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219.01

B18/10.1

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À Léon Palustre

Rome 15 janvier 69

Mon cher ami,

Tes vœux sont accomplis, te voilà chef de famille. Je t'en félicite et je suis persuadé que tu y trouveras ton bonheur. Mes souhaits et mes prières t'accompagnent dans ce grand acte de ta vie. J'ai offert pour toi mardi dernier le saint sacrifice. J'espère que Dieu bénira ton mariage. J'attends de toi non seulement que tu conserves les principes religieux que tu as toujours professés, mais encore que tu les propages par tes écrits, quand tu en auras trouvé le loisir après avoir consacré quelque temps aux réjouissances qui doivent accompagner un si heureux mariage et à l'installation de ta maison.

Tu me manquais le 19 décembre. On est heureux en ces grands jours d'avoir près de soi des amis qui vous aident à demander les grâces de Dieu et qui participent à vos joies. J'avais au moins mon père et ma mère, ce que je n'avais jamais espéré. Ce fut pour eux et pour moi une source d'émotions que tu peux te figurer. La cérémonie si imposante de l'ordination, le pouvoir mystérieux et surnaturel dont Dieu revêt ses prêtres, tout cela impressionne par soi-même; mais quand de plus un père et une mère ont là leur fils qu'ils donnent à Dieu pour en recevoir tant de grâces, leur cœur ne peut battre froidement et leurs yeux ne peuvent rester secs. Je ne te décrirai pas les consolations dont Dieu accompagne ses grâces. Tu les as quelquefois goûtées.

Le lendemain, j'avais le bonheur d'accomplir pour la première fois l'acte si saint que je renouvellerai tous les jours de ma vie, le sacrifice du Corps et du Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C'est une source quotidienne de grâce pour le prêtre et pour ceux qu'il recommande à Dieu au saint sacrifice. Je penserai souvent à toi à l'autel.

J'avais huit jours de vacances à consacrer à mes parents à Noël. Nous en avons profité pour faire un rapide mais charmant voyage à Naples. Que de merveilles réunies dans ce coin de terre privilégié. La mer, les montagnes, les curiosités naturelles, les souvenirs, les antiquités, tout ce qui étonne et intéresse le voyageur, se trouve là groupé pour justifier la réputation de Naples. Je t'avoue cependant que tout cela parle moins à mon cœur que Rome, ses souvenirs chrétiens, ses sanctuaires et ses reliques. J'ai admiré quelques-unes des sculptures que tu cites dans ton livre. Mon père a été émerveillé, comme tu le lui avais promis, du site ravissant et de la chaude nature de Sorrente1.

Mes parents vont me quitter dans quelques jours pour retourner à La Capelle, où ils espèrent te voir aux vacances avec celle que tu as choisie pour compagne de ta vie. Elle sera reçue dans ma famille aussi cordialement que tu l'as toujours été.

Tout à toi en N.S.Ton dévoué ami

L. Dehon, pr.

1 Sur ce voyage à Naples, Pompéi, Sorrente… cf. NHV VI, 84-106. Sur le livre cité de Léon Palustre cf. LD 62 (note 4) et LD 96.

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