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B.18/9.2.34

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

A ses parents

Rome 7 janvier 67

Chers parents,

Voici vingt jours que je n'ai pas reçu de vos nouvelles. Je suppose que la poste a égaré une lettre, à moins que les fêtes de la noce et du jour de l'an n'aient absorbé tout votre temps. C'est pour moi une grande privation1.

Je ne veux pas attendre plus longtemps à vous écrire, pour ne pas vous inquiéter. J'espère que vous avez reçu mes lettres du 18 et du 26 dé­cembre2.

Nos petites vacances se sont très bien passées. Je ne suis guère sorti à cause des ordinations et je me suis un peu reposé. Au 1° jour de l'an, n'ayant point à faire ni à recevoir de visites officielles, j'avais l'esprit plus libre pour prier pour vous. Nous avons fêté pieusement la Circonci­sion. J'ai écrit seulement à Mr Boute, à Mr Dehaene, à mon oncle De­lion, et depuis à Mgr Dours. J'ai reçu une bonne lettre de Mr De­miselle3.

Le 2 janvier nous avons repris le travail, et hier nous avons fêté l'Epi­phanie. Le Saint-Père nous avait envoyé des gâteaux, il en reçoit beau­coup des familles nobles et des couvents à l'occasion de la fête des Rois et il en donne à tous les séminaires.

Rome est excessivement calme comme d'ordinaire et personne ne s'inquiète. Il y a bien des motifs d'espérer que la paix la plus complète continuera à régner. Je pense que les journaux français n'ont plus la fâ­cheuse et ridicule idée de vous annoncer sans raison le choléra qui n'a pas du tout régné à Rome.

Palustre et Mr Poisson sont encore ici pour longtemps je crois; je les vois rarement, ils visitent Rome et Palustre écrit et prépare un ouvrage qu'il publiera plus tarde. Mr Poisson doit prêcher demain dans une des principales églises de Rome. Comme l'Epiphanie est la fête de la mani­festation de la Rédemption aux nations, il y a à Rome, qui est le centre de l'Eglise, pendant l'octave de cette fête, des messes dans tous les rites catholiques et des sermons dans toutes les langues. C'est à cette occasion que Mr Poisson fera un sermon français. C'est une démonstration frap­pante de l'unité et de l'universalité de l'Eglise catholique.

J'ai été obligé, ces jours derniers, d'acheter un bréviaire pour com­mencer à apprendre à le réciter, et deux ouvrages théologiques. Cela joint à mes dépenses ordinaires m'a presque ruiné, et cependant j'aurai à la fin du mois un trimestre de pension à payer. J'espère qu'il vous sera facile de m'envoyer quelques centaines de francs. Je vous coûte beau­coup et je ne demande pas volontiers, mais je compte sur votre générosi­té qui ne m'a jamais fait défaut. Vous pourrez m'envoyer une lettre re­commandée par la poste, avec la valeur déclarée, en mettant sur l'adres­se: «Par Marseille».

8 janvier.

J'ai attendu en vain une journée de plus et je ne reçois pas encore de lettre. Je ne suis pas inquiet, mais c'est pour moi une grande privation. Je suis parfaitement heureux d'être consacré à Dieu et je travaille avec zèle. Je regrette de ne pouvoir vous faire sentir mieux mon bonheur pour que vous le partagiez.

Embrassez pour moi Henri, Laure, Marthe et maman Dehon et faites mes compliments aux personnes qui s'intéressent à moi.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon

1 Apparemment il s'agit d'un troisième mariage (outre ceux d'Aline Née et d'Alice Fiévet dont il a déjà été question et qui ont dû avoir lieu en avril-mai précédent (cf. LD 46, 47, 49, 56, 59 et LC 21).

2 En fait les lettres du 20 et 26 décembre.

3 Cf. LC 25.

4 «De Paris à Sybaris - Etudes artistiques et littéraires sur Rome et sur l'Italie méri­dionale», publié en 1868 - cf NHV V, 75 et VI, 64, et aussi LD 96.

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