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1102.01

B82/1

Un ancien compagnon de Sta Chiara

Mon bien cher ami,

Je suis très touché de la charité qui a dicté votre aimable lettre. Vous avez de moi une trop bonne opinion. Je n'ai pas mérité la grâce d'être religieux. Je l'ai toujours désiré, mais le bon Dieu ne l'a pas voulu.

J'avais songé à Nîmes et le P. Freyd consentait, bien qu'à regret, à m'y laisser aller. Le P. d'Alzon voulait alors s'occuper sérieusement de l'enseignement supérieur et je me croyais une vocation pour cela. J'ai reconnu bientôt que le P. d'Alzon suivrait toujours son penchant naturel à chercher des œuvres et des idées nouvelles. J'ai renoncé à l'Assomption et le P. Freyd m'a engagé à rester dans mon diocèse.

Je lui ai reparlé depuis de vocation religieuse. Il me répond obstinément que ma place est ici. Que la volonté de Dieu soit faite (Mt 6, 10). Je ne suis pas digne de mieux.

Du reste ma santé toujours incertaine s'accommode assez des occupations faciles et variées du ministère et je ne voudrais pas être à charge à une congrégation à laquelle je rendrais peu de services.

Il y a ici comme partout beaucoup de bien à faire, et j'y trouverai bien si je veux le moyen de me sanctifier et de sauver bien des âmes. Puissé-je ne pas m'engourdir dans la tiédeur!

Mon bonheur est de m'occuper des enfants. J'ai pu organiser un patronage de jeunes apprentis qui réunit chaque dimanche cent cinquante jeunes gens de 12 à 18 ans. Je recommande cette œuvre à vos prières.

Je ne sais pas ce que le bon Dieu veut de moi dans l'avenir. Je suis prêt à le servir aussi longtemps qu'il voudra, mais je suis très porté à penser qu'il ne me laissera pas longtemps sur la terre.

Je n'ai pas besoin de vous dire combien j'ai été heureux en apprenant votre belle vocation. Le P. Freyd m'avait dit il y a bien longtemps qu'il vous croyait appelé à la vie religieuse. Il avait craint plus tard que vous n'y arriviez pas. Je suis sûr qu'il rend grâce à Dieu de vous y voir.

Je continue comme vous de réciter la petite prière quotidienne dont nous étions convenus. Les souvenirs de Ste Claire sont les meilleurs de ma vie. J'ai eu dernièrement des nouvelles du P. Freyd. MM. Bernard et Rogerot ont dû subir leur examen de doctorat à la fin d'août. M. Bernard et Mr Pineau seront encore du Séminaire l'an prochain.

Adieu, mon cher ami. Ne m'oubliez pas dans vos prières.

Tout à vous en N.S.

L. Dehon, vic.1

On a retrouvé cette lettre au noviciat. Je ne sais comment elle s'est égarée. Peut-être tiendrez-vous à en prendre connaissance, quoique bien tard.

118.10.1872 1 La suite est une addition, de la main du P. Dehon.

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