dehon_doc:cor:cor-1ld-1874-1128-0062918

629.18

B36/2d.18

Copie dactylographiée

Copie du même document B 36/2a.18 (inv. 626.18).

28. 11. 1874

P. Freyd

Mon révérend Père,

Depuis votre bonne visite, qui m'a fait tant de bien, la situation n'a guère varié ici. Nos œuvres progressent régulièrement. Nous avons depuis quinze jours un journal catholique (et royaliste). Il m'est toujours pénible d'être entièrement absorbé par le ministère extérieur. Je n'ai presque pas étudié depuis trois ans. Vous pouvez supposer combien cela me pèse. Les projets de Monseigneur se réaliseront quand il plaira à Dieu. Rien ne paraît prochain.

J'ai tenté cent démarches pour trouver un prêtre ou des religieux pour mon œuvre ouvrière. Je n'ai encore trouvé personne. Les Frères de St Vincent de Paul n'auront de sujets disponibles avant deux ou trois ans.

Je me suis adressé même aux Pères de l'Assomption, dans la pensée qu'ils pourraient peut-être après avoir commencé l'œuvre ouvrière, nous créer ici plus tard une maison d'enseignement. Ils ne peuvent pas non plus accepter. Le refus du P. Picard n'est pas absolu, mais je n'ai pas le courage d'insister auprès d'eux, parce que leur congrégation n'est pas assez bien assise.

Donnez-moi votre avis et indiquez-moi, si vous le pouvez, un bon prêtre ou une congrégation. Nous lui ferons des conditions matérielles acceptables.

Il m'en coûte d'avoir peu l'occasion de tirer parti de mes études passées. Cependant je fais ma besogne en attendant la manifestation de la volonté de Dieu.

J'ai eu gros cœur en apprenant par les journaux que le R.P. Cochard avait pris ma place à Lille. L'enseignement supérieur me paraît être le grand moyen pour refaire une société chrétienne. Dans nos villes nous sauvons quelques âmes, mais dans l'ensemble nous sommes dominés par le courant et l'éducation universitaire fait chaque jour plus de mal que nous ne faisons du bien. Nous n'avons plus d'hommes ni de caractères. C'est un déluge de passions et des moins nobles.

Pour moi en particulier je regrette les mille imperfections et défauts auxquels j'aurais échappé dans un ordre religieux bien sérieux. Je sais cependant que je puis même ici remédier à bien des choses et je me propose de le faire.

Je compte beaucoup sur vos prières et sur vos bons conseils. Votre éloignement m'est une grande privation.

Présentez mes affectueux respects au R.P. Brichet et au R.P. Daum.

Agréez l'assurance de mon filial dévouement.

L. Dehon, vic.

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