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629.10

B36/2d.10

Photocopie Ms Santa Chiara 6 p.

Dactylographie: Inv. 626.10, B36/2a.10

Au P. Fryed

Le Tréport 21 août 69

Vénéré Supérieur,

J'aime à vous écrire, cela me fait du bien. De même que, dans l'oraison, quand nous parlons à Dieu, aidés par le Saint-Esprit, nous pouvons nous répondre à nous-mêmes, nous consoler et nous fortifier, ainsi, quand je vous écris, aidé par le souvenir de votre excellente direction, je puis suppléer un peu et attendre votre réponse et réchauffer un peu mon âme attiédie.

Je suis venu ici pour achever de remettre ma santé et un peu aussi pour passer quelques jours avec le bon Mr Perreau, dont la présence me fait beaucoup de bien et m'édifie singulièrement.

Vous savez qu'à Chambéry, ses forces avaient décrû presque jusqu'au néant. Il a repris ici un peu de vie. Le médecin dit que sa poitrine est saine et qu'il espère le guérir. Son état serait le résultat d'une anémie très forte, compliquée de dyspepsie. Il n'y aurait chez lui que l'estomac et les intestins de malades. Voilà pour le physique. Au moral, c'est toujours un saint homme qui a déjà conquis ici par sa bonté et sa douceur l'affection de tout le monde. Il prêche davantage par son exemple que bien d'autres par leurs sermons.

L'abbé Gérin est ici aussi avec une famille où il est précepteur. Sa santé est excellente.

Quant à moi, je suis arrivé ici déjà bien solide et j'espère que les bains de mer me fortifieront encore, il n'y a plus de traces de mon indisposition du mois de mai. Au moral, je ressemble un peu aux liquides qui ne se conservent bien qu'à l'abri de l'air. La glace qui m'entoure et l'air agité du monde dissipent un peu et refroidissent mon âme. Grâce à Dieu, les vacances auront un terme.

J'ai goûté un peu du saint ministère. Quelle œuvre sainte et redoutable! parler la parole de Dieu et prononcer les jugements de Dieu, comme ces actes condamnent notre froideur et nos faiblesses!

Les circonstances m'ont forcé à prêcher quelques sermons et une absence de mon curé m'a contraint à le remplacer un peu au confessionnal. J'espère tirer de cet essai quelque expérience. Tout cela confirme en mon cœur le désir d'une vie réglée, désir dont vous serez juge plus tard.

J'ai ouï par l'abbé de Dartein qu'on espérait vous voir en septembre en Alsace. Ne pourriez-vous pas aussi passer par la Picardie? Vous y feriez certainement quelque bien. Vous prendriez pour La Capelle le chemin de fer du nord jusqu'à Landrecies. J'y rentrerai vers le 4 septembre pour en partir vers le 20 pour Rome. Il paraît que don Marchese veut nous réunir au 1er octobre1.

Mon père va peut-être venir me chercher ici. Je le désire beaucoup pour le soustraire pendant quelques jours au respect humain qui l'entrave à La Capelle.

J'ai reçu de bonnes nouvelles de MM. Le Tallec, de Dartein, Bougouin et Désaire2.

Je vous adresse ma lettre à Rome, si vous en êtes parti, j'espère qu'elle vous suivra et vous atteindra.

Je vous supplie de m'accorder une place à votre memento et de croire à mon éternelle reconnaissance et à mon profond dévouement.

Tout à vous

L. Dehon

Tréport - hôtel de la plage.

1 Don Marchese, le chef sténographe.

2 De Le Tallec LC 51; de Ch. Désaire LC 52.

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