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161.03

AD B.17/6.15.3

Ms autogr. 3 p. (21 x 13)

De l'abbé Desaire

Hauteluce 21 octobre 1869

Mon bon et bien cher Ami,

Que pensez-vous de moi et comment interprétez-vous un silence si prolongé? Pas en mal sans doute, mais vous soupçonnerez peut-être une indifférence fort grande ou une négligence bien coupable. Ne m'en veuillez pas, mon cher ami, car je souffre déjà plus que vous-même de ma honteuse paresse. Souvent fatigué par une maudite fièvre, presque toujours pris par des occupations occasionnées par des affaires de famille, et assez fréquemment en course, j'ai à chaque instant renvoyé l'accomplissement du de­voir de répondre a vos bonnes lettres. Et cependant, vous ai-je oublié un seul instant? Non certainement, car mon cœur ne se taisait pas du silence de ma plume; et quand je pensais ou que je priais, vous étiez et vous êtes bien toujours â mes côtés.

Hé oui, mon bien cher, plus que jamais je vois maintenant les choses se combiner harmonieusement pour me laisser la plus entière liberté et pour que le puisse dire à Dieu, si sa voix m'appelle; me voici… ecce venio ut faciam, Deus, voluntatem tuam. Je conduirai après-demain ma petite sœur au pensionnat des bonnes religieuses que nous avons à Moutiers et je ne désespère point de l'y voir rester! Quant à moi, le re­prendrai sous peu le chemin de Rome, mais seulement après la Toussaint, car j'ai de­sire demander une courte prolongation de mes vacances, pour rendre à ma santé tou­te sa vigueur. Il pourrait d'ailleurs se faire qu'en retardant un peu mon départ, je par­tisse avec notre bon Eveque de Tarentaise. Nous pouvons donc nous dire: à bientôt, et réserver pour les heureux moments où je vous aurai retrouvé tout ce que nous au­rons à nous communiquer comme résultat de nos observations de ces vacances. Que de fois j'ai été ému en relisant vos pages où vous me parliez des débuts de votre minis­tère et des impressions que vous en ressentiez: Qu'il vous aura été doux, après ces premiers essais, de rentrer dans cette chapelle de Ste-Claire où tant de doux souvenirs doivent se présenter à vous! Ne m'y oubliez pas, mon bon ami, et si chez vous, com­me en moi, nos résolutions persistent, confiez-les avec plus de ferveur encore que par le passé, à Celui qui nous montrera la voie, qui nous enseignera la vérité, qui nous donnera la vie.

Veuillez donner de mes nouvelles à nos bons Pères, surtout à celui auquel nous de­vons tant et duquel nous devons tout attendre. Dites bien aussi à tous les autres Pères que je ne suis pas mort encore et que j'espère leur revenir avec une santé non moins florissante que par le passé. Je partirai par mer en prenant le premier navire des Mes­sageries qui fera un voyage à Civita après la Toussaint.

Adieu; priez beaucoup pour moi et croyez toujours aux sentiments fraternels que je vous porte en Jésus.

C. Desaire

P.S. Je n'ai pas envoyé jusqu'ici vos reliquaires, ignorant si vous étiez à La Capelle. Je les adresserai à M. votre père avant mon départ. Si vous m'écrivez à Albertville avant Toussaint, veuillez me dire si je dois les envoyer à d'autres.

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