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B18/9.1.18

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Le Caire 7 mars 1865

Chers parents,

Nous sommes de retour au Caire depuis deux jours1: j'y ai trouvé vos lettres du 27 et 28 janvier et 18 février. Je puis à peine croire à la mort de Mr Fiévet. C'était, après ma famille, la personne à laquelle j'étais le plus attaché à La Capelle; je pensais souvent aux longs récits que je lui ferais à mon retour, et ce sera un grand vide pour moi de ne pas le retrouver. Je désire que vous témoigniez toute ma compassion à Mme Fiévet et à ses enfants2.

J'espère que vous avez reçu régulièrement mes lettres d'Égypte. Depuis la dernière, nous avons heureusement couronné notre voyage par la visite des Pyramides3.

Les tombes royales sont de véritables montagnes bâties en pierres colossales. La hauteur des deux plus grandes surpasse celle de la flèche d'Anvers. L'une a 137 mètres et elle n'est pas complète. On leur attribue seulement deux ou trois siècles de moins qu'au déluge.

C'est après-demain que nous partons pour le Canal; quinze jours après, nous serons à Jérusalem.

Je ne compte pas voir Émilien Thomas4; il est bien éprouvé: il a perdu en peu de temps son père et son enfant.

J'ai trouvé ici une lettre bien aimable de Mr Boute5; je lui répondrai de suite; peut-être aurez-vous le bonheur de le voir à Pâques.

Je n'ai pas de nouvelles de Mr Vitet; je compte lui écrire demain6.

Je suis forcé de négliger un peu ma correspondance.

La plupart des objets que nous vous envoyons appartiennent à Palustre.

La boîte que vous avez reçue renferme du miel du mont Hymette. Palustre la destinait à sa belle-sœur. Bientôt vous recevrez une valise et deux caisses contenant nos souvenirs d'Égypte: outre quelques livres et minéraux, il y aura des antiquités parmi lesquelles de petits objets ont une grande valeur. J'espère que rien ne se perdra ni en chemin ni à La Capelle.

Je me ferai photographier à Jérusalem: d'ailleurs je n'ai pas quitté le costume européen; il est très respecté en Orient. Nous avons pris seulement la toque et le burnous. Vous ne me trouverez pas maigri.

Nous allons jusqu'à Jérusalem avec un de nos compagnons du voyage d'Égypte; nous avons toujours été bien d'accord et je suis avec Palustre comme le premier jour.

Nous séjournerons à Jérusalem jusqu'au mardi de Pâques. Nous accomplirons notre pèlerinage en règle; je prierai avec ferveur pour toute ma famille. Je reporterai pour souvenirs de nombreux objets de piété.

J'espère qu'Henri est parfaitement rétabli et que Laure continue à se bien porter.

Je voudrais persuader ma chère mère que je ne cours pas le moindre danger et qu'avec l'aide de Dieu, je lui reviendrai bientôt en bonne santé7.

Embrassez pour moi Laure, Henri, maman Dehon et particulièrement mon oncle et ma tante Vandelet qui sont si bons pour moi8 et mon oncle et ma tante Longuet9. Remerciez mon oncle et ma tante de Vervins de l'aimable lettre qu'ils m'ont écrite10.

Je vous prie encore d'assurer la famille Fiévet de mon dévouement.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon

Si vous croyez n'avoir pas le temps de me répondre à Jérusalem, écrivez-moi à Damas, au consulat de France (Syrie). Vous pouvez m'écrire à Jérusalem jusqu'au 27 de ce mois, par le bateau du 30.

1 Du 1er au 7 mars: excursion dans le Fayoum (2-3 mars), Memphis (4 mars), les Pyramides (5 mars); arrivée au Caire le 5 au soir et préparatifs pour Jérusalem. En VO V, 104 rº - 114 vº; NHV III, 122-128.

2 Cf. LD 11, 14, 17, 18 et aussi LC 11.

3 En fait, depuis le 22 janvier (départ sur le Nil) pas d'autre lettre au dossier que la dernière (celle du 1er mars) au retour «à 150 km du Caire».

4 Cf. LD 10, LD 14, LD 15.

5 Cf. LC 11, de Mr Boute, le 25 janvier 1865.

6 Cf. LD 9 (note 5).

7 Cf. recommandations de Mr Boute à ce sujet en LC 11.

8 Aucun oncle Vandelet (frère de la mère de Léon) dans la généalogie connue, qui ne présente que 4 filles (Sophie-Eléonore, Adèle-Stéphanie, Juliette-Mathilde et Juliette-Augustine). L'acte de mariage des parents de Léon (Dehon-Vandelet) fait état de deux oncles de l'épouse (deux frères de son père): Nicolas-Louis-Joseph (âgé de 41 ans, notaire alors à Étreux, à 20 km de La Capelle). Sans doute s'agit-il de ce dernier, alors âgé de 70 ans. Selon LC 15, ce pourrait être les Vandelet de Sommeron (?).

9 Cf. LD 14 (note 6).

10 L'oncle Félix Penant, époux de la tante maternelle Juliette-Augustine Vandelet, à Fontaines-les-Vervins (cf. LD 13 note 2).

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