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218.32

B18/9.2.32

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Rome 20 décembre 66

Chers parents,

Je commence par vous rassurer sur les dangers que vous craignez pour moi. Il n'y a pas du tout de choléra à Rome et la paix y est aussi complète que pendant l'occupation française. Les français ont été remplacés par d'excellentes troupes très dévouées et l'on espère que l'ordre ne sera pas troublé. N'ayez donc pas d'inquiétude.

Ma santé ne laisse rien à désirer. Je suis plus fort même que l'année dernière. J'ai subi avant-hier un examen pour la tonsure et les ordres mineurs. Comme je vous l'ai annoncé dans ma dernière lettre, j'aurai le bonheur de recevoir la tonsure samedi prochain à l'ordination solennelle faite à Saint-Jean de Latran par le premier des cardinaux, qui est vicaire du Souverain Pontife pour le diocèse de Rome. Je recevrai le lendemain les deux premiers ordres mineurs et quelques jours après les deux derniers ordres mineurs. C'est un grand pas vers le sacerdoce, qui oblige à une grande sainteté de vie et qui nous obtient de grandes grâces.

Nous aurons de Noël au premier janvier quelques jours de vacances. Je les emploierai à approfondir ce que nous avons étudié depuis la rentrée, et je ferai quelques promenades dans Rome avec Mr Poisson et Palustre. Mr Poisson est arrivé le 7 de ce mois et Palustre le 9. Je les vois plusieurs fois par semaine au parloir pendant les récréations et je suis déjà allé deux fois en promenade avec eux. Mr Poisson est logé au séminaire même. Grâce à notre règlement ils ne me font pas perdre de temps pour mes études1.

Ma lettre vous arrivera quelques jours avant le 1er janvier. Cependant, bien que ce soit un peu prématuré, je lui confie mes souhaits. Je désire pour vous la santé et la prospérité temporelle, et surtout la paix du cœur et l'avancement dans le chemin du salut. J'espère que ces désirs seront remplis et pour cela je prierai avec ferveur surtout pendant ces jours de grâce et de recueillement où je serai plus près de Dieu. Mon affection et ma piété filiale envers vous s'accroissent chaque jour et souvent la pensée de la reconnaissance que je vous dois remplit mon cœur d'émotion. Je me demande alors ce que je pourrais faire pour vous; je prie et je m'efforce de vous satisfaire en devenant par un travail assidu et par un grand recueillement un prêtre digne de ce nom. J'attribue à la bonne direction que vous m'avez donnée dans mon enfance la grâce de la vocation et du zèle que Dieu m'a donnés. J'en rends grâce surtout à ma chère mère qui m'a toujours donné en même temps le précepte et l'exemple de la sainteté. Je vous prie de transmettre mes souhaits à mes oncles de La Capelle, de Dorengt, du Nouvion et de Vervins. J'écrirai seulement à Paris, parce qu'ils sont les aînés et qu'ils sont dans le malheur. Présentez aussi mes vœux de bonne année à Mr le doyen, à Mme Fiévet et aux autres personnes qui s'intéressent à moi2.

Je joins une petite lettre à celle-ci pour Henri et Laure et une pour maman Dehon.

Ayez la bonté de me mettre de temps en temps quelques timbres français dans vos lettres, parce que je n'en trouve pas très facilement à Rome.

Je vous embrasse de tout cœur et le ferai de nouveau en esprit le 1er janvier.

Votre dévoué fils

L. Dehon

1 De ces promenades, les NHV (V, 75-106) rapportent longuement les fruits: «L'art à Rome - Musées et galeries».

2 Les parents de Paris, à Montmartre, sont en effet les aînés du côté Dehon comme du côté Vandelet. Leur malheur n'est pas précisé. Selon LD 54, «ils sont contents de leurs affaires»; il s'agit sans doute de la santé de la tante, Sophie-Éléonore, qui avait assez mauvaise mine et qui, de fait, mourra prématurément.

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