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B18/9.2.48

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Rome 20 juin 67

Chers parents,

C'est aujourd'hui qu'a commencé la série des belles fêtes que nous allons avoir pendant trois semaines. Nous avons eu ce matin la belle procession du Saint-Sacrement sur la place Saint-Pierre décorée de tentures et remplie d'étrangers. Après tous les ordres religieux et le clergé des basiliques venaient trois cents évêques de toutes les parties du monde pour escorter le Saint-Sacrement. Les évêques et les patriarches des rites orientaux avec leurs riches costumes sont une marque frappante de l'unité de l'Église et nous font espérer le retour de ceux de ces peuples qui sont encore schismatiques. Le Saint-Père portait le Saint-Sacrement sur sa Sedia. Il était sublime de piété et de dignité1.

Les étrangers affluent à Rome. Le clergé français y est le plus nombreux. Mgr Dours n'est pas encore arrivé. Dans quelques jours nous aurons la reine d'Espagne. Grâce à Dieu, depuis huit jours nous avons eu quelques pluies et le temps est très frais pour la saison. C'est très heureux pour les étrangers. Il n'est pas du tout question de maladies et j'espère que les journaux vous ont déjà rassurés sur ce point. Le projet de voyage de Pie IX à Paris me paraît être une pure invention des journaux de Paris. Il sera trop fatigué pour voyager et il a des occupations plus sérieuses. Du reste, bien qu'il approuve l'exposition en elle-même en tant qu'elle a pour but le progrès des arts et de l'industrie, il reconnaît qu'en fait elle aura surtout pour résultat d'exciter dans les esprits la passion du luxe et de la richesse et d'éblouir les hommes de notre temps déjà trop portés au matérialisme.

Les fêtes dureront jusqu'au 6 juillet. Les concours du Collège romain auront lieu du 10 au 30. Je compte prendre part à deux ou trois concours, aussi je ne puis encore vous fixer l'époque de mon retour2. Ce sera pour vous un petit sacrifice de ne pas voir les souverains étrangers qui sont maintenant à Paris. Mais nous aurons le bonheur d'être ensemble et en somme on paie bien cher le plaisir d'apercevoir un souverain par l'ennui des cohues qu'occasionne leur passage. Il faudra faire en sorte de nous loger ensemble. Je ne suis pas fatigué des chaleurs et je me porte encore mieux cette année que l'année dernière. Mon argumentation de théologie s'est bien passée. Ce n'était pas du reste très important.

Je tâcherai de m'acquitter de la commission de ma tante Juliette, bien qu'elle ne soit pas facile. Je crains que les prix ne soient un peu plus chers cette année à cause de l'affluence des étrangers.

Mr Dehaene est à Rome depuis plusieurs jours et je n'ai pas encore pu le rencontrer, bien que nous ayons fait plusieurs démarches pour nous voir.

Demain c'est la fête de St Louis de Gonzague, le patron du Collège romain. Il étudiait sur les mêmes bancs que nous et son glorieux tombeau est dans l'église du Collège, richement orné par les dons des familles qui l'invoquent pour leurs enfants. Les quinze cents élèves du Collège romain recevront la communion de la main d'un cardinal.

Je ne tarderai pas beaucoup à vous écrire.

Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon et Marthe. Mes compliments au cousin Foucamprez.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon

1 Les fêtes ont commencé le jour de la Fête-Dieu (Corpus Christi) cf. NHV V, 109-110.

2 Sur ces concours cf. NHV V, 111.

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