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158.08

AD B.21/6.12.8

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

De Mr Demiselle

Soissons, 14 Xbre 18671

Bien cher Abbé,

C'est une grande joie pour moi de savoir que vous allez recevoir le sous-diaconat. Que ne puis-je voler à Rome pour me trouver samedi a St jean de Latran et assister à l'Ordination. Hélas! Je n'ai même pas pu faire le voyage de La Capelle que j'avais projeté, retenu au lit ou à la chambre pendant la plus grande partie du mois dernier per une bronchite opiniâtre. Vous êtes heureux de pouvoir faire à Dieu le sacrifice de tout vous-même au profit de son Eglise, dans un moment où tout semble conjuré contre cette Eglise, et de le faire au sein de cette Rome contre laquelle se déchaînent surtout les portes de l'Enfer, presque sous les yeux d'un pontife qui sera une des gloi­res de l'Eglise. Mais vous êtes heureux surtout de puiser à sa source l'esprit ecclé­siastique et catholique le plus pur dans ces fortes et lumineuses doctrines dont Rome a le monopole.

Que je serais heureux de mon côté si je pouvais diriger vers Rome quelques jeunes gens d'élite qui rapporteraient parmi nous et répandraient de plus en plus ces idées romaines avec ces doctrines aussi élevées que saines en fait de science théologique et canonique. Car je ne vois rien de comparable à l'enseignement du Collège Romain. J'ai parcouru entr'autres les traités de la Tradition et de l'Eglise que vous étudiez cet­te année, dans les cahiers autographies de l'abbé Lecomte; j'en ai été émerveillé au delà de tout ce que je puis dire.

Il ne me reste plus qu'à vous dire que je vais me joindre à vous pendant la retraite préparatoire à l'ordination pour appeler sur vous toute l'abondance des dons célestes qui vous fasse goûter le bonheur d'être à Dieu corps et âme et sans partage. La part est belle et digne d'une âme grande et d'un coeur dévoué. Mais la pauvre nature est toujours là. Il faut que ses réclamations se perdent dans la joie d'être tout à Dieu. Mais pour cela il faut alimenter sa vie intérieure par une ferveur constante, et c'est à quoi nous aide merveilleusement ce grand devoir de la prière publique qui nous est imposée avec le sous-diaconat.

Il semble que les affaires d'Italie entrent dans une voie d'apaisement, bien qu'il y ait encore quelques points noirs à l'horizon. Mais que de motifs d'espérance dans le pas­sé, et comme la main de Dieu se révèle dans ces événements. La prière a tout obtenu. La prière fera le reste.

Je ne sais quand j'irai à La Capelle. Ce voyage est dans mes vœux les plus ardents. Mais il faut attendre de plus beaux jours.

Mr Rigaux fils aurait été très heureux de vous voir, il s'en faisait une fête. Mr Pe­ronne aussi comptait sur vous. Vous me direz ce que vous avez déboursé pour lui et je le remettrai à Mme Dehon a la première occasion.

Ma sœur vous envoie ses meilleurs sentiments et moi, je suis bien à vous en N. S.

Demiselle

Ne m'oubliez pas auprès du P. Freyd.

1 Lettre citée en partie en NHV VI, 34-35.

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