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436.09

AD B.21/7a.3

Ms autogr. 3 p. (21 x 13)

De Mr Boute

(Hazebrouck 13 août 64)

Mon bien cher ami,

J'apprends que vous vous proposez de partir du 18 au 20 de ce mois pour la Grèce et peut-être pour plus loin encore. Quelle nouvelle équipée! Vous êtes donc, mon bien cher, possédé de l'a rage des voyages? Avez (vous) conçu le plan d'une nouvelle odyssée? La Grèce? Mais n'y a-t-il pas du tapage dans ce pays-là? Je suppose que vous n'avez pas l'intention d'aller détrôner le nouveau roi? Qu'allez-vous donc faire dans cette galère? Que n'attendez-vous, comme c'était votre premier plan, que vous ayez complété vos études, pour les couronner par ce voyage? Tous ces messieurs, à qui j'en ai parlé, ne le goûtent pas du tout, et préféreraient vous voir à Rome ou à Is­sy. Que va-t-il résulter de tout cela…? Permettez à l'un de vos meilleurs amis de vous tenir ce langage très désintéressé1.

Quoi qu'il en soit, si je ne puis vous détourner de ce dessein qui ne me sourit nulle­ment et sourirait, le pense, encore moins à Monseigneur Dupanloup2, veuillez atten­dre du moins que j'aille vous serrer la main avant votre départ. Si je n'étais pas retenu par les obligations les plus pressantes dans ce pays jusqu'au 19, je partirais immédia­tement pour La Capelle. Attendez-moi, le vous prie, jusqu'à ce jour, ou au lendemain au plus tard. Si vous avez pris des engagements, ils ne sont pas si sacrés que vous ne puissiez les rompre ou les reculer. Je compte donc vous voir chez vous vendredi soir; ou samedi, pour quelques jours seulement à mon grand regret. Je devrai retourner dans le pays de Valenciennes dans le commencement de la semaine du 21 courant.

Je vous écris en toute hâte, accablé de besogne et surtout de visites. Je n'ai pas ré­pondu à votre dernière lettre, dont le vous remercie, parce que le me proposais de causer avec vous chez vous sur son contenu.

Mes amitiés très empressées à vos parents et au nouveau ménage que je serai en­chanté de revoir. Je vois déjà madame Laure, en bonne ménagère, s'occuper, je ne parle pas du commerce, cela va sans dire, et puis c'est trop prosaïque, mais de ses chères poules et de toute sa basse-cour, sans oublier sa chère fauvette, si la pauvrette a survécu à l'accident qui nous a tous mis en émoi. A bientôt donc.

Votre ami

Boute Ptre

Hazeb. 13 août 64.

1 Cf NHV I, 29r°/v°: «Le 13 août, il (Mr Boute) m'écrit une lettre sévère. Il a appris mon projet de voyage en Orient, il ne le goûte pas. II est l'écho des alarmes maternelles. Sa lettre est piquante, un peu ironique. II me parle des périls du voyage. Il me demande ce que deviendra ma vocation à travers ces pérégrinations. Ne deviendrai-je pas un jeune homme qui ne fait rien? - II n'était pas dans le vrai ce jour-là. Je n'ai jamais regretté un seul instant mon voyage en Orient. Je l'ai toujours regardé comme une grâce divine. Il a eu une influence immense et toute favorable sur ma vie. C'était une splendi­de transition entre mes études littéraires et mes études ecclésiastiques. Je remercie N. S. de m'avoir donné la grâce de le faire».

2 Cf LD 4 (note 3) et 28 (note 3).

3 Laure (Longuet), fille de Juliette-Augustine Vandelet (ép. Charles Longuet), tante maternelle de Léon et Henri et donc leur cousine germaine, mariée depuis le 30 mai 1864 à Henri.

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