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1169. 21

B 109/2

22. 06. 1872.

Abbé Désaire (Lettre insérée en mai 2003)

+ Saint-Quentin, 22 juin 1872

Mon bien cher ami,

Je regrette bien votre détermination de ne pas venir à Saint-Quentin. Je ne sais pas si je pourrai moi-même aller à Paris. Je me trouve un peu fatigué de la lourde besogne que j'ai eue ici depuis quelques mois. Je vais aller passer la semaine prochaine à La Capelle pour me reposer. Je trouverai peut-être au mois de juillet le moyen d'aller passer deux jours à Paris si vous y êtes encore.

Je crois bien d'ailleurs que notre entrevue ne changera rien à notre manière de voir. Je veux bien admirer avec vous quelques vues élevées et quelques idées hardies et généreuses de l'Assomption, mais je n'y puis reconnaître un véritable esprit religieux. Je suis persuadé que je n'y serais pas resté et je rends grâce à Dieu de m'avoir préservé des déboires qui m'y attendaient.

A l'inverse de ce qui vous arrive j'ai trouvé ici la paix la plus complète au sujet de ma vocation. Je n'ai pas éprouvé la moindre inquiétude. Je trouve ici un bien immense à faire. Je fais le peu que me permettent mes forces et la grâce de Dieu. J'éprouve souvent ces joies que vous avez goûtées pendant votre station par le retour de vieux pécheurs qui reviennent à Dieu. Le ministère auprès des enfants n'est pas non plus sans consolations. J'ai pu commencer un patronage qui me donne de grandes espérances.

Je ne pense plus du tout à quitter d'ici et l'intention de mon évêque est aussi de m'y laisser.

Quel contraste avec cet état d'inquiétude dans lequel vous êtes depuis un an ! Je crois bien que vous êtes appelé à la vie religieuse, mais il me semble que vous auriez été plus heureux ailleurs qu'à l'Assomption.

J'ai vu hier un de vos bons amis, monsieur le chanoine Demiselle. Il a un faible pour vous. Il admire comme moi quelques aspirations de votre congrégation, mais il doute de son esprit pratique. Il a le plus grand désir de vous voir.

Vous serez heureux d'apprendre que je monte en grade et que par suite d'un changement au vicariat de septième vicaire je deviens sixième. J'éviterai ainsi quelques corvées qui incombent au dernier venu. Il n'y a pas encore dans cet avancement un grand péril pour mon orgueil.

J'ai quelque désir de faire le pèlerinage de La Salette, mais je ne sais pas encore si je le pourrai. Nous sommes tenus ici comme des religieux et mon curé vient de me gronder parce que j'avais projeté sans l'en prévenir assez longtemps à l'avance le voyage de La Capelle.

Au revoir, mon cher ami, priez beaucoup pour moi et pour le succès de mon ministère.

Tout vôtre in Christo.

L. Dehon, vic.

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