1877

CORRESPONDANCE DU PERE DEHON: ANNEE 1877

15. 01. 1877. B 99/1 (inv. 1138.93). Mr de Villeneuve, Préfet de l'Aisne (brouillon)

Monsieur le Préfet,

L'arrêté préfectoral du 8 octobre 1872, autorisant la formation à St Quentin de la Société de St Joseph, nous prescrit de vous adresser chaque année, dans la première quinzaine de janvier, la liste des membres de cette société et la composition de son bureau.

Je m'empresse de déférer à cet arrêté en vous transmettant cette liste.

Comité protecteur:

Président d'honneur (mot barré): M. l'archiprêtre

Président: M. H. Basquin n'est pas remplacé (ligne barrée)

Vice-Présidents: M. Guérard, juge d'instruction (mot barré)

M. Faroux, notaire;

Trésorier: M. Guillaume, conservateur des hypothèques;

Membres: M.M.

Le nombre des ouvriers et apprentis qui fréquentent (nos réunions est d'environ trois cents) (mots barrés) la société reste le même.

J'ai l'honneur d'être avec une considération respectueuse, Monsieur le Préfet, votre très humble et dévoué serviteur. L. D., directeur de la Société de St Joesph

(1878: formule identique)

14. 02. 1877 (de ND. de Lorette) B 18/. 6. 6 (inv. 208. 06). Un confrère du vicariat

(M. Parmentier?) (copie dactylogr.)

Mon cher Confrère,

Je m'empresse de vous faire part de notre joie qui est complète. Notre voyage est jusqu'à présent heureux de toutes manières. Notre santé se conserve, le temps est favorable et l'atmosphère est douce.

Je vous ai donné des nouvelles de Turin. Le lendemain j'eus le bonheur de célébrer la Sainte Messe à l'autel du St Suaire. Vous savez que Turin possède cette précieuse relique. Elle est conservée dans un sanctuaire pieux autant qu'artistique dont les décorations de bronze et de marbre noir et les emblèmes de deuil conviennent merveilleusement au trésor qu'elles ont pour but d'honorer. Nous laissons cette ville d'ailleurs pauvre en souvenirs et qui n'a de beau que sa régularité.

Milan nous retint vingt quatre heures.

Comme sa cathédrale de marbre nous ravit le soir quand les rayons du soleil couchant lui donnaient une teinte rose toute féérique! Ses mille clochetons et les découpures de ses corniches l'entourent d'une merveilleuse dentelle.

On peut lui reprocher de n'avoir pas la perfection classique de nos principales cathédrales, mais on ne peut échapper au sentiment d'admiration qu'elle vous impose.

Priez M. Lemaire de dire à Mme Thibaut que j'ai célébré la messe pour son cher Charles au tombeau de s. Charles Borromée.

Quelles heures rapides et délicieuses on passa à la basilique de St Ambroise!

Son atrium et ses vieilles galeries romanes aident l'imagination à faire revivre le passé. C'est là que st Ambroise convertit st Augustin. Je l'ai bien prié de convertir tous nos jeunes Augustins du Cercle et du Patronage, et d'affermir dans la foi nos jeunes philosophes du mercredi.

Mgr a célébré la messe devant les corps découverts de st Ambroise, de st Gervais et de st Protais. Quelle puissance dans ces crânes encore imposants. Que nous sommes petits auprès de ces géants!

Après Milan, Padoue, la ville du grand thaumaturge st Antoine. Là tout le monde aime et vénère le Saint (il Santo). Le peuple aime à prier en posant le front sur son tombeau. On oublie les richesses artistiques de l'église pour ne penser qu'au grand saint qui y vit toujours par ses bienfaits. Dites à Mr Vilfort que j'ai bien prié pour lui son patron st Antoine.

Venise: que de souvenirs se pressent dans ma mémoire depuis st Marc et le palais des doges jusqu'au célèbre Carnaval auquel nous assistons sans le vouloir!

Finissons de suite avec ce Carnaval qui nous poursuit depuis trois jours. Il nous a paru bien moins immoral qu'en France. Ce sont des danses publiques de jour comme dans nos fêtes de campagne.

Hier c'était Ravenne et Ancone. Aujourd'hui c'est N. D. de Lorette.

J'ai dit la Sainte Messe dans la maison de la Sainte Famille, apportée ici par les anges au XIIè siècle comme vous le savez. Ce miracle a été alors constaté par des enquêtes et des auditions de témoins avec toute l'exactitude moderne. Vous pensez bien que la pensée de nos jeunes gens me poursuit partout. J'ai demandé à Jésus adolescent qui a vécu dans ce sanctuaire de les former à sa ressemblance.

Il est beau de voir un peuple de croyants embrasser ces saintes murailles. Ces murs sacrés ont été revêtus extérieurement de sculptures aussi belles que pieuses dues à des artistes chrétiens des XVè et XVIè siècles.

Rien n'est touchant comme de célébrer là la sainte messe. Le même Sauveur renouvelle son incarnation dans nos mains. La récitation de l'Angélus n'y est pas non plus indifférente. C'est là même dans cette pauvre maison que l'ange annonça à Marie qu'elle serait la Mère du Sauveur.

Nous sommes ici tout près du champ de bataille de Castelfidardo. C'est là que le plus pur et le plus noble sang de France a été versé par les impies envahisseurs.

Nos jeunes gens aiment les zouaves pontificaux; je souhaite qu'ils aient leur vaillance et leur générosité.

Je vous recommande une intention particulière. Mes respects au bon Mr Genty. Mes amitiés à mes chers confrères. Une chaude poignée de mains à tous nos jeunes gens.

Tout à vous en St Joseph. L. Dehon.

25. 02. 1877 (de Rome) B 6/1 (inv. 35.05). Aux jeunes gens du Cercle J. de Maistre

Mon bien cher ami,

Merci de votre bon souvenir. Vous me n'oubliez pas. Je ne cesse pas de penser à vous tous. Vous êtes présents au milieu des mille tableaux qu'offrent à mon imagination les lieux que nous parcourons.

Ah! c'est que la vie des pays dont nous connaissons l'histoire fait revivre en notre pensée bien des faits et bien des personnes. „Tanta vis admonitionis inest in locis”, disait Cicéron. Et cela surtout à Rome! „Et idquidem in hac Urbe infinitum”, comme il ajoutait. Là, en effet, à chaque pas se retrouve un souvenir (texte latin corrigé par une autre main et rendu peu lisible).

Rome m'était familière. Je suis moins ému des nombreux vestiges qu'y a laissés l'Antiquité. Je me plais à me servir de ces débris du passé pour faire revivre en mon esprit les générations qui se sont succédé.

Auprès de l'Agger [Ager] de Servius Tullius, de la prison Mamertime d'Aucus et de la Cloaca Maxima de Tarquin, je vois grandir cette peuplade de pasteurs campée sur ses collines, sans lettres et violente, victorieuse dans ses luttes avec les bourgades voisines et pressentant une destinée que la Providence lui fit grande parce qu'elle devait unifier le monde pour préparer le règne du Christ.

La période de la République a laissé peu de monuments. Les plus remarquables sont peut-être ses grandes voies militaires. Il faut reconnaître que cette époque avait une vraie grandeur. Il y avait chez ces guerriers avec une vaine passion de la gloire quelque vrai patriotisme.

Ses relations avec la Grèce lui donnèrent le goût des arts, des lettres, de la philosophie et de l'éloquence. Elle eut Caton, Cicéron, César et Pompée. Mais l'enivrement de la puissance et la corruption de la richesse amenèrent la décadence de l'empire et la chute profonde et rapide.

Les peuples chrétiens résistent davantage à ces causes d'énervement, mais ils ont aussi leurs faiblesses. Après nos gloires nationales du XIIIè siècle et nos gloires empruntées du XVIIè, n'avons-nous pas eu les temps troublés du XIVè et du XVè siècle et la corruption du XVIIIè, qui prépara la révolution?

L'empire jouissait des revenus des provinces conquises. Ce fut le temps du luxe et de la profusion. Auguste avait trouvé Rome bâtie en briques, il l'avait laissée en marbre. Les empereurs pour se rendre populaires élevaient des théâtres, des bains et des portiques. Le peuple et le sénat en retour les divinisaient et leur élevaient des statues.

Malgré les dévastations d'Alaric et des Vandales, Rome comptait encore au VIè siècle, suivant un historien, 46.000 maisons, 17.000 palais, 13.000 fontaines, 31 théâtres, 11 amphithéâtres, 9.000 bains, 8 grandes statues dorées, 66 statues d'ivoire, 82 statues équestres en bronze.

De tout cela nous n'avons plus que de rares spécimens pour aider l'imagination à reconstruire ce qui fait défaut. La vue de Pompéi nous donne l'aspect de la vieille ville romaine. L'amphithéâtre de Flavien, les Thermes et les ruines attestent la véracité des historiens.

(Rome)C'était une ville de marbre, une ville de luxe et de plaisir, mais il n'y avait plus de place pour la vertu et pour le caractère quand les apôtres y firent modestement leur entrée.

Quel contraste aujourd'hui! Rome est devenue la ville de st Pierre! Et comme il l'eut bientôt conquise et transformée! Tacite constatait déjà qu'une grande multitude de citoyens était suspecte de christianisme, „ingens multitudo”. Pline en l'année 107 écrivait qu'il n'allait plus rester aux païens que leurs temples et leurs théâtres; Tertullien au second siècle pouvait écrire à l'empereur: „Nous sommes dans les villes en majorité”.

L'archéologie confirme ces textes historiques. J'ai revu les catacombes avec leur illustre interprète, le Chevalier de Rossi. C'est tout un monde souterrain. Vingt cinq vastes cimetières contenant des galeries multiples dont l'ensemble formerait plusieurs centaines de kilomètres.

Ces cimetières étaient établis dans les riches propriétés des convertis qui appartenaient aux familles puissantes. Un des plus intéressants est celui de Domitille, nièce de Domitien, dans lequel se retrouvent avec des peintures et des inscriptions du 1er et du second siècle les tombes chrétiennes de quelques membres de la gens Flavia.

Notre foi et nos rites revivent dans les catacombes. Elles attestent deux prodiges constants, la propagation miraculeuse de notre foi et la perpétuité de nos croyances et de notre culte.

Quand la Rome chrétienne sortit des catacombes, elle adopta un art simple, grave et majestueux qui devint traditionnel. Pendant mille ans elle ne connut pour ses églises que la forme de la basilique, qui s'adaptait si bien à nos rites. La colonnade de marbre séparant la nef des hommes et celle des femmes; l'abside circulaire pour le clergé; la crypte pour les tombeaux des martyrs; le narthex pour les catéchumènes, tel était le plan uniforme des temples et tout l'ornement consistait en mosaïques hiératiques qui ne sortaient guère d'un certain cycle, régulier comme la liturgie.

La Providence qui inspire l'Eglise voulait former ici cet esprit traditionnel qui devait conserver intact le dépôt de notre foi.

A cause des guerres locales et du séjour d'Avignon, Rome n'a pas connu la grande effloraison de l'art chrétien au XIIè et au XIIè siècle. Elle est entrée trop avant dans la renaissance à l'antique avec ses pontifes-mécènes Jules II et Léon X. Elle a fait siens Raphaël, Michel-Ange et Bramante.

Aujourd'hui elle doit à Pie IX un véritable réveil de l'art chrétien, qui se montre surtout dans la brillante basilique de St Paul, dans les peintures décoratives de plusieurs églises restaurées et dans les sculptures sobres et pures qui émaillent son vaste cimetière, le plus intéressant que je connaisse.

Il me semble que ne vous ai encore rien dit et cependant mon papier se remplit. Mille idées se pressent encore en mon esprit. J'aurai d'autant plus de joie à vous revoir que je sens le besoin de vous ouvrir mon coeur qui déborde.

A bientôt donc. Une bonne poignée de mains à chacun de nos amis.

Je suis à vos réunions „absens corpore sed praesens spiritu”, comme disait st Paul (I Co 5, 3).

Tout vôtre en Jésus Christ L. Dehon.

Avril ( ?) 1877. (4. A1. 51, p. 18). B 107/5 (inv. 1164.43)B 107/5 (inv. 1164.43)

Sa nièce Marthe. Texte original : M. Robert Maleyzieux-Dehon.

Ma chère Marthe,

Il y aura, je crois, bientôt un an que nous avons passé ensemble quelques bonnes journées.

Nous avons bien préparé un petit jardin, celui de ton âme. Et puis nous y avons planté de charmantes fleurs, pour en faire comme un reposoir destiné à recevoir Notre-Seigneur. Ces fleurs, c'étaient des bons désirs, de bonnes résolutions. Depuis ce temps-là, as-tu bien cultivé ces fleurs délicates ? Ne les as-tu pas laissées languir et se dessécher ? Le reposoir est-il toujours bien orné des lys de la pureté, des roses de la charité et des violettes de l'humilité et de l'obéissance ? Notre-Seigneur descend-il quelquefois sur ce reposoir bien décoré ?

Pour me satisfaire, il suffira que tu puisses me dire que tu fais tout ton possible.

Je serai heureux de te voir bientôt. Remercie petit père et petite mère de leurs bons souhaits. Prie pour nous tous. Ton oncle dévoué. L. Dehon.

01. 05. 1877. B 36/2d. 24 (inv. 629. 24). (Photocopie Ms) P. Daum (Sta Chiara)

Mon révérend Père,

C'est aujourd'hui au consulteur de la Congrégation des réguliers que j'écris.

Nos Dames de la Croix se sont empressées de rédiger les pièces que vous leur avez demandées. Elles les ont remises à l'évêché qui les a fait parvenir à Mr de Rossi notre agent diocésain à Vienne. Ces pièces doivent être maintenant entre vos mains.

Quant à nos Servantes du Coeur de Jésus, elles répondront sous peu de jours à votre désir par l'envoi des pièces qui manquaient encore à leur dossier.

Vous serez mon interprète auprès du Père Supérieur, du P. Brichet, du P. Duplessis et du P. Brunetti pour leur dire combien je suis reconnaissant de leur aimable accueil à mon dernier pèlerinage. Je n'ai pas assez joui de leur conversation. Mes fonctions de cicérone m'asborbaient entièrement. J'ai revu Rome assez pour raviver mes regrets de ne plus y vivre, mais pas assez pour en jouir.

Le ministère qui m'absorbe est pour moi un sacrifice continuel parce qu'il me fait vivre en quelque sorte au milieu du monde que je désteste, et parce qu'il ne me laisse assez de liberté ni pour la piété ni pour l'étude. Fiat volontas Dei (Mt 6, 10).

Vous m'aiderez, mon cher Père, par vos prières et par un pieux souvenir dans les sanctuaires de Rome.

Je vous prie d'agréer mes affectueux respects L. Dehon.

21. 05. 1877 . B 21/3. m (inv. 368. 01). P. Giraud

Mon révérend Père,

J'ai lu avec bonheur votre volume sur l'Union à N.S.J.C. dans sa vie de victime.

Je dirige ici une communauté de religieuses, les Servantes du Coeur de Jésus, qui se consacre à la vie de victime. Ces pieuses religieuses font comme quatrième voeu le voeu de victime. Elles ont pour but de réparer tout spécialement pour le peuple choisi.

Vous annoncez un travail sur la vie de victime dans l'état ecclésiastique et dans l'état religieux. Ce travail est-il publié?

Certainement tout prêtre et tout religieux doit vivre jusqu'à un certain point de la vie de victime. Mais il me semble que N. S. demande des victimes sacerdotales qui s'offrent tout spécialement pour le sacerdoce. Vos estis sal terrae (Mt 5, 13). Si le sacerdoce était plus saint et ses faiblesses mieux réparées, en serions-nous où nous en sommes?

Je vous serais bien reconnaissant de me communiquer vos lumières sur ce point. Y a-t-il une congrégation qui ait spécialement ce but? Il me semble que N. S. le désire. Ne l'a-t-il pas indiqué dans quelques-unes des révélations surnaturelles qui ont été publiées dans notre siècle? Les secrets de La Salette n'indiquent-ils pas aussi cette nécessité?

Je serai heureux, mon révérend Père, de profiter de vos lumières et je vous prie d'agréer l'hommage de mon respect. L. Dehon, vicaire, chan. hon.

08. 06. 1877. B 21/3. l (inv. 367. 04). Mère Marie Véronique

+ St Quentin (Aisne) le 8 juin 1877.

fête du S. Cœur de Jésus

Madame la Supérieure,

Je dirige ici une communauté fervente de religieuses, dites Servantes du Coeur de Jésus, qui ont pour but la Réparation par la prière, par la pénitence et par les oeuvres.

Elles font comme quatrième voeu le voeu de victime.

Elles ont été fondées il y a douze ans. Elles ont trois maisons et elles sont en instance pour l'approbation à Rome.

Vous comprenez combien l'analogie de cette congrégation avec la vôtre me fait désirer de connaître un peu vos constitutions et votre but. Il y a dans cette ressemblance un puissant motif de sympathie.

Si donc vous voulez me permettre cette indiscrétion, je vous demanderai un aperçu sommaire de vos règles.

Notre Seigneur a demandé des Victimes à Paray-le-Monial et il a depuis bien des fois demandé des oeuvres réparatrices.

Savez-vous s'il y a quelque part une congrégation d'hommes et en particulier des âmes sacerdotales vouées à la réparation?

Je vous prie, Madame la Supérieure, d'excuser la liberté que je prends et d'agréer mes respectueux hommages, L. Dehon, vicaire.

22. 06. 1877. B 21/3. l (inv. 367. 03). Mère Marie Véronique (copie manuscrite)

+ St Quentin (Aisne) - Le 22 juin 1877.

Madame la Supérieure,

Votre lettre nous a causé une bien grande joie. Notre-Seigneur s'est choisi des victimes en même temps au nord et au midi de la France. Les deux congrégations ont presque le même but et les mêmes moyens. Cependant elles gardent assez de différences pour légitimer leur existence simultanée. Nos servantes du Coeur de Jésus se sont unies dans une certaine mesure à l'ordre franciscain, parce que Notre-Seigneur a donné à la Bse Marguerite Marie S. François pour patron de sa vie de victime. Nous avons les mêmes voeux, le bréviaire, quatre jours d'abstinence et l'exposition du S. Sacrement seulement le vendredi.

Mais j'attache un grand intérêt à la société de prêtres dont vous me parlez. Il nous semblait que Notre-Seigneur demandait cela ici. Ces messieurs sont-ils déjà constitués en congrégation religieuse? Quelle est leur règle et quelles sont leurs oeuvres? Voilà des questions dont je désire ardemment avoir la solution. Je compte sur votre charitable intervention pour cela.

Ces renseignements m'aideront à connaître la volonté de Notre-Seigneur.

Oserai-je, Madame la Supérieure, vous demander un souvenir dans les prières de votre pieuse communauté?

Je vous prie d'agréer l'hommage de mon respectueux dévouement en N. S.

L. Dehon, chan. hon.

16. 07. 1877. B 109/1 (inv. 1169. 33). Abbé Désaire (Lettre insérée en mai 2003)

+ Saint-Quentin - Le 16 juillet 1877

Mon bien cher ami,

La divine Providence m'amène à réaliser ici ce que nous avions projeté depuis tant d'années, ou au moins quelque chose d'analogue.

J'aurais aimé vous voir pour vous exposer mes projets que je n'aime pas à confier au papier.

Voici le tout en quelques mots.

Bien des raisons et des circonstances surnaturelles m'ont amené à croire que Notre Seigneur veut un institut de prêtres, qui ait pour but principal la réparation, et pour moyens la prière, la mortification et les œuvres.

Monseigneur de Soissons accepte cette pensée et m'autorise à prendre pour premier moyen et pour première œuvre une maison d'enseignement secondaire à Saint-Quentin. Il me donne quatre prêtres qui veulent bien essayer de cette vie religieuse. J'espère grouper en outre quelques jeunes gens, professeurs et frères.

Nous allons nous mettre à l'œuvre. J'ai loué un pensionnat de la ville.

Vous viendrez nous voir et me donner des conseils.

Vous nous enverrez quelques bons sujets de la Savoie, choisis de votre main. Peut-être dès maintenant en auriez-vous qui auraient de l'attrait pour cette œuvre.

Ne tardez pas à vous échapper de Paris pour un ou deux jours et venez vous rendre compte de notre hardiesse et de notre bonne volonté.

Priez et demandez pour nous des prières. Ne donnez pas à ce projet plus de publicité qu'il ne faut.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

L. Dehon

07. 08. 1877. B 36/2d. 25 (inv. 629. 25). P. Eschbach (Photocopie Ms). Copie dactyl.: B. 36/2a.25 inv. 626.25626.25

Mon révérend Père,

J'ai appris que vous étiez souffrant depuis notre voyage de Rome. J'en suis profondément peiné, mais j'espère que la grâce de Dieu vous rendra vos forces pour le bien du Séminaire français.

L'espoir que j'avais d'aller passer un hiver avec vous est à jamais évanoui. Monseigneur me confie l'organisation d'une maison d'enseignement secondaire à St Quentin.

C'est une lourde charge qu'il me met sur les épaules. Je crois pouvoir créer pour cela une petite congrégation diocésaine. Monseigneur le désire. C'est une marque de la volonté de Dieu.

J'espère que vous m'aiderez en priant et en faisant prier pour moi.

Je vous enverrai peut-être pour la rentrée un élève d'une des meilleures familles de St Quentin. C'est un bachelier es-sciences. Il a fait une année de spéciales pour l'école polytechnique. Il a dix-sept ans. Il entrerait en 1ère année de philosophie. Seulement comme il s'est mis de bonne heure aux sciences, il a négligé un peu les humanités et la rhétorique.

Il désire savoir s'il pourrait pendant sa 1ère année de philosophie se fortifier dans cette partie de ses études. Il me semble que cela serait facile par quelques leçons particulières. Ayez l'obligeance de me répondre de suite sur ce point, afin que je le détermine à aller à Rome. J'espère vous en envoyer d'autres plus tard.

Vous pourrez me désigner au Bulletin de cette année comme Supérieur de l'Institution St Jean à St Quentin.

Mes affectueux respects au P. Brichet, au P. Daum, au P. Brunetti et au P. du Plessis. Agréez l'hommage de mon respectueux dévouement. L. Dehon.

(Note en marge: J'ai envoyé prospectus et répondu deux mots d'encouragement en faisant espérer une lettre de vous).

29. 08. 1877. B 36/2d.26 (inv. 629.26) P. Eschbach (Photocopie Ms). B 36/2a. 26 (inv. 626. 26). P. Eschbach (copie dactylogr.)

Mon bien cher Père,

Le P. Brunetti a dû vous communiquer une lettre que je vous avais adressée à Rome.

Je vous proposais un excellent élève, Georges Basquin, d'une des meilleures familles de St Quentin. Il est bachelier es-sciences et se préparait à l'école polytechnique chez les Pères vos voisins de la rue Lhomond.

Il entrera chez vous en 1ère année de philosophie. Il désire en outre être un peu guidé la première année pour refaire un peu de latin et de littérature.

Il suffirait d'une ou deux leçons particulières par semaine pour cela. Le P.Daum ou même un élève prêtre pourrait lui rendre ce service comme cela s'est fait déjà, je crois, pour d'autres élèves.

J'attends un mot de vous pour regarder la chose comme décidée.

Le P. Brunetti m'avait annoncé que vous m'écririez à ce sujet. La famille de Geiorges attend aussi votre décision.

Pourriez-vous me dire confidentiellement ce que vous pensez de notre abbé Marchal?

Je me recommande bien à vos prières et vous prie d'agréer mes affectueux respects.

L. Dehon.

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