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(inv. 1169.20)

. B 109/2

10. 05. 1872

Abbé Désaire (Lettre insérée en mai 2003)

+ Saint-Quentin 10 mai 1872

Mon bien cher ami,

Depuis longtemps j'attendais chaque jour l'arrivée du courrier, espérant toujours y trouver votre missive. Enfin elle est venue et elle est à peu près telle que je la prévoyais. Je supposais bien que les occupations nombreuses qu'on allait vous donner diminueraient vos troubles sans les faire disparaître. Il me paraît clair maintenant que vous n'êtes pas où vous devez être et j'en suis d'autant plus désolé que j'ai contribué à vous y mettre.

Cette congrégation me paraît être une association de bons prêtres, mais non une œuvre divine et peut-être pas même une œuvre sérieuse et durable. Je crois que vous devez chercher votre voie ailleurs et vous préparer à sortir de là. Quand vous en serez éloigné de quelque temps je suis persuadé que vous en rendrez grâce à Dieu. Je ne sais vraiment ce que je dois vous conseiller de faire. De quel côté vous sentez-vous attiré ?

Quant à moi je remplis mon ministère, qui est fort absorbant, sans avoir beaucoup le temps de penser à autre chose. Je vois bien que je fais quelque peu de bien. Je ne sais pas si j'en ferais plus ailleurs. J'ai préparé jusqu'à présent la fondation d'un patronage et j'espère aboutir bientôt.

Il y a une œuvre capitale qui manque ici, c'est un collège catholique pour faire concurrence au lycée. Le moment serait favorable pour le fonder. Il y a en effet un petit pensionnat que le propriétaire, président de la conférence de Saint Vincent de Paul, céderait volontiers à des prêtres ou à des religieux. Il s'associerait même un prêtre qui n'aurait pas de fortune et qui paierait sa location sur les bénéfices. Le succès me paraît assuré. Envoyez-nous donc quelqu'un, Augustins ou autres.

Faute de cela toute notre bourgeoisie est élevée dans l'irréligion par l'université.

Le local qui est à céder est beau et l'occasion est très avantageuse.

J'espère que nous trouverons bientôt le moyen de nous voir. Etes-vous tenu rigoureusement d'être à Paris chaque jour du mois de mai ? Ne pourriez-vous pas venir passer une journée à Saint-Quentin ? Le trajet n'est que de 4 heures. Vous seriez le bienvenu au vicariat. Je ne puis pas m'absenter facilement avant un mois. Je prépare 50 enfants à la première communion et à la confirmation pour le 5 et le 6 juin. C'est un surcroît de besogne qui vient s'ajouter à celle de tous les jours.

Ecrivez-moi sans retard afin que nous avisions un moyen de nous voir. Combien de temps veut-on vous laisser à Paris ?

Prenons patience et prions. Je prie et je fais prier pour que le bon Dieu vous éclaire. Servez-vous de vos peines pour gagner le ciel.

A bientôt, mon cher ami. Je vous embrasse de tout cœur et me recommande à vos prières.

L. Dehon, vic.

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