dehon_doc:cor:cor-1lc-1871-1016-0016304

163.04

AD B.17/6.17.4

Ms autogr. 3 p. (21 x 13)

De l'abbé Dugas

Mably près Roanne 16 octobre (1871)

Donc, mon cher ami, vous voilà en voie d'être vicaire… particulier d'abord. Je sais bien qui on pourrait féliciter, qui on pourrait plaindre; mais à vous, vous dois-je des félicitations, des condoléances? Je ne sais trop. Dans un sens, je vous plains pour tou­tes ces épreuves par où il plaît au bon Dieu de vous faire passer; et d'autre part, je vous félicite, parce que ces traverses mêmes prouvent que Dieu vous traite en homme fort, parce que surtout avant de trop raisonner, vous savez être docile, parce qu'enfin l'homme ne fait que proposer et c'est toujours Dieu qui dispose.

Il disposera tout pour le mieux. Si l'œuvre de Nîmes est vraiment une œuvre à fai­re fructifier, il saura bien vous y conduire; et si, au contraire, ces grandeurs, que je ne vous souhaite point et qui vous seraient plutôt une source d'humilité, venaient un jour vous chercher, je bénirais une fois de plus le bon Dieu, qui dispose alors même que l'homme ne propose rien du tout.

J'ai fini par recevoir une lettre du P. Desaire. Vous pensez bien qu'elle est remplie de vous, et vous savez s'il est désolé. Je comprends sa stupeur, mais je suis heureux de le voir persister quand même, c'est vraiment une vocation sérieuse.

Vous vous scandalisez de me voir courir encore les champs et les villes? Croyez bien cependant que ma résolution n'est point changée; il avait toujours été convenu que je prendrais à peu près deux mois de vacances, jusque vers la Toussaint, par con­séquent. Du reste, il devient moins probable que j'aille à Paris; je vous prie donc de ne pas me supplicier, comme ce pauvre Tantale et de ne plus me faire miroiter devant les yeux et le cœur un voyage à La Capelle.

Si jamais on m'envoie à Laon ou à N. D. de Liesse, on sera bien dur si on me refuse la permission de faire un petit crochet et d'aller vous voir dans votre vicariat. Pour le moment, je vais faire mon noviciat à Lons-le-Saulnier. C'est bien loin de vous, mais si par hasard vous retourniez à Rome, vous n'auriez pas le cruel courage de ne pas passer par là. Le 21 novembre, nous commencerons une retraite d'un mois; j'espère qu'ensuite nous pourrons encore recevoir quelques lettres, surtout venant d'âmes je­suites comme la vôtre.

J'envie bien votre bonheur d'avoir possédé ce cher abbé Bourgeat. j'espérais qu'il retour­nerait à Ste-Claire pour aider à le repeupler, et j'aurais pu alors le saisir au passage. J'ai en­fin secoué ma paresse et je lui ai écrit; je pense que maintenant il est content de moi.

Avez-vous eu des nouvelles de M. Billot depuis son ordination? Est-il déjà à An­gers?

A Dieu, cher ami. Ecrivez-moi encore une fois à Lyon avant ma sépulture; ne man­quez pas de me dire où est votre vicariat, s'il est grand, petit, etc. Je prie de tout cœur pour vous. En revanche, priez bien pour que je profite de ces gâteries que le bon Dieu me fait et dont vous êtes jaloux. Croyez-moi toujours.

Votre ami et frère en N. S.

Joseph Dugas

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