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Mois d'Août

Le Sacre-Cœur de Jésus dans sa vie publique: paraboles, miracles et bienfaits

Deux méditations pour la retraite du mois

I. Vie de foi

Mois du Saint Cœur de Marie

Pastores venerunt festinantes: et inve­nerunt Mariam et Joseph et infantem po­situm in praesepio. Videntes autem co­gnoverunt de verbo quod dictum erat illis de puero hoc. Maria autem conservabat omnia verba haec, conferens in corde suo (S. Luc, 2,16).

Les bergers vinrent à la hâte, ils trouvè­rent Marie et Joseph, et l'enfant posé dans une crèche. Ils reconnurent la vérité de ce qui leur avait été dit de cet enfant. Marie, de son côté, conservait tout cela avec recueillement dans son cœur (S. Luc, 2,16).

1er Prélude. Je verrai Marie à Bethléem, puis à Nazareth, méditant avec une foi pro­fonde tous les mystères de l'enfance de Jésus.

2e Prélude. O Marie, obtenez-moi la grâce de participer à votre foi et à votre simpli­cité.

Ier POINT: Le Cœur de Jésus est la source et le modèle de la vie surnaturelle. - En Jésus, il n'est pas question de vie de foi. Jésus a plus que la foi, il a la vision des choses surnaturelles. Il est uni à son Père par la claire vision, comme nous lui sommes unis par la foi. C'est lui qui est l'homme spiri­tuel par excellence. Les enfants d'Adam, terrestres par nature, s'élèvent péniblement à la vie surnaturelle, par la foi et par la grâce. «Le premier homme, issu de la terre, était terrestre, dit saint Paul, et ses enfants lui ressemblent» (1 aux Cor. 15).

La grâce les soulève et ils retombent: «Jusqu'à quand, dit le psalmiste, aurez-vous un cœur lourd, qui retombe sans cesse à la vanité et au men­songe?» (Ps. 4).

Jésus vient, il est la lumière du monde, il éclaire notre foi… «Celui qui me suit, dit-il, ne marche pas dans les ténèbres» (S. Jean, 8).

Ezechiel l'avait prédit: «Le Sauveur nous donne un cœur nouveau», ou si l'on veut, il dégage notre cœur de sa pesanteur et de sa dureté (Ezech., 36).

«Seigneur, faites que je voie» (S. Marc, 10). Faites que je considère toutes choses des yeux de la foi. Donnez-moi un cœur pur et un esprit droit!

Mais il faut que je concoure à cette grâce en me tenant sans cesse uni à vous, ô mon Dieu. Je veux le faire, aidez-moi.

IIe POINT: Le Cœur de Marie vit de la vie de foi la plus parfaite. - Le Cœur de Marie est si uni au Cœur de Jésus! Ils ne font qu'un. La vie de foi de Marie correspondait à la vision béatifique de Jésus. Marie offrait la divine victime pendant que Jésus s'offrait lui-même. L'Ecce ancilla ré­pondait à l'Ecce venio.

Saint Luc signale l'acte de foi de Marie à Bethléem. Les humbles ber­gers sont venus faire un acte admirable de foi et de simplicité en adorant l'Enfant divin dans sa crèche. «Marie, dit l'évangéliste, conservait tous ces mystères en son cœur pour les méditer».

C'est ainsi que Marie est unie à tous les mystères de Jésus jusqu'au Calvaire. Tous les actes de Jésus revivent dans le cœur de Marie, elle les conserve, elle en nourrit sa foi, elle y conforme sa pensée et ses affec­tions. Elle offre à Dieu les actes de Jésus en s'y unissant. C'est notre mo­dèle. Unissons-nous par Marie à Jésus.

Nous sommes les enfants du second Adam, de Jésus, l'Adam céleste. Soyons célestes comme lui par notre foi. C'est ce que nous demande saint Paul. Comme nous avons porté la ressemblance de l'Adam terre­stre, portons maintenant celle de l'Adam céleste.

Comme Jésus et Marie, dédaignons la terre et tournons-nous vers le ciel. Conformons nos pensées et nos dispositions à celles de Jésus et de Marie. Qu'ont-ils pensé des choses de la terre, des honneurs, des plai­sirs, des biens matériels? Qu'en pensons-nous à notre tour? Qu'ont-ils pensé de la pauvreté, du sacrifice, de l'humiliation? Nos sentiments sont-ils semblables aux leurs?

Hélas! nous sommes encore bien terrestres. Humilions-nous et conformons-nous à Jésus et à Marie.

IIIe POINT: Union avec ces deux saints Cœurs. - C'est la règle de la vie de foi. C'était le conseil constant de Marguerite-Marie. «Pratiquons, disait-elle, la présence de Dieu, comme le Cœur de Jésus la pratique dans l'Eucharistie et en union avec lui».

«Notre présence de Dieu, dit-elle, sera de nous occuper à considérer ce que Jésus fait au Saint-Sacrement pour nous conformer à lui». Que fait Jésus au tabernacle? Il adore, il rend grâces, il répare, il prie pour nous.

«La manière la plus agréable à Dieu, dit-elle encore, pour nous tenir en sa sainte présence, c'est d'entrer dans le Sacré-Cœur de Jésus, et de lui remettre tout le soin de nous-mêmes, afin qu'il mette ce qui est de lui à la place de ce qui est de nous qu'il supplée à notre impuissance par sa divine puissance». Nous nous unissons à ses actes et les nôtres se perdent dans les siens et y trouvent leur valeur.

«Le moyen le plus efficace pour nous tenir en la présence de Dieu, disait-elle encore, c'est de blesser souvent le Cœur divin par des orai­sons jaculatoires, avant nos actions, pendant nos actions et après nos ac­tions».

Résolution. - Vie de foi, présence de Dieu, union à Dieu et au divin Cœur de Jésus, telle doit être ma vie. Je veux renouveler souvent cette union dans la journée.

Colloque avec le saint Cœur de Marie.

II. Le ciel: le triomphe de Marie

Et signum magnum apparuit in coelo: Mulier amicta sole, et luna sub pedibus ejus, et in capite ejus corona stellarum duodecim (Apoc., XII).

Un grand prodige parut dans le ciel: une Femme vêtue du soleil, et la lune était sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles (Apoc., XII).

1er Prélude. Voir la Vierge glorieuse, emportée par la force de son amour et acclamée par les brillantes phalanges angéliques, gagnant sa place, son rang de Mère de Dieu et des hommes et de Reine des Anges, dans les plus hautes régions de la gloire.

2e Prélude. Je vous salue, Reine du ciel! Ave, Regina coelorum!

Ier POINT: L'Assomption. - La très sainte Vierge, consumée du divin amour, avait exhalé avant de mourir ce chant de son âme embrasée: Al­lez, rapportez à mon Fils bien-aimé que je languis d'amour, calmez les flammes qui me brûlent, appuyez-moi de fleurs, environnez-moi de fruits, car je défaille d'amour (Gant, V,8; 11,5). Les anges ont transmis son message. Le Bien-Aimé de son âme ne la laisse pas longtemps dans ce sommeil transitoire; il la réveille de cette voix puissante qui fit sortir Lazare du tombeau, mais qui prend pour elle les accents de la plus suave tendresse: Lève-toi, hâte­-toi, mon amie, ma colombe, ma toute belle et viens! (Gant. 11, 10).

Et moi?… Quelle sera ma mort? Quelles en seront les suites? Mon âme s'élèvera-t-elle vers le ciel emportée par le feu de sa ferveur, ou descendra-t-elle vers l'enfer, alourdie par le poids de tant de fautes dont elle n'aura pas mérité le pardon?

Et elle se lève comme son Fils, le troisième jour après sa mort. Le ciel tout entier se prépare pour la fête: le Sauveur descend au devant d'elle avec une infinité d'anges, qui chantent: Quae est ista? - Quelle est celle qui s'avance comme l'aurore, belle comme la lune, éclatante comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille? Qui est-elle, montant, appuyée sur son Bien­Aimé? C'est l'Immaculée! Magnifique en sa Prédestination, en sa Concep­tion divine, privilgiée en sa Mort, miraculeuse en sa Résurrection, elle est incomparablement glorieuse en sa triomphante Assomption… Elle monte par la force de son amour; elle s'élève de tout le poids de son humilité, de son amour, de sa fidélité, de sa sainteté.

IIe POINT: La gloire céleste. - O ma Mère, je mêle mes accents à ceux de toute la cour céleste: «Vous êtes digne de vénération… Tu gloria Jeru­salem, tu laetitia Israel! (Judith, XV). Le Seigneur-Dieu vous a bénie par dessus toutes les femmes de la terre. Mais que sont nos louanges? Voici la très sainte Trinité qui vous accueille: le Père, comme la plus parfaite de toutes ses filles; le Fils comme sa Mère immaculée; et l'Esprit-Saint comme sa glorieuse épouse».

Le prophète royal David, anime sa lyre céleste par cet admirable can­tique: Je vois à votre droite, ô mon Prince, une Reine en habillement d'or enrichi d'une merveilleuse variété. Toute la gloire de cette Fille de roi est intérieure; elle est néanmoins parée d'une broderie toute divine. Les vierges après elle se présentent à mon Roi; on les amène dans son temple avec une sainte allégresse (Ps. 44). Isaïe chante la Vierge qui a conçu et enfanté un Fils divin.

Que lui disent les patriarches qui ont tant désiré la voir? les apôtres, les martyrs, qui ont déjà prêché sa maternité divine et versé leur sang pour l'honneur de son Fils? les vierges qui ont suivi sa blanche bannière? toutes les âmes bienheureuses et saluant la Mère et la Reine du ciel et de la terre?

Y aura-t-il une place pour moi parmi ces saintes phalanges? Quels se­ront mes titres pour y entrer? N'ai-je pas plutôt maint défaut qui m'en fera exclure? Oh! pendant qu'il en est encore temps, aujourd'hui même, que je prenne des résolutions salutaires!

IIIe POINT: Le couronnement. - La voix de Dieu retentit dans ce con­cert admirable de louanges: Veni, amica mea, sponsa mea, veni, coronaberis!

Venez, mon épouse, ma bien-aimée, venez du Liban pour être couronnée (Cant. IV). Et le Saint-Esprit l'enveloppe d'une inexprimable splendeur; le Fils la place à sa droite sur un trône de gloire; le Père lui décerne l'auréole du martyre, du doctorat et de la virginité; il orne son auguste front de la couronne royale, triomphale et nuptiale: Elle est Reine, Victorieuse et Epouse! Les accla­mations du ciel redoublent, les transports se renouvellent, les puissances des cieux s'inclinent devant leur Reine.

Et vous tous, habitants de la terre, faibles, misérables, pécheurs, espé­rez: Marie est couronnée de puissance et de bonté, comme elle est cou­ronnée d'honneur et de gloire, à Elle l'empire sur le Cœur de son Fils, à elle, le sceptre du salut.

Heureux, ô ma Reine, est celui qui, par le secours qui vient de vous, prépare et dispose des degrés dans son cœur, pour monter de cette vallée de larmes, de vertu en vertu, jusqu'au Dieu des dieux en Sion: (Ps. 83). Degrés d'humilité, de dé­vouement, de travail obscur et caché, pour descendre jusqu'aux profon­deurs de mon néant; degrés d'oraison, de zèle, d'amour, pour monter ju­squ'aux pieds de Marie, jusque sur son Cœur, sur le Cœur de Dieu. Ces degrés sont-ils bien les étapes de ma vie?

Résolution. - O Marie, j'ai besoin de votre secours pour monter ces degrés de la vertu. Aidez-moi. Beatus vir cujus est auxilium abs te: Bienheu­reux ceux que vous assistez (Ps. 83).

Conduisez-moi au Cœur de Jésus. Montrez-le-moi actuellement dans l'oraison, dans la vie intérieure; aidez-moi à le comprendre, à l'imiter, à l'aimer, pour que j'aille un jour le contempler dans sa gloire avec vous.

Colloque avec la très sainte Vierge.

1 Août
Mois du Saint Cœur de Marie

Quae est ista quae ascendit de deserto, deliciis affluens, innixa super dilectum suum? Sub arbore malo suscitavi te: ibi corrupta est mater tua, ibi violata est ge­nitrix tua. Pone me ut signaculum super brachium tuum: quia fortis est ut mors di­lectio, dura sicut infernus aemulatio: lam­pades ejus, lampades ignis atque flamma­rum (Cant. 8,6).

Quelle est celle-là qui s'élève du désert, riche en délices, appuyée sur son bien­aimé? Je t'ai éveillée sous le pommier: c'est là que ta mère a péché et a été trom­pée. Mets-moi comme un signe sur ton cœur, comme un signe sur ton bras: l'amour est fort comme la mort et le zèle de l'amour est inflexible comme l'enfer: ses lampes sont de feu et de flammes (Cant. 8,5).

1er Prélude. Marie est l'épouse préférée du Roi des cieux. Elle a mis sur son cœur et dans son cœur l'Epoux céleste et ne l'a plus quitté.

2e Prélude. Saint Cœur de Marie enseignez-moi l'amour de Jésus, l'union avec lui et le sacrifice.

Ier POINT: Le Cœur de Marie est le Saint des saints de la loi nouvelle. - Le mois d'août, mois du triomphe de Marie, est dédié à son Cœur, nous ne l'oublierons pas.

Nous appelons Marie la Maison d'or et l'Arche d'alliance dans ses li­tanies. Ces noms conviennent surtout à son Très Saint Cœur.

La Maison d'or, c'était le riche palais de David; l'Arche d'Alliance, c'était le coffret mystérieux, conservé dans le sanctuaire du temple et qui contenait la manne miraculeuse.

Marie n'est-elle pas bien nommée la Maison d'or et l'Arche d'alliance par la présence du Fils de David et du Fils de Dieu en son sein?

Mais le Père Eudes nous a enseigné à reconnaître dans le Cœur de Marie l'Arche d'alliance, le Tabernacle et le Saint des saints. Le Sacré­Cœur de Jésus, dit-il, est le sanctuaire par excellence où Dieu est adoré, glorifié et aimé d'une manière digne de ses grandeurs et de ses bontés in­finies. Mais le Saint Cœur de Marie est le second sanctuaire de l'amour divin, orné de la beauté éclatante de toutes les vertus; sanctuaire qui a toujours été la glorieuse demeure du Saint des saints, et dans lequel il y a plus d'honneur, plus de gloire et plus d'amour pour la très sainte Trinité que dans tous les sanctuaires matériels et spirituels de tous les temps, car ce Cœur virginal est dans un exercice et un sacrifice perpétuel d'amour, de louange, d'adoration et d'action de grâce envers la sainte Trinité!

IIe POINT: L'encensoir d'or. - Ce Cœur est représenté aussi par l'en­censoir d'or qui est aux mains de l'ange dans L'Apocalypse: encensoir d'or, parce que le saint Cœur de Marie est tout or et amour. Cet encen­soir d'or est aux mains de l'Ange du grand conseil, Notre-Seigneur lui-même qui dispose du Cœur de Marie et l'incline où il veut.

La Vierge Marie, remarque le Père Eudes, n'offre pas seulement, dans le sanctuaire de son Cœur, des exercices d'amour et de louange, mais aussi des victimes d'amour, comme le grand-père de l'Ancienne Loi offrait le sang du sacrifice dans le Saint des saints.

La première victime qu'elle offre c'est son divin Fils, qu'elle a offert déjà dans le temple de Jérusalem et au Calvaire, et qu'elle offre encore continuellement au ciel. - La seconde victime, c'est elle-même qui a vé­cu sur la terre dans un sacrifice continuel de tout son être et qui présente sans cesse ce sacrifice à Dieu dans le ciel.

Ce céleste sanctuaire est bien à nous, puisqu'il est le Cœur de notre mère; sachons nous unir à ses sacrifices si efficaces et si agréables à Dieu. Présentons à Dieu les victimes d'adoration, de prière, d'amour et de ré­paration offertes par Marie, en y unissant nos petits sacrifices quoti­diens.

IIIe POINT: L'autel des sacrifices. - Le Père Eudes nous enseigne aussi à offrir sur cet autel du Cœur de Marie le sacrifice de la messe. Il donne ce sens symbolique à l'antienne du commencement de la messe: Introibo ad altare Dei: j'entrerai à l'autel de Dieu. L'autel de Dieu, nous dit-il, c'est le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie, qui n'en font qu'un mora­lement. Prêtres ou fidèles, quand nous disons cette antienne, rappelons­-nous que c'est sur cet autel de leur Cœur que Jésus et Marie offrent quotidiennement à Dieu toutes les messes qui sont célébrées.

C'est sur ce même autel que nous devons aussi offrir le saint-sacrifice, et non pas seulement sur l'autel visible et matériel qui paraît à nos yeux et qui n'est que l'ombre de celui-là.

Ayant à offrir ce sacrifice sur un autel si saint et si doux, nous devons l'offrir en faisant et disant toutes choses en union de l'amour, de la cha­rité, de l'humilité et de la sainteté de ces deux Cœurs admirables. Ils forment en quelque manière un seul autel, que nous appelons aussi le Saint des saints, lorsque en montant à l'autel, le prêtre prie Dieu «de le dégager de toute iniquité afin qu'il mérite d'entrer dans le Saint des saints avec une âme pure et sainte».

Oh! combien ces réflexions peuvent nous aider à dire saintement la messe si nous sommes prêtres; à y assister saintement, si nous ne le som­mes pas!

Un jour d'Assomption, saint Jean Damascène disait: «Aujourd'hui l'Arche sainte et animée du Dieu vivant, est transportée dans le temple du ciel».

Louons et bénissons l'Arche d'alliance du Nouveau Testament. C'est auprès d'elle que nous voulons vivre et offrir le sacrifice quotidien de l'accomplissement de tous nos devoirs.

Résolutions. - Marie a voulu vivre au temple auprès de l'Arche d'al­liance, moi je veux vivre auprès de Marie, m'unir à elle comme à Jésus pour toutes mes actions.

Colloque avec Marie.

2 Août

Parabole de la semence

Exiit qui seminat seminare semen suum: et dura seminat, aliud cecidit secus viam, et conculcatum est… et aliud ceci­dit super petram… et aliud cecidit inter spinas… et aliud cecidit in terram bonam: et ortum fecit fructum centuplum (S. Luc. 8,5).

Le semeur va jeter sa semence: et quand il sème, une part de la graine tom­be sur le chemin, elle est foulée aux pieds… une part tombe sur les pierres… une autre dans les épines…, mais il y en a qui tombe dans la bonne terre, et celle-la produit le centuple (S. Luc. 8,5).

1er Prélude. Jésus est au commencement de sa vie publique. Il va de ville en ville avec les douze pour prêcher l'Evangile. Il voit ses paroles tomber comme la semence et il nous donne cette belle parabole.

2e Prélude. Bon Maître, c'est de votre divin Cœur que viennent tous ces enseigne­ments rapportés dans l'Evangile, disposez mon cœur à les bien recevoir.

Ier POINT: La froideur. - «Voilà ce Cœur, dit Notre-Seigneur, qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné pour leur témoigner son amour et gagner leur cœur; et cependant il ne reçoit de la plupart que de la froideur, de l'indifférence et de l'ingratitude».

Jésus a semé ses bienfaits, il a multiplié les mystères de son amour de­puis l'incarnation jusqu'au calvaire. Il a passé en faisant le bien. Il a ré­pété ses tendres invitations à le suivre et à l'aimer: «Venez à moi vous tous qui souffrez, et je vous soulagerai… Venez recevoir l'aliment de mon corps et le breuvage de mon sang… Venez vous désaltérer aux sources de mon Cœur…».

Mais ses paroles tombent souvent sur le grand chemin où passent les gens occupés, affairés et dissipés. Ses appels rencontrent des cœurs froids et durs qui ne se laissent pas émouvoir.

Le bon Maître sème et sème encore. Il frappe à la porte des cœurs, il mendie notre amour. Mais la graine est emportée par le vent et dévorée par les oiseaux.

Son Cœur ne rencontre que de la froideur et il en souffre, comme un cœur délicat sait souffrir.

IIe POINT: L'indifférence. - Une autre partie de la graine tombe dans un terrain pierreux, elle lève, puis se dessèche et meurt.

Les appels du Sauveur rencontrent souvent ces terrains pierreux et sans profondeur. Ils effleurent nos âmes et y produisent un instant d'émotion, puis tout le mouvement de la grâce s'arrête et s'éteint.

Oh! combien Notre-Seigneur se plaint des cœurs indifférents! Ils sont capables d'une légère émotion d'un moment, puis tout est bien vite fini. Ces âmes n'ont pas de recueillement. Elles ne conservent pas en elles­mêmes les lumières et les grâces reçues. Tout reste à la surface. Si elles font oraison, elles sont bien vite lasses et s'abandonnent au sommeil ou à la rêverie. Leurs communions se font par manière d'acquit, leur actions de grâces sont sans générosité. Les examens sont bâclés, les lectures spi­rituelles sont superficielles. Le recueillement habituel n'existe pas, rien ne se fait avec soin, avec suite, avec méthode.

Notre-Seigneur peut semer tant qu'il voudra dans ces âmes. La se­mence ne pénétrera jamais profondément et ne donnera aucun fruit. Tout cela n'est-il pas fait pour lasser le semeur et le dégoûter de ces âmes auprès desquelles il perd sa peine? Oh! comme on comprend bien la tristesse qu'il exprimait à Marguerite-Marie au sujet des âmes tièdes et indifférentes, qui lassent son amour!

IIIe POINT: L'ingratitude. - Une partie de la graine tombe sur un ter­rain fertile, mais elle est suffoquée par les épines.

Les appels de Jésus sont entendus par certaines âmes qui sont comme des terrains remplis de racines et de semences d'herbes mauvaises. Ces terrains n'ont pas été émondés. Ces cœurs n'ont pas été purifiés. Ils ne sont pas insensibles à l'amour de Notre-Seigneur, mais ils n'ont pas le courage de renoncer aux affections naturelles et sensuelles, aux attaches passionnées. Et l'amour de Notre-Seigneur est bientôt suffoqué par tou­tes ces affections et ces passions absorbantes.

Notre-Seigneur est un Dieu jaloux. Il ne veut pas de cœurs partagés. Il se retire de ces cœurs où on le met au niveau des créatures. Comment pourrait-il se complaire dans cette promiscuité?

Mais il y a une part de la semence qui tombe dans la bonne terre et qui produit le centuple. Notre-Seigneur en nous disant cela considérait avec joie les âmes ferventes, les âmes unies à lui, qui reçoivent abondamment la semence par la fidélité à l'oraison, par la régularité habituelle, le re­cueillement, la vie intérieure, l'union aux mystères du Sacré-Cœur. Oh! ce sont alors des semailles de toute la journée et elles donnent des fruits au centuple. Comme Notre-Seigneur se plaît à cultiver ces terres fertiles, qui donnent à son Cœur tant de fruits de pur amour!

Résolutions. - Seigneur, votre belle parabole impressionne mon cœur. Je vois la nécessité d'une vie toute de règle, toute de calme, de re­cueillement, de docilité à la grâce. Pardon, Seigneur, pour toutes ces an­nées pendant lesquelles j'ai gaspillé vos divines semences. Revenez.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

3 Août

Parabole de l'enfant prodigue:
la tendresse
misericordieuse
du Cœur de Jésus

Et surgens venit ad Patrem suum. Cum autem adhuc longe esset, vidit illum pater ipsius et misericordia motus est, et occur­rens cecidit super collum ejus et osculatus est eum. Dixitque ei filius: Pater peccavi in coelum et coram te, jam non sum di­gnus vocari filius tuus. Dixit autem pater ad servos suos: Cito proferte stolam, pri­mam et induite illum… (S. Luc. 15,20).

Il partit donc et s'en vint trouver son père. Lorsqu'il était encore loin, son père l'aperçut et fut touché de compassion; et courant à lui il se jeta à son cou et l'em­brassa. Son fils lui dit: Mon père, j'ai pé­ché contre le Ciel et contre vous et je ne suis plus digne d'être appelé votre fils. Mais le père dit à ses serviteurs: Apportez vite sa plus belle robe et l'en revêtez (S. Luc. 15,20).

1er Prélude. Ce père qui va au-devant du fils prodigue, c'est Jésus qui fait des avan­ces aux pécheurs par les inspirations de sa grâce.

2e Prélude. O bon Maître, je reviens à vous, pressez-moi sur votre Cœur et revêtez-­moi de votre vêtement de grâce.

Ier POINT: Les égarements du prodigue. - Cette parabole est féconde en enseignements. Les publicains et les pécheurs venaient à Notre­-Seigneur. Il les recevait avec bonté. Les pharisiens et les scribes en étaient scandalisés. Par cette parabole, Notre-Seigneur encourage les pé­cheurs repentants et généreux, il leur montre la tendresse avec laquelle il accueille les brebis égarées. Et par là, il répond indirectement aux phari­siens.

Lorsqu'une âme se sépare de Notre-Seigneur pour se livrer à ses pas­sions, il ne fait pas un miracle pour la retenir malgré elle. Il nous plaint de faire un mauvais usage de ses dons, mais il ne porte pas atteinte à no­tre liberté, il ne le peut pas. Il déplore le mauvais usage que l'on fait d'un privilège qui a été donné aux hommes pour leur permettre de vouer à son Père et à lui un amour libre, et de servir Dieu non en esclaves, mais en serviteurs affectionnés, volontairement et librement attachés à leur maître. Comme le père de cette parabole, il laisse le pauvre cœur abuser en toute liberté des dons qu'il a reçus.

Il laisse le pécheur épuiser toute la première rage de la passion; puis quand vient la période de fatigue et de lassitude, il vient avec ses premiè­res inspirations salutaires.

IIe POINT: Les industries de la grâce. - Si l'âme est fidèle à ces premiè­res suggestions de la grâce, Notre-Seigneur redouble de sollicitude, par­ ce que le bon accueil fait à une grâce l'excite à en accorder une autre. Si le pécheur est sourd à ces suggestions sans être dépourvu de générosité, Notre-Seigneur lui fera la grâce de lui envoyer une épreuve qui provo­que un retour sur lui-même. Pendant cette épreuve, il parle plus amica­lement à son cœur; il lui fait sentir vivement toute la laideur de son état, tout le danger de sa situation. Il cherche à promouvoir en lui un senti­ment d'humilité.

Si le pécheur est fidèle à ces suggestions de la grâce, s'il ne recule pas devant l'effort à faire pour se rendre compte de la misère dans laquelle il croupit, pour voir la fange dont il est souillé, la lèpre dont il est couvert, Notre-Seigneur récompense ce premier sentiment en le rendant plus vif. Le cœur pénétré d'un mépris profond pour lui-même s'ouvre à l'action divine. Une touche puissante brise alors ce cœur humilié et il confesse sa faute. Il gémit de sa misère, qui lui apparaît alors dans toute sa laideur. Il compare son état à celui des serviteurs fidèles qui vivent dans une dou­ce paix de l'âme sous les regards bienveillants de Notre-Seigneur. Le sentiment de son indignité est alors si vif, qu'il s'écrie comme l'enfant de la parabole: «Mon Dieu, je ne suis pas digne d'être votre enfant, mais ayez pitié d'un pauvre cœur contrit et humilié». Il se lève alors résolu­ment pour rentrer en grâce avec Dieu.

Le Cœur de Jésus, ému de compassion, facilite à cette chère âme la pénible démarche à laquelle elle s'est enfin résolue. Notre-Seigneur ac­cueille à bras ouverts le malheureux qui dès cet instant redevient son en­fant bien-aimé.

IIIe POINT: Conversion et pardon. - Notre-Seigneur comble le converti de caresses. Il remplit son cœur des plus doux sentiments de joie pour adoucir l'amertume de sa pénitence. Il réserve à ce pauvre cœur brisé par le repentir le festin délicieux de ses consolations. Loin de lui repro­cher son passé, il se montre avec lui plein de douces prévenances, parce qu'il n'est plus un pécheur mais un enfant tendrement aimé.

Cette conversion réjouit le Cœur de Jésus, et si l'enfant retrouvé con­tinue à être généreux, s'il est aimant surtout, ce retour peut être le point de départ non seulement d'une vie correcte et vertueuse mais souvent d'une sainteté éclatante. Mais pour cela il faut toujours que Notre-­Seigneur trouve dans le cœur du converti un grand élan de générosité.

Considérons le converti de la parabole. Aussitôt sa faute reconnue, son cœur contrit et humilié éprouvera le sentiment profond de son indi­gnité. L'action suit immédiatement la résolution.

Je me lèverai, dit-il, et j'irai à mon père, et incontinent il se lève et il va exprimer à son père son indignité et demander une place de simple domestique.

Cette générosité, il faut l'avoir toujours, autrement on se traine d'abord dans la tiédeur puis on tombe plus bas.

Méditons aussi l'accueil fait à la générosité du repentir: le père ne lais­se à son fils que le temps d'avouer sa faute, puis le presse sur son cœur, lui pardonne et le comble de ses dons. Quel touchante et encourageante parabole!

Résolutions. - Je penserai souvent dans la journée à la bonté, à la ten­dresse du Cœur de Jésus. Je me rappellerai les meilleures circonstances de ma vie, ma conversion, ma vocation. La reconnaissance me portera à être plus fidèle à ma règle, à mes résolutions, plus affectueux envers Notre-Seigneur, plus généreux dans les petits sacrifices de chaque jour.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

4 Août

Le saint Curé d'Ars et le Sacré-Cœur

Coepit Jésus de Joanne dicere ad tur­bas: quid existis in desertum videre? arundinem vento agitatam? Sed quid exi­stis videre? hominem mollibus vestimen­tis indutum? Ecce qui in veste pretiosa sunt et deliciis, in domibus regnum sunt. Sed quid existis videre? prophetam? Uti­que dico vobis… (S. Marc. 7,24).

Jésus parlant de Jean-Baptiste dit aux foules: Qui êtes-vous venu voir au désert? un roseau agité par le vent? Mais qui êtes­-vous venu voir? un homme mollement vê­tu? Ceux qui s'habillent richement et vi­vent dans les délices se trouvent dans les palais princiers. Mais qui êtes-vous venu voir? un prophète? oui, c'est la vérité (S. Marc. 7, 24).

1er Prélude. On pouvait dire cela aux foules qui venaient visiter Jean-Baptiste Vian­ney: en apparence, c'était un roseau agité par le vent; en réalité, c'était un homme de Dieu et un prophète.

2e Prélude. Grand saint, à l'âme toute séraphique, apprenez-moi à aimer le Sacré­-Cœur.

Ier POINT: Sa ferveur. - La vie extérieure du curé d'Ars était si ex­traordinaire que plusieurs s'y arrêtent d'une manière exclusive. Il prati­quait, il est vrai, des mortifications incomparables. Il semblait n'avoir point de corps. Il ne mangeait presque rien et s'accordait si peu de som­meil! Il consola et releva une infinité d'âmes. Il lisait dans les conscien­ces. Il repoussa maint assaut du démon. Il secourait toutes les infortu­nes. Sa vie apostolique est merveilleuse, mais combien sa vie intérieure est plus admirable encore! Quelle âme de séraphin! Quand il nous décrit les fruits de l'Eucharistie, c'est le tableau de ses vertus qu'il nous trace.

«Quand une âme, disait-il, a reçu dignement le sacrement de l'Eucha­ristie, elle est toute noyée dans l'amour, elle se roule amoureusement dans le sang de Jésus-Christ comme l'abeille dans le calice d'une belle fleur… Elle devient humble, douce, mortifiée, charitable, modeste et ai­mable à tout le monde. Elle est capable de tous les sacrifices… C'est que par la communion Jésus l'a bien changée et qu'il a laissé en elle son esprit et son Cœur». Tout cela était vrai de l'âme du curé d'Ars.

IIe POINT: Son amour pour le Sacré-Cœur. - Comme il aimait le Sacré­Cœur de Jésus caché dans nos tabernacles! Ceux qui l'ont connu inti­mement attestent qu'il ne pouvait parler du Sacré-Cœur sans pleurer d'attendrissement. «O mes enfants, s'écriait-il, que fait Notre-Seigneur dans le Sacrement de son amour? Il a pris son bon Cœur pour nous ai­mer; il est là, comme dans le ciel, sur son trône d'amour et de miséricorde, nous tendant ses mains pleines de grâces… Que c'est beau! Si l'hom­me connaissait bien ce mystère, il mourrait d'amour… O Jésus! vous connaître, c'est vous aimer… Il sort de ce Cœur Sacré une transpiration de tendresse et de miséricorde, capable de noyer tous les péchés du mon­de… O Cœur de Jésus, poursuivait-il, les yeux baignés de larmes, Cœur d'amour, fleur d'amour!… Le Cœur, c'est tout ce qui restait d'entier dans le très saint corps du Sauveur après sa mort, Longin le perça pour en faire sortir l'amour!… Si nous n'aimons pas le Cœur de Jésus, qu'aimerons-nous donc? Il n'y a que de l'amour dans ce Cœur; comment fait-on pour ne pas aimer ce qui est si aimable?».

Comme je rougis de ma froideur et de mon indifférence en lisant ces paroles enflammées du Saint curé! Son cœur était de feu et le mien est de glace. Pardonnez-moi, Seigneur, tant de dureté et tant d'ingratitude.

IIIe POINT: Son acte d'amour de Dieu. - Il est beau cet acte d'amour, dont la formule est si connue. Relisons-le et méditons-le. - «Je vous ai­me, ô mon Dieu, et mon seul désir est de vous aimer jusqu'au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j'aime mieux mourir en vous aimant, que de vivre un seul instant sans vous ai­mer. Je vous aime, Seigneur, et la seule grâce que je vous demande, c'est que je vous aime éternellement.

«Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement. Je vous aime, ô mon Dieu infini­ment bon, et je n'appréhende l'enfer que parce qu'on n'y aura jamais la douce consolation de vous aimer… Mon Dieu, si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, je veux que mon cœur vous le répète autant de fois que je respire…

Son Dieu, faites-moi la grâce de souffrir en vous aimant et de vous ai­mer en souffrant. Je vous aime, ô mon divin Sauveur, parce que vous avez été crucifié pour moi; je vous aime, ô mon Dieu, parce que vous me tenez ici-bas crucifié pour vous…

Aimer un Homme-Dieu crucifié pour nous, amour de reconnaissan­ce!… Aimer mon Dieu qui nous crucifie, amour généreux!… Mon Dieu, faites-moi la grâce de mourir en vous aimant et en sentant que je vous aime. Mon Dieu, à proportion que j'approche de ma fin, faites-moi la grâce d'augmenter mon amour et de le perfectionner».

Tout le cœur du Saint curé est dans cet épanchement d'amour, es­sayons de le suivre.

Résolutions. - J'imiterai surtout dans le curé d'Ars son amour de l'Eucharistie et son amour du Sacré-Cœur, je trouverai là tout le reste. L'âme qui communie bien, nous dit-il, devient humble, douce, morti­fiée, charitable, modeste et aimable à tout le monde.

Colloque avec le saint curé.

5 Août

Notre-Dame des neiges

Videntes autem stellam gavisi surit gaudio magno valde; et intrantes domum invenerunt puerum cum Maria, matre ejus, et procidentes adoraverunt eum; et apertis thesauris suis, obtulerunt ei mune­ra (S. Mat, 1,10).

En voyant l'étoile, ils eurent une gran­de joie, et en entrant dans la maison, ils trouvèrent l'Enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent; ils ou­vrirent leurs trésors et lui offrirent des présents (S. Mat., 1,10).

1er Prélude. Comme les Mages, le noble patrice Jean et son épouse, avertis par Dieu, honorèrent Jésus et sa Mère.

2e Prélude. O Jésus, par Marie, en cette fête, donnez-moi la faveur de renouveler en moi les grâces de Noël.

Ier POINT: Cette fête est comme le Noël d'été. - La Providence a reproduit, à Rome, en quelque sorte les lieux-saints de la Palestine. La basilique de Sainte-Marie Majeure est comme Bethléem. Elle possède la crèche.

La basilique de Sainte-Croix de Jérusalem, à Rome, est comme le Calvaire. Elle est bâtie sur une couche de terre que sainte Hélène a fait venir du Calvaire; elle possède les plus belles reliques de la Passion: Vraie croix, titre de la croix, croix du bon Larron, etc.

La basilique de Saint Jean de Latran, à Rome, c'est le Cénacle. Elle possède la table de la Cène, on y fait les ordinations.

La fête de sainte Marie Majeure rappelle Noël et Bethléem. Tout y fait penser: la neige qui marqua la place de l'église, suivant la tradition; la crèche qui est là; les reliques des saints Innocents; le corps de saint Jé­rôme, le saint de Bethléem et le custode de la grotte.

Pendant les siècles de liberté, les Papes allaient officier à Sainte-Marie Majeure, à Noël.

Cette basilique possède l'image la plus vénérable de Marie On l'attri­bue à saint Luc. Elle est sûrement des premiers siècles. C'est le type des Vierges mères. La très sainte Vierge est assise comme une reine, elle présente à nos hommages son divin Fils, qui est notre Roi, comme à Bethléem elle présentait son Fils aux adorations des bergers et des Ma­ges.

La Providence nous donne en ce jour comme un Noël d'été, sachons en profiter.

IIe POINT: Les fruits de la fête. - Méditons le mystère de Noël et re­nouvelons en nous les fruits de la naissance du Sauveur. Faisons comme si nous étions à Rome ou à Bethléem, adorons Jésus enfant dans sa crè­che ou sur les bras de Marie.

Le principal fruit de la fête, c'est l'amour pour Jésus, qui s'est fait homme pour notre amour, c'est l'amour pour le Cœur de Jésus qui commence à battre pour nous à Bethléem.

Allons à Jésus et à Marie aujourd'hui avec la simplicité des bergers et avec la générosité des Mages. Offrons nos présents: l'or, l'encens et la myrrhe de nos résolutions et de nos vœux. Renouvelons les vœux que nous avons faits à Notre-Seigneur.

Le mystère de Bethléem enseigne l'humilité, la haine du péché, le dé­tachement. Notre-Seigneur s'est anéanti, il s'est humilié jusqu'à devenir petit enfant dans la nuit froide et la pauvre étable de Bethléem. Il nous enseigne le détachement des créatures comme le remède à toutes nos concupiscences.

Les anges chantaient la gloire du divin Enfant, les bergers couraient avec simplicité et avec joie auprès de lui, les Mages venaient de bien loin apporter leurs trésors. Que de leçons à méditer! que d'exemples à sui­vre!

Le mystère de Noël a été cher à tous les saints. Plusieurs, comme saint Jérôme et sainte Paule, se sont fixés à Bethléem. Ils ne savaient plus s'ar­racher à ce sanctuaire où tout prêche l'amour du divin Enfant et la con­fiance en lui.

IIIe POINT: Allons à Jésus par Marie. - Ce n'est pas sans motif que les Evangiles nous montrent les bergers et les Mages trouvant l'enfant Jésus avec sa Mère. Allons à Jésus par Marie. Il est à elle toujours parce qu'il est son fils. Même au Calvaire, il est remis aux mains de Marie. Mais c'est surtout à Bethléem qu'on doit s'adresser à Marie pour trouver Je-sus. On ne va pas à un petit enfant sans l'agrément de sa mère. Allons à Marie, et c'est elle qui nous introduira auprès de Jésus. elle soulèvera la voile qui couvre le petit enfant, elle nous le présentera sur ses genoux.

Saint Gaëtan de Thienne passait souvent les nuits auprès de la crèche, à Sainte-Marie Majeure, surtout au temps de Noël. Il ne pouvait pas se lasser de méditer le délicieux mystère de Bethléem. Un jour la sainte Vierge lui apparut et lui remit l'enfant Jésus qu'il put garder quelques moments dans ses bras.

Allons à Marie et demandons-lui de mettre en nos cœurs l'amour du divin Enfant et les grâces du mystère de Noël.

Résolutions. - J'ai la coutume de me rappeler tous les matins les my­stères de Bethléem et de Nazareth. Pour le faire, j'irai toujours à Marie d'abord et je la prierai de me faire connaître et aimer Jésus enfant. J'irai au Cœur de Jésus avec Marie et par Marie, il ne pourra rien me refuser.

Colloque avec Marie et Jésus enfant.

6 Août

La Transfiguration

Assumpsit Petrum et Jacobum et Joan­nem et ascendit in montem ut oraret, et facta est species vultus ejus altera et vesti­tus albus et refulgens. Et ecce duo viri lo­quebantur cum illo (Moyses et Elias) et dicebant excessum ejus quem completu­rus erat in jerusalem… et vox facta est de nube dicens: Hic est filius meus dilectus, ipsum audite (S. Luc, 9,28).

Jésus prit Pierre, Jacques et Jean et il monta sur une montagne pour prier, son visage se transfigura et son vêtement de­vint resplendissant. Puis Moïse et Elie pa­rurent s'entretenant avec lui et parlant de sa Passion qu'il allait subir à Jérusalem. Alors une voix se fit entendre dans la nuée et dit: C'est là mon fils bien-aimé, écoutez-le (S. Luc, 9,28).

1er Prélude. Jésus nous révèle sa divinité et Dieu nous met sous sa conduite.

2e Prélude. Seigneur, enseignez moi à prier, à vous connaître, à vous aimer et à vous suivre.

Ier POINT: Apprenons à prier. - Jésus fait souvent prier ses disciples. Aujourd'hui, il prend à part ses préférés, Pierre, Jacques et Jean, pour les faire prier plus longuement et plus intimement. Ces trois représen­tent particulièrement les pontifes, les religieux, les âmes appelées à la perfection.

Pour prier, Jésus aime la solitude, la montagne où règne la paix, le calme, où l'on voit la grandeur de l'œuvre divine sous le ciel étoilé pen­dant les belles nuits d'orient.

La transfiguration est une vision du ciel. C'est une grâce extraordinai­re pour les trois apôtres. On ne doit pas s'attacher aux grâces extraordi­naires qui sont parfois le fruit de la contemplation. Pierre s'y attache. Il se trompe. Il voudrait rester là: «Faisons trois tentes», dit-il. Il ne savait pas ce qu'il disait. La vision disparaît dans une nuée.

Il y a là une leçon pour nous. Livrons-nous à la prière habituelle, à la contemplation. Ne désirons pas les grâces extraordinaires. Si elles vien­nent, ne nous y attachons pas.

IIe POINT: Les fruits de la fête. - C'est d'abord l'accroissement de la foi. Les apôtres nous témoignent qu'ils ont vu la gloire du Sauveur. «Ce ne sont pas des fables que nous vous racontons, dit saint Pierre (2e ep., 1,16), nous avons été témoins de la puissance et de la gloire du Rédemp­teur. Nous avons entendu la voix du ciel sur la montagne nous criant au milieu des splendeurs de la transfiguration: C'est là mon Fils bien-aimé, écoutez-le».

Saint Paul encourage notre espérance en rappelant le souvenir de la gloire du sauveur manifestée dans la transfiguration et dans l'ascension: «Nous verrons sa gloire face à face, dit-il, et nous serons transformés à sa ressemblance (2e ep., aux Corinthiens, 3,18). - Nous attendons le Sau­veur, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui transformera notre corps terre­stre et le rendra semblable à son corps glorieux» (ep., aux Philippiens, 3,21).

Mais ce mystère est surtout propre à accroître notre amour pour Jé­sus. Notre-Seigneur nous a manifesté ce jour-là toute sa beauté. Son vi­sage était resplendissant comme le soleil. Les apôtres, témoins de la transfiguration, étaient tout enivrés d'amour et de joie. «Qu'on est bien ici», disait saint Pierre: Bonum est nos hic esse! «Faisons-y notre tente». La beauté du Christ transfiguré., contemplée par le peintre Raphaël, lui a inspiré le chef-d'œuvre de l'art chrétien.

Notre-Seigneur s'entretenait là de sa Passion avec Moïse et Elie: nou­velle leçon d'amour pour nous. Le Cœur de Jésus, même en sa gloire, ne pense qu'à nous et aux sacrifices qu'il veut faire pour nous.

Leçons aussi de pénitence, de réparation, de compassion pour le Sau­veur.

Puisqu'il a dû tant souffrir pour nous racheter, pleurons nos péchés, aimons notre Rédempteur, consolons-le.

IIIe POINT: Ecoutez-le. - La voix du Père céleste nous dit: Ecoutez-­le, ipsum audite, parole pleine de sens, comme toutes les paroles divines. Dieu nous donne là son divin Fils pour guide, pour chef, pour maître.

Ecoutez-le, il nous parle dans les lois saintes de l'Evangile et dans les conseils de perfection.

Il vous parle dans vos saintes règles, si vous êtes religieux; dans votre règlement de vie, si vous êtes du monde.

Il vous parle par vos supérieurs, par votre directeur. Ils ont mission pour vous dire la volonté divine.

Il vous parle par sa grâce, dans l'oraison, dans l'union habituelle avec lui. Jamais la parole de Dieu ne vous fait défaut, c'est votre docilité qui manque habituellement.

Cette parole divine «Ecoutez-le», attend de vous une réponse. Il ne faut pas seulement une promesse vague: «j'écouterai». Il faut une dispo­sition habituelle: «j'écoute, j'écoute toujours; parlez, Seigneur, votre serviteur écoute». J'écouterai au commencement de chaque action, pour savoir ce que je dois faire et comment je dois le faire.

Résolution. - Oui, Seigneur, conduisez-moi par votre parole toujours présente, par mes règles, par mes supérieurs, par votre grâce, par vos lu­mières. Parlez, Seigneur… Loquere, cor Jesu, quia audit servus tuus. Que de­mande de moi, en ce moment, le Cœur de Jésus? Que dois-je faire, en ce moment, pour l'aimer, le consoler et le dédommager?

Colloque avec Jésus transfiguré.

7 Août

Le Cœur de Jésus
et ceux qui sont dénués des biens de la terre

Accendens unus scriba ait: Magister, sequar te quocumque ieris. - Et dicit ei Jésus: Vulpes foveas habent, et volucres coeli nidos; Filius autem hominis non ha­bet ubi caput reclinet (1 Mat. 8,19).

Maître, lui dit un scribe en s'avançant vers lui, je vous suivrai partout où vous irez. - Les renards ont leurs tanières, lui repartit Jésus, et les oiseaux du ciel ont leurs nids, mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête (1 Mat. 8,19).

1er Prélude. Jésus a choisi une vie pauvre pour consoler les pauvres et pour leur obte­nir les bénédictions divines.

2e Prélude. Seigneur, inspirez-moi le détachement des biens terrestres et le dévoue­ment aux pauvres.

Ier POINT: L'exemple de Jésus. - Il a choisi la pauvreté pour son parta­ge: «Jésus, riche de tous les biens du ciel, et de la terre, s'est fait pauvre, nous dit saint Paul, pour nous enrichir de sa pauvreté» (2 aux Cor. 8,9). Il réparait notre sensualité.

Dès sa naissance et toute sa vie, Jésus voulut connaître le dénuement. Lui, Fils de Dieu et Fils de David, il est rebuté de tous à Bethléem, et il naît dans une étable comme le plus pauvre des pauvres.

Au temple, Joseph et Marie ne peuvent donner pour son rachat que l'offrande des pauvres.

Durant l'exil en Egypte, personne ne saurait dire la pénurie de la Sainte Famille. Ils vécurent sans doute d'aumônes, et l'Enfant-Dieu es­saya sans doute ses premiers pas en tendant la main à la charité publi­que.

A Nazareth, le créateur du monde se fatigue au travail pour gagner le pain quotidien. Le Nazaréens, étonnés de sa sagesse, s'écrient: «N'est­ce pas un charpentier et le fils d'un charpentier?».

Dans sa vie apostolique, il parcourt de vastes provinces à pied, il vit de pain d'orge et de poissons séchés; il n'a pour se nourrir lui et les siens et pour aider les pauvres que les aumônes de quelques pieuses femmes.

Comme il a vécu dans le dénuement, il meurt dépouillé de tout sur la croix, et son corps va reposer dans un sépulcre d'emprunt.

IIe POINT: Ses préférences. - Le Cœur de Jésus donne ses préférences aux pauvres parce qu'ils pratiquent plus facilement l'humilité et le déta­chement.

Les premiers adorateurs de Jésus sont de pauvres bergers.

La plupart de ses apôtres sont de pauvres pêcheurs, n'ayant d'autre fortune que leurs barques et leurs filets. Il vit avec eux pendant trois ans, malgré la rudesse de leurs moeurs.

La première des béatitudes est en faveur des pauvres, et il leur promet la royauté du ciel.

Les foules qui le suivent et l'entourent, qui l'acclament et s'attachent à ses pas, sont surtout de petites gens et des pauvres. Ils n'apportent en le suivant ni provisions ni argent. Deux fois il multiplie miraculeuse­ment les pains et les poissons pour que ces chers pauvres ne défaillent pas en chemin.

Il se fait gloire d'évangéliser les pauvres; il fait appel à la prophétie d'Isaïe, qui a marqué l'évangélisation des pauvres comme une des preu­ves de la mission du Messie.

Il est si pauvre, lui et les siens, qu'il lui faut opérer un miracle pour payer le tribut du Temple (S. Mat. 17).

Il veut que ses apôtres accomplissent leurs missions sous les livrées et dans le dénuement de la pauvreté: «N'ayez ni or, ni argent, ni bourse à votre ceinture, ni sacs de voyage, ni vêtement de rechange. On vous donnera le pain de l'aumône» (S. Mat. 10,9).

Préférez, leur disait-il, la société des pauvres, vous n'aurez pas alors à répondre à des invitations fastueuses, qui vous laisseraient sans mérites (S. Luc. 14,12).

Il s'afflige sur tant d'âmes abandonnées par l'égoïsme pharisaïque, et qui gisent comme des troupeaux sans pasteurs (S. Mat. 9).

Bon pour tous, il garde ses préférences pour les petits et les humbles.

IIIe POINT: La charité. - Avec quelle insistance Notre-Seigneur re­vient à chaque instant sur le devoir de l'aumône à ses chers pauvres! «Donnez aux pauvres, dit-il, et votre âme sera purifiée de ses fautes» (S. Luc. 11,41). Même les durs et orgueilleux pharisiens seront pardonnés, s'ils consentent à donner leur superflu aux pauvres.

Il s'assimile les plus dédaignés de tous, et il se tient obligé de tout le bien qui leur sera fait (S. Mat. 10,42). Ses pauvres sont d'autres lui-même. C'est d'après notre charité ou dureté à leur égard, qu'il pronon­cera au dernier jugement si nous sommes dignes de bénédiction ou de malédiction éternelle (S. Mat. 21,31).

Ce sont les pauvres qu'il convie au festin du royaume des cieux (S. Luc. 14,21). Toute sa sympathie va au pauvre Lazare, délaissé par le mauvais riche, et il lui attribue une compensation éternelle au ciel (S. Luc. 16,19).

Le seul tressaillement de joie qu'il manifeste dans sa vie, vient de ce que le Père daigne révéler aux simples et aux petits, les mystères qu'il cache aux sages et aux prudents; et il exprime alors nettement sa préfé­rence: «Mon Père m'a tout remis en mains, dit-il, j'appelle qui je veux à sa connaissance, venez donc à moi vous tous qui peinez et souffrez et je vous consolerai» (S. M. 11,25).

Le Cœur de Jésus a des préférés, des amis qu'il choisit et qui s'atta­chent à lui dans la vie religieuse, mais c'est à condition qu'ils embrasse­ront la pauvreté comme lui et se feront les amis des pauvres.

Résolutions. - Bon Maître, faites régner en mon cœur le détache­ment, comme il régnait dans le vôtre. Quels sacrifices vais-je faire au­jourd'hui pour vous imiter davantage? Donnez-moi aussi l'esprit de compassion pour les petits, le humbles, les souffrants. Pardonnez-moi toutes les concessions que j'ai trop souvent faites à l'esprit de convoitise et de sensualité.

Colloque avec Jésus pauvre et mortifié.

8 Août

Le Cœur de Jésus en face des malades
et de ceux qui souffrent

Et descendens cum illis, stetit in loco campestri, et turba discipulorum ejus, et multitudo copiosa plebis… qui venerant ut audirent eum, et sanarentur a languo­ribus suis. Et qui vexabantur a spiritibus immundis, curabantur. Et omnis turba quaerebat eum tangere, quia virtus de illo exibat et sanabat omnes (S. Luc. 6,17).

Jésus descendit du sommet de la mon­tague et s'arrêta sur un plateau inférieur; il était entouré de ses disciples et d'une multitude innombrable, avide de l'enten­dre et de trouver auprès de lui la guérison de leurs malades. Ceux qui étaient tour­mentés d'esprits immondes étaient déli­vrés. Et tous cherchaient à le toucher par­ce qu'une vertu sortait de lui et il les gué­rissait tous (S. Luc. 6,17).

1er Prélude. La compassion prévenante et délicate de Jésus pour les malades est inex­primable. Il guérit en masse toutes les infirmités qui lui sont présentées.

2e Prélude. Seigneur, votre cœur est infiniment miséricordieux, ayez pitié de toutes mes infirmités physiques et morales.

Ier POINT: Jésus est venu sur la terre pour guérir et consoler ceux qui souffrent. - Le vieillard Siméon l'a salué au temple comme la consolation d'Israël.

Notre-Seigneur s'applique à lui-même, dans son discours de Naza­reth, ce passage du prophète Isaïe: «L'Esprit du Seigneur est sur moi, c'est pourquoi il m'a marqué de son onction; il m'a envoyé évangéliser les pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer la délivrance aux captifs, rendre la vue aux aveugles, affranchir les opprimés, et pu­blier l'année de la miséricorde du Sauveur et le jour de la rétribution». - «Et aujourd'hui, dit le Sauveur, en repliant le volume, se réalise le passage de l'Evangile que vous venez d'entendre» (S. Luc. 4,16).

Que venait-il faire au monde, sinon lui apporter une consolation plus grande encore que son malheur? Consoler ceux qui souffrent, c'était le but de sa venue. C'est pour cela qu'il multipliait ses encouragements, ses miracles, ses bienfaits. C'est pour notre consolation qu'il a souffert, qu'il est mort et qu'il a institué son Eglise avec ses sacrements.

IIe POINT: Le Cœur dé Jésus et les malades. - Ce n'est pas un malade de loin en loin que Notre-Seigneur guérit, il opère des guérisons en masse et en grand nombre.

A Capharnaüm, il impose les mains à tous les malades qu'on lui pré­sent et tous sont guéris (S. Luc. 4,40).

Quelque temps après a lieu cette scène si émouvante: une multitude considérable l'a suivi le long du lac. Son habitation est assaillie par cette foule qui lui présente un grand nombre de malades. Une vertu miracu­leuse sortait de lui pour les guérir. Ils en arrivent à découvrir le toit de la maison, pour parvenir à présenter au Sauveur un paralytique étendu sur un grabat. Le Sauveur, touché de leur foi guérit encore ce malade après tous les autres (S. Luc. 3).

A la première pâque, il opère tant de miracles qu'un grand nombre de juifs sont gagnés à la foi (S. Jean, 2,23).

Dans sa première mission en Galilée, Notre-Seigneur guérit toute lan­gueur et toute infirmité (S. Mat. 4).

Sur le Mont des Béatitudes, des foules d'infortunés malades, venus de la Judée et même de Tyr et de Sidon, sont guéris par le seul attouche­ment de sa robe.

Avant la première et la seconde multiplication des pains, Jésus guérit d'abord les foules de malades et d'infirmes qui se pressent autour de lui. Dès le début des missions de Pérée, Notre-Seigneur renouvelle les mi­racles des missions de Galilée, et à chaque étape ce sont des guérisons aussi éclatantes que nombreuses (S. Mat. 19).

«Partout où Jésus arrivait, nous dit saint Marc, dans les villages et les villes on déposait les infirmes au milieu des places publiques, le conju­rant de leur permettre de toucher au moins le bord de sa robe. Et tous ceux qui le touchaient etaint guéris» (S. Mat. 6).

Les apôtres, envoyés par le Maître, opèrent en tous lieux en son nom les mêmes prodiges (S. Mat., 11).

Le jour même des Rameaux, nous le voyons guérir encore, dans les parvis du Temple, les aveugles et les boiteux qui l'implorent (S. Mat., 21).

IIIe POINT: Le Cœur de Jésus et les affligés. - Ce n'est pas seulement pour les malades que le Cœur de Jésus est compatissant, c'est pour tous ceux qui souffrent et qui sont dans la peine.

Qu'il est bon avec les âmes éprouvées par la perte de ceux qui leur sont chers, avec Jaïre dont l'enfant bien-aimé vient de mourir; avec la pauvre veuve de Naïm qui conduit son fils unique au tombeau, avec Marthe et Madeleine qui pleurent leur frère. Il est ému jusqu'au fond de l'âme, il pleure. Ses larmes attendrissent les juifs eux-mêmes. Il fait ap­pel à la puissance divine pour ressusciter les morts.

Sa compassion sur Jérusalem est immense, il pleure sur les tribula­tions futures de cette ville ingrate et coupable.

Dans un mouvement de compassion sans mesure, il ouvre ses bras à toutes les infortunes: «Venez à moi, dit-il, vous tous qui souffrez et qui êtes écrasés sous le poids du travail et de la douleur; venez et je vous sou­lagerai».

Sur le chemin du calvaire, il oublie ses propres souffrances pour com­patir aux filles de Jérusalem et les invite à pleurer sur les châtiments qui fondront bientôt sur leur patrie.

Résolutions. - Seigneur, celui que vous aimez est malade. Oui, j'ai la confiance que vous aimez mon pauvre cœur, malgré ses faiblesses et ses fautes. Vous me l'avez prouvé de mille manières. Mais ce pauvre cœur est malade. Je suis pauvre, Seigneur, misérable, dénué de tout, aveugle et affamé de ferveur. Votre cœur est si miséricordieux! Guérissez-moi, ayez pitié de moi.

Colloque avec Jésus, guérissant les malades.

9 Août

Le Cœur de Jésus et la jeunesse

Et cum egressus esset in viam, procur­rens quidam princeps, adolescens, genu flexo ante eum, rogabat eum: Magister bone, quid boni faciam ut vitam aeter­nam percipiam?… Jésus autem intuitus eum, dilexit eum et dixit: si vis esse per­fectus, vende quae habes et da pauperi­bus, et veni sequere me (S. Mat. 19 et S. Luc, 18).

Et voici qu'un jeune homme accourut à lui sur le chemin, et fléchissant le genou: Bon Maître, lui demanda-t-il, quel bien devrais-je faire pour acquérir la vie eter­nelle?… Alors Jésus le regarda et il l'ai­ma, et il lui dit: si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres, et viens et suis-moi (S. Mat., 19 et S. Luc, 18).

1er Prélude. Rien d'aimable comme la jeunesse, quand elle est parée de candeur et de modestie. Notre-Seigneur lui-même ne résiste pas à ses attraits.

2e Prélude. Mais combien de dangers menacent son inexpérience! Prions pour elle, aidons-la.

Ier POINT: Grâces de résurrection. - La jeunesse avec sa franchise, ses ardeurs et sa générosité, avec les espérances qu'elle fait concevoir, n'est pas moins chère au Cœur du bon Maître que l'enfance. Les grâces de résurrection qu'il accorde dans sa vie mortelle sont pour la jeunesse: La­zare est encore une jeune homme; la fille de Jaïre est une enfant de dou­ze ans; le troisième est un adolescent, le fils unique de la pauvre veuve de Naïm.

Comme Jésus se montre empressé et dévoué en toutes ces circonstan­ces! Son émotion trahit son Cœur.

«Maître, disent les sœurs de Lazare, celui que vous aimez est malade. -Notre ami Lazare sommeille, dit Jésus». Dès que Jésus voit Madelei­ne et les amis de Lazare en pleurs, il frémit, il se trouble: «Où l'a-t-on mis?» dit-il, et il pleure; et les juifs disaient: «Voyez comme il l'aimait». - Et parvenu près du tombeau, Jésus appela son ami Lazare à grands cris et Lazare se leva (S. Jean, 11).

Jésus se rend chez Jaïre auprès du cadavre d'une jeune fille de douze ans. Ils la prend par la main en lui criant: «Enfant, lève-toi, je le veux». Et il ordonne qu'on lui serve à manger (S. Mat., 9,18).

Pour le fils de la veuve de Naïm, Jésus est ému de compassion. Il dit à la mère: «Ne pleurez plus». Il touche le cercueil, il dit à haute voix: «Jeu­ne homme, je te le commande, lève-toi». Puis il le rend à sa mère (S. Luc, 7,11),

Jésus aime les jeunes gens, et il veut gagner leur cœur pour le donner à son Père.

IIe POINT: Guérisons et vocations. - Est-il une scène plus attendrissan­te que la guérison de la fille de la Cananéenne? C'est une femme païenne qui a confiance en Jésus et qui vient l'implorer pour sa fille pos­sédée du démon. Notre-Seigneur la fait attendre, il éprouve sa foi, puis il se laisse toucher: «O femme, dit-il, ta foi est grande, va, ta fille est gué­rie».

Et ce pauvre jeune homme, fils unique d'un père désolé. Le démon le possède et lui fait subir d'affreux tourments. Comme le bon Maître s'y intéresse, et avec quelle autorité il défend au démon de le tourmenter à l'avenir! «Maître, dit le père agenouillé, je vous en supplie, jetez les yeux sur mon fils, mon unique enfant et prenez-le en pitié». - «Si tu peux croire», dit Jésus. Ce pauvre père fondait en larmes: «Je crois, Seigneur, disait-il, mais augmentez ma foi!». Et Jésus, d'un ton de menace s'écria: «Démon sourd et muet, sors de cet enfant, je te l'ordonne, et n'y rentre plus jamais».

La scène de la vocation du jeune fils de famille est bien touchante aus­si. Ce jeune homme est bon, il désire la perfection. Il court au devant de Jésus, il s'agenouille sur le chemin sans respect humain, il est saisi d'une tendre affection pour Jésus: «Bon Maître, lui dit-il, «Dieu seul est bon», lui dit-il. Puis il arrête son regard sur lui, il l'aime, il voudrait lui donner la grâce de l'apostolat. Il l'invite à la perfection et au détachement des ri­chesses, le jeune homme hésite et recule, comme Jésus dut souffrir!

IIIe POINT: Moyens de salut pour les jeunes gens. - C'est l'Eucharistie d'abord et l'union avec Jésus. Le Sauveur qui aime saint Jean son jeune disciple, et qui veut le garder pur et saint, donne un soin particulier à sa première communion, il le reçoit sur son Cœur.

Notre-Seigneur indique aussi par là que la dévotion au Sacré-Cœur est pour les jeunes gens une sauvegarde spéciale. Leur âge a besoin d'af­fection, l'attachement au Cœur de Jésus est la source de la pureté.

Un autre moyen est la direction sacerdotale. Notre-Seigneur la re­commande à saint Paul: Vade ad Ananiam. Il la fait recommander aux jeunes gens par saint Pierre: «Jeunes gens, dit saint Pierre, soumettez­-vous aux prêtres et pratiquez l'humilité: Adolescentes subditi estote seniori­bus». Les jeunes gens doivent demander aux prêtres la direction de leur vie (1 Pet., 5,5).

Saint Jean conseille aux adolescents et aux jeunes gens de s'attacher à la parole de Dieu, elle sera leur force dans la résistance aux assauts de l'enfer. Leur âge est aux prises avec les séductions du monde et les tenta­tions de la convoitise de Satan (1 Ep. S. Jean, 2,13).

Comment se nourriront-ils de la parole de Dieu? En aimant à l'enten­dre quand elle est annoncée par le prêtre, en s'adonnant avec piété à la méditation quotidienne et aux saintes lectures marquées par leur règle­ment de vie.

Résolutions. - Avec vous, ô mon Sauveur, je porterai intérêt aux jeu­nes gens, je prierai pour eux. Si j'ai quelque autorité sur eux, je les diri­gerai dans vos voies. Si je suis jeune, moi-même, je m'attacherai aux moyens de sanctification que la sainte Ecriture indique aux jeunes gens: la communion fervente, la direction spirituelle, la méditation et les pieu­ses lectures.

Colloque avec Notre-Seigneur ami des jeunes gens.

10 Août

Saint Laurent

Potens est autem Deus omnem gratiam abundare facere in vobis; ut in omnibus semper omnem sufficientiam habentes, abundetis in omne opus bonum, sicut scriptum est: Dispersit, dedit pauperibus: justitia ejus manet in saeculum saeculi (2 ad Cor., 9,8).

Dieu est puissant pour répandre sur vous ses grâces, de sorte qu'ayant pour vous le nécessaire en tout, vous fassiez des œuvres abondantes, comme il est écrit: il a donné avec largesse aux pauvres et sa sainteté est louée de siècle en siècle (2 aux Cor., 9,8).

1er Prélude. L'Eglise nous fait lire aujourd'hui ces paroles où saint Paul glorifie le juste qui donne ses trésors aux pauvres. La charité de saint Laurent est, comme son martyre, un de ses titres de gloire.

2e Prélude. Illustre martyr, obtenez-moi un amour pour Jésus et pour le prochain ar­dent comme la flamme qui consuma vos chairs.

Ier POINT: Le désir du sacrifice. - L'illustre diacre saint Laurent était vraiment un saint du Sacré-Cœur, il était si rempli d'amour pour Notre-Seigneur! Il était espagnol. Le pape Sixte II l'avait connu en Espagne où il avait été gouverneur, et il l'avait amené à Rome où il fut son archidiacre et son aumônier.

Arrêté au moment où il célébrait les saints mystères, le pontife se voit condamné à mort. Déjà il marchait au supplice et son diacre le suivait en pleurant. Le cœur de Laurent battait à l'unisson du Cœur de Jésus. Comme lui il désirait s'offrir en sacrifice pour les âmes. «O père, disait-il à saint Sixte, où allez-vous sans votre fils? O saint pontife, où allez-vous sans votre diacre? Jamais vous n'offriez le sacrifice sans que je vous ser­visse à l'autel…». Le pontife attendri lui répondit: «Je ne vous abandon­ne pas. Un plus grand combat vous est réservé. Vous me suivrez dans trois jours».

Jésus n'avait-il pas dit: «J'ai soif d'être baptisé d'un baptême de sang, et mon Cœur est tout oppressé de ce désir, que je voudrais voir se réali­ser sans retard».

IIe POINT: Soulager les membres souffrants de Jésus Christ. - Saint Sixte, avant de mourir avait recommandé à son diacre de distribuer les biens de l'Eglise aux pauvres. Le diacre parcourut aussitôt toute la ville de Ro­me pour chercher les chrétiens pauvres dans leurs réduits, les consoler et les encourager. Il leur lavait les pieds, leur donnait le baiser de paix, fai­sait à chacun des aumônes et guérissait les malades.

Mais en parlant des trésors à distribuer aux pauvres, le pontife martyr Mais en parlant des trésors à distribuer aux pauvres, le pontife martyr avait éveillé l'attention des persécuteurs. L'empereur Valérien, s'imagi­nant que les chrétiens avaient de grandes richesses en réserve, résolut de s'en emparer. Il fit venir saint Laurent et lui demanda où étaient les tré­sors dont il avait la garde. Le saint diacre lui répondit sans s'émouvoir: «Donnez-moi un peu de temps pour tout disposer et je vous les ferai voir». L'empereur lui accorda trois jours et le plaça sous la surveillance d'un chevalier nommé Hippolyte. Saint Laurent parla au chevalier des trésors spirituels et de la gloire du ciel, et il le convertit. Hippolyte reçut le baptême avec sa famille et donna plus tard sa vie pour Jésus-Christ. Laurent parcourut toute la ville pour chercher les pauvres et les infirmes que l'Eglise assistait de ses aumônes. Après en avoir réuni un grand nombre, il vint les présenter à l'empereur. «Prince, lui dit-il, voici les trésors de l'Eglise que j'ai promis de vous montrer». La richesse de l'Eglise est surtout spirituelle, ce sont ses œuvres, ce sont les pauvres qu'elle a secourus.

Laurent dit encore: «J'y ajoute les perles et les pierres précieuses; ce sont ces vierges et ces veuves consacrées à Dieu; l'Eglise n'a point d'au­tres richesses». L'esprit de l'Eglise a toujours été de partager ses ressour­ces en trois parts: une pour le culte de Dieu, une pour les pauvres, une pour la modeste sustentation du clergé. Imitons la charité de saint Lau­rent pour ceux qui sont pauvres ou qui souffrent, ce sont les membres souffrants de Jésus-Christ.

IIIe POINT: Souffrir pour Jésus Christ. - L'empereur furieux fit dé­pouiller le saint de ses vêtements et ordonna qu'on lui déchirât le corps avec des verges et des ongles de fer. Le martyr priait, le sourire sur les lè­vres. Un ange vint essuyer la sueur de son front et le sang de ses plaies.

Le soir, l'empereur le fit étendre sur un gril de fer sous lequel on allu­ma un feu de charbons pour le faire rôtir lentement. Ces tyrans étaient plus cruels que des tigres.

Le martyr se tournant vers le tyran lui dit: «Ces feux ne sont pour moi que des rafraîchissements, mais il n'en sera pas de même de ceux qui te tourmenteront en enfer». Au bourreau, il disait héroïquement: «Ne vois­tu pas que ma chair est assez grillée de ce côté, tourne-moi de l'autre».

Le saint ayant prié pour la conversion de Rome et remercié Dieu de la grâce du martyre, expira paisiblement.

Quelle leçon sublime! Le secret de ce courage, c'est l'amour du Sau­veur. Saint Laurent désirait rendre à Jésus amour pour amour et sacrifi­ce pour sacrifice. Il était heureux de s'immoler pour la conversion des païens. Il avait hâte d'aller au ciel retrouver le Sauveur bien-aimé. Dieu ne nous demandera pas un semblable martyre, mais le Sacré-Cœur de Jésus attend de nous une grande générosité dans nos sacrifices quotidiens.

Résolutions. - Je veux redoubler de charité pour tous ceux qui souf­frent et qui sont dans la peine. Je m'offre de nouveau au Cœur de Jésus pour me sacrifier à son amour dans la régularité, la patience, la douceur, le recueillement et les sacrifices quotidiens qu'il lui plaira de me deman­der.

Colloque avec saint Laurent.

11 Août

Le Cœur de Jésus et les prêtres

Jam non dicam vos servos; quia servus nescit quid faciat dominus ejus. Vos au­tem dixi amicos; quia omnia quaecumque audivi a Patre meo, nota feci vobis. - Non vos me elegistis, sed ego elegi vos, et posui vos ut eatis et fructum afferatis et fructus vester maneat (S. Jean. 15,15).

Désormais je ne vous appellerai plus mes serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître, je vous ai donné le nom d'amis, parce que tout ce que j'ai ap­pris de mon Père, je vous l'ai fait connaî­tre. - Ce n'est pas vous qui m'avez choi­si; c'est moi qui vous ai choisis et vous ai institués pour que vous alliez et que vous rapportiez du fruit et que votre fruit de­meure (S. Jean. 15,15).

1er Prélude. Le prêtre est l'ami personnel et intime de Jésus-Christ. Comme Jean­Baptiste, il est l'ami de l'Epoux des âmes.

2e Prélude. Seigneur, aidez vos prêtres, versez sur leur cœur la grâce et la charité qui inondent le vôtre.

Ier POINT: La vocation sacerdotale. - La vocation à l'apostolat est un acte du bon plaisir divin (Heb. 5,4). C'est le Père qui sépare du monde ceux qu'il destine au sacerdoce et qui les donne au Fils (S. Jean, 17,6).

Ce n'est pas le prêtre qui choisit Jésus; mais c'est Jésus-Christ qui choisit le prêtre et le place dans son Eglise, pour qu'il y grandisse en science, en sainteté, en zèle, et qu'il y produise un fruit durable (S. Jean, 15,16).

Notre-Seigneur prie longuement avant d'appeler ses apôtres. - Prions Dieu comme lui, pour qu'il envoie de dignes ouvriers dans sa vi­gne.

La vocation impose des sacrifices. Il faut savoir tout quitter et prendre sa croix pour suivre Jésus. Il arrive même que la vocation rencontre dans la famille des oppositions qu'il faut vaincre (S. Luc, 14,26).

Les apôtres ont tout quitté sans retard pour suivre Jésus. Leur générosité est un gage de salut et de gloire (2 Pet., 1,10).

On doit affermir sa vocation par la prière, l'étude de la bonne doctrine et les œuvres saintes (2 aux Thessal., 2).

Soyons aux mains de Dieu pour toute bonne œuvre selon sa volonté et son appel.

IIe POINT: Grandeurs et vertus du sacerdoce. - Le prêtre est l'ambassa­deur officiel de Dieu auprès des âmes (2 Cor., 13,20); il est la lumière du monde et le sel de la terre.

Il est un autre Christ, il continue le Christ sur la terre. Recevoir un prêtre, c'est recevoir Jésus-Christ même et son Père (S. Luc, 10,16). Tous les jours il opère le plus grand miracle du Sauveur, au saint sa­crifice de la messe. Comme le Christ, il a la clef des consciences et ses ju­gements sont ratifiés dans le ciel (S. Jean, 20,23).

Le prêtre est l'homme de Dieu et des âmes; sa fonction propre est d'offrir à Dieu sacrifices et prières pour lui et pour ses frères. Bien que séparé du monde, il faut qu'il vive dans le monde, mais sans en prendre l'esprit (Aux Heb. 5. - S. Jean, 17).

La science lui est absolument nécessaire, sinon c'est un aveugle con­duisant d'autres aveugles (S. Luc, 6,39).

Il doit répandre par ses vertus la bonne odeur de Jésus-Christ (2 Cor., 2). «Prenons garde, dit saint Paul aux prêtres de Corinthe, de ne donner à personne aucun scandale, afin que notre ministère ne soit point blâmé. Mais montrons-nous en toutes choses tels que doivent être les ministres de Dieu, par une grande patience dans les tribulations, dans les persécu­tions, dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes; par la pureté, par la science, par une douceur persévérante; par les fruits du Saint­-Esprit, par une charité sincère; par la parole de vérité, par la force de Dieu, par les armes de la justice; dans l'honneur ou l'humiliation; tou­jours joyeux, même dans l'épreuve et la pauvreté…» (2 Cor., 6).

Tel est le caractère du véritable apôtre, toujours zélé, ardent et pa­tient.

Il faut que le prêtre soit bon, qu'il compatisse à toutes les infortunes, qu'il ait pitié des victimes de l'ignorance et de l'erreur (Aux Heb., 5). Son désintéressement fait sa gloire (S. Mat., 18,20).

Il doit veiller comme un pasteur sur son troupeau et donner à ses ouailles ses soins et son dévouement (S. Mat., 13,25).

IIIe POINT: Labeurs, épreuves et récompenses. - Le prêtre est un labou­reur et un semeur, il a une rude tâche (S. Jean, 4,35).

C'est un soldat infatigable du Christ, un lutteur intrépide (2 Tim., 2). Il doit être disposé à tout souffrir pour l'amour des élus et pour la gloire de Dieu.

C'est la croix qui féconde le ministère du prêtre, aussi doit-il être constamment uni au Christ sur la croix (S. Jean, 12,26). Disciple et con­tinuateur du Christ, le prêtre ne peut être traité autrement que son Maître (S. Mat., 10,24).

La persécution inhérente au ministère sacerdotal, ne fait que raviver la grâce et le zèle dans le prêtre, et profite grandement aux âmes (2 aux Cor., 4,8).

Le prêtre a droit à la confiance et à l'affection filiale des fidèles. Mais de son côté il aura un compte rigoureux à rendre de son administration (Aux Heb., 13,17).

Une magnifique récompense est réservée au prêtre, administrateur fi­dèle de sa famille paroissiale; un châtiment rigoureux attend l'admini­strateur infidèle.

«Soyez prêts, avait dit Notre-Seigneur, et tenez vos flambeaux allu­més, le flambeau des bonnes œuvres. - Est-ce pour nous ou pour tout le monde, que vous dites cela?» lui dit saint Pierre. - «Quel est donc, répondit Notre-Seigneur, l'administrateur fidèle et prudent, que le Maître a préposé à sa maison pour donner à chacun à l'heure convena­ble sa mesure de froment? (N'est-ce pas le prêtre?). Si le Maître, à son arrivée, trouve ce serviteur fidèle, il de comblera de biens» (S. Luc, 12,41).

Résolutions. - Ayons tous une haute idée du sacerdoce, qui est le don le plus merveilleux du Cœur de Jésus. Remercions Notre-Seigneur d'avoir donné à son Eglise le sacerdoce nouveau qui surpasse en dignité et en fécondité le sacerdoce lévitique autant que le sacrifice eucharistique surpasse les holocaustes de l'ancienne loi. - Prions le Maître de la mois­son de donner à son Eglise beaucoup de saints prêtres.

Colloque avec Jésus, Pontife suprême.

12 Août

Guérison du sourd-meut:
de la vigilance pour éviter les rechutes

Cum immondus spiritus exierit de ho­mine, ambulat per loca inaquosa, quae­rens requiem; et non inveniens dixit: Re­vertar in domun meam unde exivi. Et cum venerit, invenit eam scopis munda­tam et ornatam. Tunc vadit et assumit septem alios spiritus secum, nequiores se et ingressi habitant illis. Et fiunt novissi­ma hominis illius pejora prioribus (S. Mat., 12,43).

Quand l'esprit immonde a quitté un homme, il erre dans le désert, cherchant le repos, et ne l'y trouvant pas, il dit: je reviendrai à mon séjour que j'ai quitté. En revenant, il trouve la maison balayée et ornée. Alors il va chercher sept autres démons plus mauvais que lui, et ils ren­trent chez cet homme et y habitent. Et l'état de cet homme est pire qu'aupara­vant (S. Mat., 12,43).

1er Prélude. Notre-Seigneur nous montre l'état déplorable d'une âme qui est retom­bée après sa première conversion. C'est un avertissement.

2e Prélude. Seigneur, rendez-moi vigilant et assistez-moi, de peur que je ne retombe.

Ier POINT: Il faut se prémunir contre les tentations occasionnées par le défaut de vigilance. - Le calme dans lequel se trouve une âme qui a échappé au démon peut faire naître une sécurité dangereuse, si l'on n'était pas attentif à nourrir avec soin les intentions surnaturelles dans lesquelles réside tou­te la force de résistance de l'âme. La tentation est quelquefois une épreu­ve voulue ou permise par Notre-Seigneur pour éprouver la vertu. C'est ainsi que Tobie a été tenté parce qu'il était agréable à Dieu. Mais le plus souvent l'origine même de la tentation et ses développements viennent d'un défaut de vigilance. Cette tentation est la plus commune et la plus dangereuse. Notre-Seigneur nous a prescrit de prier son Père pour qu'il nous en préserve: Et ne nos inducas in tentationem.

Notre-Seigneur nous a bien avertis: «Veillez et priez pour que vous n'entriez pas en tentation». Il faut toujours prier et ne jamais défaillir, a-t-il encore dit, car vous ne savez pas à quelle heure le voleur viendra (S. Mat., 24,43). Ce sont là des avertissements solennels souvent répétés par la sainte Ecriture.

Il s'agit du salut éternel. C'est pour l'âme une question de vie ou de mort, car nul ne peut prévoir les terribles conséquences d'une chute gra­ve et à plus forte raison d'une rechute.

IIe POINT: Pour une âme vouée à Dieu, la vigilance consiste dans l'exacte ob­servation de ses devoirs d'état et de sa règle. - Ce serait tenter Dieu que comp­ter sur l'abondance de son secours quand on n'a rien fait pour le mériter et surtout quand on a agi de manière à déplaire à Dieu. L'incurie, la pa­resse spirituelle ne sont pas des choses de nature à attirer la grâce. D'ail­leurs la grâce est un don gratuit, Notre-Seigneur fera-t-il ce don à ceux qui le profanent? Celui qui est négligent dans l'accomplissement de ses devoirs d'état peut-il dire qu'il a exercé cette vigilance protectrice qui aurait pu éloigner la tentation ou appeler la grâce divine? A-t-il prié lors­qu'il a récité par manière d'acquit ou par routine des formules de prie­res; lorsqu'il a laissé son esprit s'occuper de choses étrangères même pendant la sainte messe; lorsqu'il n'a apporté qu'une attention distraite à la méditation; lorsqu'il s'est acquitté sans soins ou par des motifs pure­ment humains des devoirs de son état? L'accomplissement fidèle de ses devoirs en esprit de foi et d'amour suivant nos règles, a la vertu de trans­former nos actions en prière continue et même d'en faire un acte continu de charité.

C'est par cette fidélité que nous accomplissons le précepte: «Veillez et priez pour que vous n'entriez point en tentation».

Celui qui est tiède et négligent est grandement exposé aux tentations. Chaque acte de négligence ouvre une porte à l'ennemi. Saint Pierre dé-peint la fureur de cet ennemi en le comparant à un lion prêt à se jeter sur sa proie pour la dévorer. Et l'Evangile que nous méditons aujourd'hui nous dit que le démon évincé revient avec sept autres pires que lui. Ces avis devraient suffire à nous mettre en garde contre le défaut de vigi­lance.

IIIe POINT: Une âme vouée au Sacré-Cœur doit observer la vigilance par amour pour Notre-Seigneur. - Aux considérations dictées par l'intérêt pres­sant du salut, une âme vouée au Sacré-Cœur doit ajouter un autre mo­tif. Si cette vigilance salutaire est un précepte et le seul préservatif contre la tentation, elle est aussi un moyen de témoigner notre amour à Notre­Seigneur. La vigilance est attentive à ne rien omettre de ce qui est pre­scrit, à ne rien faire de ce qui est défendu, à faire le mieux possible tout ce que l'on fait. Elle nous rend délicats dans les petites choses. Il n'y a rien qui plaise tant au Cœur de Jésus que cette délicatesse dans les moindres choses. Offrons donc à Notre-Seigneur comme une marque d'amour la résolution d'être vigilants et le soin avec lequel nous tien­drons cette résolution. En agissant ainsi, non seulement nous provien­drons les tentations, mais nous nous sanctifierons et nous donnerons au Sacré-Cœur une grande consolation.

Notre-Seigneur touché de notre amour nous protégera avec une solli­citude incessante.

Ses anges veilleront sur nous: Angelis suis mandavit de te ut custodiant te in omnibus viis titis (Ps. 90,11).

Notre-Seigneur nous abritera comme sous un bouclier: Scuto circumda­bit te veritas ejus (Ps. 90,5).

Il nous couvrira de ses ailes, comme une poule couvre ses poussins: Scapulis suis obumbrabit tibi et sub pennis ejus sperabis (Ps. 90,4).

Résolutions. - J'offre à Notre-Seigneur la résolution d'observer une stricte vigilance sur moi-même pendant cette journée, par amour pour le Sacré-Cœur, qui est si aimant pour moi. - Je ne perdrai pas de vue Notre-Seigneur: Oculi mei semper ad Dominum, et il me sauvera de toute embûche. Daignez prendre soin de moi, Seigneur, ayez pitié de moi, je suis comme un orphelin sans ressources (Ps. 24). Je me rappellerai dans la journée cette menace terrible: L'état de celui qui retombe est pire qu'auparavant.

Colloque avec Notre-Seigneur.

13 Août

Saint Jean Berchmans

Et accedens qui quinque talenta acce­perat, obtulit alia quinque talenta dicens: Domine, quinque talenta tradisti mihi, ecce alia quinque superlucratus sum. Ait illi dominus ejus: Euge, serve bone et fi­delis, quia super pauca fuisti fidelis, super multa te constituam, intra in gaudium Domini tui (S. Mat. 25,20).

Celui qui avait reçu cinq talents s'ap­procha et offrit cinq autres talents en di­sant: Maître, vous m'avez confié cinq ta­lents et j'en ai gagné cinq autres. Son maître lui dit: C'est 'bien, bon et fidèle serviteur, puisque tu as été fidèle dans les petites choses, je t'en confierai de gran­des, entre dans la joie de ton Seigneur (S. Mat., 25,20).

1er Prélude. Qui mieux que saint Jean Berchmans, a été fidèle dans les petites choses? Dieu l'a fait grand au ciel.

2e Prélude. Saint bien-aimé, demandez à Dieu pour nous cette fidélité dans les petites choses, avec l'amour du Sacré-Cœur qui en est l'inspirateur.

Ier POINT: Sa fidélité. - Saint Jean Berchmans est un modèle pour tous. Il est surtout un modèle pour les jeunes gens, comme saint Louis de Gonzague et saint Stanislas. Il n'a pas comme eux foulé aux pieds des couronnes princières; ce qui l'a élevé à la sainteté, c'est qu'il a tout ac­compli, même les choses toutes communes, d'une manière non commu­ne, par des motifs surnaturels, dans l'esprit d'une foi vivante, par pur amour pour Dieu, dans l'intention la plus pure, en la présence de Dieu et dans une union étroite et non interrompue avec Notre-Seigneur. - Il est devenu en cela pour nous un magnifique exemple. Sa vie si courte et cependant si riche en vertus et en mérites est montée vers le trône de Dieu, comme un agréable holocauste de l'accomplissement fidèle de son devoir et de son pur et généreux amour. - Il est un modèle tout spécial pour les novices, pour les étudiants, et même pour les frères Convers, dans leurs exercices de piété, dans leurs travaux et leurs fonctions.

Qu'ils se souviennent tous comment il accomplissait ponctuellement, joyeusement, avec amour et zèle, les actions les plus ordinaires et s'esti­mait heureux, s'en regardant même indigne, de rendre durant toute sa vie des services aux prêtres de la compagnie de Jésus.

IIe POINT: Une heureuse mort couronne une sainte vie. - S. Berchmans mourut, on le sait, embrassant et pressant sur son cœur, ses règles, son rosaire et sa croix.

Heureux ceux qui peuvent comme lui mourir avec un cœur confiant et joyeux, avec les saintes règles, d'après lesquelles ils doivent être jugés, - en imitateurs fidèles des vertus de Marie, la très sainte et très pure Mère de Dieu, à laquelle ils ont voué une dévotion filiale, - en amis de la croix, l'instrument de la rédemption.

Heureux ceux qui, comme saint Berchmans, ont trouvé durant leur vie dans la prière à Marie, dans la croix de leur Dieu, de leur maître et époux, dans l'accomplissement de leurs saintes règles et de tous leurs de­voirs, leur joie, leurs délices, leur appui, leur tout.

Heureux ceux qui dans la pureté du corps, de l'âme et du cœur, dans l'humilité et la défiance d'eux-mêmes, dans un amour pur, surnaturel, s'oublient eux-mêmes et ne cherchant que la gloire de Dieu et le salut des âmes, ont servi leur Dieu, ont suivi Jésus, leur Seigneur et Maître, dans la voie de la croix, des souffrances et du sacrifice!

Une semblable mort et précieuse aux yeux de Dieu. Ils entendent alors de la part de Dieu cette invitation: «Venez, bon et fidèle serviteur, parce que vous avez été fidèle dans les petites choses, je vous établirai sur de plus grandes; entrez dans la joie de votre Seigneur».

IIIe POINT: Ses vertus. - C'est la vertu de la fidélité, d'amour de l'or­dre, et de la régularité, qui a élevé saint Jean Berchmans et d'innombra­bles saints à une grande gloire de félicité dans le ciel, sans qu'ils eussent accompli des œuvres grandes et éclatantes devant le monde. Car c'est le cœur avec son amour, la volonté et l'intention, qui ont de la valeur aux yeux de Dieu, et c'est de là que dépend la récompense ou la punition.

La vie de saint Berchmans est conforme à celle de la sainte Famille à Nazareth. La sainte Vierge n'a fait aucune action d'éclat. Ses occupa­tions étaient celles du ménage et de la vie de famille, mais elle accomplis­sait tous ces actes en union avec Dieu, dans l'esprit du pur amour et avec une perfection irréprochable. Saint Joseph s'est élevé à une très grande sainteté en accomplissant les actions les plus simples avec une grande perfection. Il a vécu extérieurement en simple artisan, mais son cœur était tout brûlant d'amour pour Dieu.

Notre-Seigneur lui-même a voulu vivre pendant trente ans d'une vie toute commune et toute modeste, mais ses actes les plus simples étaient animés par son amour divin.

Résolutions. - Cher saint, vous avez aimé et imité la vie de Nazareth, aidez-moi à obtenir de Dieu la même grâce. Il faut que j'aime, comme vous, ma règle, mon rosaire et ma croix, si je veux contenter le Cœur de Jésus et mourir comme vous dans la joie et la paix de l'âme.

Colloque avec saint Berchmans.

14 Août

La Samaritaine

Le don de Dieu, c'est de connaître Notre-Seigneur
pour l'aimer

Si scires donum Dei et quis est qui dicit tibi: da mihi bibere, tu forsitan petisses ab eo et dedisset tibi aquam vivam… Omnis qui bibit ex aqua bac sitiet iterum: qui au­tem biberit ex acqua quam ego dabo ei non sitiet in aeternum. Sed aqua quam ego dabo ei, fiet in eo fons aquae salientis ad vitam aeternam (S. Jean, 4,10).

Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: donne-moi à boire, tu lui en aurais peut-être demandé, et il t'au­rait donné une eau vive… Quiconque boit de cette eau aura encore soif; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura plus jamais soif; mais l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une fontaine d'eau qui jaillira jusque dans la vie éter­nelle (S. Jean, 4,10).

1er Prélude. C'est Notre-Seigneur qui est le don de Dieu, allons boire aux sources de son Cœur.

2e Prélude. Donnez-moi, Seigneur, l'eau précieuse de votre grâce et de votre amour.

Ier POINT: C'est Jésus et son Cœur qui sont le don de Dieu. - C'est Notre-­Seigneur qui est le don de Dieu. Son Père a tant aimé les hommes qu'il leur a donné son Fils unique, pour les racheter, pour leur communiquer sa grâce et les ramener à lui. C'est donc par Notre-Seigneur seulement que nous pouvons aller à son Père.

Et Notre-Seigneur lui-même aime tant les hommes auxquels son Père l'a donné, qu'il fait lui-même les avances pour les gagner à son amour. Nous restons trop souvent sourds à ces avances qui sont ses douces inspirations et la grâce de ses sacrements. Si nous le connaissions mieux, si nous savions mieux quel est cet ami qui nous parle dans le secret de notre cœur et qui sollicite notre amour, nous nous empresserions d'aller à lui et nous lui demanderions ces eaux vives de la grâce, qu'il désire tant répandre.

Il désire tant posséder le cœur des hommes et nous, nous pensons si peu à lui! Si on le connaissait davantage, tous les cœurs s'ouvriraient à lui.

IIe POINT: Pour bien connaître Notre-Seigneur, il faut étudier son Cœur et les prodiges de son amour. - Il faut pénétrer aussi avant que possible dans la connaissance de Notre-Seigneur, de ses mystères, de ses bienfaits, de ses sacrifices et surtout de l'amour de son Cœur, seul inspirateur de tout ce qu'il a fait pour nous. Qui ne connaît pas le Sacré-Cœur prétendra en vain qu'il connaît Notre-Seigneur, il n'en a qu'une connaissance super­ficielle.

Pour étudier le Cœur de Jésus, il faut voir et reconnaître dans tout ce qu'il a fait pour les hommes l'amour qui l'a inspiré. Il se fait mendiant pour solliciter l'affection de nos cœurs: Sto ad ostium et pulso. Il nous dit le premier: «Donnez-moi à boire». Et que lui donne-t-on pour apaiser sa soif d'amour? de l'indifférence, de la froideur, de l'oubli, quand ce n'est pas l'offense et l'outrage.

Pour bien connaître Notre-Seigneur, il faut se pénétrer de cette vérité: qu'il aime les hommes, que tout ce qu'il a fait, il l'a fait par amour pour eux, et qu'il n'a pas de plus grand désir que d'être aimé d'eux; qu'il a soif d'entrer dans nos cœurs, de les posséder, de les remplir tout entiers de lui-même.

L'amour du Cœur de Jésus pour nous est la seule lumière qui puisse nous guider avec sûreté, si nous voulons appliquer notre intelligence à l'étude de sa vie et de ses œuvres. Celui qui étudie Notre-Seigneur de cette manière, le connaît mieux que tous les autres.

Pour connaître Notre-Seigneur de cette manière qui excite le cœur à l'aimer, il suffit d'un peu de simplicité et de bonté de cœur: Sentite de Do­mino in bonitate et in simplicitate cordis quaerite illum (Sap., 1,1). C'est le pre­mier conseil que nous donne le livre de la Sagesse.

Après avoir étudié Notre-Seigneur de cette manière, nous nous écrie­rons comme le psalmiste: «Confessons bien haut la bonté du Seigneur» (Ps. 117).

IIIe POINT: Celui qui connaît le Sacré-Cœur, boit avec allégresse à cette source d'eau vive. - Quand on connaît le Sacré-Cœur, l'amour commence et avec lui la soif d'amour. Ceux qui ne connaissent Notre-Seigneur qu'avec leur raison ont encore soif, comme ceux qui boivent l'eau du puits de Samarie; mais ceux qui le connaissent avec leur cœur, n'ont plus soif d'autre chose. S'unir à Jésus de plus en plus, c'est leur seul de­sir: Unam petii a Domino, hanc requiram, ut inhabitem in domo Domini omnibus diebus vitae meae (Ps. 26). Leurs cœurs sont gagnés. Ils vont d'eux-mêmes à cette source qui doit apaiser leur soif pour l'éternité. Ils vont directe­ment à l'amour de Notre-Seigneur, parce qu'ils comprennent que sa soif à lui c'est d'être aimé.

L'amour une fois allumé s'échauffe par degrés, le cœur devient un foyer ardent où la grâce pénètre de plus en plus et apporte avec elle cette source d'eau vive qui rejaillit jusqu'à la vie éternelle.

Si nous cherchons un objet auquel nous puissions donner toutes nos affections, allons à Jésus, allons boire à la source de son amour. Il rem­plira tous nos désirs. C'est pour l'aimer que le cœur de l'homme a été fait. En allant à Notre-Seigneur par l'affection, nous atteignons notre fin dès cette vie même. Toute autre affection laisserait notre cœur dans l'in­quiétude et le trouble.

Résolutions. - J'étudierai Notre-Seigneur dans son cœur en considé­rant les motifs d'amour qui ont inspiré tous ses actes. Je ferai aujourd'hui de fréquents actes d'amour et je manifesterai mon amour par l'acceptation joyeuse de tous les petits sacrifices que demandent ma règle et mon emploi. Je vous demande avec simplicité, ô mon bon Maître, la grâce de vous aimer et de sentir vivement la soif de votre amour.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

15 Août

L'assomption de la Sainte Vierge

Si inveneretis dilectum meum, nuntie­tis ci quia amore langueo. - Surge, pro­pera, amica mea, columba mea, formosa mea et veni. - Quae est ista, quae pro­greditur quasi aurora consurgens, pulch­ra ut luna, electa ut sol, terribilis ut ca­strorum acies ordinata (Cant. passim.).

Dites à mon Bien-Aimé que je languis d'amour. - Lève-toi, hâte-toi, mon amie, ma colombe gracieuse et viens. - Quelle est celle-là qui s'élève comme l'au­rore, brillante comme la lune, éclatante comme le soleil, terrible comme une ar­mée (Cant. passim.).

1er Prélude. Jésus et Marie désiraient ardemment leur réunion. L'entrée de Marie au ciel fut un triomphe.

2e Prélude. Marie est devenue là-haut notre médiatrice auprès du Cœur de Jésus, le canal des grâces divines et le soutien de l'Eglise.

Ier POINT: Le bienheureux trépas de la très sainte Vierge. - Notre-Seigneur a laissé attendre bien longtemps sa sainte mère. C'était pour le bien de l'Eglise naissante, pour lui laisser une Mère pour l'élever, une Maîtresse pour l'instruire, une Consolatrice au milieu des persécutions. Marie soutient les apôtres, elle découvre aux Evangélistes les secrets de la vie cachée de son divin Fils, elle anime les premiers martyrs, elle inspire aux vierges et aux veuves les célestes attraits de la pauvreté.

Puis vient l'heure de sa mort. Elle en est avertie, sans doute, par les anges. Elle répète son Ecce Ancilla. Les apôtres sont réunis par la volonté divine. Marie leur donne ses derniers conseils et leur fait ses adieux. Elle n'a pas de biens temporels à léguer aux hommes, mais elle nous laisse ses précieux mérites.

Jésus vient au-devant d'elle. Elle languit d'amour, comme l'épouse du Cantique. Jésus l'invite aux noces éternelles. Venez, lui dit-il, venez, ma Mère bien-aimée, venez recevoir votre couronne de Reine du ciel et de la terre. Marie répète, sans doute, ces dernières paroles qu'a dites Jésus en croix: «Mon Dieu, je remets mon âme entre vos mains». Puis elle expire d'amour.

IIe POINT: La résurrection de Marie. - Marie a laissé son corps sur la terre, comme un dernier sacrifice. Mais Notre-Seigneur ne veut pas abandonner à la corruption du tombeau ce corps qui lui a été si uni. Il réveille le corps de sa Mère bien-aimée, comme il a réveillé Lazare. Ma­rie ressuscite le troisième jour, comme Jésus. Elle a entendu l'appel de son Fils glorieux: «Lève-toi, hâte-toi, ma Mère bien-aimée, et viens». Le ciel tout entier se prépare à la fête. Les anges s'écrient: «Quelle est celle­ ci, qui s'avance comme l'aurore, belle comme la lune, éclatante comme le soleil, et terrible comme une armée? quelle est celle-ci, qui monte vers nous, appuyée sur son bien-aimé?» (Gant., 6 et 8). C'est la Vierge Im­maculée, c'est la Mère du Sauveur, c'est l'Epouse du Roi des cieux. Les anges lui font cortège, ainsi que les âmes des justes de l'ancienne loi: Da­vid et Abraham, ses ancêtres selon la chair, avec les rois de Juda. Eve qui lui cède son titre de Mère des vivants; saint Joseph qui l'a devancée; les prophètes qui l'avaient entrevue dans leurs visions; saint Jean-­Baptiste, le grand martyr; les saints Innocents, petits frères de Jésus.

O ma Mère, je mêle mes accents à ceux de toute la cour céleste. - Vous êtes digne de toute vénération: Tu gloria Jerusalem, tu laetitia Israel; vous êtes la joie et la gloire de la cité des cieux. Dieu vous a bénie par­dessus toutes les femmes de la terre.

Mais que sont nos louanges? Voici la sainte Trinité qui l'accueille: le Père la reçoit comme la plus parfaite de ses filles; le Fils la place à sa droite comme sa Mère immaculée; le Saint-Esprit la reconnaît pour son épouse privilégiée.

IIIe POINT: Au ciel. - Le Prophète royal redit son admirable épitha­lame: «Je vois à votre droite, ô mon Prince, une Reine vêtue d'un man­teau d'or tout rehaussé de broderies. Les vierges, après elle, se présen­tent à mon Roi dans une sainte allégresse» (Ps. 44). - Isaïe, transporté par l'esprit de Dieu, chante dans un ravissement sublime: «Voici la Vierge, qui devait concevoir et enfanter un Fils».

La voix de Dieu domine toutes les exclamations de joie: «Venez mon épouse, dit-il, venez ma bien-aimée, venez du Liban pour être couron­née» (Gant).

La sainte Trinité décerne à Marie l'auréole du Martyre, du doctorat et de la virginité, elle orne son auguste front de la couronne royale. La voici Reine de gloire, mais aussi Reine de bonté et de miséricorde. Venez à el­le vous tous qui êtes dans la peine. Sa puissance n'a d'autres bornes que celle de l'amour que son Fils a pour elle. Elle est l'asile des pécheurs, la protectrice des justes, l'espérance et le soutien de l'Eglise, la ressource des peuples et des rois.

Les esprits célestes sont ses ministres, le genre humain ses sujets, les trois Eglises son royaume. Elle est trois fois Reine. - Le secret de sa puissance, c'est l'amour que lui porte le Cœur de Jésus. Si le Cœur de Jésus est la source des grâces et le trésor du ciel, qui mieux que Marie peut puiser à cette source et ouvrir ce trésor? Ce cœur, n'est-il pas fait du sang et de la chair de Marie? Reine du Sacré-Cœur, bénissez-nous, - si le Sacré-Cœur de Jésus est le soleil de la cité céleste, le Cœur de Marie en est comme la lune brillante qui nous transmet ses rayons.

Résolutions. - J'irai auprès de la véritable Judith pour qu'elle sauve son peuple; auprès de la véritable Esther, pour qu'elle demande grâce pour le peuple de Dieu. O Marie, dites à Jésus qu'il n'y a plus de vin dans mon cœur, priez-le d'en changer l'eau pour y mettre le vin de la ferveur.

Colloque avec Marie, Reine du ciel.

16 Août

La fille de Jaire:

Prière instante - Dieu seul - résurrection et vie

Et venit quidam, de Archi-Synagogis, nomine Jaïrus: et videns eum procidit ad pedes ejus, et deprecabatur eum multum, dicens: Quoniam filia mea in extremis est. Veni, impone manum tuam, ut salva sit, et vivet… Et abiit cum illo (S. Marc, 5,22).

Il vint un des Chefs de la Synagogue, nommé Jaïre: et voyant Jésus, il se jeta à ses pieds et le pria avec instance, disant: Ma fille est à la mort. Venez, imposez-lui les mains, elle sera sauvée et elle vivra… Et Jésus alla avec lui (S. Marc, 5,22).

1er Prélude. C'est ici un beau miracle tout rempli d'enseignements pour la vie spiri­tuelle. Tâchons d'en profiter.

2e Prélude. Seigneur, je fais appel à la miséricorde de votre Cœur. Rendez la vie à ma pauvre âme.

Ier POINT: Prière instante. - Le pauvre père a quitté sa fille mourante. Elle est peut-être morte déjà. Dans saint Marc, il dit qu'elle est à toute extrémité; dans saint Luc, il dit qu'elle se mourait; et dans saint Mat­thieu, qu'elle est morte. C'est une enfant de douze ans et une fille uni­que. Mais comme cet homme prie bien! Dès qu'il voit Jésus, il se jette à ses pieds, il l'adore, il tombe à ses pieds, disent les évangiles. Il priait et suppliait beaucoup, dit saint Marc: et deprecabatur eum multum. Il priait avec foi et avec simplicité: «Venez, disait-il, imposez-lui la main, elle se­ra sauvée et elle vivra».

Jésus n'a pas besoin d'exciter sa foi, il la trouve mûre. Il se lève et suit cet homme. C'est ainsi que nous devons prier.

IIe POINT: Dieu seul. - Quand Jésus arriva à la maison du chef de la Synagogue il y avait là une foule de gens qui faisaient grand bruit, des curieux, des pleureurs, des amis. Et sur le chemin une foule toujours grossissant l'avait suivi pour voir un miracle.

Mais Notre-Seigneur n'aime pas le bruit. Le miracle qu'il veut faire est un miracle symbolique, qui représente la conversion et la résurrec­tion des âmes. Il veut nous montrer que la conversion ne se fait pas dans le bruit, mais dans la retraite avec Dieu seul.

Il invite donc cette foule à se retirer, et comme ces gens ne s'y prêtent pas il les fait repousser, il les fait jeter dehors de la maison qu'ils avaient envahie. Ejectis omnibus, dit saint Marc; éjecta turba, dit saint Mathieu.

Il y a là une leçon pour nous. Il faut faire appel à notre énergie et au besoin user de violence pour nous dégager du monde qui envahit toute notre vie, notre imagination, notre maison.

Il y avait aussi une raison de modestie. Notre-Seigneur ne veut pas tout ce monde dans la chambre d'une jeune fille. Il prend avec lui seule­ment le père et la mère, c'était leur place; et ses trois apôtres privilégiés, Pierre, Jacques et Jean, les plus formés, les plus modestes, et ceux dont les vertus caractéristiques, la foi, l'espérance et la charité exprimaient les dispositions qu'il faut avoir pour obtenir de Notre-Seigneur une grâce de résurrection et de vie.

Présentons notre pauvre âme, morte ou mourante à Jésus seul, devant ses apôtres qui nous enseignent les vertus vivifiantes.

IIIe POINT: Résurrection et vie. - La main du Sauveur s'appuya sur la tête de l'enfant, puis il la prit par la main et lui dit: «Enfant, lève-toi». Et l'âme rentra instantanément dans le corps de l'enfant. Elle se leva, elle marchait. Notre-Seigneur lui fit donner à manger. Puis il recommanda impérieusement, mais en vain, le secret sur ce miracle.

Pour ressusciter, il nous faut la main de Jésus. Il faut qu'il nous soulè­ve de notre lit de mort.

Bon Maître, venez, prenez-moi par la main. Rendez-moi la vie.

Et l'enfant se mit à marcher. Il faut aussi que je marche, que je sorte de ma torpeur, que j'agisse comme Notre-Seigneur le veut.

Il la fit manger aussi. Il faut que je nourrisse également la vie spiri­tuelle que Notre-Seigneur m'a rendue. Je la nourrirai par l'Eucharistie, par la parole de Dieu que j'entendrai dans l'oraison et dans la lecture spirituelle, et aussi par la conformité à la volonté divine. C'était l'ali­ment de Notre-Seigneur.

Résolutions. - Venez, Seigneur, mon âme est malade, elle se meurt. Laissez-vous toucher. Votre Cœur est si miséricordieux! Prenez-moi par la main. Je veux désormais vivre dans cette disposition en me lais­sant conduire par votre main divine.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

16 Août

Saint Joachim

Beatus vir qui timet Dominum: in mandatis ejus volet nimis. Potens in terra erit semen ejus: generatio rectorum bene­dicetur. Gloria et divitiae in domo ejus: et justitia ejus manet in saeculum saculi (Ps. 111,1).

Bienheureux celui qui craint le Sei­gneur et qui est très attaché à ses com­mandements. Sa race sera puissante: La génération des hommes de bien sera bé­nie. La gloire et la richesse régneront dans la maison du juste, et sa sainteté aura un renom éternel (P. 111,1).

1er Prélude. L'Eglise applique ces louanges à saint Joachim dans son office. Elles ne conviennent à personne plus qu'à lui.

2e Prélude. Oui, vénérable patriarche, votre descendance est aussi glorieuse que sainte, puisque c'est Marie, et Jésus lui-même. Adoptez-moi aussi comme le petit frère de Jésus et votre petit enfant.

Ier POINT: Sa sainte vie. - Joachim était de la tribu de Juda, et de la race de David par Mathan. Son nom signifie «Préparation du Seigneur». De son sang en effet a été préparée Marie qui fût le temple du Seigneur. Sa jeunesse a dû être admirablement pieuse et sainte, pour qu'il ait été choisi comme époux par sainte Anne, la vénérable mère de la sainte Vierge.

Ils vivaient ensemble, dit saint Jérôme, dans une admirable sainteté. Ils faisaient trois parts de leurs biens: la première était destinée à l'entre­tien du temple de Jérusalem; la seconde était distribuée aux pauvres, et la troisième servait à l'entretien de la maison.

Ils vivaient d'une vie fort simple, vie de prière et de travail, comme devait être celle de la Sainte Famille à Nazareth. Joachim conduisait son modeste troupeau sur la montagne, Anne s'occupait aux travaux de la maison et du jardin. Ils se retrouvaient pour l'heure de la prière.

Les pères de l'Eglise, et en particulier saint Epiphane, saint Jérôme et saint Jean Damascène, louent la vie de recueillement, de piété et d'hum­ble travail de saint Joachim et de sainte Anne.

IIe POINT: Sa glorieuse paternité. - Anne et Joachim étaient arrivés à un âge avancé sans avoir d'enfants. Résignés à la volonté de Dieu, ils supplaient cependant le Seigneur de mettre le comble à leurs vœux en leur donnant un fruit de leur sainte union. Tous deux multipliaient les prières et les bonnes œuvres pour obtenir cette faveur. Ils promettaient tous deux de consacrer à Dieu l'enfant qui leur serait accordé.

Un jour que Joachim priait sur la montagne où paissait son troupeau, et Anne dans son jardin où elle s'était fait un petit sanctuaire, leurs bons anges les visitèrent et leur annoncèrent que Dieu avait exaucé leur de­mande et qu'ils allaient être consolés par la naissance d'un enfant, qu'ils appelleraient Marie.

Le 8 septembre fut le jour de cette naissance miraculeuse, que nous honorons avec une tendre dévotion.

Le privilège de la Conception immaculée de Marie élève bien haut la gloire et la sainteté de saint Joachim et de sainte Anne. Ils furent donc exempts de toute concupiscence dans l'acte qui donna la vie à la Vierge Immaculée. Ils furent soustraits aux conséquences du péché d'Adam et d' Eve.

Il est bien évident qu'ils avaient dû mériter cette grâce ou s'y préparer par une pureté d'une extrême délicatesse. Y eut-il depuis Adam des cœurs aussi parfaits dans la vertu de modestie et de chasteté? Non, sans doute. La pureté de leurs cœurs surpassait la blancheur des lis.

Ils étaient comme des anges vivant sur la terre dans des corps hu­mains. Quelle vie de prière, de recueillement et de haine du péché cela suppose! Quelle exacte mortification et quelle parfaite domination sur la chair et ses convoitises! Saluons ces deux séraphins de la terre, renouve­lons nos résolutions de modestie et mettons-les sous leur protection.

IIIe POINT: Le grand sacrifice. - Joachim et Anne éprouvaient une su­prême jouissance à élever l'ange que Dieu leur avait donné. Leurs cœurs se fondaient d'amour dans la contemplation de ce petit être tout céleste. Mais ils n'oubliaient pas la promesse qu'ils avaient faite à Dieu de lui consacrer leur enfant. Il fallait conduire Marie au temple. Ils au­raient pu user d'atermoiements en attendant qu'elle ait quelques années de plus, mais leurs fidélité et la générosité de leurs cœurs égalaient leur pureté. L'enfant n'avait que trois ans lorsqu'ils la donnèrent à Dieu. C'était plus que le sacrifice d'Abraham. C'était beaucoup de quitter Isaac, qui était aimable et doux, mais quitter Marie! se séparer de ce pe­tit être angélique! Joachim et Anne n'hésitèrent pas.

Quelle leçon pour nous tous! pour les parents qui s'opposent à la voca­tion de leurs enfants ou en retardent l'exécution; pour nous-mêmes qui sommes sourds si souvent à un appel de Dieu, à une grâce qui nous de­mande un effort, un sacrifice, un dépouillement. Que la fête d'aujourd'hui nous apporte un surcroît de générosité!

Saint Joachim s'éteignit, comme saint Joseph, dans une mort calme et toute en Dieu, et son culte va toujours grandissant.

En l'honorant, nous consolons le Cœur de Jésus qui en est touché et nous en sait gré.

Résolutions. - Quelle est ma confusion en face de vies si saintes! Ne vais-je pas mettre plus d'ordre dans ma vie et me décider à préférer la vie intérieure, le calme, le recueillement, la prière?

Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, bienheureux ceux qui prient fidèlement en menant une vie modeste et humble dans le travail, la piété et la charité.

Colloque avec saint Joachim.

17 Août

La foi du centurion

Et respondens centurio ait: Domine, non sum dignus ut intres sub tectum meum: sed tantum dic verbo et sanabitur puer meus. Nam et ego homo sum sub potestate constitutus habens sub me mili­tes et dico huic: Vade et vadit, et alii: Ve­ni et venit… Audiens auteur Jésus mira­tus est et sequentibus se dixit: Amen dico vobis, non inveni tantam fidem in Israël (S. Mat., 8,8).

Le centurion répondit: Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit, mais dites seulement une parole et mon serviteur sera guéri. Moi, je ne suis qu'un homme avec un grade inférieur, mais je dis à mes soldats: Allez, et ils vont, venez et ils viennent… Notre-Seigneur entendant cela était dans l'admiration et il dit à ses disciples: En vérité je n'ai pas trouvé autant de foi en Israël (S. Mat., 8,8).

1er Prélude. Cet officier romain, homme juste et droit, nous donne un admirable exemple de foi.

2e Prélude. Mettez, Seigneur, une foi vive en mon cœur, je le demande à votre divin Cœur.

Ier POINT: Les qualités de la foi. - La perfection de la foi, dit saint Jean, c'est de croire à l'amour de Notre-Seigneur pour nous (S. Joan., 4,16). Telle était bien la foi du bon centurion.

La foi doit être éclairée, elle ne demande pas cependant un luxe exagéré de preuves. Les juifs demandaient toujours de nouveaux prodiges pour croire. Jésus le leur reproche (S. Jean, 4,48). Le centurion a su que Jésus guérissait beaucoup de malades avec une bonté extrême, cela lui suffit.

La foi doit être confiante et ferme. Telle fut bien celle du centurion. Il ne doute pas, il a confiance, il insiste, il sait que Jésus peut guérir à dis­tance.

La foi doit être pénétrée d'humilité. Notre officier n'ose pas aller lui-même à Jésus, il envoie un ancien de la synagogue, puis un voisin. Il ne se croit pas digne que Jésus entre sous son toit.

La foi se fortifie au milieu des épreuves. Notre-Seigneur a souvent éprouvé la foi par un premier refus, comme il est arrivé pour la Cananéenne.

Il faut confesser sa foi et n'en point rougir. Le centurion fit cela ma­gnifiquement, lui qui était étranger et païen et qui étonnait les juifs par la vivacité de sa foi.

IIe POINT: Puissance de la foi. - «Tout est possible à celui qui croit», disait Notre-Seigneur au père du pauvre lunatique (S. Math., 9). - La foi est la force qui triomphe du monde, répètent les apôtres dans leurs épîtres (S. Jean, 1 - Heb., 11).

La foi obtient la guérison de l'âme et du corps, Notre-Seigneur l'a montré pour le paralytique: il le guérit et il lui remet ses péchés.

La foi commande à toute la nature et opère les plus grands prodiges. Saint Paul rappelait aux hébreux toutes les merveilles de la foi dans l'an­cien testament, (Heb., 11): les bénédictions d'Abraham, les miracles de Moïse…

C'est dans la mesure de leur foi que les malades obtiennent de Notre­Seigneur leur guérison, les possédés leur délivrance.

Il faudrait rappeler ici tous les miracles de Notre-Seigneur et citer tout l'évangile. - «Je n'ai pas trouvé tant de foi en Israël», s'écrie Notre­-Seigneur devant l'humilité croyante du centurion. - «O femme, que ta foi est grande!» dit-il à la cananéenne. - «Croyez-vous que je puisse le faire?» demande-t-il aux aveugles de Capharnaüm». - «Si tu peux croi­re!» répond-il au père du lunatique: tout est possible à celui qui croit. - «Qu'ils vous soit fait selon votre foi!» dit-il à plusieurs reprises. - «Sei­gneur, si vous voulez, dit le lépreux de Galilée, vous pouvez me purifier». - «Crois seulement et ta fille vivra», dit-il à Jaïre. - A plu­sieurs il répète: «Votre foi vous a sauvés». Aux apôtres qui s'affligent de ne pouvoir opérer certaines guérisons, Notre-Seigneur révèle le motif de leur impuissance: «C'est à cause de votre incrédulité». - «Hommes de peu de foi, où donc est votre confiance?» leur dit-il, au milieu des ter­reurs de la tempête. - Il leur promet qu'ils opéreront des prodiges s'ils ont de la foi seulement comme un grain de sénevé. - Et le dernier re­proche qu'il leur adresse, avant de remonter au ciel, c'est d'avoir cru si lentement aux témoins de sa résurrection. - Seigneur augmentez ma foi et guérissez-moi de toutes mes infirmités.

IIIe POINT: Comment la foi s'acquiert, se recouvre et s'augmente. - La foi s'acquiert et s'augmente par un vif désir, par une prière ardente, par des actes répétés.

«Seigneur, aidez à l'impuissance de ma foi!» s'écriait le père du lunati­que (S. Math. 9).

«Pourquoi donc, dirent les apôtres au Sauveur, n'avons-nous pas pu chasser ce démon du lunatique?» - «A cause de votre manque de foi, ré­pondit Jésus». En vérité, je vous le dis: Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne: «Transporte-toi d'ici-là» et elle s'y transporterait. Vous diriez à ce mûrier: «Déracine-toi et va te planter dans la mer», et il vous obéirait aussitôt, et rien ne vous serait impossible».

- Seigneur, augmentez notre foi, pour l'épurer et en multiplier les actes. Ainsi fit-il pour la cananéenne qui demandait la guérison de sa fille: «Laisse d'abord les enfants se rassasier, lui dit Jésus, il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens». - «Mais les petits chiens, dit-elle, mangent les miettes que les enfants laissent tom­ber». La foi et l'humilité de cette femme ont touché le Cœur de Jésus.

Commençons à vivre conformément à notre foi encore faible et elle s'accroîtra. Ce sera la récompense divine. Notre-Seigneur nous a lui-même tracé cette voie: «Si quelqu'un, dit-il, commence à accomplir la volonté de mon Père, la lumière de la foi lui viendra et il reconnaîtra la divinité de ma doctrine» (S. Jean, 7,17).

Résolutions. -je crois, Seigneur, mais augmentez ma foi. Vous atten­dez de moi une foi vive, votre divin Cœur désire me voir vivre de la foi, aidez-moi, aidez-moi! Je veux commencer à vivre en vrai croyant, pour obtenir des lumières plus vives et plus pénétrantes.

Colloque avec Jésus excitant ses disciples à la foi.

18 Août

Encore la foi du centurion

Cum autem implesset omnia verba sua in aures plebis, intravit Capharnaum. Centurionis autem cujusdam servus male habens erat moriturus; qui illi erat pretio­sus. Et cum audisset de Jesu, misit ad eum seniores Judaeorum, rogans eum ut veniret et salvaret servum ejus (S. Luc, 7,1).

Jésus ayant donné tout l'ensemble de sa doctrine au peuple, rentra à Caphar­naüm. Là un centurion avait son servi­teur malade et mourant, et il lui était pré­cieux. Ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya les anciens de juifs, pour le prier de venir guérir son serviteur (S. Luc, 7,1).

1er Prélude. Admirable exemple d'humilité et de foi! Ce païen a touché le Cœur de Jésus et il a obtenu du Sauveur un éloge et un miracle.

2e Prélude. Je vois comment je pourrai toucher le Cœur de Jésus, c'est en allant à lui avec humilité et avec une foi simple et confiante.

Ier POINT: Humilité. - Le centenier est rempli d'humilité. Deux fois il envoie des messagers à Jésus. Il se croit indigne de paraître lui-même devant le Sauveur. Il a entendu raconter les miracles du Sauveur. Il y croit avec la simplicité d'un enfant. Son serviteur est malade, il espère que Jésus le guérira. Il envoie d'abord les anciens de la Synagogue, qu'il estime plus dignes que lui d'être exaucés. Puis quand Jésus approche, il lui envoie ses amis avec ce message: «Seigneur, ne prenez pas la peine de venir; je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison et je n'ai pas osé paraître devant vous; mais dites seulement une parole de loin et mon serviteur sera guéri». Admirable simplicité, Notre-Seigneur a loué ces dispositions qu'il ne rencontrait pas chez les Israélites, et l'Eglise, en­thousiasmée par cet acte de foi et d'humilité, l'a inséré dans le canon de la messe comme préparation à la sainte communion.

IIe POINT: Foi simple. - La foi du centenier égale son humilité. Cet homme est admirable en sa foi et en sa confiance. Il a entendu raconter les miracles du Christ, cela lui suffit. Il ne doute pas de son pouvoir divin et il a confiance en sa miséricorde. Il envoie un premier message par de vénérables juifs pour prier le Sauveur, de venir guérir son serviteur. Ceux-ci s'acquittent de leur mission avec dévouement, ils prient avec in­stance Notre-Seigneur de venir chez le malade: «Le centenier, disent-ils, mérite cette faveur, c'est un homme honorable, qui aime la nation juive et qui a fait construire une synagogue». Notre-Seigneur est touché, il se met en route. Pendant ce temps-là, le jeune homme allait plus mal; mais la foi du centenier ne défaille pas, elle semble même s'affermir encore. Il envoie d'autres messagers, de ses amis, dire à Notre-Seigneur: «Ne pre­nez pas la peine de venir chez moi, je n'en suis pas digne. Dites seule­ment une parole et mon serviteur sera guéri. Toute la nature vous obéit, comme mes soldats m'obéissent, je leur dis: Allez là, ils y vont; venez ici, ils y viennent. Et quand je dis à mon serviteur: Fais cela, il le fait».

Ce païen avait donné le plus admirable exemple de foi et de confiance et la plus belle leçon d'obéissance.

Notre-Seigneur voulut bien l'admirer: quo audito, Jésus miratus est; et il nous le propose comme un exemple de foi et de confiance.

IIIe POINT: Guérison. - La foi du centurion obtient une double ré­compense. La première est une confirmation par Notre-Seigneur de tou­tes les promesses faites aux gentils par les prophètes. - Je vous le dis en vérité, dit Notre-Seigneur à ses disciples: Les peuples viendront de l'Orient et de l'Occident et ils auront part au royaume des cieux avec les patriarches Abraham, Isaac et Jacob, tandis que les enfants d'Israël se­ront rejetés. - La seconde récompense fut la guérison immédiate du serviteur qu'il aimait. - Va, lui fit dire Notre-Seigneur, il te sera fait se­lon ta foi et ta confiance. - Et le serviteur fut guéri à l'instant même.

Nous allons souvent à Notre-Seigneur. Peut-être le recevons-nous tous les jours dans la sainte communion, et nos défauts ne se guérissent pas. Quelle en peut être la cause? C'est que nous manquons d'humilité, de foi et de confiance. Nous allons à Notre-Seigneur par routine, avec tiédeur, avec une foi faible. Notre esprit et notre imagination portent là toutes leurs distractions habituelles. La vie dissipée de la journée débor­de sur nos communions elles-mêmes. Craignons que Notre-Seigneur éprouve pour nous de l'amertume, comme il en a éprouvé en voyant la froideur des enfants d'Israël.

Résolutions. - Seigneur, je ne suis pas digne que vous veniez à moi dans la sainte communion, ni dans vos visites habituelles, je le reconnais aujourd'hui et je m'humilie. Je vous en supplie, bon Maître, dites une parole et mon âme sera guérie de sa langueur.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

19 Août

Le bienheureux Jean Eudes

Ut det vobis Deus Christum habitare per fidem in cordibus vestris: in charitate radicati et fundati, ut possitis comprehen­dere cum omnibus sanctis, quae sit latitu­do, et longitudo, et sublimitas et profun­dum, sciee etiam supereminentem scien­tiae charitatem Christi, ut impleamini in omnem plenitudinem Dei (Ad Eph., 3,l6).

Que Dieu vous donne la grâce d'avoir le Christ habitant en vos cœurs par la foi. Soyez enracinés et fondés dans la charité, pour comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la hau­teur et la profondeur de la charité du Christ, connaissance qui surpasse toute science, pour que vous ayez en vous la plénitude de Dieu (Aux Eph., 3,16).

1er Prélude. Le Père Eudes est un des saints qui ont le mieux connu la largeur, la hauteur et la profondeur du Cœur de Jésus et du Cœur de Marie. Il les a si bien médi­tés et décrits!

2e Prélude. Saint apôtre des Sacrés-Cœurs, obtenez-moi la grâce d'imiter votre amour pour le Cœur de Jésus et de Marie et votre zèle pour sa gloire.

Ier POINT: Le précurseur de Marguerite Marie. - Le Père Eudes, la mer­veille de son siècle, au dire de M. Olier, après avoir pénétré jusqu'au plus intime des âmes de Jésus et de Marie et après avoir scruté leurs mystères, ne tarda pas à trouver un aliment à sa piété dans la dévotion aux Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie. Eclairé par les lumières surna­turelles de la Sœur Marie des Vallées et probablement aussi par ses pro­pres révélations, il ne voulut plus avoir d'autre terme de son amour et de ses hommages que ces Cœurs Sacrés. Il résolut de consacrer sa vie à éta­blir et à propager le culte de ces deux Cœurs, qu'il unit comme ne fai­sant qu'un tout moral, les regardant comme un même Cœur en unité d'esprit, de sentiment, de volonté et d'affection.

Il commence sa propagande en 1640, et la première grande révélation de Marguerite-Marie ne date que de 1673. «Il fut, dit le Père Regnault (directeur du Messager du Sacré-Cœur), un zélateur exceptionnel à qui revient l'honneur insigne d'avoir travaillé le premier à la propagation du culte du Sacré-Cœur». - «Le Père Eudes, dit le cardinal Perraud, fut suscité de Dieu pour préparer le monde chrétien à recevoir la grande dévotion dont une révélation miraculeuse devait confier plus tard l'aposto­lat à la visitandine de Paray».

IIe POINT: Le culte des Saints Cœurs de Jésus et Marie. - Le Père Eudes commença par fonder deux congrégations, consacrées aux saints Cœurs de Jésus et de Marie. Sa Congrégation de prêtres propagea cette dévotion en plusieurs diocèses. Puis il érigea des confréries vouées à la même dévotion et il obtint pour elles l'approbation du Saint-Siège. Il fonda plusieurs chapelles en l'honneur des deux saints Cœurs. Celle de Saint-Sauveur au diocèse de Coutance est désignée dans une bulle de Clément X sous le no, précis d'église du Cœur de Jésus et de Marie. Sa con­struction donna lieu aux libéralités les plus généreuses de la part de tou­tes les classes de la société. Le Père Eudes préparait ainsi l'esprit public en France à recevoir les manifestations de Paray-le-Monial.

Jusqu'en 1670, le Père Eudes avait uni à peu près constamment les deux Cœurs du Fils et de la Mère, en les envisageant dans leur union morale. A partir de cette époque, il fait de chacun de ces Cœurs l'objet d'un culte spécial.

IIIe POINT: Le culte du Sacré-Cœur de Jésus. - Le Père Eudes rédige alors cette messe délicieuse du Sacré-Cœur qu'on a appelée la messe du feu tant elle est animée d'un amour brûlant. Elle est approuvée dans plu­sieurs diocèses. Il écrit son bel office, qui exprime si bien l'esprit suave et tendre de Jésus, et qui nous révèle, comme dit le Père Le Doré, les tré­sors de douceur, de miséricorde et de bonté que renferme le Cœur si plein d'amour du divin Maître. Ce sont comme autant de jets de feu qui s'échappent tour à tour du Cœur de Jésus et de l'âme qui chante son amour, ses grandeurs et ses charmes.

Plusieurs communautés religieuses adoptèrent l'office et la messe, no­tamment les bénédictines du Saint-Sacrement et l'abbaye de Montmartre. Dans son livre sur le Cœur adorable de Jésus, publié en 1670, le Père Eudes exprime déjà tous les sentiments que Marguerite-Marie devait re­cevoir directement du Cœur de Jésus peu de temps après.

Comme elle, il unit la réparation à l'amour. Il nous dit qu'un des sen­timents du Cœur de Jésus qui mérite le mieux d'être l'objet de notre dé­votion est cette immense douleur dont il a été pénétré depuis son agonie jusqu'au Calvaire, et qui l'inonderait encore tous les jours, si la douleur pouvait entrer au ciel.

Il nous montre aussi dans le Cœur de Jésus l'autel d'or du divin amour, la cité de refuge des âmes éprouvées, et tentées le trésor de toutes les grâces et de toutes les réparations.

Résolutions. - Seigneur, avec le saint Père Eudes, comme avec tous les apôtres de votre divin Cœur, je vous consacre mon pauvre cœur, pour le vouer à votre amour et à la réparation que vous attendez de vos amis.

Colloque avec le Père Eudes.

20 Août

Saint Bernard
1091-1153

Trahe me, post te curremus in odorem unguentorum tuorum. Introduxit me rex in celaria sua: exultabimus et laetabimur in te, memores uberum tuorum super vi­num. Recti diligunt te (Cant. Cant. 1,3).

Entraînez-moi après vous, nous cour­rons à l'odeur de vos parfums. Le roi m'a fait entrer dans ses celliers; nous nous ré­jouirons en vous en pensant que vos mammelles sont meilleures que le vin. Ceux qui ont le cœur droit vous aiment tendrement (Cantique, 1,3).

1er Prélude Saint Bernard aussi est un saint du Sacré-Cœur. L'Eglise emprunte ses effusions d'amour envers Notre-Seigneur dans l'office de la fête du Sacré-Cœur.

2e Prélude Grand saint, faites-moi pénétrer avec vous dans le côté de Jésus, pour y trouver le trésor de son Cœur.

Ier POINT: Sa préparation. - Sa pieuse mère le consacra dès sa nais­sance au service des autels et ne cessa dès lors de le regarder comme ap­partenant exclusivement au Seigneur. Elevé chez les chanoines de Châ­tillon, il manifesta toutes les vertus de l'enfance: le recueillement, la do­cilité, l'affabilité, la modestie. Ce qu'il demandait le plus souvent à Dieu, c'était de ne jamais souiller son innocence par le péché. Un soir de Noël l'enfant Jésus lui apparut rayonnant de grâce et de beauté.

Il lutta héroïquement contre les tentations et il se plongea un jour dans un étang glacé pour réprimer un mouvement de la chair.

Le monde l'effrayait, il songea au monastère de Cîteaux qui, était alors florissant. Il se décida à y entrer. Sa famille tout entière s'y opposa, désirant pour lui les grandeurs et les dignités ecclésiastiques. Mais son éloquence surnaturelle fut si puissante dans sa défense, qu'il gagna tous les siens, parents et amis, à la vie monastique: ses cinq frères, son oncle, son ami Hungues de Mâcon. Il entra à Cîteaux avec ses cinq frères et vingt-cinq autres gentilshommes.

Il s'excitait à la sainteté en se redisant souvent: «Bernard, Bernard, pourquoi es-tu venu en cette maison?».

Il pratiquait une grande mortification et vivait dans l'union continuel­le avec Dieu.

IIer POINT: Ses grandes œuvres. - En 1114, S. Etienne, son abbé de Cîteaux, l'envoya fonder un monastère au diocèse de Langres, dans un site sauvage qu'on appela plus tard Clairvaux. Sa vie y était pauvre et dure, mais la sainteté de Bernard y attira de nombreuses vocations. Son père même et son plus jeune frère Nivard vinrent le rejoindre. Cîteaux compta bientôt jusqu'à sept cents moines. Plusieurs essaims s'en détachèrent pour aller fonder d'autres abbayes, notamment Foigny, près La Capelle, au diocèse de Laon, où saint Bernard commença la composition de ses ouvrages. Il fondait aussi des monastères de femmes, comme celui de Clairefontaine au diocèse de Namur et les miracles commençaient à se multiplier sous ses pas.

Le cher saint refusa plusieurs évêchés, mais malgré son humilité il de­vint l'arbitre des rois et le conseiller du Saint-Siège. Les évêques le con­sultaient. On a pu dire qu'il dirigeait toute l'Eglise d'Occident du fond de sa solitude.

Il regagna toutes les nations à l'obédience du Pape légitime Innocent II, contre l'anti-pape Anaclet. Il lui fallut pour cela visiter le roi d'An­gleterre, le roi de France Louis-le-Gros, l'empereur Lothaire, le doge de Gênes, le duc de Milan.

Il combattit les erreurs d'Abélard, d'Arnould de Brescia, de Gilbert de la Porée.

Il fonda soixante autres monastères, entre autres celui des Trois­Fontaines à Rome.

Bernard de Pise, abbé des Trois-Fontaines, ayant été élu Pape sous le nom d'Eugène III, saint Bernard resta son directeur, son conseiller inti­me et il écrivit pour lui les cinq livres «de la considération». Le royaume de Jérusalem étant menacé, Bernard prêcha la croisade avec succès.

La fâcheuse issue de la croisade lui fut une grande épreuve et une lon­gue maladie le prépara au dernier sacrifice.

IIIe POINT: Le saint du Sacré-Cœur. - Ses écrits sont tout empreints de l'esprit du Sacré-Cœur, surtout ses homélies sur l'Incarnation, son traité de l'amour de Dieu, ses sermons sur le Cantique des cantiques.

Expliquant ce texte: «Il a regardé par les fentes de la pierre», et mon­trant que ces fentes sont les plaies de Jésus-Christ, surtout celle du côté à travers laquelle on voit son Cœur: «Oh! s'écrie-t-il, puisque nous som­mes parvenus au Cœur très doux de Jésus, ne souffrons pas qu'on nous en sépare. Ah! qu'il est doux, qu'il est bon d'habiter dans ce Cœur! Trésor précieux que votre Cœur, ô miséricordieux Jésus! Perle incom­parable trouvée en fouillant le champ de votre corps! Je donnerai tout pour le posséder. J'échangerai toutes les pensées et affections de mon âme pour lui. Je fixerai tous mes désirs dans le Cœur de mon Seigneur Jésus, et sans aucun doute, il me nourrira de son amour. Là, dans ce Temple, le Saint des Saints, dans cette arche précieuse, je vivrai, j'ado­rerai, je louerai le Seigneur. Là sera la victime que je lui offrirai sans ces­se, l'autel où je ferai tous mes sacrifices, sur lequel les mêmes flammes d'amour dont le sien brûle consumeront le mien».

Résolutions. empruntées à saint Bernard: je trouverai dans ce Sacré-Cœur un modèle pour régler les mouvements du mien, un fonds pour m'acquitter de ce que je dois à la justice divine, et un lieu assuré où, étant à couvert des naufrages et des tempêtes, je dirai avec David: j'ai trouvé mon cœur pour prier Dieu. Oui, j'ai trouvé ce Cœur dans la div­ine Eucharistie, en y trouvant le Cœur de mon souverain, de mon bon ami, de mon frère, le Cœur de mon aimable Rédempteur…

Colloque avec saint Bernard.

21 Août

Sainte Jeanne-Françoise de Chantal
1572-1641

Omnis qui reliquerit domum, vel fra­tres, aut sorores, aut patrem, aut ma­trem, aut uxorem, aut filios, aut agros, propter nomen meum, centuplum acci­piet et vitam aeternam possidebit (S. Mat. 19,29).

Celui qui quittera sa maison ou ses frè­res, ses soeurs, son père, sa mère, son épouse, ses fils ou ses champs pour me suivre, recevra le centuple et possédera la vie éternelle (S. Mat. 19,29).

1er Prélude. Sainte Chantal est bien une sainte du Sacré-Cœur. Elle a donné à la Vi­sitation l'esprit qui a préparé Marguerite-Marie aux grandes grâces qu'elle a reçues.

2e Prélude. Chère sainte, obtenez pour moi l'esprit de la Visitation, qui est celui des amis du Sacré-Cœur.

Ier POINT: Sa préparation. - Jeanne-François de Frémiot a été élevée dans la piété. Elle épousa le baron de Chantal et vécut comme le modèle des mères de famille. A l'age de 28 ans, elle perdit son mari, qui mourut ses suites d'un accident arrivé à la chasse. Elle puisa dans son fervent amour de Dieu la force surnaturelle qui fait supporter avec résignation les plus cruelles épreuves et donne même le courage de bénir la main qui frappe.

Elle s'offrit à Dieu comme une victime préparée à souffrir toutes les croix qu'il voudrait lui envoyer, et elle répétait souvent avec une sainte joie ces paroles: «Seigneur, vous avez brisé mes liens, je peux donc maintenant vous présenter une victime de louanges» (Ps. 115).

Retirée du monde, elle partageait son temps entre la prière, le travail et l'éducation de ses enfants. Elle avança rapidement dans la perfection, s'imposant des veilles et des jeûnes, distribuant d'abondantes aumônes et se liant à Dieu par le vœu de chasteté.

Sain François de Sales étant venu prêcher le carême à Dijon en 1604, fut le directeur choisi par Dieu pour conduire cette âme dans les voies de la sainteté. Sa ferveur la porta à graver sur son cœur avec un fer chaud le nom adorable de Jésus, comme témoignage de l'amour divin qui la consumait.

IIe POINT: La Visitation Sainte-Marie. - Madame de Chantal s'ouvrit a saint François de Sales de ses désirs de vie religieuse. Il lui fit connaître le dessein qu'il avait de fonder la Visitation, elle se mit à sa disposition. Mais comment pourvoir à l'éducation de ses enfants et à l'administra­tion de leurs biens? Sa résolution jeta sa famille dans la douleur. Cepen­dant tout put s'arranger. L'aînée de ses filles était mariée, elle emmena les deux autres avec elle à Annecy. Elle confia à son père, M. de Fré­miot, son fils le baron de Chantal, âgé de 15 ans. L'enfant était en bon­nes mains, mais ses adieux déchirants et la douleur qu'il manifesta en se couchant à travers la porte, fit faire à sa mère un sacrifice héroïque.

Ella commença l'œuvre de la Visitation avec quelques pieuses dames à Annecy. Saint François de Sales en traça les règles qui, sans exiger de grandes austérités extérieures, demandent l'exercice le plus continuel et et plus parfait de la mortification de l'esprit et du cœur.

«Que le renoncement intérieur à tout ce qui peut flatter l'orgueil et les sens, leur disait-il- dans ses instructions sur la règle, soit continuel et étu­dié en Jésus-Christ l'adorable modèle. Il nous a dit à tous: Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Que l'humilité soit pour vous la source des vertus, qu'elle soit sans bornes, qu'elle paraisse en toutes vos actions; et bientôt avec elle la charité et la douceur envers le prochain vous deviendront comme naturelles à force de les pratiquer, Car il faut mourir en esprit pour que Dieu vive en nous; sans ce moyen unique, il est impossible que nous parvenions en cette vie à nous unir à lui».

Faisons de ces conseils la règle de notre vie, et bientôt nous arriverons à l'union avec le Sacré-Cœur.

IIIe POINT: La consommation. - Quelque temps après sa profession, elle voulut s'engager par un vœu à faire toujours ce qu'elle jugerait être le plus parfait, Saint François de Sales le lui permit, parce qu'il connais­sait sa générosité et son courage.

Dieu l'éprouva par des maladies fréquentes et douloureuses. Elle souf­frit avec joie et avec la paix que donne l'amour divin. «Le monde entier, écrivait-elle à saint François de Sales. mourrait d'amour pour un Dieu si aimable, s'il connaissait la douceur que goûte une âme à l'aimer».

Elle perdit son père. Une persécution s'éleva contre sa fondation de Paris. En 1627, le jeune baron de Chantal fut tué en combattant contre les huguenots dans l'île de Ré. En 1631, elle perdit la jeune baronne, sa belle-fille et le comte de Toulonjon, son gendre. Elle supporta tous ces deuils avec un courage héroïque. Elle renouvelait l'offrande de son cœur à Notre-Seigneur en lui disant: «Seigneur, détruisez, coupez, brûlez tout ce qui s'oppose à votre service». - «Notre-Seigneur, disait-elle à ses fil­les, a attaché le prix de son amour et de la gloire éternelle à la victoire que nous remportons sur nous-mêmes; et notre intention, en entrant à la Visitation, a dû être de nous désunir de nous-mêmes en entier, pour nous unir totalement à Dieu». Elle mourut dans les dispositions les plus ferventes. Sa vie est pour nous un admirable modèle de détachement des créatures et d'amour pour Notre-Seigneur.

Résolutions. - Sainte amie du Sacré-Cœur de Jésus, aidez-nous à croître dans son amour. Vous nous avez enseigné à tout sacrifier pour Dieu, je veux désormais me sacrifier mieux que par le passé dans la mor­tification intérieure, l'union avec Notre-Seigneur et l'acceptation des croix que la divine Providence m'enverra.

Colloque avec sainte Chantal.

22 Août

Quelques paraboles
Le grain de sénevé, le trésor cache, la perle précieuse

Simile est regnum coelorum thesauro abscondito in agro: quem qui invenit ho­mo abscondit, et prae gaudio illius vadit, et vendit universa quae habet et emit agrum illum. Iterum simile est regnum coelorum homini negotiatori quaerenti bonas margaritas. Inventa autem una pretiosa margarita, abiit et vendidit uni­versa quae habuit, et emit cum (S. Mt 13).

Le royaume des cieux est semblable au trésor caché dans un champ: celui qui le trouve le cache, il s'en va joyeux, il vend tout ce qu'il a et achète ce champ. La royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherche des perles. En ayant trouvé une précieuse, il va, il vend tout ce qu'il a et il l'achète (S. Math, 13).

1er Prélude. Le royaume de Dieu, c'est le règne de la foi, de la grâce, c'est l'Eglise, c'est aussi le règne du Sacré-Cœur.

2e Prélude. Ce trésor et cette perle que je désire, Seigneur, c'est votre Cœur sacré, trésor de toutes les grâces et perle de la divinité.

Ier POINT: Le grain de sénevé. - Toutes les belles paraboles de Notre-Seigneur relatives au règne de Dieu s'appliquent aussi évidemment au règne du Sacré-Cœur, qui est le nouvel épanouissement du règne de Dieu et sa perfection.

Le règne de Dieu, c'est le règne de la foi et de la grâce; c'est l'église du Christ s'étendant à toute la terre. Notre-Seigneur en a décrit les progrès. Ce sera d'abord un grain de sénevé, qui mourra pour donner son germe. Jésus, le vrai grain, merveilleusement fécond, est mort au Calvaire pour donner naissance à l'église. Son Cœur, comme une graine mystérieuse s'est ouvert, et l'église en est sortie, symbolisée par l'eau et le sang.

Les apôtres et les martyrs sont morts aussi d'une mort féconde, pour faire naître partout des enfants de l'Eglise.

Il faut que les apôtres du Sacré-Cœur soient martyrs par le cœur pour étendre par le fruit de leurs immolations le règne du Sacré-Cœur. Il faut qu'ils soient martyrs par le feu de l'amour et par le glaive de l'immola­tion et du sacrifice.

IIe POINT: Le ferment et le trésor. - Le royaume des cieux est aussi com­me un ferment caché dans la masse et qui la pénètre et la transforme.

La foi et la grâce semées par Jésus, et après lui par les apôtres et par les sacrements, ont pénétré le monde.

Pourquoi trois mesures de farine?

Peut-êtres les trois provinces évangélisées par Jésus (Judée, Galilée et Pérée), ou les trois parties du monde connues de ce temps-là, ou les trois facultés de notre âme.

Le Cœur de Jésus jette aussi son levain d'amour. Il gagne, il pénètre, il fait fermenter toute la masse des âmes. Confiance! Quels progrès de­puis Marguerite-Marie! Le ferment a gagné les diocèses, les provinces, les nations. Il n'y aura bientôt plus une paroisse, plus une âme chrétien­ne qui ne soit pénétrée par le ferment.

La société civile a résisté jusqu'ici presque universellement. Prions, parlons et attendons l'heure de Dieu.

Le royaume de Dieu est aussi semblable à un trésor: trésor de la foi, de la vérité, de la grâce; trésor eucharistique. Les âmes ont quitté le pé­ché pour acheter ce trésor. Les âmes les plus généreuses ont vendu leurs biens et choisi la pauvreté du cloître pour posséder plus pleinement Jésus et sa grâce.

Maintenant, le trésor du Sacré-Cœur s'offre à nous. C'est le trésor des trésors. Il faut tout vendre pour l'acheter. Il faut nous détacher des affections terrestres, il faut nous quitter nous-mêmes, par l'esprit de sa­crifice et d'immolation.

Jésus donne son Cœur à ceux qui l'aiment sans réserve. En ce trésor, je trouverai tous les abîmes de grâce, de lumière, de force, de consola­tion et de vertu que je puis ambitionner.

IIIe POINT: La perle précieuse. - La perle précieuse, le diamant in­comparable, c'est encore la sagesse chrétienne, le Sauveur, l'eucharistie, la grâce; mais c'est surtout le Sacré-Cœur.

Saint Paul estime que tout est perte auprès de la science éminente de Jésus-Christ Notre-Seigneur, pour qui il s'est dépouillé de toutes choses, les regardant comme du fumier, afin de gagner le Christ (Aux Philip. 3,7).

Salomon a préféré la sagesse, ou la grâce de Dieu, aux royaumes et aux trônes; il a estimé que les richesses ne sont rien auprès d'elle… (Sag., 7, 8).

Jésus est la pierre précieuse, pour laquelle des millions d'âmes ven­dent, jettent tout ce qu'elles ont, méprisent tout ce que la terre peut leur offrir, et se dévouent à son service et à son amour.

Mais la pierre précieuse par excellence, c'est le Cœur de Jésus. C'est lui qui gagne les cœurs et qui inspire tous les sacrifices. C'est lui qui est en train de conquérir le monde à l'amour divin. C'est lui qui sera au ciel le diamant dont les rayons illumineront la cité sainte: Lucerna ejus est agnus. L'agneau de Dieu est le soleil de la sainte Jérusalem, mais c'est par son Cœur qu'il rayonne, comme Notre-Seigneur l'a montré à Marguerite-Marie. N'est-ce pas le Cœur de Jésus, cette pierre de jaspe brillante qui illumine le ciel: Lumen ejus simile lapidi pretioso tranquam lapidi jaspidis, sicut crystallum (Apoc., 21).

Le jaspe rouge, veiné, ressemble au Cœur blessé et saignant.

Résolutions. - O perle, ô diamant de la cité céleste, je vous salue. Soyez ma lumière et le soleil de ma vie. Je veux tout faire sous votre ins­piration, à la lumière de vos exemples, en union avec vous. Je m'attache à vous, adhaesit anima mea post te. Prenez la conduite de ma vie; me suscepit dextera sua (Ps. 62,9, et 72,24).

Colloque avec le Sacré-Cœur: union à toutes ses dispositions envers son Père, envers les âmes.

23 Août

Le pain de vie
La vie de Jésus en nous

Dixit ergo eis Jésus: Amen, amen dico vobis: Non Moyses dedit vobis panem de coelo; sed Pater meus dat vobis panem de coelo verum. Panis enim Dei est, qui de coelo descendit, et dat vitam mundo. Di­xerunt ergo ad eum: Domine, semper da nobis panem hunc (S. Joan. 6,32).

Jésus leur dit: En vérité, je vous le dis: Non, Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel. Le vrai pain du ciel, c'est mon Pè­re qui vous le donne, car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. Alors, ils lui dirent: Sei­gneur, donnez-nous toujours ce pain (S. Jean, 6,32).

1er Prélude. C'est Jésus qui nous donne la vie: il est le pain, la sève, la forme de nos âmes.

2e Prélude. O Jésus, venez et vivez en moi, dans votre esprit, dans vos lumières, dans vos grâces, dans votre action sainte.

Ier POINT: Jésus est la vie de notre âme. - Dans chrétien il y a deux le vies: 1° la vie naturelle et purement humaine, venue d'une source naturelle et humaine et dont les opérations et les destinées ne sont que naturelles et humaines. Elle fait de nous les enfants des hommes. On l'appelle aussi la vie terrestre ou le vieil homme.

2° La vie surnaturelle et divine, venue de Dieu par le Saint-Esprit, méritée et donnée à nos âmes par le sang du Cœur de Jésus; ses opérations et ses destinées sont surnaturelles et divines. Elle fait de nous les enfants de Dieu. On l'appelle aussi la vie spirituelle, la vie céleste, la vie nouvelle, l'homme nouveau (S. Jan, 1, 12).

Cette vie est répandue dans nos âmes par l'Esprit-Saint qui vient la former en nous au baptême, et qui demeure en nous pour la garder et pour la développer jusqu'à la formation de l'homme parfait.

C'est par sa miséricorde, dit saint Paul, que Dieu nous a fait renaître par le baptême, en nous renouvelant dans l'Esprit-Saint. Cet Esprit, il l'a répandu sur nous avec abondance, par Jésus-Christ Notre-Seigneur, afin que, justifiés par sa grâce, nous soyons, selon notre espérance, héri­tiers de la vie éternelle (Tit., 3,5).

IIe POINT: Aliment de la vie surnaturelle: ses opérations en nous. - Cette vie est greffée en nous par le baptême. Tout notre être est informé par la grâce. Comme notre âme informe et vivifie notre corps, ainsi la grâce in­forme et vivifie tout notre être. C'est une vie nouvelle, un ferment qui change toute la masse (nova conspersio, 1, Cor., 5,7); c'est une sève nou­velle: le chrétien est greffé, incorporé en Jésus, comme le rameau qui ne peut vivre et fructifier que s'il est uni au cep (S. Jean, 15,1). Le rameau donne des fruits de sainteté si sa racine est sainte: Si radix sancta, et rami ejus (Aux Rom., 11,16).

Tous nous recevons de la plénitude de Jésus, dans la vie chrétienne: c'est en lui que nous sommes comblés (S. Jean, 1,16). C'est son divin Cœur qui est la source de toute vie spirituelle.

La forme de cette vie, c'est la grâce. Ses aliments sont tout ce qui nous vient de Jésus et tout ce qui nous apporte la grâce de Jésus: l'étude et la contemplation de Jésus, la foi en Jésus, la parole de Jésus, l'union avec le Cœur de Jésus et son Eucharistie.

Le Sacré-Cœur de Jésus est l'abîme des grâces divines. Sous ces di­vers aspects, Jésus est le pain de vie, le pain vivant descendu du ciel et qui donne la vie au monde (S. Jean, 6).

Nous vivons par Jésus comme lui-même vit par son Père (S. Jean, 6,58).

Plus on se nourrit de Jésus et plus la grâce sanctifiante ou la vie de Jésus en nous devient abondante (S. Jean, 10,10).

Pratiquement donc, vivons de Jésus, de son souvenir, de sa parole, de son eucharistie. «Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous veillez, soit que vous reposiez, faites tout au nom de Jésus, vivez toujours avec Jésus» (1 Thess., 10).

«Sequere me - Venite post me». - Suivons Jésus, allons derrière lui, en le contemplant, en l'imitant, en nous inspirant sans cesse des sentiments de son Cœur: «Hoc sentite in vobis quod et in Christo Jesu» (Aux Philip., 2, 5). - Si nous le cherchons, si nous le servons, si nous l'aimons, il n'y se­ra pas insensible. Il viendra plus intimement en nous, il y fera sa demeu­re et prendra tout en mains. Il vivra en nous (Aux Gal., 2,20).

IIIe POINT: Correspondance ou résistance à la vie divine en nous. - Si l'union n'est plus aussi étroite, c'est la langueur; si la séparation est con­sommée, c'est la mort; ainsi le rameau détaché du cep se dessèche et n'est plus bon que pour le feu (S. Jean, 15,4).

Que d'exemples effrayants dans les enseignements de Jésus: l'arbre qui ne porte pas de bons fruits, coupé et jeté au feu; le figuier stérile; le figuier desséché; la nation infidèle; les serviteurs qui ne font pas fructi­fier la mine ou le talent!

Mais aussi quelles promesses encourageantes pour ceux qui sont géné­reux!

Avec la grâce de Jésus nous sommes tout-puissants: Omnia possum in eo qui me conforte (Aux Philip., 4,13).

Dieu opère en nous le pouvoir et le vouloir, si nous le laissons faire; il sollicite et soutient chacun de nos actes, surnaturels, intérieurs ou exté­rieurs (Aux Philip., 2,13).

La grâce ne cesse de frapper à notre porte (S. Jean, 5,40). Si nous l'ac­ceptons, elle devient en nous une source jaillissante pour la vie éternelle. Les flots de grâce du Cœur de Jésus viennent en nos cœurs, si nous sa­vons les lui ouvrir.

La grâce nous unit de plus en plus à Dieu dans la lumière, c'est-à-dire dans la vérité, l'amour et la sainteté (S. Jean, 1,6). Elle transforme gra­duellement nos âmes jusqu'à la ressemblance divine (2 Cor., 3,18).

«C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, dit saint Paul, et sa grâce n'a pas été stérile en moi» (1. Cor., 15,10)

Résolutions. - O Jésus, venez et vivez en mon âme, dans l'esprit de votre sainteté, dans l'union avec vos mystères, dans l'amour de votre di­vin Cœur. Façonnez mon cœur sur le modèle du vôtre. Régnez sur tou­tes mes facultés et mettez-y le cachet de votre Cœur. Faites de moi une hostie d'amour et de réparation.

Colloque avec Jésus vivant en nous.

24 Août

La royauté de Jésus-Christ

Postquam autem traditus est Joannes, venit Jésus in Galilaeam, praedicans evangelium regni Dei, et dicens, quoniam impletum est tempus, et appropinquavit regnum Dei: poenitemini et credite Evan­gelio (S. Marc., 1,14).

Après que Jean-Baptiste eut été empri­sonné, Jésus vint en Galilée prêchant l'evangile du royaume de Dieu, et disant: les temps sont accomplis, le règne de Dieu approche, faites pénitence et croyez l'Evangile (S. Marc., 1,14).

ler Prélude. Je proclame votre royauté, ô mon Sauveur, j'y crois et je l'aime. Régnez sur toute mon âme, sur toute ma vie, sur toutes mes facultés.

2e Prélude. C'est le règne de votre Sacré-Cœur, ô Jésus, que j'appelle de tous mes voeux. Régnez par votre miséricorde, par votre amour, par votre bonté. Gagnez nos cœurs et unissez-les au vôtre.

Ier POINT: La royauté de Jésus-Christ. - C'est l'enseignement de tout l'Evangile. Dieu a uni le Verbe incarné à sa royauté et l'a chargé de gou­verner le ciel et la terre: «Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. - Mon Père m'a tout remis», dit Notre-Seigneur dans saint Ma­thieu (chap. 28 et 11). «Le Père, aime son fils et lui a tout remis en mains. - Mon Père, mes disciples étaient vôtres, mais vous me les avez donnés», di encore Notre-Seigneur dans saint Jean, (chap. 3 et 17). «Son Père a tout mis sous sa dépendance et il l'a mis à la tète de toute l'église», dit saint Paul aux Ephésiens (1,22).

«Ce n'est point aux anges que Dieu a soumis le monde futur, dit saint Paul aux Hébreux (2,5). Mais il en dit, dans un passage de l'Ecriture (Ps. 8): «Qu'est-ce que l'homme pour que vous vous souveniez de lui? et qu'est-ce que le fils de l'homme pour que vous le visitiez? Vous l'avez, pour un peu de temps, rendu inférieur aux anges, et puis, vous l'avez couronné de gloire et d'honneur, vous lui avez donné l'empire sur les ouvrages de vos mains, vous avez mis toutes choses sous ses pieds.

Du moment que Dieu lui a soumis toutes choses, ajoute l'apôtre, il n'a donc rien laissé qui ne lui soit assujetti».

IIe POINT: Caractères de cette royauté. - Comme Verbe de Dieu, par qui toutes choses ont été faites, Jésus-Christ est nécessairement le Roi et le Maître de toute la création.

Comme Verbe incarné même, toute puissance lui a été donnée au ciel et sur la terre. Il est le Roi de toute l'humanité et de tous les peuples, il domine sur tous les chœurs angéliques et il commande avec autorité à toutes les légions de l'enfer.

Il n'y a rien au monde qui ne lui soit soumis, car tout ce qui est au Pè­re est à lui (S. Jean, 16,15).

Il est le prince des rois de la terre (Apoc, 1. 4). A lui donc, gloire et empire, dans les siècles des siècles.

Notre-Seigneur déclare à Pilate que s'il est roi, c'est pour rendre témoignage à la vérité et la faire rayonner dans les âmes (S. Jean, 18). Il est donc Roi pour se faire connaître, puisqu'il est lui-même la vérité et la lumière suprême. Il est roi pour se faire aimer, servir et adorer. L'obligation essentielle des enfants du royaume, c'est d'étudier leur di­vin roi, de graver dans leurs cœurs ses préceptes et ses conseils, de régler leurs sentiments et leur conduite sur ses enseignements, en un mot de vi­vre de l'évangile.

Son règne sera toujours contredit. Les suppôts de Satan préféreront toujours le mensonge et le vice à la vérité et à la vertu.

Selon la prophétie de Siméon, le nom du roi Jésus sera toujours le si­gne de contradiction qui divisera l'humanité en deux camps. Toujours il sera la vie pour les uns et la mort pour les autres, jusqu'au jugement su­prême.

O Jésus, roi de vérité, vivez en mon cœur, régnez en toute ma vie. Prenez la direction de toutes mes facultés. Je me donne de nouveau tout à vous. Parlez et commandez: que faut-il que je fasse?

IIIe POINT: Le règne du Sacré-Cœur. - Notre-Seigneur nous a décrit lui-même sa royauté d'amour: Apprenez de moi que je suis doux et humble de Cœur. Le prophète avait dit à Sion: «Voici que ton roi vient a toi plein de douceur» (Zach., 9,9).

Mansuétude infinie, douceur et humilité de cœur, tel est le caractère de notre divin roi Jésus. Son joug est doux, son fardeau léger, et près de lui c'est la consolation et le soulagement: «Venez à moi vous tous qui souffrez».

Au calvaire, c'est la croix qui est son trône; la lance est son sceptre; le sang de son Cœur couvre tout son corps comme un manteau de pour­pre.

Le titre de la croix proclame sa royauté à tous les siècles: «Jésus de Na­zareth, roi des juifs». C'est le règne de l'amour, le règne du Sacre­Cœur.

Quel est le code de ce royaume? Douceur et humilité, patience et cha­rité, c'est toute sa loi.

Ce royaume a un étendard sacré, c'est la croix d'abord, c'est le cruci­fié dont la poitrine est blessée par la lance. Puis le crucifié lui-même écarte le rideau et nous montre en sa poitrine, son Cœur ouvert, et ce Cœur sacré devient un second signe ajouté à la croix: signe destiné à marquer une nouvelle effusion d'amour du Sauveur, une demande d'amour toujours plus pressante, une demande de réparation et de sacri­fice par amour.

Le règne du Christ devient l'amour du Sacré-Cœur.

Résolutions. - O Jésus, venez et régnez en mon âme. Régnez par vo­tre grâce toujours croissante. Faites régner en mon âme et en toute ma vie les vertus de votre Cœur sacré, l'humilité et la douceur, la répara­tion et le sacrifice, l'amour qui vous est dû et la charité pour le prochain.

Colloque avec notre divin roi.

25 Août

Saint Louis

Quando orabas cum lacrymis et sepe­liebas mortuos, et derelinquebas pran­dium tuum, et mortuos abscondebas per diem in domo tua, et nocte sepeliebas eos, ego obtuli orationem tuam Domino. Et quia acceptus eras Deo, necesse fuit ut tentatio probaret te (Tobie, 12,12).

Quand tu priais avec larmes et que tu ensevelissais les morts et que tu quittais ton repas et que tu cachais le morts pen­dant le jour chez toi pour les ensevelir la nuit, j'offrais tes prières au Seigneur. Et paree que tu étais agréable à Dieu, il a fal­lu que tu fusses éprouvé (Tobie, 12,12).

1er Prélude. Saint Louis, comme Tobie, priait avec larmes et se livrait aux œuvres de miséricorde. Comme lui il a été éprouvé.

2e Prélude. Glorieux saint, aidez-moi à vivre comme vous dans l'amour de Notre-Seigneur et de mon prochain.

­

Ier POINT: Les œuvres de miséricorde. - Il n'y a que les saints pour par­ler dignement des saints. Saint François de Sales a parlé souvent et avec beaucoup de charme du roi saint Louis. «Le service des pauvres, dit-il, est plus triomphant qu'une royauté.

«Je ne puis assez admirer l'ardeur avec laquelle cet avis fut pratiqué par saint Louis, l'un des grands rois quel le soleil ait vus. Il servait fort souvent à table des pauvres qu'il nourrissait, et en faisait venir presque tous les jours trois à la sienne, et souvent il mangeait les restes de leur potage avec un amour non pareil. Quand il visitait les hôpitaux, il se mettait à servir ceux qui avaient les maux les plus horribles et leur faisait tout son service la tête nue et les genoux en terre, respectant en leur per­sonne le Sauveur du monde…».

Voilà le secret du grand roi. C'est parce qu'il voit Notre-Seigneur dans les pauvres et les malades qu'il fait pour eux tant de sacrifices. Il ai­me tant le Sauveur qu'il est prêt à tout pour lui.

IIe POINT: Sa piété et ses vertus civiles. - En parlant de saint Louis, saint François de Sales nous montre comment la piété ne nuit pas aux vertus civiles, mais au contraire les favorise et les développe. Saint Paul n'a-t-il pas dit: «La piété est utile à tout», et encore: «L'homme spirituel discerne toutes choses» (I. Aux Cor., 2,157.

«Saint Louis aimait qu'on fût brave, courageux, généreux, de bonne humeur, courtois, civil, franc, poli: et néanmoins surtout il aimait qu'on fût bon chrétien. Vous l'eussiez vu rire aimablement aux occasions, par­ler hardiment quand il en était temps, avoir soin que tout fût en lustre autour de lui comme un autre Salomon, pour maintenir la dignité roya­le; et un moment après servir les pauvres dans les hôpitaux, et enfin ma­rier la vertu civile avec la chrétienne et la majesté avec l'humilité».

«C'est, en un mot, ajoute saint François de Sales, qu'il faut entrepren­dre de n'être pas moins brave pour être chrétien, ni moins chrétien pour être brave. Et pour cela, il faut être très bon chrétien, c'est-à-dire, fort dévot, pieux et s'il se peut spirituel; car l'homme spirituel discerne tout, il connaît en quel temps, en quel rang, par quelle méthode il faut mettre en œuvre chaque vertu…». Et ce que dit saint François de Sales de la bravoure, il veut qu'on l'entende de toutes les vertus civiles. La vraie dé­votion loin d'être contraire à aucun progrès social, les favorise tous et les élève à un plus haut degré.

IIIe POINT: Sa résignation au bon plaisir de Dieu. - Saint François de Sales fait bien ressortir l'admirable résignation du roi saint Louis. «Dieu, dit-il, pour nous exercer en la sainte indifférence, nous inspire de grands desseins, desquels cependant il ne veut pas le succès; et alors, comme il nous faut hardiment commencer, aussi faut-il acquiescer dou­cement et tranquillement à l'issue de l'entreprise, telle qu'il plaît à Dieu de la déterminer. Ainsi, saint Louis par inspiration, passe la mer pour conquérir la Terre-Sainte: le succès fut contraire, et il acquiesce douce­ment; j'estime plus la tranquillité de cet acquiescement, dit saint Framois de Sales, que la magnanimité du dessein. Ce sont des traits d'une indifférence très parfaite que de cesser de faire un bien quand il plaît à Dieu, et de s'en retourner de moitié chemin, quand la volonté de Dieu, qui est notre guide, l'ordonne?».

N'est-ce pas la bonne manière d'aimer Dieu que de vouloir ce qu'il veut, l'insuccès comme le succès? Saint Louis n'avait que ce mobile, l'amour de Notre-Seigneur, comme les amis du Sacré-Cœur. - Il n'était allé aux croisades que pour la gloire de Notre-Seigneur et la déli­vrance des lieux saints. Sagement il ne voulait le succès que dans la me­sure où Notre-Seigneur le voulait.

Résolutions. - Rappelons-nous celles que saint Louis a dictées à son fils: «Je te recommande avant toutes choses de t'appliquer de tout cœur à aimer Dieu; car celui qui ne l'aime point ne peut être sauvé. Garde-toi de rien faire qui lui déplaise, de commettre aucun péché… Si Dieu t'en­voie des adversités, reçois-les avec humilité et patience… Prie Dieu de cœur et de bouche avec une grande ferveur…»

Colloque avec saint Louis.

26 Août

Saint Tharcis

Surgam et circuibo civitatem; per vicos et plateas quaeram quem diligit anima mea: quaesivi illum et non inveni. Inve­nerunt me vigiles qui custodiunt civita­tem: Num quem diligit anima mea vidi­stis? Paululum cum pertransissem illas, invenit quem diligit anima mea: tenui eum nec dimittam… (Cant., 3,27.

Je me lèverai et je parcourrai la ville; par les rues et les places je chercherai celui que mon cœur aime. J'ai cherché et ne l'ai pas trouvé. J'ai rencontré les gardes de la ville: Avez-vous vu celui que mon cœur aime? Après les avoir passés, j'ai trouvé celui que mon cœur aime. Je le tiens et ne le lâcherai pas (Cant., 3,2).

1er Prélude. Tharcis a traversé la ville pour trouver son bien-aimé. Il l'a trouvé et il ne le lâchera pas.

2e Prélude. Trouver Jésus et rester uni à lui, c'est tout le secret des saints.

Ier POINT: Chercher Jésus. - On sait l'histoire du jeune saint. Il était acolyte. Quelquefois, à défaut de diacres, on confiait à ces jeunes clercs la mission de porter la sainte Eucharistie aux chrétiens empêchés de prendre part aux saints mystères aux retenus dans les prisons. En 257, l'Eglise était sous le coup d'une violente persécution. Les chrétiens se ré­fugiaient dans les catacombes pour célébrer l'office divin. Le jeune aco­lyte fut chargé de porter en secret la sainte communion à des fidèles qui avaient été emprisonnés et qui allaient bientôt donner leur vie pour Jésus-Christ.

Il a été prévenu, il se rend aux catacombes, mais avec quelle émotion! Il peut dire comme l'épouse du cantique: «J'ai traversé la ville pour chercher mon bien-aimé». Telle devrait être ma disposition constante: «Chercher le bien-aimé». Chercher Jésus, chercher l'union avec lui, par­tout et toujours. Le chercher par les rues et par les places de la cité, c'est­-à-dire: chercher Jésus et l'union avec lui au milieu des occupations les plus diverses, en accomplissant tous mes devoirs d'état. Demander aux gardes s'ils l'ont vu, c'est-à-dire: garder la pensée de mon Jésus même dans mes conversations, laisser voir que j'ai une préoccupation qui me domine, un ami qui remplit mon cœur.

IIe POINT. Lutter contre tous les obstacles pour conserver Jésus. - Saint Tharcis a reçu son bien-aimé sur son cœur. On lui a confié la sainte Eu­charistie. Mais il sait que ce n'est pas pour lui seul. Il faut le porter aux prisonniers. Il traverse la ville en priant, en adorant son Jésus. Il sait qu'il est exposé à deux périls, la distraction et la persécution. La distrac­tion, il l'évitera autant que possible. Il ne passe pas au forum, il prend les rues les plus calmes et les plus sérieuses. Il marche modestement et les yeux baissés. Il est tout à son adoration et aux actes de la vie intérieure. Est-ce ainsi que je procède? Je porte toujours Jésus, qui est en mon cœur par sa présence mystique. Je le porte pour moi et aussi pour les au­tres que je dois édifier. Ai-je soin d'éviter le forum: l'agitation, les con­versations inutiles, les visites et lectures qui dissipent? Ai-je un goût de­terminé pour le silence, le calme, le recueillement et le détachement, qui sont les conditions pour bien porter Jésus et pour rester fidèle aux actes de la vie intérieure?

Saint Tharcis rencontre des ennemis violents, qui veulent lui ravir son trésor, mais il leur résiste héroïquement, aidé par une force surnaturelle. Je rencontrerai trois ennemis tous les jours: le démon, le monde et la concupiscence. Ils sont connus, et leurs artifices le sont aussi. Saurai-je lutter héroïquement? Le secours du Ciel ne me manquera pas, mais saurai-je m'en servir?

Il me faut des armes: la présence de Dieu, l'union avec Notre­Seigneur, la fidélité à toute ma règle, à toutes mes pratiques de piété. Il faut que je prie constamment comme saint Tharcis.

IIIe POINT: Garder Jésus jusqu'à la mort. - Le petit saint fut héroïque jusqu'au bout. Il fut assailli, renversé, frappé, blessé. Il ne. desserra pas les bras qui tenaient son Jésus sur son cœur. On le tua, il n'avait pas cédé, et on ne trouva plus l'Eucharistie sur lui. Qu'était-il advenu? S'était­-il communié lui-même ou les anges avaient-ils emporté l'Eucharistie pour la porter eux-mêmes aux prisonniers? Nous le saurons au ciel.

Admirable fidélité! Modèle parfait de l'union au Sacré-Cœur que je dois conserver toujours. Tenui eum, nec dimittam: je tiens mon Jésus, je ne le lâcherai pas. C'était la pensée de saint Tharcis, il faut que ce soit ma devise. On perd Jésus par le péché, on perd sa présence sensible par la distraction, par la dissipation, la négligence, la tiédeur.

Il faut d'abord que je cherche Jésus. Il faut que j'obtienne à tout prix la grâce de l'union avec Jésus. Il faut que je le cherche aux catacombes, dans l'humilité, dans la foi, dans le sacrifie et chez le prêtre. Il faut en­suite que je le conserve héroïquement, dans le silence, dans le recueille­ment, dans la lutte contre les tentations. Tenui eum nec dimittam. Il faut que j'aie une volonté ferme de le conserver à tout prix avec le secours de la grâce divine.

Résolutions. - Oh! cette union! Combien elle m'est chère! Combien je la désire! Mais que je suis faible, quand il s'agit de la garder? Enfant prodigue, je cours toujours aux distractions, aux satisfactions de la natu­re. Surgam et ibo ad patrem: je me lève de nouveau et je vais à mon Jésus, je vais rentrer en grâce par la confession, par la contrition, par l'humilité, puis je garderai cette grâce par l'assiduité à mes pratiques quotidiennes d'amour et de réparation envers le Sacré-Cœur.

Colloque avec saint Tharcis.

27 Août

Jésus et le lunatique sourd-muet
Esprit de pénitence et de prière

Magister, attuli filium meum ad te, ha­bentem spiritum mutum… et obtuli eum discipulis tuis et non potuerunt curare cum. Respondens autem Jésus ait: O ge­neratio incredula et perversa, quousque ero vobiscum? Usquequo patiar vos? Af­ferte huc illum ad me (S. Mt., 17,15).

Maître, je vous ai apporté mon fils, qui a un esprit muet… je l'ai présenté à vos disciples, les priant de le guèrir et ils n'ont pas pu. Jésus répondit: Race incrédule et perverse, jusqu'à quand serai-je avec vous et vous supporterai-je? Apportez­moi ici ce malade (S. Mat., 17,15).

1er Prélude. Au pied du Thabor, les disciples attendent Jésus, entourés d'une grande foule. Au milieu d'eux, un jeune possédé, crispé par la douleur, et son père au dése­spoir.

2e Prélude. Seigneur, augmentez ma foi, mon esprit de pénitence et de prière.

Ier POINT: Les personnes. - Dans la plaine, image de la vie commune et vulgaire, les apôtres les moins unis à Jésus, ceux qui n'avaient pas ac­compagné le bon Maïtre à la retraite du Thabor, sont là confus et attri­stés; les scribes leur cherchent querelle et la foule est agitée… l'enfant lu­natique et sourd-muet est là sous l'action de Satan; l'infortuné père est aux prises avec la plus cruelle douleur: c'est son fils, et le seul qu'il ait… Jésus descendait majestueusement du Thabor, il est divinement recueilli et rayonnant de grâce; ses apôtres choisis, Pierre, Jacques et Jean le sui­vent, encore tout émus de ce qu'ils ont vu et saintement radieux.

Quel contraste entre ces deux groupes! En bas le monde avec ses discordes, ses souffrances et l'action du démon; en haut la vie de la grâce, des âmes toutes célestes et radieuses». Jésus garde sur son front quel­que reflet de gloire surnaturelle, comme Moïse, descendant du Sinaï. - Le peuple, saisi d'étonnement et de frayeur, accourt et le salue: Omnis populus videns Jesum stupefactus est, et expaverunt, et occurrentes salutabant eum. - Je vous salue aussi, Maître, dans la splendeur de votre humanité, toute rayonnante de grâce et de vie divine!

III, POINT: Les paroles. - Les disciples exorcisent en vain le malade. Les scribes triomphent; ils cherchent à discréditer les disciples et le Maître. Ils répètent leurs outrages accoutumés: «Ces gens, disent-ils, chassent les démons par la vertu de Béelzébuth, et quand Béelzébuth veut bien». Les disciples se défendent. Jésus intervient: «De quoi disputez-vous?» dit-il. Ils ne répondent pas. Les plaintes douloureuses et l'ardente supplication du pauvre père interrompent le silence. Il est à ge­noux, pleurant et le cœur brisé: «Maître, dit-il, je vous en conjure, jetez un regard sur mon fils, mon fils unique. Si vous pouvez quelque chose, aidez-nous, ayez pitié de nous, guerissez-le; vos disciples ne l'ont pas pu». Et Jésus dit à part à ses disciples: «Ce démon ne se peut chasser que par le jeûne, la pénitence et la prière». C'est la grande leçon de ce mira­cle.

Puis le Sauveur prend intérêt au pauvre malade et à son père: «Depuis quand souffre-t-il?» - «Depuis son enfance, dit le père, il est affreuse­ment tourmenté. J'espérais que vos disciples le sauveraient!» - «Race incrédule!» s'écria Jésus. Les apôtres avaient manqué un peu de foi; le père du malade et tout son entourage en manquaient aussi. «Si tu peux croire, dit le Sauveur à cet homme, tout est possible à celui qui croit» - «Seigneur, je crois, aidez mon incrédulité». Jésus est touché quand mê­me: «Amenez ici votre fils», dit-il. La rage de l'esprit malin redouble contre sa victime, aussitôt qu'il a vu Jésus, son Maître tout-puissant. L'air retentit de ses cris. L'enfant, se jetant à terre, écume et se roule dans la poussière.

Quel spectacle! Le démon triomphe momentanément, parce que les apôtres n'ont pas été assez fidèles à l'esprit de réparation et de péniten­ce, enseigné chaque jour par le Maître. Voilà aussi le secret du pouvoir que garde encore le démon sur notre âme, sur nos maisons, sur notre so­ciété: le manque d'esprit de réparation et de pénitence.

IIIe POINT: Les actes. - Mais Jésus intervient. Sa parole divine com­mande: «Esprit sourd et muet, sors de cet enfant et n'y rentre plus». - Souvent Jésus a chassé le démon de nos âmes par l'absolution, mais n'avons-nous pas laissé rentrer ce malfaiteur? - Le tyran infernal pous­sa un grand cri en lâchant sa proie, et il laissa le pauvre enfant gisant et comme inanimé. La foule cria: «Il est mort». Mais non, il n'était pas mort. La parole vivifiante de Jésus ne donne pas la mort. Jésus prit l'en­fant par la main. L'enfant se leva et sourit à son père. Le pauvre père ne se possédait plus de joie et la foule était stupéfiée en voyant ce miracle de la puissance divine: Stupebant omnes in magnitudine Dei (S. Luc., 9,43).

Et les disciples, s'approchant timidement du Sauveur, quand il fut en­tré avec eux dans une maison, lui dirent: «Pourquoi n'avons-nous pas pu le chasser?» - «A cause de votre incrédulité», repartit Jésus. Ils avaient manqué de foi vive, d'une foi vivifiée et manifestée par les œuvres de ré­paration, de prière et de pénitence. - «En vérité, ajouta Notre-Seigneur, je vous le dis, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous di­riez à ce mûrier: Déracine-toi et transporte-toi dans la mer et il vous obéirait; vous diriez à cette montagne: Passe d'ici là et elle y passerait, et rien ne vous serait impossible» (S. Math., 17 et S. Luc., 17).

Disons comme le père du possédé: «Seigneur, je crois, mais augmen­tez ma foi».

Résolutions. - Oui, Seigneur, je crois, mais d'une foi trop abstraite. Donnez-moi la foi pratique, la foi animée par les œuvres, et surtout par la pénitence, par la réparation et la prière.

Donnez-moi une foi qui anime toutes mes actions, qui me tienne très uni à vous et toujours attentif à votre service et dévoué à l'amour de vo­tre Sacré-Cœur.

Colloque avec Jésus chassant les démons.

28 Août

Saint Augustin

O Domine, quia ego servus tuus; ego servus tuus et filius ancillae tuae. Diru­pisti vincula mea; tibi sacrificabo hostiam laudis, et nomen Domini invocabo. Vota mea Domino reddam in conspectu omnis populi ejus (Ps. 115,16).

Seigneur, je suis votre serviteur et le fils de votre servante. Vous avez brisé mes liens. Je vous offrirai un sacrifice de louange et j'invoquerai le nom du Sei­gneur. J'accomplirai mes voeux envers Dieu en présence de tout son peuple (Ps. 115,16).

1er Prélude. Saint Augustin aimait à redire ce cri du cœur: Mon Dieu vous avez brisé mes liens, je vous offrirai un sacrifice incessant de louange et d'amour.

2e Prélude. Ne devrais-je pas moi aussi faire de toutes mes actions autant d'actes d'amour et de reconnaissance pour les bienfaits innombrables que j'ai reçus de Dieu?

Ier POINT: La miséricorde de Dieu envers lui. - Saint Augustin nous a raconté au huitième livre de ses confessions le grand combat qui se livra entre les deux parties de son âme, l'inférieure et la supérieure, et comme il sentit enfin la puissante intervention divine qui décida de la victoire.

«O Seigneur, s'écria-t-il, vous avez regardé votre serviteur et le fils de votre servante!». Il lui sembla que Notre-Seigneur l'avait regardé com­me il a regardé saint Pierre dans l'atrium de Caïphe, puis se sentant comme délié de ses attaches au péché, il redisait les belles paroles de Da­vid: «Seigneur, vous m'avez délié de mes liens, que ferai-je en recon­naissance d'une telle faveur? je vous offrirai un sacrifice incessant de louange». - Et moi, n'ai-je pas senti souvent le regard de Notre­-Seigneur? N'ai-je pas été souvent délié de mes péchés? Où est ma recon­naissance et mon chant de louanges?

IIe POINT: Sa conversion et sa reconnaissance. - Quel miracle de la bonté divine et quel effort de courage personnel il a fallu pour opérer cette con­version? Saint Augustin nous décrit lui-même la force de ses liens.

Il était enchaîné dans les liens de la volupté, et la nature lui disait qu'il ne pouvait pas vivre sans se livrer à ces détestables plaisirs. - Il était lié à la vanité par ses succès dans l'éloquence païenne. - Il était assujetti à l'avarice par les gains considérables que lui valaient ses leçons de rhéto­rique si recherchées.

Il a fallu la main toute puissante de Dieu pour aider ses efforts person­nels. Mais une fois délivré, il témoigna sa vive gratitude à Dieu sans dé­faillir jusqu'à la fin de sa vie.

«Dès l'instant de sa conversion, il n'a plus cessé de louer Dieu en tou­tes ses actions, de jour, de nuit, en buvant, en mangeant, en parlant, en écrivant, chantant les louanges de sa miséricorde et de sa grâce. Il était si dévot à cette divine grâce, dit saint François de Sales, qu'il ne pouvait se rassasier, non seulement de la louer, mais encore de parler et d'écrire à sa louange. Vous voyez donc comme ce saint disait très justement, après sa conversion, ces paroles du psalmiste: «Vous avez rompu mes liens, o mon Dieu, je vous offrirai un sacrifice de louange», et j'appellerai toutes les créatures à vous louer en reconnaissance des miséricordes que vous m'avez faites».

IIIe POINT: Il fut un précurseur de la dévotion au Sacré-Cœur. - Saint Au­gustin n'a pas connu le symbole du Cœur de Jésus sorti de sa poitrine pour signifier son amour, mais en tout le reste on peut l'appeler un saint du Sacré-Cœur. Nul n'a mieux parlé du côté de Jésus ouvert par la lan­ce pour en laisser échapper le sang et l'eau, symbole des sacrements et de l'Eglise. Il a vu dans les plaies de Jésus un refuge pour notre âme. Les belles invocations de la prière Anima Christi sont tirées de ses épanche­ments d'amour envers le Sauveur: «Eau du côté de Jésus, disait-il, purifiez-moi. - Jésus, cachez-moi dans vos plaies».

Qui a mieux que lui chanté l'amour de Dieu? - «O Dieu! disait-il, est-il possible que l'on sache que vous êtes Dieu et que l'on ne vous aime pas? - O beauté toujours ancienne et toujours nouvelle, trop tard je vous ai connue, trop tard je vous ai aimée! - Vous nous avez fait pour vous, Seigneur, et notre cœur est toujours agité, tant qu'il ne se repose pas en vous».

La règle composée par lui pour son ordre religieux a été justement ap­pelée la règle d'amour. Elle respire le plus pur amour de Dieu et du pro­chain.

Résolutions. - Je dirai avec saint Augustin: «Que vous rendrai-je, ô mon Dieu, pour tous les biens que j'ai reçus de vous? Je prendrai le cali­ce du salut et j'invoquerai le nom du Seigneur». Je prendrai le calice du sacrifice dans l'accomplissement de toutes mes obligations de chaque jour en esprit d'amour, de reconnaissance et de réparation envers le Sacré-Cœur de Jésus.

Colloque avec saint Augustin.

29 Août

Zachee et la réparation

Stans autem Zachaeus dixit ad Domi­num: Ecce dimidium bonorum meorum, Domine, do pauperibus: et si quid ali­quem defraudavi, reddo quadruplum. Ait Jésus ad eum: Quia hodie salus domui huic facta est: eo quod et ipse filius sit Abrahae (S. Luc., 191).

Zachée se présentant devant le Sei­gneur, lui dit: Seigneur, je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres, et si j'ai fait tort à quelqu'un en quoi que ce soit, je lui rendrai quatre fois autant. Jésus lui dit: Cette maison a reçu aujourd'hui. le sa­lut, parce que celui-ci est aussi enfant d'Abraham (S. Luc., 19,1).

1er Prélude. Jésus et l'âme repentante se cherchent l'un l'autre, comme l'enfant pro­digue et son père. L'humilité porte les âmes simples et droites à la réparation.

2e Prélude. Seigneur, convertissez ma pauvre âme. Mettez en mon cœur l'esprit d'humilité et de réparation.

Ier POINT: L'âme pénitente cherche Jésus. - Zachée désirait voir Jésus pour le connaître, «pour connaître, dit saint Jean Chrysostome, celui que son cœur avait deviné; pour voir les traits de celui qu'il considérait en esprit depuis longtemps».

Il sort de sa demeure, il court parmi la foule, il la devance, il brave le respect humain; il monte sur un arbre, sans craindre les railleries; il ver­ra Jésus, il le contemplera à son aise, c'est ce qu'il veut. Il est conduit par la foi; il est simple et humble, il méprise l'opinion humaine, c'est ainsi qu'il faut aller à Jésus.

Il y a dans son cœur de la confiance et un commencement d'amour. Il veut voir pour connaître, et connaître pour aimer, révérer et servir. Quelle simplicité chez un homme du monde, un publicain, un homme d'affaires, un païen! Plusieurs fois Jésus a rencontré chez des païens cet­te foi qu'il regrettait de ne pas voir chez les juifs. N'a-t-il pas des regrets analogues quand il voit notre indifférence, notre froideur et notre ingra­titude? Ne peut-il pas nous reprocher la dureté de notre cœur? Sei­gneur, augmentez ma foi et fortifiez ma volonté.

IIe POINT: Le Cœur de Jésus cherche l'âme pénitente. - Zachée avait dési­ré voir Jésus, mais le désir de Jésus pour voir Zachée et le gagner à la foi n'était pas moins vif.

Il nous le dit lui-même: «Le Fils de l'homme, dit-il, est venu pour chercher et pour sauver ce qui était perdu».

Jésus s'arrêta et jeta les yeux sur le sycomore: «Zachée, dit-il, hâtez­vous, il faut que je loge aujourd'hui dans votre maison». Le regard de Jésus est doux et pénétrant, Zachée est profondément impressionné. - «Hâtez-vous», lui dit Jésus. Le Sauveur est pressé de s'entretenir avec cette âme et de la gagner. «Il faut, dit-il, que je loge chez vous aujourd'hui». Il le faut, c'est un ordre, Jésus le veut, c'est une grâce effi­cace qu'il offre au pauvre publicain. Il le faut, et aujourd'hui même, sans délai et le plus tôt possible. Et ce n'est pas une visite superficielle que Jésus veut lui faire. «Je logerai dans ta maison», lui dit-il, Jésus sé­journera là, et il y mangera, il y dormira. Ils pourront causer longue­ment. Zachée est ravi, il descend joyeux, il se hâte, il accourt à Jésus, il le conduit dans sa maison.

C'est ainsi que Jésus vient dans nos âmes. Il y apporte la joie et la paix. Il écoute ce que notre âme veut bien lui dire, il se communique à elle, il l'enflamme, il l'encourage, il lui communique les plus généreux desseins.

Notre âme doit écouter, correspondre. Elle doit donc être recueillie et attentive aux lumières et aux inspirations de la grâce. Elle se laissera toucher, sans retard, aujourd'hui même. Elle se donnera généreusement et joyeusement. Elle se tiendra prête aux plus généreuses résolutions, aux plus courageux sacrifices.

Pour nous, les visites de Jésus sont fréquentes: il vient dans la prière, dans l'oraison, dans la sainte communion surtout, dans la lecture spiri­tuelle. Soyons toujours attentifs aux appels de Jésus, à ses avances et sol­licitations.

IIIe POINT: La réparation. - Zachée sent qu'il a beaucoup à réparer, mais il est prêt à le faire généreusement et surabondamment. «Je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres» dit-il. Il a été égoïste, inté­ressé; il a recherché avidement les richesses. Mais, quelle belle répara­tion! Tout le scandale passé est effacé et au-delà: il donne la moitié de ses biens. Sa charité fera bénir Jésus qui la lui a inspirée.

«Si j'ai fait tort à quelqu'un, dit-il, je lui donnerai le quadruple». Il y a là un humble aveu, sans doute accompagné de larmes, et un élan de générosité qui marque la ferveur d'un néophyte. Il veut édifier autant qu'il a scandalisé, et plus encore. Rien ne coûte à celui qui aime, il don­nerait tout son avoir, sans y penser, dit le Cantique des cantiques.

Cette générosité de Zachée doit nous faire honte. Nos réparations sont si peu spontanées, si peu ardentes! Notre cœur y a si peu de part!

Si nous n'avons pas de restitutions pécuniaires à faire, comme Za­chée, offrons à Notre-Seigneur les réparations spirituelles et les actes d'amende honorable qu'il attend de nous. C'est plus que de l'argent que nous lui avons ravi, c'est l'honneur qui lui était dû et surtout l'amour qu'il avait droit de recevoir en retour du sien.

Essayons de lui rendre le quadruple en l'aimant beaucoup, en l'ai­mant de tout notre cœur.

Résolutions. - O Jésus, venez en mon âme, faites-en votre maison. Demeurez en moi et inspirez-moi les sentiments avec lesquels je dois vous recevoir. Je voudrais vous faire fête comme Zachée, vous honorer et vous consoler par ma générosité, par la pratique de la réparation pour mes péchés et ceux de mes frères.

Eclairez-moi, aidez-moi.

Colloque avec Jésus invitant Zachee à le recevoir.

30 Août

La première pêche miraculeuse
et la dévotion au Sacré-Cœur

Ut cessavit autem loqui, dixit ad Simo­nem: Duc in altum et laxate retia vestra in capturam. Et respondens Simon dixit illi: Praeceptor, per totam noctem laborantes, nihil cepimus: in verbo autem tuo laxabo rete. Et cum haec fecissent, concluserunt piscium multitudinem copiosam, rumpe­batur auteur rete eorum (S. Luc., 5,4).

Lorsqu'il eut cessé de parler, il dit à Si­mon: Avancez en pleine mer et jetez vos filets pour pêcher. Simon lui répondit: Maître, nous avons travaillé toute la nuit, sans rien prendre; mais sur votre parole, je jetterai encore le filet. L'ayant donc je­té, ils prirent une si grande quantité de poissons que leur filet se rompait (S. Luc, 5,4).

1er Prélude. Allez à la haute mer, à l'océan des grâces, au Cœur de Jésus, et vous fe­rez une pêche miraculeuse.

2e Prélude. Seigneur Jésus, donnez-moi l'esprit de confiance et d'abandon à votre Sacré-Cœur.

Ier POINT: Nécessité d'aller au Cœur de Jésus pour féconder le saint ministère et pour avancer dans la vertu. - Deux fois Notre-Seigneur fit le beau mira­cle de la pêche miraculeuse. Il voulait symboliser les fruits du ministère apostolique, le succès des pêcheurs d'hommes. Il entrevoyait aussi les fruits merveilleux produits par l'apostolat du Sacré-Cœur.

Les apôtres avaient travaillé inutilement toute la nuit. Aujourd'hui aussi, dans un autre sens, le travail des hommes apostoliques est souvent stérile. Ils se tiennent trop près du rivage. Ils n'oublient pas assez la terre et ne la perdent pas assez de vue.

Notre-Seigneur leur dit ce qu'il faut faire: Duc in altum: Allez avec plus de foi et de détachement, allez à la haute mer, à l'océan des grâces, allez au Sacré-Cœur. C'est en lui, c'est dans les profondeurs de son amour que le prédicateur et l'homme d'œuvres trouveront le secret de gagner des âmes. C'est en lui que le religieux trouvera les grâces précieuses de sanctification qui le rendront tous les jours plus cher à Notre-Seigneur.

Aux foules qui se laissent absorber par les choses terrestres, il faut montrer Jésus qu'elles oublient. Il faut faire connaître et faire retentir bien haut toutes les merveilles que son amour a inventées pour sauver les hommes, tous les trésors de son Cœur plein de tendresse. Le Cœur de Jésus nous apporte comme une seconde rédemption.

IIe POINT: Pour prêcher avec fruit l'amour du Sacré-Cœur, il faut d'abord le mettre dans son propre cœur et se vouer à lui. - Pour montrer aux autres les trésors du Sacré-Cœur, il faut les connaître soi-même. Pour cela, il faut en faire l'objet de méditations fréquentes. Il faut se pénétrer d'un ardent amour pour Notre-Seigneur. Celui qui ne l'aime pas ardemment, ne trouvera jamais l'éloquence du cœur propre à gagner les autres à cet amour.

Et puis à l'effet produit par la conviction profonde de l'apôtre s'ajou­tent les fruits de l'ordre surnaturel. Lorsque Notre-Seigneur remplit un cœur voué à son amour, il rayonne à travers ce cœur et répand autour de lui des grâces abondantes. Il se plaît à bénir le ministère de ceux qu'il aime. Que l'on suive donc le conseil divin, que l'on monte vers l'océan des grâces et on y trouvera toutes les bénédictions.

Mais avant de parler aux autres du Sacré-Cœur, il faut d'abord profi­ter pour soi-même des trésors de ce Cœur divin. Qui veut étendre le rè­gne du Sacré-Cœur doit d'abord lui vouer sa vie tout entière. Il faut qu'il devienne l'objet unique des affections, des préoccupations de ceux qui vouent leur vie à le faire connaître, à le faire aimer.

Il y a une première victoire à remporter sur tous nos défauts, avant d'aller au combat contre les défauts des autres. La vertu de l'apôtre pro­duit plus de fruits de grâce que son talent. On comprend qu'une influen­ce surnaturelle est facilement exercée par celui en qui habitent Notre­Seigneur avec le Saint-Esprit.

IIIe POINT: Prendre au sérieux le don de nous-mêmes au Sacré-Cœur. - Notre-Seigneur prend au sérieux nos promesses et nos résolutions, fai­sons de même. Quelles grâces pourrait-il faire couler par un canal obs­trué? Serrons-nous donc autour de lui. Soyons fidèles à l'étudier, à l'ai­mer, à lui prouver notre amour par nos actes. Il veut absolument que nous lui soyons unis, donnons-lui cette satisfaction. Le moyen, c'est de suivre fidèlement et de bon cœur une règle qui rapporte tout à son amour. C'est là qu'il veut que nous jetions le filet, dans la haute mer de son amour et de son Cœur. Il nous promet une pêche miraculeuse, qui consistera dans la victoire sur nos passions et dans le succès de notre apostolat pour lui gagner des âmes.

A saint Pierre il a promis une pêche merveilleuse de poissons et d'âmes. A nous, il a promis, par sa servante Marguerite-Marie, que les pécheurs trouveront dans son Cœur la source et l'océan infini de toutes les miséricordes, que les âmes tièdes vouées à son Cœur deviendront fer­ventes, que les prêtres et les apôtres du Sacré-Cœur auront le talent de

toucher les cœurs les plus endurcis. En faut-il davantage à des âmes de foi pour les déterminer à dire comme saint Pierre: Seigneur, je jetterai le filet comme vous me le dites: In verbo tuo laxabo rete.

Résolutions. - Je veux me renouveler dans l'amour du Cœur de Jésus, pour prendre dans cet amour les secours nécessaires pour moi­-même et pour le bien des âmes que je veux gagner à Notre-Seigneur. Comme moyen pratique, je ferai chacune de mes actions selon mon rè­glement dans l'esprit d'amour et de réparation.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

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