dehon_doc:cor:cor-1ld-1875-1121-0062923

629.23

B36/2d.23

Copie du même document B 36/2a. 23 (inv. 626.23).

21. 11. 1875

P. Eschbach

Mon révérend Père,

Les quelques mots que nous avons échangés à Paris m'ont fait croire que vous étiez au courant des intentions du P. Freyd à mon sujet.

La dernière lettre que je reçus du bon P. Freyd est datée du 19 décembre 1874. Il concluait en me disant:

«Venez ici dès que vous pourrez, vers Pâques, par exemple. Vous passeriez l'année avec nous et en octobre prochain vous iriez commencer votre noviciat…»

En lui écrivant un peu plus tard, je lui exposai tout ce qui me retenait ici: les œuvres commencées, les dettes de mon Patronage et ma position dans la paroisse.

Il n'eut pas le temps de me répondre avant sa mort. Depuis lors les obstacles ont encore grandi et cependant j'ai un désir plus ardent que jamais de la vie religieuse. Je suis prêt à tout sacrifier pour l'obtenir.

Voici en somme les difficultés qui m'arrêtent et leur solution possible. Je suis maintenant second vicaire et presque premier, puisque le 1er a 77 ans et qu'il est en demi-retraite. Je suis directeur du vicariat où nous avons la vie commune et j'ai toute la confiance et l'affection de l'archiprêtre. Après moi viennent deux vicaires qu'il supporte avec peine et en qui il n'a nulle confiance. En quittant, je le laisserais en face d'eux. Il s'en tirerait comme il pourrait.

J'ai fondé une association de prêtres (Oratoire diocésain), un Bureau diocésain d'œuvres ouvrières, un couvent de Franciscaines, un journal catholique. Je crois que tout cela pourrait vivre sans moi.

Voici la plus grave difficulté: pour mon Patronage et mon Cercle, j'ai acheté et construit un local de 80.000 francs, et il n'y a que 40.000 francs de payés. La solution serait que la congrégation voulût reprendre l'œuvre et y consacrer, pendant quelques années, outre les ressources de la ville, qui produiront toujours de 4 à 5 mille francs par an, les quatre mille francs de rente que me donne mon père. L'œuvre donnerait des vocations à la congrégation qui n'a pas encore de maison dans le nord de la France. Il y a déjà à l'œuvre un commencement d'orphelinat et d'école apostolique. Je crois que le P. Limbour, que j'ai vu à Beauvais, réussirait bien ici.

Je vous prie, mon révérend Père, de me donner bientôt votre avis sur tout cela et de préparer les voies, s'il y a lieu, à Paris.

Je puis faire dans mon diocèse un grand bien mais les embarras du ministère me tiennent à cent lieues de la ferveur où j'étais au Séminaire et je voudrais la retrouver dans la vie religieuse.

J'attends avec empressement vos bons conseils. Mes affectueux respects au Rév. P. Brichet et au Rév. P. Daum.

Je vous prie d'agréer l'hommage de mon filial dévouement.

L. Dehon

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