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B18/9.2.33

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Rome 26 décembre 66

Chers parents,

Je vous écris sous l'impression du bonheur et de la joie que j'éprouve en ces jours de grâce et de bénédiction où le Seigneur nous comble de ces bienfaits. Combien je regrette de ne pas vous avoir eu auprès de moi pour vous faire participer à ces délicieuses jouissances que le monde ne connaît pas. J'ai beaucoup prié pour vous et j'espère que Dieu vous comblera de ses bénédictions. C'est samedi que, recevant la tonsure des mains du cardinal vicaire, je me suis consacré à Dieu et à son service. C'était à la grande ordination de Saint-Jean de Latran au milieu d'une pompe et d'une solennité touchantes. Mr Poisson et Palustre y assistaient. Ils étaient très émus et pensaient au sacrifice que vous faites. Dimanche j'ai reçu les deux premiers ordres mineurs et aujourd'hui même les deux derniers. Hier, j'ai assisté à Saint-Pierre à la belle solennité de Noël qui a été célébrée avec toute la pompe et le recueillement ordinaires. Bénissez Dieu avec moi de tant de grâces, d'honneurs et de bénédictions et ne regrettez qu'une seule chose, c'est que j'en sois bien indigne. Tous les autres regrets sont vains et contraires à la volonté de Dieu. C'est là la vérité. Je n'ai pas fait ce pas inconsidérément, mais selon l'inspiration de Dieu et le conseil de mes plus sages directeurs et conseillers et de ceux mêmes que vous vénérez le plus et qui vous sont le plus dévoués, et en négligeant votre inquiétude du moment, je vous ai préparé pour l'avenir un grand honneur et une grande joie. Vous reconnaîtrez la grandeur des faveurs de Dieu et vous comprendrez qu'un fils qui se consacre à lui ne s'éloigne pas de ses parents, mais au contraire s'attache à eux plus spécialement, plus véritablement et plus entièrement, en ne se créant pas une nouvelle famille. Je croyais du reste vous avoir dit souvent que je recevrais à Noël la sainte tonsure et je crois même vous l'avoir écrit à la Trinité dernière quand mes confrères l'ont reçue. Si je ne l'ai pas fait, je vous en demande pardon.

J'espère que vous allez retrouver la joie et la paix du cœur et je vous supplie d'unir pour cela vos prières aux miennes. C'est aujourd'hui St Étienne. C'est en latin le même nom que Stéphanie. C'est donc ton patron, chère mère, je vais prier pour toi auprès de ses saintes reliques et je te souhaite en même temps une bonne fête sous le patronage de ce saint martyr qui te témoignera sa protection en bénissant aujourd'hui l'ordination de ton fils.

Je vais reprendre mon travail assidûment et m'efforcer de croître en même temps en science et en vertu. Rome est aussi tranquille qu'elle ne l'a jamais été. Personne ne s'inquiète ici et on prépare des fêtes splendides pour le mois de juin prochain. Nous verrons ici les évêques du monde entier1.

Ma santé est parfaite et je ne souffre pas même de maux de dents ni d'engelures comme il m'arrivait quelquefois l'année dernière. Nous avons une très bonne saison et les fêtes de Noël ont amené à Rome beaucoup d'étrangers comme d'ordinaire. Plusieurs de mes confrères ont ici leurs parents. Nous allons avoir pendant quelques jours encore de très belles fêtes, St Jean, St Sylvestre, la Circoncision et l'Épiphanie, je prierai pour vous et pour tous les nôtres, vivants et morts.

Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon et Marthe. Offrez mes respects à Mr Clavel et à Mme Fiévet.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon

Priez quelquefois votre fils premier-né qui est un ange au ciel et qui a obtenu de Dieu que son frère lui soit consacré sur terre2.

Si quelqu'un vous demande à quel degré je suis dans les ordres, dites que je suis minoré, c'est la formule ordinaire.

1 Les fêtes du centenaire de la mort des Apôtres Pierre et Paul.

2 Le petit Léon, mort à quatre ans, quelques mois avant la naissance du P. Dehon (cf. NHV I, 2 vº).

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