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B18/9.2.59

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Rome 31 janvier 68

Chers parents,

Je suis heureux que l'on soit généralement bien portant dans notre famille et que les travaux de papa marchent bien. Quant à moi, mes journées se ressemblent et passent rapidement entre le travail et la prière. Je n'ai qu'à me louer de ma santé!

Palustre vient d'éprouver un malheur de famille qui lui est très sensible. Voici en quels termes il me l'annonce: «J'ai été subitement rappelé à St-Maixent. Mon oncle, que j'avais laissé une semaine auparavant en parfaite santé, venait de succomber à une attaque d'apoplexie foudroyante, sans avoir le temps de reconnaître seulement les siens.» C'est encore un exemple que Dieu dans sa miséricorde donne à ceux qui ne sont pas prêts à paraître devant lui. Ne conservons pas de péchés mortels sur la conscience. Si nous en avons, faisons-en de suite un acte de contrition avec la ferme intention de nous en confesser bientôt. Dieu ne demande pas beaucoup de nous. Ne nous exposons pas à la damnation éternelle.

Tu me dis, chère mère, que tu es privée de la sainte communion et des sacrements. Je t'engage à bien profiter des petites peines que Dieu t'envoie. C'est un des plus féconds moyens de sanctification. Il faut endurer toutes nos souffrances et nos mortifications en union avec la Passion de Notre-Seigneur. Puisque notre vie est parsemée de souffrances, le parti le plus sage est de les faire servir à notre salut.

Tu pourras t'aider de ces quelques considérations qui sont le fond de l'enseignement de l'Église. La mortification et l'acceptation des peines qui nous viennent de Dieu ou du prochain, sont d'abord un sacrifice d'expiation pour nos péchés et une satisfaction à la justice de Dieu en union avec les mérites de Notre-Seigneur. C'est en second lieu un tempérament et un remède à la tendance de notre nature corrompue vers l'orgueil, les jouissances sensuelles et les vanités. C'est en troisième lieu une reconnaissance de la puissance de Dieu et de son droit absolu sur nous. C'est enfin un sacrifice méritoire qui nous obtient des grâces abondantes pour nous et pour ceux pour lesquels nous prions. Si nous faisons de bon cœur ce petit sacrifice, Dieu nous récompensera généreusement.

Je t'engage aussi à relire les leçons de piété douce et facile que donne St François de Sales dans son Introduction à la Vie dévote. C'est un livre écrit pour des personnes vivant dans le monde et même à la cour. St François de Sales le fit à la demande du roi Henri IV. J'engage fort papa à en lire quelques chapitres. Il verra que Dieu ne nous demande rien au-dessus de notre faiblesse.

Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon et Marthe.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon

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