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435.18

AD B.21 /7a.3

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

De Mr Boute

Hazebrouck 7 janvier 1868

Mon révérend abbé et bien cher ami,

Avant tout, pardon pour un long mois que j'ai mis à vous répondre, il n'y a pas de ma faute, car je ne m'appartiens plus; chaque jour m'amène un surcroît de besogne.

Après ce préambule justificatif, agréez toutes mes félicitations au sujet de votre promotion à l'ordre du sous-diaconat; vous voilà donc engagé irrévocablement dans la sainte milice; j'en suis heureux pour vous et pour moi: pour vous parce que je suis convaincu que vous y trouverez pleine et entière satisfaction, et que votre vocation est une de celles marquées au sceau divin; pour moi, parce que je vous aime en Dieu de toutes les puissances de mon âme, et que j'aspirais à ce moment solennel d'un en­gagement définitif, sachant très bien que c'étaient vos propres aspirations et que vous ne seriez véritablement heureux qu'après avoir fait ce grand pas. Vous êtes appelé, mon cher ami, à faire beaucoup de bien, un bien considérable à l'Eglise avec vos lu­mières et vos talents. Que ne puis-je déjà vous voir à l'œuvre; mais je me fais trop vieux pour jouir de ce bonheur. C'est par vous qu'a commencé la conversion de votre père si bon, si loyal, si juste, et c'est par vous encore que se consommera son salut éternel, comme celui de toute votre famille. Prêtre, vous exercerez toujours sur elle une grande et précieuse influence1.

Maintenant, à vous encore tous mes meilleurs souhaits à l'occasion de ce renouvel­lement d'année; je désire que Dieu vous fasse accomplir votre carrière sacerdotale de la manière la plus avantageuse pour l'Eglise et pour vous. Que je serais heureux et fier, comme votre ami, de vous voir nous revenir muni de tous vos grades de docteur. Dieu voudra-t-il m'accorder cette faveur? Que sa sainte volonté soit faite.

Je ne vous parlerai pas de politique. Seulement, je vous ferai remarquer que votre lettre est datée du 5 Xbre 1867, et que c'est précisément ce jour-là que s'est tenue cet­te fameuse assemblée législative française et que se sont produites les solennelles dé­clarations du gouvernement français relativement au St-Siège et au pouvoir tempo­rel. Mais tout n'est pas fini: l'Italie, dans sa démence, ne voudra-t-elle pas se jeter sur l'épée de la France? Ne serait-ce pas un bien pour en finir une fois pour toutes avec tous ces fanfarons révolutionnaires? A Dieu seul de décider!2.

Tous les messieurs qui vous ont connu, Mr le Principal en tête, vous adressent leurs félicitations et leurs souhaits, et espèrent, comme moi, vous voir chez nous aux vacances prochaines. Je suis allé avant-hier passer quelques heures à Armentières; toute la famille de madame Dassonville, Melle Marie tout spécialement, vous prient aussi d'agréer leurs bons souhaits; ils ont tous conservé de vous le plus agréable sou­venir et voudraient aussi vous voir. L'abbé Dassonville m'a fait demander votre adresse, parce qu'il avait l'intention de vous écrire3.

Ici, rien de nouveau. L'hiver est rigoureux, et la misère va devenir très grande, par manque de travail pour l'ouvrier.

On vous a écrit sans doute de chez vous et l'on vous a dit que j'avais adressé une lettre pour vous à La Capelle, et pour Mr Henri, ne sachant si vous étiez parti ou non. Priez pour moi comme je prie pour vous et votre famille. Je vous embrasse de tout cœur.

Votre ami

Boute

1 Cf en NHV VI, 36 une large citation de ce début de lettre.

2 Il s'agit de la fameuse déclaration du ministre Rouher au parlement le 5 décembre 1867 après Menta­na (cf LD 86, note 2).

3 Mr Boute était lui-même d'Armentières et par lui, Léon Dehon, pendant son séjour à Hazebrouck, était reçu dans la famille Dassonville pour les petites vacances (cf NHV 1, 27 r°).

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