dehon_doc:cor:cor-1ld-1867-0502-0021844

218.44

B18/9.2.44

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À son père

Rome 2 mai 1867

Mon cher père,

Ta lettre exprime de bons sentiments religieux, et elle m'a fait bien plaisir. Tu reconnais la nécessité de bien prier et tu remets à faire tes pâques seulement parce que tu t'en crois indigne. Que ce ne soit pas cela qui t'arrête. Le sacrement de pénitence est un remède, comme l'a dit Notre-Seigneur, il est donc fait pour ceux qui sont malades plutôt que pour ceux qui sont bien portants. Tu désires vivement que j'attende encore pour recevoir le sous-diaconat. Mon directeur avait décidé que je le recevrais à la Trinité, et c'est aussi l'avis de Mgr Dours. Cependant mon supérieur me permet de retarder jusqu'à Noël pour te faire plaisir. Tu comprends quel immense sacrifice c'est pour moi, de quelle dignité, de quelle abondance de grâce, de quelle force je me prive. Mais je désire avant tout voir disparaître cette tristesse à laquelle tu te laisses aller sans motif.

J'aurais bien le droit de demander que tu fasses aussi un petit sacrifice, non pas tant dans mon intérêt que dans le tien, pour que tu retrouves cette paix de la conscience, qui est la source de toute joie et de tout bonheur, comme tu l'as ressenti toi-même. Mais je ne veux pas t'imposer cela comme condition. J'aime mieux que tu le fasses de bien bon cœur, en donnant bien généreusement à Dieu le peu qu'il demande de toi. La loi de Dieu n'est pas bien lourde: «Goûtez et voyez, dit l'Écriture, combien le Seigneur est doux»; et Notre-Seigneur a dit: «Mon joug est doux et mon fardeau léger.» Tu sais et tu as senti toi-même quelle joie intérieure et quelle tranquillité on trouve quand on a sa conscience en règle. Fais cela dans ton propre intérêt, c'est facile et tu seras bien heureux après.

Je ne puis pas encore fixer l'époque de mon retour. Il faut attendre que les cours soient à peu près finis. J'espère que n'aurons pas à Paris de trop grandes chaleurs. Je pourrai du reste retourner par terre. C'est maintenant aussi rapide que par mer, grâce à l'ouverture de nouveaux chemins de fer.

Palustre est parti hier pour Paris; il va aller passer un ou deux mois dans sa famille; il sera à Paris pendant le mois de juillet, et il ira passer quelques jours à La Capelle pendant les vacances. Mr Poisson est maintenant à Naples. Il partira dans huit jours pour Paris, par Florence et Venise.

Le jour même où j'ai reçu votre lettre, l'économe de la maison m'a remis ici 500 francs, sans aucun frais. Je lui ai laissé 240 francs pour le dernier trimestre.

Notre travail est repris depuis trois jours. Les vacances de Pâques se sont bien passées. J'ai fait deux charmantes excursions de deux jours chacune avec Palustre. Cela fait une utile diversion aux études. Je n'ai pas, comme les collégiens, le bonheur de vous voir à Pâques, mais en revanche j'aurai de plus longues vacances qu'eux.

Embrasse pour moi ma chère mère et remercie Dieu avec elle de ce qu'il donne à vos enfants le bonheur et la santé.

Embrasse aussi pour moi maman Dehon. Je t'embrasse de tout cœur et j'attends de toi prochainement une lettre bien bonne et bien gaie.

Ton dévoué fils

L. Dehon

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