dehon_doc:cor:cor-1ld-1866-0522-0021820

218.20

B18/9.2.20

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Rome 22 mai 1866

Chers parents,

Bien que j'attende une lettre incessamment, je vous écris après le délai ordinaire pour ne pas vous donner d'inquiétudes. Votre lettre du 27 avril était déjà à Rome quand je vous disais que je l'attendais, mais elle avait été remise à une autre adresse par erreur et je ne la reçus que plusieurs jours après. Je compte bien que la mienne sera parvenue plus exactement. Je vous priais d'envoyer 600 francs au P. Peureux (rue des Postes, 30) à Paris, pour que je puisse faire traite sur lui aussitôt que je saurai qu'il est nanti. Les traites sur Paris se changent très avantageusement à Rome. J'ai besoin de cette somme pour mon trimestre et pour mon retour.

Je ne puis pas fixer d'avance le temps de ma rentrée à La Capelle: j'aurai à tenir compte de mon désir de vous voir bientôt, de l'intérêt de ma santé et aussi de l'importance du travail et de l'examen.

Je n'ai rien de bien saillant à vous conter depuis quinze jours. Rome conserve son calme ordinaire pendant que toute l'Europe s'agite. Nous avons eu de belles fêtes pour la Pentecôte et nous reprenons notre travail à peine interrompu. La température se maintient bien fraîche et ne porte pas préjudice aux études.

J'ai reçu dernièrement une bonne lettre de mon oncle Dehon et de Marie. Ma tante va mieux, disent-ils, et se promet d'aller vous voir. Marie sait toujours semer son style des plus belles fleurs de la rhétorique1.

J'attends notre réunion pour m'entretenir avec vous de ma belle vocation et pour ramener chez vous la joie et la confiance en la providence. Je vous ai promis de retourner en habit laïc. C'est pour moi un sacrifice et une privation de grâces, mais il ne m'en coûte pas de vous donner cette satisfaction. Vous comprenez déjà tout notre bonheur et la sublimité de cette vocation et c'est sans doute par prudence que vous exigez ce dernier retard2.

Je ne vous ai pas conté, je crois, notre excursion à Ostie. C'était une fête de famille, il y a quelques semaines. Le gouvernement avait mis à notre disposition un petit vapeur pour descendre le Tibre jusqu'à la mer. Tout le séminaire y alla: ce fut une partie de plaisir qui avait surtout pour but la visite des ruines intéressantes que des fouilles ont découvertes à Ostie. On y joignit une tombola, des chants et un dîner champêtre sur le bord du fleuve. Ostie, l'ancien port de Rome, s'est trouvé enseveli sous les alluvions de la mer; des travaux récents ont mis à découvert une partie de la ville et les maisons sont conservées à mi-hauteur. C'est d'un intérêt moindre qu'à Pompéi, mais déjà bien important. Là aussi est la maison où mourut sainte Monique après les sublimes entretiens que saint Augustin nous rapporte. C'est maintenant une église3.

Je vous prie, en terminant, de m'écrire un peu plus souvent, si vous le pouvez. La taxe des lettres va, je crois, être diminuée.

Embrassez pour moi Laure, Henri, maman Dehon et Marthe. Mes compliments affectueux à Mme Fiévet.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon

1 L'oncle Dehon, Dehon de Paris, et leur fille Marie cf. LD 9 (note 4).

2 Cf. LD 47 (note 1)

3 Cf. Confessions IX, 23-28.

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