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220.10

B18/11.1.10

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À son père

Rome 2 mai 70

Bien cher père,

Quelle bonne nouvelle m'a apporté le 1er jour du mois de Marie! Comme tu dois être heureux maintenant d'avoir vaincu un long respect humain! Quelle joie pour nous de vivre maintenant tous de la même vie franchement chrétienne, vie pleine d'espérance et qui sera suivie d'un bonheur éternel. Ne te laisse plus jamais séparer de la grâce de Dieu. Reste l'ami et le cohéritier de tous les habitants du ciel. Tu as dépassé en courage la plupart des habitants de La Capelle. Cet acte de généreuse énergie était bien digne de toi. Je retournerai en vacances bien plus heureux que l'an passé, parce que j'irai vivre avec des amis de Dieu et non pas avec de complaisants serviteurs de Satan.

Tu ne me dis rien d'Henri. N'aurait-il pas eu le courage de t'accompagner? Est-ce qu'il a oublié ce qu'il te disait il y a quelques années? Il te suppliait comme moi de faire ton devoir et il ajoutait: «Si tu ne le fais pas, c'est autoriser tes enfants à ne pas le faire.» Je me le rappelle très bien. Il a dit cela. Il ne manquait ni de foi, ni de courage alors. Est-ce qu'il ne devrait pas maintenant s'adresser à lui-même ces prières et ces bons arguments qu'il te faisait alors? Il savait très bien alors qu'il ne faut pas vendre le ciel pour un moment de paresse ou de gloriole. Il redoutait les jugements de Dieu. Est-ce qu'il n'aurait plus ni lumière dans son intelligence, ni chaleur dans son cœur? Qu'il se regarde devant Dieu et s'il n'a pas fait son devoir, il verra que son âme est le jouet du démon et qu'elle est pour tout le ciel un sujet de compassion, en attendant qu'elle soit un objet d'horreur, s'il ne revient pas à son Dieu.

Mais il n'est pas possible qu'il veuille vivre dans ce déplorable état. Qu'il me rassure vite et me dise que notre joie est complète et que notre famille est bénie et aimée de Dieu.

Le Concile fait son œuvre avec lenteur et maturité. Les journaux vous racontent et exagèrent les divergences d'opinions de quelques évêques. Mais cela n'est rien. Tous veulent le bien et si à la fin quelques-uns défaillaient, ce qui, j'espère, n'arrivera pas, l'Église marcherait sans eux. Elle a la promesse de l'assistance de l'Esprit-Saint pour ses décisions; mais ses pasteurs, pris individuellement, ne sont pas à l'abri des erreurs et des passions. Il peut arriver que quelques-uns, de bonne ou mauvaise foi, résistent à l'Église et s'en séparent. Il y avait bien un traître parmi les apôtres. Ceux-là se perdent et l'Église est toujours vivante et grandissante.

Embrasse pour moi ma chère mère, Henri, Laure, maman Dehon, Marthe et Amélie.

Ton dévoué fils

L. Dehon, pr.

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