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219.12

B18/10.12

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À Léon Palustre

La Capelle 26 juillet 70

Mon cher ami,

J'avais un grand désir de passer par Tours en revenant de Rome, mais le retard de la session, la fatigue et l'impatience de mes parents m'ont fait remettre cette partie de plaisir. Je compte bien qu'elle ne sera que différée et que je pourrai exécuter mon projet au mois d'octobre. Je passerai alors par Poitiers, Bordeaux, Toulouse et Marseille pour me rendre à mon poste.

J'ai quitté Rome le lendemain de la session. Le Concile est en vacances jusqu'à la St-Martin. Les évêques se sont empressés de quitter le climat brûlant d'Italie pour venir se reposer chez eux. J'ai fait route de Rome à Lyon dans la charmante compagnie de Mgr Pie, qui a dû trouver dans son diocèse une réception triomphale. Il y a bien droit. C'est lui qui a fait le plus d'honneur à l'épiscopat français au Concile1.

Nos travaux reprendront au mois de novembre, si toutefois la politique n'y vient pas mettre des entraves et si la guerre n'amène pas une suspension du Concile2.

Bien que je sois revenu beaucoup mieux portant que l'an dernier, j'ai bien besoin de ces trois mois de repos. Les derniers travaux du Concile ont été accélérés à nos dépens.

J'ai trouvé ici tout le monde bien portant. Mes deux petites nièces me seront une charmante distraction. La saison est bonne comme partout et la fraîcheur du climat de La Capelle est cette année très précieuse. Je suis sûr que tu reverrais notre pays avec plaisir. Viens, s'il est possible, passer quelques jours avec nous. Nous serons assez loin des prussiens pour n'avoir rien à en craindre3.

Mes parents te font leurs sincères compliments.

Ton dévoué ami en N.S.

L. Dehon, pr.

1 On peut, dans les NHV, vérifier ce jugement de Léon Dehon sur Mgr Pie: «un théologien sûr et profond… et aussi un apologiste, un orateur et un écrivain d'une grande finesse. Nul plus que lui n'avait suivi la genèse des erreurs et le développement théologique de ce siècle. Ses écrits étaient comme le commentaire anticipé du Concile» (NHV VII, 34-35; cf. aussi VII, 56, 128, 129, 173…). Revenu en France dans le compartiment de Mgr Pie de Rome à Lyon, le P. Dehon dira dans ses notes: «J'étais fier et heureux de revenir avec le grand évêque qui avait fait tant d'honneur à la France pendant le Concile» (NHV VIII, 92).

2 Ce qui en fait arriva (cf. LD 153, note 1).

3 Cependant, dès le 9 septembre, Laon avait été occupée et Soissons capitula le 18 octobre: «Nous étions toujours bien près du théâtre de la guerre», notera-t-il (NHV VIII, 120).

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