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221.29

B18/11.2.29

24. 03. 1873

Ses parents

Bien chers parents,

Je suis revenu enchanté de mon petit voyage en Belgique. Arrivé jeudi soir à Bois d'Haine j'ai trouvé chez Mr le curé la plus gracieuse hospitalité. Le vendredi matin j'ai porté la sainte communion à Louise Lateau. Elle était absorbée dans la prière, et haletante de souffrances. Le sang coulait abondamment de ses mains et de son front. L'après-midi j'ai assisté pendant une heure à son extase avec une douzaine d'étrangers qui avaient comme moi l'autorisation de la voir. Elle était assise au bord de sa chaise, les yeux ouverts et tournés vers le ciel. Elle était insensible à tout ce qui se passait autour d'elle. Pendant l'extase elle ne voit, ni n'entend et n'a plus de relation qu'avec Notre Seigneur qu'elle voit devant elle avec toutes les scènes de la Passion. On peut la piquer, elle n'en éprouve aucune sensation. Le sang coule abondamment de ses plaies, j'en ai recueilli sur un mouchoir. Elle s'unit aux prières que l'on récite. Elle le témoigne par un tressaillement de joie, sans doute parce qu'elle voit Notre Seigneur se réjouir quand on prie. Elle est très sensible au nom de Jésus et de Marie et aussi à celui de Pie IX. Quand on récite la belle prière, «ô bon et très doux Jésus», elle se jette à genoux. Vers trois heures elle se prosterne à terre et quelques minutes après elle étend les bras en croix. Elle reste ainsi jusqu'à 4 h 1/2. Elle éprouve alors une agonie effroyable et semble sur le point de mourir, puis elle revient à elle peu à peu. Les autres jours de la semaine, elle n'a pas d'extases mais seulement des visions spirituelles dans l'oraison. Elle travaille à la couture. Voilà cinq ans qu'elle a chaque semaine les stigmates et ses extases et depuis deux ans elle ne mange ni ne boit. Elle est aussi depuis plusieurs mois privée de sommeil. Cependant en dehors du vendredi elle paraît pleine de santé. Tous ces faits sont indubitables et tous ceux qui en sont témoins en sont profondément touchés. C'est une des nombreuses manifestation par lesquelles le bon Dieu veut réveiller notre foi et nous exciter à la pénitence.

Je suis toujours satisfait de la marche de mon Patronage. J'en ai visité plusieurs à Paris. Ces petits voyages m'empêcheront d'aller aussi tôt à La Capelle. Tâchez de venir me voir au temps de Pâques.

J'ai reçu ma caisse de linge. Embrassez pour moi Henri, Laure, maman Dehon et Marthe et Amélie. Je vous embrasse de tout cœur.

Votre dévoué fils

L. Dehon

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