fermer sur toi la porte de ses blessures, afin qu'il te soit impos­sible d'en sortir!

«Je ne veux plus me séparer de Jésus attaché à la croix. Je veux faire en lui trois tentes, une dans ses mains, une dans ses pieds, la troisième dans son côté pour y faire ma demeure à jamais… Là je parlerai à son Cœur et j'obtiendrai tout ce que je voudrai… Du moment que j'y suis entré, j'y fais ma demeure, et j'y trouve une telle douceur, que les paro­les me manquent pour l'exprimer».

«O aveuglement des hommes, qui ne savent pas entrer dans le Christ par ses blessures! Ils consument en vain leurs forces dans des futilités. Pourquoi tardez-vous à y pénétrer? Le mur de séparation est renversé et vous négligez d'y entrer!…».

«Entrez-y, tout ce qu'il y a en vous de charnel disparaîtra et vous trou­verez, dans cette divine blessure, de surprenantes délices».

«N'hésite plus, ô mon âme, unis-toi au Cœur du Christ et tu verras de quelle douceur tu seras comblée. Fais-en l'expérience. Il ne saurait en être autrement, puisque ce Cœur sacré est un cellier rempli de parfums, la porte du paradis, le trésor de la sagesse divine et de l'éternel amour». Ces pages de saint Bonaventure ne différent pas de celles de sainte Gertrude ou de Marguerite-Marie. C'est donc bien un saint du Sacré­-Cœur, et pour nous un modèle et un protecteur.

Résolutions. - Avec saint Bonaventure, je veux habiter dans le Cœur de Jésus, j'y trouverai un cellier de parfums, le trésor de la sagesse et de l'amour et la porte du paradis. C'est au Calvaire surtout, c'est devant le crucifix, c'est dans la méditation de la passion, que le Cœur de Jésus s'ouvre le plus facilement à nous. J'y veux entrer pour y puiser la science de l'amour et de la réparation.

Colloque avec saint Bonaventure: prions-le de nous aider à vivre en union avec le Sacré-Cœur.

15 Juillet
Vertus chrétiennes et béatitudes:
la patience dans les persécutions

Beati qui persecutionem patiuntur propter justitiam, quoniam ipsorum est regnum coelorum (S. Mat. 5,10). - Bea­ti estis cum maledixerint vobis, et perse­cuti vos fuerint, et dixerint omne malum adversum vos mentientes propter me: gaudete et exultate quoniam merces ve­stra copiosa est in coelis (Ibid).

Bienheureux ceux qui souffrent persé­cution pour la justice, parce que le royau­me des cieux est à eux (S. Mat. 5,10). - Vous serez heureux lorsque les hommes vous haïront, vous maudiront et vous per­sécuteront et qu'ils diront mensongère­ment toute sorte de mal de vous à cause de moi. Réjouissez-vous alors, car votre récompense sera grande dans les cieux (Ibid).

1er Prélude. «C'est ici la dernière et la plus parfaite des béatitudes, parce que c'est elle qui porte le plus vivement en elle-même l'empreinte et le caractère du Fils de Dieu. C'est pourquoi il s'y arrête et la reprend sous plusieurs formes» (Bossuet).

2e Prélude. Je le crois, Seigneur, souffrir pour vous est une grâce. Soutenez-moi de votre force.

Ier POINT: Heureuse souffrance. - Heureux le pécheur repentant qui, oppressé par la contrition, se dégageant des liens du démon et du mon­de, offre à Dieu l'effusion de ses larmes et soutient vaillamment la lutte pour lui rester fidèle! - Heureux les apôtres, les pasteurs, les maîtres chrétiens, anges gardiens visibles de la jeunesse, qui sont contredits, maudits, calomniés, méprisés, rejetés du monde comme le divin Précep­teur!

Heureux le juste qui souffre pour la justice! Il est semblable au divin Maître, qui a été l'Agneau immolé dès le commencement, la victime du salut, de la réparation, de la rédemption.

Notre-Seigneur nous a prédit cette ressemblance avec lui: «Le disciple n'est pas au-dessus du Maître, nous a-t-il dit. Comme le monde me per­sécute, il vous persécutera. Vous serez comme des agneaux parmi les loups. On vous traînera devant les tribunaux. Vous recontrerez des con­tradictions jusque dans vos familles. Beaucoup de gens vous haïront à cause de moi. Mais ne serez-vous pas heureux de ressembler à votre Maître?» (S. Mat. 10).

IIe POINT: Jésus et les apôtres. - Jésus a été immolé dès le commence­ment (Apoc. 13,8). En figure, il vit dans Abel tué par son frère, dans Isaac conduit au bois du sacrifice par son père, dans Joseph vendu aux étrangers; dans David, trahi par Absalon et abandonné par ses propres officiers, dans Jean-Baptiste mis à mort à cause de sa vertu.

Jésus est sacrifié par les rebuts qu'il rencontre à Bethléem, par la per­sécution d'Hérode et la fuite en Egypte; par la jalousie des gens de Naza­reth qui veulent le précipiter du haut de leur colline, par les intrigues des pharisiens qui durent toute une année et qui aboutissent aux journées horribles de la Passion.

Jésus souffrait tout cela avec joie, parce que c'était pour la gloire de son Père et pour notre salut.

Les disciples ne sont pas au-dessus du maître. Les apôtres aussi furent persécutés, parce qu'ils annonçaient le Christ et prêchaient la rédemp­tion, il furent saisis et flagellés; et en revenant du tribunal, ils se réjouis­saient d'avoir eu la grâce de souffrir pour Jésus-Christ (Act. 5,41). Ils eurent tous l'héroïque courage d'affronter la mort pour le Sauveur, et si saint Jean n'est pas mort dans son supplice, c'est par un miracle qui ne lui ôte pas le mérite du martyre.

Saint Paul voyait avec joie le courage de ses disciples dans la persécu­tion. Il écrivait aux Thessaloniciens: «Nous nous glorifions en vous, dans les Eglises de Dieu, à cause de votre patience et de votre fidélité, au milieu des persécutions et des tribulations que vous avez à soutenir. C'est là le signe des desseins de Dieu, qui veut vous rendre dignes de son Royaume. C'est pour cela que vous souffrez. Mais Dieu en son temps frappera avec nous, quand Notre-Seigneur descendra du ciel et paraîtra avec les anges, ministres de sa puissance» (2 aux Thessal. 1,4).

IIIe POINT. La béatitude. - En attendant la gloire des cieux, les persé­cutés éprouvent déjà une joie intime sur la terre. C'est une récompense de la grâce divine. «Ils voient le fruit de ce que leur âme a souffert, nous dit le prophète, et ils en sont rassasiés» (Is. 53,2). C'est la joie intime de l'apostolat et le triomphe de la souffrance et du sacrifice: «Mon serviteur est juste, et par l'enseignement de sa doctrine il rendra justes un grand nombre d'hommes… Je lui donnerai en partage une multitude de disci­ples; il vaincra ses ennemis et partagera leurs dépouilles» (Is. 53,11-12). Cela s'applique au Sauveur et à ceux qui propagent son royaume. Le sa­lut des âmes! quelle récompense consolante pour les larmes versées, les fatigues endurées, les persécutions subies et la haine du monde!

Le royaume des cieux! c'est la récompense éternelle des persécutés. Elle leur est acquise, elle ne leur sera pas ravie. Aimer Jésus par-dessus tout, l'aimer plus que les mépris et les persécutions, c'est une grâce qui s'échangera contre la joie du ciel; Partem elegit quae non auferetur ab ea… (Luc. 10,42).

Louer Dieu dans la persécution, c'est lui procurer une grande gloire. C'est là le chemin par lequel le salut vient de Dieu: Invoca me in die tribula­tionis, eruam te et honorificabis me:… illic iter quo ostendam illi salutare Dei» (Ps. 49,15-23).

Résolution. - Après Jésus, qui porta la croix avec joie; avec les apôtres et les martyrs qui louaient Dieu dans les persécutions, portons généreu­sement notre croix quotidienne. - Le Cœur de Jésus aimait la croix ré­demptrice: opprobrium exspectavit cor meum et miseriam (Ps. 68). Aimons no­tre croix de chaque jour, le travail, la fatigue, l'humilité, l'obscurité. Supportons avec une douce patience les incommodités de la vie commu­ne et les épreuves que la Providence nous envoie.

Colloque avec le Sauveur portant sa croix: faisons aujourd'hui le che­min de la croix.

16 Juillet
Notre-Dame du Carmel

Elias ascendit in verticem Carmeli et pronus in terram posuit faciem suam inter genua sua, et dixit ad puerum suum: Ascende, et prospice contra mare. Qui cum ascendisset, et contemplatus esset, ait:

Non est quidquam… In septima autem vice, ecce nubecula parva quasi vestigium homnis ascendebat de mari (Lib. 3 Reg. 18,42).

Elie monta sur le haut du Carmel, en s'agenouillant il mit son visage entre ses genoux, et il dit à son serviteur: Va et re­garde vers la mer. Celui-ci étant allé re­garder, revint et dit: Il n'y a rien…

Mais la septième fois il parut un petit mage qui s'élevait de la mer grand com­me le pas d'un homme (3e liv. des Rois, 18,42.

1er Prélude. Elie a entrevu l'abondance des grâces du Sacré-Cœur. La petite nuée, c'était Marie, qui donnerait naissance à Jésus, la source de toutes les grâces.

2e Prélude. O Marie, fleur du Carmel, faites-moi participer à cette pluie de grâces.

Ier POINT: Elie a entrevu les grâces du Sacré-Cœur. - Le grande prophète Elie a fondé au Mont Carmel l'école des prophètes. C'est l'origine de l'ordre du Carmel.

Saint Jérôme appelle Elie, Elisée et leurs disciples, les moines de l'an­cien Testament: Monachi veteris Testamenti.

Les disciples du Carmel reçurent les premiers le baptême de saint Jean. Ils furent aussi les premiers disciples de Jésus et des apôtres. Ils connurent et honoraient Marie et ils érigèrent une chapelle en son hon­neur. Le Bienheureux Albert leur donna des constitutions au XIIIe siècle. Le Saint Siège les approuva. Ils honorent Elie comme leur saint fon­dateur.

C'est au Carmel qu'Elie accomplit ses plus beaux miracles. C'est là qu'il provoqua les quatre cent cinquante prophètes de Baal qui avaient les faveurs d'Achab et de l'impie Jésabel. Les faux prophètes sollicitè­rent en vain le feu du ciel pour leurs victimes; Elie obtint ce miracle im­médiatement. Ensuite, il pria pour obtenir la pluie, après une sécheresse désolante de trois années. Pendant qu'il priait, il envoya sept fois un di­sciple regarder du côté de la mer. La septième fois, le disciple vit au loin une petite nuée qui s'élevait: Ecce nubecula parva ascendebat de mari. Cette nuée féconde est regardée par plusieurs Pères de l'Eglise comme la figu­re de Marie, qui nous a donné le Cœur de Jésus, la source de toutes les grâces.

IIe POINT: Les frères de Marie. - Les Souverains Pontifes ont appelé les religieux de cet ordre les Frères de la bienheureuse Marie du Mont Carmel. Frères de Marie, cela indique nécessairement des amis du Sacré-Cœur et des familiers du Sauveur.

Marie a voulu étendre ces liens de famille en dehors même du Car­mel. Elle a révélé à saint Simon Stock le scapulaire du Carmel en lui di­sant: «Recevez, mon fils, le scapulaire de votre ordre, comme un signe de ma confraternité pour vous; quiconque mourra revêtu de ce saint ha­bit ne souffrira pas les flammes éternelles. Ce scapulaire sera un signe de salut, une sauvegarde dans les dangers, un gage de paix et d'alliance éternelle».

L'Eglise tient cette promesse pour authentique, ainsi que celle faite par Marie à Jean XXII, au siècle suivant, de visiter et de délivrer du purgatoire le samedi après leur mort ceux qui auront appartenu à la con­frérie du Carmel.

Que de grâces ont été obtenues par cette dévotion! Combien de pé­cheurs convertis! combien de guérisons miraculeuses! combien d'acci­dents évités!

Remercions Marie de nous avoir acceptés pour ses frères et revêtus de son habit. Le scapulaire sera notre sauvegarde dans les dangers du corps et de l'âme. Ce sera pour nous une garantie de salut.

IIIe POINT: Confiance en la bonté du Cœur de Marie. - «La dévotion à Marie, dit saint Ephrem, est un sauf-conduit pour le ciel: Charta liberta­tis».

«Marie est une avocate qui ne perd pas ses causes», dit saint Bernard. Nous en avons la preuve dans le miracle de Cana.

«Elle ne se lasse pas de nous défendre: non est satietas defensionis ejus», dit saint Germain. Quelle pensée consolante pour les âmes faibles qui sont retombées après leur pardon!

Saint Anselme lui applique ce qui est dit de la Sagesse dans les saints livres: «Elle devance nos prières pour venir nous secourir: Proeoccupat qui se concupiscunt ut illis prior se ostendat» (Sap. 6,14).

Le même saint Anselme va jusqu'à dire que le secours vient parfois plus vite par l'invocation de Marie, tandis que Jésus est Maître et juge. «Que Marie est redoutable au démon, dit saint Bonaventure!». Et le saint docteur applique à Marie ce que job dit de l'Aurore qui fait fuir les voleurs: Le diable comme les voleurs perce les murailles la nuit, mais si l'aurore apparaît, il fuit comme les voleurs.

Portons le saint habit de Marie, pour être comme ses frères. Assurons-nous le privilège sabbatin. Rappelons-nous ses conditions: Garder la chasteté suivant sa condition; pratiquer l'abstinence le mer­credi et le samedi, sauf dispense pour cause de santé; réciter le petit offi­ce ou le bréviaire.

Résolutions. - Je porterai et je propagerai le scapulaire du Carmel. je recourrai à elle en toutes circonstances. je prends Marie pour mon avo­cate, mon guide, ma conseillère. O Marie! dès aujourd'hui, je vous de­mande ma conversion et la victoire sur mon défaut dominant.

Colloque avec Notre-Dame du Carmel.

17 Juillet
Vertus chrétiennes:
la charité fraternelle

Si ergo offers munus tuum ad altare, et ibi recordatus fueris quia frater tuus habet aliquid adversum te, relinque ibi munus tuum ante altare, et vade prius reconcilia­ri fratri tuo: et tunc veniens offeres munus tuum (S. Mat., 5,23).

Si donc vous présentez votre offrande à l'autel et que là vous vous souveniez que votre frère a quelque chose contre vous, laissez votre offrande devant l'autel, et al­lez d'abord vous réconcilier avec votre frère. Alors seulement vous pourrez venir présenter votre offrande (S. Mat., 5,23).

1er Prélude. Dieu ne veut être payé du culte que nous lui devons, qu'après que nous nous serons acquittés de l'amour et de la justice que nous devons à nos frères (Bossuet).

2e Prélude. Aidez-moi, Seigneur, à lire dans votre divin Cœur l'esprit de charité et de fraternité qui doit animer le mien.

Ier POINT: La charité dans les pensées et les jugements. - Soyez miséricor­dieux, nous dit Notre-Seigneur, comme votre Père est miséricordieux (S. Luc. 6,36). Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait (S. Mat., 5,48). Et saint Paul ajouta: «Soyez les imitateurs de Dieu, comme ses enfants bien-aimés, et marchez dans l'amour, ainsi que Jésus-Christ nous a aimés, et s'est livré lui-même pour nous en s'offrant à Dieu com­me une victime d'agréable odeur» (Eph., 5,1).

Marchons dans l'amour, dans la charité fraternelle, comme il con­vient à des enfants de Dieu. - Vous êtes tous frères, nous redira sou­vent Notre-Seigneur. Omnes enim fratres estis (S. Mat., 23).

Nous étions frères par la création, nous sommes devenus frères par la grâce et par l'adoption divine. L'Evangile a accentué et ennobli la fra­ternité. Aussi nos sentiments doivent être inspirés par cette fraternité dé­licate. Vous éviterez, dit Notre-Seigneur, de vous irriter contre vos frères - Vous chercherez leur bien comme votre bien propre. - Même s'ils sont vos ennemis, ils demeurent vos frères et vous ne les haïrez pas. - Vous prierez pour eux, vous vous dépenserez pour leur salut. - Vous ne les jugerez point en vos cœurs, vous n'avez pas mission pour cela, ce serait une faute (Luc, 6,37).

IIe POINT: La charité dans les paroles. - Pas d'injures, nous dit Notre­Seigneur; celui qui profère des injures contre son frère doit réparer sa faute (S. Mat., 5,22). Pas de jugements injustes, inspirés par l'envie, l'indiscrétion, la légèreté, l'amour-propre. «Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés; ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés» (S. Luc. 6,37).

Saint Pierre, en se conformant à l'esprit de Notre-Seigneur nous dit: «Ne rendez pas le mal pour le mal, ni la malédiction pour la malédiction; mais au contraire, bénissez vos frères (car c'est à cela que vous avez été appelés), pour posséder vous-même la bénédiction en héritage. - Si quelqu'un veut être béni en sa vie et voir des jours heureux, qu'il garde sa langue du mal et que ses lèvres s'abstiennent du mensonge, qu'il se détourne du mal et qu'il fasse le bien; qu'il cherche et poursuive la paix; car le regard du Seigneur s'arrête sur les justes et ses oreilles écoutent leurs prières» (1 Pet., 3,9).

«Ne cédez pas au démon, dit saint Paul: que toute aigreur, tout em­portement, toue irritation, toute querelle, toute. médisance et toute mali­ce soit bannie du milieu de vous. Soyez bons les uns pour les autres, soyez miséricordieux, vous pardonnant mutuellement, comme Dieu vous a pardonnés dans le Christ» (Aux Eph., 4,27).

«Comment se fait-il, dit encore saint Paul, qu'on voie parmi vous s'élever des différends qui sont portés devant les tribunaux séculiers? Puisque les saints jugeront un jour le monde, ils pourront bien juger vos petits différends. Les membres les plus humbles de l'Eglise devraient y suffire, mais au besoin prenez parmi vous un homme sage pour juger vos procès, et même pour plus de perfection, souffrez qu'on vous fasse tort» (1 aux Cor., 6,1).

IIIe POINT: La charité dans les actes. - Donnez facilement, nous dit Notre-Seigneur, et prêtez facilement aussi. La perfection serait même de ne pas vous plaindre si on vous vole (Mat., 5,42).

Aimez même ceux qui vous persécutent et vous calomnient et priez pour eux. Si vous n'aimez que ceux qui vous font du bien, les païens en feraient bien autant. Soyez parfaits comme votre Père céleste, qui est bon pour tous, même pour les ingrats et les méchants; il fait lever «son soleil et descendre la pluie sur tous, sur les bons et sur les mauvais» sur les justes et sur les pécheurs (S. Luc, 6).

Ne rendez à personne le mal pour le mal, nous dit saint Paul, ayez soin de faire le bien, non seulement devant Dieu, mais devant tous les hommes. Vivez en paix, si cela se peut et autant qu'il est en vous, avec tous les hommes… Si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger… (Aux Rom., 12,17).

Faites l'aumône sans ostentation. Vous savez, dit saint Paul, quelle a

été la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, étant riche, s'est fait pauvre pour l'amour de vous, afin que vous soyez riches par sa pauvreté (2 Cor., 8,9).

C'est le Cœur de Jésus qui parle en toutes ces prescriptions et tous ces conseils sur la charité fraternelle. C'est là l'esprit de l'Evangile, qui est tout opposé à celui du paganisme.

La révélation du Sacré-Cœur est venue donner encore un accroisse­ment nouveau à la fraternité chrétienne.

Résolutions. - Mon Dieu, je reconnais que je dois aimer sincèrement mes frères qui sont aussi vos enfants. Et si vous nous avez tant aimés, n'est-il pas juste, comme le remarque saint Jean, que nous nous aimions les uns les autres (Sap., l, Jean, 4,11). Seigneur Jésus, mettez en mon cœur la charité, la bénignité, la douceur du vôtre.

Colloque avec Notre-Seigneur.

18 JUILLET

PARABOLE DU JUGE ET DE LA VEUVE

DE L'EFFICATITE DE LA PRIERE

Dicebat autem et parabolam ad illos, quoniam oportet semper orare et non de­ficere, dicens: Judex quidam erat in qua­dam civitate, qui Deum non timebat, et hominem non reverebatur. Vidua autem quaedam erat in civitate illa et veniebat ad eum dicens: Vindica me de adversario meo. Et nolebat per multum tempus. Post haec autem dicit intra se: quia molesta est mihi haec vidua, vindicabo illam (S. Luc, 18,1).

Notre-Seigneur leur enseignait par une parabole qu'il faut toujours prier et ne pas se lasser. Il disait: il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne re­spectait pas les hommes. Une veuve de cette ville vint le trouver et lui dit: Vengez-moi de mon adversaire. Il ne voulait rien faire. Mais à la longue il se dit: Cette veuve me fatigue, je lui ferai ju­stice (S. Luc, 18,1).

1., Prélude. Priez avec persévérance, nous dit Notre-Seigneur, et vous serez exaucés. 2• Prélude. Seigneur, donnez-moi cette persévérance et faites passer mes prières par votre divin Cœur pour les rendre efficaces.

Ier POINT: Exemple et enseignements de Notre-Seigneur. - L'encourage­ment à la prière est un des premiers enseignements du Sermon sur la montagne.

Notre-Seigneur priait beaucoup. Il joignait l'exemple à ses exhorta­tions. Il se retirait dans la solitude pour prier. Il y passait souvent la nuit. Il passa quarante jours au désert à prier.

Il priait pour nous; il priait aussi pour nous donner l'exemple de la prière. Souvent il la recommandait à ses disciples. Il leur disait comment il faut toujours prier et ne jamais cesser.

Afin de leur démontrer combien la persévérance dans la prière est effi­cace pour obtenir ce qu'on demande, il leur proposait la parabole du ju­ge et de la veuve.

La pauvre veuve était venue plusieurs fois demander justice, mais en vain. A la fin, le juge se dit: «Bien que je n'aie souci ni de Dieu ni des hommes, puisque cette veuve m'importune, je vais lui faire justice, de peur qu'à la fin elle ne vienne me faire quelque affront».

Pensez-vous, ajoutait le Sauveur, que Dieu ne fera pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit!

Il leur proposait aussi cet autre exemple de l'ami qui par son importu­nité se fait prêter par son ami les pains dont il a besoin (S. Luc, 11). Il encourageait leur confiance en leur disant: «Demandez et vous rece­vrez».

IIe POINT: Puissance et effets de la prière. - La puissance de la prière est inestimable.

Quand Moïse priait, Israël était victorieux. Judith fit prier pendant sa tentative audacieuse et elle sauva son peuple. La rédemption est le fruit de la prière de Jésus: «Pendant les jours de sa vie mortelle, dit saint Paul, Jésus offrait à son Père ses prières et ses supplications. Il criait vers Dieu avec larmes et il mérita d'être exaucé» (Aux Heb., 5).

Voulez-vous supporter patiemment l'adversité et surmonter les tenta­tions et les tribulations? soyez homme de prière.

Voulez vous briser vos affections déréglées, connaître les ruses de Sa­tan et y échapper? soyez homme de prière.

Voulez-vous vivre heureusement dans les œuvres de Dieu, et marcher avec fruit dans la voie du travail et du sacrifice? Voulez-vous avancer dans la vie spirituelle et ne pas tenir compte de la chair dans vos désirs? soyez homme de prière.

Voulez-vous mettre en fuite les vains bourdons des pensées légères, réchauffer et fortifier votre âme de saintes pensées, de pieux désirs, de ferveur et de dévotion? soyez homme de prière.

Voulez-vous enfin monter jusqu'à la contemplation et jouir des em­brassements du divin Epoux? soyez homme de prière.

IIIe POINT: Efficacité de la prière. - Saint Bernard se pose cette objec­tion: «Mais nos prières ne sont pas toujours exaucées; nous prions et nous n'obtenons rien». Il répond: «Croyez à la promesse du Fils de Dieu».

Vos prières ne sont pas stériles. A peine sont-elles sorties de vos lèvres, qu'elles sont inscrites au livre du ciel. Mais vous ne savez pas toujours ce que vous devez demander. Le Sauveur reçoit votre prière avec bienveil­lance. Il ne vous donne pas ce qui est inutile; et il ne vous accorde pas de suite ce qui n'est pas urgent. Mais aucune prière n'est infructueuse. Il vous réserve alors un don meilleur.

Que la prière pour les biens temporels soit restreinte au seul nécessai­re. Que celle qui regarde les vertus à acquérir et la vie éternelle s'appuie uniquement sur la miséricorde divine.

Observez aussi le temps et le lieu de la prière. On prie mieux le matin, dans le calme et le silence.

On ne prie avec fruit que si on fait valoir les mérites de Notre­Seigneur. On prie utilement si on s'adresse au Cœur de Jésus. Présenter le Cœur de Jésus à son Père, c'est faire valoir un talisman qui est tout-puissant. «Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, a dit Notre-Seigneur, il vous l'accordera». En mon nom, cela veut dire « par mes mérites, par l'amour que mon Père a pour moi, par la considération qu'il a pour mon Cœur, pour ma prière, pour mon amour, pour mes souffrances…».

Si vos prières concordent avec les désirs, du Cœur de Jésus, elles se­ront victorieuses. Marthe disait à Jésus: «Je sais que tout ce que vous de­mandez à Dieu, il vous l'accorde».

Allons à Dieu par le Cœur de Jésus et au Cœur de Jésus par Marie, nous serons tout puissants.

Résolutions. - Ma prière sera constante par l'union avec le Sacre­Cœur. Ce sera surtout la prière de louange, d'amour, de réparation au commencement de chacune de mes occupations. Si j'ai soin des intérêts de Notre-Seigneur, il aura soin des miens.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

19 JUILLET

SAINT VINCENT DE PAUL

Beatus qui intelligit super egenum et pauperem, in die mala liberabit eum Do­minus. Dominus conservet eum, et vivifi­cet eum in terra: et non tradat eum in ani­mam inimicorum ejus (Ps. 40,1).

Heureux celui qui s'intéresse aux pau­vres et aux besogneux, Dieu aura pitié de lui dans les mauvais jours. Que Dieu le conserve, le fasse vivre et le rende heu­reux sur la terre, et qu'il ne le livre pas aux mains de ses ennemis (Ps. 40,1).

Saint Vincent de Paul a bien été celui qui porte intérêt aux pauvres, qu'il

1 1er Prélude. soit béni!

2e Prélude. Grand saint, enseignez-moi la piété, l'amour de Notre-Seigneur, la cha­rité pour les pauvres.

Ier POINT: Son abandon à la Providence. - Saint Vincent de Paul est pieux, c'est la source de toutes ses grâces. Dieu le dirigera par trois voies concordantes: par les événements providentiels, par les inspirations de son oraison, par les conseils de son directeur.

La Providence le conduit par des voies imprévues à la fondation de toutes ses œuvres. Il n'est, dans son enfance, qu'un petit berger des Landes, Dieu ira le chercher là, comme il a cherché David à Bethléem et Marie à Nazareth. Son père, témoin de sa piété, le met au séminaire, chez les cordeliers de Dax, puis à Toulouse.

Appelé par un héritage à Marseille, il tombe entre les mains des pira­tes. Esclave à Tunis, il convertit son maître, un renégat, et l'amène au légat d'Avignon pour le faire absoudre.

A Avignon, le légat lui conseille le pèlerinage de Rome et lui confie des messages. A Rome, on lui donne des lettres à porter au roi à Paris. La Providence l'attendait là. Il trouve à Paris un saint directeur M. de Berulle, qui le conseillera et le guidera pour toutes ses œuvres et ses mi­nistères futurs. Il a toujours été un instrument fidèle entre les mains de Dieu. Laissons-nous conduire par les voies de la Providence.

IIe POINT: Son amour pour Notre-Seigneur. - Il a toujours été d'une pie­te ardente. Aumônier de la Visitation de Paris pendant quarante ans, il vivait là de l'esprit du Sacré-Cœur.

Membre du conseil royal de conscience, il s'occupe de la réforme du clergé et des séminaires, il veille à ce que la cour nomme de bons évê-ques. Cinquante ans après sa mort, lors du procès de sa béatification, le grand évêque de Nîmes, Flechier, lui rendait ce témoignage que le clergé de France lui devait en grande partie l'éclat dont il brillait depuis ce temps.

Pendant ses plus grandes occupations et même pendant sa vieillesse et sa dernière maladie, il ne diminuait rien de ses exercices de piété. Il se levait à quatre heures, disait la messe et faisait trois heures d'oraison.

Il fut le conseiller de la plupart des pieuses fondations de son temps. Il coopéra à la fondation des Filles de Sainte-Geneviève et à celle des Filles de la Croix. Il était le conseiller et le guide des pieuses fondatrices de ces instituts, Mme de Miramion et Mme de Villeneuve.

Son zèle embrassait les pays les plus variés. Il envoya des missionnai­res à Tunis, à Madagascar, à Alger. Ses prêtres allèrent ranimer la fer­veur en Irlande et combattre le protestantisme en Ecosse.

Ayant lui-même constaté l'ignorance religieuse qui régnait dans les campagnes, il institua les missions rurales qui firent un bien immense dans nos provinces.

Il eût voulu aller lui-même aux missions lointaines. «Je me suis rendu indigne par mes péchés, disait-il humblement, d'aller rendre service à Dieu parmi les peuples qui ne le connaissent pas».

Rendre service à Dieu, tel était l'idéal de saint Vincent de Paul et l'ex­pression de son amour pour Dieu.

III,, POINT: Sa tendre charité pour les pauvres. - Parler de la charité de saint Vincent de Paul, c'est un lieu commun. Il a été le roi de la charité dans ces derniers siècles, et l'Eglise l'a déclaré patron de toutes les œuvres de charité.

Il a fondé les Soeurs de charité, cela suffirait à le caractériser. Et cet institut est devenu un modèle que bien d'autres ont imité.

Dès qu'il voyait une misère ou une souffrance, il fallait qu'il y portât re­mède; et s'il s'agissait d'une misère habituelle et étendue il cherchait à fonder un institut ou une œuvre qui se dévouât à secourir cette infortune.

Les orphelins, les filles abandonnées, les forçats, les enfants des cam­pagnes attirèrent tour à tour sa sollicitude. Son cœur débordait de mise­ricorde.

La Providence a voulu que ce cœur fût honoré dans la primatiale de Lyon, comme une source de charité et une copie du Cœur de Jésus. Toutes les œuvres d'aujourd'hui semblent sortir encore de ce cœur. Les conférences de Saint-Vincent de Paul n'ont-elles pas été le point de départ de tout le mouvement social chrétien, qui est un épanouissement nouveau de la charité du Christ?

Aimons Notre-Seigneur et notre prochain, et la Providence se. servira de nous pour fonder des œuvres ou les développer.

Résolutions. Saint Vincent de Paul est particulièrement glorifié dans son cœur, dont il a su faire une copie du Cœur de Jésus. Formons aussi notre cœur sur le divin modèle. Le moyen, c'est l'union constante à ce divin Cœur, à ses dispositions, à ses sentiments, à ses sacrifices. Hoc sen­tite in vobis quod et in Christo Jesu.

Colloque avec saint Vincent de Paul.

20 JUILLET

VERTUS CHRETIENNES:

DOCTRINE SOCIALE: RESTAURATION DE LA FAMILLE

Dictum est autem: quicumque dimise­rit uxorem suam, det illi libellum repudii. Ego auteur dico vobis: quia omnis qui di­miserit uxorem suam, excepta fornicatio­nis causa, facit eam maechari. Et si aliam duxerit, adulterium committit super eam. Et qui dimissam, duxerit, adulterat (S. Mat. 5,32).

Il a été dit: Si quelqu'un renvoie sa femme, il lui donnera un écrit de répudia­tion. Et moi je vous dis: quiconque se sé­pare de sa femme, hors le cas d'infidélité, l'expose à l'adultère; et il est adultère, s'il en épouse une autre; et quiconque épouse la femme renvoyée, commet un adultère (S. Mat. 5,32).

18• Prélude. Notre-Seigneur a voulu dès ce premier discours rappeler le devoir de la chasteté et restaurer l'indissolubilité du mariage.

2e Prélude. Merci, Seigneur, d'avoir rétabli la sainteté de la famille et de nous avoir montré la voie angélique de la virginité.

Ier POINT: Le devoir de la chasteté. - Notre-Seigneur rétablit dans toute son intégrité la règle de la chasteté: «Vous savez, dit-il, qu'il a été dit aux anciens: Vous ne commettrez point d'adultère». - Et moi je vous dis: Quiconque regarde une femme avec concupiscence a déjà commis l'adultère dans son cœur (S. Mat. 5,27).

Notre-Seigneur n'admet aucune excuse ni aucun accommodement. La loi est formelle et inflexible. Dès que nous sommes aux prises avec une occasion prochaine de péché, le sacrifice s'impose, si grand soit-il. Notre oeil droit, notre main droite, c'est-à-dire ce que nous avons de plus cher et de plus précieux doit être immolé sans délai, sinon c'est l'en­fer.

Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ, dit saint Paul. Irai-je donc prendre les membres du Christ pour en faire les mem­bres d'une prostituée? A Dieu ne plaise!… Celui qui demeure attaché au Seigneur est un même esprit avec lui. Fuyez la fornication… Votre corps est le temple du Saint-Esprit, qui réside en vous et que vous avez reçu de Dieu; et vous n'êtes plus à vous-mêmes, car vous avez été achetés à un grand prix, Glorifiez Dieu et portez-le dans votre corps (1 aux Cor, 6,15).

IIe POINT: Le mariage et son indissolubilité. - Notre-Seigneur proclame sur la montagne l'indissolubilité du mariage. Le divorce est un crime. - Saint Paul commente le précepte du Seigneur: «Pour ceux qui sont dans le mariage, dit-il, ce n'est pas moi, mais le Seigneur qui leur fait ce com­mandement: que la femme ne se sépare point de son mari. Si elle s'en se­pare, qu'elle demeure sans se marier, ou qu'elle se réconcilie avec son mari» (Aux Cor, 7,17).

Et encore: «Une femme mariée est liée par la loi du mariage à son ma­ri tant qu'il est vivant; mais s'il vient à mourir, elle est dégagée de ce lien, et elle peut en contracter un autre» (Aux Rom. 7,2).

Notre-Seigneur reviendra sur cette loi caractéristique du nouveau tes­tament, en répondant aux pharisiens. - «Moïse, disaient ceux-ci, a per­mis de renvoyer sa femme avec un acte de répudiation. - N'avez-vous pas lu, reprit Jésus, qu'à l'origine, celui qui fit la race humaine créa un seul homme et une seule femme, et il dit ensuite: L'homme quittera son père et sa mère, pour s'attacher à son épouse; et ils seront deux dans une même chair… Que l'homme donc ne sépare point ce que Dieu a uni!» (S. Mat. 19).

Et pour la vie de famille, saint Paul, s'inspirant de Notre-Seigneur a tracé ces règles: «Que les hommes prient en tout lieu, levant vers le ciel des mains pures, sans colère et sans contestation. Que les femmes aussi prient, vêtues comme l'honnêteté le demande; qu'elles se parent avec modestie et réserve, non avec des vêtements somptueux, mais avec de bonnes œuvres, comme il convient à des personnes pieuses… La femme doit être soumise à son mari, parce qu'elle a été créée aprés l'homme, et c'est elle qui a été séduite la première. Elle se sauvera néanmoins par les enfants qui naîtront d'elle, si elle persévère dans la foi, dans la charité, dans la sainteté et la tempérance» (1 à Tim. 2).

III° POINT: La Virginité. - Notre-Seigneur en donne brièvement le conseil, le temps n'était pas venu d'en parler plus ouvertement. - «Il en est, dit-il, qui s'éloignent du mariage pour le royaume des cieux, mais c'est une voie qui ne sera comprise que de ceux qui en auront la grâce» (S. Mat. 19,12).

Saint Paul a eu la mission de nous proposer la virginité. «Ce n'est pas, dit-il, un précepte du Seigneur; c'est un conseil que je donne en son nom, ayant reçu de sa miséricorde la grâce de lui être fidèle… Le temps est court, je voudrais vous affranchir de toute sollicitude. Celui qui n'est pas marié n'a d'autre sollicitude que de vaquer aux choses du Seigneur et de plaire à Dieu… Je ne condamne pas le mariage, mais je vous pro­pose une voie plus sainte et un moyen plus facile de prier Dieu sans ob­stacle» (1 Cor. 7,25…).

Saint Jean a puisé au Cœur de Jésus l'amour de la virginité. Il exalte

les vierges dans ses admirables visions apocalytiques: «Je vis, dit-il, l'Agneau sur la montagne de Sion, entouré de cent quarante quatre mil­le élus qui ne se sont pas souillés sur la terre et qui sont restés vierges. Ils suivent l'Agneau partout où il va. Ils lui chantent un cantique réservé avec des voix harmonieuses comme des harpes et ils remplissent le ciel de leurs symphonies» (Apoc. 14,1).

Résolutions. - Admirons la sainteté de la famille chrétienne. Prêchons­en les lois saintes. - Dans la vie commune, imitons la pieuse hiérarchie des familles, obéissons à nos supérieurs, soyons pour eux comme des en­fants dociles, obéissants, confiants. - Estimons la virginité comme elle le mérite. Aimons-la comme le Cœur de Jésus l'a aimée. Si nous y som­mes appelés, redoutons toute souillure plus que le feu.

Colloque avec saint Jean.

21 JUILLET

VERTUS CHRETIENNES:

DOCTRINE SOCIALE: L'ETAT.

Magister, dic nobis quid tibi videtur: li­cet dare censum Caesari an non? Cognita autem Jésus nequitia eorum, ait: Quid me tentatis, hypocritae? Ostendite mihi numisma census! At illi obtulerunt ei de­narium. Et ait illis Jésus: «Cujus est ima­go haec et superscriptio? Dicunt ei: Cae­saris. Tunc ait illis: Reddite ergo quae sunt Caesaris, Caesari; et quae sunt Dei, Deo!» (S. Mat. 20).

Maître, dites-nous votre manière de voir: est-il permis de payer le tribut à Cé­sar? Mais Jésus connaissant leur perversi­té, leur dit: Pourquoi me tentez-vous, hy­pocrites? Montrez-moi la monnaie de l'impôt. Ils lui présentèrent un denier. Il leur dit: de qui est cette figure et cette ins­cription? Ils lui disent: de César. Alors, il leur dit: Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu» (S. Mat. 20).

1 er Prélude. Toute autorité établie a droit à notre respect. Dieu nous veut organisés et obéissants.

2e Prélude. Donnez-nous, Seigneur, des supérieurs selon votre cœur, nous à eux par une docilité filiale.

et unissez­

Ier POINT: Toute autorité vient de Dieu. - «Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu». - «Que toute âme soit soumise aux autorités supérieures, dit saint Paul; car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu; et toutes les autorités de la terre sont disposées par Dieu. Celui donc qui résiste aux autorités, résiste à l'ordination de Dieu, et il attire sur lui la malédiction… Le prince est le ministre de Dieu pour le bien. Il est l'exécuteur de la vengeance divine à l'égard de ceux qui font le mal.

Il faut être soumis, non seulement par crainte, mais aussi par princi­pe de conscience. C'est pour cela que vous payez le tribut aux princes, parce qu'ils sont les ministres de Dieu dans l'accomplissement de leur mission. Rendez donc à chacun ce qui lui est dû: le tribut, l'impôt, la crainte et l'honneur» (Aux Rom 13,1).

Notre-Seigneur a donc affermi l'autorité de tous les pouvoirs établis. Unissons-nous aux sentiments du Cœur de Jésus envers toute autorité établie par la Providence.

IIe POINT: Soumission en tout ce qui n'est pas contraire à la loi de Dieu. - Commentant la parole du Sauveur, saint Pierre nous dit: «Soyez sou­mis, pour l'amour de Dieu, à toute institution humaine, soit au roi, comme souverain; soit aux gouverneurs, comme envoyés par lui, pour punir les méchants et pour récompenser les bons… Car telle est la volon­te de Dieu qu'en faisant le bien vous fermiez la bouche des insensés et des ignorants. Vous êtes libres, mais comme des serviteurs de Dieu, et non pour vous couvrir de la liberté comme d'un voile qui favorise la li­cence.

Rendez l'honneur à tous: aimez vos frères, craignez Dieu, respectez le roi. Serviteurs, soyez soumis à vos maîtres en toute crainte, non seule­ment à ceux qui sont bons et doux, mais encore à ceux qui sont fâcheux. Car c'est une gloire d'endurer des peines et de souffrir injustement par motif de conscience envers Dieu. Quelle gloire y a-t-il en effet, à suppor­ter les châtiments que vous avez mérités par vos fautes?

Mais si vous avez à souffrir quand vous avez bien fait, et que vous le supportiez avec patience, voilà ce qui est grand devant Dieu» (1 Pet. 2,13).

Saint Paul dit aussi à Tite: «Avertissez les frères d'être soumis aux princes et aux puissances, d'obéir à leur parole, d'être prêts à toutes les bonnes œuvres».

Mais autant nous devons déférence et soumission à l'autorité légitime, quand elle agit dans les limites de ses attributions, autant nous devons nous montrer fermes dans notre résistance, quand elle se tourne contre Dieu et foule aux pieds les droits de la conscience.

A leurs juges qui leur défendaient de parler à l'avenir au nom de Jésus, Pierre et Jean répondirent: «Prononcez vous-mêmes, et dites, en fa­ce de Dieu, s'il est juste de vous obéir plutôt qu'à Dieu. Nous ne pou­vons taire ce que nous avons vu et entendu» - Et appelés en jugement une seconde fois, ils disent encore: «C'est à Dieu qu'il faut obéir plutôt qu'aux hommes» (Act. Ch. 4 et 5). Saint Paul nous avertit aussi de gar­der notre dignité de citoyens et de faire respecter nos droits: «Je suis ci­toyen romain, dit-il, et j'en appelle à César» (Act. 22).

IIIe POINT: Respect. Prière. - Saint Paul nous dit: «Je recommande, avant toutes choses, que l'on fasse des supplications, des prières, des de­mandes, des actions de grâces pour tous les hommes; pour les rois et pour ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions, sous leur autorité, une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté».

C'est ce que désire Notre-Seigneur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et qu'ils parviennent à la connaissance de la vérité. Il n'y a en effet qu'un seul Dieu, et un seul Médiateur, l'Homme-Dieu, Jésus­Christ, qui s'est livré lui-même pour la rédemption de tous, pour les grands et pour les petits (1 Tim. 2,1).

Notre-Seigneur veut faire régner en tous nos rapports, privés et so­ciaux, la charité de son divin Cœur. Il nous recommande le respect, l'af­fection même et la prière pour ceux qui nous gouvernent, mais il rappel­le à ceux-ci qu'ils nous doivent la sainte liberté du bien. Nous devons pouvoir mener, sans leur autorité, une vie paisible et tranquille, une vie honnête et pieuse. Ils doivent réprimer tout ce qui constitue l'oppression des fidèles, la propagande du mal, la corruption des âmes.

Résolutions. - Seigneur, rétablissez de notre temps la juste notion de l'autorité. Nous ne vous avons pas assez prié pour nos chefs. Donnez­leur l'esprit de justice et la conscience de tous leurs devoirs. Reprenez votre règne dans nos lois.

Pardonnez-nous notre apostasie sociale. Nous vous devions tant de fa­veurs, tant de bénédictions! Adveniat regnum tuum! Revenez à nous et re­prenez votre empire sur toute notre vie nationale.

Colloque avec Jésus, Roi de rois.

22 JUILLET

SAINTE MARIE MADELEINE

Jésus autem ante sex dies Paschae venit Bethaniam ubi Lazarus fuerat mortuus, quem suscitavit Jésus. Fecerunt autem ei coenam, ibi: et Martha ministrabat, La­zarus vero unus erat ex discumbentibus cum illo.

Maria ergo accepit libram unguenti nardi pistici, pretiosi, et unxit pedes Jesu, et extersit pedes ejus capillis suis: et do­mus impleta est ex odore unguenti (S. Jean, 12,1).

Six jours avant Pâques Jésus vint à Bé­thanie, où Lazare était mort et ressuscité. On offrit là à Jésus un repas. Marthe ser­vait. Lazare était un des convives.

Marie prit une livre d'un nard pré­cieux, et elle en oignit les pieds de Jésus, et elle les essuyait avec ses cheveux; et la maison fut toute remplie de l'odeur du parfum (S. Jean, 12,1).

1 er Prélude. Marie-Madeleine apporte son amour et de sa réparation.

2e Prélude. Seigneur, comme Madeleine, son repentir et son amour.

aux pieds

de Jésus le parfum symbolique de

je vous ai beaucoup offensé, donnez-moi

Ier POINT: Sainte Madeleine est le modèle d'un amour sincère et véritable, sorti du plus parfait repentir. - Dès le moment de sa conversion, Madeleine est généreuse. Elle se jette aux pieds de Notre-Seigneur, elle verse d'abon­dantes larmes, elle brave le respect humain, elle consacre à Notre­Seigneur des parfums d'un grand prix. C'est déjà une âme aimante. Elle se donne sans réserve à Notre-Seigneur, et désormais elle le suivra, elle le servira fidèlement.

Notre-Seigneur est tout pour elle. Elle se tient à ses pieds et c'est tout. A Béthanie, elle ne s'agite pas pour servir Notre-Seigneur, elle le con­temple, elle l'écoute. Qui a Jésus a tout.

Quand Lazare est mort, quelle foi elle témoigne et quelle confiance! Marthe s'agite encore et Marie dit seulement: «Maître, si vous aviez été là, il ne serait pas mort».

Marthe et Marie sont aimantes toutes deux, mais elles témoignent leur amour différemment: Marthe est active et Marie est contemplative. Tous deux sont nos modèles, nous devons tous unir la contemplation à l'action.

IIe POINT: Marthe et Marie ont des soins assidus pour Notre­Seigneur et pour les apôtres. Elles les assistent dans leurs besoins. Elles les reçoivent et les soignent à Béthanie. Notre-Seigneur trouve là son re­pos, sa consolation. Il rentre là le soir, après ses prédications au temple et il est entouré de soins.

Marthe et Marie sont fidèles a Jésus dans les épreuves. Elles sont victi­mes avec lui. Elles le suivent au Calvaire, elles partagent ses douleurs. Elles sont humiliées et insultées avec lui et pour lui.

Madeleine ne connaît pas la crainte ni l'hésitation. Elle est au pied de la croix avec la sainte Vierge et saint Jean. Elle est arrosée du sang de Jésus. Elle recueille ce sang précieux. Elle ensevelit Jésus. Elle apporte le suaire et les parfums.

Le grand sabbat la tient éloignée du sépulcre, mais elle y revient à la première heure après le sabbat. Elle cherche son Jésus crucifié. Madeleine et les saintes femmes sont nos modèles pour chercher Jésus. Cherchons-le toujours, cherchons-le partout.

Cherchons-le, non pas pour jouir déjà de lui, pour en recevoir des grâ­ces gratuites et extraordinaires, mais pour comprendre son amour, pour imiter ses exemples, pour nous immoler avec lui. L'ange dit aux saintes femmes: «Ne craignez pas, vous cherchez Jésus crucifié». Nous n'avons rien à craindre non plus, si nous cherchons Jésus crucifié. Nous ne pou­vons pas nous tromper, si nous suivons Jésus au Calvaire, dans l'humili­té et l'immolation. On peut rencontrer l'illusion dans les consolations spirituelles, on n'a pas à la craindre dans l'obéissance et le sacrifice, dans l'humble service de Jésus et la fidélité à notre règle de vie.

Nous voyons en toute circonstance sainte Madeleine, aux pieds de Jésus, c'est ainsi qu'elle exprimait son humilité et sa fidélité. Imitons-la.

IIIe POINT: Jésus demande le pur amour, l'amour désintéressé. - Il veut que nous acceptions l'aridité, si elle se présente, et qu'en le cherchant même nous sachions nous passer de la douceur de sa présence.

Cherchons Jésus avec un amour empressé, comme Madeleine, avec un amour vraiment dévoué, avec le désir de lui offrir le parfum de notre affection et de notre compassion.

Nous ne pouvons pas être toujours auprès de Jésus dans la prière, sa­chons aussi le servir dans la personne de ses frères. Jésus dit à Madelei­ne: «Va vers mes frères pour leur faire part de ma résurrection». Allons vers ses frères pour leur être pieusement utiles, en les édifiant, en leur parlant de lui, en remplissant auprès d'eux quelque acte d'apostolat.

Cherchons Jésus fidèlement et ne l'abandonnons plus jamais, ni par crainte, ni par découragement, ni à cause de notre vie passée, ni à cause des tentations et persécutions.

Avec quelle ardeur Madeleine cherche son bien-aimé! Elle est la pre­mière auprès du sépulcre le jour de Pâques. Elle y est avant le jour. Elle court s'informer auprès de saint Pierre et de saint Jean. Elle revient, elle se tient là dans l'attente, elle pleure. Elle s'adresse à celui qu'elle croit être un jardinier, et c'est Jésus lui-même qui récompense son affection si tendre. Mais il lui dit le «Noli me tangere, ne me touchez pas», pour lui rappeler que notre amour doit être absolument pur, surnaturel et désin­téressé.

Résolutions. - Il faut que je cherche assidûment et fidèlement Jésus, en me remettant en sa présence au commencement de chaque action, en vivant auprès de lui et pour lui.

Donnez-moi, Seigneur, cette assiduité qui fera la consolation de votre Cœur et ma sanctification.

Colloque avec sainte Madeleine.

23 JUILLET

VERTUS CHRETIENNES:

DOCTRINE SOCIALE: LE TRAVAIL

Et facto sabbato coepit in synagoga do­cere: et multi audientes admirabantur in doctrina ejus, dicentes: Unde huic haec omnia? et quae est sapientia, quae data est illi, et virtutes tales, quae per manus ejus efficiuntur? Nonne hic est faber, fi­lius Mariae, frater Jacobi et Joseph, et Ju­dae et Simonis? (S. Marc. 6,2).

Le sabbat étant venu, il commença à enseigner à la synagogue: et plusieurs s'étonnaient de sa science en disant: où a-t-il pris tout cela? d'où lui viennent cette sagesse et ce pouvoir de faire des mira­cles? N'est-ce pas le charpentier, fils de Marie, frère de Jacques, de Joseph, de Jude et de Simon (S. Marc. 6,2).

1 °' Prélude. Pour ennoblir et honorer le travail, Jésus s'est fait charpentier, fils de charpentier et parent de pauvres pêcheurs.

2e Prélude. Votre Cœur sacré a aimé le travail, ô mon divin Maître, parce qu'il ex­piait et réparait les abus de la richesse et parce qu'il consolait les pauvres.

Ier POINT: La dignité du travail. - On travaillait au paradis terrestre: (Gen 2,17). Dieu plaça l'homme au paradis pour qu'il le cultivât et le gardât.

Le travail est devenu difficile et pénible après la chute, mais il est resté en honneur et il demeure la loi de notre nature.

Le Sauveur Jésus n'a pas voulu se soustraire à la loi naturelle. Il a voulu être un modeste charpentier, un travailleur vigoureux et assidu. «N'est-ce pas le charpentier que nous connaissons, disaient les juifs, le fils de Joseph, le cousin de Jacques, de Joseph, de Simon et de Jude, qui sont des ouvriers livrés au labeur de la pèche?».

Notre Seigneur rappelle à ses disciples le décalogue (Mat. 19,18): «Tu ne déroberas pas». Saint Paul commente cela: «Que celui, dit-il, qui de­robait (ou qui vivait du travail d'autrui), ne dérobe plus, mais qu'il s'oc­cupe, en travaillant des mains, à quelque ouvrage bon et utile, pour avoir de quoi donner à ceux qui sont dans l'indigence» (Eph. 4,28).

Et quel travailleur, que ce saint Paul!

IIe POINT: Devoirs des maîtres et des riches. - Notre-Seigneur nous don­ne succinctement le code du travail et de l'emploi des biens terrestres dans les paraboles de l'économe infidèle et du mauvais riche (Luc. 16). Les apôtres commentent ces règles. Saint Pierre donne un code social, dans sa première épître, chapitre second, où il parle des droits et des de­voirs des princes, de la liberté civique, de la fraternité, de la famille, du travail, des devoirs des maîtres et des serviteurs.

Saint Paul fait de même dans ses épîtres: aux Ephesiens, chap. 6; aux Colossiens, chap. 3; à Tite, chap. 2.

L'économe infidèle dont parle Notre-Seigneur, c'est le maître ou le ri­che, qui dispose des biens dont il est administrateur comme s'il en avait le plein domaine. Voilà le grand principe qui règle l'usage de la richesse, c'est que les biens de la terre ne nous sont pas donnés par Dieu en pleine propriété, mais en administration. Ce sont là des biens étrangers, nous dit Notre-Seigneur, nous n'avons de propres que nos actes de conscience: et si in alieno non fuistis fideles, quod vestrum est quis dabit vobis? (S. Luc. 16,12). Nous rendrons compte de l'usage de ces biens. Il y faut pratiquer la jus­tice, l'équité, la charité.

«Maîtres, dit saint Paul, vous n'êtes pas indépendants, vous avez un Maître suprême au ciel: observez envers vos travailleurs la justice et l'équité»: la justice stricte et collatérale, l'observation des contrats; et aussi l'équité, la justice distributive, c'est-à-dire: tenez compte de tous les droits de vos ouvriers, pour le salaire convenable, pour l'hygiène, pour la liberté religieuse, pour la dignité humaine (Aux Coloss. 4,1).

Le bon Maître s'élève ailleurs contre les riches et les maîtres égoïstes, qui ne font servir leurs biens qu'à l'assouvissement de leur soif de jouis­sances. Il prononce l'anathème contre eux (S. Luc. 6,24).

Les apôtres lui font écho. Saint Jacques est sévère contre eux: «Le sa­laire que vous avez dérobé aux ouvriers crie contre vous, leur dit-il. Vous avez condamné et tué l'innocent, et il ne vous a pas résisté. Pour vous, frères, persévérez dans la patience jusqu'à l'avènement du Sei­gneur» (S. Jac. 5,1).

IIIe POINT: Devoirs des serviteurs et des travailleurs. - Notre-Seigneur loue l'affection mutuelle du centurion et de son serviteur (S. Luc. 5). - Saint Paul parle d'une manière touchante des devoirs des serviteurs et des travailleurs: «Serviteurs, dit-il, obéissez avec crainte et respect, dans la simplicité de votre cœur, à ceux qui sont vos maîtres selon la chair, comme à Jésus-Christ même. Ne les servez pas seulement sous leurs yeux, comme si vous n'aviez qu'à plaire aux hommes; mais faites de cœur la volonté de Dieu, comme serviteurs de Jésus-Christ, et servez-les avec affection, regardant en eux le Seigneur et non les hommes; sachant­que chacun recevra du Seigneur la récompense du bien qu'il aura fait, maître ou serviteur» (Aux Eph. 6,1).

Mais si les maîtres sont injustes? Il y a les moyens légaux, les lois jus­tes, l'arbitrage; mais si l'oppression l'emporte, le remède n'est pas la ré­volte, c'est la patience chrétienne: «Serviteurs, dit saint Pierre, soyez soumis à vos maîtres en tout respect, non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais même à ceux qui sont fâcheux. Car c'est une gloire d'en­durer des peines et de souffrir injustement par motif de conscience en­vers Dieu. Quelle gloire y a-t-il en effet, à supporter des châtiments que vous auriez mérités par vos fautes? Mais si vous avez à souffrir quand vous avez bien fait, et que vous le supportez avec patience, voilà ce qui est grand devant Dieu» (1 Pet. 2,18).

Résolutions. - Seigneur, vous voulez faire régner partout la justice la plus délicate et la charité, c'est l'esprit de la loi nouvelle. Dans la situa­tion où vous m'avez placé, je m'inspirerai de votre divin Cœur, je prati­querai la charité envers tous, inférieurs et supérieurs: examen et résolu­tions pratiques.

Colloque avec Notre-Seigneur.

24 JUILLET

JÉSUS NOUS MET EN GARDE CONTRE LES SECTES

Attendite a falsis prophetis, qui veniunt ad vos in vestimentis ovium, intrinsecus autem sunt lupi rapaces: a fructibus eo­rum cognoscetis eos. Numquid colligunt de spinis uvas aut de tribulis ficus? Sic omnis arbor bona bonos fructus facit: ma­la auteur arbor malos fructus facit (S. Mat. 7,15).

Gardez-vous des faux prophètes! Ils viennent à vous sous le vêtement de la brebis, et au-dedans ce sont des loups ra­visseurs. Vous les connaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épi­nes ou des figues sur des ronces? Ainsi tout bon arbre donne de bons fruits et tout mauvais arbre de mauvais fruits (S. Mat. 7,15).

le, Prélude. Notre-Seigneur a voulu nous mettre de suite en garde contre les sectai­res, qui trompent les âmes simples par leurs doctrines perfides. Il entrevoyait de loin les hérésies et les sociétés secrètes.

2° Prélude. Ce sont là de terribles ennemis de l'Eglise, contre lesquels nous ne sau­rions trop invoquer la puissance de Dieu et le secours de saint Michel et de ses anges.

Ier POINT: La prophétie de saint Paul. - Les apôtres dans leurs épîtres commentent ces paroles de Notre-Seigneur. Saint Jean est plus difficile à suivre dans l'Apocalypse; mais saint Paul, saint Pierre, saint Jacques nous décrivent les sectes qui règnent de nos jours.

«Sache, dit Paul à Timothée (2 à Tim. 3,1) que dans la suite il viendra des temps périlleux. Il y aura des hommes épris d'eux-mêmes, cupides, hautains, superbes; médisants, désobéissants dans leurs familles, in­grats, impies, sans affection, semant le trouble, calomniateurs, intempé­rants, inhumains, sans bonté, traîtres, insolents, enflés d'orgueil, ayant plus d'amour pour la volupté que pour Dieu. Ils auront une apparence de piété, mais ils en renieront la réalité…». Nos sectaires en sont là, in­grats, ils ont été élevés pour la plupart par l'Eglise, traîtres, calomnia­teurs, ils le sont tous. Ils aiment à se dire respectueux de la religion et ils travaillent à la détruire. Ils sont inhumains dans leurs persécutions. Ils sont impies et sensuels dans la vie privée, ils ambitionnent toutes les charges publiques. Dieu nous garde de leur venin.

IIe POINT: Prophétie de saint Pierre. - «De même qu'il y eut de faux prophètes parmi le peuple de Dieu, il y aura parmi vous des docteurs de mensonges qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le Seigneur qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine. (En­registrons cette espérance). Plusieurs les suivront dans leurs débauches et leurs blasphèmes. Avares, ils trafiqueront des âmes par l'artifice de leurs paroles…

Dieu qui n'a pas épargné les anges prévaricateurs, ni le monde cor­rompu du temps de Noé, ni les villes coupables de la vallée du Jourdain, les frappera en son temps… Sa justice éclatera contre ceux qui, pour sa­tisfaire leurs désirs impurs, s'abandonnent aux passions de la chair, mé­prisent l'autorité, agissent avec audace, blasphèment contre la saine doctrine et introduisent des sectes nouvelles… Semblables à des ani­maux sans raison, ils attaquent de leurs blasphèmes ce qu'ils ignorent; ils périront par leur corruption même; ils ne sont qu'opprobre et infa­mie; ils se gorgent de délices et s'abandonnent à la dissolution dans leurs festins. Leurs yeux sont pleins d'adultère et d'un péché sans fin. Ils atti­rent à eux les esprits légers et inconstants, leur cœur s'est exercé dans l'avarice. Ce sont de vrais enfants de malédiction… Ils tiennent un lan­gage de vanité et d'orgueil, et attirent par les passions de la chair et les voluptés sensuelles ceux qui auparavant suivaient la vraie doctrine. Ils leur promettent la liberté, alors qu'eux-mêmes sont esclaves de la cor­ruption, car on est esclave de qui nous a vaincus…» (2 Pet. 2,1).

C'est bien là l'esprit de nos loges et arrières-loges: l'égoïsme, l'impiété et souvent la débauche, sous le beau nom de liberté.

Ils ne sont pas accessibles à un apostolat loyal et charitable. Prions Dieu de les humilier.

IIIe POINT: Prophétie de saint Jacques. - Nos francs-maçons préten­dent remonter bien haut dans l'histoire. Saint Jacques leur accorde qu'ils remontent jusqu'à Caïn. «Il s'est introduit, dit-il, parmi vous des hommes impies, désignés à l'avance pour les œuvres qu'ils font, qui changent la grâce de notre Dieu en désordre, et qui renient Jésus-Christ, notre unique Maître et Seigneur. Malheur à eux! parce qu'ils suivent les sentiers de Caïn; qu'ils se laissent séduire comme Balaam par l'avarice; et qu'imitant la rébellion de Coré, ils périront comme lui… Véritables nuées sans eau, que le vent emporte çà et là; arbres d'automne, arbres stériles, morts et sans racines; vagues agitées de la mer qui répandent leur confusion comme de l'écume; astres errants… murmurateurs in­quiets, marchant suivant leurs désirs et dont la bouche exprime l'or­gueil; admirateurs des personnes selon le profit qu'ils en espèrent…» Oh! que c'est là l'esprit des sectaires de notre temps!

Quel est notre devoir vis-à-vis des sectes? Prier surtout, comme l'Egli­se nous le demande. Offrir à Dieu des sacrifices pour leur conversion ou leur confusion. Il y a des démons, dit Notre-Seigneur, qu'on ne chasse qu'avec le jeûne et la prière.

C'est encore notre devoir de les démasquer, de prémunir la jeunesse et les âmes faibles contre leurs intrigues et leurs fallacieuses promesses. Faisons appel au Cœur de Jésus, il aura pitié de notre pauvre société, si envahie et dominée par les sectes.

Résolutions. - Merci, Seigneur, de nous avoir prévenus avec tant d'instance. Pitié pour nos pauvres sociétés politiques si troublées. Des hommes cupides et ambitieux se servent des sectes pour nous dominer, et ils oppriment l'Eglise qui condamne leurs doctrines et leurs injustices. Cœur Sacré de Jésus, ayez pitié de nous: coopérons aux associations ca­tholiques.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

25 JUILLET

SAINT JACQUES LE MAJEUR, UN DES DISCIPLES PRIVILEGIES DU SACRE CŒUR

Tunc accessit ad eum mater filiorum Zebedaei, cum filiis suis, adorans et pe­tens aliquid ab eo, qui dixit ei: quid vis? Ait illi: Dic ut sedeant hi duo filii mei, unus ad dexteram tuam, et unus ad sini­stram in regno tuo. Respondens autem Jésus dixit: Nescitis quid petatis. Potestis bibere calicem, quem ego bibiturus sum? Dicunt ei: possumus (S. Mat. 20,20).

Alors la mère des fils de Zébédée s'ap­procha de Jésus avec eux, en l'adorant pour lui demander quelque chose. Jésus lui dit: Que voulez-vous? Elle répondit: Dites que mes deux fils soient assis, l'un à votre droite, l'un à votre gauche dans vo­tre royaume. Jésus répondit: Vous ne sa­vez pas ce que vous demandez. Pouvez­vous boire le calice que je boirai? Ils di­rent: Nous le pouvons (S. Mat. 20,20).

1er Prélude. Ils burent le calice, les deux jeunes parents et amis du Sauveur, et ils ont une belle place au ciel.

2e Prélude. Seigneur, je voudrais mon indignité.

bien être parmi les amis de votre Cœur, malgré

Ier POINT: Vocation et formation. - Jacques et Jean, fils de Zébédée et de Salome étaient de Bethsaïde, comme saint Pierre, et pêcheurs comme lui. Jean avait connu le Sauveur auprès de Jean-Baptiste au Jourdain. Il s'était entretenu avec lui, il en avait fait part à Jacques son frère. Et quelques jours après, comme ils étaient occupés à raccommoder leurs fi­lets, Jésus les appela l'un et l'autre, en leur disant: «Venez à moi, je vous ferai pêcheurs d'hommes», Notre-Seigneur avait déjà appelé Pierre et André. Ces quatre restèrent ses préférés, ses privilégiés.

Jacques et Jean avaient une ardeur exubérante, Notre-Seigneur les forma. Pour les avertir de leur défaut, il les surnommait Boanerges, en­fants du tonnerre. Un jour, ils proposent à Jésus de faire tomber la fou­dre sur tout un village de Samaritains qui n'avaient pas voulu recevoir le Sauveur et les siens. «Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes, dit Notre-Seigneur; Dieu est patient, il attend les pécheurs et les traite avec miséricorde». Un autre jour les deux frères viennent avec leur mère de­mander à Notre-Seigneur la première place dans le royaume de Dieu. «Ces honneurs, leur dit Notre-Seigneur, dépendent des desseins de la Providence; mais en tout cas, pour avoir une bonne place au royaume de Dieu, il faut boire le calice du sacrifice».

Laissons-nous former par Notre-Seigneur, comme Jacques et Jean, ses disciples bien-aimés.

IIe POINT: Le disciple privilégié du Sacré-Cœur. - Jacques et Jean, Pier­re et André étaient très affectueux, très aimants pour Notre-Seigneur, surtout les trois premiers. C'étaient les disciples du Sacré-Cœur, les amis de Jésus. Aussi Notre-Seigneur les avait toujours auprès de lui. C'étaient ses intimes, ses confidents. Souvent il les prenait à part et leur donnait une confiance qu'il ne donnait pas aux autres.

Pour la résurrection de la fille de Jaïre, l'exclusion des autres est forte­ment signalée dans l'Evangile. Saint Marc dit: «Jésus ne permit à aucun de ses disciples de le suivre, si ce n'est à Pierre, Jacques et Jean, frère de Jacques». Saint Luc dit: «Il ne permit à personne d'entrer dans la mai­son avec les parents, si ce n'est à Pierre, Jacques et Jean» (8,51).

Pour la trasfiguration, saint Mathieu (17,2) et saint Marc (9, 1) nous disent: Jésus prit à part Pierre, Jacques et Jean, tout seuls avec lui, seor­sum solos, et il les conduisit sur la montagne pour prier. Le privilège est encore accentué.

Au repos du Mont des Oliviers, en face de Jérusalem, dont Notre­Seigneur a prédit la destruction, il a quelques privilégiés assis plus près de lui. Il en était sans doute ordinairement ainsi. Ceux-là avaient ses se­crets. Ils l'interrogeaient en secret, secreto, dit saint Mathieu (24,4) à part, separatim, dit saint Marc (13,3); mais qui étaient ces quatre privilé­giés? Saint Marc nous donne leur nom. C'était Pierre, Jacques, Jean et André.

A la Cène, Pierre, Jean et Jacques étaient assis auprès de Jésus. Puisse je par mon amour et ma fidélité mériter d'être un vrai disciple du Sacré-Cœur!

Pour Gethsémani, saint Mathieu (26,36) et saint Marc (14,33) nous disent: «Jésus laissa ses disciples à l'entrée du jardin, mais il prit avec lui, assumit secum, Pierre, Jacques et Jean». Les autres n'étaient pas assez formés pour supporter sans scandale le spectacle de l'agonie, mais ces trois ont fait un meilleur noviciat, ils ont été si dociles et si affectueux!

IIIe POINT: Apostolat et martyre. - Après la Pentecôte, saint Jacques évangélisa d'abord la Judée, la Samarie, la Syrie. Puis il eut en partage l'Espagne où il sema les germes de la foi qui devaient croître plus tard en une belle moisson dans cette nation si catholique.

Il commença là-bas le culte de la sainte Vierge après le beau miracle de l'appariton de Marie à Saragosse.

Puis il retourna a jérusalem où il opéra encore beaucoup de conver­sions. Mais comme son divin Maître, il fut victime de la jalousie des scri­bes et des pharisiens, qui le livrèrent à Hérode-Agrippa. Et celui-ci dési­reux de plaire aux juifs comme Pilate, le fit décapiter.

Ainsi, comme Jésus le lui avait promis, saint Jacques but le calice du sacrifice et il fut baptisé du baptême de son sang.

Son corps fut transporté plus tard à Compostelle, où il a reçu des hon­neurs comparables à ceux des grands apôtres de Rome.

Dévouement à Jésus, apostolat et sacrifice, ces trois mots résument toute la vie de cet apôtre du Sacré-Cœur. Tel doit être mon programme de vie. -je me mets de nouveau à la suite de Jésus, pour répondre à cet appel, qu'il fait entendre à mon cœur.

Résolutions. - Seigneur, dites que je sois près de vous, non pas pour les honneurs, j'en suis infiniment indigne, mais pour le dévouement, pour l'affection, la docilité, la fidélité. Dites, dites, Seigneur. Me voici plein de désirs et de bonne volonté, mais conscient de ma faiblesse, dites un mot et mon âme sera guérie.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

26 JUILLET

SAINTE ANNE:

MERE DE LA SAINTE VIERGE

Una est columba mea, perfecta mea, una est matris suae, electa genitricis suae. Viderunt eam filiae et beatissimam prae­dicaverunt et reginae laudaverunt eam. Quae est ista quae progreditur quasi au­rora consurgens, pulchra et luna, electa ut sol (Gant. 6,8).

Ma colombe est unique, elle est parfai­te, elle est la fille unique et choisie de sa mère. Les jeunes filles l'ont vue et l'ont proclamée bienheureuse, et les reines l'ont louée. Qui est celle-là qui s'avance comme l'aurore naissante, belle comme la lune, brillante comme le soleil (Cant. 6,8).

le' Prélude. L'Eglise applique à Marie ce beau passage du Cantique; c'est louer en même temps sa mère, sainte Anne, dont Marie est la fille unique et choisie.

2e Prélude. Bonne Mère, sainte Anne, parlez de moi à Marie votre fille et à Jésus vo­tre petit-fils.

ler POINT: Sa gloire et ses vertus. - Le nom de sainte Anne signifie gra­cieuse, grâce ou miséricorde. Elle a été choisie entre toutes les femmes pour être la mère de la très sainte Vierge. C'est dans son sein que s'est accompli le miracle admirable de l'immaculée conception. Après la gloi­re de la maternité divine il n'est pas pour une femme de gloire compara­ble à celle-là.

Elle était par son père de la tribu de Lévi et de la famille d'Aaron. Elle avait deux soeurs: l'une s'appelait Marie, et l'autre, qui s'appelait Sobé, fut la mère d'Elisabeth, épouse de Zacharie. Elle épousa un homme jus­te, nommé Joachim, de la tribu de Juda et de la race de David par Ma­than.

L'un et l'autre marchaient dans l'exacte observance des commande­ments de Dieu. Saint Jérôme nous apprend qu'ils faisaient trois parts de leurs biens: la première était destinée à l'entretien du temple de Jérusa­lem; la seconde était distribuée aux pauvres et la troisième servait à l'en­tretien de la maison.

Combien était saint cet intérieur qui était le prélude et la préparation du saint intérieur de Nazareth!

IIe POINT: Sa maternité sainte. - Saint Joachim et sainte Anne étaient arrivés à un âge avancé sans avoir d'enfant comme la sainte mère de Sa­muel. Résignés à la volonté de Dieu, ils supplicaient cependant le Sei­gneur de mettre le comble à leurs voeux en leur donnant un fruit de leur union, qu'ils consacreraient au service du temple.

Anne surtout multipliait les prières et les bonnes œuvres pour obtenir cette faveur.

Un jour que Joachim priait sur une colline où paissait son troupeau et Anna dans son jardin où elle s'était fait une solitude, un ange vint leur annoncer que le ciel avait exaucé leur demande et qu'ils allaient être consolés par un enfant de bénédiction.

La prière perséverante est la source des plus grandes grâces.

Le huit septembre, Anne mit au monde une fille que, selon l'ordre du Seigneur, elle appela Marie. Avec quel soin elle éleva cette enfant bénie! On la représente tenant devant elle sa fille privilégiée et lui apprenant à lire les divines Ecritures.

Quand Marie eut atteint l'âge de trois ans, Anne et Joachim se souve­nant de la promesse qu'ils avaient faite, la menèrent au temple de Jéru­salem pour l'offrir au Seigneur.

D'après la tradition, sainte Anne vivait encore pendant les premières années de Notre-Seigneur. Elle put donc le porter dans ses bras et l'as­seoir sur ses genoux. Elle contempla ses traits enfantins si beaux. Elle eut connaissance des miracles de sa naissance. Oh! les douces émotions qu'elle ressentit! Le souvenir de ces heureux moments fait sa joie au ciel, aussi bien que la contemplation de son petit-fils, qui règne dans les cieux pour l'éternité.

Nous envions son sort, mais n'oublions pas que dans la communion nous portons aussi Notre-Seigneur sur notre cœur.

IIIe POINT: Son culte et sa puissance. - Nous fêtons au 26 juillet la dou­ce mort de sainte Anne, sa dormition, comme dit la liturgie. Elle s'est endormie sans doute dans les bras de Marie, de saint Joseph et du petit Jésus, après que la sainte famille fut revenue d'Egypte. Vénérable mère de Marie, obtenez-moi une mort sainte et paisible, analogue à la vôtre. On montre son tombeau dans la vallée de Josaphat, dans l'église du sépulcre de Marie. Son corps a été apporté en France dans la cathétrale d'Apt. On le retrouva miraculeusement au temps de Charlemagne et on en fit la translation solennelle. La tête qui était honorée dans l'abbaye d'Ourscamp près Noyon se trouve maintenant à l'église paroissiale de Chiry.

La chère sainte a surtout voulu être honorée et Bretagne. En 1624, el­le apparut à un paysan des environs d'Auray et lui fit retrouver dans ses champs sa statue qui avait été honorée là autrefois. C'est l'origine du pé­lerinage d'Auray et de sa belle basilique.

Une infinité de grâces ont été obtenues au sanctuaire de sainte Anne. Comment en serait-il autrement? Notre-Seigneur pourrait-il refuser qul­que chose à la sainte mère de la Vierge Marie? Sainte Anne a tout pou­voir sur le Cœur de Jésus. Jésus et Marie aiment tendrement sainte An­ne et sont toujours prêts à l'écouter. Si nous craignons Jésus notre frère et Marie notre Mère, allons avec confiance à sainte Anne qui est comme notre grand'mère.

Résolutions. - J'invoquerai avec confiance sainte Anne que Jésus ho­nore comme son aïeule. Elle est puissante sur le Cœur de Jésus. J'imite­rai son humilité, sa confiance en Dieu, son esprit de sacrifice. En me souvenant de Nazareth, je la verrai en esprit auprès de Jésus et Marie. Colloque avec sainte Anne.

27 JUILLET

COMMENT ON SUIT JÉSUS

Qui non accipit crucem suam et sequi­tur me, non est me dignus. Qui invenit animam suam, perdet illam: et qui perdi­derit animam suam propter me inveniet eam (S. Mat. 10,38.

Celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre n'est pas digne de moi. Qui veut conserver sa vie la perdra, et qui per­dra sa vie à cause de moi la retrouvera (S. Mat. 10,38).

le, Prélude. Ecoutez les conseils intimes et les dernières instructions que Jésus donne à ses disciples, avant de les disperser dans les villes et les campagnes.

2e Prélude. «J'ai reçu la croix, dit l'Imitation, je l'ai reçue de votre main, je la porterai jusqu'à la mort, telle que vous me l'avez imposée. Qu'importe que je souffre et com­bien je souffre, pourvu que j'arrive au port du salut, et que je vous contente» (Imit. 3,56).

Ier POINT: Le glaive. - Il doit nous en coûter pour glorifier Dieu, pour réparer nos péchés, pour sauver notre âme et les âmes que nous de­vons aider.

C'est la lutte: «Je ne suis pas venu apporter la paix, dit Notre­Seigneur, mais le glaive. Car je suis venu séparer l'homme de son père, la fille de sa mère; et les ennemis de l'homme seront dans sa maison. Qui aime son père et sa mère plus que moi n'est pas digne de moi. Celui qui tient plus à sa vie qu'à mon service la perdra, mais celui qui en fera le sa­crifice pour moi la retrouvera» (S. Mat. 10.34).

Le chrétien doit savoir sacrifier ses affections de famille à sa foi ou à sa vocation, s'il le faut. Il doit réduire le corps sous la loi de l'esprit et sacri­fier les sens à la raison. Dieu est un Dieu jaloux. Notre-Seigneur veut ré­gner en notre cœur. Les autres affections doivent être subordonnées à la sienne. Il veut régner en notre vie, sa volonté est notre loi. Fiat! Accep­tez, Seigneur, le don que je fais de tout moi-même à votre divin Cœur.

IIe POINT: La croix. - «Qui ne prend pas sa croix pour me suivre n'est pas digne de moi». - C'est la première fois que ce mot retentit: la croix! ce sera désormais le signe du salut. La croix, c'est l'instrument de la rédemption, mais c'est aussi le signe de tout sacrifice et de toute péni­tence. Jésus a porté la croix en son Cœur dès son incarnation, parce qu'il était dès lors marqué comme victime de réparation et de salut. La croix est devenue le symbole de l'esprit de pénitence et de sacrifice qui doit animer tout chrétien.

«Celui qui veut venir après moi, dit Notre-Seigneur, doit prendre sa croix, c'est-à-dire qu'il doit entrer pour toute sa vie dans l'esprit de péni­tence. Dieu bénit les humbles et les pénitents: Cor contritum et humiliatum Deus non despiciet. Le chrétien doit demeurer pénitent, eût-il même la grâ­ce de ne plus offenser Dieu. Il se souvient qu'il a été conçu dans le péché. Ses péchés passés sont toujours devant ses yeux. Il se souvient aussi qu'il est solidaire de tous ses frères. Il fait pénitence pour lui-même et pour tous les hommes qui sont sa race et ses frères.

Jésus a toute sa vie porté la croix pour ses frères, il a embrassé la péni­tence pour eux. C'est dan l'acte du baptême de pénitence qu'il a reçu de son Père le témoignage de sa prédilection: «Cest là mon Fils bien-aimé».

Portons notre croix de chaque jour: Tollat crucem suam quotidie, l'ac­complissement de tous nos devoirs, de toutes nos règles en esprit de péni­tence. Acceptons les contrariétés, les indispositions, les langueurs spiri­tuelles, les échecs et les mépris. Si la croix, ou l'esprit de pénitence est en notre cœur, cet esprit se manifestera facilement en toute notre vie. Mais cette tristesse intime et douce ne nous dispense pas d'un sourire constant de bénignité pour nos frères.

IIIe POINT: La consolation et le triomphe. - La croix est douce à qui la porte pour Jésus: «Mon joug est doux et mon fardeau est léger». Jésus a aimé la croix: Cum gaudio sustinuit crucem, parce qu'elle était l'instrument de notre salut. Nous pouvons l'aimer, parce qu'elle nous purifie, parce qu'elle achète des grâces, parce qu'elle sauve nos frères. - «Je surabon­de de joie en chaque tribulation»; dit saint Paul (2 Cor. 7,4). - David disait déjà: «Vos consolations, Seigneur, se proportionnent à la multitu­de de mes douleurs» (Ps, 93).

Mais si la croix a ses consolations sur la terre, elle aura surtout sa glo­rification au ciel: «Les souffrances de la vie présente, dit saint Paul, n'ont aucune proportion avec la gloire qui doit un jour éclater en nous (Rom. 8,18). Si nous souffrons avec Jésus, nous partagerons sa gloire».

Et déjà, dans cette vie, cette gloire commence avec l'abondance des grâces. «Si vous avez part aux souffrances du Christ, dit saint Pierre, réjouissez-vous, parce que vous partagerez sa gloire et son allégresse au ciel. Si vous êtes injuriés à cause de son nom, estimez-vous heureux, parce que l'honneur, la gloire et la vertu de Dieu repose sur vous avec son esprit» (1 Pet. 4,13).

O bienheureuse pénitence, qui est la monnaie de la grâce et de la gloi­re céleste! Puissé-je ne plus vous oublier une seule heure de ma vie!

Résolutions. - O sainte croix, symbole de la pénitence, gravez-vous en mon cœur, comme vous étiez gravée dans le Cœur de Jésus. Les saintes flammes du Cœur de Jésus vous entouraient, pour vous marquer sa pré­dilection, je voudrais vous aimer aussi et vous le témoigner par les petits sacrifices constants que nous impose la vie quotidienne. Je vous embras­se de tout mon cœur et je désire ne plus vous oublier.

Colloque avec Jésus portant sa croix.

28 JULLET

LES ŒUVRES DOIVENT ETRE D'ACCORD AVEC LA FOI

Non omnis qui dicit mihi: Domine, Domine, intrabit in regnum coelorum; sed qui facit voluntatem Patris mei, qui in coelis est, ipse intrabit in regnum coelo­rum… Omnis ergo qui audit verba mea et facit ea, assimilabitur viro sapienti, qui aedifcavit domum suam supra petram (S. Mat. 7,22).

Ils n'entreront pas tous dans le royau­me des cieux, ceux qui me disent: «Sei­gneur! Seigneur!» mais celui qui fait la volonté de mon Père céleste, voilà celui qui entrera dans le royaume des cieux… Quiconque vient à moi, écoute mes paro­les et les met en pratique, je le compare à l'homme sage qui bâtit sa maison sur le roc (S. Mat. 7,22).

1 °' Prélude. Notre-Seigneur ne se contente pas de velléités et de sentiments pieux, il veut que nos œuvres soient en rapport avec notre foi.

28 Prélude. Seigneur, affermissez ma volonté, l'amour de votre divin Cœur m'y ai­dera.

Ier POINT: La parole de Notre-Seigneur. - «Pourquoi donc m'appelez­vous: Seigneur! Seigneur! et ne faites-vous pas ce que je dis?» (S. Luc. 6,46). - «Beaucoup me diront au jugement: Seigneur! Seigneur! n'avons-nous pas prophétisé en votre nom, chassé les démons en votre nom?». Et je leur répondrai en présence de tous: «Jamais je ne vous ai connus! Retirez-vous de moi, ouvriers d'iniquité!» (S. Mat. 7). - «Qui­conque vient à moi, écoute mes paroles et les met in pratique, je le com­pare à l'homme sage, qui creuse des fondations profondes et bâtit sa maison sur le roc; la pluie tombe, les torrents débordent, les vents souf­flent et se déchaînent avec fureur sur cette maison: elle ne tombe pas et n'est même pas ébranlée, parce que ses fondations reposent sur le roc. - Mais si quelqu'un écoute mes paroles et ne les met pas en pratique, je le compare à un insensé qui bâtit sa maison sur le sable, sans fondations; viennent la pluie, les torrents, les vents furieux: la maison s'écroule aus­sitôt et ce n'est plus qu'un monceau de ruines» (S. Luc. 6 et S. Mat. 7).

Le solide fondement, c'est Jésus. Il faut nous tenir unis à lui par la pensée, par le cœur et par une action incessante.

IIe POINT: Commentaire de saint Jacques. - «Rejetez toute impureté, tout ferment de malice; et recevez avec docilité la Parole greffée en vous, et qui peut sauver vos âmes. Ayez soin d'observer cette parole et ne vous contentez pas de l'écouter en vous séduisant vous-mêmes; car celui qui reçoit la parole et ne l'accomplit pas ressemble à un homme qui regarde son visage dans un miroir, et après s'être regardé, il s'en va, et il oublie à l'instant même comment il était. Mais celui qui médite la loi de perfec­tion, la loi qui libère nos âmes du péché et qu'y s'y attache, en faisant ce qu'il entend, celui-là sera heureux et béni, en ses œuvres» (S. Jac. 1,21). - «Mes frères, que servira à un homme de dire qu'il a la foi, s'il n'a pas les œuvres! La foi pourra-t-elle le sauver?».

Que l'un de vos frères manque de vêtement ou de nourriture et que quelqu'un d'entre vous lui dise: «Allez en paix, réchauffez-vous, rassasiez-vous!» sans lui rien donner, à quoi lui serviront vos souhaits?

La foi qui n'a pas les œuvres est morte en elle-même. Un autre peut venir vous dire: «Où sont les effets de votre foi? moi, je montre ma foi par mes œuvres. - Vous croyez en Dieu, vous faites bien; les démons croient aussi et tremblent. - Voulez-vous des preuves que la foi sans les œuvres est morte? Considérez Abraham: ne fut-il pas justifié par ses œuvres, lorsqu'il offrit son fils Isaac sur l'autel? Sa foi coopérait à ses œuvres, elle fut consommée par ses œuvres: c'est ce que l'Ecriture ex­prime en disant:

Abraham crut ce que Dieu lui avait dit, sa foi lui fut imputée à justice, et il fut appelé l'ami de Dieu. L'homme est justifié par les œuvres unies à la foi et non par la foi seule. Voyez encore Rahab la courtisane, elle a cru au Dieu d'Israël (Josué 2,2), mais n'est-ce pas à ses œuvres qu'elle dut son salut, parce qu'elle a reçu les envoyés de Josué et les a fait échap­per à ceux qui les recherchaient. La foi sans les œuvres est morte, c'est un corps sans âme» (S. Jac. 2,14).

IIIe POINT: Commentaire de saint Paul. - «Ce ne sont pas ceux qui se contentent d'écouter la loi qui sont justes aux yeux de Dieu, mais ceux­là seuls qui la pratiquent seront justifiés» - (Aux Rom. 2,13). - «Gar­dons fidèlement ce que nous avons entendu, de peur que nous ne soyons comme des canaux d'où l'eau s'écoule. Car si la loi ancienne donnée par les anges est demeurée ferme, et si toute transgression et toute désobéis­sance a reçu le châtiment qu'elle méritait, comment échapperons-nous, si nous négligeons la doctrine du salut, annoncée par Notre-Seigneur lui-même et confirmée par ceux qui l'ont entendue de sa bouche.

Dieu même a sanctionné leur témoignage par des miracles, par des prodiges, par différents effets de sa puissance, et par les dons du Saint­Esprit, qu'il distribue comme il veut» (Aux Héb. 2,1).

Notre-Seigneur a donc voulu dès le commencement de sa vie apostoli­que nous mettre en défiance contre les illusions de la foi sans les œuvres. Accomplissons tout ce que la foi nous demande, selon notre vocation: tous nos devoirs d'état, tous nos devoirs de piété, les vertus chrétiennes dans toute leur délicatesse et les œuvres de miséricorde, qui sont la ca­ractéristique de la vie chrétienne.

Jésus nous montre le vrai chrétien à l'œuvre dans la parabole du Sa­maritain, et il nous menace de sa condamnation au jugement si nous n'avons pas accompli les œuvres de miséricorde.

Résolutions. - Comme vos enseignements sont précis, Seigneur! vous nous conduisez par la main. Vous avez bien dit que vous demeureriez avec nous. Vous êtes avec nous par vos leçons qui nous suivent et par l'Esprit-Saint qui nous aide. Votre Cœur est un cœur de père et de pas­teur. - Prévoir quelques œuvres à faire.

Colloque avec Jésus enseignant.

29 JUILLET

SAINTE MARTHE

Martha ergo ut audivit quia Christus venit, occurrit illi: Maria autem domi se­debat. Dixit ergo Martha ad Jesum: Do­mine, si fuisses hic, frater meus non fuis­set mortuus: sed et nunc scio quia quae­cumque poposceris a Deo, dabit tibi Deus.

Dicit illi Jésus: Resurget frater tuus (S. Jean. 11,20).

Dès que Marthe entendit que le Christ venait, elle alla au devant de lui; mais Marie se tenait à la maison. Marthe dit à Jésus: Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort: mais maintenant encore je sais que tout ce que vous de­manderez à Dieu, il vous l'accordera.

Jésus lui dit: Votre frère resuscitera (S. Jean. 11,20).

auprès de Jésus, et elle a en lui une con­

1er Prélude. Marthe est toujours empressée fiance illimitée.

2e Prélude. Donnez-moi, Seigneur, cet empressement auprès de vous, cette confian­ce en votre puissance et en votre bonté.

Ier POINT: Marthe à Béthanie: son empressement auprès de Jésus. - La pieuse famille du castel de Béthanie était chère au Cœur de Jésus. «Jé­sus, dit saint Jean, aimait Marthe, et Marie sa soeur et Lazare» (11,5). Que nous serions heureux si l'on pouvait dire de nous que le Cœur de Jésus nous aime! Marthe et Marie aimaient Jésus d'une affection un peu différente. Marie se tenait auprès de Jésus toute absorbée dans sa con­templation. Marhe s'empressait à prodiguer mille petits soins au Sau­veur. Une fois même, Notre-Seigneur la reprit doucement de son trop grand empressement: «Marthe! Marthe! pourquoi tant vous agiter?».

Imitons l'empressement et le dévouement de Marthe en évitant l'agi­tation. Notre-Seigneur attend de nous des soins temporels et spirituels. Les soins temporels, c'est d'abord notre participation au culte, à l'orne­mentation des autels et au bon ordre dans le sanctuaire; c'est aussi la compassion pour tous ceux qui souffrent et l'aide à leur donner, puisque Notre-Seigneur tient pour fait à lui-même tout ce que l'on fait pour eux.

Les soins spirituels, ce sont tous les actes de notre vie intérieure, les actes d'adoration, d'action de grâces, de réparation et de prière; ce sont surtout les industries d'un amour tendre, généreux et assidu, et l'em­pressement à consoler Notre-Seigneur de l'ingratitude des hommes.

IIe POINT: Marthe à Béthanie; sa foi et sa confiance en Notre-Seigneur. - A l'occasion de la résurrection de Lazare, Marthe nous donne un des plus beaux exemples de foi et de confiance qu'il y ait dans l'Evangile.

Lazare était Mort. Marthe, apprenant que Jésus arrive, court au devant de lui: «Maître, lui dit-elle, si vous eussiez été ici, mon frère ne se­rait pas mort. Mais maintenant qu'il est mort, je ne désespère pas enco­re, parce que je sais bien que tout ce que vous demanderez à Dieu, il vous l'accordera». Cet acte de foi et de confiance a gagné le Cœur de Jésus. Notre-Seigneur dit à Marthe. «Votre frère ressuscitera». - «Je sais bien, dit Marthe, qu'il ressuscitera à la résurrection générale à la fin du monde», et elle sous-entend: «mais ce n'est pas seulement cela que je de­mande».

Jésus lit dans son âme. Il veut encore aviver sa foi, et il lui fait une ré­ponse qui a trait, à la fois, à la résurrection dernière et à la résurrection prochaine de Lazare: «Je suis, dit-il, la résurrection et la vie: celui qui croit en moi vivra, même s'il est mort… Croyez-vous cela?».

Cela veut dire: «Si quelqu'un est mort dans la foi, il vivra éternelle­ment, et il peut même ressusciter temporellement, si quelqu'un des siens a assez de foi pour obtenir ce miracle». Marthe a compris: «Oui, dit-elle, je crois que vous êtes tout-puissant, parce que vous êtes le Fils du Dieu vivant, qui est venu en ce monde». Et alors Marthe va chercher Marie qui prie et pleure à la maison, puis tous s'acheminent vers le tombeau où le miracle s'accomplira.

Ce miracle était le fruit de la tendresse du Cœur de Jésus, de la prière de Madeleine, de la foi et de la confiance de Marthe.

IIIe POINT: Marthe en Provence: Zèle et apostolat. - Une tradition véné­rable, appuyée par de nombreux monuments, nous dit que Marthe et Madeleine sont venues vivre et mourir en Provence, apportées par un vaisseau désemparé, après l'Ascension du Sauveur. Marie-Madeleine, toujours contemplative, se retira dans la solitude de la Sainte Baume. Marthe, toujours ardente et dévouée, collabora à l'apostolat de saint La­zare et de saint Maximin. Elle fonda à Tarascon un monastère de vier­ges consacrées au Seigneur, préludant ainsi à la fécondité de la France en instituts religieux voués à toutes les œuvres de miséricorde.

La tradition ajoute que Marthe fit mourir la Tarasque, un monstre af­freux qui ravageait la région. Le bréviaire romain omet ce trait. C'est peut-être une manière symbolique de dire qu'elle remporta la victoire sur le démon qui conduisait toutes les âmes des païens à la mort. Elle ga­gna en effet toute la région à la foi chrétienne.

Elle mourut comme elle avait vécu, dans une tendre affection pour Notre-Seigneur, dans la foi et la confiance en la vie future.

Son tombeau est l'objet d'incessants pèlerinages.

Elle nous reste dans l'Eglise, comme un admirable exemple de de­vouement à Notre-Seigneur, d'assiduité à son service, de confiance en sa bonté.

Résolutions. - Je servirai Notre-Seigneur, assidûment et avec soin, dans la fidélité à tous mes exercices et à toutes mes pratiques de piété. Je le servirai avec une tendre affection, en véritable disciple. J'ai une con­fiance absolue en sa miséricorde, je lui demande de ressusciter mon âme à la vie intérieure et fervente.

Colloque avec sainte Marthe.

30 JUILLET

LES CONSEILS DE PERFECTION

Procurrens quidam (princeps adole­scens), genu flexo ante eum, rogabat eum: Magister bone, quid faciam ut vi­tam aeternam percipiam?…

Jésus autem intuitus eum, dilexit eum, et dixit ei: (Si vis esse perfectus), unum ti­bi deest, vade, vende quaecumque habes, et da pauperibus, et habebis thesaurum in coelo, et veni sequere me (S. Marc, 10,17).

Un jeune prince accourant, se jeta aux genoux du Sauveur en lui demandant: Bon Maître, que ferai-je pour avoir la vie éternelle?…

Jésus le regardant, l'aima et lui dit: Si tu veux être parfait, une seule chose te manque, va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un tré­sor au ciel, et viens et suis-moi (S. Marc, 10,17).

1er Prélude. Il y a une vocation d'élite, un appel à la perfection, à un détachement complet, qui se réalise surtout dans le cloître, mais qui peut être pratiqué aussi en quel­que chose dans le monde.

2e Prélude. Seigneur, donnez-moi le courage de goûter le détachement comme vous l'avez goûté en votre divin Cœur.

Ier POINT: Jésus le regarda, l'aima et l'invita. - Dès le sermon sur la montagne, Notre-Seigneur avait indiqué les conseils de perfection: «Il y a, disait-il, une voie étroite, mais ceux qui la trouvent sont rares». Il pro­posait déjà la pauvreté volontaire: «Ne vous amassez pas de trésors sur la terre, où la rouille et les vers les rongent, où les voleurs fouillent et déro­bent. Vendez ce que vous avez et faites l'aumône. Préparez-vous des tré­sors dans le ciel… Car où se trouve votre trésor, là aussi sera votre cœur» (S. Mat. 6).

Puis vient l'application. Un jeune homme de noble famille vient se je­ter aux pieds de Jésus, en lui demandant quelle est la meilleure voie à suivre. Le Cœur de Jésus est touché, il regarde avec affection ce jeune homme, il l'aime, il lui propose les conseils de perfection. C'est une vo­cation: «Va, lui dit-il, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres, et viens avec moi». Quelle grâce insigne! être appelé par Jésus à vivre avec lui, en s'abandonnant à sa providence!

IIe POINT: L'épreuve, le détachement. - «Mais lui, entendant cela, affli­gé de cette parole s'en alla triste, car il était fort riche. Et Jésus, le voyant triste, regarda autour de lui et dit à ses disciples: Ah! qu'il est difficile à ceux qui ont de grands biens d'entrer dans le royaume des cieux!» - Il devint triste, parce qu'il était invité à marcher dans le mépris des choses temporelles, à suivre de plus près, par la pauvreté, son Maître pauvre. La voie royale de la croix s'ouvre devant lui, mais il manque de courage.

Les richesses ont tant d'empire sur le cœur humain! Jésus le regarda s'en aller et s'attrista aussi; comme ce regard de Jésus devait être poi­gnant! Ce jeune homme ne s'est donc par retourné, il n'a pas regardé Jésus, il aurait été touché. Il serait devenu un disciple bien-aimé, un di­sciple du Cœur de Jésus, comme saint Jean. Ce jeune homme a un cœur pur et bon, mais il est sans courage, parce qu'il n'est pas détaché.

Jésus soupira et dit: «Ah! comme il est difficile aux riches d'entrer dans le royaume des cieux!».

Pierre était là avec les autres. Il avait tout suivi des yeux. Il éprouva une joie nouvelle d'avoir quitté sa barque et ses filets: «Nous, dit-il, Sei­gneur, nous avons tout quitté pour vous, vous nous donnerez, n'est-ce pas, ce royaume des cieux, et quel sera-t-il?».

Nous avons tout quitté! Ce tout est peu de chose, les apôtres n'étaient pas riches. Mais Dieu agrée leur bonne volonté.

Ce que nous pouvons quitter est peu de chose aussi: un peu de fortu­ne? mais le pain ne nous manquera pas, et nous aurons les soucis en moins; - la liberté? mais elle est si souvent dangereuse et funeste; - le monde? il est si vain, si trompeur, si rempli d'injustices; - l'amitié? elle est souvent si éphémère; - les liens de famille? ils sont si tôt rompus par la mort! - Ah! quittons tout, de cœur ou en réalité, pour Jésus, pour être tout à lui, à son service, à son amour, à son divin Cœur. Seigneur, me voici, je veux tout quitter pour vous.

III° POINT: La récompense. - «En vérité, je vous le dis, répondit Notre-Seigneur, pour vous qui avez tout quitté et qui m'avez suivi, lor­squ'au jour de la régénération le fils de l'homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi vous serez assis sur douze trônes pour juger les dou­ze tribus d'Israël; et nul n'aura quitté maison, frères, soeurs, ou père, mère, femme ou enfants, ou terres à cause de moi, qu'il ne reçoive cent fois autant et beaucoup plus en ce monde, avec des persécutions, et dans le siècle à venir, la vie éternelle».

Dès cette vie, les âmes détachées retrouvent le centuple. Dieu se fait leur père et Marie leur Mère. Ils retrouvent des frères et des soeurs en ceux qui ont fait comme eux.

Ces âmes sont heureuses même dans les persécutions et tribulations: heureuses de tout donner, de tout souffrir, pour ressembler plus complè­tement au Bon Maître; heureuses de supporter comme lui la haine et la persécution.

Mais c'est au ciel surtout que leur récompense sera grande. Le sacrifice qu'elles ont fait leur donne le droit d'entrer. C'est une assurance pour l'éternité; et là-haut, elles jugeront avec Notre-Seigneur ceux qui sont restés attachés aux biens du monde, ceux qui ont gardé une âme parta­gée et toute entachée de concupiscences.

Ambitionnons la voie étroite. Bien peu ont le courage de s'y engager, dit Notre-Seigneur; demandons-lui la faveur d'être de ceux-là.

Résolutions. - Seigneur, comme je voudrais pouvoir vous dire sincère­ment avec saint Pierre: Voici que j'ai tout quitté pour vous! je n'ai plus d'attache aux biens de la terre, aux affections mondaines, à mon amour­propre, à mes sens, à mes caprices, Seigneur, prenez mon âme; c'est vo­tre vigne, taillez, coupez, émondez; détachez-moi de tout ce qui est ter­restre. Prenez mon cœur, unissez-le au vôtre.

Colloque avec Jésus qui nous appelle.

31 JUILLET

SAINT IGNACE DE LOYOLA

1491-1556

Sive ergo manducatis, sive bibitis, sive aliud quid facitis, omnia in gloriam Dei facite. Sine offensione estote Judaeis, et Gentibus, et Ecclesiae Dei; sicut et ego per omnia omnibus placeo, non quaerens quod mihi utile est, sed quod multis, ut salvi fiant (1 Cor. 10,31).

Soit que vous mangiez, ou que vous buviez ou que vous fassiez autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu. Soyez sans reproche devant les juifs, les Gentils et l'Eglise; comme moi, je cherche à plai­re à tous et je travaille non pour mon pro­fit, mais pour le salut de tous (1 aux Cor. 10,31)

1 er Prélude. Saint Ignace doit être honoré par les amis du Sacré-Cœur. Il a donné à ses religieux un esprit qui les préparait à devenir les propagateurs de la dévotion au Sacré-Cœur.

2e Prélude. Grand Saint, du Sacré-Cœur.

enseignez-moi à tout faire pour la gloire de Dieu et l'amour

Ier POINT: Sa préparation. - On sait comment la grâce divine a touché son cœur à Pampelune, pendant qu'il lisait des vies de Saints à l'hôpital. Il jura alors une inviolable fidélité à Jésus et à Marie. Il se consacra à leur service et il tint son serment. La sainte Vierge lui apparut environ­née de lumière tenant dans ses bras l'enfant Jésus. Epris d'amour pour Jésus et Marie, il se décida à quitter le monde.

Il priait à Montserrat le goût de la retraite et il écrivit à Manrèse ses exercices qui ont le don d'empoigner si fortement les âmes pour les con­duire à Dieu.

Il voulait aller en Terre Sainte puiser un plus grand amour de Jésus dans les lieux où se sont accomplis les mystères du salut.

Après ses études à Paris, il fit ses premiers voeux avec ses compagnons à Montmartre au martyrium de saint Denis. Et ce n'est pas sans doute sans un dessein de la Providence que la Basilique du Sacré-Cœur s'élève là où tant de saints on aimé à prier: Saint Ignace, saint François Xavier, saint François de Sales, saint Vincent de paul, M. de Bérulle et tant d'autres.

Aucun endroit n'était mieux préparé pour recevoir la Basilique Natio­nale du Sacré-Cœur.

IIe POINT: Sa vie religieuse. - Saint Ignace procède dans ses Exercices avec une admirable logique. Il nous montre les trois concupiscences qui nous entraînent au péché: l'orgueil, l'avarice, la sensualité; et il nous propose les trois dispositions contraires: obéissance, pauvreté, chasteté, comme réparation et comme moyens poréventifs. Ces dispositions sanc­tifiantes, il nous apprend à les considérer dans les exemples de Notre­Seigneur, depuis la crèche jusqu'au Calvaire.

Et comme en étudiant les vertus de Notre-Seigneur, nous rencontrons dans tous ses mystères les merveilles de son amour pour nous, saint Ignace finit par nous fixer dans la contemplation de l'amour.

Dieu nous avait créés pour le servir. Nous avons péché, la mort nous menace, faisons pénitence, c'est la vie purgative. Formons-nous à la ver­tu par la méditation des exemples de Notre-Seigneur, c'est la vie illumi­native. Fixons-nous dans l'amour de reconnaissance et de préférence pour Dieu, c'est la vie unitive.

Formés par cette gymnastique intellectuelle, Ignace et ses compa­gnons deviennent ardents comme des seraphins.

Ils se livrent au soin des malades dans les hôpitaux à Venise. Ils fon­dent toutes sortes d'œuvres à Rome: orphelinats, reguges, asiles. François Xavier par pour l'Inde. Deux s'en vont au Maroc, quatre au Congo, treize en Abyssinie. Quelques autres vont commencer au Brésil les admirables communautés d'Indiens qui ont fait l'étonnement du monde. Jacques Laynez et Alphonse Salmeron prennet une part impor­tante au Concile de Trente.

Auprès tant de travaux et de grandes épreuves, Ignace va revoir au ciel le Sauveur qui s'est déjà souvent manifesté à lui.

Retenons surtout ses directions admirables sur l'obéissance et l'humi­lité, qui sont les voies lumineuses et sûres pour aller à Dieu.

IIIe POINT: Le Saint du Sacré-Cœur. - Saint Ignace avait si bien mis son institut sur la voie de la dévotion au Sacré-Cœur, que cet institut à été choisi par Notre-Seigneur pour la propagande de cette dévotion.

Il avait lui-même une tendre dévotion pour les saints Cœurs de Jésus et de Marie. Notre-Seigneur lui fit même à plusieurs reprises le don de son propre Cœur, dit le Père Bernier.

Il portait sur sa poitrine une image de la sainte Vierge qu'il appelait: «Sainte Marie du cœur». Il l'invoquair avec amour et il affirmait avoir reçu par là bien des grâces extraordinaires.

Après sa mort, il apparut en compagnie de saint François Xavier au vénérable Bernard de Hoyos, le grand initiateru de la dévotion au Sacré­Cœur en Espagne, l'entretint longuement de cette dévotion, et la lui re­commanda vivement.

Combien d'amis et d'apôtres du Sacré-Cœur ne compte-t-on pas par­mi ses fils, comme le Bienheureux Ganisius, saint François de Borgia, saint Louis de Gonzague, le Père Saint Jure, le Père de la Colombière, le Père Croiset, le P. de Gallifet, le Père de Hoyos, etc.

Aux fruits on reconnaît la qualité de l'arbre.

Résolutions. - Avec saint Ignace je veux me livrer de tout cœur aux exercices spirituels et à la méditation quotidienne en union avec le Sacré­Cœur. L'obéissance et à mes supérieurs et à ma règle pour l'amour de Notre-Seigneur est pour moi le chemin de la sainteté. C'est cela que le Cœur de Jésus demande de moi.

Colloque avec saint Ignace: résolutions précises pour l'offrande de cha­cune de mes actions au Sacré-Cœur.