dehon_doc:cor:cor-1ld-1874-0526-0062917

629.17

B 36/2d.17

(copie dactylographiée)

(copie du même document B 36/2a. 17 (inv. 626. 17).)

26. 05. 1874.

P. Freyd

Mon révérend Père,

Cette lettre est à l'ordre du jour de mes travaux depuis cinq mois, mais ma besogne est tellement absorbante, que je finis par négliger toute ma correspondance. Mon poste modeste de sixième vicaire me donne beaucoup de travail matériel. Mais ce qui ne m'occupe pas moins, ce sont les oeuvres ouvrières que j'ai fondées, un Patronage, un Cercle, et un comité de patrons, qui suffiraient à l'activité d'un prêtre zélé.

Le succès de ces oeuvres me console un peu de mes fatigues.

Mes Franciscaines alsaciennes s'organisent. Elles sont quatorze et elles ont déjà vingt deux orphelines et une petite école. Je voudrais qu'elles puissent créer un ouvroir important. Leur situation financière s'est un peu améliorée, grâce à la protection de saint Joseph.

La petite association sacerdotale dont je vous ai parlé me paraît appelée à s'affermir et à faire du bien dans le diocèse. Cependant elle ne sera bien vivante que lorsqu'elle aura un centre de vie commune où les membres isolés pourront aller de temps en temps se retremper. Nous sommes déjà huit ou neuf associés avec un excellent doyen pour supérieur. Nous lui adressons tous les mois le petit bulletin dont je vous envoie un spécimen. C'est une solide garantie de régularité et un stimulant efficace.

J'avais essayé aussi depuis quelques mois de pousser à la création d'un journal catholique. On a déjà réuni dans ce but une somme de trente mille francs, mais les dernières difficultés et l'état des esprits effrayent les actionnaires qui doutent du succès et l'entreprise est sur le point d'échouer au port. Tout ce que l'on fait pour le salut politique de la France paraît frappé partout d'impuissance. Le bon Dieu nous ménage sans doute d'autres épreuves.

Voilà, mon révérend Père, les occupations de votre enfant. Elles ont leur utilité dans une sphère restreinte. Je les continuerai tant qu'il plaira à Dieu.

Au milieu de tout cela, mon âme se conserve assez bien et ma santé est suffisante.

Je serais heureux d'avoir bientôt de vous un mot d'encouragement, avec des nouvelles de Rome et de Sainte Claire.

Le privilège du Cercle de Montparnasse qui a obtenu de Rome un corps de martyr me rend jaloux. Ne pourrais-je pas, par votre entremise, obtenir pour la chapelle de mon oeuvre ouvrière qui compte déjà trois cents membres, quelque relique insigne d'un martyr des cartacombes?

En vous exprimant de nouveau, mon révérend Père, ma vive reconnaissance pour vos inappréciables bontés, je me recommande à vos prières, ainsi que mes oeuvres et vous prie d'offrir mes affectueux respects au R. P. Brichet et au R. P. Daum.

Votre dévoué fils en N. S.

L. Dehon.

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