dehon_doc:cor:cor-1ld-1866-0411-0021817

218.17

B18/9.2.17

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Rome 11 avril 1866

Mon cher père,

Je n'attends pas le délai ordinaire pour t'écrire, parce que c'est demain ta fête, et que je tiens à te faire part de mes souhaits1. Peut-être as-tu eu l'heureuse idée de choisir ce jour-là pour faire ta communion pascale; je suis sûr que tu n'y manqueras pas cette année. Tu as reconnu que c'était en même temps un devoir et une consolation. Demain je prierai ton patron pour toi dans cette intention.

Je compte bien que la petite indisposition dont tu souffrais il y a quelques jours n'aura été que passagère.

Tâche de te débarrasser de l'inquiétude et des préoccupations qui te poursuivent quelquefois. Pour cela, aie beaucoup de confiance en la providence. Remercie Dieu du bonheur de tes enfants et considère les choses et les événements au point de vue de l'autre vie.

Nous avons commencé hier notre second semestre d'étude: il ne sera pas long. Je suis heureux de faire une bonne philosophie. L'an prochain mon travail sera plus agréable encore, car il aura pour base en théologie les textes admirables de la Bible et des saints Pères. Mes compagnons vont recevoir la tonsure à la Trinité. Pour moi, je suis entièrement à ta disposition. Si tu me permettais de conserver mon habit de clerc, ce serait pour moi une source de grâces, une préservation et un grand bonheur, et tu en serais content toi-même après l'émotion du premier jour qu'il est inutile de retarder. Je te supplie donc de me donner cette permission2.

Le mardi de Pâques, nous avons eu un splendide feu d'artifice qui n'a pas pu être donné le lundi cette année à cause du mauvais temps. La pièce principale représentait une mosquée du Caire avec ses coupoles et ses minarets: c'était superbe. Il y a pour ces fêtes un emplacement unique: c'est une colline qui s'élève en face d'une plaine immense où se tiennent les spectateurs.

Le mercredi, j'ai commencé une excursion de touriste de quatre jours avec un confrère. Nous avons commencé par Tivoli, ville pittoresque, pleine des souvenirs des anciens poètes latins, et où un beau fleuve tombe en pittoresques cascades. De là nous avons remonté la vallée alpestre de l'Anio, où de pauvres villages sont singulièrement situés sur les hauteurs. À Vicovaro, une image miraculeuse de la Vierge attire des pèlerins surtout depuis trois ans et a ranimé la piété du peuple par de nombreuses guérisons miraculeuses et par un mouvement des yeux de l'image qui se reproduit presque tous les jours. Plus loin à Subiaco, la vallée devient plus sauvage. C'est là que saint Benoît fonda son ordre célèbre. Bien des souvenirs pieux s'y joignent à l'édification qu'inspirent plusieurs couvents modèles, riches aussi en œuvres artistiques du Moyen-Âge3.

Je crois que mon examen ne me laissera libre qu'à la fin de juillet.

Je te souhaite encore le bonheur et la paix de l'âme et te prie d'embrasser pour moi ma mère chérie, puis Henri, Laure, maman Dehon et Marthe, et mes parents de Paris si tu vas les voir.

Je t'embrasse de tout mon cœur.

Ton dévoué fils

L. Dehon

1 La Saint-Jules, le 12 avril selon l'ancien calendrier liturgique.

2 Ce sera la grande question de cette année 1866 et de l'année suivante, cf. LD 47 et LC 21; et en NHV V, 35-36.

3 Il fera encore cette excursion aux vacances de Pâques de 1868 (Tivoli, Vicovaro, Subiaco…); cf. NHV VI, 47-52.

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