dehon_doc:cor:cor-1ld-1870-0214-0022004

629.04

B36/2.d.4

Photocopie Ms Santa Chiara

Le P. Freyd annote: répondu ce 26 7bre 67.

Au P. Fryed

(La Capelle, Aisne, 20 sept. 67)

Très révérend père,

Je vous ai écrit il y a un mois et je crains que ma lettre ne vous soit pas parvenue1. Nous voici déjà aux deux tiers des vacances, et je les vois s'écouler sans regret. J'avais besoin de repos et je me fortifie sensiblement, mais je sens combien il est difficile de mener au milieu du monde une vie recueillie en Dieu. Je ne manque jamais à l'oraison, à l'office, à la lecture spirituelle et je suis assez exact aux autres exercices de piété, mais les distractions, la froideur, l'inquiétude ont bien plus de prise que dans la vie calme et réglée du séminaire.

Mes parents ont accepté sans beaucoup d'émotion mon nouveau costume. Mon père considère la chose au point de vue du monde. Il désire me voir rapporter de Rome plusieurs diplômes et espère pour moi bien des honneurs. L'atmosphère d'indifférence au milieu duquel il faut vivre me glace le cœur. Je me ranime un peu chaque jour à la lecture du Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales. Je ne suis pas heureux dans ce milieu. Si Dieu m'appelle à y vivre, ce sera pour moi une mortification continuelle.

J'ai reçu le palmarès du Collège romain2. J'ai été très heureux et j'en rends grâce à Dieu autant pour le séminaire que pour moi. Je m'ennuie de n'avoir pas d'autres nouvelles de vous.

Je compte bien que l'épidémie vous a tous épargnés. Malheureusement, elle nuira sans doute à la rentrée du séminaire. Nous n'en avons par les journaux que des nouvelles très vagues et très incertaines. J'aimerais savoir ce qu'il en est, ne serait-ce que pour rassurer mes parents avant de partir. Ils s'inquiètent aussi des projets de Garibaldi3. Rome est bien éprouvée et la crise qu'elle subit n'est pas encore terminée. Je reprendrai avec bonheur mon travail à la rentrée si rien ne s'y oppose. Je travaille un peu ici, mais jusqu'à présent je ne me suis pas livré à une étude bien sérieuse. Il me restait à copier de longues notes de voyage4. C'est heureusement fini et je pourrai consacrer un peu du temps qui me reste et les vacances des années prochaines à la théologie.

Je n'ai vu personne des nôtres depuis mon passage à Paris et je n'en ai pas eu de nouvelles.

Veuillez offrir mes affectueux respects au P. Brichet et au P. Daum et me rappeler au bon souvenir de M. Le Tallec, M. Duponchel et M. Humbrecht.

Je vous embrasse de tout cœur en fils dévoué et reconnaissant et me recommande à vos prières ainsi que mes parents qui vous présentent leurs respects.

L. Dehon

La Capelle (Aisne) 20 sept. 67.

1 Le P. Freyd a répondu le 8 septembre cf. LC 29. À cette lettre du 20 septembre, il répondra le 26 (LC 30).

2 Pour les résultats de ces concours cf. NHV V, 111 et LC 29.

3 Depuis la retraite des français, fin 1866, Garibaldi tournoyait dans les États pontificaux et menaçait Rome où ses émissaires avaient préparé une insurrection. Ce qui amena Napoléon III à envoyer un corps expéditionnaire le 27 octobre. Et ce fut la bataille de Mentana, les 3 et 4 novembre, où Garibaldi fut battu.

4 Les notes du voyage d'Orient: 7 cahiers (cf. AD B13/2A-F).

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