dehon_doc:cor:cor-1ld-1864-1125-0021711

217.11

B18/9.1.11

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Syra 25 novembre 1864

Chers parents,

Les dernières lettres que vous m'avez écrites se sont sans doute égarées, car je ne les ai pas trouvées à la poste d'Athènes: j'étais impatient d'y arriver, c'était inutile. J'ai reçu seulement une lettre de Mr Boute, une autre de Siméon et une de Mgr Dupanloup1.

Notre tour de Grèce s'est heureusement terminé et nous en sommes reposés par cinq jours du plus délicieux séjour à Athènes2. Outre qu'Athènes a plus de confortable que la province n'a de misère, elle est à elle seule plus intéressante que tout le reste de la Grèce.

Les chefs-d'œuvre de son art restés debout, son site charmant, ses souvenirs littéraires, tout concourt à laisser au cœur un regret quand on la quitte, comme à Venise et quelques autres villes. Sa littérature nous a intéressés à cette tribune de laquelle Démosthène savait captiver le peuple, à cet aréopage où se réunissait le tribunal vénéré même par les peuples étrangers. Ici, c'est l'Académie où Platon enseignait sa haute philosophie; là, c'est le Lycée d'Aristote ou le Portique de Zénon. J'attache moins d'importance au tombeau de Miltiade à Marathon et à celui de Thémistocle, vainqueur à Salamine, parce que les généraux de la Grèce étaient moins grands que ses littérateurs, et que les œuvres de ceux-ci sont plus durables.

Le voyage de Grèce est fécond en enseignements et la source de bien des études: il appelle la critique sur l'histoire primitive de la Grèce qu'il faudrait dégager de son voile mystique et faire sortir de la fable, et sur l'histoire moins ancienne qu'il faudrait réduire de l'exagération qu'y ont apportée ses auteurs par orgueil national.

Nous sommes ici dans les Cyclades, en route pour l'Égypte: dans quelques jours nous serons à Alexandrie, où j'espère trouver la lettre circulaire dont je vous ai parlé3.

Avec la Grèce, la partie la plus difficile de notre voyage est terminée; l'Égypte est bien plus sûre et plus civilisée, surtout depuis que les travaux de Suez y attirent un grand nombre d'européens.

Nous allons vous expédier une petite caisse composée de nos livres sur la Grèce et de divers minéraux et curiosités. Quand vous la recevrez, vous trouverez, sous le couvercle, plusieurs journaux grecs; vous en enverrez deux ou trois à Mr Boute qui les demande4. Pour le reste, j'aime autant défaire moi-même la caisse à mon retour.

Je crains que vous n'ayez attendu au dernier jour pour m'écrire à Athènes, et que ce soit là le motif pour lequel je n'ai point reçu de lettre: je vous engage alors à me répondre immédiatement une autre fois.

Vous pouvez m'écrire au Caire. Embrassez pour moi Laure et Henri et toute la famille.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon

Rappelez-moi au souvenir de la famille Fiévet5 et de tous ceux qui s'intéressent à moi. J'ai demandé à Athènes qu'on fît suivre au Caire les lettres qui arriveraient trop tard.

1 Sur Mr Boute cf. LD 3 note 2. La lettre reçue est celle du 13 nov. 1864 (LC 10). Léon y répond de Syra (cf. lettre de Mr Boute LC 11). Sur Siméon et Mgr Dupanloup cf. LD 4 note 3.

2 Du 15 au 25 novembre: de Chéronée à Syra (Syros), par Orchomène-Livadie (16 nov.), Thespis-Leuctres-Platée (17 nov.), Thèbes-Chalcis (18 nov.), Aulis-Delium (19 nov.), Rhamnon-Marathon (20 nov.), le Pentélique (21 nov.), Athènes (22-26 nov.). En VO IV pp. 88-119; NHV III, 48-52.

3 Ils ne quitteront Syra que le 3 décembre au matin et débarqueront à Alexandrie le 8. La lettre circulaire de crédit est demandée en LD 9.

4 Lettre de Mr Boute du 13 nov. 1864, LC 10.

5 Une famille amie de La Capelle, cf. LD 18 note 2.

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