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218.46

B.18/9.2.46

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

A ses parents

Rome 20 mai 1867

Chers parents,

Bien que j'attende de vous une lettre de jour en jour, je ne puis remet­tre d'avantage à vous écrire. je n'ai du reste rien de bien saillant à vous dire. je n'ai reçu aucune lettre depuis quinze jours et j'ai été occupé uni­quement de mon travail. Le temps passe rapidement et nous aurons bientôt le bonheur de nous retrouver ensemble. Je ne pourrai pas avan­cer mon retour autant que je le désirerais, parce que, si je ne suis pas fa­tigué, je prendrai part probablement à quelques-uns des concours du mois de juillet.

je n'ai plus maintenant de connaissance à Rome en dehors du sémi­naire. Palustre est déjà à Paris et Mr Poisson est parti il y a quelques jours pour visiter le nord de l'Italie.

On continue à préparer les fêtes du mois de juin. On couvre Saint-­Pierre de tentures et de décorations. Ce sera pour nous bien imposant et bien solennel d'assister à cette réunion de plusieurs centaines d'évêques; mais ce ne sera pas pour les étrangers un moment favorable pour voir Rome. La foule sera trop grande, et les chaleurs trop fatigantes. Il règne une très grande activité dans la ville pour les préparatifs. Le peuple espè­re profiter de ces fêtes comme à Paris on profite de l'exposition. La mu­nicipalité fait ouvrir et réparer plusieurs rues et construire un pont sup­plémentaire, sur le Tibre. Les évêques commencent à arriver.

Ces fêtes et notre projet de réunion à Paris auraient pu être entravés par la guerre. Grâce à Dieu elle n'aura pas lieu1. On a fait ici des prières ferventes pour la paix, il y a aussi en ce moment des prières publiques pour demander à Dieu les lumières dont l'Eglise à besoin pour pronon­cer avec infaillibilité les canonisations qui auront lieu le mois prochain. Parmi les bienheureux qui seront élevés au nombre des saints, il y aura la bienheureuse Germaine Cousin, simple bergère du diocèse de Tou­louse. Le dernier français qui a été béatifié était Benoît Labre, un pau­vre mendiant. Parce qu'ils ont méprisé les grandeurs humaines, Dieu les glorifie d'un façon bien plus sublime2.

Je reçois à l'instant une lettre de Mr Dehaene qui m'annonce qu'il ar­rivera à Rome vers le milieu du mois prochain avec MM. Masselis et du Villiers; l'un aumônier des Ursulines de Gravelines et l'autre, doyen de St. Jean-Baptiste à Dunkerque. Je tâcherai de leur être aussi utile que possible3.

Mr Boute va bien et promet d'aller nous voir aux vacances à La Ca­pelle.

Je suppose que c'est une grande photographie et non pas un simple portrait-carte que désire ma tante Juliette. Dites-le-moi prochainement.

Ecrivez-moi sans retard.

Je vous embrasse bien tendrement et vous prie d'embrasser pour moi Henri, Laure, maman Dehon et Marthe. Je serai bien heureux de les re­voir tous.

Votre dévoué fils

L. Dehon

1 F LD 70 (note 2). La guerre, comme on sait, devait avoir lieu en 1870.

2 Germaine Cousin, de Pibrac (1579-1601), née infirme. Simple bergère, méprisée pen­dant sa vie, elle fut vénérée dès sa mort, béatifiée en 1854 et canonisée le 29 juin 1867. Benoît Joseph Labre (1748-1783): après plusieurs tentatives de vie monastique, se fit «vagabond de Dieu», dans la pauvreté et vivant d'aumônes. Sa mort à Rome fut suivie de nombreux miracles. Il fut béatifié en 1861 et canonisé en 1881.

3 Lettre non conservée.

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