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Troisième conférence

Le judaïsme, le capitalisme et l'usure

Cette troisième Conférence, donnée le 11 février 1897, a été publiée en quatre livraisons successives dans Le Règne, en 1899. Elle revient sur les causes du malaise social, princi­palement le capitalisme et l'usure. Et elle en développe une nouvelle, le judaïsme, une cause étroitement associée aux deux autres précédemment dénoncées: les juifs dominent en effet le monde capitaliste et ses pratiques de spéculation.

A l'évidence c'est sur le judaïsme que le Père Dehon fait porter principalement son attention: dans l'édition de sa Conférence, ce point couvre plus de 27 pages sur 34.1) Ces pages s'achèvent sur une conclusion (p. 156) qui semble an­noncer la fin de l'exposé. Le Conférencier ajoute alors cet aveu: «Le programme de cette Conférence comprenait le judaïsme, le capitalisme et l'usure. L'abondance de la première partie a dépassé nos prévisions, nous serons plus concis pour la seconde» (p. 158).

Le judaïsme, et plus précisément l'incontestable anti­sémitisme da Père Dehon: c'est un sujet délicat, pénible aussi, en particulier pour nous aujourd'hui. Il mériterait d'autant plus une étude objective des textes méme du Père Dehon replacés dans la fièvre de son époque, et resitués plus largement dans l'ensemble de l'antisémitisme, en France no­tamment.2)I

Je m'en tiens ici à résumer l'argumentation du Père De­hon, en renvoyant aussi aux principaux textes quo par ail­leurs il a laissés sur ce thème, souvent en Tien avec la Franc­-Maçonnerie. On se souviendra aussi que le livre-symbole de l'antisémitisme alors, «La France juive» de Drumont, est paru en 1886; et «l'affaire» Dreyfus secoue gravement la France, de 1894 à 1906.3)II

Le Père Dehon doit bien le reconnaître: «Léon XIII n'a pas parlé des Juifs dans ses documenta sociaux» (p. 131), si­non indirectement à propos des «hautes oeuvres des Juifs modernes» (ibid.) que sont l'usure, la domination de l'argent. Pourquoi ce silence? Sur ce sujet, est-il affirmé, tout a déjà été dit par l'Eglise, avec aussi le souci de ne pas exas­pérer les Juifs. Plus longuement le conférencier rappelle le passé glorieux de ceux qui ont été le peuple très aimé de Dieu. Ila ont donne les Patriarches, les Prophètes, Paul, Ma­rie, ils ont donne Jésus qui a aimé son peuple, qui a pleuré sur lui. Ila restent toujours appelés à la conversion. Et que l'on pense à l'espérance de. Paul, qui est l'un des leurs (Rm XI): «ce sera comme la résurrection des morts» (p. 134), à une heure qui cependant reste le mystère de Dieu. Déjà quel­ques conversions retentissantes laissent entrevoir ce futur tant attendu.

Suit un rappel de l'attitude de l'Eglise, des Papes surtout, à l'égard des Juifs tout au long de l'histoire: constamment l'attitude «d'une charité mêlée de prudente» (p. 136). La to­lérance, la sauvegarde de leur liberté de culte, la protection devant les persécutions du pouvoir civil. Mais attitude de prudente aussi:: l'interdiction de ce qui pourrait leur pro­curer une position trop forte dans la société chrétienne, comme le droit de propriété en une terre qui est chrétienne, qui appartient aux enfants du Christ, ou encore l'entrée dans 6'armée, au parlement et dans la magistrature, ou plus communément la possibilité de mariage avec des chrétiens…

Les Juifs «ont souvent abusé de la bonté de l'Eglise» (p. 139): intrigues, exactions, rapacité, abus de l'usure sans pitié, impiété, blasphèmes, dissimulation, meurtres rituels… La liste est longue, elle ramasse tous les thèmes ressassés de l'an­tisémitisme séculaire. Et tous ces abus s'appuient sur le Tal­mud, «le manuel du parfait israélite, le manuel da détrous­seur, du corrupteur, du destructeur social» (p. 143).

Malgré cela, sous l'influente de l'humanisme rationaliste du 18ème siècle, les Juifs ont été émancipés par le pouvoir ci­vil: en Autriche, puis en France, puis en toute l'Europe. C'est là une «faute capitale, désastreuse» (p. 145): elle a déclenché l'invasion da judaïsme et le péril juif. Sont avancés ici de nombreux chiffres: autour du nombre des Juifs, relativement faible, en criante disproportion avec la puissance énorme qu'ils ont conquise par l'argent, par la presse, par la main­mise sur les banques et donc sur toute la production de la ri­chesse et sur le grand commerce.

Comment expliquer cette puissance exorbitante? Parmi les Juifs s'est incrustée une haine tenace contre le Christ, et la volonté de venger l'humiliation subie pendant des siècles. In­tervient aussi la particularité constante de ce, peuple apatride, qui refuse farouchement l'assimilation aux autres peuples et reste soudé malgré sa dispersion à travers le monde. Et la soif de l'or, l'esprit de domination, forme païenne de l'espé­rance messianique: «Le Messie, pour eux, c'est la puissance et la richesse du peuple juif» (p. 150). Une ambition servie par une organisation d'autant plus redoutable que souvent elle reste secrète, insaisissable: établir des centres de propa­gande et d'action, tenter de faire de Rome «la capitale de leur empire universel,… revanche de la dispersion d'Israël» (pp. 152-153).

Franc-maçonnerie et socialisme viennent à l'appui de ce judaïsme conquérant: «II n'y a pas de doute, Judas vit tou­jours et la troupe qu'il conduit aujourd'hui contre le Christ comprend les francs-maçons et les socialistes» (p. 156). En conclusion, le Père Dehon rappelle les résolutions prises par le Congrès de Lyon (fin 1896) à l'égard des Juifs: limiter strictement, et sous la garantie d'une législation qu'il faudra réformer, l'excessif pouvoir juif dans la société, et favoriser les oeuvres sociales chrétiennes.

Le Père Dehon achève par de brèves considérations sur le capitalisme, sur !'usure, et sur le socialisme: sujets qui se­ront en partie repris plus longuement dans la Conférence sui­vante.

Le capital en soi est un bien: c'est l'épargne, le fruit du travail et en vue de la production. Le capitalisme, par contre, c'est l'abus de la puissance du capital, un abus organisé par l'usure, par les monopoles, par l'asservissement des travail­leurs. Il devient comme une sorte de culte. Il a ses prêtres, les spéculateurs sans cœur. Il a ses adorateurs, les assoiffés d'argent qui veulent gagner, vite et beaucoup, sans scrupule. Il a surtout ses victimes, les innombrables foules d'exploités, sans défense.

Le Pape Léon XIII dans l'Encyclique Rerum novarum avait dénoncé l'«usure dévorante» usura vorax (p. 160). Le Père Dehon reprend cette expression, il revient sur ce sùjet complexe et grave, l'usure, qui lui tient à cœur et qu'il aborde plusieurs fois. En 1895 il avait donné un long rapport sur cette question, lors d'une réunion d'études sociales à Saint­-Quentin.4)V Peu de temps après ce rapport est complété et dif­fusé plus largement par la publication d'une brochure sous le titre: L'usure au temps présent. Etude sur l'usure au double point de vue de la morale et de l'économie sociale.5) Dans la présente Conférence, l'auteur se limite à résumer les formes de l'usure pratiquées de son temps, depuis le prêt à intérêt et ses conditions de moralité que la législation devrait garantir, jusqu'aux formes les plus odieuses, la spéculation, les coups de bourse, la publicité mensongère, les fausses nou­velles pour faire monter artificiellement les cours…

Puis il donne sa conclusion, et c'est de nouveau un vi­goureux appel à l'action intelligente: «II faut donc agir, mais il faut étudier d'abord, pour ne pas agir en aveugles et sans discernement. Et cette étude des conditions modernes de l'u­sure réclame une application sérieuse… Nous sommes enva­his, dominés par le nombre, trahis par beaucoup. N'est-il pas trop tard? Non… Nous vaincrons avec la grâce de Dieu» (p. 164).

I. Je veux traiter aujourd'hui la question juive. Peut-être m'objecterez-vous que Léon XIII n'a pas parie des Juifs dans ses documents sociaux.

Je répondrai d'abord qu'il en a parie au moins indirectement en stigmatisant toutes les formes du capitalisme: l'usura vorax, les abus de l'industrie, la faction maîtresse de toutes les sources de la richesse. Ce sont là les hautes œuvres des Juifs modernes.

Il est vrai que le Pape ne les a pas nommés. Il y a à cela plusieurs motifs. Et d'abord ce n'est pas une question nouvelle, comme celle du socialisme. Tout a été dit sur les Juifs et leurs méfaits, par les Papes, par les conciles, par le droit canon. Et si les nations chrétiennes souffrent de l'oppression juive, c'est parce qu'elles ont abandonné les directions bien connues du droit ecclésiastique.

Il faut ajouter encore que l'Eglise, tout en se tenant en garde contre les Juifs, ne veut pas les exaspérer. Elle ne désespère pas de leur retour. Elle les a toujours traités avec compassion et charité, tout en agissant vis-à-vis d'eux avec prudence.

Tout récemment encore, le prince-archevêque d'Olmutz,6) qui est issu d'une famille juive convertie, a répondu avec autant de compétence que de sagesse a ceux qui le consultaient sur cette question, que pour conjurer le péril juif, il n'y avait pas besoin d'une direction nouvelle, il eût suffi de s'en tenir aux règles du droit canon.

II. A travers leurs fautes actuelles, on aperçoit encore leur passe glorieux. Ils ont été le peuple de Dieu.

Ce sont les fils d'Abraham, dont le nom symbolise la foi et le sacrifice.

C'est le peuple de Moise, le héros de la sortie d'Egypte.

Parmi leurs ancêtres, je vois Isaïe, le plus sublime des poètes; David, le chantre inspiré, le modèle du repentir et de la douceur.

Je vois Paul, l'apôtre des nations, - Marie, le lis de la vallée, - Jésus, l'agneau de Dieu.

Saint Paul ne pouvait contempler leur endurcissement sans pleurer: Tristitia mihi magna est et continuus dolor cordi meo [Rm 9,2]. Il aurait voulu se sacrifier pour les sauver: Optabam ego anathema esse pro fratribus [Rm 9,3]: eux, qui ont reçu de Dieu la faveur de l'adoption, la gloire de l'alliance, la loi, le culte et les promesses; eux qui comptent dans leurs rangs les patriarches et par-dessus tout le Christ qui est Dieu, mais qui, selon la chair, est aussi le fils de David. (Ep. aux Romains, 9,5)

Saint Jérôme, qui les voyait souffrir et acheter le droit de prier auprès des ruines du temple, s'écriait: «Peuple malheureux, qu'on ne sait com-ment plaindre !»

Dieu lui-même ne les a rejetés qu'avec tristesse et compassion.

Les deux testaments ont été figurés par Isaac et Ismaël, Sara et Agar. (Gen. 16,21 Ep. ad Gal. 4).

Abraham qui représentait Dieu renvoya avec regret Agar et Ismaël:

Dure accepit hoc Abraham pro filio suo [Gn 21,11].

Dieu a tant aimé son peuple ! sa vigne choisie, plantée et cultivée par ses soins [cf. Is 5,1-2].

Il le regrette toujours: Popule meus, quid feci tibi aut quid molestus fui tibi? (Mich 6,3)

C'est son enfant prodigue.

Il l'attend toujours: Expandi manus meas tota die ad populum incredulum. (Is 65,2)

Notre-Seigneur n'a-t-il pas pleuré sur la défection de sa patrie?

Jerusalem! Jerusalem! Si scires! …[cf. Lc 13,34 et Jn 4,10]

III. Sont-ils encore intéressants aujourd'hui?

On en fait un portrait peu flatteur: ils sont moroses, dissimulés, malpropres… On ne voit en eux que l'usurier, le marchand d'habits, de lorgnettes ou de vieux galons.

Tout cela est vrai, surtout pour ceux du Nord.

N'ont-ils aucune excuse? N'y a-t-il aucune circonstance atténuante à faire valoir? Pendant mille ans on les a abreuvés de mépris. Ils vivaient au ghetto, ils portaient la rouelle, ils payaient le péage comme les animaux… En beaucoup de pays, comme en Alsace, on ne leur laissait pas d'autres métiers que le prêt a intérêt, la friperie, la revente des marchandises d'occasion. Les bains leur étaient interdits… Faut-il s'étonner de l'abjection atavique qu'ils ont contractée?

Les Juifs chrétiens de Bethléem et de Nazareth ne sont-ils pas restés la plus belle race du monde? On en retrouve quelque chose chez les Juifs portugais qui sont des tribus de Juda et de Benjamin.

S'ils n'étaient pas une race d'élite, nous domineraient-ils si facilement?

IV. Ne sont-ils pas destinés a revenir à la foi pour déterminer le triomphe final de l'Eglise?

Is. 10,21. Les restés se convertiront, et ce qui res­tera, répandra la justice avec abondance.

Osée 3,4. Les fils d'Israël resteront pendant beaucoup de jours sans roi et sans princes, sans sacrifice et sans autels… Et après cela les fils d'Is­raël reviendront et ils rechercheront le Seigneur leur Dieu.

Saint Paul surtout parle clairement: ad Rom. 11: Sont-ils donc tombés pour ne se relever jamais? A Dieu ne plaise! Leur chute a donné occasion au salut des Gentils… Mais si leur petit nombre a été la richesse du monde, qu'adviendra-t-il de leur retour en masse? Ce sera comme la résurrection des morts.

1. Numquid Deus repulit populum suum? Absit, nam et ego israelita sum.

12. Quod si diminutio eorum divitiae gentium, quanto magis plenitudo eorum!

Il faut suivre tout le raisonnement de saint Paul dans ce chapitre XI de l'épître aux Romains.

«Vous n'étiez, dit-il aux Gentils, que des branches sauvages, vous avez été insérés à l'arbre du Peuple de Dieu. Ne méprisez pas ces rameaux brisés, c'est d'eux qu'est la racine. - Mais vous me direz qu'ils ont été brisés pour que vous soyez greffés. - Ils ont été retranchés a cause de leur incrédulité. Vous, vous êtes greffés par la foi, mais demeurez dans l'humilité et la crainte. Si en effet Dieu n'a pas épargné les branches naturelles, il ne vous épargnera pas non plus, s'il y a lieu. Mais eux, s'ils reviennent de leur incrédulité, ils seront insérés à l'arbre de nouveau; car si des branches sauvages ont pu être greffées, les branches naturelles seront plus facilement insérées a l'arbre qui est de la même nature qu'elles. - Je vais d'ailleurs vous révéler un mystère: l'aveuglement partiel d'Israël durera jusqu'à la conversion des nations et ensuite tout Israël sera sauvé. Selon l'Evangile, ils sont ennemis de Dieu et vous êtes ses amis, mais ils restent chers a Dieu a cause de leurs pères et ils sont appelés à revenir. Les dons et les appels de Dieu sont en effet sans repentir: Sine poenitentia enim sunt dona et vocatio Dei [Rm 11,29].

Mais ce retour des Juifs, ce réappel du peuple de Dieu est-il proche?

Bossuet et Fénelon, constatant le courant d'irréligion croissante, craignent pour les nations et attendent le salut général du retour des Juifs.

(Bossuet: Méditalions sur la Transfiguration, etc. Lémann, p. 203).

Au XVIIIe siecle, plusieurs auteurs français et italiens écrivent dans le même sens.

L'Eglise en effet est a l'état de mort civile en plusieurs nations.

Serait-ce l'incrédulité des nations prévue par saint Paul?

C'est le mystère de Dieu.

Des conversions marquantes7) ont eu lieu dans ce siècle.

Un moment on s'est demandé si ce n'était pas le commencement du retour général.

Citons:

Les Ratisbonne - Les Libermann - Geschleer - Jules Lewel - Le P. Hermarm - Les Lémann, etc.

Et combien intéressants la plupart de ces convertis!

Donoso Cortès et Lacordaire ont écrit de belles pages sur cette union des deux peuples élus, les juifs et les chrétiens, d'où résultera, a la fin du monde, un éclat incomparable pour la gloire de Dieu.

Laissons parler Lacordaire:

«Après que, dans la mêlées des nations, tous les enseignements auront subi l'épreuve du feu, et que les religions intermédiaires auront succombé, il ne subsistera en face l'une de l'autre que la vérité totale et l'erreur totale, le christianisme et l'athéisme, Dieu seul et l'homme seul. Alors, aucun nuage ne s'interposant plus entre les deux peuples choisi, entre le juif et le chrétien, entre le peuple du passe et le peuple de l'avenir, ils s'apercevront des extrémités de l'univers; ils se regarderont fixement, et, s'étant reconnus, ils se mettront en marche comme deux géants pour s'embrasser». (Dixième conf. sur l'Ecriture…).

V. Quelle a été dans le cours des siècles la conduite de l'Eglise a l'égard des enfants d'Israël dispersés parmi les nations? Elle a toujours usé envers eux d'une charité mêlée de prudence. Tout le droit canonique en témoigne, saint Thomas en donne les motifs rationnels et surnaturels. (2a 2æ, q. x). Leur culte doit être toléré. Leurs enfants ne doivent pas être contraints au baptême, ce serait contraire a la justice naturelle. Mais il faut éviter dans les relations sociales de leur donner autorité et d'exposer les gens faibles et simples a leurs séductions.

Quand les populations exerçaient envers eux des rigueurs excessives, les Papes intervenaient, Gré­goire le Grand et Innocent III renouvelaient la défense de les forcer a embrasser la religion chrétienne. Le même Grégoire le Grand et Alexandre III défendaient de leur ôter leurs synagogues. En fait, au XVIIe siècle, ils avaient 9 synagogues à Rome, 19 dans la campagne romaine, 36 dans la Marche d'Ancône et d'autres encore dans le reste des Etats pontificaux.

Les canons ecclésiastiques défendirent aussi de troubler leurs sabbats et de profaner leurs cimetières.

L'Eglise les mentionne formellement dans ses supplications solennelles du vendredi saint devant la croix du Rédempteur.

L'Eglise les a toujours protégés quand on les massacrait dans les sociétés civiles.

En 1349, le Pape proteste quand on les met à mort a Strasbourg sur le soupçon d'avoir incendié la ville.

Quand Ferdinand de Castille veut les détruire parce que plusieurs d'entre eux ont trahi la cause catholique, les évêques s'y opposent efficacement.

Au temps des croisades, les chevaliers croyaient servir Dieu en faisant des hécatombes de juifs, Alexandre II et Grégoire IX arrêtent ces massacres et saint Bernard prêche contre ces excès de cruauté.

Clément V s'élève contre les sévices exercés envers les Juifs par les Pastoureaux.8)

Clément VI empêche qu'on ne les persécute au moment de la peste.

Les Papes d'Avignon offrent un refuge a ceux qui fuient les persécutions de France et d'Espagne. Les Papes de Rome accueillent ceux qui sont chassés d'Espagne par Ferdinand le Catholique.

Les Juifs ont reconnu loyalement en 1359 que les Etats du Pape leur avaient toujours offert un refuge hospitalier.

Clément III, Jules III, Paul III, Jean XXII et le Concile de Latran de 1168 ont défendu aux princes et aux barons de confisquer les biens des Juifs convertis, sauf à ceux-ci à restituer ce qu'ils avaient acquis injustement par l'usure.

Mais si l'Eglise a toujours été miséricordieuse pour les Juifs, elle ne s'est pas pour cela départie des règles de la prudence a leur égard.

Le droit canon leur ouvrait certaines carrières où ils ne sont pas restés inoffensifs, tels que le négoce des épiceries, soieries, joailleries, etc.; la banque, le courtage, le colportage, l'imprimerie, l'astro­nomie, la médecine.

Il leur interdisait de posséder des biens-fonds: la terre en pays chrétien doit appartenir aux enfants du Christ. Il leur défendait de posséder des esclaves et d'en faire le marche, d'avoir des domestiques chrétiens, de tenir des écoles; d'occuper des emplois a l'armée, au parlement, dans la magistrature; de tenir des pharmacies ou des hôtelleries. On trouvera ces prescriptions au livre V des Décrétales et dans saint Thomas d'Aquin (2a 2æ, q. x, art. 1). Il faut lire aussi la lettre de saint Thomas a la duchesse de Brabant: De regimine Judaeorum.

Il leur était interdit d'habiter la même maison que les chrétiens et de s'unir a eux par le mariage.

Saint Thomas enseigne qu'ils doivent être exclus de toute autorité et de toute juridiction sur les chrétiens. Le IVe concile de Latran en 1216 leur interdit l'accès des charges publiques et leur impose un costume spécial. Grégoire XIII en 1581 recommande de punir ceux qui blasphèment et qui tournent la religion en ridicule.

Comme tout cela était justifié !

En 1790, quand un engouement aveugle pour la liberté voulait leur ôter tout frein, un rapport présenté par les catholiques d'Alsace disait:

«Qu'en aucun cas le Juif ne soit éligible pour les corps politiques, administratifs et judiciaires. Qu'il ne soit revêtu d'aucune de ces fonctions importantes et délicates auxquelles doivent toujours présider les principes d'une morale chrétienne. - La puissance illimitée de tous les droits du citoyen mettrait les avantages de la condition du juif au-dessus de celle de tout autre français. Car d'une pari il mois-sonnerait l'or en abondance; et d'autre part, cet or, mettant dans ses chaînes un grand nombre d'esclaves, desquels il dirigerait les suffrages dans les assemblées, lui servirait d'instrument pour s'élever jusqu'au fauteuil du président de la nation…».

Ne semble-t-il pas que les rapporteurs animés d'un esprit prophétique aient vu poindre cent ans d'avance les Arton, les Herz et les Reinach?9)

VI. Ils ont souvent abusé de la bonté de l'Eglise.

L'histoire est remplie des plaintes que les chré­tiens ont eues a formuler a leur égard.

Saint Augustin, saint Jérôme, saint Hilaire, saint Chrysostome, saint Ambroise déplorent leurs intrigues et leurs usures.

Quatre conciles généraux, quinze Papes, plus de soixante conciles particuliers ont eu a légiférer pour réprimer leurs abus.

«Nos grands prédicateurs populaires ont du s'élever contre leurs rapines. Saint Jean de Capistran10) fut surnommé le Fléau des Hébreux. Il soulevait le peuple contre leurs usures en Allemagne et en Pologne.

Saint Bernardin de Feltre parcourait l'Italie et le Tyrol en dénonçant leurs exactions. Il fonda les Monts-de-Piété pour soustraire le peuple chrétien a la rapacité des Juifs.

Saint Agobard de Lyon11) décrit déjà leurs agissements néfastes, dans une lettre a Louis le Débonnaire, en 840. Pierre le Vénérable répète les mêmes plaintes en écrivant a Louis VII en 1146.

Innocent III, dans une lettre a Philippe-Auguste, signale leurs méfaits: rapines, usures, blasphèmes, persécution religieuse et même assassinats.

Saint Pie V écrivait en 1569, dans une constitution sur les Juifs: «Leur impiété est armée de toutes pièces. Ils sont les receleurs et les complices des brigands et des voleurs… Plusieurs pénètrent, sous prétexte d'affaires, chez des femmes honnêtes et les font tomber dans les turpitudes les plus infâmes».

Clément VIII disait en 1593: «Tous les chrétiens de mes Etats souffrent de leurs usures, de leurs monopoles, de leurs fraudes. Ils ont réduit a la mendicité un grand nombre de malheureux et principalement les paysans».

Un Juif converti, M. Joseph Lémann, avoue en ces termes les faiblesses de sa race: «Helas! nous le reconnaissons en baissant la tète, notre peuple apparaît dans l'histoire avec le stigmate éclatant de l'usure. Dégradé physiquement par des institutions de mépris, par le péage, par la rouelle, par le chapeau jaune, il se dégradait encore lui-même moralement par l'usure. Aussi, que de plaintes, que de termes amers et outrageants nous avons trouvés sur ces usuriers dans les vieux livres !… L'usure judaïque a été justement comparée au Protée de la Fable. L'usure se métamorphosait et prenait autant de formes qu'il y avait d'espèces de contrats dans la société civile. On. ne peut rien citer de plus fort, pour exprimer les ravages qu'elle causa en Alsace du temps de Louis XVI, que ce mot d'un historien: On vit des villages entiers qui ne renfermaient plus de particuliers solvables… L'Alsace comptait seulement 18.000 Juifs sur 500.000 habitants, et le tiers des terres leur était hypothéqué…» (L'entrée des Juifs dans la société chrétienne, p. 29).

Shakespeare, dans son Schylock, était l'interprète des plaintes du peuple chrétien. Empruntons-lui une description malheureusement trop exacte: «Pour que tel pauvre homme s'adresse au Juif, pour qu'il s'approche de cette sombre petite maison si mal famée, pour qu'il parie a cet nomine qui, dit-on, crucifie les petits enfants, il ne faut pas moins que l'horrible pression du fisc. Entre le fisc qui veut sa moelle et son sang, et le diable qui veut son âme,12) il prendra le Juif pour milieu. Quand donc il avait épuisé sa dernière ressource, quand son lit était vendu, quand sa femme et ses enfants tremblaient de fièvre ou criaient du pain, alors, tête basse et plus courbé que s'il avait porte sa charge de bois, il se dirigeait lentement vers l'odieuse maison et il restait longtemps a la porte avant de frapper. Le Juif ayant ouvert avec précaution la petite grille, un dialogue s'engageait, étrange et difficile. Que disait le chrétien?

- Au nom de Dieu, ouvre-moi.

- Le Juif l'a tue, ton Dieu.

- Par pitié!

- Quel chrétien eut jamais pitié du Juif? D'ailleurs, ce ne sont pas des mots qu'il me faut, il me faut un gage.

- Que peut donner celui qui n'a rien?

Le Juif lui dira doucement:

- Mon ami, conformément aux ordonnances du roi, je ne puis prêter ni sur habit sanglant, ni sur soc de charrue. Non, pour gage je ne veux que vous-même…» (Shakespeare. Act. I, se. III).

Ils sont capables d'une dissimulation qui dépasse toutes les limites du vraisemblable.

En Espagne, de fausses conversions se déguisèrent 300 ans.

Pierre Léon se fit chrétien pour conserver ses richesses. Son fils fut l'anti-pape Anaclet II13) (1130). Dépossédé, il retourna a la synagogue.

Les Juifs portugais avaient été admis a Bordeaux en 1550, comme nouveaux chrétiens. Quand ils jugèrent le moment favorable en 1686, ils retournèrent ostensiblement au judaïsme.

Les meurtres rituels dont on les accuse ne sont pas douteux. L'Eglise a mis sur les autels plusieurs de leurs innocentes victimes.

Le pasteur Stoeker14) disait dans un congrès: «Ce qui est absolument sûr, ce qui m'a été affirmé par des diplomates qui ont séjourné en Orient, c'est que des Juifs fanatiques et superstitieux commettent des assassinats pour se servir du sang de leurs victimes… Et les notabilités israélites se font un tort énorme (je répète ici le jugement public d'un rabbin américain) en couvrant les assassins par tous les moyens possibles; de telle sorte qu'on ne trouve jamais les coupables…».

La cause principale de ces abus, c'est le Talmud.15)

C'est le manuel du parfait israélite, le manuel du détrousseur, du corrupteur, du destructeur social.

C'est une compilation du IIe siècle, mélange de traditions religieuses et de rêveries semblables a celles du Coran.

Les Juifs eux-mêmes sentent qu'il est odieux; ils le cachent, ils l'éditent avec des interpolations et des suppressions.

Ils sont pétris et nourris de son esprit comme les chrétiens de l'Evangile.

«Le Talmud ne peut être communiqué aux Goyms sous aucun prétexte…».

«Le Goy qui l'étudie mérite la mort».

Le Talmud divinise les rabbins: «Tout ce que les rabbins décident sur la terre est une loi pour Dieu. Jehovah lit le Talmud avec respect…».

«Les Juifs seuls sont des hommes, les autres nations sont des variétés d'animaux, de la semence de bétail, etc.

«Les non-juifs n'ont été créés que pour servir les Juifs jour et nuit.

«Dieu a donne tout droit a Israël sur le sang et les biens de tous les peuples.

«Les non-juifs n'ont pas le droit de propriété.

«Les biens des non-juifs sont comme des choses abandonnées.

«Le mensonge et le parjure sont permis vis-à-vis des chrétiens.

«Le chien vaut mieux que les Goyms». (Conf. Le Juif selon le Talmud, par Rohling).16)

VII. Et-cependant on les a émancipés!

L'adoucissement des mœurs, la pitié, la miséricorde, la charité y ont aidé; et puis la poussée de la philosophie rationaliste et humanitaire du XVIIIe siècle.

L'Autriche a donne le branle. Le décret d'émancipation date de 1781. «Persuadé, disait l'Empereur, de la grande utilité qui ressort pour la religion et l'Etat d'une véritable tolérance chrétienne, Nous ordonnons de tolérer tous les cultes et leur exercice. Nous accordons aux Juifs la faculté de fréquenter les écoles chrétiennes, les lycées et les universités, avec le droit d'obtenir les grades et d'exercer toutes les professions».

Joseph II préparait la décadence de l'Autriche en opprimant les catholiques et en émancipant les Juifs. La puissance des Juifs en Autriche date de cet édit de 1781.

Louis XVI suivit la même voie. Par un décret de 1784, il relevait la condition des Juifs en Alsace. Il préparait l'acte d'émancipation qui a été vote en 1791.

Ce décret de 1784 donnait aux Juifs d'Alsace toute liberté pour le commerce et l'industrie. Il maintenait cependant quelques sages précautions. Les Juifs ne pouvaient pas posséder d'autres immeubles que leurs maisons. Ils devaient garder une rési­dence fixe et ne pouvaient pas se marier sans autorisation. Leurs actes commerciaux et paiements devaient être faits devant notaire ou devant deux préposés de la communauté.

L'émancipation successive du Juif a eu lieu en Europe par des lois portées en

Angleterre en 1849-1858
Danemark 1849
Italie 1860-1870
Autriche 1867
Allemagne 1869
Suisse 1866-1874
Bulgarie 1874
Serbie. »
Roumanie »

- L'Espagne, le Portugal et la Russie attendent et se réservent.

VIII. L'émancipation n'a pas tardé à produire l'invasion et le péril juifs.

Quelle faute capitale, désastreuse, les nations ont commise en se débarrassant de la maternelle, dis­crète et prudente coopération de l'Eglise, et en substituant a l'antique droit chrétien qui les régissait, leurs fameux droits de l'homme!

Elles-mêmes ont ouvert alors la brèche par la-quelle les Juifs ont passe et sont devenus des souverains…

- Des 1825, l'anglais Cobbet dénonçait la puissance des Juifs.

En 1846, M. Toussenel écrivait la brochure: Les Juifs, rois de l'époque.

En 1844, Cerfbeer disait: Il n'est point d'emprunt public qu'ils n'accaparent, point de désastre qu'ils n'aient préparé et dont ils ne profitent. (C e que sont les Juiifs de France: introduction).

Mais au fait, combien sont-ils de par le monde ces Israélites si encombrants? Un éditeur londonien publie chaque année un Jewish Year Book où l'on trouve une collection de chiffres et de renseignements sur toutes les questions relatives au peuple juif.

D'après cet ouvrage, le nombre des Juifs répandus sur la surface du monde atteint environ 11 millions. Sur ce nbmbre, 7.900.000 habitent l'Europe, dont 4.500.000 en Russie et 1.800.000 en Autriche-Hongrie.

En Allemagne, on compte environ 567.000 Juifs, en Roumanie 800.000, en Turquie 120.000. Le nom­bre des Israélites fixés en Angleterre s'élève a 101.000. En France ils sont aussi environ 100.000.

C'est une faible proportion en regard des chrétiens, mais malgré cela ils sont les maîtres de la situation, parce qu'ils détiennent l'or et la presse, les deux principaux instruments de la domination parmi les peuples.

- Par le capital ils sont les maîtres de la production de la richesse.

A l'aide des sociétés anonymes ils dirigent toutes les grandes industries.

(Lire: Les maîtres financiers des nations, par John Reeves. Londres, 1887).

- Les Rothschild, les Hirsch, les Erianger, les Camondo, a Paris;

- Les Oppenheim, à Vienne;

- Les Hambro, à Hambourg;

- Les Bischoffheim et les Cahen, à Anvers;

- Les Lipmann et les Rosenthal, à Amsterdam;

- Les Morpurgo, à Trieste;

-Les Bleichraeder, les Mendelsohn, à Berlin;

ont des fortunes qui leur permettent de faire le cours des valeurs, et de tenir en tutelle les Etats qui ont sans cesse besoin de recourir a l'emprunt. (Cf. Claudio Jannet: Le capital).

IX. En France, ils ne sont que 100.000 contre 38 millions de Français.

Or cette minorité infime de 100.000 Juifs donne, d'après les documents fournis a la Chambre lors de l'interpellation Denis:

49 préfets ou sous-préfets juifs;

19 Juifs au Gonseil d'Etat;

10 Juifs a la Cour de Cassation;

10 conseillers juifs a la Cour de Paris;

Un nombre considérable et inconnu de Juifs dans les cours et tribunaux et dans l'enseignement;

11 fonctionnaires juifs au ministère de l'Agriculture;

21 Juifs a la direction des Postes;

30 Juifs au ministère des Travaux publics;

27 Juifs a celui des Finances;

35 Juifs a celui de l'Instruction publique, etc., etc.

Il peut y avoir quelques erreurs, la religion étant toujours cachée par les budgétivores, mais cette liste ne dit rien des milliers d'emplois moins importants et dont les titulaires sont Juifs.

Ils remplissent les banques et le haut commerce.

Ils détiennent la presse.

Ils sont a l'assaut de l'administration, du barreau, de la science et de l'armée.

Presque toute la grande presse d'Europe est entre leurs mains, sauf quelques journaux catholiques, où ils ont même souvent un pied par le courrier de la bourse, les agences et les annonces.

Ex.: Le Figaro: Wolff, Millaud, Berr, Rosenthal (Jacques Sincère);

Le Gaulois: Arthur Meyer, Ferdinand Bloch;

Le Temps: Hément…, etc., etc.

La majorité du Tribunal de commerce de la Seine;

Un tiers des abonnés du téléphone a Paris;

102 banquiers a Paris sont Juifs.

Les grands magasins dans nos grandes villes, toute l'industrie et le commerce en Algérie sont entre leurs mains.

On vient de créer une Ecole de droit a Marseille: sur 12 professeurs, 3 sont Juifs.

Il y a, à Paris, une chambre syndicale de la confection pour hommes, femmes et enfants.

La voici, d'après la Libre Parole:

Président d'honneur: Simon (juif). Président: Dury (non juif). Vice- Président: Salon (juif). Secre­taire: Lazard (juif). Membres du bureau: Cahen (juif), Mayer Cahen (juif), Akar (juif), Louis Bloch (juif), Behr (juif), Maurice Bloch (juif), Blum (juif), Salomon (juif), Dréyfus (juif), Guilhmassé(?), Lévy jeune (juif), Maus (?), Rothschild (juif), Salomon (juif), J. Lazard (juif), Weill (juif), Thiery et Sigrand (non juifs).

Soit 17 Juifs avérés, deux douteux, sur 22 mem-bres.

X. Ce qui a lieu en France se reproduit dans toute l'Europe.

La Prusse qui comptait, au recensement de 1890, 372.059 Juifs, en a actuellement 379.716 sur une population de 20.351.448 habitants.

Voici, pour quelques villes, la population juive accusée par le dernier recensement:

Berlin86.152
Francfort-sur-Mein19.488
Breslau18.449
Cotogne7.932
Posen5.810
Hanovre4.151
Koenigsberg4.076
Dantzig2.474
Cassel2.199
Magdebourg2.006

«Le mouvement antisémite allemand, dit le pasteur Stoeker, est sorti des grandes transformations sociales qui se sont produites peu de temps après la guerre de 1870. Lorsque la haute finance et les boursicotiers eurent englouti la plus grosse part des milliards venus de France; lorsque nos Juifs, plus nombreux et moins assimilés qu'en France, eurent exproprié les paysans de plusieurs provinces et absorbé l'industrie et le commerce des grandes villes, quand les journalistes juifs, maîtres absolus de l'opinion publique, c'est-à-dire de la presse, se sont mis a insulter journellement notre religion, en inondant en même temps la littérature de torrents d'immoralité et de dévergondage, alors nous nous sommes levés contre les détenteurs insolents de ces funestes pouvoirs…

A Berlin, sur la population générale de la ville, les Juifs ne sont que 8 %. Cependant, ils sont 70 % dans le barreau; 60 % dans la médecine; 48 % dans le commerce; 36 % dans la magistra­ture, en attendant mieux. A la cour d'appel, on compte 36 Juifs sur 54 avocats. Au tribunal de pre­mière instance, 200 contre 150 chrétiens. On compte 54 notaires juifs sur 150.

Par contre, parmi les gens de service il n'y a pas plus de 3 Juifs pour 1.000. Les Juifs aiment a se faire servir, ils n'aiment pas a servir les autres.

En Autriche: dans les huit journaux principaux qui paraissent à Vienne, il y avait en 1894 une centaine de rédacteurs juifs ainsi répartis:

- Le Fremdemblatt, organe du jour: 14 rédac­teurs juifs.

- La Neue Freie Presse: 18.

- Le Neuer Wiener Tagebiatt: 20.

- La Presse: 15.

- Le Wiener Tageblatt (officieux): 12.

- L'Illustrirtes Extrablatt: 20.

- La Vorstadtzeitung: 6.

- La Deutschezeitung: 6.

Eux-mêmes se vantent d'être tout-puissants par la presse. (Journal de Mayence).

Les banques autrichiennes sont entre leurs mains.

Ils ont acheté ou hypothéqué la plupart des grandes propriétés. Ils détiennent même des patronats ecclésiastiques et nomment a 60 cures.

A l'Université de Vienne, sur 6.400 étudiants, il y a 2.500 Juifs. A la faculté de médecine, ils sont plus de 50 %.

Ils sont 2.500 officiers dans l'armée.

En Hongrie, il n'y a que 30 ans qu'ils peuvent acheter des propriétés, et déjà ils ont 30 % du sol. Sur 3.000 grands propriétaires fonciers, 1.000 sont Juifs.

A l'Université de Pesth, 30 % des étudiants sont Juifs, et ils ne sont que 3 % dans le pays!

A Hambourg, à Anvers, ils détiennent le haut commerce.

En Italie, ils détiennent aussi les principales banques. Ils ont occupé le ministère des finances sous plusieurs chefs de cabinets. Ils ont treize députés au Parlement.

XI. Quels sont donc les principes et les mobiles qui font leur force?

Ils sont unis dans la haine du Christ. Ils ne par-donnent pas aux chrétiens l'humiliation séculaire qu'on leur a fait subir.

Ils sont essentiellement cosmopolites. C'est un peuple disperse et non un peuple émigré volontairement.

Napoléon Ier au conseil d'Etat, en 1806, disait:

«Les Juifs doivent être traités comme un peuple particulier et non pas comme une secte religieuse».

L'écrivain allemand Schopenhauer a dit avec raison: «Le Juif éternel (Ashaver)17) est la personnification du peuple juif. La patrie du Juif, ce sont les autres Juifs; combattre pour eux, c'est pour lui combattre pro aris et focis. Il n'y a pas de société aussi unie que les Juifs». (Parerga, II, § 133).

L'un d'eux, Bernard Lazare, fait cet aveu:

«Les Juifs ne sont pas encore assimilés, c'est-à-dire qu'ils croient encore a leur nationalité. Ils résolvent le problème qui paraît insoluble de faire partie intégrante de deux nationalités: s'ils sont français et s'ils sont allemands, ils sont aussi juifs… On les considère comme une tribu d'étrangers ayant conquis les mêmes privilèges que les autochtones, et ayant refusé de disparaître».

Claudio Jannet nous explique comment leur intérêt est de rester cosmopolites:

«Tous les grands marchés de marchandises sont en communication; toutes les Bourses sont solidaires, et il n'y a réellement pour l'argent et les capitaux mobiles qu'un seul marche qui embrasse l'univers. Il fallait un organe à ce nouvel état économique. Cette fonction que les Templiers, les Vénitiens, les banquiers florentins avaient remplie a l'époque où les croisades avaient créé l'unité entre les nations chrétiennes, les Juifs la remplissent de nos jours parce qu'ils sont essentiellement cosmopolites» (Le capital).

Leurs mobiles manifestes sont la soif de l'or et l'esprit de domination.

La passion des richesses, c'est chez eux un instinct de race. Isaïe le constatait déjà: Unusquisque ad avaritiam suam, a summo usque ad novissimum. (Ch. lvi).

Karl Marx, dans son almanach de 1884, décrit le caractère de sa race: «Ne cherchons pas le secret du Juif dans sa religion. Son mobile est temporel, c'est la richesse. Quel est son culte? acquérir. Son dieu? l'argent».

Leur désir de domination universelle est la forme qu'ils donnent aujourd'hui à leurs espérances messianiques. Le Messie, pour eux, c'est la puissance et la richesse du peuple juif.

XII. Quelle peut bien être leur organisation actuelle?

On sait qu'après la prise de Jérusalem leur sanhédrin s'est transporté a Tibériade, puis de là a Babylone en Mésopotamie. Les princes du peuple ou satrapes se succédaient et constituaient le grand conseil de la nation.

Babylone était trop loin, ils se transportèrent a Constantinople qui était un centre d'action plus favorable. Ils y étaient encore au XVe siècle. Au XVIIe, ils se fixèrent à Amsterdam.

Au XVe siècle, le sanhédrin de Constantinople donnait au peuple disperse sa ligne de conduite.

En 1489, les satrapes de Constantinople écrivent a leurs nationaux d'Arles:

«A ce que vous dites que le roi de France vous oblige a vous faire chrétiens, faites-le, puisque vous ne pouvez pas faire autrement, mais que la loi de Moïse se conserve en votre cœur.

«On commence à vous dépouiller de vos biens, faites vos enfants marchands, afin que peu a peu ils dépouillent les chrétiens des leurs.

«On détruit vos synagogues, faites vos enfants chanoines et clercs, afin qu'ils détruisent leurs églises.

«On vous fait bien d'autres vexations, faites en sorte que vos enfants soient avocats ou notaires, et que toujours ils se mêlent des affaires des Etats, afin que, en mettant les chrétiens sous votre joug, vous puissiez vous venger d'eux.

«Suivez cet ordre, et d'abaissés que vous êtes vous arriverez au faîte de la puissance…».

Sous le stathoudérat18) de Guillaume de Hollande en 1672, les Juifs obtinrent la liberté religieuse et le droit civil.

Plusieurs centaines de familles juives, chassées de l'Espagne et du Portugal, s'établirent a Amster­dam… Dans un court espace de temps, ils devinrent propriétaires de trois cents palais dans la ville, s'emparèrent de tout le commerce et des opérations de banque. Ils firent venir de Constantinople des rabbins fanatiques (les princes ou satrapes), et or-ganisèrent clandestinement une alliance judaïque - Ghabaza - contre les chrétiens indigènes. Amsterdam devint le centre de l'orthodoxie juive, d'où la propagande se répandit dans toute l'Eu­rope.

J. Lémann doute qu'ils aient encore un sanhédrin organisé.

Le journal russe Le Nord, 23 août 1890, disait qu'ils obéissaient tous en Russie a leur kahal (ecclesia) et à l'Alliance israélite universelle.

Nous inclinons à penser que l'Alliance israélite universelle voile l'action secrète du sanhédrin qui serait encore à Amsterdam ou à Londres.

Les kahal sont des tribunaux religieux nationaux qui dépendent de l'Alliance israélite uni­verselle.

Gougenot des Mousseaux,19) dans son livre Le Juif, raconte qu'il a connu un homme d'Etat prussien qui était averti par un juif de tous les événements révolutionnaires prochains. Il était persuade qu'un conseil d'une douzaine d'individus menait le monde par les sociétés secrètes.

Blaetter, écrivain allemand franc-maçon, se plaint, dans son Histoire politique, de la domination des Loges juives et en place la direction à Londres.

Des actes de leurs synodes généraux ont été édités a Lemberg en 1866, à Leipzig en 1869.

XIII. Quelle est leur stratégie?

Ils veulent faire de Rome la capitale de leur em­pire universel. Rome serait sans doute le siège du gouvernement d'une république fédérale européenne et les Juifs en seraient les chefs.

«Le royaume de la liberté universelle sur la terre, disait Stamm en 1860 à Amsterdam, sera fondé par les Juifs».

La domination des Juifs, disait Crémieux en 1861, est le messianisme des nouveaux jours, qui doit éclore et se développer». II ajoutait, en visant Rome: «Les Juifs élèveront sur les ruines de la chrétienté une Jérusalem nouvelle, capitale de la domination juive universelle et qui sera substituée à la doublé cité des Césars et des Papes».

Staule disait à Francfort en 1856: «Rome qui, il y a 1800 ans, a foulé aux pieds le peuple juif, doit tomber par les forces réunies de ce même peuple, qui par là répandra la lumière sur tout le monde entier et rendra à l'humanité un service éminent».

La situation actuelle de Rome, c'est donc l'oeuvre des Juifs, servis par la franc-maçonnerie. C'est la revanche de la dispersion d'Israël. Mais ils visent plus loin et rêvent la domination de Rome sur l'Eu­rope a leur profit.

Sir John Readclif a signalé leur tactique, leur mot d'ordre, dans le compte rendu des événements des dix dernières années, publié en 1884. Nous empruntons au journal Le citoyen de Marseille, du 6 nov. 1884, quelques citations d'un discours du rabbin président du synode général: «Nous pouvons espérer d'atteindre bientôt notre but qui est de régner sur toute la terre, comme cela a été promis a notre père Abraham.

«Jamais nos ancêtres n'avaient pu concentrer autant d'or entre leurs mains. Favorisons les emprunts, afin de prendre, en nantissement des capitaux que nous fournirons aux nations, l'exploitation de leurs chemins de fer, mines, forêts, usines.

«Chaque guerre, chaque révolution nous rapproche du but.

«Le commerce ne doit pas sortir de nos mains. Nous serons les dispensateurs des grains à tous.

«Les sciences, la médecine, la philosophie doivent faire partie de notre domaine. Nous dicterons au monde ce qu'il doit croire.

«L'Eglise est notre ennemie. Propageons la libre pensée, le scepticisme et les divisions chez les chrétiens.

«L'idée du progrès amènera la tolérance et la suppression de la religion dans l'enseignement.

«Après l'or, la seconde puissance est la presse: il faut que les nôtres aspirent à la direction de tous les journaux.

«II faut entretenir le prolétariat et le mécontentement. Par ce moyen nous soulèverons la révolution quand nous voudrons…».

Ce qu'a dit le rabbin président, tout le peuple d'Israël l'exécute.

Voulons-nous savoir quelle est la vivacité de leurs espérances? Nous en trouvons la naïve expression dans un journal juif d'Algérie, le Haschophet. Commentant un verset d'Isaïe: Et restituam judices tuos ut fuerut prius… (i, 26), il conclut en disant: «Le christianisme est sur le point de toucher à son terme. La tiare se débat contre le sceptre de la révolution juive de 1793; en vain elle veut se dégager des bras de fer du sémitisme qui l'étreint, tous ses efforts sont inutiles».

XIV. Il nous reste a montrer comment la franc-maçonnerie et le socialisme sont des instruments du judaïsme.

La franc-maçonnerie actuelle est une concentration de diverses sectes hostiles à l'Eglise. Elle s'est organisée à l'assemblée clandestine de Wilhemsbad, au duché de Nassau, en 1781, sous l'inspiration de Weishaupt,20) fondateur de l'Illuminisme.

Les Juifs prirent une part active à cette réunion, qui était présidée par le duc Ferdinand de Brunswick et favorisée par Frédéric II et par le prince de Saxe-Cobourg.

Les débris de toutes les sectes y étaient réunis: templiers, albigeois, manichéens, sociniens, cabalistes, illuminés, martinistes, perfectibilistes, francs-maçons, rose-croix, voyants, swedenborgiens, etc.

La plupart de ces sectes subissaient déjà l'influence juive. Les Juifs avaient toujours favorisé tout ce qui s'organisait contre l'Eglise. Les protestants a Wilhemsbad avaient aussi pour objectif de diriger l'activité des sectes contre l'Eglise et contre les nations catholiques.

C'est un juif portugais, Martinez Paschalis,21) qui avait fonde, en 1754, l'ordre des cohens, les martinistes, les illuminés français, les cabalistes.

En Allemagne, une jeunesse israélite ardente, passionnée et enthousiaste de Lessing,22) était entrée dans les sectes sous la conduite de Dohm.

De Maistre,23) dans un mémoire a Alexandre Ier en 1816, signalait le concours des Juifs et des sectes pour la Révolution.

Le comte de Virieu, au retour de l'assemblée de Wilhemsbad, prévoyait la chute des gouvernements catholiques et l'écrasement de la religion.

Le cardinal Caprara,24) alors nonce a Vienne, écrivait au Pape en 1787: «Le danger approche, car de tous ces rêves insensés de lilluminisme et du franc-maçonnisme, il doit sortir une effrayante, réalité. Les visionnaires ont leur temps, la révolution qu'ils préparent aura le sien». (Crétineau-Joly: L'Eglise Romaine en face de la Révolution, 1.1. - Deschamps: Les sociétés secrètes, t. II, p. 113).

L'influence juive dominait dans la Révolution, elle continue a régner dans les Loges.

Les chefs suprêmes de la franc-maçonnerie a Rome, Lemmi, Nathan, etc., sont des juifs, comme les chefs du socialisme antireligieux, Marx, Be-bel, etc.

Dans les grands-orients des diverses nations, les Juifs dominent. Dans la liste des grades supérieurs a Paris, vous ne trouverez guère que des noms comme Weil, Mayer, Blum, Lévy, Goldschmidt, etc.

L'écrivain allemand franc-maçon Biaetter, dans son Histoire politique, se plaint lui-même de la domination des Loges juives. Il en place la direction à Londres, à Hambourg, a Leipzig. Une Loge dirigeante entièrement juive, dit-il, siège a Rome.

Le pasteur Stoeker montrait récemment, dans un congrès, la même alliance entre les Juifs et les socialistes.

- Que voulez-vous obtenir des Juifs? lui demandait-on.

- Rien que leur faire baisser un peu la tète. Qu'ils se rangent un peu et laissent en paix la religion chrétienne. Leur argent je m'en moque! je n'en veux qu'à l'usage mauvais qu'ils en font. Qu'on les empêche de détruire ce qui reste de bon dans la morale des masses, qu'on les fasse taire quand ils tentent de démolir les belles idées de patrie, de religion, de morale.

- Mais les socialistes n'en font-ils pas autant?

- Justement! les socialistes, ce sont eux! Voyez-les! Quels sont les chefs ! Liebknecht, Singer! des juifs! Leurs prédécesseurs, Lasalle, Karl Marx! des juifs aussi! Oh! ils sont malins! Ils veulent être du côté du manche le jour où une révolution éclaterait…..

- Vous croyez donc que le mouvement socialiste est un mouvement juif?

- Je vois que dans les états-majors, ce sont les Juifs qui dominent, voilà tout. Avez-vous jamais vu les socialistes attaquer les Juifs? jamais!

II n'y a pas de doute, Judas vit toujours et la troupe qu'il conduit aujourd'hui contre le Christ comprend les francs-maçons et les socialistes.

XV. Conclusion. - Saint Thomas d'Aquin l'a dit avec sa pénétration habituelle: Dans une société chrétienne, les princes et les magistrats sont les collaborateurs de l'Eglise. Une telle société doit refuser aux Juifs toute part d'autorité dans l'Etat. Il serait insensé de nommer lieutenants du Christ ses plus obstinés négateurs.

Les Juifs sont un péril pour la religion, pour la propriété et la liberté, pour la patrie.

Ils sont finalement hostiles à l'Eglise, qui est dans l'Etat l'instrument suprême de l'ordre et du progrès.

Ils sont cosmopolites et ne peuvent nulle part devenir sincèrement patriotes.

Ils sont un péril pour la liberté du bien par leurs intrigues souterraines.

Ils sont un danger pour la propriété parce que les enseignements du Talmud leur ôtent tout scrupule et tout souci de justice dans leurs rapports avec les chrétiens,

Ces observations justifient amplement les résolutions que prenait récemment le congrès démocratique de Lyon a l'égard des Juifs et dont voici le résumé:

Le décret de 1791, qui a donne les droits de citoyen aux Juifs, doit être aboli, ainsi que le décret Crémieux sur l'Algérie.

2° En attendant, les Juifs doivent être exclus de l'enseignement public, de la magistrature, des emplois administratifs, et des grades dans l'armée.25)

3° Pour ce qui est de l'opinion, le congrès remercie les journaux qui ont mené campagne contre le sémitisme…..

4° Pour les affaires, le congrès réclame la réforme des lois sur les sociétés anonymes, sous lesquelles se cache Faction juive.

Il réclame l'application intégrale des lois sur les monopoles et accaparements.

5° II domande que les Juifs soient exclus du commissariat de l'armée et des adjudications de fournitures…

Et nous, quelles seront nos résolutions?

Nous voudrons étudier, travailler, agir sur l'opi­nion, revendiquer les réformes qui ont été acclamées a Lyon.

Nous favoriserons en particulier les oeuvres sociales chrétiennes.

Voyez en Alsace: M. Cetty, avec son syndicat et sa caisse de crédit, fait décamper les Juifs de Mulhouse.

Il rachète les biens expropriés et relève les fa-milles de travailleurs. Ce sont maintenant, dit-il, les Juifs qui font banqueroute.

Pro aris et focis: c'est pour Dieu et pour la patrie qu'il faut combattre. Suis-je donc ne, disait Mathias Macchabée, pour voir l'écrasement de mon peuple? Et il cria de toutes ses forces dans la cité sainte en disant: Que tous ceux qui ont le zèle de la vérité me suivent! (I Macch., ii).

XVI. Le programme de cette conférence comprenait le judaïsme, le capitalisme et l'usure. L'abondance de la première partie a dépassé nos prévisions, nous serons plus concis pour la seconde.

Les mots capital, capitaliste ont un sens favorable. Le capital c'est la réserve, le fruit du travail, l'instrument de la production. Le capitaliste, c'est le détenteur d'un capital.

Le mot capitalisme a deux sens odieux:

1° Le sens vulgaire, general: c'est tout abus de la puissance du capital.

2° Le sens scientifique: tous les abus du capital peuvent revenir a ceci: Abus du capital-argent, par l'usure; abus du capital-marchandises, par l'accaparement et le monopole; abus du capital-outils, par l'asservissement des travailleurs.

Le capitalisme est donc bien, comme le dit l'abbé Lémann, un protée aux formes multiples.

Le Père Monsabré26) a décrit le capitalisme avec son éloquence habituelle.

«Le dieu du jour, dit-il, c'est l'or. Qu'importe pour moi la religion, la patrie, l'ouvrier?… ce que je veux c'est de l'or.

«Mammon a ses pontifes, ses adorateurs, et, hélas! aussi ses victimes.

«Les pontifes de Mammon, ce sont les spéculateurs aux desseins hardis, à la conscience cautérisée, aux entrailles impitoyables, qui dévorent par le mensonge et l'injustice l'épargne des petites gens et se taillent dans l'avoir de tous, par des vois gigantesques qu'on appelle des affaires, des fortunes scandaleuses.

«Les adorateurs de Mammon, ce sont les misérables qui se vendent sans vergogne et savent organiser la conspiration du silence autour de leurs lâchetés et de leurs trahisons, ce sont les cupides qui veulent avoir vite beaucoup et par tous les moyens pour jouir à outrance. Ce sont les prétendus honnêtes gens qui, perdant à la longue la sainte horreur de l'iniquité, fréquentent les pontifes de l'argent, se glissent dans leur intimité, recherchent l'union de leurs enfants sans se demander d'où vient leur prospérité.

«Les victimes de Mammon, ce sont ces légions d'hommes, de femmes et d'enfants dont on exploite les forces et le travail, sans souci de leur âme, de leur vie morale et religieuse, de leur éternel avenir: gens de peine et de misère qui, pouvant à peine suffire aux besoins de l'heure présente, sont impuissants à prévoir le lendemain et à se garantir des ressources contre la vieillesse, les maladies et les infirmités; destinés à être mis un jour au rebut comme des instruments inutiles, sans savoir ce qu'il adviendra d'eux et de leur famille. Ils vivent en la compagnie de femmes qui, partageant leurs labeurs, n'ont ni le temps ni la force d'être épouses et mères comme elles le devraient. Ils voient leurs maisons peuplées d'enfants rachitiques et mal soignes…».

Le capitalisme a été aussi sévèrement stigmatisé par Léon XIII. Empruntons quelques lignes a son Encyclique:

«Une usure dévorante est venue s'ajouter au malaise qui pesait déjà sur les travailleurs. Condamnée à diverses reprises par l'Eglise, elle n'a pas cesse d'être pratiquée sous une autre forme par des hommes avides de gain et d'une insatiable cupidité.

«D'autres se livrent aux monopoles et accaparements.

«Les riches doivent s'interdire religieusement tout acte violent, toute fraude, toute manœuvre usuraire qui serait de nature a porter atteinte a l'épargne du pauvre.

«Les spéculateurs abusent des nécessités et de la faiblesse des travailleurs pour satisfaire d'insatiables cupidités. - Une faction, maîtresse absolue de l'in­dustrie et du commerce, détourne le cours des richesses et en fait affluer vers elle toutes les sources.

«Des patrons cupides abusent de leurs ouvriers et ne respectent ni leurs âmes, ni leurs santés, ni leurs foyers, ni leurs salaires».

Les plaintes des socialistes a ce sujet ne sont pas toujours injustes. Citons-en quelques-unes.

Allemane: «La transformation sociale brisera les dernières chaînes de la servitude et forcera les tra­vailleurs d'agir, sous peine de tomber dans l'abjection la plus dégradante, d'être livrés sans merci aux grands seigneurs du capital, maîtres, de par les trusts internationaux, des hommes et des choses bien plus sûrement que ne le furent autrefois, malgré leurs nids d'aigle et leurs gens de guerre, les grands seigneurs féodaux…».

Camille Pelletan: «A côté du malheureux qui crève de faim et qui finit par se tuer, un autre vit comme tout étourdi de ses richesses colossales. Un jour son père aura rafé 30 ou 40 millions dans un coup de bourse. Cela se voit dans ce bas monde où, disent les économistes, le capital représente l'accumulation du travail, la somme des services rendus… Ici le service a consisté à détrousser des milliers de familles par les manœuvres d'un jeu scandaleux…» (Almanach socialiste).

Les économistes ne sont pas moins sévères.

«Ce qu'étaient, dit Leroy-Beaulieu, dans les temps agités du moyen âge, les grandes compagnies d'aventuriers et de brigands qui rançonnaient les marchands et pillaient les campagnes, les sociétés par actions le sont aujourd'hui, non pas toutes sans doute, mais beaucoup d'entre elles, avec plus de sécurité, plus d'impunité, plus de loisirs et plus de jouissances pour leurs fondateurs et directeurs. C'est une organisation savante et méthodique du pillage.

«Une série de mesures s'impose: surveiller les agissements de certaines agences véreuses, toujours à l'affût de quelque nouvelle spéculation; ouvrir des enquêtes sérieuses sur les faits délictueux commis par ces sociétés anonymes qui se moquent de l'honnêteté publique et de la fortune des particuliers; poursuivre la répression pénale des coupables menteurs qui jettent de la poudre aux yeux du public en inscrivant sur leurs prospectus: Société au capi­tal de 50 millions, quand ces millions n'existent que dans leur imagination et dans la bourse des gens qu'ils veulent exploiter; étendre la solidarité a tous ceux qui prêtent la main aux souscriptions publiques, aux banquiers, aux agents de change, aux courtiers de commerce, aux auteurs de fausses allégations, aux journaux payés pour vanter et prôner l'affaire».

Rappelons ces faits de l'histoire aux quels fait allusion M. Leroy-Beaulieu.

L'aristocratie féodale était généralement paternelle et bienfaisante pour les laboureurs des campagnes. C'était le but de son institution.

Il y avait cependant quelques barons impies, écumeurs de routes et spoliateurs des faibles. Tel le comte Ezzelino de Verone. Tels, en France, le baron des Adrets et d'autres que leurs crimes ont rendus célèbres: Hugues du Puiset, Guarin de Sens, Hugues de Brétigny, etc.

Les pauvres gens, marchands, artisans, labou­reurs, étaient les victimes de leurs déprédations.

Louis VI le justicier, et son ministre Suger, abbé de Saint-Denis (le Père de la Patrie), châtièrent les oppresseurs.

Les pauvres gens des campagnes s'unirent aux troupes du roi. Les prêtres les encourageaient. A l'assaut de la forteresse maudite du Puiset, le cure menait ses paroissiens au combat.

Le premier il s'élança sur les palissades pour les arracher et il ouvrit la porte aux troupes du roi.

(Cf. Trognon, Histoire de France. An. 1113).

Il ne s'agit plus aujourd'hui de lutte violente, mais par l'étude, par l'enseignement, par les œuvres, aidons les opprimés, arrachons les palissades et démasquons l'ennemi.

XVII. Il faudrait dire ici quelles sont les formes de l'usure moderne.

Nous ne voulons pas proscrire tout prêt a intérêt. Il y a aujourd'hui une quasi-productivité de l'argent, soit:

1° Par la tolérance de l'Eglise;

2° Par la loi civile;

3° Par un nouveau contrat: placement, prêt de production, pecunia concessa, comme dit Benoît XIV dans la bulle Vix pervenit;

4° Par le titre devenu habituel du lucrum cessans à cause de la facilité actuelle de l'emploi productif de l'argent.

L'usure moderne résulte de l'inégalité oppressive dans les contrats.

On peut l'étudier dans les rapports:

1° Entre capitalistes et travailleurs: contrat de salariat;

2° Entre capitalistes et entrepreneurs: location, prêt, association;

3° Entre commerçants et consommateurs: accaparements et monopoles;

4° Entre les capitalistes eux-mêmes, dans les cas d'agiotage, d'escroquerie, de coups de bourse, etc.

Le contrat de salaire devrait comprendre:

1° Le salaire minimum, destine a assurer le pain quotidien de la famille dans les conditions ordinaires;

2° Le salaire normal, destiné à assurer à l'ouvrier des moyens d'existence en cas d'accident, de maladie ou de vieillesse, par ses propres réserves ou par des institutions de mutualité;

3° Le salaire juste, destine à faire participer l'ou­vrier a la plus-value qui est le résultat de son travail.

Le salaire a forfait élude cette participation,

Le patron équitable y pourvoit par l'élévation du salaire et les institutions diverses qui complètent le salaire.

On y remédiera surtout par le développement de la coopération et de la participation.

Le contrat de travail doit aussi tenir compte der tout ce qui concerne l'hygiène et la moralité des travailleurs.

Dans les relations entre capitalistes et entrepreneurs, signalons les abus qui se rencontrent dans les rapports entre les propriétaires et les fermiers, entre les chefs d'usines, les actionnaires et obligataires.

Les propriétaires s'en tiennent parfois au droit absolu de propriété du paganisme. Ils ne tiennent compte à leurs fermiers ni des années de disette, ni des cas de force majeure, ni des accroissements de valeur de la propriété.

Les actionnaires prennent parfois sous le titre de dividendes la part du lion. Les obligataires privilégiés gagnent encore quand l'entreprise est en perte. Les intérêts stipulés pour les uns et pour les autres sont parfois exagérés.

Voici maintenant quelques exemples d'accaparements et de monopoles.

Nous avons eu les accaparements des sucres, des cuivres, du pétrole, du café, du nickel, des cuirs. On annonçait ces jours-ci celui du soufre.

L'Italie avait mis un droit considérable sur l'exportation des soufres, 11 fr. par tonne.

L'Amérique tenta de s'en passer en tirant l'acide sulfurique des pyrites. En 1890 elle tirait de la Sicile 1.300.000 quintaux de soufre; en 1892 850.000 quintaux seulement.

L'Angleterre fit de même.

L'Espagne et le Japon développèrent la production de leurs soufrières.

Le prix de la tonne en Sicile tomba de 110 fr. a 55.

Les producteurs siciliens demandèrent le retrait du droit de 11 fr. En même temps ils firent un concordat avec des spéculateurs anglais pour maintenir les prix. Les salaires restent bas. Producteurs et spéculateurs feront des profits aux dépens des travailleurs et des consommateurs.

L'usure entre les capitalistes eux-mêmes ou les manieurs d'argent est plus manifeste encore. Elle revêt cent formes diverses.

Citons l'agiotage financier, les coups de bourse, les fausses nouvelles…

Le lancement d'affaires véreuses…

Les réclames mensongères…

Les journaux de bourse…

Les bulletins financiers…

L'industrie des book-makers…

Tout une population vit de cela comme les pirates d'Algérie vivaient de leurs prises.

XVIII. Conclusion. - II faut donc agir; mais il faut étudier d'abord, pour ne pas agir en aveugles et sans discernement. Et cette étude des conditions modernes de l'usure réclame une application sérieuse.

Après avoir étudié, il faut enseigner, par le livre, par la presse, par les conférences, voire même par des prédications concrètes, qui sortent de la routine des dévotions de sentiment et de surérogation. Les Antoine de Padoue, les Bernardin de Sienne énuméraient dans leurs sermons toutes les formes d'usure ou d'injustice qui se rencontraient dans la pratique du commerce de leur temps.

Il faut agir par les oeuvres et les associations. Parler est bien, mais agir est mieux. Les vrais défenseurs des faibles, les vrais démocrates chrétiens sont ceux qui de nos jours fondent des caisses de crédit, des syndicats agricoles, des secrétariats du peuple, des mutualités.

Favorisons les entreprises de coopération et de participation, pour réaliser ce que Léon XIII appelle une plus équitable répartition des produits du travail.

Il faut réclamer les réformes législatives nécessaires, une meilleure répartition de l'impôt, des lois sur le contrat de travail, sur la réglementation du travail, sur l'émission des valeurs, sur la création des associations, et contre les jeux de bourse, les accaparements et les monopoles.

Soyons vaillants et avec le Pape toujours.

Nous sommes envahis, dominés par le nombre, trahis par beaucoup. N'est-il pas trop tard? Non.

Au combat de Monte-Libretti27) en 1867, les soldats du Pape étaient 80, leurs ennemis étaient 1.200.

Les 80 furent des héros.

L'amour du Pape était leur force.

Au plus fort de la lutte, voyant auprès de lui son clairon blessé qui cherchait à sonner encore la charge, Guillemin lui dit: Crie encore: Vive Pie IX! cela donne de la force.

Nous, nous crierons: Vive Léon XIII! et cela aussi nous soutiendra.

Les 80 furent vainqueurs des 1.200.

Nous vaincrons aussi avec la grâce de Dieu.


1)
Cf. dans cette édition pp. 131-158.
2)
I On pourra se reporter aux très bonnes pages du P. A. Bourgeois, dans «Le P. Dehon et Le Règne… 1893-1903», Studia dehoniana 2512, Rome 1994, pp. 151-156: les réflexions du P. Bourgeois portent précisé­ment sur cette troisième Conférence.
3)
II La France juive, essai d’histoire contemporaine (1886) est l’œuvre d’E. Drumont (1844.1917), un journaliste catholique et homme politique qui en 1892 lance le journal La Libre Parole, d’orientation nationaliste et farouchement antisémite. La France juive s’efforce a démontrer l’in­fluence destructrice da judaïsme dans l’histoire contemporaine, notam­ment dans la fièvre anticléricale de l’époque. 11 provoque un débat hou­leux, une dizaine d’ouvrages le réfutent aussitôt. A. Dreyfus (1859-1935), d’origine juive alsacienne, officier de l’armée français. Accuse d’espionnage au bénéfice de l’Allemagne, il est condamné et déporté (décembre 1894). Après de nombreux rebondisse­ments et dans un climat de violence fanatique, après plusieurs révisions de son procès et en particulier grâce à la forte intervention d’E. Zola («J’ac­cuse», 1898), Dreyfus sera finalement innocenté (1906). Cette «affaire» a profondément divise la France: l’ensemble de la droite, autour de ten­dances nationalistes, antisémites et cléricales, s’oppose violemment à un mouvement favorable a Dreyfus qui rassemble peu a peu des radicaux, des socialistes, des intellectuels, dont beaucoup se retrouvent dans la «Ligue des Droits de l’homme». L’«affaire» accentue la fracture entre droite et gauche, elle a de graves répercussions dans la vie politique de la IIIème République comme aussi dans la relation entre l’Eglise et l’Etat. Sur tout ceci, pour approfondir au moins la situation française, voir t’étude récente d’un spécialiste, P. Pierrard: Les chrétiens et l’affaire Dreyfus, Paris, 1998. Et du même auteur, l’étude plus large: Juifs et catholiques français, Paris, 1997.
4)
V Cf. OSC I, pp. 199-218.
5)
Cf. OSC II, pp. 299-352.
6)
Le prince-archevêque d’Olmutz (actuellement Olomouc, Rép. Ceska) était en 1900 Mgr Théodore Rohn, originaire d’une famille juive. Ce diocèse comptait alors 87.000 catholiques, 50.000 protestants et 24.000 juifs.
7)
Des conversions marquantes ont eu lieu au cours du XIXe siècle. Le Père Dehon rappelle deux ou trois noms, parmi les plus connus: – Ratisbonne, Alphonse et Théodore, deux frères, nés d’une famille juive de treize enfants. Alphonse (1814-1884), avocat, très engagé auprès des jeunes israélites… En 1842, dans l’église Sant’Andrea delle Fratte, à Rome, il eut une vision de la Vierge. Converti tout de suite au catholi­cisme, ordonné prêtre en 1848, il se consacra ensuite entièrement à l’ouvre N. D. de Sion, fondée par son frère Théodore. Ce dernier (1802­1884), devenu catholique après une jeunesse vécue dans le judaïsme, or­donné prêtre, fut nommé en 1840 curé de N.-D. des Victoires à Paris et, depuis lors, toute son activité, comme celle de son frère Alphonse, n’eut d’autres buts que la conversion d’Israël à la foi catholique. – François M. Paul Libermann (1802-1852), fils d’un rabbin et lui­-même destiné su rabbinat. Sous l’influence d’un rabbin converti, lui aussi reçut le baptême. Ordonné prêtre en 1841, il fonda une petite congréga­tion missionnaire qui fusionna ensuite avec celle, plus ancienne, du St­-Esprit. Elu supérieur général de l’Institut ainsi formé, il lui assura un déve­loppement extraordinaire. Sa doctrine spirituelle se base sur trois prin­cipes essentiels: a) abandon total au bon plaisir de Dieu; b) le calme et la paix basés sur l’humilité et la confiance en Dieu; c) l’union avec Dico par une soumission aux inspirations du St-Esprit. – Lémann, Edouard Joseph et Achille Augustin, frères jumeaux nés en 1836 d’une famille juive, se convertirent sous l’influence de leur milieu. Ordonnés prêtres en 1870 à Rome, à l’occasion du concile Vatican I, ils réussirent à faire signer par plusieurs Pères do Concile une Postulation en faveur de la conversion des Juifs. Leurs publications sont très nombreuses mais souvent elles sont marquées par des préjugés antisémites des milieux populaires de leur époque. Ils moururent à Lyon, Achille en 1909 et Edouard en 1914.
8)
Les Pastoureaux: un soulèvement de paysans qui en 1231 traversa la France sous la direction d’un meneur anarchique. Mais l’initiative dégé­néra très tôt en règlement de comptes, surtout contre les seigneurs féo­daux et Ies ordres mendiants.
9)
Arton, Herz (Cornelius) et Reinach (Jacques): trois financiers juifs, impliqués dans le scandale connu comme «l’affaire de Panama». En 1885, la Compagnie do Canal sollicita du gouvernement de Paris l’autorisation d’émettre 600 millions d’obligations à lots, remboursables par tirage au sorte ce qui était interdit auparavant comme tout tirage au sort. Sous la pression des financiers, cette demande est acceptée en 1888, mais la somme ainsi recueillie ne suffit pas pour sauver la Compagnie qui en dé­cembre suspend ses paiements et en février 1889 est mise en liquidation. Comme d’habitude, tout l’argent finit dans les poches des administrateurs. En 1892, un journal antisémite dénonce le scandale et le proc8s se conclut par la condamnation des administrateurs de la Compagnie. Mais le baron Reinach mourut à la veille de son proc8s (peut-être en se suicidant), tandis que Arton et Herz prirent la fuite. Cette affaire révéla la collusion entre les hommes d’affaires et les hommes politiques.
10)
St Jean de Capistran (1385-1456) et St Bernardin de Feltre (1439­1493): deux prédicateurs populaires très engagés pour aider le peuple face au dépouillement par l’usure. Jean de Capistran, franciscain, avait l’mne d’apôtre: à Rome et dans d’autres pays d’Europe, il convertit de nombreux Juifs et sous les murs de Belgrade, il contribua au succès des chrétiens en lutte contre les musulmans. Bernardin de Feltre, franciscain lui aussi, a joué un rôle très important en ce qui concerne les principes. A son époque, tout prêt à intérêt émit considéré comme un péché, un vol. Il était donc interdit aux chrétiens. C’est pourquoi, en cas de détresse, il fallait s’adresser aux Juifs, très ha­biles dans la pratique non seulement do prêt à intérêt mais aussi de l’usure. Dans ces conditions, toute sa réflexion théologique et toute son action pas­torale visaient à faire comprendre, par ses écrits et par sa prédication, que le prêt à un intérêt raisonnable est tout à fait légitime et que c’est la seule voie pour vaincre l’usure. En passant de la théorie à la pratique, il fonda dans plusieurs villes des Monts-de-Piété pour soustraire les gens à la rapa­cité des usuriers. Mais l’acceptation de ces principes ne put se faire que gràce à Léon X et au Concile da Latran de 1515.
11)
Saint Agobard (779?-840) est né en Espagne. L’évêque Leidrade l’emmena à Lyon pour l’ordonner prêtre (804) et lui conférer ensuite la consécration épiscopale à titre de chorévèque (813). À la mort de son pro­tecteur, il devint archevêque de Lyon. Très instruit, il s’employa à faire co­pier beaucoup de livres anciens et il en publia plusieurs lui-même, destinés à instruire le peuple, à combattre les duels judiciaires et les ordalies, à pro­téger les chrétiens du prosélytisme juif.
12)
Par le suicide.
13)
Anaclet II, de la famille romaine de Pierleoni, antipape. Après ses études à Paris, il entra à Cluny d’ou le pape Pascal II l’appela à Rome pour le créer cardinal. A Rome, il a bien servi les intérêts du Saint-Siège. A la mort d’Honoré II (1130), il fut élu pape par un groupe important du sacré collège, contrairement aux accorda précédents d’après lesquels l’élection du nouveau pape avait été confiée à un groupe de huit cardinaux qui élurent Innocent II. Chacun des deux élus avait des raisons pour considé­rer comme valable son élection et la chrétienté se trouva divisée entre deux camps. D’après les historiens plus récents, Anaclet II a maintenu son r61e de pape jusqu’à sa mort (1138), sans se réconcilier avec Innocent II.
14)
Adolf Stocker (1835-1909), théologien protestant. Il travailla à la fondation d’un parti socialiste chrétien en Allemagne. Très conservateur, il se distingua aussi comme promoteur d’une agitation antisémite.
15)
Talmud: terme hébraïque qui signifie «étude». C’est un vaste re­cueil de textes appartenant à la littérature religieuse judaïque. Ces textes remontent à la période allant do IIIe siècle avant J.C. au Ve siècle après J.C. L’objectif principal visé par le Talmud c’est de faire connaître la Lei (Tora) orale complément essentiel de la Loi (Tora) écrite. En effet, la Loi écrite (de Moïse) ne contient pas toutes les précisions nécessaires à la mise en pratique des commandements. C’est justement la tâche des «inter­prétations» orales données par les rabbbins tout au long des siècles que de donner ces précisions. Les versions de cette tradition orale sont au nombre de deux: le Talmud de Jérusalem, qui recueille les réponses données par l’école de la Palestine, et le Talmud de Babylone, qui recueille les réponses des écoles babyloniennes. Pour les Juifs, le Talmud est, avec la Bible, le point de référence obligatoire pour toute question religieuse aussi bien en ce qui concerne les individus que la communauté. Bien sar, il concerne le peuple juif et non pas les autres peuples, les «goïm».
16)
August Rohling (1839-1931), théologien catholique, professeur à l’Université allemande de Prague (1876-1893). Spécialiste dans l’étude du Talmud, il affirmait pouvoir démontrer que le rite du sang était pratiqué dans quelques synagogues. Mais accuse de calomnie, il dut se rétracter.
17)
Ashaver ou Ahaveras, appelé aussi le Juif errant: personnage lé­gendaire, condamné à errer toujours, sans pouvoir jamais s’arrêter dans un lieu. La raison en serait le fait d’avoir maltraité Jésus sur son chemin au Calvaire, avec la croix. A partir de 1600, cette figure a été employée de di­verses façons, en particulier par Schopenhauer, pour exprimer la re­cherche permanente et jamais achevée de la vérité, par l’homme.
18)
Stathouder: aux Pays-Bas, sous le gouvernement espagnol, c’était le gouverneur de province. D’habitude, il était élu par le souverain.
19)
Gougenot des Mousseauz était obsédé par la crainte d’une possible domination des Juifs dans les pays chrétiens, crainte qui ressort clairement du titre complet de son livre: Le Juif, le Judaïsme et la Judaïsation des peuples chrétiens (1869).
20)
Adam Weishaupt (1748-1830), écrivain, philosophe. En 1776 il fonda, à Ingolstadt, le courant rationaliste des Illuminés. Mais on fait re­monter le début du mouvement de l’Illuminisme en tant que tel à Pa­racelse, Valentin Weigel et Jacob Boehme.
21)
Paqualis Martinez (1727-1779), juif d’origine portugaise. Avec quelques-une de ses disciples parmi lesquels Messner, Cagliostro et Saint­-Martin, il donna l’origine à un mouvement illuministe et, en même temps, théosophe et occultiste qui s’inspirait de la cabale hébraïque.
22)
Gotthold Ephraìm Lessing (1729-1781), fils de pasteur luthérien, reçoit une excellente formation religieuse, collabore avec plusieurs revues en intervenant à propos des questions les plus controversées de son époque et, en particulier, à propos de la question des Juifs, en suscitant beaucoup d’espoirs. Il montre son estime et son admiration même pour le mouvement piétiste et romantique, mais il est plutôt sceptique quant aux contenus objectifs des dogmes religieux.
23)
Joseph de Maistre, comte (Chambéry 1753-Turin 1821). Quand les Français occupèrent la Savoie, il dénonça le double crime de la Révolu­tion: contre le souverain et contre la religion. II fut ministre de Sardaigne à Petersbourg, où il se lia avec Alexandre I et composa la plupart de ses ou­vrages, comme Du Pape et Les soirées de St-Petersbourg. Aux idées illumi­nistes, il opposait le sens commun, la foi, t’intuition de la conscience intel­lectuelle.
24)
Giovanni Battista Caprara, cardinal (Bologne 1733-Paris 1810), fut nonce à Vienne (1785-1792). II fut bien vu par Napoléon, entre autres parce que un de ses neveux avait pris pari au gouvernement révolution­naire de Bologne. Nommé cardinal légat, chargé d’appliquer le concordat napoléonien, il disposait d’un pouvoir quasi illimité pour ordonner aussi bien les mariages des ecclésiastiques que les démissions des évêques légi­times et la désignation de nouveaux évêques. Après la signature du concordat le 8 avril 1802, le jour de Paques, il put célébrer solennellement à la basilique de Notre-Dame, restituée au culte catholique. Transféré au siège archiépiscopal de Milan, le 26 mai de la même année, il y couronnait Napoléon comme roi d’Italie.
25)
Le Père Dehon a été dans beaucoup de questions un apôtre d’avant-garde. Mais en ce qui concerne la question juive, il a suivi tous les préjugés antisémites de son temps et de son milieu. Voici, à ce propos, l’é­valuation d’un historien catholique assez récent: «Contentons-nous de re­lever la part d’explication du malaise social qu’accorde au judaïsme une fi­gure modérée de la démocratie chrétienne comme l’abbé Dehon, dans son Manuel social chrétien, dont le róle de divulgation fut incomparable. On comprend alors qu’antisémitisme et démocratie chrétienne aillent de pair, le premier apparaissant comme la «partie négative du programme démo­crate chrétien». La formule est employée aussi bien… par La Chronique da Sud-Est que par La Démocratie chrétienne de Lille» (Jean-M. Mayeur, Ca­tholicisme social et Démocratie chrétienne, Paris, 1968, p. 189).
26)
Louis Jacques-Marie Monsabré (1827-1907), dominicain, après 1857 prédicateur très renommé, surtout à Notre-Dame de Paris. Par sa connaissance très vaste de l’Ecriture, de la théologie, de l’histoire et des sciences profanes, il savait s’assurer un discours substantiel et persuasif. II écrivit beaucoup: il a publié 43 volumes, surtout des discours et homilies pour les dimanches et les fêtes, sur les mystères du saint rosaire, panégy­riques, etc. Voici ses ouvrages les plus importante:. a) L’Introduction au dogme catholique (4 vol.); b) l’Exposition du dogme catholique, c’est-à­-dire le Credo (18 vol.); c) ses Retraites pascales (9 vol.), substantielles et très pratiques. Le Père Dehon l’admirait beaucoup et dans ses écrits le cite souvent.
27)
Montelibretti: petite localité entre Bagnoregio et Monterotondo, dans laquelle 80 zouaves luttèrent contre 1.200 garibaldiens. C’était en 1867. Les garibaldiens auraient voulu arriver à Rome, mais ils furent dé­ faits à Mentana. La conquête de Rome n’arrivera qu’en 1870, le 20 sep­tembre, avec la «brèche de Porta Pia».
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