dehon_doc:cor:cor-1ld-1870-0414-0022008

220.08

B18/11.1.8

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À son père

14 avril - Rome, Jeudi-Saint 1870

Cher père,

Je t'écris encore, parce que je crains plus que la foudre que tu ne restes en état de péché et que tu ne te mettes pas en règle avec Dieu. Je frémis à cette pensée. C'est la seule chose nécessaire. Tu sais bien que je suis prêt à donner tout ce que j'ai, ma santé et ma vie pour assurer ton salut.

Il n'y a pas de choix autre que celui-ci: bénir Dieu avec nous toute l'éternité ou bien être maudit de Dieu et de nous toute l'éternité. Je n'aurai pas de repos que tu ne m'aies annoncé que tu veux être avec nous.

Ah! si tu ne déchirais que le cœur de ton fils et si tu ne faisais couler que ses larmes en refusant cela, je te pardonnerais. Mais il y a plus que les tiens, il y a ton Dieu qui s'est fait homme pour toi et qui a versé des larmes de sang à la pensée que tu l'oublierais. Il se délectait dans la douleur pour effacer nos fautes.

Et ses commandements sont si doux! Il nous oblige à nous asseoir à son banquet et à recevoir ses grâces. Quel honneur et quel bonheur c'est pour nous! Et tu l'as bien éprouvé, car je t'ai vu comme transfiguré quand tu as bien reçu ici la sainte communion.

Pourrais-tu résister à tant de grâces que Dieu t'accorde? Le st sacrifice est offert souvent pour toi, et autant de fois Notre-Seigneur présente à son Père ses blessures en expiation de tes fautes. Ne crains-tu pas d'être abandonné de Dieu et de ne pas faire une bonne mort? Et puis ne sais-tu pas que chaque bonne action est un placement fait à Dieu, qui nous rapportera le centuple?

Allons, écris-moi bien vite que c'est fait. Je t'en prie, je t'en supplie. Il le faut.

Je puis à peine te parler d'autre chose tant cette pensée me domine. Je te dirai seulement que j'ai eu le bonheur d'offrir le st sacrifice aujourd'hui, fête de l'institution de la Ste Eucharistie et du sacerdoce. Tu sais que le Jeudi-Saint, il n'y a en général qu'une messe dans chaque église et les autres prêtres reçoivent seulement la sainte communion, en mémoire de la Ste Cène. Mais le St-Père a permis aux sténographes, en récompense de leurs travaux, de dire la sainte messe aujourd'hui. Tu penses bien combien j'ai prié pour toi et pour vous tous.

Embrasse pour moi ma chère mère, puis Henri, Laure, maman Dehon, Marthe et Amélie.

Je t'embrasse de tout cœur.

Ton fils dévoué

L. Dehon

Donne l'exemple à Henri. Il le suivra certainement.

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