dehon_doc:cor:cor-1ld-1875-0129-0062920

629.20

B36/2d.20

Copie dactylogr.

Copie du même document B 36/2a.20 (inv. 626.20).

29. 01. 1875

Très révérend Père,

Je suis bien en retard pour vous répondre. Mes occupations n'en sont pas les seules la cause. Il faut que je vous avoue que je ne savais pas trop quoi vous dire. La solution que vous me proposez me rendrait bien heureux, mais n'est-il pas impossible que je quitte si tôt St Quentin?

Je n'aurai un aide au Patronage qu'à Pâques. C'est un jeune prêtre de notre diocèse, qui est actuellement professeur dans une institution. Les ressources que j'avais en vue pour son traitement me manqueront en partie par la faute de notre archiprêtre. Il faut que je reste pour y pourvoir.

J'arriverai avec le temps à organiser cela. Je suis encore nécessaire pour la bonne marche de l'œuvre. Elle compte encore vingt-cinq mille francs de dettes. Sans moi la gêne commencerait de suite et peut-être bientôt la ruine. Si je reste nous paierons cela et nous agrandirons encore l'œuvre qui devient beaucoup trop petite et qui compte déjà quatre cents membres.

Bien que je ne sois pas aussi directement mêlé à notre journal catholique, je suis également nécessaire pour qu'il ne croule pas bientôt. Notre ville manque absolument d'hommes.

Nos Franciscaines ont aussi bien besoin de moi. En les quittant je craindrais à la fois pour l'ordre intérieur et pour les finances de la maison, dont la situation demande une grande vigilance.

Je compose presque à moi seul le Bureau diocésain des œuvres ouvrières, bien que je n'aie que le titre de secrétaire. Je suis en correspondance avec tout notre clergé et je prépare une assemblée diocésaine qui se tiendra vers Pâques.

Pour la paroisse aussi on compte un peu sur moi. Mr Mathieu, le vicaire le plus influent, qui doit quitter bientôt, vient de faire une maladie pendant laquelle une bonne partie de sa «clientèle» s'est adressée à moi.

L'évêché me témoigne une confiance absolue. Pour le Bureau diocésain, j'ai fait une circulaire, Mgr l'a signée et l'a envoyée au clergé.

Est-il possible de quitter dans de pareilles conditions? Ce ne sont pas les honneurs à espérer qui me retiennent, ils sont du reste plus que compensés par bien des épreuves. C'est seulement le bien à faire.

J'ajouterai que j'ai fort à redouter le climat de Rome et que je serais pour le moment le plus piètre répétiteur après plus de trois ans passés sans presque étudier la théologie.

Notre diocèse est un des plus déshérités. Voilà, mon bien cher Père, des choses que j'aurais voulu ne pas avoir à vous écrire.

Je sais bien que le Séminaire français est l'œuvre par excellence mais là-bas on pourra se passer de moi, et ici?

Je sais bien aussi qu'avec la vie religieuse je commettrais moins de fautes et j'avancerais bien vite dans la perfection, mais le bon Dieu ne me pardonnera-t-il pas les imperfections que j'aurai gardées en restant sur la brèche du ministère paroissial pour y faire plus de bien?

Tout cela, mon cher Père, ce ne sont pas des résolutions arrêtées, c'est un plaidoyer que je mets sous vos yeux et que je vous prie de bien peser et examiner. Vous me direz ensuite ce que vous en pensez.

Un de nos industriels, fabriquant de broderies et président du comité des ‚uvres Ouvrières veut m'emmener à Rome à la fin du carême. Il a fait faire pour le Pape un rochet brodé qui est un chef-d'œuvre. Il veut le porter lui-même. Je ne pourrai pas à cause de mes œuvres me payer ce voyage.

Je vous le recommanderai. Il est ici à la tête des œuvres catholiques. Je voudrais bien que le St Père le fît Chevalier de St Grégoire.

Offrez l'hommage de ma reconnaissance au P. Brichet et au P. Daum. Je me recommande avec mes œuvres à vos prières.

Agréez l'assurance de mon filial dévouement.

L. Dehon, vic.

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