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B18/9.2.67

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Rome 28 mai 68

Chers parents,

Je n'ai pas reçu de nouvelles de vous depuis trois semaines. Je suppose qu'une de vos lettres se sera perdue. Vous me répéterez ce qu'elle contenait de plus important. Je suis désireux de savoir comment va Laure. Je prie tous les jours la Sainte Vierge pour elle1.

J'espère que vous aurez lu volontiers les longs détails que je vous ai adressés il y a huit jours sur l'ordination du diaconat. C'est aujourd'hui que commence la retraite préparatoire. J'en ai fait part aux mêmes personnes que pour le sous-diaconat. Je ne puis écrire à mes oncles parce qu'ils sont fort nombreux. Je compte sur vous pour les prévenir. Vous unirez vos prières tout spécialement aux miennes le jour de l'ordination, le 6 juin, et si vous le pouvez, quelques-uns de vous iront à la messe ce jour-là. L'ordination sera nombreuse et très imposante. Il y aura du séminaire français sept prêtres, trois diacres et trois sous-diacres. Parmi les prêtres, il y a un jeune homme qui a fait avec moi tout son cours de droit à Paris. Parmi les diacres, il y a Mr de Maindreville, dont le frère est président du tribunal civil de Dunkerque et ami de Vandelet. Parmi les sous-diacres, il y a Mr Bernard de Lille, neveu du député Mr Kolb-Bernard, et ancien élève de Marcq2.

Nous avons eu, jeudi dernier, une des cérémonies les plus imposantes de Rome. C'est la bénédiction papale qui se donne le jour de l'Ascension, non pas à Saint-Pierre, mais à Saint-Jean de Latran. C'est un spectacle aussi splendide que touchant. Le Saint-Père est porté au balcon de la belle façade de Saint-Jean, au milieu des cardinaux. L'immense concours de peuple n'est pas comme à Saint-Pierre réuni sur une place entourée de colonnades, mais sur une immense avenue plantée d'arbres et inclinée vers la campagne, où le fond du tableau est formé par les montagnes de la Sabine, reliées à Rome par les antiques aqueducs qui en apportent les eaux. Quand le Saint-Père se lève majestueusement et prononce la bénédiction de sa voix encore ferme et puissante, tout le peuple s'agenouille ému et recueilli. Tous les cœurs sont unis pour demander à Dieu avec le Saint-Père le triomphe du bien et le salut des âmes. Comme ces spectacles sont bien faits pour ranimer la foi et fortifier le zèle!

Recommandez-moi à la Sainte Vierge le jour de l'ordination.

Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon et Marthe.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon, s. diacre

1 Sa belle-sœur Laure était alors enceinte de son second enfant, Laure-Amélie-Henriette, qui devait naître le 13.06.1868

2 Le prêtre doit être Mr Gilbert de Troyes, déjà théologien à l'arrivée de Léon Dehon au séminaire en 1865 (cf. NHV IV, 147). De Mr de Maindreville il a été question en LD 58 et 91, et de Mr Bernard de Lille en LD 77, 78, 91 (cf. NHV IV, 144).

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