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157.01

AD B.17/6.11.1

Ms autogr. 4 p. (16 x 18)

De l'abbé Adhémar de La Ferrière

Coëthuan ce samedi 3 j. (juillet 70)

Monsieur et cher ami,

Depuis bien longtemps je vous aurais envoyé un mot particulier de souvenir et de remerciement pour toutes les bontés que vous m'avez témoignées cette année à moi, vilain enfant, qui avait, il est vrai, tout ce qu'il faut pour éloigner, mais, en revanche, rien de ce qui serait propre à attirer. Et pourtant, que d'excellents amis j'ai trouvés sur ma route: ce corps sténographique, si digne d'être au Concile et où tous me rece­vaient avec tant de bienveillance; puis MM. de Vareilles, Lequerre, Bourgeat, Billot et d'autres encore, que ma mémoire oublie peut-être maintenant, mais que mon coeur n'oublie pas devant N.S. Jusqu'à présent, le manque de temps m'a toujours empêché de mettre à exécution ce projet. D'ailleurs, que pourrais-je vous dire qui ne vous assomme? Mr Dugas me dit qu'il y avait des doutes sur vos vacances à tous comme demi-pères du Concile. Il faudra bien cependant que vous particulièrement, Monsieur, vous reveniez pour quelques semaines en France. Je vous en prie, soignez­-vous: vous n'avez pas le droit d'enlever à l'Eglise, à la société et à vos amis un homme de coeur, de talent et de vertus. Pardonnez-moi si je vous dis si crûment les choses. Je garde, malgré cela, pour mes conversations intimes, où le séminaire et ceux que j'y ai connus et appréciés reviennent si souvent, une expression plus juste de ce que je sens, mais qui blesserait une de vos plus belles vertus,. la modestie.

La date de la première communion de ma nièce ne m'a pas permis, à mon très grand regret, d'aller à Amiens. Et maintenant, selon toute probabilité, je ne ferai pas ce voyage avant l'année prochaine. Quand donc vous reverrai-je, Monsieur, je l'igno­re; mais je compte que vous penserez quelquefois dans vos saintes prières à celui qui vous a tant assommé parfois. Je compte écrire à un Père de la Providence, quand j'au­rai écrit quelques autres lettres. J'espère le pouvoir ces jours-ci. Je mettrai l'image de votre petit cousin dans une enveloppe et lui enverrai dans une lettre à ce Pèrel.

Je suis plus fatigué et plus affaibli que je ne l'eusse cru moi-même. Comme nous sommes à une lieue de la paroisse et qu'à cette époque-ci de l'année, les messes se di­sent de tres bonne heure, j'ai bien de la peine à en attraper une par-ci par-là. Je tâche pourtant de ne pas devenir plus mauvais que je ne suis. Tout mon entourage est bien malade et souffre cruellement; ma présence leur fait du bien, malgré quelques regrets arrachés par la nature corrompue. Priez aussi pour ces chères martyres, bien cher ami; votre nom est venu bien souvent sur mes lèvres depuis que je suis ici, moins sou­vent pourtant que dans ma prière.

Votre ami bien affectueusement et bien humblement reconnaissant et dévoué

Adh. de la Ferrière

Je vous en supplie, brûlez ou déchirez mes lettres dès que vous les avez lues. Je de­mande la même faveur à tous mes correspondants. Mes meilleurs souvenirs à MM. Bougouin, de Vareilles, Dubois (plusieurs noms rayés). Pardon du griffonnage: je vous avais chargé de commissions pour des gens auxquels j'écris.

1 La Providence: collège des Jésuites â Amiens, où sans doute était alors un petit cousin de Léon De­hon.

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