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220.25

B18/11.1.25

Ms autogr. 4 p. (21 x 13)

À ses parents

Rome 13 mai 1871

Chers parents,

Le P. Supérieur vient de nous arriver de France bien portant, avec un ancien élève. Le séminaire aura eu une année presque nulle, grâce au brigandage italien. C'est ainsi qu'ils entendent la liberté du Pape: chasser les religieux qui forment ici des tribunaux et des congrégations relatives aux affaires ecclésiastiques du monde entier; s'emparer des couvents qui sont le centre des ordres religieux de tous les pays; entraver les universités où venaient étudier les prêtres de toutes les nations. Ils remplacent tout cela très avantageusement par l'immoralité qu'ils étalent dans les rues, et par leurs collèges moralisateurs où il y a deux jours les élèves ont encore très avantageusement bâtonné leurs maîtres.

Heureusement, leur temps ne sera pas long et j'espère que Rome sera bientôt débarrassée de cette lèpre.

Je me félicite chaque jour davantage d'être venu continuer mon travail. J'espère, à mon retour, trouver la France un peu moins malade et un peu plus chrétienne. Les grands événements se jugent mieux de loin que de près. Depuis que je suis ici, je me désole moins des malheurs de la France. Je les regarde comme une bénédiction et comme une marque particulière de l'affection de Dieu pour notre patrie, qu'il veut épurer et régénérer en la guérissant des erreurs qu'y entretenait l'esprit de révolution depuis un siècle.

Je félicite Henri de sa nouvelle dignité1. J'ai acheté pour Laure un chapelet en agate, monté en vermeil. Je vais tâcher de le lui faire parvenir.

Je ne me rappelle pas l'officier des mobiles dont vous me parlez. Du reste, je n'ai pas confessé d'officiers.

J'ai demandé une indulgence pour la prière de N.D. des Victoires, je n'ai pas encore de réponse. Je ne crois pas qu'on l'accorde à cause du grand nombre de prières indulgenciées qui existent déjà.

J'ai écrit à Mr le curé de Buironfosse en même temps qu'à Mr le Doyen2. Du reste, je suis nécessairement avare de correspondances à cause de la besogne qui me presse.

Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon et les enfants. Mille compliments à Siméon.

Si mon oncle Dehon et Marie sont avec vous, embrassez-les aussi pour moi.

Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon, pr.

1 Henri Dehon sera maire de La Capelle pendant près de 30 ans.

2 L'abbé Cyrille Petit, curé de Buironfosse (à 5 km de La Capelle) sera un ami intime du P. Dehon, promoteur avec lui de l'Oratoire diocésain, fondé en 1874 pour le soutien du clergé (cf. NHV références à son nom), puis agrégé à son association des «amis du Sacré-Cœur», sous le nom de Joseph (NHV XIV, 62). Ses lettres au P. Dehon sont particulièrement intéressantes.

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