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218.36

B18/9.2.36

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Rome 22 janvier 67

Chers parents,

Bien que j'aie écrit hier à Henri, je vous accuse immédiatement réception, pour vous tranquilliser, des cinq cents francs qui me sont arrivés aujourd'hui très exactement. Il est très rare que la poste perde des lettres chargées, cependant pour plus de sûreté nous emploierons une autre fois un autre moyen. Je pourrai, comme l'an dernier, faire traite sur vous ou sur une maison de Paris. Ces cinq cents francs me conduiront facilement jusqu'au mois de mai. Je les ménagerai.

Je vous engage à ne pas remettre le voyage de Paris, il faut prendre la maladie à ses commencements et ne pas la laisser s'aggraver. Si vous attendez le temps de l'exposition, ce ne sera plus un voyage de santé et maman se fatiguera plutôt que de se soigner. D'ailleurs j'espère que nous visiterons ensemble l'exposition au mois de juillet. Mon séjour à Paris ne serait pas pour moi une partie de mes vacances si je ne vous avais pas avec moi. Ce double voyage n'augmentera pas beaucoup vos dépenses: vous ferez cette fois un séjour un peu moins long et les frais d'aller et retour ne sont pas considérables.

Il paraît qu'il fait en France un bien rude hiver. Ici il pleut souvent cette année, mais il ne fait pas froid. Je ne fais jamais de feu dans ma chambre et je n'en sens pas le besoin. L'état politique de la ville est parfaitement calme et le gouvernement a déjà établi des ateliers pour préparer les grandes fêtes du mois de juin1. Toutes les inquiétudes ont disparu.

Je n'ai encore reçu cette année de nouvelles de Siméon. Je lui ai écrit une lettre qui ne lui est peut-être pas parvenue. Si vous le voyez à Paris, dites-lui de penser à moi.

Henri et Laure ne m'ont pas donné l'adresse d'Aline; ne manquez pas de me l'envoyer pour que je puisse répondre à son aimable lettre. Lavisse ne m'a pas annoncé son mariage; il serait bien aimable de m'écrire à titre d'ami et de cousin2.

Je déplore le malheur de Mme Antoine et je la plains surtout de n'avoir pas pu donner à ses fils des principes religieux. Le premier est mort sans recevoir les sacrements, et cependant sa mort était prévue et attendue. Le regret de la mort ne dure que quelques années, mais celui de la damnation durera toute l'éternité3.

Donnez-moi des nouvelles de la santé de ma tante Vandelet et de Gaston4.

Si vous avez encore quelques moments de peine et de contrariétés, au lieu de remettre à m'écrire, écrivez-moi plus souvent: une peine partagée est à moitié consolée. Et puis n'oubliez jamais que personne au monde ne vous aime plus que moi.

Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon et Marthe.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

Léon

1 La célébration du centenaire du martyre des apôtres Pierre et Paul en 67.

2 Cf. la parenté de Léon Dehon: Aline, Lavisse.

3 Mme Antoine: pas autrement identifiée, sans doute de La Capelle.

4 La tante Vandelet, Juliette-Mathilde, épouse Longuet, du Nouvion, mère de Laure et d'Aline: Gaston est l'enfant d'Aline, de son premier mariage avec Gaston Née.

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