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25ème CAHIER (Novembre 1909 – Août 1910)

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Je rencontre providentiellement un beau livre: La vie réparatrice, par l'abbé de Bretagne. Jésus est le vrai réparateur, mais il nous admet à l'honneur d'unir nos petites réparations aux siennes. Le moyen, c'est l'union avec lui sous toutes ses formes, par le souvenir, par l'imitation, par la grâce, par l'Eucharistie, mais surtout par la vie intérieure: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole; mon Père l'aimera et je l'aime­rai, et je me manifesterai moi-même à lui» (s. Jean, 14, 24.21).

Nous viendrons 2 à lui et nous établirons en lui notre demeure. - «Demeurez en moi comme je demeure en vous» (s. Jean, 15,4). «Celui qui demeure en moi comme je demeure en lui, porte beaucoup de fruits» (Ibid. v. 5).

- «Je suis la voie, la vérité et la vie… Je ne vous laisserai pas orphe­lins, je viendrai à vous… et je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu'il demeure avec vous toujours» (s. Jean, 14, 6.18.16).

La Sainte Trinité demeure en nous. Le Père y demeure avec sa bonté paternelle (Mon Père l'aimera); le Christ y demeure comme Médiateur (Je prierai le Père - Je vous donnerai un autre Paraclet: s. Jean 14,16), le St-Esprit y demeure comme sanctificateur (Il vous enseignera toutes choses: s. Jean 14,26). 3 Il nous revêt de son onction et de sa force (cf.2 Cor. 1,21).

Le lieu de notre union habituelle avec Jésus est donc en nous, où nous le trouvons par le recueillement, l'attention amoureuse, la contempla­tion. Il y est présent par son Cœur spirituel qui est le St-Esprit et par l'action de son Cœur humain, qui est le médiateur de toute grâce, de toute sanctification, de toute action du St-Esprit en nous: «Demeurez en moi, mais c'est en vous-même que vous me trouverez, car je demeure en vous» (s. Jean XV 4-5) [sic!].

Le 18 fut un jour historique: l'audience des pèlerins français à l'occa­sion du jubilé épiscopal du Saint Père. Le Pape nous lut sa vigoureuse protestation 4 contre la persécution française. Ne sont-ils pas des persé­cuteurs ceux qui ont brisé le concordat, volé les biens de l'Eglise et des couvents, expulsé les religieux, favorisé l'enseignement impie et immoral?

Cette période historique est maintenant caractérisée, c'est l'ère de la persécution française.

Le 16 j'avais dîné à Santa Chiara avec Mgr Touchet, et Mgr Bougouin1), le 18 nous recevions Mgr Bougouin chez nous. Celui-ci est un vieil ami, un ancien condisciple, toujours spirituel et bon. Mgr Tou­chet a un tempérament d'orateur; du sang, de la vie, de la mémoire et une parole facile. Ces bonnes réunions élèvent l'âme. Vivre avec les évê­ques, c'est vivre avec l'Eglise. 5

Il me reste peu d'années à vivre, je veux fixer de plus en plus le but de notre chère œuvre, afin qu'on n'en dévie pas après moi. Ce but est dou­ble; l'apostolat de l'adoration réparatrice et l'apostolat des missions. Le premier s'accomplit dans nos chapelles, par l'adoration du St-Sacrement exposé, qui nous est si chère.

Cinq de nos maisons ont déjà l'adoration quotidienne. Les autres l'ont ou doivent l'avoir au moins une fois par semaine.

Dans ces adorations, nous offrons au Cœur de Jésus ce qu'il demande: un culte d'amour et de réparation. Nous le remercions au nom de ceux qui ne le remercient pas. Nous nous unissons à lui; nous le supplions 6 de pardonner à notre pauvre société, malade, affolée, impie.

Pour remplir notre second but, nous missionnons en Europe, mais nous allons volontiers aussi aux missions lointaines, fussent-elles diffici­les et dangereuses.

Dans nos chapelles, j'aimerais que les trois principaux mystères de notre couronne du S.-Cœur fussent représentés: la Sainte Famille, le Cénacle, le Calvaire. Cela peut se faire par les reliefs du maître-autel, ou par les trois autels principaux.

Je quitte Rome le 26 novembre. Je célèbre la messe le 27 à Gênes à l'égli­se de l'Annunziata, toute brillante des premiers ors venus d'Amérique.

Je m'arrête quelques heures 7 à Bordighera, le pays des palmiers, un paradis terrestre par ses jardins. La propriété de Ch. Garnier m'a pa­ru plus riche en plantes tropicales que les plus célèbres jardins de l'Euro­pe méridionale: la Tasca de Palerme, la villa de Monserrate à Lisbonne.

Toutes les plantes sont marquées de leur nom et de leur pays d'origi­ne. On visite là en une heure les régions subtropicales d'Amérique, d'Afrique et d'Asie.

Je revois San Carlo. Quels merveilleux jardins. On trouve là aussi les tropiques et de beaux arbres aux proportions séculières annoncent la vieille propriété féodale, plutôt qu'un jardin de parvenu. 8

Deux jours à Nice avec le Bon Père Harmel et le P. Assistant2). On cause du Sillon3) et de la lutte scolaire. Je trouve à Nice des opinions plus avancées que les miennes. Belle promenade sur la colline, au milieu des jardins et des villas; forêts d'oeillets; les kakis en fruits rappellent les orangers avec une couleur plus vulgaire. Ils nous viennent du japon.

Je m'arrête à Grenoble pour voir mes deux soldats, Rattaire et Granger4). J'espère qu'ils se tireront d'affaire. La ville est bien tracée, entourée d'un beau cercle de montagnes, mais sans monuments remar­quables. - C'était le 1er déc.

Conseil à Bruxelles le 6. - Départ des missionnaires à Anvers le 9: ils sont trois: le P. d'Hossche, les PP. 9 Schürmann et Schultz5)). C'est toujours impressionnant. Il y a là-bas tant de périls!

Visites à Tervuren et à Louvain. Toutes nos maisons sont bien vivan­tes, mais je voudrais beaucoup plus de monde encore pour suffire à nos œuvres.

Du 18 au 30, ce sont mes anniversaires d'ordinations et de premières messes. C'est toujours pour moi un réveil de grâces et un renouvelle­ment de vie intérieure. N.-S. me presse et me poursuit, il me veut à la vie d'union et je cède toujours trop à la nature.

Le 24, quelques mauvaises nouvelles de Sittard: il faut toujours une épreuve purifiante avant les grandes fêtes. 10

Je termine l'année avec les sentiments habituels de confusion, d'ac­tion de grâces, de désir.

Miserere mei Deus! La grâce me presse et je n'aboutis pas. Seigneur, augmentez ma foi! Seigneur, fortifiez mes résolutions! Marie, ma bonne Mère, aidez-moi.

11 1910

Echange habituel de compliments. Je recommande à toutes nos mai­sons la paix, l'union, la charité.

Le diable aime à semer la division.

Je rencontre à Sittard des mécontentements qui ne me paraissent pas fondés. Je prie s. Jean de nous aider à pratiquer la charité.

Difficultés en Finlande. Les polonais sont parvenus à faire destituer le curé pour avoir un des leurs. J'essaie de faire intervenir le S.-Siège. Mgr. Legal évêque de S.-Albert nous accueillerait au Canada, mais où trouver des hommes de bonne volonté?

Je vais à Paris saluer Mgr 12 Bégin6), qui m'encourage à penser au Canada. Deus providebit [Gn 22,8].

Le 8, le P. Kitt7) meurt subitement à Sittard. Prions pour qu'il n'ait pas trop de purgatoire.

N.-S. ne me laisse pas sans lumières. Je lui demande une grâce spécia­le de force.

Le 18, conseil à Bruxelles. J'espère que nos efforts pour l'entente et la paix ont pu réussir à applanir quelques petits conflits de provinces.

A la fin du mois ce sont les inondations à Paris. Elles commencent quand le Parlement discute les interpellations sur les lois scolaires et sur la lettre des évêques. Dieu avertit la pauvre France et lui fait compren­dre qu'il ne laissera pas pervertir impunément l'âme des enfants. 13

Le 2, je suis appelé chez le commissaire. J'ai craint qu'il ne s'agisse encore de congrégation et de liquidation; mais non, c'est pour un rensei­gnement sur le Sieur Antonin M…., ancien élève de Fayet, qui est suspect d'abus de confiance pour avoir acheté un château en Saintonge, sans avoir de quoi le payer.

Le 3, je vais à Paris. La Seine est encore belle, elle remplit ses rives, mais elle s'est retirée des rues et des quais.

Nous avons une épreuve à Louvain. Le pauvre fr. Alexandre Ravet8) a perdu la raison à la suite d'un échec à ses examens. Il devait partir bien­tôt au Congo!

Il y a aussi en d'autres maisons quelques difficultés. Humilions-nous et réparons. 14

J'envoie une circulaire à tout mon monde. Je recommande la ferveur, la vie intérieure, l'adoration réparatrice. Les âmes de bonne volonté en profiteront.

Le 11, visite du commissaire central délégué par le Ministre de l'inté­rieur au sujet des circulaires du P. Jacquemin9). Je lui fais remarquer que les circulaires elles-mêmes constatent qu'en France tout a été dispersé et volé, et que les communautés françaises de S.-Quentin et de Fayet ont été transportées à Bruxelles et à Mons. Cela paraît le satisfaire.

J'achève mon travail sur la Vie intérieure10), je le ferai peut-être éditer. C'est le résumé des mois de retraite que j'ai donnés.

Pour la Finlande, Mgr. Benigni11) nous engage à persévérer. 15 Il m'a envoyé pour nos deux Pères des nominations de Missionnaires Apostoliques datées du 8 janvier.

Le dernier jour du mois, je vais à Chimay pour voir une propriété où on pourrait mettre le noviciat. Le lieu me paraît favorable. Il y aurait là une habitation saine et gaie, comme il convient pour des jeunes gens. Mais je m'abandonne à la Providence qui peut-être ne nous veut pas là.

Le Saint-Office vient d'approuver notre association sacerdotale avec de nombreuses indulgences. Il faut reprendre et développer l'œuvre commencée avec Mgr Gay en 188312). N.-S. demande l'union des prê­tres dans la vie réparatrice.

Le P. Joseph Thoss13) est mort dans la nuit du 3 au 4, à Berlin 16 où il était chapelain des dominicaines. Il a eu des grâces pour l'éducation de nos enfants à Clairefontaine et à Sittard.

Je lis s. Jean de la Croix: La montée du Carmel et La nuit obscure de l'âme. - Si je l'avais lu en 1878, j'aurais évité bien des erreurs. Il dis­tingue bien, dans les grâces extraordinaires, les paroles successives ou lumières d'oraison et les paroles formelles ou locutions divines. - Il en­seigne à ne pas s'arrêter aux visions, aux paroles qui semblent venir de Dieu. Tout cela est trop sujet à erreur. Il ne faut chercher l'accroissement de l'amour divin que dans l'humilité, le détachement et l'accomplissement du devoir de chaque instant. 17 Il faut surtout éviter d'interroger Dieu et de lui demander une direction pour toutes choses. Il répond parfois ad duri­tiam cordas, mais c'est contraire à la direction ordinaire de la grâce.

En 78, je ne savais pas diriger soeur Ignace14). Le bon P. Modeste15), qui me dirigeait, ne s'en est pas tiré mieux que moi. Dieu l'a permis et l'œuvre s'est faite quand même, mais à travers quelles souffrances!!!

La bonne Providence me met sous la main plusieurs ouvrages de l'école dominicaine sur la grâce et la vie intérieure: «La causalité instru­mentale en théologie», par le P. Hugon16) - «De l'habitation du S.-Esprit dans les âmes» du P. Fraget. J'en pourrais tirer grand profit. Je comprends mieux l'action divine dans les âmes. 18

C'est d'abord l'habitation de la Sainte Trinité en nous avec la grâce, habitation qui devient plus intime à chaque accroissement de grâce, à chaque pas fait dans la vertu.

Cette habitation est attribuée au S.-Esprit à cause de son caractère personnel de sainteté et d'amour. Le Saint-Esprit met en nous avec la grâce sanctifiante les vertus infuses et les dons. De ces vertus et de ces dons naissent les fruits et les béatitudes.

Le livre du P. Hugon me montre l'action physique et efficace des sa­crements, et aussi l'action efficace et surnaturelle du prêtre par la puis­sance de sa parole à la messe et dans les sacrements.

Je vois aussi l'action directe du Christ comme chef de l'Eglise. La di­vinité devient son organe, son 19 instrument et je puis dire que Jésus vit et agit en moi.

Il y a même une opinion qui attribue à la sainte Vierge, comme Reine des âmes, comme chef conjoint à N.-S., une action instrumentale sur les âmes. Cette opinion s'appuie sur ce principe que toutes les faveurs ac­cordées par Dieu aux créatures doivent se trouver éminemment en Ma­rie, or le prêtre ayant une action instrumentale et physique par les sacre­ments, la sainte Vierge doit l'avoir aussi… A ce titre, Marie vivrait en nous comme Jésus par l'action de la grâce. C'est ce que semblent ensei­gner le b. Père Eudes et Grignion de Montfort17).

Je pars le 18. Nancy: une capitale qui a grand air. C'est là qu'il faut aller pour goûter 20 le XVIIIe siècle. C'est le dernier développement du style romain en France. Nous sommes de race mêlée. Chez nous le Franc a eu son apogée aux XIIIe et XIVe siècles le Gallo-Romain aux XVIIe et XVIIIe. - Maintenant, nous sommes éclectiques et sans origi­nalité. C'est le tohu-bohu dans l'art et dans la littérature comme dans la politique.

Le 19, Metz, Strasbourg. Metz est plutôt française qu'allemande. La garnison gâte ses moeurs. Les églises sont peu vivantes, les vocations baissent. - Il me semble que l'Alsace n'est ni française, ni allemande. L'Alsacien est un type moyen. L'Alsace désire surtout son autonomie. Elle gardera mieux sa foi en dehors 21 de notre oligarchie maçon­nique.

Strasbourg mériterait une longue visite. Elle a sa vieille ville aux pi­gnons de bois, ses hôtels du XVIIIe au Broglie, sa ville moderne très ani­mée au Lange Strasse et froidement officielle au quartier impérial; mais la perle de Strasbourg, c'est la cathédrale ou le Münster. Elle m'avait moins frappé en d'autres visites. C'est bien un des tout premiers chefs d'œuvre de l'art ogival. Elle n'a pas la grâce des églises de Chartres, de Reims et d'Amiens, mais elle a bien le grand aspect mystérieux qui con­vient au gothique allemand. Il faudrait étudier ses détails, les figures ascétiques de ses portails et les images innombrables de 22 ses vitraux. Toute la mystique chrétienne est là représentée. Il n'y a plus trace des ruines de 1870, l'Allemagne a soin de ses monuments. On y fait encore quelques prières en français mais la ville est bien allemande de langue. J'assistai aux vêpres, la cathédrale était remplie, on priait et on écoutait le sermon. La foi est encore vive à Strasbourg.

Le soir je couchai à Barr, pour monter à Ste-Odile le lendemain. Barr est une petite ville propre où l'hôtel et quelques magasins parlent encore le français.

Délicieux pèlerinage que je voudrais refaire. Il faut aller là pour goû­ter l'âme de l'Alsace. Sur ce sommet de 670 23 mètres encadré par d'autres montagnes vosgiennes, vécurent au vieux temps les druides de l'Alsace. Il reste quelques pierres de leurs autels et de leurs tombeaux, et de grands murs de leur forteresse.

Au VIIe siècle, l'humble vierge Odile, fille du baron féodal, fonda là un monastère de pieuses filles. On retrouve là tous les éléments d'un pe­lerinage qui fascine: les vieilles chapelles; le tombeau et les reliques de la Sainte, sa fontaine miraculeuse, puis une vue merveilleuse sur la grande vallée du Rhin, avec une foule de clochers. De là-haut, la Sainte protège toute sa chère Alsace. Les Vosges sont parées de sapins hauts 24 et droits. Autour du couvent fourrés de sapins et promenades en lacets. Il doit faire bon à faire là la retraite. La Sainte guérit de la cécité physique et morale. On la représente avec deux grands yeux sur son livre d'office. Le soir du 20, j'allai coucher à Lucerne.

Le 21 mars, je traverse la Suisse toute blanche de neige, et par Milan j'arrive à Albino.

Notre école s'achève. Le site est beau, l'air salubre, reste à y mettre beaucoup de pieux et bons enfants.

Visite à Mgr. Radini18) le 23. Il viendra bénir notre école à la fin d'avril. Je revois volontiers Bergamo, le centre de l'action sociale en Ita­lie. 25

Mgr. s'est fait bâtir un beau palais, une vraie maison romaine du temps d'Auguste. Le site exigeait quelque chose de beau, en face de la cathédrale, de la chapelle Colleoni et du baptistère. L'Hôtel des œuvres dans la ville basse est un vrai Ministère d'action sociale chrétienne.

Le 24 je vais coucher à Bologne. Il y a là toute une fermentation nou­velle d'esprit du S.-Cœur. On a construit une grande église votive au S.-Cœur de style byzantin, un petit Montmartre. On en fera une pa­roisse. Mgr. Della Chiesa19) me reçoit très aimablement. Il serait content de nous accueillir à Bologne. Nous y ferions une maison d'études. On parle de la petite église de San 26 Prospero20), c'est à voir.

En attendant, la revue du S.-Cœur: «Il Secolo del S. Cuore di Gesù», qui a trouvé les ressources pour l'église votive, va devenir aussi l'organe de note œuvre.

Le 26, j'arrive à Rome.

La ville se prépare un peu aux fêtes de 1911. Le pont Victor­Emmanuel s'achève, le petit palais de Venise va tomber. Le Monumen­to deviendra un beau fond de panorama du Corso.

Le bon abbé Christierson21) est là. Le 29, nous dînons chez Mgr. Tiberghien22) avec Mgr. Benigni23). La question de Finlande est bien dé­licate!

A noter une très curieuse étude du Card. Mercier24) sur la crise morale et sociale, dans la Revue de Philosophie 27 néo-scolastique. - «Le malaise social, dit-il, fait surgir des révélations imaginaires sur la fin du monde, ou des visions apocalyptiques. Dès le temps des apôtres on a cru à la pro­ximité de la catastrophe finale, et plus tard au temps de s. Grégoire le Grand, au temps de s. Jean Damascène (10e S.), etc. - Cela est arrivé déjà en d'autres temps… Il est vrai que le mal qui nous ronge est pro­fond. L'égoïsme jouisseur tarit les sources de la vie; l'alcool empoisonne les masses et prépare la voie à la tuberculose, à la folie, à la dégénére­scence; l'obscénité ronge la jeunesse et même l'enfance; le jeu et ses exci­tations fictives prennent la place du travail énergique; la diffusion des doctrines matérialistes ruine le tempérament moral des nations, et la diminution de leur vie religieuse les rend impuissantes à réagir. - Le mal est immense et les âmes honnêtes sont dans l'angoisse. - La so­ciété contemporaine donne par sa propre histoire la preuve expé­rimentale 28 d'une vérité proclamée par le Concile du Vatican, à sa­voir que la Révélation surnaturelle et les secours de la grâce acquise par le sacrifice du divin Rédempteur, ne sont pas seulement d'une nécessité absolue pour le salut de chacun, mais aussi d'une nécessité morale pour que les sociétés conservent les principes naturels de direction et d'action sans lesquels l'ordre social ne peut pas subsister. - Comme l'ont recon­nu Brunetière et Taine25), aucune société barbare depuis vingt siècles ne s'est élevée d'elle-même à la civilisation sans le secours du Christia­nisme. - Et voici que les nations latines qui ont officiellement apostasié le Christianisme vont nous donner la contre-épreuve de cette doctrine par leur décadence… Les nations 29 protestantes auraient répudié la suprématie de Rome, mais n'avaient pas voulu rompre avec le Christia­nisme. Les encyclopédistes du XVIIIe siècle au contraire et les inspira­teurs de la Révolution ont élevé à la hauteur d'un dogme la prétention de soustraire l'organisation sociale à l'influence positive du Christ. Cet­te prétention dans le domaine des idées s'appelle le rationalisme et dans celui des moeurs le naturalisme; elle se revêt des livrées trompeuses de sécularisation, de laïcisation, de neutralité. C'est l'affirmation orgueilleuse que la nature se suffit à elle-même. C'est l'erreur conda­mnée par le Concile du Vatican. Au XIXe siècle la philosophie croyait avec Victor Cousin26) et la politique avec Jules Ferry27) que le spi­ritualisme 30 éclectique suffisait au bien social. Victor Cousin, Ju­les Simon28), Paul Janet29), en France; Bara, Frère Orban30), Tiberghien, Van Humbrek, en Belgique, ont cru que leur philosophie rationaliste suffirait à l'éducation morale de la société. Ils n'ont pas compris que la morale sans Dieu n'aurait ni l'autorité d'un devoir absolu, ni la garantie d'une sanction efficace. - Sous l'influence de Kant, le libéralisme a fait un pas de plus dans la voie de la séparation. Il a essayé de faire du devoir moral un impératif absolu, appuyé sur le seul sentiment personnel, de là mille systèmes de morale sans religion, tous aussi fragiles l'un que l'au­tre. L'intérêt général paraissait encore pouvoir soutenir l'ordre social. Mais nous voici tombés à la 31 quatrième étape de la décadence où l'intérêt personnel remplace tout idéal, la jouissance égoïste remplace la morale. C'est ce qu'on lit dans un nouveau cours de pédagogie de Du­fresne. Le nombre des délits augmente d'année en année dans la jeunes­se, le patriotisme est méprisé. C'est la décadence totale, qui justifie les conclusions du Concile du Vatican…».

Voilà certes une belle page d'histoire contemporaine à la Bossuet. Pie IX disait: C'est l'excès du mal qui fera revenir à la religion.

Le mois commence par une épreuve, nous perdons le bon fr. Ravet31) à Louvain.

Le 7, je visite le Musée du Purgatoire du P. Jouet32). 32 Ce bon Pè­re a trouvé déjà une quarantaine de traces de feu laissées par les âmes du Purgatoire. Si l'une ou l'autre est douteuse, l'ensemble est extrêmement saisissant.

Nos Revues se développent, c'est une belle propagande du S.-Cœur. Elles arrivent à une trentaine de mille d'abonnés. Celle de Bologne est un nouvel appoint, celle de Mons va se mettre en train.

Le 11, le Pape signe un beau Bref pour notre association sacerdotale d'amour et de réparation. C'est un bel encouragement pour développer nos associations.

Le même jour, je cause avec Mgr. Tiberghien du projet de voyage au Canada. Le projet mûrira. 33

J'ai été amené par la Providence à creuser bien des sillons, mais deux surtout laisseront une empreinte profonde: l'action sociale chrétienne et la vie d'amour, de réparation, et d'immolation au S.-Cœur de Jésus.

Mes livres traduits en plusieurs langues portent partout ce double cou­rant sorti du Cœur de Jésus. Deo Gratias!

Le 20, je reçois une bonne lettre de la Curie de Pétersbourg. Mgr. De­nicewitz encourage nos travaux en Finlande et se loue de notre travail. Espérons que la mission se développera.

Le 23 à 10h, audience du Pape. je lui rappelle notre double but, nos maisons d'adoration et notre apostolat. Il connaît nos œuvres et s'y inté­resse. Il a un souvenir affectueux pour Mgr. Grison. je lui fais part 34 de la prochaine bénédiction d'Albino, il salue Mgr Radini, le félicite de l'accroissement des maisons religieuses en son diocèse et nous recommande à sa bienveillance.

Il connaît nos petites difficultés de Finlande et il espère quand même que cette mission se développera.

je lui parle de nos revues en cinq langues avec 30.000 abonnés et de nos associations de prêtres et de fidèles.

Nous causons des Polonais, du Canada, de la difficulté d'évangéliser là-bas les colons ruthènes. Il sait que les Polonais et les Hongrois sont très particularistes. Il espère que le roi Albert, de Belgique, s'intéressera à nos missions qu'il a visitées.

je lui demande la faculté 35 pour tous nos prêtres de dire la messe du S.-Cœur le ler vendredi du mois, sans aucune condition d'exercice public. C'est d'accord. Il signe: Juxta preces perlibenter in Domino.

Il énumère lui-même tous ceux qu'il bénit à l'occasion de notre visite: nos œuvres, tous nos sujets, nos familles, nos bienfaiteurs, etc.

je lui présente Mme Christierson et son fils, il leur témoigne une grande bienveillance.

Le 24, je vois la comtesse Ledochowska33) de Pétersbourg, nous règlons toutes les conditions de notre collaboration en Finlande.

je quitte Rome le 28, avec le jeune Pasqualino34), qui va passer la revi­sion à Rotterdam. 36

Au wagon-restaurant, déjeuner en face de Mgr Van Caloen, prélat bénédictin au Brésil. Conversation intéressante. La mission du Rio Branco se développe, les bénédictins de Bavière vont prendre celle de Rio Negro. Il connaît nos Pères et nos œuvres de Pernambuco.

je descends à Bologne à l'hospice des vieux prêtres35), dédié à s. Vin­cent de Paul: maison confortable et d'une propreté rare, avec un beau jardin. C'est une fondation que la conquête française avait détruite et qui s'est relevée, maison hospitalière pour les prêtres âgés et hôtellerie pour les prêtres de passage.

Le samedi matin, je vais visiter avec le chanoine Don Alfonso Zagni la petite église de San Prospero36), où il y a une délicieuse petite Madone de Cristoforo Allori. 37

Albino est en fête, les capucins célèbrent un centenaire de leur fonda­tion. Ils sont populaires. Une belle souscription les aide à fêter s. Fran­çois. Ils sont prodigues de démonstrations extérieures: musique, tentu­res, feux d'artifice. Le Cardinal de Milan37), l'Evêque de Bergamo et deux Evêques capucins viennent officier. Les fêtes durent trois jours. Le dimanche, je dîne chez eux, ils font bien les choses. Le soir feu d'artifice très réussi. Les Italiens font cela à bon compte.

Le lundi, c'est chez nous qu'est la fête, elle est plus modeste. Mgr. Radini Tedeschi bénit notre chapelle et assiste à la messe chantée. Nous le recevons à dîner avec le bourgmestre et le clergé du pays. Je me risque à faire un toast en italien. Mgr est très bienveillant, il 38 souhaite que notre école ait toujours de nombreux élèves bergamasques.

Nos dix enfants me laissent une bonne impression, ils sont bien dispo­sés. Pourvu qu'ils se conservent!

Rentré à S.-Quentin le 5, je prends part au scrutin le 8. M. L'abbé Bordrou a 8.000 voix contre 10.000. Le groupe de l'alliance populaire a bien travaillé à S.-Quentin. Mais le département n'est pas organisé. L'alliance n'a pas su présenter des candidats convenables à Laon et à Vervins, ce sont des circonscriptions que nous perdons par notre faute. Et il en est ainsi dans une foule de départements.

Le 11, conseil à Bruxelles. Nous avançons pratiquement pour la Fin­lande et le Canada. Louvain a peine 39 à payer ses grandes dépenses de constructions.

Petites visites consolantes à Mons et à Tervuren, ces deux maisons marchent bien.

Notre petite exposition à la salle des missions à Tervuren est assez réussie. Le f. Geraedts38) a modelé l'archange Gabriel bénissant quatre négrillons. Un moulage en relief représente toutes les constructions de la mission de St.-Gabriel. Je lis divers ouvrages sur le Canada et les pays que je verrai peut-être à mon passage.

Je continue la visite rapide de nos maisons. Le 9, c'est Sittard, où tout progresse. La maison est nombreuse, elle s'agrandit. L'esprit y paraît bon. Une visite aux 40 soeurs d'Abshonen me rappelle bien des sou­venirs émouvants.

Le 11, c'est Luxembourg, nous fêtons la Saint-Barnabé avec le P. Assistant39). Luxembourg ne nous donnera que deux prêtres cette année, c'est trop peu, mais les années suivantes seront meilleures.

Conseil le 14, rien de saillant.

Visite au Manage, où tout marche tranquillement et sagement. Mon travail de bureau tout ce mois, est la refonte du Manuel Social, dont je vais faire une nouvelle édition40). Je le mets au courant des stati­stiques, des lois nouvelles et des directions de Pie X.

Le 26 départ pour Clairefontaine où je passe une bonne journée au milieu de ce petit peuple, sage et pieux. On décide des agrandissements d'étude et de dortoir. 41

Le 28, visite à Cinq-fontaines. La chapelle répond bien à notre esprit. Les vitraux du choeur représentent les trois mystères principaux de no­tre rosaire du S.-Cœur: vie cachée, passion, eucharistie. Les autres vi­traux représentent les saints du S.-Cœur que nous invoquons tous les jours.

En revenant par Metz, je dis la messe à la belle cathédrale, mais je la trouve froide et presque déserte le matin.

Préparatifs de départ pour le Canada.

Le 2, réunion de confrères avant le départ. Le P. Aubert représente le Congo et le P. Bousquet le Canada41).

Les malles se préparent.

Conseil le 7.

Départ à Anvers le 9 pour le Congo.

Ordination à Louvain le 17. 42

Je visite les maisons de Bergen op Zoom et d'Asten. Il y a partout de la vie, mais je voudrais encore plus de ferveur, plus de vie intérieure. Ce mois me rappelle de grands souvenirs: le 16 juillet 1877, je me mis en retraite pour écrire nos Constitutions42).

Le 19 juillet 1869, je célébrais ma première messe solennelle à La Capelle43).

Le 22, jour de ste Madelaine a toujours été pour moi un jour de grâce. Ce jour-là cette année, la foudre tombe dans mon jardin à quelques pas de moi. Comme il faut être prêt.

Le 23, je commence quatre journées de retraite à Chimai [Chimay]. Le souvenir de mes anciens pèlerinages me ranimera. Je trouve là un 43 de nos anciens élèves, le f. Pierre qui m'édifie.

Humilité et confiance.

J'ai peur de la justice divine: Domine, ne in furore tuo arguas me [Ps 37,2]. J'invoque la bonté de Dieu: Miserere mei, Deus, quoniam infirmus sum [Ps 6,3]. J'ai confiance en la miséricorde divine: Convertere, Domine, et eripe animam meam. salvum me fac propter misericordiam tuam [Ps 6,5].

Réflexions: Dieu m'a confié l'œuvre du S.-Cœur, il veut qu j'y trouve ma sanctification. Il ne peut pas vouloir que cette œuvre soit pour moi un obstacle. «Il s'adresse à un instrument incapable par lui-même de tout bien et lui demande cependant de travailler pour lui. Il appelle une âme à s'adonner à une œuvre dont il est l'initiateur, et il ne cesse pas pour 44 cela de l'appeler à la sainteté. Il s'engage donc à prodiguer à cette âme les dons particuliers, les grâces d'état, les secours proportionnés aux vues qu'il a sur elle, de telle façon qu'elle puisse exécuter les desseins de Dieu et se sanctifier par cette œuvre même. Mais il faut pour cela que je vive bien moi-même de notre règle et selon l'esprit de notre vocation.

Méditation: Infixus sum in limo profundi [Ps 68,3]. Quelle ingratitude est la mienne! Quelle folie! De profundis clamavi ad te, Domine [Ps 129,1 ]. Réflexions: Je dois m'appliquer davantage à la vie intérieure. Appro-pinquate Deo et appropinquabit vobis (s. Jac. IV, 8). Les œuvres ne doivent pas m'en éloigner. Elles sont de Dieu et pour Dieu. C'est 45 à Jésus que je vais en allant au prochain. Ses lumières, ses grâces m'accompa­gneront partout si je suis à lui. Jésus-hostie ne quitte pas son Père en se donnant aux âmes.

Méditation. En quelque circonstance que la mort puisse me surpren­dre, il faut que Dieu et les hommes me trouvent occupé à faire quelque acte de vertu. Il faut qu'elle me trouve modeste, édifiant, surnaturel. Réflexion: Marguerite-Marie disait:

«Je possède en tout temps et je porte en tout lieu et le Dieu de mon cœur et le Cœur de mon Dieu».

Ainsi dois-je vivre en union avec le Cœur de Jésus. Je dois me recueil­lir et suivre doucement les inspirations divines. Domine, quid me vis facere? [Ac 9,6]. Que dois-je faire, ô Jésus, pour vous contenter et pour vous té­moigneer mon amour? 46

Résolution: me sanctifier heure par heure. Faire chaque exercice sous le regard de Jésus, doucement et pieusement.

Réflexions: la vie intérieure est la base de l'apostolat. Une personne occupée doit plus qu'une autre se maintenir fidèle aux exercices de piété, se mettre profondément en la présence de Dieu quand elle les commen­ce; s'y remettre encore à certains moments de la journée; c'est sa part nécessaire de la vie intérieure qu'elle ne doit pas sacrifier.

L'apostolat doit être un rayonnement de grâce et de sainteté. L'Eucharistie est le foyer, la base, le centre de toute vie, de tout œuvre, de tout apostolat. Toute la rédemption gravite autour du Calvaire, toute son application gravite autour de l'autel. 47 L'ouvrier évangéli­que qui ne vit pas de la vie eucharistique, n'a qu'une parole sans vie et une action inefficace. J'ai lu la vie de Dom Sébastien Wyart44), elle m'a grandement intéressé et édifié. Il a toujours été pour moi un ami et un bon conseiller. Je l'avais connu zouave au parloir du séminaire de Ro­me, avec Mirabel45) et quelques autres. J'ai fait des retraites avec lui au Mont-des-Cats et à Sept-fonts. Jusqu'à sa mort je le voyais à Rome cha­que hiver. Quel cœur ardent! comme il aimait son pape Pie IX, puis son vieil abbé dom Dominique, son saint fondateur s. Bernard et par dessus tout notre Mère du ciel et le Cœur de Jésus! 48

Il m'a encouragé dans mes difficultés en 1884. Il disait en 1877 qu'un saint personnage lui avait parlé de coopérer à la fondation d'une congre­gation mixte, n'est-ce pas le P. Laurençot46) qui s'occupait alors avec la Mère Véronique47) du projet des Prêtres victimes du S.-Cœur?

Dieu l'a conduit par des voies détournées et semées d'épines à une grande œuvre, la réforme cistercienne. C'est ainsi qu'il (Dieu) s'est ser­vi de mon néant et de ma misère pour faire l'œuvre du S.-Cœur.

Il veut m'y sanctifier si je ne résiste pas à sa grâce. 49

Le ter août, messe au Couvent48). Voilà 33 ans que je terminais là ma re­traite pour la fondation de l'œuvre49). La soeur Ignace50) me le rappelle. La Chère Mère51) me raconte un curieux épisode. C'était au temps de leur fondation, en 1867, à Strasbourg. Il y avait près de Strasbourg deux enfants possèdes, que le curé exorcisait. Une soeur y alla. Le curé dit au démon: «Chez ces soeurs-là tu ne peux pas entrer». - «Non, dit-il, el­les marmottent trop». Il ajouta: «Mais j'en ai bien fait sortir une». Peu de temps avant une soeur de mauvais esprit était sortie, après avoir criti­qué et dénoncé la supérieure. 50

Du 1 au 8 préparatifs de voyage. Je laisse l'autorité aux mains du P. Assistant52). Les Provinciaux feront le placement.

Novembre 1En route pour Rome 19
Audience 3Sainte-Odile 22
Réflexions 5Albino 24
Retour 6Bologne 25
Décembre 8Rome 26
Avril: audience 31
Mai: Albino 37
1910 Juin 39
Juillet 41
Janvier 11Ma retraite 42
Février 12Août 49
Mars 15

1)
Touchet (Stanislas-Xavier-Arthur. 1848-1926), év. d’Orléans: 1894-1926. Bougouin Henri, cf. NQ, vol. 1, note 22, pp. 549-550.
2)
Le P. Claude Barnabé Charcosset, cf. NQ, vol. 1, note 98, pp. 509.
3)
Sillon (Le), cf. NQ, vol. 3, note 31, p. 477.
4)
Rattaire (Alfraid-André), dehonien, né le 28.10.1888 à Flumet (Savoie); profès le 2.9.1906 à Sittard; décédé le 17.06.1915 à Neuville St-Vaast (Pas-de-­Calais). Granger (Jean-Franrois de Sales), dehonien, né le 21.10.1888 à Bonvillard (Savoie); profès le 23.9.1907 à Sittard; décédé le 29.8.1914 à St Michel sur Meurthe (Vosges).
5)
D’Hossche (Modeste), dehonien, né le 30.5.1874 à Zevergem (Belgique); profès le 23.9.1903 à Sittard; prêtre le 25.5.1907 à Malines; missionnaire au Zaïre: 1909-1911 et 1919-1947; Cons. prov. de la Province Franco-Belge: 1911-1919; Sup. de la maison de Tervuren: 1912-1918; décédé le 23.4.1947 à Kisangani (Zaïre). Schürmann (Joseph-Louis), dehonien, né le 18.9.1882 à Eppinghoven / Dinslaken (Allemagne); profès le 23.9.1904 à Sittard; prêtre le 26.7.1909 à Luxembourg; mis­sionnaire au Zaïre: 1909-1951; décédé le 24.4.1951 à Mokaria (Zaïre). Schultz (Gérard Majella), dehonien, né le 13.3.1886 à Aachen; profès le 23.8.1904 à Sittard; prêtre le 26.7.1909 à Luxembourg; missionnaire au Zaïre: 1909-1919 et en Afrique du Sud: 1924-1952; décédé le 28.11.1961 à Jülich (Allemagne
6)
Bégin Louis Nazaire, card., cf. NQ, vol. 3, note 14, p. ???
7)
Kilt (Léonard-Augustin), dehonien, né le 19.9.1855 à Guttstadt (Allemagne); profès le 1.10.1897 à Sittard; prêtre le 4.8.1901 à Luxembourg; décédé le 8.1.1910 à Sittard.
8)
Ravet (Alexandre Augustin), dehonien, né le 13.9.1877 à Musson (Belgique) ; profès le 22.9.1905 à Sittard; décédé le 2.4.1910 à Saint-Trond (Belgique).
9)
Jacquemin Paul-Augustin, dehonien: cf. NQ, vol. 3, note 52, p. ???
10)
La Vie intérieure a été publiée en deux volumes en 1919: vol. 1, Ses princi­pes, ses voies diverses et ses pratiques, 273 p., Téqui, Paris 1919; vol. 2, Facilitée par des exercices spirituels, 210 pp., Desclée, Bruges 1919.
11)
Mgr Benigni Umberto, cf. NQ, vol. 3, note 13, p. 497.
12)
NHV XIV, 160-165. Pour Mgr Charles-Louis Gay, cf. NQ, vol. 1, note 15, p. 493.
13)
Thoss Joseph, cf. NQ, vol. 3, note 3, p. 454.
14) , 50)
Sr Marie de St-Ignace, cf. NQ, vol. 1, note 64, p. 534.
15)
P. Modeste Auguste, S.J., cf. NQ, vol. 1, note 74, p. 505.
16)
Hugon (Edouard). – Né à Lafarre (Haute-Loire), le 25 août 1867, Florentin Hugon reçut le prénom d’Edouard en prenant l’habit dominicain, en 1885, à Rijckholt (Hollande), où la province de Lyon avait alors son couvent de noviciat et d’études. Il y émit ses voeux solennels le 13 janv. 1890. Après avoir enseigné la philosophie et la théologie à Rosary-Hill près de New York, à Poitiers, Angers, Rijckholt, il fut appelé à Rome en 1909 par le P. Cormier pour participer à la fon­dation de l’Angelicum. Il devait y enseigner, avec une autorité et une influence sans cesse accrues, jusqu’à sa mort, le 7 févr. 1929. La clarté et la sûreté de l’enseignement du P. Hugon, théologien très classi­que, sont passées dans ses gros ouvrages latins: Logica, 1902; Philosophia naturalis, 1905; Metaphysica, 1907; Tractatus dogmatici, 1920 sq., qui ont connu les uns et les autres plusieurs rééditions. L’enseignement de la théologie dans nos séminaires a bénéficié également de ses petits volumes en français sur les mystères de la rédemption (1910), de la Ste Trinité (1912), de l’incarnation (1913), sur l’eucha­ristie, la causalité instrumentale, les vingt-quatre thèses thomistes. Son étude sur le titre de Vierge-prêtre (1911) eut un certain retentissement (cf. R. Laurentin, Marie, l’Eglise et le sacerdoce, Paris, 1952, p. 476-479, et passim). Le P. Hugon fut aussi un collaborateur apprécié de La Vie spirituelle, dans ses premières années.
17)
St Jean Eudes, cf. NQ, vol. 3, note 72, p. 503. Louis-Marie Grignon de Monfort, saint (1673-1716). Ordonné prêtre en 1700, tout en ayant désiré partir pour les missions étrangères, et aussi pour obéir au pape Clément XI, exerce son apostolat spécialement en faveur des pauvres et des malades, en prêchant des missions dans diverses régions de la France. Il fonda les Filles de la Sagesse et les Missionnaires de la Compagnie de Marie. Il prêcha par­tout la Croix et le Rosaire ainsi que la consécration absolue à Jésus par l’intermé­diaire de Marie. Son Traité de la vraie dévotion à la Ste Vierge reste célèbre.
18)
Radini Tedeschi Giacomo, év. de Bergame, cf. NQ, vol. 2, note 37, p. 636.
19)
Della Chiesa Giacomo, archevêque de Bologne et pape (Benoît XV), cf. NQ, vol. 2, note 42, p. 638.
20)
Il s’agit exactement de l’église de St-Prosperino, maintenant démolie.
21)
Cf. NQ, cahier XXIII, pp. 100-122.
22)
Tiberghien Jules (mgr) cf. NQ, vol. 2, note 36, p. 636.
23)
Benigni Umberto (mgr) cf. NQ, vol. 3, note 13, p. 497.
24)
Mercier Désiré (card.) cf. NQ, vol. 3, note 29, p. 490.
25)
Brunetière Ferdinand, cf. NQ, vol. 2, note 36, p. 668. Taine Hippolyte, cf. NQ, vol. 2, note 10, p. 649.
26)
Cousin (Victor), philosophe et homme politique français, né à Paris, chef de l’école spiritualiste éclectique, auteur de l’ouvrage intitulé: du Vrai, du Beau et du Bien, (1792-1867) (PLI).
27)
Ferry Jules-François-Camille), avocat et homme d’Etat français (Saint-Dié 1832-Paris 1893). Rédacteur au Temps, auteur célèbre de deux brochures stigmati­sant le régime impérial, les Comptes fantastiques d’Haussmann et les Grandes Manœuvres électorales, il fut élu député républicain de Paris (1869). Maire de Paris (16 nov. 1870) il dut nourrir Paris assiégé et assurer l’ordre, mais sa rigoureuse politique de vivres lui valut une solide impopularité (surnom de «Ferry-Famine») et il dut fuir la capitale le 18 mars 1871, au début de la Commune. Il fut ambassa­deur à Athènes (1872-1873). Presque continuellement au pouvoir de 1879 à 1885, soit comme ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts (févr. 1879-nov. 1881; janv.-août 1882; févr.-nov. 1883), soit comme président du Conseil (sept. 1880-nov. 1881; févr. 1883-mars 1885) ou comme ministre des Affaires étrangères (nov. 1883-mars 1885). Jules Ferry réalisa une œuvre capitale dans le triple domai­ne de l’affermissement du régime, de l’enseignement et de l’expansion coloniale. Ayant contribué à l’organisation des libertés publiques en faisant voter les trois lois consacrant les libertés de réunion (juin 1881), de la presse (29 juill. 1881), du syndicat (27 mars 1884), il réorganisa la vie administrative sur le plan local (lois du 28 mars 1882, confiant l’élection des maires aux conseils municipaux, et du 5 avril 1884, autorisant ces derniers à siéger en séances publiques). Positiviste et anticlérical, il attacha son nom aux lois scolaires qu’il élabora avec l’aide de Ferdinand Buisson, et qui instituèrent l’enseignement laïque, enlevant à l’ensei­gnement privé la collation des grades universitaires (12 mars 1880), proclamant la gratuité (16 juin 1881), la laïcité et l’obligation (28 mars 1882) de l’enseignement primaire, étendant aux jeunes filles le bénéfice de l’enseignement secondaire d’Etat (loi Camille Sée, 21 déc. 1880), créant des lycées et collèges de jeunes filles, une Ecole normale supérieure féminine, à Sèvres, et une agrégation féminine. Il brisa toutes les oppositions et, se heurtant au vouloir des magistrats qui refusaient de sanctionner la non-observation des décrets Jules Ferry des 29 et 30 mars 1880, il donnait trois mois aux jésuites pour se disperser et aux autres congrégations non autorisées pour se mettre en règle avec la loi (300 congrégations d’hommes furent dissoutes), et n’hésitait pas à suspendre pour trois mois l’inamovibilité des juges (30 août 1883). Jules Ferry fut le protagoniste de l’expansion coloniale, afin de renforcer le prestige politique de la France et de ménager son avenir économi­que (GL).
28)
Simon (Jules), philosophe spiritualiste et homme politique français, né à Lorient, ministre de l’Instruction publique dans le gouvernement de la Défense nationale (1814-1896).
29)
Janet (Paul), philosophe français (1823-1899).
30)
Frère Orban (Hubert-Joseph-Walter), homme d’Etat belge, chef du parti libé­ral (1812-1896).
31)
Ravet Alexandre, dehonien: cf. NQ, vol. 3, note 8, p. 509.
32)
P. Jouet des Missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus, d’Issoudun, fondés par le P. Jules Chevalier.
33)
Cf. NQ, vol. 3, note 21, p. 475.
34)
Pasqualino Gasparri.
35)
Dans la rue Via Barberia.
36)
Cf. NQ, vol. 3, note 20, p. 510.
37)
Le Card. Andrea Carlo Ferrari, cf. NQ, vol. 2, note 51, p. 639.
38)
Geraedts (Thomas-Francois), dehonien, né le 15.5.1881 à Swalmen (Pays-­Bas); profès le 22.9.1905 à Sittard; prêtre le 17.7.1910 à Louvain; missionnaire au Brésil du Nord: 1910-1953; Sup. Rég. du Brésil du Nord: 1923-1926; décédé le 14.8.1953 à Agua Preta (Brésil).
39)
Le Père Claude-Barnabé Charcosset, dehonien: cf. NQ, vol. 1, note 98, p. 509.
40)
Cette nouvelle édition n’a jamais été publiée. Le texte, avec les correc­tions etc. se trouve aux Archives Dehoniennes, à Rome.
41)
Aubert Hippolyte, cf. NQ, vol. 3, note 40, p. 460. Bousquet Emile, cf. NQ, vol. 3, note 10, p. 463.
42) , 49)
Cf. NHV XII, 167.
43)
Cf. NHV VI, 140-150.
44)
Cf.L NQ, vol. 2, note 20, pp. 632-633; cf. NHV V, 107; IX, 62; XIII, 83-84; XIV, 11.112.128.
45)
Cf. NHV V, 107.
46)
Cf. NHV XIV, 126; XV, 16.17.18.
47)
Mère Marie-Véronique du Cœur de Jésus, cf. NQ, vol. 1, note 51, p. 501; cf. NHV X 23.110; XIII, 61; XIV, 11.
48)
Couvent des Soeurs-Servantes du Cœur de Jésus à St-Quentin.
51)
Mère Marie du Cœur de Jésus, fondatrice des Soeurs-Servantes du Cœur de Jésus, cf. NQ, vol. 1, note 84, p. 507.
52)
Le P. Claude-Barnabé Charcosset, dehonien: cf. NQ, vol. 1, note 88, p. 509.
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