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Mois de Septembre

Le Sacre-Cœur de Jésus dans sa vie publique: institution des sacrements et de l'église.
Les sept douleurs de Marie

Deux méditations pour la retraite du mois

I. Vie d’abandon a Dieu:

Positis genibus orabat dicens: Pater, si vis, transfer calicem istum a me: Verum­tamen non mea voluntas sed tua fiat! (S. Luc., 22,41).

Il priait à genoux, disant: Mon Père, si c'est possible, éloignez de moi ce calice: Cependant, que votre volonté se fasse et non la mienne (S. Luc, 22,41).

1erPrélude. Je vois Notre-Seigneur en prière à Gethsémani, s'abandonnant à la vo­lonté de son Père.

2e Prélude. Seigneur, je vous prie de me faire comprendre et goûter votre sagesse et votre miséricorde, pour que je m'abandonne à vous avec confiance.

Ier POINT: La bonté de Jésus réclame notre confiance et notre abandon. - Qu'est-ce qui nous trouble surtout? ce sont nos péchés. Oh! ayons con­fiance, Jésus est si miséricordieux! Ecoutons les paroles sorties de son Cœur: «Venez tous à moi, vous qui portez le poids de la souffrance et du péché, venez et je vous soulagerai» (S. Mat., 11).

«Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs… Ceux qui se portent bien n'ont pas besoin de médecin, ce sont les malades qui en ont besoin» (S. Luc., 5)… «Je ne veux pas la mort de l'impie, mais qu'il se convertisse et qu'il vive…» (Ezech., 33).

Comme toutes ces paroles sont encourageantes! Jésus ne change pas, il est toujours prêt à pardonner. Allons seulement à lui. Il nous attend au tabernacle, où il est occupé à prier son Père pour nous.

A chaque instant il est offert sur les autels de quelque partie du mon­de. Il est immolé pour nous, il offre son sang, sa passion, sa mort. Ayons confiance! Notre confiance l'honore et le réjouit. Il nous dira comme au paralytique: «Vos péchés vous sont remis, allez en paix» (S. Marc., 2). Je puis entendre cette parole quand je voudrai, au confessionnal. Oh! comme elle est douce à méditer!

IIe POINT: La sagesse de Dieu donne un sens à mes souffrances et à mes épreu­ves. - «Que votre volonté soit faite et non la mienne», Seigneur, parce que vous savez mieux que moi ce qui me convient. Vous avez dit vous­même: «Vivez sans inquiétude, comme les oiseaux joyeux, parce que vo­tre Père céleste connaît vos besoins» (S. Math., 6).

S'il me vient quelque épreuve, je chercherai ma consolation et ma for­ce dans le Cœur de Jésus. Il est le maître des événements, il sait quelle correction m'est utile et quelle croix je puis porter, pour embellir ma couronne.

J'aime cette parole d'Isaïe: «Voici mon Dieu et mon Sauveur, j'agirai avec confiance et je ne craindrai pas» (Is., 12).

Bien des épreuves peuvent m'assaillir. Ce sera tour à tour la pauvre­té, la maladie, l'insuccès, l'humiliation, la tentation. Si Jésus est là, la croix est allégée. «Venez à moi et je vous soulagerai».

Dans mes peines, je regarderai le Cœur de Jésus, les épines qui l'en­tourent, la croix qu'il embrasse dans ses flammes. Comment alors pourrai-je hésiter à porter ma croix avec patience?

Quand saint Pierre voulait fuir la persécution à Rome, la tradition rapporte que Jésus se manifesta à lui dans la scène si connue du Quo va­dis? Et saint Pierre rebroussa chemin pour s'offrir à la croix.

Jésus a souffert pour moi, comme moi et plus que moi, puis-je hésiter à souffrir quelque chose pour sa gloire?

Seigneur, je m'abandonne à votre providence, vous savez ce que je puis et dois souffrir. Vous connaissez ma faiblesse. Je me remets entre vos mains. Une mère ne fait pas souffrir inutilement son fils, vous ne le ferez pas non plus.

IIIe POINT: L'exemple de Marguerite-Marie. - Elle a pratiqué parfaite­ment l'abandon et elle nous l'a souvent recommandé. «Pour honorer sa vie de victime, au Saint-Sacrement, dit-elle, et pour nous conformer vraiment à ses états d'abandon, de sacrifice et d'amour, Notre-Seigneur veut de nous une vie d'abandon, de sacrifice et d'amour».

Et encore: «Je ne doute point que le Sacré-Cœur de Jésus n'ait bien agréable le sacrifice que nous voulons lui faire de nous-mêmes, pour être tout à lui, afin que, selon son désir nous puissions vivre tout en lui-même, d'une vie d'abandon et d'amour» (Lettre 49).

«Notre divin roi, dit-elle encore, veut une vie d'abandon total de nous-mêmes aux soins de son amoureuse conduite».

Lors même que la divine providence nous éprouve, réjouissons-nous, et unissons nos souffrances à ce que le Sacré-Cœur a souffert.

La perfection de la vie d'abandon consiste à faire par amour pour le Cœur de Jésus, en union avec lui et par conformité à la vie d'amour qu'il a au Saint-Sacrement, tous les sacrifices que demande la vie d'abandon et la vie de sacrifice.

C'est là le secret divin pour nous soutenir au milieu des épreuves par­fois si grandes de la vie chrétienne: nous abandonner à la conduite de la providence et souffrir par amour pour Jésus et en union avec lui ce qu'il y aura à souffrir.

Ce sera là ma résolution.

Colloque avec Jésus crucifié: examen sur mes dispositions présentes pour l'abandon à la conduite de la Providence.

II. La Croix

Mesure de nos mérites au jugement

Mihi autem absit gloriari nisi in cruce Domini nostri Jésus Christi, per quem mihi mundus crucifixus est et ego mundo (Ad Gal., VI, 14).

Je me garderai bien de me glorifier au­trement que dans la croix de Notre­Seigneur Jésus-Christ, par lequel je suis mort au monde et le monde est mort pour moi (Aux Gal., VI,14).

1er Prélude. Se représenter le jugement dernier, où les anges présenteront la croix et les instruments de la Passion, comme les instruments de notre salut et la mesure de nos mérites.

2e Prélude. O Jésus, donnez-moi la grâce d'aimer votre croix et de la porter avec vous!

Ier POINT: Jésus a aimé la croix. - Nous faisons en septembre la fête de l'exalation de la sainte croix. Jésus a voulu que sa croix fût glorifiée par des miracles au temps de l'empereur Heraclius. C'est qu'il l'aime cette croix; à cause de nous, elle est devenue le véritable arbre de vie. Il en avait montré le symbole au désert, dans le serpent d'airain, et la vue de ce signe mystérieux rendait la santé et la vie aux enfants du peuple de Dieu.

Comment Jésus n'aurait-il pas désiré tous les jours de sa vie de voir venir le jour de la croix, le jour du salut de son peuple? Il l'a dit plusieurs fois: «J'ai désiré manger cette pâque avec vous» (Luc. XXII,15). «J'at­tends un baptême de sang, et j'ai hâte qu'il vienne» (Luc., XII,50).

Saint Paul nous dit que Jésus a porté la croix avec joie (Héb., XII). Est-ce étonnant? La croix réparait les outrages faits à son Père, la croix nous sauvait, nous rachetait, nous ouvrait le ciel.

Mais la croix, pour Jésus, c'était toute sa vie, depuis son incarnation jusqu'au calvaire.

Les humiliations, la pauvreté, les mépris, c'était déjà la croix. On peut dire que lui-même leur donnait ce nom. Quand il a dit: «Si quelqu'un veut être mon disciple qu'il porte sa croix et qu'il me suive» (Mat., XVI,24), il ne veut pas dire que nous devons tous mourir sur un gibet, mais il veut dire que nous devons souffrir de bon cœur chaque jour les épreuves de la vie et y ajouter nos mortifications volontaires.

O croix bénie, mon unique espérance, avec Jésus je vous salue, je vous embrasse comme le plus précieux trésor que je puisse posséder dans ce pauvre monde!

IIe POINT: Jésus nous propose la croix. - Ce n'est pas une fois, mais plu­sieurs fois, que Jésus nous a proposé la croix comme l'instrument du salut et de la perfection. C'est le fond de son enseignement comme de sa vie.

«Celui qui prétend me suivre sans prendre la croix, dit-il, n'est pas di­gne de moi» (Mat., X,38).

«Si quelqu'un veut marcher à ma suite, qu'il renonce à soi-même, qu'il prenne sa croix et qu'il vienne» (Mat., XVI, 24).

Le bon maître a voulu que saint Marc et saint Luc nous répétassent les mêmes directions. Saint Luc est même plus précis, il ajoute qu'il faut porter la croix tous les jours (IX,23). Il s'agit donc bien des sacrifices quotidiens.

Porter la croix, c'est l'essence de la vie chrétienne. Le chrétien est marqué de la croix au baptême. Il y reçoit l'aptitude à la porter. Il la portera, dit le Sauveur, ou bien il ne sera pas digne du nom de chrétien, il ne sera pas un vrai disciple du Christ.

Redisons-le, il s'agit de la croix quotidienne du devoir accompli, de la lutte contre les passions, de la mortification prescrite ou volontaire, du support des croix de Providence.

Il n'y a pas à se faire d'illusion. La vie chrétienne a ses récréations honnêtes, elle a des joies spirituelles souvent très douces; mais dans l'en­semble, elle n'est pas une vie de jouissances, une vie sensuelle, elle est une vie de pénitence et de lutte.

IIIe POINT: La croix nous sera présentée au jugement comme la mesure de nos mérites. - Cela ressort déjà de tout l'enseignement évangélique: celui qui ne porte pas sa croix n'est pas digne du Christ. Tout le jugement portera sur ce point-là: «Avez-vous porté la croix?». L'apocalypse le rappelle à plusieurs reprises: «Ceux-là seront épar­gnés par les anges vengeurs, qui porteront le signe du Dieu vivant» (Chap. VII et 9). Tel doit être l'objet de notre examen. Toute notre vie est-elle marquée du signe de la croix? Tout ce qui ne porte pas ce signe mérite le feu ven­geur. Toutes nos pensées, paroles et actions ont-elles bien été empreintes journellement du signe de la croix? Avons-nous bien l'esprit de la croix? Portons-nous notre croix ou la laissons-nous tomber pour courir vers les jouissances terrestres?

Résolutions. - Comme cet examen est troublant! Comme la croix a eu peu de part dans ma vie! J'y veux réfléchir. Je veux peser chacun des ac­tes de ma journée au poids de la croix. Jésus nous présente sa croix dans les flammes de son Cœur pour nous montrer combien il l'aime.

Colloque avec Jésus en croix.

1er Septembre

Le baptême de Saint-Jean-Baptiste

Et testimonium perhibuit Joannes, di­cens: Quia vidi spiritum descendentem quasi columbam de coelo et mansit super eum; et ego nesciebam eum: sed qui misit me baptizare in aqua, ille mihi dixit: Su­per quem videris spiritum descendentem, et manentem super eum, hic est qui bapti­zat in Spiritu Sancto (S. Jean, 1,32).

Jean rendit témoignage en disant: J'ai vu l'Esprit-Saint descendant du ciel com­me une colombe et se reposant sur lui; et je ne le connaissais pas; mais celui qui m'a envoyé pour baptiser dans l'eau m'avait dit: Celui sur qui tu verras l'Esprit-Saint descendre et s'arrêter, c'est celui qui baptise dans l'Esprit-Saint (S. Jean, 1,32).

1er Prélude. Saint Jean-Baptiste donne le baptême de pénitence, le baptême symboli­que, et il annonce l'institution prochaine du baptême spirituel.

2e Prélude. Seigneur, tous les sacrements sont les dons de votre Cœur. Renouvelez en moi les grâces du baptême.

Ier POINT: Le baptême de Jean-Baptiste. - Le baptême de Jean n'était qu'un rite préparatoire à l'avènement du Messie et au baptême chré­tien. C'était l'ange de la pénitence qui était venu disposer les âmes de bonne volonté à la rémission des péchés.

Les pharisiens lui envoient des messagers: «Qui es-tu? Es-tu Elie, es­tu un prophète?». - Non, répond Jean-Baptiste je ne suis qu'une voix, la voix annoncée par Isaïe, qui crie dans le désert: «Préparez le chemin du Seigneur; comblez les vallées, en relevant les consciences humiliées et abattues; abaissez les montagnes en abaissant les cœurs superbes; re­dressez les voies tortueuses en surmontant vos passions et vos habitudes mauvaises» (Is. 40).

«Mais si tu n'es ni le Christ, ni Elie, demandent les messagers, pour­quoi baptises-tu?» - «Moi, répondit Jean, je baptise dans l'eau, mais il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas! Il vient après moi et il a été mis au-dessus de moi parce qu'il était avant moi. Je ne suis pas digne de porter ses sandales, celui-là vous baptisera dans l'Esprit-­Saint et dans le feu» (S. Mat., 3,11).

Le baptême du Christ donnera l'Esprit-Saint et préparera la confir­mation qui sera accompagnée la première fois du miracle symbolique des langues de feu.

IIe POINT: Le baptême dé Jésus. - «Alors Jésus, quittant la ville de Na­zareth, en Galilée, vint au Jourdain vers Jean, pour recevoir son baptê­me» (S. Luc., 3,21).

Jean s'y refusait en disant: «Mais c'est moi qui ai besoin d'être baptisé par vous, et c'est vous qui venez à moi!» - «Souffre-le pour l'heure pré­sente, lui répondit Jésus, c'est ainsi qu'il convient que nous accomplis­sions toute justice». - De même qu'il avait été bon que Jésus, pour don­ner l'exemple du parfait accomplissement de la loi, se soumît à la Cir­concision, à la Présentation et au rachat au Temple, ainsi convenait-il que le Sauveur inaugurât sa mission publique de caution et de victime des pécheurs, hormis le péché.

Alors saint Jean n'hésita plus, et Jésus fut baptisé par lui dans le Jour­dain.

Dès qu'il fût baptisé, Jésus sortit du fleuve. Et tandis que la foule se faisait baptiser et que Jésus priait sur la rive, soudain les cieux s'ouvrient, et l'Esprit-Saint descendit visiblement, sous la figure d'une co­lombe, et se reposa sur lui.

En même temps, une voix du ciel fit entendre cette parole:

«Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complai­sances».

Voilà l'image de notre baptême, Jésus en a voulu préparer les rites. Il à été plongé dans le Jourdain, comme pour sanctifier l'eau symbolique de la purification. Il a prié, le Saint-Esprit est venu, puis le témoignage de sa filiation divine.

Ainsi arrive-t-il dans notre baptême. L'ablution extérieure est accom­pagnée de prières, le Saint-Esprit vient en nos âmes pour y demeurer, et Dieu nous adopte pour ses enfants, sans toutefois le manifester par un autre miracle que par le changement des moeurs et par les vertus infuses qu'il met en nos âmes.

Tel est le grand don que Notre-Seigneur nous préparait au Jourdain, dans la scène si grandiose et si émouvante de son baptême.

Nous sommes purifiés en ce sacrement du péché et de la peine qui lui est due, nous sommes faits enfants de Dieu et de l'Eglise, et nous rece­vons un droit à l'héritage du ciel, à la condition d'être fidèles aux enga­gements de notre baptême.

IIIe POINT: Le témoignage de la sainte Trinité, et le don du Sacré-Cœur. - Ici, la Trinité se montre, comme pour donner l'investiture officielle au Rédempteur du monde, et aussi peour consacrer notre baptême, qui naît de celui de Jésus-Christ. Le baptême apparaît, dès sa préparation, comme un don de la sainte Trinité pour notre salut et notre sanctifica­tion.

Mais ce que nous aimons à noter, c'est que le baptême est particulièrement un don du Cœur de Jésus.

Le divin Cœur ouvert et transpercé par la lance au Calvaire, donna du sang et de l'eau. Ces deux éléments, disent les saints Pères, symboli­saient les sacrements, et particulièrement le baptême et l'Eucharistie. Dieu voulait nous montrer par là qu'il tirait l'église ou la nouvelle Eve du côté du nouvel Adam, endormi sur la croix.

Le baptême est sorti du Cœur de Jésus comme toutes les grâces, dont il est la condition et le préliminaire; car c'est le baptême qui nous donne droit aux grâces quotidiennes dont nous avons besoin et qui nous rend aptes à recevoir les autres sacrements destinés à sanctifier toute notre vie et notre mort elle-même.

Résolutions. - N'ai-je pas perdu une grande partie des fruits précieux de mon baptême? Le Saint-Esprit est venu en moi et y a demeuré, qu'ai­je fait pour profiter de sa sainte présence? Il est en moi pour faire de moi un saint. Il a pris possession de mon âme pour la conduire, pour l'éclai­rer, pour la guider en tout. Qu'ai-je fait de ses lumières et de ses con­seils? Ne les ai-je pas ordinairement dédaignés? Pardon, mon Dieu. Par­don, Esprit sanctificateur. Je me remets sous votre conduite. Je me pro­pose de recevoir votre direction au commencement de chacune de mes actions.

Colloque avec le Saint-Esprit vivant en nous.

2 Septembre

Institution du baptême
et rénovation des grâces du baptême

Amen dico vobis, nisi quis renatus fue­rit ex aqua et Spiritu Sancto, non potest introire in regnum Dei. Quod natura est ex carne, caro est; et quod natura est ex Spiritu, spiritus est. Spiritus ubi vult spi­rat, et vocem ejus audis: sed nescis unde veniat, aut quo vadat: sic est omnis qui natus est ex spiritu (S. Joan., 3,5).

Je vous le dis, si quelqu'un ne renaît pas de l'eau et du Saint-Esprit, il ne peut pas entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair, est chair; et ce qui est né de l'Esprit, est esprit. L'Esprit souffle où il veut, et vous entendez sa voix: mais vous ne savez ni d'où il vient, ni où il va; ainsi en est-il de celui qui est né de l'esprit (S. Jean, 3,5).

1er Prélude. C'est à Nicodème que Notre-Seigneur explique les effets du baptême et la vie surnaturelle qu'il nous apporte.

2e Prélude. Seigneur, ravivez en moi toutes les grâces du saint baptême.

Ier POINT: L'institution du sacrement de baptême. - C'est après sa résur­rection que Notre-Seigneur donne à ses apôtres la mission définitive de fonder l'église et d'y faire entrer tous les hommes par le sacrement de baptême: «Allez, leur dit-il, prêchez enseignez toutes les nations et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit» (S. Mat., 28,19).

Mais il avait décrit déjà les effets du baptême à plusieurs reprises et particulièrement dans sa conversation avec Nicodème. - «En vérité, je te le dis, lui avait dit Jésus, à moins de renaître de l'eau et de l'Esprit­Saint, nul ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne sois donc point surpris de ce que je t'ai dit: il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut. Tu entends sa voix, mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Ainsi en est-il de tout homme qui est né de l'Esprit» (S. Jean, 3,1).

Notre-Seigneur établit bien la distinction entre la vie naturelle et la vie surnaturelle. Il nous décrit le règne de Dieu dans notre âme: une vie nouvelle et l'action mystérieure du Saint-Esprit. L'esprit de Dieu souffle où il veut; il inspire l'âme, il l'élève au-dessus d'elle-même au moment qu'il a choisi. Son action ne dépend que de lui. S'il est là, on le sent, on entend sa voix et c'est la vie; s'il s'éloigne, c'est langueur et silence.

IIe POINT: Rénovation du baptême. - Avec sainte Gertrude, j'aime à renouveler en esprit mon baptême avec toutes ses circonstances. Profession de foi: Seigneur Dieu, mon créateur et mon rédempteur, qui m'avez racheté au prix du sang de votre Fils unique et qui m'avez rege­nere par la puissance de votre Esprit, faites-moi croire fidèlement en vous, d'une foi vive et agissante donnez-moi de m'attacher à vous et de persévérer en vous jusqu'à la fin.

Salut à mon bon ange: Salut, ô saint ange de Dieu, gardien de mon âme et de mon corps. Par le très doux Cœur de Jésus, Fils de Dieu, recevez­moi en la garde de votre fidèle fraternité, pour l'amour de celui qui vous a créé ainsi que moi, et qui, au jour de mon baptême, m'a placé sous vo­tre garde.

Le sel de la sagesse: Donnez-moi dans votre bonté, ô très doux Jésus, le sel de la sagesse et l'esprit d'intelligence, pour la vie éternelle. - Faites­moi goûter la douceur de votre esprit; que j'aie faim de votre volonté, que je connaisse votre bon plaisir, afin que mon service soit toujours agréé par vous.

Le signe de la croix: O Jésus, plein d'amour, placez le signe de votre sainte croix sur mon front et dans ma main droite, afin que, toujours ar­mé de ce signe, et entouré de votre protection, je m'avance contre toutes les embûches de l'ennemi. - Que la toute-puissance de Dieu le Père me bénisse! Que la très bénigne charité du Saint-Esprit me bénisse et me garde pour la vie éternelle! Amen.

L'onction de l'huile sainte: Faites-moi porter sans cesse sur mes épaules, ô Jésus, par amour pour votre amour, le joug si doux et le fardeau si le­ger de vos commandements, et conserver avec amour sur ma poitrine le mystère de votre croix comme un bouquet de myrrhe.

Le baptême: O Jésus, fontaine de vie, faites-moi boire de cette eau vive qui jaillit de vous, afin que, vous ayant goûté, je n'aie soif que de vous durant toute l'éternité. Submergez-moi tout entier dans les profondeurs de votre miséricorde. Baptisez-moi dans la sainteté de votre précieuse mort. Renouvelez-moi dans votre sang, par lequel vous m'avez racheté. Lavez, dans l'eau qui sortit de votre très saint côté, toutes les taches dont j'ai souillé mon innocence baptismale; remplissez-moi de votre esprit, et possédez-moi tout entier dans la pureté de l'âme et du corps.

IIIe POINT: Les cérémonies complémentaires. - L'onction du Saint-Chrême: Père saint, vous qui, par votre Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ, m'avez régénéré dans l'eau et le Saint-Esprit, accordez-moi aujourd'hui la pleine rémission de tous mes péchés, et daignez me marquer du chrê­me de votre esprit pour la vie éternelle. Que votre paix soit avec moi pour toujours!

En souvenir de la robe blanche: O Jésus, soleil de justice, revêtez-moi de vous-même, afin que je puisse vivre selon vous. Faites-moi désormais conserver dans sa blancheur et dans sa sainteté immaculée la robe de l'innocence baptismale, afin que je la puisse présenter sans tache à votre tribunal, et que j'en sois revêtu aux noces éternelles.

Pour le cierge: O Jésus, lumière qui ne s'éteint jamais, allumez en moi pour toujours la lampe ardente de votre charité, et enseignez-moi à gar­der mon baptême sans encourir aucun reproche, afin que je puisse paraître avec assurance, lorsque je serai appelé pour vos noces divines, et que je mérite d'entrer dans les délices de l'éternelle vie, de vous voir, ô lumière véritable, et de contempler les charmes de votre face divine.

Prière et Résolutions. - Conservez dans le sanctuaire de votre Cœur si rempli de bonté, ô mon très doux Jésus, la pureté de mon innocence baptismale, et l'engagement de ma foi, afin qu'ils soient protégés sous votre garde fidèle, et que je puisse vous les représenter dans leur intégri­té à l'heure de ma mort.

- Imprimez sur mon cœur et sur mon bras le sceau de votre Cœur, afin que je vive selon votre bon plaisir, et qu'après cet exil, j'arrive à vous sans obstacle et comblé d'allégresse. Amen.

Colloque avec le Cœur miséricordieux de Jésus.

3 Septembre

La penitence

Préparation: pardon des pêchés et paraboles

Surgam et ibo ad patrem meum et di­cam ei: Pater, peccavi in coelum et coram te: jam non sum dignus vocari filius tuus, fac me sicut unum de mercenariis tuis. Et surgens venit ad patrem suum. Cum au­tem adhuc longe esset, vidit illum pater ipsius, et misericordia motus est, et occur­rens cecidit super collum ejus et osculatus est eum (S. Luc, 15,18).

Je me lèverai et j'irai à mon père et je lui dirai: Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre vous! Je ne suis plus digne d'être appelé votre fils. Recevez-moi comme l'un de vos mercenaires. - Il se leva et retourna vers son père; mais com­me il était encore loin, son père le vit et, touché de compassion, il accourut, se jeta à son cou et le couvrit de baisers (S. Luc, 15,18).

1er Prélude. C'est ici le sacrement de la miséricorde, que Jésus prépare en s'abandon­nant aux émotions de son Cœur, dans ses paraboles, ses miracles et son dévouement aux pécheurs.

2e Prélude. O Jésus, vous avez devant vous un pécheur, c'est un enfant prodigue, pé­nitent et confiant, pardonnez-lui.

Ier POINT: Prédication de la pénitence. - Le règne de Dieu sur la terre se réalise par la pénitence et le pardon des péchés. - «Faites pénitence, prêchait Jean-Baptiste, parce que le royaume des cieux est proche». - Isaïe avait dit: «Préparez le chemin du Seigneur, redressez devant lui les sentiers; comblez les vallées, abaissez les montagnes, aplanissez les voies; alors tout homme verra le salut qui vient de Dieu». - Tout le pays de Judée, tous les habitants de Jérusalem et toutes les contrées voi­sines du Jourdain, venaient à Jean-Baptiste, confessant leurs péchés, et il les baptisait dans le fleuve.

Cette prédication et ce baptême préparaient et figuraient le règne de la miséricorde, le temps où les péchés seraient remis facilement, soit par le baptême, soit par la pénitence.

Le Sauveur ne venait pas nous offrir un seul moyen de salut, le baptê­me, lui qui disait à saint Pierre qu'il faudrait pardonner soixante-dix­sept fois sept fois. Lui aussi, après saint Jean-Baptiste, prêche la péniten­ce: «Les temps sont accomplis, disait-il, le royaume de Dieu arrive! Fai­tes pénitence et croyez à l'Evangile» (Marc, 1, 14). La pénitence et la foi ne sont pas seulement la condition pour entrer dans l'Eglise, mais aussi pour y vivre et y persévérer dans les voies du salut.

Jésus dit aux disciples d'Emmaüs: «Il fallait que le Christ souffrît et ressuscitât, et que la pénitence fût prêchée partout en son nom pour la rémission des péchés» (S. Luc, 24,46).

Le règne du Christ sur la terre est le règne de la pénitence: pénitence pour la première conversion, pénitence pour toute rémission des péchés.

IIe POINT: Conversions et miracles. - Notre-Seigneur remet lui-même souvent les péchés, avant d'en donner le pouvoir à ses apôtres. Son Cœur est infiniment miséricordieux. Comment ne pardonnerait-il pas au repentir? Ce sera un besoin de son Cœur de nous laisser ce sacrement du pardon.

Madeleine repentante aux pieds de Jésus et Jésus pardonnant à Ma­deleine représentent bien le sacrement de pénitence: «Beaucoup de pé­chés lui sont remis, dit le Sauveur, parce qu'elle a beaucoup aimé», par­ce qu'elle a beaucoup pleuré, en élevant son repentir à la perfection de la charité.

La femme adultère est confuse et repentante aussi, Notre-Seigneur lui dit: «Je ne te condamne pas, va et ne pèche plus».

Zachée a un profond regret de toutes ses exactions et de son avarice: «Je donnerai, dit-il, la moitié de mon bien aux pauvres; et à ceux que j'ai trompés, je rendrai le quadruple». Jésus lui pardonne: «Aujourd'hui, dit-il, cette maison a reçu la grâce du salut».

Le plus touchant exemple du pardon est celui accordé par Notre­Seigneur à saint Pierre. L'apôtre a renié son bon Maître, dans les cir­constances les plus pénibles pour Jésus. Le Sauveur lui jette en passant un regard de doux reproche et de miséricorde, l'apôtre pleure, Jésus lui pardonne et se prépare à lui rendre tous ses privilèges.

Le bon larron fait un acte de contrition sur sa croix: «Nous, dit-il, nous sommes frappés justement, mais ce juste? …». Jésus lui dit: «Au­jourd'hui tu seras avec moi dans le paradis».

Le paralytique symbolisait le pécheur qui ne sait plus agir surnaturel­lement. Jésus le guérit, lui pardonne et lui dit: «Va et ne pèche plus». Le lépreux aussi symbolise le pécheur. Jésus le guérit et lui dit: «Va, montre-toi au prêtre». Ainsi en est-il dans la confession, le pécheur se montre au prêtre et Jésus le guérit.

Lazare est mort, c'est le symbole du péché mortel. Jésus le guérit mais il dit aux apôtres: «Déliez-le de tous les liens de la mort». Ainsi fait le prêtre en confession.

IIIe POINT: L'enfant prodigue. Le don du Sacré-Cœur. - Dans toute cette préparation du sacrement de pénitence, ce qu'il y a de plus saillant, c'est la parabole de l'enfant prodigue. Le Sauveur a donné à cette parabole une importance particulère. Il a voulu qu'elle vous fût rapportée tout enve­loppée d'un charme littéraire et dramatique. C'est une des plus belles pages de l'Evangile. Jésus y décrit le péché, avec toutes ses circonstan­ces, aggravantes ou atténuantes. Le pécheur est ingrat et dur, il quitte son père et le fait souffrir; il va, il gaspille tout son avoir temporel et mo­ral; il tombe dans le désordre le plus complet et l'humiliation la plus pro­fonde. - Mais il était jeune, ses passions étaient vives. - Il se repent progressivement. Il regrette d'abord les douceurs de la maison paternel­le, puis son repentir se purifie et s'élève; il regrette d'avoir fait de la pei­ne à son père. - Il se lève, il va, il confesse son péché, il s'humilie, il pleure. - Son père l'attendait, il est miséricordieux, il est bon, il le reçoit dans ses bras et sur son cœur. Il lui rend sa place au foyer paternel et le comble de ses faveurs. - O touchant spectacle de la réconciliation du pécheur!

Ce sacrement est comme le baptême un don du Cœur de Jésus. Le père reçoit l'enfant prodigue sur son cœur.

Le sacrement de pénitence est sorti du Cœur de Jésus avec l'eau mer­veilleuse qui symbolisait tous les sacrements de purification et de par­don.

Résolutions. - Merci, ô mon bon Maître! c'est le cri de mon cœur. Merci, pour ce don de votre Cœur! Que serais-je devenu sans le sacre­ment de pénitence? Je veux le mieux recevoir, m'y préparer plus digne­ment et mieux vous remercier de la sainte absolution. Je m'inspirerai de la parabole de l'enfant prodigue.

Colloque avec Jésus pardonnant à Madeleine.

4 Septembre

Institution du sacrement de pénitence

Venit Jésus et stetit in medio et dixit eis: Pax vobis. Et cum hoc dixisset, osten­dit eis manus et latus. Gavisi sunt ergo di­scipuli viso Domino. Dixit ergo eis ite­rum: Pax vobis. Sicut misit me vivens Pa­ter, et ego mitto vos. Haec cura dixisset, insufflavit: et dixit eis: Accipite spiritum sanctum: quorum remiseritis peccata, re­mittuntur eis: et quorum retinueritis, re­tenta surit (S. Joan., 20,19).

Jésus vint, se plaça au milieu d'eux et leur dit: La paix soit avec vous. Et ce di­sant, il leur montrait ses mains et son cô­té. Les apôtres exultaient de joie. Il leur dit à nouveau: La paix soit avec vous. Comme mon Père vivant au ciel m'a en­voyé, je vous envoie. Et ce disant il souffla sur eux et ajouta: Recevez le Saint-Esprit: les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et retenus à ceux à qui vous les retiendrez (S. Jean, 20,19).

1er Prélude. Jésus montra aux apôtres les sources des sacrments, ses plaies et son côté, puis il promulgua le sacrement de pénitence.

2e Prélude. Seigneur, donnez-moi la grâce de bien profiter de ce don de votre divin Cœur.

Ier POINT: Institution du Sacrement. - Jésus vint, les apôtres étaient réunis. Ils étaient remplis de joie en le voyant, mais plusieurs gardaient quelque doute. Il leur dit: «La paix soit avec vous! Ne vous troublez pas, c'est bien moi, voyez mes mains, mes pieds, transpercés, mon côté ou­vert; pour vous montrer que je ne suis pas un fantôme, je vais manger avec vous».

Ils lui offrirent du pain avec du poisson grillé et du miel. Il en mangea et il reprit: «La paix soit avec vous! Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie», c'est à dire pour la même fin qui est le salut des hommes, avec une autorité surnaturelle pour le gouvernement de l'Eglise, et dans les mêmes conditions de vie: la pratique de la vertu, la prédication, la pénitence, le sacrifice et au besoin le martyre; enfin avec la même perspective de la récompense éternelle.

Puis Jésus leur parla du Règne de Dieu, c'est-à-dire de l'Eglise et des sacrements, et il se mit à leur conférer le pouvoir précis de remettre les péchés.

Il souffla sur eux, pour indiquer la mission visible du Saint-Esprit; et il leur dit: «Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez». C'était leur donner le droit de connaître les péchés, d'en apprécier la gravité, de juger des dispositions des âmes, et de pardonner.

Les apôtres venaient de palper le côté de Jésus, ils palpaient et tou­chaient du doigt maintenant son Cœur moral, sa bonté, sa miséricorde.

IIe POINT: Le pouvoir des clés et la parabole du pardon des injures. - Notre­Seigneur avait déjà donné à saint Pierre le suprême pouvoir de lier et de délier. C'était la récompense de sa foi admirable: «Tu es Pierre, lui avait-il dit, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et je te donnerai les clés du Royaume des cieux, et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel». C'était lui confier à la fois la suprême autorité du législateur et la suprê­me juridiction du tribunal de miséricorde (S. Mat., 16).

Plus tard Notre-Seigneur indique à ses apôtres que ce pouvoir passera de saint Pierre à eux tous: «Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lie­rez sur la terre sera lié aussi dans le ciel; et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié aussi dans le ciel». Pierre demeure le canal unique et sacré, par où descend du ciel et se multiplie dans l'Eglise, le pouvoir de lier et de délier.

En promettant ainsi le pardon aux pécheurs, Notre-Seigneur est tout ému de miséricorde, il ratifie déjà en son Cœur les millions et millions d'absolutions que ses ministres prononceront dans le cours des siècles. De quoi pourrait-il entretenir ses apôtres en ce moment, si ce n'est du pardon des injures? Son Cœur déborde de cet esprit de pardon, il en est rempli comme d'un abîme. Il parle sur ce thème, écoutons-le.

«Seigneur, dit Pierre en s'approchant de Jésus, si mon frère pèche contre moi, combien de fois lui pardonnerai-je? Sera-ce jusqu'à sept fois! (Saint Pierre croyait être bien généreux). -je ne dis pas jusqu'à sept fois, lui re­partit Jésus, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois» (C'est-à-dire à l'infini). - Puis le bon Maître expose la parabole delà remise des dettes: «Un roi voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. On lui en présenta un qui lui devait dix mille talents (plusieurs millions de francs). Cet homme n'ayant pas de quoi rendre, le roi ordonna qu'on le vendît, lui, sa femme, ses enfants et tout ce qu'il avait pour payer ses dettes. Le malheureux de­manda grâce, le roi en eut pitié, il le renvoya libre et lui remit sa dette.

«Mais voilà que celui-ci se montre intraitable ensuite envers un ami qui lui devait une petite somme de cent deniers. Le roi le fit appelet et lui dit: «Méchant serviteur, sur ta prière, je t'ai remis toute ta dette, ne devrais-tu pas être indulgent aussi pour ton compagnon?». Et il le con­damna.

O Jésus, je vous dois dix mille talents et plus, remettez-moi cette det­te, parce que vous êtes un bon Maître.

IIIe POINT: Le ministère de la réconciliation. - Saint Paul a bien qualifié le ministère apostolique et sacerdotal, c'est le ministère de la réconciliation. Le Christ, dit-il en substance, a réconcilié le monde avec son Père par le sacrifice de sa vie, mais pour appliquer les fruits de ce sacrifice, il nous a confié la parole de réconciliation. Et cette parole, les apôtres et les prêtres la prononcent, soit en prêchant le Christ et la pénitence, soit en admi­nistrant les sacrements, et particulièrement le baptême et la pénitence. Ecoutons le grand apôtre: «Du moment qu'on appartient à Jésus­-Christ, on devient une nouvelle créature: le passé n'existe plus; tout est renouvelé. Or, tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui-même par le Christ et c'est à nous qu'il a confié le ministère de la réconcilia­tion. Oui, c'est Dieu qui a réconcilié les hommes avec lui en Jésus­-Christ, ne leur imputant point leurs péchés, et c'est en nous qu'il a mis la parole de la réconciliation. Nous remplissons donc les fonctions d'ambas­sadeurs pour le Christ, comme si Dieu même vous exhortait par notre bouche. Oh! nous vous en conjurons, au nom du Christ, réconciliez­-vous avec Dieu! Pour l'amour de nous, il a fait péché (ou victime du pé­ché) celui qui ne connaissait pas le péché, afin que nous devinssions la justice (ou les justifiés) de Dieu» (2, Cor., 5,17).

Résolutions. - Seigneur, exercez votre miséricorde sur ma pauvre âme. Je viens comme l'enfant prodigue confesser mes péchés. Avec Da­vid, je crie miséricorde. Mes péchés sont toujours devant mes yeux. Pardonnez-moi, purifiez-moi. Miserere mei, Deus.

Colloque avec le Sauveur montrant ses plaies à ses apôtres.

5 Septembre

Le sacrement de confirmation

Cum autem audissent apostoli, qui erant Jerosolymis, quod recepisset Sama­ria verbum Dei, miserunt ad eos Petrum et Joannem, qui cum venissent, orave­runt pro ipsis ut acciperent Spiritum Sanctum; nondum enim in quemqum il­lorum venerat, sed baptizati tantum erant in nomine Domini Jesu. Tunc impone­bant manus super illos et accipiebant Spi­ritum Sanctum (Act., 8,14).

Les apôtres qui étaient à Jérusalem ayant entendu que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, envoyèrent Pierre et Jean qui vinrent là et prièrent pour que les néophytes reçussent le Saint-Esprit: aucun d'eux ne l'avait encore reçu, ils étaient seulement baptisés au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Alors ils leur imposaient les mains et ils recevaient le Saint-Esprit (Act., 8,14).

1er Prélude. La confirmation est le complément du baptême. Après nous avoir puri­fiés, le bon maître nous met sous la conduite du Saint-Esprit.

2e Prélude. Seigneur, renouvelez en moi cette grande grâce dont j'ai si peu profité jusqu'à présent.

Ier POINT: Institution du sacrement de confirmation. - Nous voyons ce sa­crement appliqué dans le texte des actes que nous venons de lire. Il a été institué par le Sauveur dans la nuit de la Cène, dit le pape Fabien, (Gard. Vivés), et selon d'autres, après la résurrection, quand le Christ dit aux apôtres: Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie, recevez le Saint-Esprit (S. Jean, 20,21).

Il se donne par l'imposition des mains et l'onction du Saint-Chrême. Nous voyons en Samarie les bienheureux apôtres Pierre et Jean impo­ser les mains aux confirmés. Et il y a au moins une allusion à l'onction du Saint-Chrême dans la seconde épître de saint Paul aux Corinthiens: Dieu nous confirme dans notre ministère auprès de vous, comme il nous a oints de son esprit et marqués de sa grâce en mettant en nos cœurs les arrhes de son esprit.

Mais la tradition est plus claire: «Les baptisés, dit saint Cyprien, doi­vent être présentés aux évêques qui prieront pour eux, leur imposeront les mains et les marqueront du signe du Seigneur» (Ep. 73).

«L'onction spirituelle est le Saint-Esprit lui-même, dit saint Augustin, mais son sacrement est l'onction visible» (in Cap. 1, Joan).

«Le corps reçoit l'onction, dit Tertullien pour que l'âme soit consa­crée; le corps reçoit le signe de la croix pour que l'âme soit fortifiée; le corps reçoit l'imposition des mains pour que l'âme soit éclairée par le Saint-Esprit» (De resurr. Carnis, Cap. 8).

IIe POINT: Les rites et les fruits de la confirmation. - L'imposition des mains marque bien la descente du Saint-Esprit qui vient féconder l'âme et la prendre sous sa conduite.

Le Saint-Chrême est composé d'huile et de baume; il est béni par un évêque.

«Ce sont là, dit saint Thomas, les symboles les plus expressifs. L'oli­vier toujours vert et son huile si douce marquent la force et la douceur du Saint-Esprit» (p. 3, p. 72).

«C'est ainsi, dit saint Cyprien, que l'huile marquait l'onction spiri­tuelle dans le sacre des rois d'Israël et dans la consécration des prêtres et des autels» (Serm. de Unct).

Le baume symbolise par ses parfums les vertus et les dons du Saint­Esprit. Mais le mélange d'huile et de baume ne reçoit que de la bénédic­tion épiscopale sa qualité de Saint-Chrême, qui en fait la matière du sa­crement.

Saint Thomas explique bien la forme du sacrement. Les latins disent: Je te marque du signe de la croix et te confirme du Chrême du salut, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit; les grecs plus brièvement: Ceci est le signe du don du Saint-Esprit.

Dans les deux formules, on exprime le signe, la chose signifiée et le nom de Dieu ou du Saint-Esprit, qui est l'auteur de la grâce (3 p. q. 72). L'effet de la confirmation est de nous donner la force spirituelle pour combattre les ennemis du salut. elle fait de nous des athlètes du Sei­gneur.

C'est une grâce complémentaire. Le baptême remet les péchés et don­ne à l'âme la première grâce sanctifiante, la confirmation accroît cette grâce. Et comme elle nous donne une force qui sera toujours nécessaire, elle imprime en nos âmes un caractère qui postule toujours cette grâce devant Dieu.

Le Saint-Esprit vient avec toutes ses richesses. Il apporte ses dons qui viennent ennoblir et sanctifier toutes nos facultés. Notre esprit est inon­dé de lumières par les dons d'intelligence, de science et de conseil; notre cœur est incliné vers Dieu par la sagesse et la piété; notre volonté est ex­citée par la force et maintenue par la crainte.

Les fruits du Saint-Esprit ont toute la saveur des vertus chrétiennes saintement pratiquées.

IIIe POINT: Rénovation de la confirmation. - Avec sainte Gertrude, de­mandons à Notre-Seigneur la rénovation des grâces de notre confirma­tion. La sainte se reporte aux cérémonies de la chevalerie. «Puissant roi, dit-elle au Sauveur, faites-moi votre chevalier, ceignez-moi du glaive de l'esprit, afin que je triomphe par vous des mille embûches de Satan. Pontife sublime, confirmez-moi par votre vertu, à laquelle rien ne rési­ste» (ler exercice).

En souvenir de ma confirmation, je m'incline en esprit sous la main du Pontife suprême. Je déplore toutes mes infidélités et toutes mes fai­blesses.

Je demande au Saint-Esprit de renouveler l'onction de sa grâce et de sa force, dont j'ai si mal usé jusqu'ici, et de me rendre ses dons que j'ai presque entièrement négligés.

La source est restée ouverte par le caractère imprimé à mon âme, je viens aujourd'hui avec une profonde humilité et une soif ardente boire à ces sources d'eau vivifiante.

Résolutions: - Divin Cœur de Jésus, c'est encore là un don de votre miséricorde. Renouvelez en mon âme les grâces de la confirmation. J'y veux penser chaque fois que je récite le Vent sancte.

Je voudrais même que vous me renouveliez vos dons chaque fois que je fais le signe de la croix. Seigneur, agréez et bénissez ma demande.

Colloque avec le Saint-Esprit.

6 Septembre

Les figures de l'eucharistie:

Le fruit de vie, la manne, le pain d'Elie, l'agneau pascal

Ibant parentes ejus per omnes annos in Jerusalem, in die solemni Paschae. Et cum factus esset annorum duodecim, ascendentibus illis Jerosolymam secun­dum consuetudinem diei festi, consum­matisque diebus cum redirent, remansit puer Jésus in Jerusalem, et non cognove­runt parentes ejus (S. Luc., 2,41).

Ses parents allaient tous les ans à Jéru­salem au grand jour de pâques. Et lorsqu'il eut douze ans comme ils étaient allés à Jérusalem suivant l'usage de la fê­te, les jours de fête étant passés, ils revin­rent, mais l'enfant resta à jérusalem et ses parents ne le remarquèrent pas (S. Luc, 2,41).

1er Prélude. Quelle ne fut pas l'impression de l'enfant Jésus, qui préparait alors les grâces de nos premières communions.

2e Prélude. Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous.

Ier POINT: L'arbre de vie. - Tout était figure en l'ancien testament. Dieu avait en vue son Fils bien-aimé, il faisait tout pour lui et en vue de lui.

Le paradis terrestre figurait l'Eglise et le ciel. L'arbre de vie figurait l'Eucharistie. Les quatre fleuves représentaient les flots de sang et les sources de grâces sortant des plaies de Jésus.

L'arbre de vie était au milieu du paradis. Son fruit aurait donné l'im­mortalité à nos premiers parents, s'ils n'avaient pas goûté imprudem­ment au fruit de l'arbre de la science.

L'arbre de vie au centre du paradis, c'est Jésus; le fruit de vie, c'est son Cœur. Les âges de foi représentaient Jésus sur le sein de sa mère portant en main un fruit, c'est le fruit de vie.

Dieu, dit la Genèse, fit naître de la terre toutes les plantes agréables et utiles. Il y avait l'arbre de vie au milieu du paradis, mais il y avait aussi l'arbre de la science du bien et du mal (Gen., 2,9).

Le livre des proverbes compare aussi la sagesse à l'arbre de vie. C'est que la sagesse est douce et vivifiante comme le fruit de l'arbre de vie. Mais le véritable arbre de vie, c'est Jésus, la vigne mystique.

Le fruit de vie, dans l'Eglise, c'est l'Eucharistie. Dans le ciel, ce sera Jésus et son Cœur qui seront notre aliment et notre vie. Jésus sera le vrai pain de vie. Notre vie sera de le contempler et de vivre de son amour (Apoc., 2,17. - 22,14).

IIe POINT: La manne et le pain d'Elie. - Notre-Seigneur a bien voulu nous montrer lui-même dans la manne une figure de l'Eucharistie. Il l'a fait longuement et clairement. C'est que la manne était bien une figure providentielle du pain eucharistique. Tout le chapitre VI de sain Jean nous l'explique.

C'est à Capharnaüm, au grand jour de pâques, au lendemain de la multiplication des pains. «En vérité, dit Notre-Seigneur, vous me cher­chez, parce que vous avez été rassasiés, cherchez plutôt une nourriture vivante à jamais. - Nos pères ont mangé la manne tombée du ciel au désert, dirent-ils, et cependant ils sont morts! - En vérité, dit Notre­-Seigneur, la manne n'était qu'une figure; le vrai pain du ciel, mon Père vous le donne maintenant.

C'est moi qui suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n'aura plus faim ni soif; je puis assouvir la faim d'une âme avide de bonheur». - Puis Notre-Seigneur leur explique qu'il nourrit nos âmes par la foi et par la grâce et qu'il les nourrira par l'Eucharistie.

«Je suis le pain de vie, leur dit-il, et ce pain c'est ma chair qui sera li­vrée pour vous. Oui, vous devrez manger ma chair et boire mon sang pour avoir la vie éternelle. Ma chair sera un élément de résurrection. Celui qui mangera ma chair et boira mon sang, je demeurerai en lui et lui en moi».

Voilà donc, Seigneur, pourquoi vous avez donné la manne à votre peuple au désert. Ce pain blanc, qui avait toutes les saveurs les plus dou­ces et qui nourrissait tout votre peuple, était une splendide figure de l'Eucharistie.

L'Eglise nous le répète tous les jours: «vous nous avez donné un pain céleste, qui a pour nous tous les charmes».

Le pain mystérieux qui fortifie le prophète Elie, était aussi une belle fi­gure de l'Eucharistie.

Elie fuyait la colère de Jézabel. Epuise de fatigue au désert, il invo­quait la mort. Il s'endormit. Un ange lui apporta un pain miraculeux et le réveilla. Elie mangea et il se trouva assez fort pour marcher pendant quarante jours et quarante nuits jusqu'au mont Horeb, où Dieu se ma­nifesta à lui.

Le pain eucharistique sera aussi pour nous une force sans limites.

IIIe POINT: L'agneau pascal. - L'agneau de Dieu a été immolé dès l'origine du monde, dit saint Jean, (Apoc., 13). Cela peut s'entendre des prévisions divines et des sacrifices figuratifs.

L'agneau immolé par Abel représentait déjà le Sauveur, ainsi que tous les agneaux immolés par les patriarches, et ceux dont les Israélites ont marqué le seuil de leurs maisons en Egypte. Les milliers d'agneaux sacrifiés, aux fêtes de pâques de chaque année, avaient ce symbolisme pour but. Aussi comme cette fête fut chère au Sauveur! Il séjourne au temple à 12 ans. Il contemple tous ces agneaux frappés au cœur. Il offre déjà son sang, ses plaies, son Cœur, pour nous et pour notre salut. Il pense à l'agneau eucharistique. Il prépare les grâces de toutes nos com­munions.

Résolutions. - Seigneur Jésus, c'est votre amour que je trouve par­tout, l'amour de votre Cœur, le sacrifice de votre Cœur.

Je désire, moi aussi, manger cette pâque, cet agneau immolé tous les jours. Donnez-le-moi pour que je l'offre à votre Père comme un holo­causte à sa gloire. comme une rançon pour mon salut.

Colloque avec le divin agneau.

7 septembre

Préparation et promesse de l'eucharistie:
multiplication des pains, changement de l'eau en vin

Dixit ergo eis Jésus: Amen dico vobis, non Moyses dedit vobis panem de coelo; sed Pater meus dat vobis panem de coelo verum. Panis enim Dei est qui de coelo descendit et dat vitam mundo. Dixerunt ergo ad eum: Domine, semper da nobis panem hunc (S. Jean, 6,32).

Jésus leur dit: En vérité, je vous le dis. Moïse ne vous a point donné le pain du ciel; le vrai pain du ciel, c'est mon Père qui vous le présente, car le pain de Dieu est celui qui est descendu du ciel. Alors ils lui dirent: Seigneur, donnez-nous tou­jours ce pain (S. Jean, 6,32).

1er Prélude. Tout ce beau discours est consacré à la promesse de la sainte eucharistie. Jésus prépare graduellement ses disciples à comprendre ce don suprême de son Cœur.

2e Prélude. Seigneur, donnez-nous toujours ce pain.

Ier POINT: Jésus nous annonce qu'il nous donnera un pain céleste, un pain vi­vant et vivifiant. - Notre-Seigneur commence par un reproche paternel, il veut élever l'âme de ses disciples vers des horizons supérieurs: «Vous me cherchez et me suivez, leur dit-il, parce que vous avez mangé des pains et vous avez été rassasiés… Travaillez, non pour la nourriture pé­rissable, mais pour celle qui demeure jusqu'à la vie éternelle. Celle-là le fils de l'homme vous la donnera, car c'est lui que Dieu le Père a marqué de son sceau».

- «Quel travail faut-il faire?» demandent-ils. - Jésus leur explique qu'ils devront se fortifier dans la foi en sa mission, pour devenir aptes à comprendre le mystère de ses dons - «Mais, répliquent-ils, quels prodi­ges faites-vous pour nous déterminer à croire en votre mission. Il est vrai que vous avez multiplié les pains, mais nos pères ont vu des choses bien plus merveilleuses, ils ont reçu la manne du ciel pendant quarante ans». - «En vérité, reprend Jésus, Moïse ne vous a pas donné le vrai pain du ciel. C'est mon Père qui vous le présente, car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde». - Ils ne compren­nent guère, cependant ils sont touchés par la grâce divine et ils répon­dent: «Seigneur, donnez-nous toujours ce pain».

Seigneur, je vous le dis aussi moi: Donnez-nous toujours ce pain, j'en suis avide. Je veux m'en nourrir constamment.

IIe POINT: Jésus leur déclare que ce pain de vie n'est autre que lui-même. - Notre-Seigneur insiste et déclare qu'il y a une première manière de s'unir à lui, par la foi et par la grâce. - «Je suis le pain de vie, dit-il, ce­ lui qui vient à moi n'aura plus faim ni soif. Vous avez vu et vous ne croyez pas. Mais ceux qui croiront, mon Père me les donne, je les garde­rai, je ne les perdrai pas, et je les ressusciterai au dernier jour…».

Cette foule ne croyait pas, elle était absorbée par des préoccupations matérielles. Jésus exprime l'amertume de son Cœur: «Vous avez vu et vous ne croyez pas!». Mais il a quelque consolation à penser à ceux qui croiront plus tard et que son Père lui donnera.

Pour croire d'une foi vive et vivifiante, il faut donc deux conditions: il faut s'approcher de Dieu avec simplicité et il faut que Dieu y mette sa bénédiction.

Quel contraste entre cette foule toute incroyante et matérielle, et le Cœur sacré de Jésus! Le Seigneur est tout absorbé par la pensée de l'Eu­charistie, par la perspective de son règne eucharistique, par son désir de vivre avec nous, de se donner à nous, de venir en nos poitrines pour for­mer nos cœurs à son amour. Avant d'instituer ce sacrement, il semble se jouer à en façonner des symboles et des figures. Deux fois il multiplie le pain et le fait distribuer à la foule par ses apôtres. C'est une image de la distribution du pain eucharistique.

Comme Jésus devait être ému en voyant ses apôtres distribuer ainsi le pain miraculeux, comme une figure de la communion! Il se disait: «C'est ainsi que je deviendrai l'aliment de toutes les âmes».

Une autre fois, il change l'eau en vin. Il s'exerce au grand miracle de la transsubstantiation. Il dut boire lui-même avec émotion ce vin qui fi­gurait son sang.

Mais le peuple a la tête dure, tous ces miracles ne le persuadent pas qu'il est en face du Messie envoyé par Dieu. Il murmure contre le Sau­veur parce qu'il a dit: «Je suis le pain vivant descendu du ciel». - «N'est-il pas, disent-ils, le fils de Joseph, que nous connaissons!».

Jésus répète tristement: «Je suis bien le pain de vie, mais nul ne peut le comprendre et venir à moi, s'il ne correspond pas aux attraits de grâce que mon Père lui donne».

IIIe POINT: Jésus proclame solennellement que cet aliment divin, c'est sa chair et son sang. - Notre-Seigneur revient avec insistance sur son origine céle­ste et sur sa qualité de pain vivant et vivifiant des âmes: «Vos pères, dit­il, ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts, mais voici le pain qui descend du ciel et si quelqu'un en mange, il vivra éternelle­ment».

La manne était un aliment éphémère qui ne donnait pas la vie spiri­tuelle et ne préparait pas à la vie éternelle.

Jésus va maintenant parler clairement: «Le pain que je donnerai, dit­il, c'est ma chair que je livrerai pour la vie du monde». Il s'agit d'un pain que Jésus donnera plus tard. L'union avec lui par la foi n'est que la préparation à la manducation de ce pain vivifiant.

Les juifs sont scandalisés, mais il faut que Jésus dise tout et qu'il pré­pare ses disciples à l'institution de la sainte Eucharistie: «En vérité, ajoute-t-il, je vous le déclare: Si vous ne mangez la chair du fils de l'homme, et si vous ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, aura la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est vraiment un breuvage. - Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Et comme je vis de la vie de mon Père qui m'a envoyé, de même celui qui me mange vivra lui-même par moi».

Résolutions. - Seigneur, donnez-moi ce pain de vie, qui est le don de votre Cœur. Donnez-moi la vie de foi et donnez-moi l'Eucharistie et ses fruits. J'ai faim et soif de vous, Seigneur. Venez, Seigneur, venez et vi­vez en votre serviteur.

Colloque avec Jésus annonçant le don de l'Eucharistie.

8 Septembre

Nativité de Marie

Et amoto illo, suscitavit illis David re­gem, qui testimonium perhibens dixit: Inveni David, filium Jesse, virum secun­dum cor meum, qui faciet omnes volunta­tes meas. Hujus Deus ex semine secun­dum promissionem, eduxit Israël salvato­rem Jesum (Act., 13,22).

Après Saül, Dieu suscita le roi David, auquel il rend ce témoignage: J'ai trouvé David, fils de Jessé, un homme selon mon cœur qui fera toutes mes volontés. Et de la race de David, comme il l'avait promis (dans Isaie) Dieu a tiré Jésus, le Sauveur d'Israël (Act., 13,22)

1er Prélude. C'est de Marie, c'est de la race de David que Dieu a fait naître le Sau­veur, comme il avait dit dans Isaie: Une tige sortira de la racine de Jessé et de cette tige un fleur.

2e Prélude. Louons, honorons et invoquons Marie, fille de David et Mère de Jésus.

Ier POINT: Le don de Dieu aux saints époux Anne et Joachim. - Joachim était de la race royale de David, Anne était de la tribu sacerdotale de Lé­vi. Ils vivaient dans une très grande sainteté, mais ils n'avaient pas la grâce d'aoir d'enfants. C'était pour eux une tristesse et une humiliation. Dieu se plaît parfois à éprouver ses serviteurs. Il semble les oublier, puis quand toute espérance paraît évanouie, il revient auprès d'eux, mais comme il revient libéral et magnifique! Il veut dédommager par un pré­sent plus beau, plus précieux, ceux qu'il a éprouvés en refusant long­temps d'écouter leurs désirs. Dans la loi ancienne, c'est le jeune Samuel, trésor de grâce et vase d'élection, dont la naissance remplit de joie sa mère Anne, longtemps stérile. Dans la loi nouvelle, c'est le précurseur de Jésus-Christ, c'est Jean-Baptiste, le plus grand entre les enfants des hommes, dont la naissance tardive viendra réjouir dans sa vieillesse l'âme de la pieuse Elisabeth.

Ainsi Anne et Joachim attendaient la bénédiction de Dieu. Joachim avait été repoussé du temple, dit la tradition pour avoir pris part, quoi­que sans enfants, à la fête des patriarches. Il s'était retiré à la campagne. Anne priait et pleurait. Mais l'ange Gabriel vint leur annoncer l'enfant de la promesse, le rejeton de Jessé.

IIe POINT: Les joies de cette fête: - Quelle joie au ciel! Quels cantiques d'allégresse parmi les anges à la naissance de Marie! Instruits par le message de l'archange Gabriel, ils savent que c'est l'aurore du salut des hommes. Marie tient une si grande place dans les promesses, dans les fi­gures, dans la rédemption! Elle est comme l'aurore qui précède le soleil, comme la lune qui reflète les rations de l'astre du jour.

C'est la nouvelle Eve, la mère spirituelle des hommes, c'est Judith qui sera victorieuse de l'ennemi du peuple de Dieu. C'est Esther qui obtien­dra miséricorde pour son peuple. C'est l'épouse du cantique, dont la poésie sacrée a chanté l'union avec Jésus.

C'est elle qu'Adam a entrevue quand Dieu lui a dit qu'une femme écraserait la tête du serpent. Dieu l'avait en vue quand il promettait à Abraham, aux patriarches, à David, que le Sauveur sortirait de leur race.

Elle est la branche de Jesse qui doit donner la fleur choisie, selon la prophétie d'Isaïe.

Les anges l'acclament comme leur reine. Ils sont une légion autour de son berceau. Elle est leur reine par sa dignité de Mère de Dieu, par ses vertus et ses mérites. Elle repeuplera le ciel par les âmes rachetées du sang de son Fils.

Unissons-nous à cette joie, à ces chants de reconnaissance et d'amour.

IIIe POINT: Les fruits de la fête. - L'Eglise attend aujourd'hui de grands fruits de grâces. Elle a honoré la Nativité de Marie dès les pre­miers siècles.

Un fait miraculeux arrivé en l'an 1017 engagea les papes à donner en­core à cette fête une plus grande solennité. C'étaient des chants angéli­ques entendus par un saint ermite.

Au treizième siècle, l'empereur Frédéric retenait les cardinaux prison­niers après la mort du Pape, et les empêchait de se réunir pour en élire un autre. Ils firent alors le vœu de donner une octave à la fête de la Nati­vité de Marie, si la liberté leur était rendue. Bientôt, ils purent élire le pape Innocent IV, qui s'empressa d'accomplir leur vœu.

Confiance en Marie: honorons sa Nativité et demandons par son in­tercession la grâce d'avancer dans notre vocation.

La naissance de Marie préparait le grand don du Sacré-Cœur que le Ciel voulait faire à la terre.

Dans le cœur de la jeune enfant circulait déjà le sang qui serait le prix de la rédemption, le sang du Cœur de Jésus. Les battements du Cœur de Marie devaient imprimer le mouvement à ceux du Cœur de Jésus. C'était vraiment l'aurore qui précédait le soleil vivifiant.

Aimons, honorons Marie, imitons sa pureté, sa piété, son amour de Dieu et des âmes.

Résolutions. - Pour cette belle fête, je veux me renouveler dans la dé­votion à Marie, dans la fidélité à son culte quotidien, dans l'union avec elle, comme moyen pour m'élever à une union plus intime avec Jésus, dans toutes mes actions.

Colloque avec Marie.

9 Septembre

La dernière préparation de l'eucharistie

Cum dilexisset suos qui erant in mun­do, in finem dilexit eos. Et Coena facta, cum jam diabolus misisset in cor ut trade­ret eum judas… surgit a Coenn, et ponit vestimenta sua, et cum accepisset linteum praecinxit se; deinde mittit aquam in pel­vim, et coepit lavare pedes discipulorum (S. Jonn., 13,1).

Comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin. Et après la Cène, quand le démon avait déjà inspiré à judas la trahison, Jésus se leva de table, ôta sa tunique, prit une serviette et s'en ceignit; puis il mit de l'eau dans un bassin et il se mit à laver les pieds de ses disciples (S. Jean, 13,1).

1er Prélude. Tous ces préparatifs sont bien impressionnants et nous marquent la grandeur de ce sacrement.

2e Prélude. Ne permettez pas, Seigneur, que j'aie jamais la témérité d'aller à vous sans une sainte préparation.

Ier POINT: Préparation du cénacle. - Cette préparation, ordonnée par le Sauveur, montre quel soin nous devons donner à nos sanctuaires, mais elle enseigne aussi indirectement comment nos âmes doivent être préparées.

Notre-Seigneur demande un cénacle de nobles proportions, avec une belle préparation et des tentures. C'est une leçon de liturgie. Nos églises devront être dignes de Dieu. Elles seront ornées d'œuvres d'art. Nos au­tels et nos vases sacrés ne seront jamais trop riches.

Mais si l'Eucharistie demande des sanctuaires ornés, ne demande-t­elle pas aussi des âmes préparées?

Ce cénacle somptueux, tant orné et paré, c'est la figure de l'âme qui doit recevoir l'Eucharistie. Elle doit être grande et vaste par ses désirs, par ses vœux, par ses aspirations. Elle doit être ornée par les vertus qui sont comme le vêtement de l'âme. Pour s'y complaire, Notre-Seigneur veut y voir la copie de ses propres vertus, de ses dispositions, de ses senti­ments. Un Maître n'a pas de plus grande joie que de voir ses disciples lui ressembler.

IIe POINT: La pâque figurative. - Assistons au festin pascal qui précè­de l'institution de l'Eucharistie. La pâque était une figure de l'Euchari­stie et du calvaire. Tous les détails de ce repas liturgique durent émou­voir profondément le Sauveur. C'était la dernière pâque avant l'Eucha­ristie et avant l'immolation du véritable Agneau de Dieu.

«Le soir venu, dit l'Evangile, Jésus vint avec les douze, et il leur dit: J'ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir; car, je vous le dis, je ne la mangerai plus jusqu'à ce qu'elle soit accom­plie dans le royaume de Dieu» (Luc, 22,14).

Jésus marquait par là que sa passion allait commencer et que la pâque légale allait céder le pas à la pâque eucharistique.

C'est un jeune bélier, âgé d'un an et sans tache, un bel agneau blanc qui servait d'agneau pascal. On l'immolait le quatorzième jour du mois de Nizan, à l'heure de vêpres, devant l'autel, du temple, et le prêtre ré­pandait son sang au pied de l'autel. Tout cela restait mystérieux pour les apôtres, mais Notre-Seigneur y lisait son sacrifice prochain. Son Cœur battait bien fort et Jésus offrait tout à son Père, dans l'esprit de son véri­table sacrifice, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.

Le doux agneau qu'on immolait était transpercé en long et en large par deux broches de bois, de manière à figurer une croix. On le faisait rôtir et on le mangeait pour communier à la victime. Pour Jésus, c'était la représentation de son supplice et de l'Eucharistie.

Chaque fois que nous assistons à la messe ou que nous participons à l'Eucharistie, unissons-nous aux sentiments qui remplissaient alors le Cœur de Jésus. Il s'offrait à son Père pour lui obéir jusqu'à la mort, et il s'apprêtait à nous donner sa chair et son sang pour nourrir notre âme de sa grâce.

IIIe POINT: Le lavement des pieds. - C'est la dernière préparation. Comme elle est significative! Il faut que les apôtres soient purifiés de tout, même de la poussière de leurs pieds, et Notre-Seigneur y met lui-même la main. Les apôtres s'étonnent. Jésus leur dit: «Ce que je fais, vous ne le comprendrez pas maintenant, mais vous le comprendrez plus tard». Saint Pierre veut se dérober: «Si je ne vous lave les pieds, dit Jésus, vous n'aurez pas de part avec moi»; si vous ne vous préparez à la nouvelle pâque que je vais instituer, par une grande pureté de conscien­ce, dont ce lavement des pieds est l'expression symbolique, si la grande leçon d'humilité que je vous donne ne fait pas pénétrer cette vertu dans votre cœur, vous n'êtes pas dignes d'être du nombre de mes disciples, ni de participer à la manducation de mon corps.

Après cette longue cérémonie, si expressive, Notre-Seigneur institua l'Eucharistie. N'était-ce pas bien marquer que nos messes et nos com­munions doivent avoir une bonne préparation!

Nous ne devons pas nous y présenter avec la conscience toute souillée des poussières du chemin. Il y faut un effort sérieux pour effacer en nos âmes toute tache.

Quand la confession sacramentelle n'est pas requise par des fautes graves, la contrition aussi parfaite que possible sera toujours à propos.

Résolutions. - Seigneur, je me rappelle la frayeur de saint Pierre après la pêche miraculeuse. Etonné par votre puissance surnaturelle il s'écria: «Maître, laissez-moi de côté, parce que je ne suis qu'un pécheur». Mais vous l'avez retenu en lui disant: «Ne crains pas». Rassurez-moi aussi, Seigneur. Je ne suis pas digne de vous recevoir. purifiez-moi.

Colloque avec Jésus lavant les pieds de ses apôtres.

9 Septembre

Le saint nom de Marie

Missus est angelus Gabriel a Deo in ci­vitatem Galilaeae cui nomen Nazareth, ad virginem desponsatam viro, cui no­men erat Joseph, de domo David, et no­men virginis Maria. Et ingressus angelus ad eam dixit: Ave, gratia plena, dominus tecum, benedicta tu in mulieribus (S. Luc., 1,26).

L'ange Gabriel fut envoyé par Dieu à Nazareth en Galilée, à une vierge mariée à un homme appelé Joseph, de la maison de David; la vierge s'appelait Marie. L'ange en entrant lui dit: Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes (S. Luc., 1,26).

1er Prélude. Le beau nom de la Vierge, c'était Marie, et ce nom lui avait été donné du Ciel.

2e Prélude. Puissé-je me souvenir cent fois par jour de ce beau nom et le redire com­me un gage de salut avant de mourir.

Ier POINT: Le beau nom de Marie. - Un des dons que l'auguste Trinité avait préparés à Marie, c'était son nom. Ce nom a été choisi par Dieu lui-même, comme celui de Jésus et celui du Précurseur. C'est la tradi­tion de l'Eglise. «L'auguste nom de Marie, donné à la divine Mère, dit saint Liguori, est descendu du ciel et il lui fut imposé par ordre de Dieu, ainsi que l'attestent saint Jérôme, saint Epiphane et d'autres auteurs». - «O Marie, dit Richard de Saint-Laurent, c'est l'adorable Trinité tout entière qui vous décerna ce beau nom, devant lequel toute créature doit s'incliner».

Ce beau nom a deux parties, Mariam. La seconde partie signifie la mer ou l'océan, la première a plusieurs significations, elle veut dire maîtresse, étoile, myrrhe ou amertume. Notre divine Mère est donc la maîtresse des abîmes, ce qui exprime bien les trésors sans limites dont el­le est la dispensatrice; elle est l'étoile de la mer pour nous guider vers le port du salut; elle est un abîme d'amertume par les grandes douleurs qu'elle a souffertes pour nous.

IIe POINT: Sa douceur et sa fécondité. - Ce beau nom est d'une douceur toute céleste. Saint Antoine de Padoue y trouvait les mêmes délices que saint Bernard dans le nom de Jésus: il est une joie pour le cœur, du miel pour les lèvres, une mélodie pour l'oreille.

On raconte du vénérable Juvénal Ancina, dit saint Liguori, qu'il res­sentait, en prononçant le nom de Marie, une douceur sensible à ses le­vres.

A défaut de cette douceur sensible, qui est une grâce exceptionnelle, il y a une douceur spirituelle, mêlée de consolation, de joie et de confiance, que le nom de Marie fait communément ressentir à ceux qui le pronon­cent avec dévotion. Le bienheureux Henri Suso disait qu'en prononçant ce nom il se sentait tout transporté de confiance et délicieusement em­brasé d'amour. - «O admirable Marie, dit saint Bernard, on ne peut vous nommer sans que vous nous enflammiez d'amour, et ceux qui vous aiment ne peuvent penser à vous sans que vous combliez leur âme de joie» (Spec., B. M.).

Non seulement ce nom est très doux à l'âme, mais il est pour elle une consolation et une source de toutes sortes de grâces. «Personne, dit saint Bonaventure, ne peut prononcer dévotement le nom de Marie sans en retirer quelques profits».

Le pieux Ludolphe de Saxe, en s'adressant à la sainte Vierge lui dit: «O Marie, le souvenir de votre nom console ceux qui sont dans l'afflic­tion, il remet sur le chemin du salut ceux qui s'égarent, et il empêche les pécheurs de s'abandonner au désespoir».

On applique au nom de Marie, dans la sainte liturgie, ce texte du Cantique des Cantiques: «Votre nom est comme l'huile répandue». - «Si l'Esprit-Saint, dit Alain de la Roche, compare ce glorieux nom à une effusion d'huile, c'est parce que l'huile d'olive guérit nos blessures, exha­le une agréable odeur et nourrit la flamme: ainsi le nom de Marie guérit les pécheurs, réjouit nos cœurs et nous enflamme du divin amour».

IIIe POINT: Sa puissance contre le démon. - Ce nom admirable a une ef­ficacité incomparable pour chasser les démons. Il chasse les démons et il attire les anges. «Les démons ont une telle frayeur de la Reine du ciel, dit Thomas a Kempis, qu'à peine entendent-ils proférer son auguste nom, ils prennent la fuite, comme pour échapper à un feu dévorant» (Ad nov. ch. 23). - C'est de la sainte Vierge elle-même que sainte Brigitte apprit la puissance de son nom: «Il n'y a pas de pécheur si froid dans l'amour de Dieu, lui dit Marie, qu'il ne puisse, en invoquant mon nom avec bon­ne volonté, forcer le démon de s'enfuir. - Mais par contre, quand les âmes justes le prononcent dévotement, les bons anges s'empressent au­tour d'elles».

D'après saint Germain, comme la respiration est le signe de la vie, ainsi l'invocation fréquente du nom de Marie est un signe de la présence actuelle ou tout au moins prochaine de la divine grâce dans une âme; car ce nom puissant a la vertu d'aider et de ranimer ceux qui l'invoquent avec dévotion.

O Marie, je vous salue par votre beau nom. Pour vous le dire de ma­nière à charmer votre cœur, je m'approprie la douceur avec laquelle saint Joseph le prononçait bien de fois chaque jour à Nazareth. J'em­prunte l'onction avec laquelle Jésus le redisait, et je sui sûr que ce souve­nir vous est un parfum enivrant qui vous réjouit au ciel et qui me gagne­ra votre miséricorde.

Résolutions. - Je suivrai le conseil de saint Bernard: «Dans les périls, dans les tentations, dans les difficultés, pense à Marie, invoque Marie. Que son nom soit sans cesse sur tes lèvres et qu'elle-même soit toujours dans ton cœur».

Puisse je, à mes derniers moments, ô Marie, redire votre nom avec amour, ce sera pour moi le gage du salut.

Colloque avec la sainte Vierge Marie.

10 Septembre

Institution de l'eucharistie

Et accepto pane gratias egit, et dedit eis, dicens: Hoc est corpus meum, quod pro vobis datur: hoc facite in meam com­memorationem. Similiter et calicem, postquam coenavit, dicens: Hic calix no­vum testamentum in sanguine meo, qui pro vobis fundetur (S. Luc., 22,19).

Et ayant pris du pain, il rendit grâces et le leur donna en disant: Ceci est mon corps qui est donné pour vous: faites cela en mémoire de moi. Et de même il prit le calice, après la cène, en disant: Ceci est le calice du nouveau testament dans mon sang qui sera versé pour vous (S. Luc. 22,19).

le. Prélude. Notre-Seigneur institue en même temps le sacrifice et le sacrement de l'eucharistie, les deux grandes grâces de son Eglise.

2e Prélude. Merci, Seigneur. J'espère pouvoir vous dire un merci sans fin pendant toute l'éternité.

Ier POINT: La présence de Jésus. Jésus prit le pain, le bénit, le rompit et le distribua à ses disciples, en disant: Prenez et mangez, ceci est mon corps. Puis, prenant le calice, il rendit grâces, et le leur donna en disant: Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui sera répandu pour un grand nombre, pour la rémission des péchés.

Ces paroles du bon maître marquent sa présence réelle au Très Saint Sacrement.

Ceci est mon corps, ceci est mon sang: c'est moi-même. «Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi et moi en lui. Comme mon Père, qui est la vie, m'a envoyé, je vis pour lui, et celui qui me mange vivra pour moi» (S. Jean, 6,57).

«Le pain dont nous faisons la fraction, dit saint Paul, n'est-ce pas la participation du corps du Seigneur?» (1 Cor., 10,16).

La présence du bon Maître est le premier fruit, infiniment précieux de l'institution eucharistique.

Il est là, auprès de nous, avec ses grâces, avec son amour! Quel bienfait! Quel trésor!

Nous n'avons rien à envier aux apôtres, aux disciples, à saint Jean, à sainte Madeleine.

IIe POINT: Le sacrifice. - Le cénacle et le calvaire étaient l'aboutisse­ment des sacrifices de l'ancienne loi. Jésus était le véritable agneau, sacri­fié d'une manière mystique au cénacle et d'une manière sanglante au calvaire. Des deux côtés Jésus offre son corps et son sang: «Voici mon corps qui est livré pour vous, dit-il au cénacle; voici mon sang qui sera versé pour vous». C'est le sacrifice nouveau, c'est l'oblation pure qui se­ra offerte partout selon la prophétie de Malachie. Tous les caractères des anciens sacrifices s'y trouvent réunis.

C'est le plus parfait des holocaustes, seul capable de rendre à Dieu une gloire infinie, parce qu'un Dieu s'y humilie jusqu'à prendre les apparen­ces les plus humbles.

C'est un sacrifice eucharistique, où Jésus-Christ lui-même se charge d'acquitter la dette de notre reconnaissance.

C'est un sacrifice propitiatoire: le Sauveur a pris lui-même nos péchés en son corps, pour que nous mourrions au péché et que nous vivions dans la justice (1 Pet., 2,24).

C'est un sacrifice impétratoire. Jésus est notre avocat auprès de son père (S. Joan., 2,1).

C'est une source infinie de grâces. Les sacrifices de l'ancienne loi n'y peuvent pas être comparés.

Dieu disait dans le psaume 49: Je n'ai pas besoin de vos génisses et de vos béliers, c'est un sacrifice de louanges, un sacrifice spirituel que je dé­sire: et au psaume 39: je ne veux plus de vos holocaustes et de vos offran­des. Et le verbe de Dieu a répondu à son Père: Me voici, je viens offrir mon corps et mon sang comme un sacrifice volontaire qui remplacera tous ceux de la loi ancienne.

IIIe POINT: Le sacrement. - C'est un sacrement institué pour être la nourriture de nos âmes. Les espèces du pain et du vin sont le signe sensi­ble: elles représentent la grâce intérieure qui nourrit et fortifie notre âme.

Le pain et le vin sont la matière du sacrement; les paroles de la consé­cration en sont la forme; sa grâce spéciale est de conserver et d'entretenir la vie surnaturelle de notre âme. L'institution en a été faite par Notre­-Seigneur quand il a dit: Faites ceci en mémoire de moi.

Notre-Seigneur a voulu manifester l'amour infini qu'il a pour les hommes en se donnant à eux et en trouvant le moyen de rester au milieu d'eux. Il a voilé son éclat et sa majesté sous les humbles espèces du sacre­ment, pour que nous allions à lui sans crainte. Il a pris le pain et le vin pour marquer qu'il était pour nous la nourriture de notre âme, une source de force, de joie, de consolation, et le gage de la vie éternelle.

L'Eucharistie produit en ceux qui la reçoivent dignement les effets les plus précieux. Elle développe les vertus théologales, et elle nous unit au Sauveur dans une intimité qui est symbolisée par l'union de la nourritu­re avec le corps.

Elle unit aussi les chrétiens entre eux, comme des frères qui partici­pent à la même table.

Résolutions. - L'Eucharistie est le grand don du Cœur de Jésus. C'est à ce divin Cœur que je dois offrir mes actions de grâces. C'est lui qui a conçu, avec toute l'ingéniosité que donne l'amour, cette manière mer­veilleuse de demeurer avec nous en se donnant à nous.

Colloque avec Jésus-eucharistie.

11 Septembre

Fruits de l'eucharistie:
la vie spirituelle

Ego sum panis vitae. Patres vestri man­ducaverunt manna in deserto et mortui surit. Hic est panis de coelo descendens, ut si quis ex ipso manducaverit, non mo­riatur. Ego sum panis vitae qui de coelo descendi. Si quis manducaverit ex hoc pa­ne vivet in aeternum; et panis quem ego dabo, caro mea est pro vita mundi (S. Joan., 6,48).

Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne au désert et sont morts. Ici est le pain de vie descendu du ciel, si quelqu'un en mange, il ne mourra pas. Je suis le pain de vie, descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éter­nellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde (S. Jean, 6,48).

1er Prélude. La vie spirituelle nous a été donnée par le baptême, mais elle s'accroit par la communion.

2e Prélude. Faites, Seigneur, que chacune de mes communions augmente en moi la vie spirituelle.

Ier POINT: La sainte communion est nécessaire pour nourrir en nous la vie spi­rituelle. - Dieu a voulu mettre quelque proportion entre la vie naturelle et la vie surnaturelle.

Celle-ci a comme la première sa naissance, ses aliments et son accrois­sement. Si nous ne mangions pas, nous ne pourrions pas conserver la vie en nous. Nous ne la perdrions pas immédiatement, mais nous n'irions pas bien loin. C'est la nourriture qui entretient la vie; c'est la nourriture qui nous fait croître jusqu'à la virilité parfaite. C'est elle qui est l'antido­te quotidien de la mort en réparant la déperdition constante des forces vitales, qui dépend de l'action déprimante du travail, de la fatigue, de la souffrance.

Il en est de même pour la vie spirituelle: Notre-Seigneur lui-même nous l'a dit: «Si vous ne mangez la chair du fils de l'homme et si vous ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous» (S. Jean, 6).

Nous avons reçu la vie par le baptême et par la grâce, mais nous ne pouvons la conserver longtemps ni l'accroître que par le pain de vie, la très sainte eucharistie. Ce pain céleste alimente la vie de notre âme, il en répare les pertes quotidiennes, il la fait croître dans le Christ jusqu'à la plénitude de l'âge parfait, c'est-à-dire jusqu'au jour de la bienheureuse éternité (Ad Eph., 4).

IIe POINT: C'est sa propre vie que le Sauveur vient nous donner. - Le bon maître se fait notre aliment. C'est pour nous qu'il s'anéantit dans l'Eucharistie. Son dévouement est sans limites: Usque in finem dilexit eos. C'est pour cela qu'il est là, pour nourrir notre âme. C'est pour cela qu'il est descendu du ciel: (Je suis, dit-il, le pain de vie, qui est descendu du ciel».

«Le dessein du fils de Dieu, en venant sur la terre, dit M. Olier, a été de communiquer aux hommes sa vie divine, afin de les rendre sembla­bles à lui. Il commence cette transformation par le baptême; mais il l'achève et la perfectionne par la très sainte Eucharistie, l'aliment divin qui nous donne réellement sa propre vie et ses sentiments, qui nous met en pleine participation de son intérieur adorable, et nous fait une même chose avec lui.

Il s'est mis au Très Saint Sacrement pour continuer ainsi sa mission jusqu'à la fin du monde, et aller, par ce moyen, dans tous les coins de la terre, former à son Père des adorateurs en esprit et en vérité…

C'est là qu'il est source de vie divine, qu'il est ce vase immense et cet océan sans fond, de la plénitude duquel nous sommes tous sanctifiés». C'est par cet aliment divin que nous sommes en quelque sorte déifiés, consortes divinae naturae.

IIIe POINT: Ecoutons les douces invitations du Sauveur. - «Prenez et man­gez, nous dit le bon maître, ceci est mon corps; prenez et buvez, ceci est mon sang».

Prophétiquement, la sagesse divine nous disait au livre des proverbes: «Mangez mon pain et buvez le vin que j'ai préparé pour vous». L'époux du cantique nous dit: «Mangez, mes amis, buvez et enivrez-vous, mes bien-aimés».

Isaïe a dit: «Vous tous qui avez faim et soif, hâtez-vous, venez et man­gez gratuitement; venez et prenez le vin et le lait» (55,1).

Et dans l'Apocalypse, l'Esprit et l'épouse disent: «Venez. Et que celui qui a soif vienne, et que tous ceux qui veulent reçoivent gratuitement l'aliment de vie» (22,17).

Toutes ces invitations pressantes peuvent s'entendre de l'Eucharistie. «Venez tous à moi, dit encore le Sauveur, vous surtout qui souffrez et qui êtes dans la peine, et je vous réconforterai» (Mat., 11,28). Cela s'en­tend de toute assistance divine, mais aussi de l'Eucharistie.

Allons au pain de vie. Allons le recevoir spirituellement et surtout sa­cramentellement. Il nous fortifiera. Il développera en nous la vie divine, la vis spirituelle, la vie de Jésus, l'esprit de Jésus, ses vertus, ses senti­ments, ses dispositions et ses œuvres.

Résolutions. - «L'Esprit et l'épouse disent: Venez». Vous daignez, Seigneur, m'exprimer le désir de me voir venir à vous. Quelle conde­scendance! quelle bonté! quelle miséricorde!

J'irai donc à vous, malgré mon indignité. J'irai à vous parce que je suis pauvre et misérable, et vous me réconforterez. Vous nourrirez ma pauvre âme de vos vertus et de votre force. Venez, Seigneur, j'ai faim et soif de votre visite, je veux reposer sur votre Cœur.

Colloque avec le divin Sauveur.

12 Septembre

Fruits de l'eucharistie:
l'union

Qui manducat meam carnem, et bibit meum sanguinem, habet vitam aeternam; et ego ressuscitabo eum in novissimo die. Caro mea vere est cibus et sanguis meus vere est potus. Qui manducat meam car­nem et bibit meum sanguinem, in me ma­net et ego in illo (S. Joan., 6,55).

Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, a la vie éternelle; et je le ressu­sciterai au dernier jour. Ma chair est vrai­ment une nourriture et mon sang est vrai­ment un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui (S. Jean, 6,55).

1er Prélude. Le baptême nous a donné l'union avec Notre-Seigneur, l'Eucharistie ac­croît et développe cette union.

2e Prélude. Seigneur, faites que je ne me nourrisse pas en vain de votre pain euchari­stique.

Ier POINT: Par la sainte communion, Jésus nous incorpore à lui. - Par la communion, Jésus veut nous incorporer à lui et nous abreuver de son sang divin, afin qu'étant tout enivrés de lui nous ne fassions avec lui qu'un cœur et qu'une âme. «Boire votre sang, qui est le siège de votre âme, dit saint Bonaventure, qu'est-ce ô mon Seigneur, sinon unir et lier inséparablement notre âme à votre âme?» (Stim. am., p. 2, c. 2).

Saint Cyrille d'Alexandrie a sur ce mystère des paroles saisissantes: «Comme les rameaux, dit-il, puisent la vie dans le cep, ainsi nous tirons de Jésus notre vie surnaturelle, selon la parole de l'apôtre: Dans le Christ nous ne formons tous qu'un seul corps; aussi tous nous partici­pons à un seul et même Pain de vie (1 Cor., 10,16). Pourquoi ce pain mystérieux est-il ainsi déposé en nous? n'est-ce pas pour faire habiter en nous Jésus-Christ, même corporellement, par la participation et l'union à sa sainte chair?».

Saint Cyrille ajoute encore: «Vu nos tendances corrompues, nous n'avons pas d'autre moyen de conserver la vie que de nous incorporer à la chair de celui qui est la vie, Jésus-Christ, le Fils unique du Père. Le Christ est à la fois spirituellement et corporellement la vigne dont nous sommes les rameaux; nous adhérons à lui par une union, non seulement spirituelle, mais corporelle» (In Joan, lib. 10).

IIe POINT: Après la communion, Jésus demeure en nous pour nous transformer en lui. - Il est vrai que la présence sacramentelle de Jésus en nous cesse avec la dissolution des saintes espèces; mais le Sauveur demeure en nous par son action, par son influence vitale, selon sa parole si formelle: «Ce­lui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui». Il demeure en nous pour nous transformer en lui.

Il ne faut pas confondre la vie et la nourriture. La vie est un état, la nourriture est quelque chose de passager. Le pain que nous mangeons se transforme en la substance de notre corps. Il lui apporte une nouvelle dose de vie et de forces. De même dans la communion: Jésus le Pain céleste, le Pain vivifiant cesse bientôt d'être présent d'une présence ter­restre et extérieure; mais il demeure en nous et nous demeurons en lui d'une manière toute céleste et très réelle; c'est ce qu'on appelle la pré­sence spirituelle de Jésus en ses fidèles. Elle dure tant que par la foi et dans l'union de l'Esprit-Saint, nous demeurons dans le Christ.

Il y a cette différence entre la nourriture corporelle et la nourriture spirituelle que, dans la première, c'est le pain qui est transformé en nous; tandis que, dans la seconde, c'est nous qui avons le bonheur d'être transformés en Jésus, autant que le permettent nos dispositions et notre faiblesse.

«Comme le ferment, mêlé dans la pâte, la soulève et la transforme, dit saint Cyrille d'Alexandrie, ainsi Jésus, sous le voile de sa petite hostie, attire en lui l'homme tout entier, pour le remplir de sa grâce; et par là le Christ demeure en nous et nous en lui» (liv., 4).

IIIe POINT: Rénovation. - Sainte Gertrude renouvelait en ces termes le souvenir et les grâces de sa première communion: «O Jésus, plein d'amour, très doux hôte de mon âme, que votre union avec moi, union si pleine de charmes, soit aujourd'hui la rémission de tous mes péchés, la réparation de toutes mes négligences, et le retour à la vie que j'avais per­due. Qu'elle soit mon salut éternel, la guérison de mon âme et de mon corps, le développement de mon amour, mon renouvellement dans la vertu et l'établissement de ma vie en vous pour jamais. Que votre visite opère en moi la liberté de l'esprit, l'assainissement de la vie, la noblesse des œuvres; qu'elle soit pour moi le bouclier de la patience, le trophée de l'humilité, l'appui de la confiance, la consolation de la tristesse, le se­cours pour la persévérance. Qu'elle soit pour moi l'armure de la foi, la fermeté de l'espérance, la perfection de la charité, l'accomplissement des commandements, le renouvellement de l'esprit, la sanctification de moi-même dans la vérité, et la consommation de ma vie dans une religion parfaite… ».

Je me rappellerai les circonstances de ce grand jour: la retraite, les

émotions de l'union avec Jésus, mes ardentes prières, mes promesses, ma consécration à Marie.

Résolutions. - O Jésus, vivant en Marie, venez et vivez en vos servi­teurs, dans l'esprit de votre sainteté, dans la plénitude de votre action, dans la perfection de vos voies, dans la réalité de vos vertus, dans la com­munion à vos mystères; dominez toute influence contraire, dans votre Esprit-Saint, pour la gloire de votre Père et pour le règne de votre Sacré­-Cœur. Amen.

Colloque avec Jésus vivant en nous.

13 Septembre

Le sacrement de l'ordre:
Le dessein divin - Abel - Melchisedech, Abraham
- l'ordre levitique

Omnis namque pontifex ex hominibus assumptus, pro hominibus constituitur in iis quae sunt ad Deum ut offerat dona et sacrificia pro peccatis… Nec quisquam sumit sibi honorem, sed qui vocatur a Deo, tanquam Aaron. Sed et Christus non semetipsum clarificavit ut ponfifex fieret: sed qui locutus est ad eum: Filius meus es tu, ego hodie genui te… (Ad Heb., 5,1).

Tout pontife est pris parmi les hom­mes; il les représente dans les choses de Dieu, pour offrir des dons et des sacrifices pour les péchés… Et personne ne doit s'attribuer cet honneur, si ce n'est celui qui est appelé de Dieu, comme Aaron. Le Christ lui-même ne s'est pas attribué de lui-même l'honneur du pontificat. Il l'a reçu de son Père qui lui a dit: Tu es mon fils, je t'ai engendré aujourd'hui (Aux Héb., 5,1).

1er Prélude. Le sacerdoce et les sacrifices sont une grande institution divine.

2e Prélude. Seigneur, donnez-nous beaucoup de saints prêtres.

Ier POINT: Le dessein divin. - Le sacrifice, c'est l'abrégé de la reli­gion. C'est la reconnaissance du souverain pouvoir de Dieu par la de­struction de quelque objet qui appartient à l'homme et qui le représente.

Après le péché d'Adam, le sacrifice n'est plus seulement un homma­ge, il est une réparation, et il n'a de prix que par la foi au Rédempteur suprême, promis par Dieu et attendu par l'humanité.

C'est ainsi que l'Agneau de Dieu est immolé dès le commencement, par les sacrifices figuratifs qui le représentent et qui sont offerts dans la foi à son sacrifice réparateur.

Les premiers prêtres sont les chefs de famille. Ils offrent des agneaux, du pain, du vin, qui représentent le Sauveur Jésus dans son sacrifice du Calvaire et dans celui de l'Eucharistie.

Puis le Seigneur organise tout un culte figuratif avec le sacerdoce lévitique et tout un ensemble de sacrifices, offerts selon les intentions du di­vin Rédempteur.

IIe POINT: Les patriarches: Abel, Abraham, Melchisédech. - Parmi les pa­triarches, trois surtout sont loués par l'Esprit-Saint dans les Ecritures et par l'Eglise au canon de la messe, à cause de la sainteté de leurs sacrifi­ces, et aussi à cause des rapports de leurs sacrifices avec celui du Sau­veur.

Les oblations d'Abel furent agréables au Seigneur à cause de sa foi en Dieu, mais surtout à cause de sa foi au Rédempteur promis. Abel fut victime lui-même comme le Sauveur. Et son frère Caïn, poursuivi par le remords et par la haine universelle, rappelle le peuple juif, meurtrier du Rédempteur, qui était son frère par le sang.

Melchisédech figurait le Sauveur, comme prêtre du sacrifice de l'au­tel. Saint Paul a relevé leurs traits de ressemblance. Melchisédech est le roi de la paix. Il offre son sacrifice à Jérusalem. Il présente à Dieu le pain et le vin, et il reçoit l'hommage d'Abraham.

Le sacrifice offert par Abraham a les rapports les plus saisissants avec le sacrifice du Calvaire. Comme Dieu le Père, Abraham offre son fils Isaac, et s'apprête à le frapper au cœur. L'autel est le même, c'est la col­line de Sion. Isaac se soumet généreusement à la volonté de son père. Il porte lui-même le bois de son sacrifice.

Isaac survit à son immolation et devient le père d'un peuple nom­breux. Tel le nouvel Isaac sortira du tombeau et son sacrifice donnera à son Père une famille innombrable.

Abel, Melchisédech et Isaac ne représentent-ils pas admirablement la sainteté, la justice et la douceur du Cœur de Jésus?

IIIe POINT: L'ordre lévitique. - Mais quand Dieu eut pris pour parta­ge les enfants d'Israël et qu'il s'en fut fait le législateur, il manifesta plus clairement ses desseins. Il leur donna tout un code liturgique. Il régla tout le culte et spécialement l'offrande des sacrifices en vue du Messie que ces sacrifices préparaient et annonçaient. Il y avait des hosties pour l'holocauste, des victimes pour le péché, des sacrifices d'action de grâces et de prières. Toutes les victimes devaient être pures et sans taches. Les agneaux immolés en grand nombre symbolisaient particulièrement l'Agneau divin.

Ainsi le sacrifice de l'Homme-Dieu est de tous les âges. Il faisait dès le commencement le fond du culte et de la religion véritable.

L'Agneau divin était immolé dans ces figures et dans la foi implicite des patriarches et des Israélites. Saint Jean nous montre dans l'apoca­lypse une foule immense de tous les âges et de toutes le nations en adora­tion devant l'Agneau blessé au cœur et chantant son cantique à Dieu et à l'Agneau.

Ce n'est pas seulement dans les desseins divins que l'Agneau de Dieu a été immolé et que son Cœur a été percé de toute éternité; c'est aussi sur la terre, à l'autel du vrai Dieu et dans la foi des vrais croyants; im­molation figurative et prophétique dans l'ancienne loi; réelle et sanglan­te au Calvaire; réelle encore, mais non sanglante dans l'Eucharistie.

Résolutions. - L'immolation de l'Agneau divin est le plus grand fait de l'histoire. Le sacerdoce est la plus haute mission. Que de résolutions se pressent en mon âme! résolutions de reconnaissance et d'amour pour la victime du calvaire et de l'autel; résolutions d'estime et de vénération pour le sacerdoce.

Colloque avec l'Agneau divin.

14 Septembre

L'exaltation de la sainte croix

Mihi autem absit gloriari misi in cruce Domini nostri Jesu Christi: per quem mi­hi mundus crucifixus est et ego mundo. In Christo enim Jesu, neque circumcisio ali­quid valet neque praeputium, sed nova creatura. Et quicumque hanc regulam se­cuti fuerint, pax super illos et misericor­dia et super Israel Dei (Ad Gal., 6,14).

Pour moi, je ne veux me glorifier que dans la croix de Notre-Seigneur Jésus­Christ, par qui le monde m'a été crucifié et moi au monde. Dans le Christ Jésus, ce n'est pas la circoncision qui a de la valeur, mais la vie nouvelle. Ceux qui suivent cette règle, j'appelle sur eux la paix et la miséricorde, et sur le peuple de Dieu (Aux Gal, 6,14).

1er Prèlude. La croix est notre gloire et l'instrument de notre rédemption, nous devons la porter à la suite du Sauveur pour avoir part à ses grâces.

2e Prèlude. J'aimerai la croix de la patience et du labeur quotidien pour recevoir les grâces du Sauveur.

­

Ier POINT: La victoire de l'empereur ami de la croix. - C'était en l'an 629. Les Perses étaient à l'apogée de leur puissance. Ils étaient païens, ils adoraient le soleil, selon la doctrine de Zoroastre, ils avaient les mages pour prêtres. Chosroés II, leur souverain, avait conquis la Syrie et la Pa­lestine. Il avait emporté la vraie croix du Sauveur. Il la conservait pré­cieusement par crainte du Dieu des chrétiens. L'empereur Héraclius marcha contre Chosroés pour reconquérir la croix. C'était une vraie croisade. Avant de se mettre en campagne, l'empereur fit faire des priè­res publiques, il recommanda la pénitence, il implora le secours de Dieu et de la sainte Vierge; il emporta avec lui une image miraculeuse du Sau­veur. Dieu bénit ses armes. Chosroés fut vaincu, trahi et enfermé par son fils aine, qui demanda la paix. Héraclius réclama la relique de la vraie croix et la rapporta en triomphe à Constantinople. Sa dévotion à la croix avait été récompensée.

IIe POINT: Le triomphe de la croix à jérusalem. - L'empereur résolut de reporter la croix au sanctuaire du saint sépulcre à Jérusalem, d'où on l'avait enlevée quatorze ans auparavant. Arrivé à Jérusalem, il organisa une procession triomphale où il devait porter la croix sur ses épaules; mais quand il fut parvenu à la porte de la ville qui mène à la sainte mon­tagne, il ne put avancer d'un pas.

Le pieux patriarche de Jérusalem, Zacharie, soupçonna que Notre-Seigneur voulait donner une leçon de simplicité chrétienne à toute l'assi­stance. Il conseilla à l'empereur de déposer ses riches vêtements qui étaient en contradiction avec la croix. L'empereur le fit, il quitta son manteau impérial et sa couronne. Il s'avança nu-pieds avec une tunique modeste. Dès lors la croix se laissa porter facilement.

Des miracles nombreux attestèrent la puissance de la sainte relique. Un mort ressuscita, des lépreux, des aveugles furent guéris; des possédés furent délivrés de l'esprit mauvais. Ce fut un triomphe. Le récit des mi­racles de cette grande journée vint jusqu'en Occident. C'est en mémoire de cet événement qu'on a établi la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix.

Mais ce n'est pas seulement le bois de la Croix que Notre-Seigneur a voulu glorifier, c'est le mystère de la Croix, c'est son sacrifice, c'est toute sa Passion avec tous les enseignements qu'elle nous donne.

IIIe POINT: Les leçons de cette fête. - Elle nous dit le prix du signe de la croix. C'est le signe du salut. On le fait toujours avec profit, si on le fait avec respect, avec piété. Il nous préserve de bien des accidents; il attire sur nous et sur nos travaux les bénédictions de Dieu. La croix parle à Dieu, elle lui représente tout ce que Notre-Seigneur a souffert pour nous.

Mais la croix est aussi le symbole de la pénitence, de la réparation, du sacrifice. La croix était le couronnement de la vie de Notre-Seigneur, qui s'est passée tout entière dans l'humilité, le détachement, le mépris des jouissances terrestres et l'expiation de nos péchés. La croix parle à nos âmes, comme un signe sacré, comme un étendard éloquent. Elle est devenue le signe du chrétien. Elle indique le caractère de notre vie. Nous sommes des croisés, nous sommes marqués pour la lutte et le sacrifice. Une œuvre n'est vraiment chrétienne que si elle est marquée de la croix. Nos actions seront saintes si elles portent ce signe, si elles sont faites dans l'esprit d'humilité, de pénitence, de réparation. Nos entreprises seront bénies de Dieu, si elles sont marquées de la croix, et, au besoin, Dieu les en marquera lui-même par quelque épreuve, surtout s'il s'agit d'une œuvre importante.

Résolutions. - Divin Cœur de Jésus, vous avez aimé et voulu la croix, vous nous l'avez montrée dans les flammes de votre amour; vous ne pouviez pas nous dire plus instamment qu'il faut l'aimer. J'embrasse votre croix. Je veux la porter aujourd'hui et tous les jours dans la prati­que de la règle, de l'obéissance, du travail et dans le support des épreu­ves qui surviennent.

Colloque ave le Sacré-Cœur de Jésus.

15 Septembre

Le sacrement de l'ordre:
vocation des apôtres et des disciples

Circuibat Jésus omnes civitates et ca­stella, docens in synagogis eorum et prae­dicans evangelium regni et curans omnem languorem… Videns autem tur­bas, misertus est eis; quia erant vexati, et jacentes sicut oves non habentes pasto­rem. Tunc dicit discipulis suis: Messis quidem multa, operarii autem pauci. Ro­gate ergo Dominum messis ut mittet ope­rarios in vineam suam (S. Mat., 9,35).

Jésus parcourait les villes et les bourga­des, enseignant dans les synagogues prê­chant l'Evangile du royaume de Dieu et guérissant les malades… En considérant les foules, il eut pitié d'elles, les voyant dans la misère et semblables à un trou­peau sans pasteur. Et il dit à ses disciples: La moisson est grande et les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa vigne (S. Mat., 9,35).

1er Prélude. C'est en son Cœur que Jésus a conçu la hiérarchie de la loi nouvelle. Voyant le peuple en souffrance, il a résolu de lui donner des pasteurs dévoués.

2e Prélude. Prions donc le Seigneur de nous donner beaucoup de saints prêtres.

1er POINT: La prière du Sauveur. - Après qu'il eut reçu le baptême de Jean-Baptiste, et avant de s'adonner à l'organisation de son Eglise, le bon Maître s'est plongé dans une longue prière de quarante jours au désert. Il voulait accumuler des grâces pour ses apôtres et ses disciples.

Après ces quarante jours, commence sa propagande. Il gagne d'abord Jean et André qui sont épris de lui et passent tout un jour à l'écouter: Apud eum manserunt die illo (S. Jean, 1,35). - Après ses premières prédi­cations, il passe encore une nuit en prière, puis le lendemain il dit son grand appel à Pierre, à André, à Jacques, à Jean: Sequere me, suivez-moi. Exiit orare et erat pernoctans in oratione, et cum dies factus esset vocavit discipulos (S. Luc, 6,12).

Et avant de compléter le collège de ses apôtres et de ses disciples, il priera encore et il fera prier. Il a parcouru la Galilée. Il a vu les foules misérables et malmenées par les rabbins et les pharisiens. «Ce sont des brebis sans pasteurs, dit-il avec émotion! Priez donc le Maître suprême d'envoyer des ouvriers à sa vigne et des pasteurs à son troupeau» (S. Mat., 9,38).

Que de leçons pour nous! Estimons à un haut prix la vocation; de­mandons à Dieu de multiplier les saints prêtres.

IIe POINT: L'appel du divin Maître. - Quelles scènes touchantes que ces appels auxquels les heureux élus répondent si généreusement!

«Jésus, dit saint Mathieu, marchait auprès de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon-Pierre et André, qui jetaient leurs filets: c'étaient des pêcheurs. Il leur dit: Suivez-moi et je vous ferai pêcheurs d'hommes; - et sur-le-champ ils quittèrent leurs filets et le suivirent. - En avançant plus loin, il vit deux autres frères, Jacques et Jean, assis dans leur barque avec Zébédée leur père et raccommodant leurs filets. Il les appela, et eux, quittant leurs filets et leur père, se mirent à sa suite» (S. Mat., 4,18).

Saint Jean ajoute souvent aux récits évangéliques des détails que lui seul a remarqués: «Jésus, dit-il, avant d'appeler saint Pierre, avait re­gardé saint Pierre d'un de ces regards profonds, qui pénètrent jusqu'à l'âme: Intuitus autem eum Jésus, dixit: Tu es Simons, filius Jona: Tu vocaberis Cephas, quod interpretatur Petrus: Tu es Simon, fils de Jean, tu t'appelleras Cephas, ce qui veut dire Pierre» (S. Jean, 1,42).

Jésus, regardez-nous, regardez les enfants de votre choix et multipliez les vocations dans ces temps difficiles. Donnez-nous beaucoup de vrais prêtres du Sacré-Cœur.

IIIe POINT: La formation. - Pendant trois ans, le Sauveur entoure ses apôtres des soins les plus assidus. Il est tout dévoué à leur formation, à leur préparation.

A la fin, il peut leur dire: «Je ne vous appelle pas mes serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Vous êtes mes amis: je vous ai transmis tout ce que mon Père m'a dit. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous si choisis, et je vous ai établis pour que vous portiez du fruit et que ce fruit demeure». Le bon Maître ajoute: «Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le don­nera. Si le monde vous hait, ne vous étonnez pas, il m'a haï le premier. Il vous haïra parce que vous n'êtes pas du monde, parce que je vous ai élevés au-dessus du monde. - Je vous enverrai mon esprit, l'esprit de vérité qui sera votre guide. - Vous aurez des persécutions à subir. On vous chassera de vos demeures et de vos sanctuaires, parce que les persé­cuteurs ne connaissent pas mon Père et ne me connaissent pas. Mais avant de vous quitter, je vous préviens, afin que rien ne vous surprenne» (S. Jean, 15).

Le bon Maître a instruit ses disciples jusqu'au bout, avec une charité ineffable.

Quel sort enviable d'être les amis de Jésus, ses intimes, les ministres de ses œuvres et même ses compagnons de labeur et d'expiation sous la croix!

Résolutions. - O Jésus, Souverain Prêtre, multipliez les prêtres saints, les prêtres selon votre Cœur. Je veux prier pour cela comme vous l'avez demandé. Avec vous j'ai pitié de ces troupeaux sans pasteurs. Envoyez­-leur des pasteurs qui joignent la fécondité des œuvres à la sainteté de la vie.

Colloque avec le bon Pasteur.

16 Septembre

Le sacrement de l'ordre:
son institution

Ego enim accepi a Domino quod et tra­didi vobis, quoniam Dominus Jésus in qua nocte tradebatur, accepit panem et gratias agens fregit et dixit: Accipite et manducate: Hoc est corpus meum quod pro vobis tradetur: hoc facite in meam commemorationem. Similiter et calicem dicens: Hic calix testamentum est in meo sanguine. Hoc facite quotiescumque bibe­tis, in meam commemorationem (1 Cor., 11,23).

J'ai appris du Seigneur ce que je vous ai déjà dit, que le Seigneur Jésus, la nuit où il fut trahi, prit du pain et rendant grâ­ces le rompit et dit: Prenez et mangez: ce­ci est mon corps qui sera livré pour vous. Faites cela en mémoire de moi. Il prit de même le calice en disant: Ce calice est le testament dans mon sang. Faites cela en mémoire de moi toutes les fois que vous le boirez (1 Cor., 11,23).

1er Prèlude. Jésus donne aux apôtres le pouvoir de consacrer son corps et son sang.

2e Prèlude. C'est ici le grand don du Cœur de Jésus: le Sauveur se laisse lui-même à nous en héritage.

Ier POINT: Le pouvoir de célébrer le sacrifice eucharistique. - «Ceci est mon corps, ceci est mon sang, faites ceci en mémoire de moi». - Par ces quelques mots, le Sauveur a consacré l'hostie eucharistique et il a donné à ses apôtres et à leurs successeurs, évêques et prêtres, le pouvoir de faire la même consécration jusqu'à la fin du monde.

Par ces paroles divines, si efficaces dans leur brièveté, il nous signifiait qu'il voulait demeurer avec nous; que son Cœur aimant faisait ses déli­ces d'habiter avec les enfants des hommes; qu'il voulait continuer sa vie de victime pour offrir quotidiennement à son Père ses mérites infinis pour notre salut; qu'il voulait même devenir notre aliment et entretenir en nous la vie de la grâce par la participation à son corps et à son sang.

C'est le grand don du Cœur de Jésus, c'est le comble de l'amour di­vin, comme l'exprime saint Jean: «Le Christ ayant aimé les siens les ai­ma jusqu'à la fin».

Quid retribuam Domino? Comment reconnaître tant d'amour? Je ne me lasserai pas de remercier Notre-Seigneur pour le don du sacerdoce et de l'Eucharistie.

IIe POINT: Le pouvoir pastoral. - «Allez, dit le bon Maître après sa ré­surrection; prêchez toutes les nations, et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit; je suis avec vous jusqu'à la fin des siècles» (S. Mat., 28,19).

Dans le même temps, il leur dit: «Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie». Puis il souffla sur eux et il ajouta: «Recevez le Saint-­Esprit; les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez et ils se­ront retenus à ceux à qui vous les retiendrez» (S. Jean, 20,21).

Ce sont là des paroles fécondes. Notre-Seigneur donnait mission à ceux qui devaient exercer en son nom le ministère pastoral. Ils prêche­ront, ils administreront les sacrements, le Baptême, la Pénitence, l'Eu­charistie, etc. Ils seront les pasteurs des âmes. Notre-Seigneur leur a de­jà dit: «Celui qui vous écoute, m'écoute, celui qui vous reçoit, me reçoit».

Ils seront les ministres, les ambassadeurs de Jésus-Christ, ils seront re­vêtus de sa puissance, de son autorité.

Ils passeront comme lui par des épreuves et des persécutions, ils seront prêtres et victimes, mais Notre-Seigneur sera avec eux, il sera en eux, il fécondera leurs travaux, il les aidera et les consolera.

Quelle belle vocation! Quelle grâce c'est pour les prêtres, et quelle grâce aussi pour les fidèles qui trouvent dans le sacerdoce tous les se­cours spirituels dont ils ont besoin!

IIIe POINT: La grande prière pour le prêtre. - Après que le Sauveur eut donné aux apôtres ses dernières recommandations, il leva les yeux au ciel et pria pour ses prêtres:

Mon Père, dit-il, j'ai consommé l'œuvre que vous m'aviez confiée, maintenant glorifiez-moi, glorifiez mon humanité. Je vous recommande aussi mes disciples. Je les ai séparés du monde, je leur ai fait connaître mon origine et ma mission, je vous prie instamment pour eux. Bientôt je les quitterai pour aller à vous, ne les abandonnez pas, protégez-les à cau­se de moi. Conserverez-les dans votre amour et dans la charité fraternel­le. Qu'ils soient un entre eux et avec nous. Ils devront vivre dans le monde par l'apostolat, mais je vous prie de les préserver de toute in­fluence mauvaise. Protégez-les contre le démon, conservez-les dans la vérité et dans la sainteté, pour qu'ils soient capables de remplir leur mis­sion. Je les envoie dans le monde pour le convertir et le sanctifier, com­me vous m'aviez envoyé moi-même. Je vais maintenant me sacrifier et m'immoler pour eux, afin de féconder leur ministère. Par les mérites de mon sacrifice, ils recevront le Saint-Esprit, qui sera leur guide, leur force et leur sanctificateur (S. Jean, 17).

Résolutions. - Merci, merci, Seigneur, pour tant de grâces! Le sacer­doce est le grand don de votre Cœur. Multipliez vos prêtres, sanctifiez­ les, fécondez leur saint ministère.

Nous unissons nos faibles prières à votre grande supplication, afin que la sainte phalange de vos prêtres soit vraiment le sel de la terre et la lu­mière du monde.

Colloque avec le Sauveur dans ses derniers adieux à ses apôtres.

16 Septembre

Les sept douleurs de Marie

Stabant auteur juxta crucem Jesu mater ejus, et soror matris ejus Maria Cleophae et Maria Magdalene. Cum vidisset ergo Jésus matrem et discipulum stantem quem diligebat, dicit matri suae: Mulier, ecce filius tuus. Deinde dicit discipulo: Ecce mater tua (S. joan., 19,25).

Près de la croix de Jésus se tenaient de­bout sa Mère et la soeur de sa Mère, Ma­rie de Cléophas et Marie-Madeleine. Jésus donc voyant sa Mère debout et le di­sciple qu'il aimait, dit à sa Mère: Femme, voici votre Fils. Ensuite il dit à son disci­ple: Voici votre mère (S. Jean, 19,25).

1er Prèlude. Marie était là debout, partageant toutes les douleurs de Jésus et les of­frant courageusement pour notre salut.

2e Prèlude. Puissé-je devenir un ami fidèle de la croix et du Cœur blessé de Jésus!

Ier POINT: Le Cœur brisé et souffrant de Marie. - Empruntons au Père Eudes quelques considérations sur ce sujet si touchant.

Oh! quel douloureux spectacle que la contemplation des Cœurs brisés de Jésus et de Marie, de ces deux Cœurs si saints, si purs, si pleins de grâces et de perfections,.si embrasés de l'amour divin, si étroitement unis l'un à l'autre et si affligés l'un pour l'autre.

Tant que vous demeurâtes avec votre divin Fils, ô Reine des Anges, votre Cœur sacré fut dans l'attente des douleurs que vous avait annon­cées le vieillard Siméon: douleurs sans égales, puisque la grandeur de votre amour en était la mesure. L'heure de la Passion arrive: Jésus prend congé de vous pour aller souffrir, et il vous fait comprendre que, pour accomplir la volonté de son Père, vous devez l'accompagner au pied de la croix, et que votre cœur si tendre y sera transpercé du glaive de la douleur. Saint Jean vient vous avertir que l'Agneau divin va être conduit à l'immolation. Aussitôt vous sortez de votre demeure, baignant de vos larmes les rues de Jérusalem; vous trouvez votre Fils au milieu d'une troupe furieuse de bourreaux et de tigres, qui rugissent et blasphè­ment, demandant à grands cris qu'on le crucifie… Il marche chargé du bois de la croix; vous le suivez, toute baignée de vos larmes et le cœur plongé dans une douleur immense.

Il arrive enfin au Golgotha. A coups de marteau on enfonce dans ses pieds et ses mains des clous qui transpercent votre cœur maternel. Bien­tôt on l'élève de terre au milieu des blasphèmes. Hélas! tout votre sang se glace dans vos veines. Trois heures durant vous restez au pied de la croix de Jésus, clouée par l'amour et la douleur à cet arbre sacré, jusqu'à ce qu'enfin il expire au milieu des plus horribles tourments… On le re­met sans vie entre vos bras. La terre n'a jamais vu pareille douleur.

IIe POINT: La compassion de Jésus pour sa sainte Mère. - Oh! quel dou­loureux martyre pour le Cœur de Jésus, que la vue des immenses dou­leurs qui inondent le cœur de sa Mère bien-aimée! Comme il souffre en voyant l'abandon où elle va rester, les angoisses que lui causera son ab­sence!

O Père des miséricordes, ô Dieu de toute consolation, quels sont-ils donc les deux Cœurs que vous tenez ainsi crucifiés? Quoi! vous n'as­sistez pas Jésus votre Fils unique, et Marie votre servante si humble, vo­tre fille si chère? N'est-elle donc pas pour eux la loi que vous donnâtes à votre peuple et qui défendait d'immoler le même jour sur l'autel l'agneau et sa mère? Aujourd'hui, à la même heure, vous tenez attachés sur la même croix, avec les mêmes clous, le Fils unique de Marie et le Cœur virginal de cette innocente Mère! Auriez-vous donc plus de pitié pour une faible brebis sans raison que pour la Mère de l'Agneau divin? Ah! j'oublie que Jésus et Marie sont les martyrs de notre salut. Vous vouliez, ô mon Dieu, que l'unique bourreau du Cœur de la Mère fût l'amour qu'elle porte à son divin Fils; et qu'au nombre des supplices du Cœur de Jésus fût la contemplation des souffrances de sa Mère, qu'il cause lui-même sans pouvoir les alléger.

Qu'il est donc grand, l'amour du Dieu trois saint pour les pauvres pé­cheurs! Bénédiction, louanges sans fin, gloire infinie, grâces éternelles lui soient rendues pour les œuvres de cet amour divin!

IIIe POINT: Jésus nous remet à sa Mère. - O Cœur sacré de mon Jésus, je vous adore et vous rends des actions de grâces infinies d'avoir fait tourner à mon salut le martyre que vous endurâtes à la vue des souffran­ces du très saint Cœur de Marie au pied de la croix, puisque vous me l'avez donnée pour souveraine et pour mère. Tel est votre amour pour moi que vous la priez de me prendre pour son fils à votre place, de m'ai­mer, d'avoir compassion de mes misères, de m'assister, de me protéger, de me garder et de me gouverner comme son enfant. Peut-être, ô mon Sauveur, n'avez-vous pas trouvé de plus grande consolation pour votre divine Mère, que de lui donner des enfants pervers et pécheurs, afin qu'elle emploie son pouvoir et l'immense charité de son Cœur à procu­rer leur conversion et leur salut.

Soyez béni et loué à jamais, ô Cœur sacré de mon Rédempteur, d'avoir voulu qu'aucune de vos souffrances et de celles de votre sainte Mère, ne fût perdue pour moi, mais que toutes servissent à guérir mes blessures et à m'enrichir des véritables biens.

Résolutions et prières. - O très saint Mère de Dieu, quelles douleurs ter­ribles vous avez éprouvées dans l'enfantement spirituel des pécheurs, lorsque vous les reçûtes, recevez-moi au nombre de vos enfants, bien que j'en sois indigne. Faites pour moi l'office de mère, ô Vierge sainte, daignez me protéger, me conduire en toutes choses. Je m'appliquerai à vous être bien docile.

Colloque avec le Cœur blessé de Marie.

17 Septembre

Les stigmates de saint François

Mihi autem absit gloriari, nisi in cruce Domini nostri Jesu Christi: per quem mi­hi mundus cruciîixus est et ego mundo. In Christo enim Jesu, neque circumcisio ali­quid valet neque praeputium sed nova creatura… de coetero nemo mihi mole­stus sit: ego enim stigmata Domini Jesu in corpore meo porto (Ad Gal., 6,14).

Je ne veux me glorifier en rien que dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est mort et cruficié pour moi, comme je suis mort au monde. En Jésus-Christ, la circoncision ne sert de rien ni l'incirconcision, mais la vie nou­velle, créée en nous par le Saint-Esprit. Au reste que personne ne me cause de nouvelles peines au sujet de la circonci­sion, car je porte sur le corps les marques du Seigneur Jésus (Aux Gal., 6,14).

1er Prélude. Saint Paul fait allusion aux cicatrices des plaies qu'il a reçues pour l'amour de Jésus. Elles lui donnent autorité pour parler au nom de Notre-Seigneur.

2e Prélude. Seigneur Jésus, accordez-moi par les mérites et les prières de saint François de porter chaque jour la croix et de faire de dignes fruits de pénitence.

Ier POINT: La préparation. - Saint François était un miracle de péni­tence. Il traitait rudement son corps qu'il appelait frère l'âne; il le battait lorqu'il regimbait; quand il mangeait quelque aliment cuit, ce qui lui ar­rivait rarement, il y jetait de la cendre. Il ne buvait que de l'eau et en pe­tite quantité, et il faisait huit carêmes par an. La terre lui servait souvent de lit. Il dormait presque toujours assis, en appuyant sa tête sur un mor­ceau de bois ou sur une pierre. Le divin crucifié ne pouvait pas se désin­téresser d'un pareil ami de la croix. Si François aimait la sainte victime de la rédemption, il en était aimé à son tour.

La pénitence de saint François allait d'autant plus au Cœur de Jésus qu'elle était toute inspirée par l'amour le plus pur. Saint François aimait la pénitence comme il aimait la pauvreté, pour ressembler à son divin ami.

IIe POINT: La grande grâce. - Saint François se retirait souvent dans une gorge sauvage du Mont Alverne pour y prier et y pratiquer la péni­tence. Deux ans avant sa mort, il passa là quelques semaines pour y faire un jeûne de quarante jours en l'honneur de saint Michel. Son amour pour le divin crucifié devenait toujours plus ardent. Il priait de longues heures devant le crucifix et souvent il y tombait en extase. La fête de l'Exaltation de la sainte Croix l'avait profondément touché. Il eût voulu être crucifié pour Jésus et à la place de Jésus.

Trois jours après la fête, comme il priait en pensant au calvaire, un ange se présenta à lui dans l'attitude du divin crucifié. Ses mains et ses pieds étaient attachés à une croix. Le séraphin avait six ailes, comme les anges de la vision d'Isaïe, deux s'élevaient derrière sa tête et lui faisaient comme une auréole; deux s'étendaient derrière les bras de la croix, et les deux autres couvraient son corps comme un vêtement. A ce spectacle merveilleux, François versa des larmes d'attendrissement. Le séraphin était si beau et il paraissait si souffrant! François enviait son sort, il dési­rait toujours être crucifié avec Jésus. N'était-il pas allé jusqu'en Syrie dans l'espoir d'y trouver le martyre?

Mais tout à coup des rayons de lumière et de feu jaillirent des cinq plaies du crucifix et vinrent frapper le côté, les deux mains et les deux pieds du bienheureux, y laissant l'empreinte des stigmates de la Passion. Son côté droit reçut une cicatrice, comme si on l'eût ouvert d'un coup de lance; il en sortit ce jour-là une si grande quantité de sang que ses habits en furent empreints, et cela se renouvela quelquefois dans la suite. Saint François a donc bien été un saint du Sacré-Cœur et nous ne devons pas nous étonner de voir Notre-Seigneur le montrer à Marguerite-Marie comme un protecteur.

IIIe POINT: L'humilité de saint François. - Notre grand martyr d'amour chercha toujours à cacher cette faveur divine, mais en vain. Ses mains et ses pieds portaient des excroissances semblables à des clous. Le sang de son côté mouilla souvent ses vêtements. L'eau dont il se lavait les mains opéra plusieurs fois des miracles, des milliers de personnes pu­rent constater le miracle pendant la vie et après la mort du saint.

C'était la première fois que Notre-Seigneur accordait cette faveur à un de ses serviteurs depuis la Rédemption.

L'amitié tend à rendre les amis semblables dans leurs goûts et leurs af­fections. Saint François a tant aimé Jésus qu'il lui est devenu semblable jusque dans ses plaies et ses cicatrices.

Quelle leçon pour nous qui aimons si peu la croix sous toutes ses for­mes! Nous aimons Jésus pour ses faveurs et ses consolations, nous ne l'aimons pas assez pour compatir à ses souffrances et à ses tristesses. Rien n'est plus salutaire que l'amour du crucifié et la vie pénitente.

Soyons victimes d'amour dans la mesure de notre grâce, en offrant toute notre vie, tous nos travaux, tous nos sacrifices dans cet esprit d'amour. Pratiquons quelques mortifications chaque jour, aimons à contempler les mystères de la Passion, dans nos rendez-vous quotidiens, dans la pratique du chemin de la croix et de l'Heure sainte.

Résolutions. - Avec saint François je veux contempler souvent le cru­cifix et m'unir aux mystères douloureux de Notre-Seigneur, aux senti­ments de réparation et d'expiation qui brisaient son Cœur à Gethsema­ni et qui lui firent désirer la croix, l'embrasser même, la porter et s'y at­tacher avec joie pour le plaisir de son Père et pour notre salut. Je ferai le chemin de la Croix.

Colloque avec le séraphin du Monte Alverne.

18 Septembre

Les sacrement de l'ordre
La mission des apôtres et des prêtres

Accedens Jésus locutus est eis dicens: data est mihi omnis potestas in coelo et in terra. Euntes ergo docete omnes gentes, baptizantes eos in nomine Patris et Filii et Spiritus sancti: docentes eos servare omnia quaecumque mandavi vobis. Et ec­ce ego vobiscum sum omnibus diebus usque ad consumationem saeculi (S. Mat., 28,18).

Jésus s'approchant leur dit: Toute puis­sance m'a été donnée au ciel et sur la ter­re. Allez donc, enseignez tous les peuples, et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai recommandé. Et je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des siècles (S. Mat., 28,18).

1er Prélude. Notre-Seigneur donne ici à ses apôtres la grande mission de conquérir le monde. Il se contente de quelques mots, parce qu'il leur a déjà donné des règles et des conseils pour l'apostolat.

2e Prélude. Nous nous reporterons donc dans cette méditation aux règles de conduite données par Notre-Seigneur aux apôtres et aux disciples dans le chapitre neuvième de saint Mathieu.

Ier POINT: Préparation. - Jésus parcourait lui-même les villes et les bourgades de la Galilée, annonçant la bonne nouvelle et guérissant les malades; mais il n'y pouvait suffire et voyant tout ce peuple souffrant et abattu, il fut pris de compassion, et il dit à ses disciples: «La moisson est grande, prions le divin Maître d'y envoyer des ouvriers», puis il appela ses douze apôtres et les envoya deux à deux pour prêcher avec le pouvoir de chasser les démons et de guérir les malades.

C'était comme une répétition et un essai de leur ministère futur et de celui des ministres de l'Eglise. Aussi leur donna-t-il des conseils et des encouragements qui gardent pour la plupart toute leur actualité.

C'est un directoire sommaire du ministère pastoral, méditons-le. Remarquons toutefois que l'ordre de n'aller qu'aux juifs et le pouvoir de faire couramment des miracles étaient spéciaux à cette première mis­sion.

IIe POINT: Conseils du Sauveur. - Notre-Seigneur indique aux apôtres trois conditions requises pour le succès de leur mission.

La première est l'esprit de désintéressement. «Vous avez reçu gratui­tement, donnez gratuitement». Que vos auditeurs voient que ce n'est pas pour le gain, mais pour le salut des âmes et pour le bonheur des hommes que vous travaillez.

La seconde est le détachement des choses de la terre et l'amour de la sainte pauvreté: «Ne prenez avec vous ni or ni provisions».

La troisième est la confiance la plus entière dans les soins et la protec­tion de la divine Providence: «L'ouvrier a droit à sa norriture».

Ces conditions sont encore aujourd'hui celles du succès. Notre-Seigneur prémunit ensuite ses disciples contre les persécutions à venir, et là c'est pour le ministère apostolique de l'avenir qu'il les in­struit, car les persécutions ne devaient surgir pour eux qu'après la Pen­tecôte. «Je vous envoie, leur dit-il, comme des agneaux au milieu des loups. Soyez simples comme des colombes, par votre douceur et votre charité, mais aussi soyez prudents comme des serpents pur éviter les piè­ges qui vous seront tendus… Ne vous inquiétez pas de ce qu'il faudra ré­pondre, si l'on vous conduit devant les juges, l'Esprit-Saint vous assiste­ra… N'affrontez pas témérairement la persécution, fuyez plutôt dans une autre ville… Les persécutions ne doivent pas d'ailleurs vous ef­frayer, elles vous prépareront une récompense incomparable. Celui qui persévérera sera sauvé, et en retour de souffrances passagères, il recevra l'éternelle félicité des cieux et un poids immense de gloire».

IIIe POINT: Encouragements. - Le bon Maître propose ensuite à ses apôtres des motifs d'encouragement pour souffrir courageusement les épreuves et même le martyre, s'il y a lieu. Ces encouragements font en­core aujourd'hui la force de nos missionnaires, qui vont si volontiers braver tous les périls, avec le secret désir de verser leur sang pour le Sau­veur.

Le premier encouragement que nous donne le bon Maître est son pro­pre exemple: «Le disciple, dit-il, n'est pas au-dessus du Maître; s'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront». Après l'exemple de Notre-­Seigneur, dit saint Bernard, il n'y a plus de persécutions ni de souffran­ces qui puissent effrayer un chrétien; c'est un honneur que Dieu lui fait de le faire participer au calice de son divin Fils.

Notre-Seigneur ajoute que nous ne devons pas craindre, parce que la vérité sortira toujours victorieuse du mensonge et de la calomnie; et d'ailleurs si nos ennemis peuvent atteindre notre corps, ils sont impuis­sants contre notre âme et ils ne peuvent pas la séparer de Dieu.

Et puis la Providence divine veille sur ses serviteurs et en particulier sur les apôtres de l'Evangile.

Notre-Seigneur confessera et glorifiera devant son Père ceux qui l'au­ron confessé sur la terre.

Le dernier encouragement et le plus saisissant, c'est la haute dignité des apôtres, qui sont les représentants de Notre-Seigneur et d'autres lui-même. Il les vengera de leurs ennemis comme il récompensera ceux qui les reçoivent, ceux qui leur témoignent du respect et du dévouement.

Résolutions. - Merci encore au Sacré-Cœur de Jésus, qui nous a don­né le sacerdoce pour coopérer à notre salut. Estimons la dignité sacerdo­tale comme elle le mérite, demandons à Dieu de saints prêtres. Confions nos âmes à la direction de quelque saint prêtre. Notre-Seigneur le guide­ra. Il a dit à ses prêtres: Celui qui vous écoute, m'écoute.

Colloque avec le Sauveur.

19 Septembre

Notre-Dame de la Salette

Tu scis improperium meum et confu­sionem meam et reverentiam meam. In conspectu tuo sunt omnes qui tribulant me: improperium expectavit cor meum et miseriam. Et sustinui qui simul contrista­retur et non fuit et qui consolaretur et non inveni (Ps. 68,20).

Vous savez, Seigneur, mes tribulations et la confusion que je supporte. Vous avez devant les yeux tous ceux qui me tour­mentent: j'accepte l'humiliation et la tris­tesse. Je cherche des âmes compatissantes qui me consolent et je n'en trouve pas (Ps. 68,20).

1er Prélude. Ces paroles de David sont souvent appliquées à Notre-Seigneur. Il cher­che des âmes réparatrices. Elles peuvent aussi s'appliquer à Marie qui est venue à La Salette nous dire ses tristesses mystiques et nous demander de la consoler.

2e Prélude. O Marie, Mère de douleurs, combien nos péchés vous affligent! Obtenez-moi la grâce de compatir efficacement à vos douleurs.

Ier POINT: Marie réparatrice. - C'est comme réparatrice que la sainte Vierge Marie s'est manifestée à La Salette. Elle y a demandé les œuvres réparatrices. Son costume était symbolique: les vêtements de travail et les instruments de la Passion, cela indique le travail humble et modeste accepté en esprit de réparation, l'abnégation de la volonté, le sacrifice, l'immolation, l'abandon, le support des croix.

Marie portait à son cou la croix, la couronne d'épines, la lance, le marteau, les tenailles. Elle nous appelait à sa suite à la vie de victime pour le salut du monde et particulièrement pour la sanctification du peu­ple choisi. Elle a pleuré sur les péchés du peuple, sur le blasphème et la profanation du dimanche. elle a pleuré aussi et très amèrement sur les infidélités du peuple choisi, qui blessent plus sensiblement le Cœur de Jésus.

IIe POINT: Marie aimante et compatissante. - C'est au jour de la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs que Marie manifesta sa tristesse, en 1846. Son but était de toucher les cœurs tièdes et refroidis, de les ré­chauffer, de les enflammer de l'amour de Dieu, de les exhorter à l'ac­complissement de leurs devoirs et de leurs promesses, que ce soit la pro­messe du simple chrétien au baptême ou celle des âmes consacrées dans leurs vœux. Il n'est pas douteux que ce qui attriste cruellement cette Mère du ciel, si tendrement aimante et compatissante, c'est surtout la résistance, l'insensibilité, l'ingratitude, l'infidélité, la dureté, le manque d'amour du peuple choisi, des âmes consacrées, qui ont été comblées de grâces et de privilèges, et qui doivent à Notre-Seigneur plus d'amour, de reconnaissance et de fidélité. Plus est grand, en effet, le droit par lequel on peut attendre et réclamer une chose, plus la promesse en a été solen­nelle et fréquente, plus aussi l'injustice est grande et la douleur est aiguë, quand la chose promise n'est pas donnée ou qu'elle est donnée d'une manière parcimonieuse et incomplète.

Devant les tribunaux de la terre, les manquements à la foi jurée sont punis. A la fin aussi, le Dieu si clément, si miséricordieux et si patient, est forcé de laisser servir sa justice. La très sainte Vierge nous le dit: «Si mon peuple, dit-elle, ne veut pas se soumettre (à la pénitence et à la réparation), je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si lourd et si pesant, que je ne puis plus le retenir…».

IIIe POINT: Marie médiatrice et réconciliatrice. - Marie, la Mère des mi­séricordes, intervient pour nous réconcilier avec Dieu et pour arrêter son bras prêt à nous frapper. «Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, dit-elle, je suis chargée de le prier sans cesse… Jamais vous ne pou­vez comprendre la peine que j'ai prise pour vous…».

Mais dans les desseins de la Providence, elle ne peut pas nous sauver seule, il faut que nous y concourions avec elle. C'était le motif de son ap­parition. Elle venait demander des âmes et des cœurs qui s'efforcent d'apaiser la juste colère de Dieu.

Bien des œuvres réparatrices ont surgi après cet appel. L'influence de La Salette a suscité l'œuvre de la sainte Face de Tours, l'association de saint Dizier pour la réparation des blasphèmes et de la profanation du dimanche et même la communauté de l'Adoration réparatrice. C'est à elle aussi qu'est dû le mouvement pour le repos du dimanche qui va s'ac­centuant dans tous les pays chrétiens.

Elle n'a pas été non plus sans quelque relation avec nos œuvres de ré­paration au Sacré-Cœur. Mais tout ce qui s'est fait est encore manifeste­ment insuffisant. Dieu nous tient encore en rigueur, que chacun de nous fasse donc ce qu'il peut.

Résolutions. - Oui, mon Dieu, tout ce que j'ai fait pour ma part est bien en dessous de ce que vous attendiez de moi. je puis encore être l'ou­vrier de la onzième heure. je vous offrirai toutes mes actions dans l'esprit de réparation.

Colloque avec Notre-Dame de La Saiette.

20 Septembre

Le mariage:
préparation

Et die tertia nuptiae factae sunt in Ca­na Galilaeae: et erat mater Jesu ibi. Voca­tus est autem et Jésus, et discipuli ejus ad nuptias. Et deficiente vino, dicit mater Je­su ad eum: vinum non habent (S. Joan., 2,1).

Trois jours après, il y avait des noces à Cana en Galilée, et la Mère de Jésus y était. Mais Jésus et ses nouveaux disciples y furent aussi invités. Et le vin venant à manquer, la Mère de Jésus lui dit: ils n'ont plus de vin (S. Jean., 2,1).

1er Prélude. Comme Dieu a béni la famille dès le commencement du monde, Jésus veut la bénir dès le commencement de son intervention pour l'organisation de l'Eglise.

2e Prélude. Seigneur, renouvelez la famille chrétienne, qui est le fondement de la so­ciété religieuse.

Ier POINT: Les intentions du Sauveur. - On célébrait des noces à Cana, dans une famille alliée au Sauveur. C'était, dit l'écrivain Nicéphore, le mariage de Simon le Cananéen, fils de Cléophas, neveu de la Vierge Marie et cousin de Jésus. - En acceptant l'invitation qui lui était faite, Notre-Seigneur voulait consacrer par sa présence la sainteté du mariage, qu'il se proposait d'élever à la dignité de sacrement, tout en se montrant l'ami délicat d'une famille qui lui était chère et qui méritait les faveurs divines.

Le mariage chrétien, devenu un sacrement de la loi nouvelle, purifie­ra la source de la vie.

Cette belle journée de Cana inaugure l'institution divine de la famille, reconstituée dans le Christ.

Le mariage, institué par Dieu dès le commencement, est élevé à la di­gnité de sacrement. Il est honoré par la présence de Jésus et de Marie. Il devient le symbole de l'union spirituelle de Jésus avec son Eglise. Quelle dignité!

Jésus ne vient pas briser les liens et les relations de la société, mais les sanctifier, et le miracle qu'il opère est un symbole des bénédictions spiri­tuelles et temporelles qui descendront sur les familles fidèles aux devoirs de la piété.

IIe POINT: La Vierge Marie et la femme chrétienne. - La Vierge Marie était là, elle est toujours au foyer des époux chrétiens qui l'invitent par leurs prières. Elle était là pleine de sollicitude et de bonté. Elle est la pro­tectrice des familles chrétiennes, leur puissante médiatrice auprès du Sauveur, qui ne lui refuse rien. Elle nous exhorte à la confiance en Jésus et nous assure qu'il nous bénira si nous sommes dociles envers lui. Marie est là le modèle de la femme chrétienne. Son affection pour la famille en témoigne par une prévenance attentive. Elle est la première à s'apercevoir de ce qui peut manquer aux autres.

Elle est empressée à les secourir et à les consoler; elle n'attend pas qu'on la prie. Combien elle est douce, patiente, modeste! Elle ne se dé­courage pas quand Jésus semble lui reprocher de hâter l'heure de ses mi­racles.

Elle est l'ange de la famille. Elle a bien voulu venir partager les joies du beau jour de ce mariage, mais elle partage aussi spontanément les soucis de cette famille qui va manquer de vin. Elle est toute à tous et tou­jours remplie de zèle et de charité. Elle pourvoit à tout par sa prière in­stante et persévérante.

IIIe POINT: Les époux. - Ils ont invité à leurs noces Jésus et sa mère. Qu'est-ce qu'inviter Jésus à ses noces? C'est d'abord le prier avant de prendre une détermination pour les fiançailles. - C'est se proposer dans le mariage une fin chrétienne, comme de se donner un secours dans ses besoins, une aide dans ses travaux, une consolation dans les peines de la vie; de donner à l'Eglise des enfants élevés dans la crainte du Seigneur; - c'est de se présenter à la célébration du mariage avec une âme bien préparée et exempte de péché; - c'est de célébrer les réjouissances nup­tiales avec modestie.

Jésus a répondu à l'invitation des époux de Cana, il répondra de mê­me à l'appel de ceux qui l'inviteront.

Il a manifesté à Cana sa grande bonté et l'efficacité de l'intercession de Marie. Il a montré qu'il a un grand plaisir à répandre ses bienfaits sur ceux qui ont recours à lui.

Il veut cependant que nous attendions son heure et que nous sachions gagner son Cœur par notre confiance.

Il indique aussi qu'une union chrétienne peut avoir ses jours difficiles, comme les époux de Cana ont eu l'ennui de manquer de vin; mais quand Jésus est là, quand on a eu soin de l'inviter avec Marie, ils inter­viennent, ils viennent au secours de ceux qui sont dans l'embarras; ils rendent les difficultés faciles à supporter.

L'Evangile des noces de Cana sera toujours relu avec profit dans les familles chrétiennes. Ses paroles seront efficaces pour raviver la foi et la confiance et pour ramener la joie dans les jours de peine et de tristesse.

Résolutions. - Prions Dieu de bénir les familles chrétiennes. Invitons assidûment Jésus et Marie à nos foyers par la vie de prière. Ayons une confiance inébranlable dans la tendre compassion du Cœur de Jésus; al­lons à lui par le Cœur de Marie, qui saura le déterminer à nous aider. Colloque avec Marie.

21 Septembre

Saint Mathieu
apôtre et evangeliste

Et quum transiret inde Jésus, vidit ho­minem sedentem in telonio, Matthaeum nomine. Et ait illi: Sequere me Et surgens secutus est eum. Et factum est discum­bente eo in domo, ecce multi publicani et peccatores venientes discumbebant cum Jesu et discipulis ejus (S. Mat., 9,9).

Et comme Jésus s'en allait, il vit un homme nommé Mathieu, assis à son bu­reau, et il lui dit: Suis-moi. Et se levant, il le suivit. Et comme ils dînaient chez lui, plusieurs publicains et pécheurs vinrent dîner avec Jésus et ses disciples (S. Mat., 9,9).

1er Prélude. Jésus appelle saint Mathieu à l'apostolat. Saint Mathieu est reconnaissant et dévoué, il invite Jésus et ses disciples avec plusieurs publicains pour les gagner.

2e Prélude. Donnez-moi, Seigneur, la docilité à votre voix et le zèle pour vous gagner des âmes.

­

Ier POINT: Jésus est venu pour les pécheurs. - Mathieu-Lévi était publi­cain ou receveur des impôts. Les hommes de cette profession étaient fort décriés parmi les juifs, ils abusaient si souvent de leurs fonctions pour pressurer les populations! Notre-Seigneur voulut cependant choisir un de ses apôtres parmi eux.

Lévi était à son bureau, près du lac de Génésareth, quand Jésus l'aperçut et lui dit de le suivre. Le publicain abandonna aussitôt le poste lucratif qu'il occupait, pour s'attacher à Notre-Seigneur. Tout heureux et reconnaissant de sa vocation, il invita le divin Sauveur et ses disciples à venir prendre un repas chez lui. Il invita en même temps plusieurs pu­blicains ses amis pour les attirer à Jésus. Les pharisiens s'en scandalisè­rent et dirent aux disciples du Sauveur: «Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs?». Jésus entendant leurs murmures fit cette belle réponse: «Les médecins sont pour les malades, et non pour ceux qui sont en bonne santé. Je suis venu appeler, non les justes, mais les pécheurs». Parole encourageante tombée du Cœur de Jésus! Ne per­dons pas confiance, bien que nous soyons pécheurs.

IIe POINT: La bonne nouvelle. - Après l'Ascension, saint Mathieu fut le premier des disciples du Sauveur qui écrivit les discours et la vie du bon Maître. Il donna à son livre le beau nom d'Evangile, c'est-à-dire bonne nouvelle; c'était, en effet, une heureuse nouvelle pour tous les hom­mes que l'annonce de leur délivrance de l'esclavage du démon et de leur réconciliation avec Dieu par les mérites de son Fils, incarné dans le sein d'une vierge, et immolé sur la croix. Le symbole de l'Evangile de saint Mathieu est un homme, parce qu'il commence par la génération divine du Verbe. Saint Mathieu, comme saint Luc, s'étend sur les aimables mystères de l'enfance de Notre-Seigneur, il a dû les apprendre de la sainte Vierge. Il raconte l'adoration des mages, la fuite en Egypte, le massacre des innocents, le retour d'Egypte à Nazareth.

Il nous donne bien au long le sermon sur la montagne et les paraboles de Notre-Seigneur, son Evangile est vraiment celui de la doctrine de Notre-Seigneur.

C'est lui qui nous révèle la caractéristique du Cœur de Jésus dans sa vie privée et publique. Il a retenu et répété ces belles paroles de Jésus: «Apprenez de moi que je suis doux et humble de Cœur». Saint Mathieu est le témoin de ces belles vertus du Cœur de Jésus, il les a imitées. Imitions-les après lui.

IIIe POINT: La victime de la virginité. - Saint Mathieu avait un zèle ar­dent et une grande austérité de vie. Il ne mangeait pas de viande. Il prê­cha Jésus-Christ en Egypte, puis en Ethiopie, et c'est à lui que ce royau­me doit la foi. Il retrouva là l'eunuque de la reine de Candace, baptisé par saint Philippe. Avec son concours, il convertit le peuple et la famille royale. Il eut à lutter contre les magiciens qui opéraient des prodiges par la vertu du démon. Par le signe de la croix il ressuscita le fils du roi et ce miracle gagna toute la province à l'Evangile. Saint Mathieu avait per­suadé à la fille du roi, Iphigénie, de garder la virginité. Quand le roi mourut, son frère Hirtare qui lui succéda voulut épouser Iphigenie et demanda le concours de saint Mathieu pour la décider. Le saint, au con­traire, la confirma dans son dessein de garder la virginité. Le roi, fu­rieux, fit égorger saint Mathieu au moment même où il célébrait les saints mystères.

C'est ainsi que l'apôtre a été, comme l'a dit saint Hippolyte, l'hostie et la victime de la virginité.

Résolutions. - Saint apôtre, j'envie la grâce que vous avez eue de connaître Jésus, doux et humble de cœur, et de converser avec lui. Mais moi, j'ai la faveur de le posséder dans l'Eucharistie et d'être uni à lui par la grâce. Je veux profiter de cette union mieux que je ne l'ai fait jusqu'ici. Il faut pour cela que je sois plus fidèle à renouveler cette union un grand nombre de fois dans la journée.

Colloque avec saint Mathieu.

22 Septembre

Le mariage:
institution

Accesserunt ad eum pharisaei tentantes eum et dicentes: Si licet homini dimittere uxorem suam quacumque ex causa? Qui respondens ait eis: Non legistis quia qui fecit hominem ab initio, masculum et fe­minam fecit eos? Et dixit: Propter hoc di­mittet homo patrem et matrem, et adhae­rebit uxori suae et erunt duo in carne una… Quod ergo Deus conjunxit, homo non separet (S. Mat., 19,3).

Des pharisiens vinrent pour le tenter et lui dirent: Est-il permis à l'homme de ren­voyer sa femme pour tout motif qu'il vou­dra? Jésus répondit: N'avez-vous pas lu que Dieu créa l'homme et la femme et leur dit: L'homme quittera son père et sa mère et ils seront deux en un… Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas (S. Mat., 19,3).

1er Prélude. Nous n'avons pas les paroles précises de l'institution du mariage, mais nous voyons Notre-Seigneur en donner ici les lois.

2e Prélude. Donnez-moi, Seigneur, le grâce de comprendre la grandeur de ce sacre­ment.

Ier POINT: La famille. - C'est la famille chrétienne que Jésus nous décrit aujourd'hui: «N'avez-vous pas lu, dit-il, que Dieu créa au com­mencement l'homme et la femme et les unit par le lien du mariage pour qu'ils forment un seul corps moral, une famille. Moïse a permis le divor­ce, ad duritiam cordis, mais il faut revenir à la pureté primitive du maria­ge».

La famille fondée par le mariage chrétien est un lieu d'honneur, c'est la condition du travail fécond, de la prospérité, de l'éducation des en­fants. Si elle a ses jours d'épreuve, elle a aussi ses grâces d'état, grâces de patience, de support mutuel, d'affection et d'union.

Le divorce est la destruction de la famille, le scandale des enfants, la contradiction du plan divin.

La bénédiction divine ne peut descendre que sur la famille légitime et fidèle à ses devoirs. Honorons les familles chrétiennes. Remercions Dieu de nous avoir donné cette imitation de sa vie intime dans la sainte Tri­nité.

IIe POINT: Le sens mystique du mariage et la virginité. - Les Pharisiens dirent alors au Seigneur: «S'il en est ainsi, il vaut mieux ne pas se ma­rier». Jésus répondit: «Il y a, en effet, une voie plus élevée, celle de la vir­ginité, mais tout le monde n'y est pas appelé».

Saint Paul a eu la mission de nous expliquer le sens mystique du ma­riage et la supériorité de la virginité.

«Le mariage, dit-il, est un grand sacrement ou un grand mystère dans le Christ et dans l'Eglise» (Eph., 5,13).

Le mariage a été élevé à cette dignité, de représenter, de figurer l'union du Christ avec l'Eglise, et il participe aux grâces qu'il représen­te. L'époux est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l'Egli­se. Entre eux doit régner une union d'affection, de confiance et de respect.

La femme honore le Christ en son époux. Elle lui est soumise en tout ce qui est selon Dieu. Elle honore en lui le chef et le protecteur de la fa­mille.

L'époux aime son épouse comme le Christ aime l'Eglise. Il se dévoue pour elle. Il doit l'aider en tout et surtout en sa sanctification.

Le mariage est donc la noble image de l'union du Christ et de l'Eglise. Mais les âmes qui gardent la virginité ont plus que cette image, elles s'unissent au Christ lui-même, elles deviennent ses épouses. Elles vivent pour lui et avec lui. Aussi la virginité surpasse le mariage autant que la réalité surpasse la figure. Mais toute le monde n'y est pas appelé.

Estimons la virginité à son juste prix. Si nous sommes appelés à cette vocation, comprenons la grandeur de cette grâce et soyons reconnais­sants.

IIIe POINT: Les enfants. - Après avoir parlé des grandeurs de la fa­mille, Jésus appelle notre attention sur les enfants, qui sont le fruit du mariage. Le devoir des époux est de les conduire à Jésus-Christ et de leur montrer le chemin de la sainteté.

Jésus accueillait les enfants et les bénissait, après son discours sur le mariage. Sa pensée était alors toute pour eux. Les apôtres veulent écar­ter les enfants, il ne le souffre pas. «Laissez-les venir à moi, dit-il. Ils res­semblent aux anges des cieux. L'enfant est docile, simple, croyant, obéissant. Au lieu d'écarter les enfants, imitez leurs qualités».

Il les embrassait, leur imposait les mains et les bénissait. C'est une courte leçon d'éducation chrétienne. Il faut encourager les enfants à la piété, les bénir et les faire prier.

Quelques jours avant, Jésus avait déjà présenté un petit enfant à ses apôtres comme un modèle à imiter, parce que l'enfant est simple, hum­ble et docile. «Si vous n'avez pas, disait Jésus, ces dispositions de l'en­fance spirituelle, vous n'entrerez pas au royaume des cieux». Et il leur recommandait les enfants: «Celui qui les reçoit en mon nom me reçoit disait-il. Je tiens comme fait à moi-même ce qu'on fait pour eux. Mal­heur à ceux qui les scandalisent! Il vaudrait mieux qu'ils ne fussent pas nés».

Résolutions. - J'estimerai à leur juste valeur la famille chrétienne et la virginité. Je regarderai l'éducation chrétienne des enfants comme un no­ble labeur. Donnez-moi, Seigneur, l'esprit d'enfant que vous aimez tant! Je vous prie pour les enfants, que votre divin Cœur affectionne, et je vous fais amende honorable pour les scandales que j'ai pu leur don­ner.

Colloque avec le Sauveur.

23 Septembre

L'extrême-onction

Infirmatur quis in vobis inducat pre­sbyteros ecclesiae, et orent super eum, ungentes eum oleo in nomine Domini; et oratio fidei salvabit infirmum, et allevia­bit eum dominus; et si in peccatis sit, re­mittentur ci (Ep. S. Jac., 5,l4).

Si quelqu'un est malade parmi vous, qu'on appelle les prêtres et qu'ils prient sur lui en l'oignant d'huile au nom du Seigneur; et la prière faite avec foi sauve­ra le malade, et Dieu le soulagera et s'il a des péchés, ils lui seront remis (Ep. S. Jac., 5,14).

1er Prélude. Le cœur si bon de Jésus n'a pas voulu nous laisser sans un secours spé­cial à l'heure si décisive de la mort.

2e Prélude. Jésus a eu toutes les délicatesses du cœur dans la préparation des sacrement.

Ier POINT: Préparation de l'extrême-onction. - Le bon Maître a fait faire à ses apôtres et à ses disciples comme un exercice ou une répétition de leur ministère futur. Il les a envoyés en vrais missionnaires à travers la Galilée, de bourgade en bourgade. Il leur avait recommandé de ne rien emporter et de se fier à la Providence. C'est en son nom qu'ils travaille­raient et ceux qui les recevraient seraient bénis, comme s'ils le rece­vaient lui-même. Ils allèrent, et ce fut une belle moisson. Ils prêchaient la pénitence, ils chassaient les démons, ils délivraient les possédés. Ils guérissaient aussi les malades, mais comment le faisaient-ils: c'est en priant sur eux et en les oignant d'huile: Et ungebant oleo multos aegros et sa­nabant (S. Marc, 6,13). Ils s'exerçaient ainsi à donner plus tard le sacre­ment de l'extrême-onction. C'est l'enseignement du Concile de Trente. Notre-Seigneur préparait les sacrements avant de les instituer. Il prépa­rait aussi les grâces dont les sacrements seraient la source.

IIe POINT: L'institution du sacrement promulguée par saint Jacques. - Nous avons lu déjà la parole de saint Jacques en son épître: «Si quelqu'un est malade, ils lui feront une onction, au nom du Seigneur. La prière faite avec foi le sauvera, Dieu le soulagera; et s'il a des péchés, ils lui seront remis».

Il faut lire saint Thomas d'Aquin sur les effets de l'extrême-onction: «Ce sacrement, dit-il, est administré sous la forme d'une onction médici­nale, comme le baptême a la forme d'une ablution; mais les soins médi­caux ont pour but de guérir les maladies. Le but principal de ce sacra­ment est donc de guérir l'infirmité du péché. comme le baptême est une régénération et la pénitence une résurrection, ainsi l'extrême-onction est une guérison spirituelle.

Mais la guérison suppose la vie et non la mort. Ce sacrement n'est donc pas institué comme la pénitence pour remettre les péchés graves. Il guérit les maladies et les faiblesses spirituelles, comme les péchés véniels et ce qui peut rester de faiblesse à la suite des péchés graves. Par accident même, il efface les péchés mortels qu'aurait le malade s'il n'y met pas obstacle».

Ajoutons que souvent ce sacrement guérit ou soulage le malade même physiquement. Ce soulagement est le symbole de la guérison spirituelle comme dans le baptême l'ablution du corps est le symbole de la rémis­sion des péchés. Mais ici la guérison n'est pas un effet naturel du sacre­ment, elle est une grâce que Dieu donne, en tant qu'elle est utile à l'âme et au salut du malade. Le plus souvent un soulagement momentané per­met au malade de se bien préparer à l'heure si grave du jugement.

IIIe POINT: Les soins du bon Pasteur. - Le cœur du bon Pasteur a pourvu à tous les besoins de ses ouailles. Il les prend à l'entrée dans la vie et les élève par le baptême à une vie plus élevée et surnaturelle.

Si elles viennent à perdre cette vie divine par le péché, il les ressuscite par le sacrement de pénitence.

Pour faire croître cette vie régulièrement et quotidiennement, il leur offre un aliment céleste, qui n'est autre que son corps et son sang. Que pouvait-il faire de plus pour marquer son amour envers elles?

Après le baptême, ou à l'entrée de la jeunesse, il donne à ces âmes, dans le sacrement de confirmation, une onction pour le combat. Il en fait des athlètes et des chevaliers.

Pour multiplier ses ouailles, il bénit le mariage.

Pour les conduire et veiller sur elles, il leur donne des pasteurs secon­daires, les pontifies et les prêtres, qui le suppléent et le représentent. Un pasteur au cœur si bon ne pouvait pas délaisser ses brebis au mo­ment le plus grave, quand elles vont être appelées au jugement. Il est là encore, par le sacrement de l'extrême-onction, pour les préparer. Il les traite alors en malades. Il leur donne l'onction qui soulage le corps et qui guérit l'âme.

Résolution. - Merci encore, ô mon bon Maître, Nous étions sûrs de trouver notre bon Pasteur auprès de la brebis malade, auprès de la bre­bis exposée au péril. Un tel Pasteur mérite bien d'avoir des brebis fide­les, dociles, reconnaissantes, aimantes. Agréez mes affectueux et de­voués mercis.

Colloque avec le bon Pasteur.

24 Septembre

Notre-Dame de la merci

Et die tertia nuptiae factae sunt in Ca­na Galilaeae: et erat mater Jesu ibi. Voca­tus est autem et Jésus, et discipuli ejus ad nuptias. Et deficiente vino, dicit mater Je­su ad eum: Vinum non habent (S. Joan, 2,1).

Le troisième jour, il y avait des noces à Cana en Galilée, et la mère de Jésus était là. On invita aussi Jésus et ses disciples aux noces. Et le vin venant à manquer, la mère de Jésus dit à son fils: ils n'ont plus de vin (S. Jean, 2,1).

1er Prélude. C'est trois jours après la vocation des apôtres. Marie intervient de suite pour marquer son concours à l'œuvre de Jésus.

2e Prélude. Marie souffre dès qu'elle voit souffrir. Ma pauvre âme est souffrante, ô Marie, regardez-la, délivrez-la.

Ier POINT: Marie, Reine et Mère de miséricorde. - Personne n'a mieux ex­primé cela que Saint Liguori: Marie n'est pas Reine de justice pour punir les pécheurs, c'est une Reine de grâce et de miséricorde, dont le seul office est d'avoir pitié des pécheurs et de tous ceux qui souffrent. «Notre-Seigneur nous a dit: Venez à moi, vous tous qui souffrez et qui êtes dans la peine». Mais en publiant dans l'Evangile le miracle de Cana, il ajoute équivalemment: «Venez à moi par Marie, adressez-vous à elle, et elle me demandera les grâces et les miracles dont vous avez besoin».

O Marie, Mère de mon Dieu et ma Souveraine, si Dieu vous a rendue si riche, c'est pour secourir les pauvres, et s'il vous a établie Reine de miséricorde, c'est pour vous mettre à même de secourir les misérables. En cette qualité, vous n'allez pas cherchant des mérites mais des misères afin de porter secours aux nécessiteux. Au treizième siècle, vous avez vi­sité les geôles des pays barbares et vous avez eu pitié de tant de chrétiens captifs là-bas. De notre temps, visitez les pauvres chrétiens enchaînés par le démon, par le monde, par les passions, suscitez des apôtres du Sacré-Cœur, pour toucher ces cœurs refroidis et les amener à quitter les chaînes dans lesquelles ils se complaisent.

IIe POINT: Le grand fait historique. - En ce temps-là, un homme pieux, nommé Pierre Nolasque, au diocèse de Carcassonne, songeait en pleurant aux innombrables captifs des pays barbaresques, et il se de­mandait comment on pourrait les délivrer. Mais il y avait quelqu'un de plus grand que lui, qui y pensait aussi et mieux que lui, c'était la Reine et la Mère de miséricorde, Notre-Dame de la Merci ou de la pitié. Marie était en train d'intervenir comme à Cana. Elle ne disait pas: «Ils n'ont plus de vin». Mais elle disait: «Ils n'ont plus de liberté, ces pauvres cap­ tifs, ils n'ont plus de sanctuaires, plus de culte, plus d'Eucharistie, plus de pain et de vin supersubstantiel».

Et Marie parla aux serviteurs de la maison, à Pierre Nolasque, à Ray­mond de Pennafort et au roi Jacques d'Aragon, pour lui dire: «Faites ce que Jésus vous dit, faites ce qu'il vous inspire, organisez une compagnie d'hommes généreux, qui feront des collectes, en portant mes livrées et qui iront racheter les pauvres captifs. Ils iront jusqu'à s'offrir eux-­mêmes pour porter les chaînes à la place de ces pauvres chrétiens qui souffrent là-bas».

Et en même temps, Marie versait dans le cœur de ceux qu'elle inspi­rait une ardeur toute brûlante pour exécuter ses desseins et ceux du bon Maître. L'œuvre se fit, et grandement. Marie y veillait, Notre-Seigneur la bénissait, et bientôt on vit surgir de plusieurs côtés des maisons où la vie religieuse florissait sous le beau nom de Notre-Dame de la Rédemp­tion des captifs. Les grands fruits de cette œuvre ont inspiré aux souve­rains Pontifes la pensée de nous faire célébrer cette fête au 24 septembre, pour remercier la sainte Vierge de son intervention miséricordieuse.

IIIe POINT: Délivrez-nous des chaînes du péché et de l'esclavage du démon. - C'est avec l'Eglise que je vous adresse cette prière, ô Marie, dans l'orai­son du jour. Les prières des pauvres captifs en Barbarie et la vue de leurs misères vous ont touchée. Ecoutez aussi mes pauvres prières. Je suis plus malheureux que les captifs de l'Islam. Leurs corps seuls étaient enchaînés. Ils avaient des liens aux pieds; mais en moi, c'est l'âme qui est enchaînée par le péché et qui est esclave du démon.

Je sais bien que je suis méprisable et souillé, je ne devrais pas avoir la hardiesse de venir à vous et de vous appeler ma mère; mais vous ne vou­lez sans doute pas que mes misères empêchent la confiance que j'éprou­ve en faisant appel à votre pitié. Je mérite, il est vrai, que vous me re­poussiez, mais je vous prie de considérer ce qu'a fait et souffert pour moi votre divin Fils Jésus; ensuite repoussez-moi, si vous le pouvez. Je suis un misèrable pécheur; plus que les autres j'ai offensé la majesté divine; hélas! le mal est fait; vous qui pouvez y remédier, je vous implore, ô ma Mère, venez à mon aide. Ne me dites pas que vous ne pouvez pas m'as­sister, car je sais que vous êtes toute-puissante et que vous obtenez de Dieu tout ce que vous désirez. Je vous dirai avec saint Anselme: «Ou bien ayez pitié de moi, ou bien montrez-moi en qui je puisse trouver plus de miséricorde et avoir plus de confiance qu'en vous. Mais je ne trouve­rai personne qui ait plus de pitié pour les malheureux».

Voyez mes chaînes, elles vous font souffrir autant que moi, je le sais. Vous pleurez en regardant ma pauvre âme. Faites un miracle, s'il le faut, délivrez-moi.

Résolutions. - Notre-Dame de la Merci, ayez pitié de moi. Voyez, je suis enchaîné par les liens de la tiédeur, de la mollesse et de la lâcheté. Le démon me tient dans ses chaînes. Toutes mes facultés sont ses prisonniè­res. Ma pensée est captive de ses souvenirs qui la dissipent et la trou­blent, mon cœur est captif de mainte affection désordonnée. Brisez mes chaînes et délivrez-moi.

Colloque avec Notre-Dame de la Merci.

25 Septembre

L'eglise

Et ego dico tibi quia tu es Petrus, et su­per hanc petram aedificabo Ecclesiam meam, et portae inferi non praevalebunt adversus eam. Et tibi dabo claves regni coelorum. Et quodcumque ligaveris super terram, erit ligatum et in coelis: et quod­cumque solveris super terram erit solu­tum et in coelis (S. Mat., 16,18).

Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre j'édifierai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas con­tre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux. Et ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sera délié (S. Mat., 16,18).

1er Prèlude. Le bon Maître organise son Eglise, il lui donne un chef visible dans la personne de saint Pierre et de ses successeurs.

2e Prélude. L'institution de l'Eglise est le grand don du Cœur de Jésus: il contient tous les autres dons, qui nous viennent par l'Eglise.

Ier POINT: L'Eglise est l'épouse du Saint-Esprit. - Le Saint-Esprit, au­teur de la vie du Sauveur dans le sein de Marie est aussi l'auteur de sa vie mystique dans l'Eglise. L'Eglise était dans le Christ. Elle s'est dilatée quand le Christ a élu ses apôtres et ceux-ci sont devenus ministres de l'Eglise quand ils ont reçu le Saint-Esprit.

C'est par la vertu du Saint-Esprit que les apôtres ont converti les peu­ples à la foi, et personne n'a pu entrer dans l'Eglise que par la régénéra­tion dans l'eau et le Saint-Esprit. Quand les évêques ont succédé aux apôtres, ils ont été établis par le Saint-Esprit pour gouverner l'Eglise de Dieu, et le Saint-Esprit distribue ses dons aux membres de l'Eglise sui­vant leur vocation et leur mission.

Ecoutons saint Augustin: «Dans le corps humain, dit-il, l'âme anime tous les membres: elle voit par les yeux, elle entend par les oreilles, elle parle par la bouche; en un mot, elle donne la vie à tous les membres. Les fonctions sont différentes, la vie est une, de même dans l'Eglise, l'Esprit­Saint anime tous les membres; il donne aux uns la science de la vérité, à d'autres le don des miracles, à quelques-uns la pureté virginale, à d'au­tres la pudeur conjugale; il est la vie de l'Eglise comme l'âme est la vie du corps.

Y pensons-nous pratiquement?

IIe POINT: L'Eglise nous donne la vérité. - L'Eglise est la colonne et le fondement de la vérité, comme dit saint Paul (1 ad. Tim., 3). Notre-Seigneur nous l'a promis: l'Eglise nous enseignera toute vérité et ne se trompera pas, et ses chefs visibles, Pierre et ses successeurs, par­tagent son inerrance dans leur enseignement doctrinal. - «Tu es Pierre, dit Notre-Seigneur à Simon, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les puissances de l'enfer ne prévaudront pas contre elle» (S. Mat., 16,18).

«Allez et prêchez toutes les nations, dit-il à ses apôtres; enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit, et je serai avec vous jusqu'à la fin des siècles» (S. Mat., 28,19). «Simon, Simon, dit encore le bon Maître, satan désire vous broyer tous comme du froment; mais moi, j'ai prié pour toi, pour que ta foi ne défaille pas; et toi, après ta conversion, confirme tes frères» (S. Luc, 22,31). - «J'ai prié mon Père, dit-il enco­re, et il vous enverra un autre consolateur, l'esprit de vérité, que le mon­de ne connaît pas… et il demeurera avec vous et il sera en vous» (S. Jean, 14,16).

Quelle sécurité pour nous, quel don merveilleux du Cœur de Jésus! Nous avons dans l'Eglise la source de la vérité, nous ne serons pas trom­pés. Ni le chef de l'Eglise, ni l'ensemble des évêques ne peuvent errer quand ils nous enseignent ce qu'il faut croire.

Merci, Seigneur, pour ce don tout céleste.

IIIe POINT: L'Eglise nous donne la sainteté. - L'Eglise propage la sain­teté, particulièrement par la prédication de la parole de Dieu et par les sacrements. La foi n'est-elle pas le principe de la vie spirituelle, et «com­ment se répandrait-elle sans la prédication?» comme le disait saint Paul aux Romains (ch. 10).

Pour les sacrements, relisons le Catéchisme romain: La vie humaine a besoin, dit-il, de diverses éléments de conservation et d'extension: L'homme naît, il grandit, il se nourrit, il trouve des remèdes dans ses maladies, des réconfortants dans sa faiblesse; il a besoin d'un organisme social pour favoriser l'ordre et la prospérité, et la famille propage sa ra­ce. - L'Eglise nous offre autant de secours pour la vie spirituelle: Le baptême nous fait naître dans le Christ; la confirmation nous donne un accroissement de grâce et de force; l'Eucharistie nourrit notre vie spiri­tuelle d'un aliment tout céleste; la pénitence nous guérit de nos maladies spirituelles; l'extrême-onction efface les restes de nos péchés et nous rend la force de l'âme; l'ordre conserve la hiérarchie et le mariage propage la famille chrétienne. Tous les éléments de sanctification et de salut sont à notre disposition. L'Eglise est une mère qui a droit à notre tendre affec­tion.

Résolutions. - Merci, Seigneur, pour ce don de votre Cœur. L'Eglise résume tous vos dons. En elle, je trouve toutes les sources de la grâce: le baptême et les autres sacrements, le sacrifice eucharistique sourtout et la sainte communion qui est la grâce des grâces. Aidez-moi à en bien profi­ter.

Colloque avec Jésus, chef de l'Eglise.

26 Septembre

Saint Pierre:
sa primauté, récompense de son amour

Cum erto prandissent, dicit Simoni Pe­tro Jésus: Simon Joannis, diligis me plus his? dicit ei: Etiam Domine, tu scis quia amo te. Dicit ei: Pasce agnos meos… Di­cit ei tertio: Simon Joannis, amas me? Contristatus est Petrus quia dixit ei tertio: Amas me: Et dixit ei: Domine, tu omnia nosti, tu scis quia amo te. Dixit ei: Pasce oves meas (S. Joan., 21,15).

Comme ils mangeaient, Jésus dit à Si­mon Pierre: Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci? Pierre ré­pondit: Oui, Seigneur, vous savez com­bien je vous aime. Jésus lui dit: Pais mes agneaux…. Il lui dit une deuxième et une troisième fois: Simon, fils de Jean, m'aimes-tu? Pierre, attristé de cette troi­sième demande, répondit: Seigneur, qui savez tout vous savez que je vous aime. Jésus lui dit: Pais mes brebis (S. Jean., 21,15).

1er Prélude. Le sauveur institua S. Pierre chef de l'Eglise et lui donna sa juridiction pastorale. Ce fut une fête et elle fut accompagnée d'un beau miracle symbolique.

2e Prélude. Rendons grâces au Cœur de Jésus, qui n'a pas voulu nous laisser comme des brebis sans pasteur.

Ier POINT: Les circonstances. - Les apôtres étaient retournés en Gali­lée, comme les autres pèlerins après la pâque, et comme Jésus le leur avait conseillé. Ceux qui étaient pêcheurs s'étaient remis à la pêche sur le lac de Tibériade. Pierre avait dit: Je vais à la pêche; les autres avaient répondu: nous y allons avec toi. Et de toute la nuit, ils ne prirent rien.

Le matin, Jésus parut sur le rivage sans qu'ils le reconnussent: «Jeu­nes gens, leur cria-t-il, avez-vous quelque chose à manger? - Non, dirent-ils. -Jésus reprit: Jetez le filet à droite et vous réussirez. - Ils le jetèrent et il se remplit de poissons. -Jean cria: C'est le Seigneur. Pier­re se jeta à la mer pour rejoindre Jésus. Les autres amenèrent la barque. Jésus leur avait préparé du poisson grillé et du pain. Il les invita à y join­dre de leur poisson, et il leur servit le poisson et le pain».

Que de mystères! La barque de Pierre est l'Eglise naissante, mais elle ne sera féconde qu'en travaillant sous la direction du Christ. Jésus va donner à Pierre sa mission, la pêche miraculeuse symbolise la propaga­tion rapide de l'Eglise; et Jésus fête l'intronisation de Pierre en prépa­rant un modeste festin aux apôtres.

IIe POINT: La profession d'amour de saint Pierre. - Lorsque le repas fut terminé, ce fut le grand moment. Jésus dit à Simon-Pierre: «Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que ceux-ci?». Saint Pierre répondit: «Sei­gneur, vous savez que je vous aime». - «Pais mes agneaux», lui dit Jésus. - Puis le Sauveur dit une seconde fois: «Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu?». Pierre répondit encore: «Seigneur, vous savez bien que je vous aime». - «Pais mes agneaux», dit Jésus. - Puis, l'interrogeant une troisième fois: «Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu?». - Pierre fut troublé. Pourquoi cette triple interrogation? Il ne comprenait pas encore que le Sauveur voulait lui fare réparer son triple reniement. «Seigneur, répondit-il, vous connaissez toutes choses, vous lisez dans les cœurs, vous savez que je vous aime». Jésus reprit: «Pais mes brebis».

Comme cette scène est consolante et encourageante! Que Jésus est bon! La faute de saint Pierre avait été bien grave. Il avait renié Jésus trois fois, pour contenter des domestiques et des servantes. Il avait trahi le meilleur des maîtres, après trois ans de vie intime avec lui, après en avoir reçu mille bienfaits et primautés, après sa première communion et son ordination sacerdotale. Il a scandalisé par là bien des âmes. Jésus lui demande une réparation facile: trois actes d'amour!

Repoussons donc tout découragement, pleurons nos fautes, réparons-les par des actes contraires, par des actes d'amour surtout, et Jésus nous pardonnera et il nous rendra toutes nos prérogatives.

IIIe POINT: La primauté de Pierre. - «Pais mes agneaux, pais mes bre­bis». Cela veut dire: «Je te confie ce troupeau si cher, pour lequel, en bon pasteur, je viens de donner ma vie. L'amour est la condition néces­saire de la charge pastorale; c'est celui dont l'amour est le plus dévoué, le plus ardent, que je choisis pour être le chef de mon Eglise… Je te con­fie ce troupeau tout entier, dont je suis le premier pasteur et que j'ai ac­quis au prix de mon sang. Pais mes agneaux, les simples fidèles; pais aussi mes brebis, les mères des agneaux, les pasteurs de chaque église particulière. Je te choisis, en un mot, pour être le pasteur des pasteurs, le chef suprême de mon Eglise et mon vicaire sur la terre».

Après cela, N.-S. annonce à Pierre qu'il aura aussi l'honneur de don­ner sa vie pour ses brebis: «Quand tu seras vieux, lui dit-il, tu tendras les mains, un autre te ceindra les reins et te conduira où tu ne voudrais pas aller».

Le bon Pasteur ne pouvait pas nous laisser orphelins, son Cœur nous était trop dévoué. Avant de nous quitter, il nous laisse la hiérarchie de l'Eglise, avec un chef suprême et des pasteurs auxquels il inspirera sa bonté et son dévouement.

Résolutions. - Merci, ô mon bon maître. Votre sollicitude est sans li­mite. Vous avez tout prévu pour ma sanctification. Je vénère le souve­rain Pontife qui est votre vicaire sur la terre et tous mes supérieurs et di­recteurs qui dépendent de lui. Augmentez, Seigneur, ma docilité et ma confiance.

Colloque avec Jésus ressuscité.

27 Septembre

Saint Pierre:
son infaillibilité, récompense de sa foi

Dicit illis Jésus: vos autem quem me es­se dicitis? Respondens Simon Petrus di­xit: Tu es Christus, Filius Dei vivi. Re­spondens auteur Jésus, dixit ei: Beatus es, Simon Bar Jona: quia caro et sanguis non revelabit tibi, sed Pater meus qui in coelis est. Et ego dico tibi quia tu es Petrus et su­per hanc petram aedifcabo Ecclesiam meam (S. Mat., 16,17).

Jésus leur dit: Et vous qui dites-vous que je suis? Simon Pierre répondit: Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. Jésus lui dit à son tour: Tu es heureux, Si­mon, fils de Jean, parce que tu n'as pas appris cela de la chair et du sang, mais de mon Père, qui est au ciel. Et moi, je te dis que tu es Pierre et sur cette Pierre, je bâti­rai mon Eglise (S. Mat., 16,17).

1er Prélude. Jésus savait ce que pensait Pierre, mais il lui offre l'occasion de le confes­ser publiquement.

2e Prélude. Manifestons toujours notre foi et notre modestie, Notre-Seigneur aime qu'on lui rende ainsi témoignage.

Ier POINT: Les circonstances. - Il y a là un détail peu remarqué, et qui est cependant saisissant: Jésus s'en allait vers Césarée de Philippe. Il marchait avec ses disciples et cependant il priait seul en silence, pendant que les autres causaient entre eux: Cum solus esset orans, erant cum illo et di­scipuli. Notre-Seigneur manifeste toujours son amour de la vie intérieu­re, et puis son divin Cœur nous préparait une grande grâce, l'organisa­tion de l'Eglise, et dans ces grandes circonstances il priait.

Après avoir prié, il dit à ses disciples: Que dit ce peuple du Fils de l'homme? Il savait bien ce qu'on pensait et ce qu'on disait, mais il vou­lait préparer saint Pierre à confesser sa foi.

Il s'appelle humblement le Fils de l'homme. Les apôtres répondirent: «Ces gens vous prennent pour Jean-Baptiste ou pour Elie ou pour quel­que prophète».

Le peuple voyait bien que Jésus avait un pouvoir surhumain, mais trompé par les Pharisiens et aveuglé par le préjugé général, il attendait un Messie conquérant et ne voulait pas reconnaître le Sauveur du mon­de dans l'humble fils du charpentier. Les vues de Dieu sont bien diffé­rentes de celles des hommes.

IIe POINT: Saint Pierre confesse sa foi. - «Et vous», dit alors Notre-Seigneur, vous qui êtes mes disciples, qui vivez avec moi, qui êtes les té­moins journaliers de mes miracles et de l'accomplissement des prophé­ties, êtes-vous encore aveuglés comme ce peuple? Etes-vous assez éclai­res pour que je vous fasse les prédicateurs de mon Evangile? En un mot, «qui dites-vous que je suis?».

Simon-Pierre, prévenant tous les autres par l'ardeur de sa foi, se hâta de répondre: «Seigneur, vous êtes le Christ, vous êtes le Fils de Dieu; vous êtes le Messie libérateur promis par les prophètes, vous êtes plus que le Fils de l'homme, vous êtes le Fils du Dieu vivant, le Fils unique du Père éternel».

Notre-Seigneur se hâte de louer cette confession de foi si cordiale: «Tu es heureux, dit-il, Simon, fils de Jonas, car ce n'est ni la chair ni le sang qui t'ont révélé ces profonds mystères», tu les as compris grâce à une lu­mière supérieure; c'est mon Père lui-même qui est dans les cieux, qui t'a révélé ce que la raison humaine, livrée à ses seules forces, n'aurait ja­mais compris.

Pierre parla ici pour tous les apôtres et au nom de tous, il en sera ainsi dans tous les siècles. Il aura mérité cette grâce par la simplicité se sa foi, par la docilité de son âme. Quelle leçon pour nous, qui avons une foi si lâche et si endormie!

IIIe POINT: Promesse de la primauté et de l'infaillibilité. - Eh bien! moi, à mon tour, dit Jésus à saint Pierre, je te veux récompenser de cette foi si vive et si vaillante; je te dis: «Tu es Pierre», de nom et de caractère, par la fermeté de ta foi, et «sur cette pierre», comme sur un rocher inébranla­ble, «je bâtirai mon Eglise». Je te choisis, toi et tes successeurs, pour être le chef visible de cette société sainte que je veux établir sur la terre, de ce temple sacré que je veux élever à la gloire de mon Père céleste, et qui re­posera sur toi comme sur un fondement inébranlable, et «les portes de l'enfer», les puissances infernales auront beau tenter mille assauts contre elle, par les persécutions, les hérésies, les schismes et les scandales, «elles ne prévaudront pas contre elle», elles ne pourront jamais la renverser.

Je veux que tu -sois par toi-même d'abord, et ensuite par tes succes­seurs, mon Vicaire sur la terre, le chef et l'administrateur de ma cité sainte, et pour cela «je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié au ciel et tout ce que tu délieras sera délié». Tu auras sur mon Eglise l'autorité doctrinale, législative et judi­ciaire.

Jésus donne d'abord à saint Pierre, qu'il établit le chef de son Eglise, le pouvoir des clefs, qu'il accordera plus tard aux autres apôtres, parce que saint Pierre est la source première d'où découle toute mission apos­tolique.

La foi de saint Pierre lui a mérité ce privilège, notre foi vivante et acti­ve nous méritera les meilleures grâces.

Résolutions. - Le divin Cœur de Jésus a tout prévu, tout organisé, pour notre salut, pour notre sanctification. Toute son œuvre est une œuvre d'amour. Exprimons-lui notre reconnaissance mais aussi ayons pour le Saint-Siège et pour la hiérarchie de l'Eglise un respect plein de foi et de docilité

Colloque avec le Sauveur.

28 Septembre

Les apôtres et la hiérarchie ecclesiastique

Et dixit eis: Euntes in mundum univer­sum praedicate evangelium omni creatu­rae. Qui crediderit et baptizatus fuerit, salvus erit; qui vero non crediderit, con­demnabitur… Illi autem profecti praedi­caverunt ubique, Domino cooperante et sermonem confirmante sequentibus signis (S. Marc, 16,15).

Et il leur dit: Allez dans le monde entier prêcher l'Evangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé; celui qui ne croira pas sera condamné… Ils s'en allèrent et prêchèrent partout, Dieu les aidant et confirmant leurs paroles par leurs miracles (S. Marc, 16,15).

1er Prélude. Le bon Maître a tout organisé, il envoie maintenant ses apôtres dans le monde entier, avec une nouvelle promesse de puissance et de grâce.

2e Prélude. Mais une grande mission ne va pas sans une grande sainteté. Nous devons prier pour la sanctification de tous les ministres du Christ.

Ier POINT: Fondation de l'Eglise. - La plus remarquable des appari­tions du bon Maître après sa résurrection, est celle qui eut lieu «sur une montagne de Galilée», la montagne des béatitudes, sans doute, où les onze apôtres se rendirent, d'après les ordres de Notre-Seigneur, suivis d'une grande multitude de Galiléens. Tous les disciples anciens, préve­nus par les apôtres, se sont sans doute pressés d'accourir pour voir le Sauveur bien-aimé dans la gloire de sa résurrection. «Il apparut à plus de cinq cents frères réunis», dit saint Paul (1 Cor., 15,6).

Quand Jésus parut, ils se prosternèrent. Quelques-uns doutaient, il se prêta à confirmer leur foi en montrant ses stigmates. Puis il leur parla majestueusement: «Toute puissance, dit-il, m'a été donnée sur la terre et au ciel. Mais je vous ai choisis, vous, mes apôtres, pour établir mon royaume spirituel. Allez, parcourez le monde entier, enseignez tous les peuples et baptisez-les; et tout homme qui croira et pratiquera sa foi sera sauvé».

IIe POINT: Science et sainteté sacerdotales. - Allez, dit Notre-Seigneur, prêchez, enseignez, convertissez… Il faut pour cela une science vrai­ment surnaturelle et divine et une sainteté supérieure.

Saint Paul dans ses belles lettres à Tite et à Timothée nous indique les conditions de cette mission. Il ne parle que des évêques et des diacres. C'est sans doute, dit Saint Jean Chrysostome, parce qu'il y a peu de dif­férences entre l'évêque et le prêtre pour ce qui regarde la dignité et les pouvoirs spirituels. Le prêtre, comme l'évêque, consacre le corps et le sang de Notre-Seigneur, il remet les péchés et il gouverne les âmes, quoi­ que d'une manière subordonnée.

L'évêque, dit saint Paul à Timothée, doit être prudent, cultivé, docte et en état d'enseigner. Il faut dire la même chose du prêtre (1 Tim., 3,2). «La somme de toutes les vertus épiscopales, dit saint Hilaire, c'est la science et la doctrine» (Lib. 8 de Trinitate).

En écrivant à Tite, saint Paul semble unir, tout en les distinguant, les évêques et les prêtres: «Etablis, lui dit-il, des prêtres en chaque ville: Constituas per civitates presbyteros». Cela s'entend des évêques pour les villes importantes et de simples pasteurs pour les autres.

Il ajoute: «Il faut que l'évêque possède la vraie doctrine et qu'il soit en état d'instruire les autres, de réfuter les erreurs». Et pour cela S. Paul conseille à ses chers disciples, devenus pasteurs, de donner tous leurs soins à l'étude et surtout à celle de l'Ecriture Sainte: Attende lectioni et scripturae.

Mais il demande surtout à l'évêque et au prêtre la sainteté. Il veut qu'ils pratiquent toutes les vertus et qu'ils en donnent l'exemple. Il veut qu'ils soient sobres, prudents, modestes, chastes, hospitaliers. - De­mandons au Sacré-Cœur de Jésus de vivre pleinement en tous ses prê­tres.

IIIe POINT: La sainte hiérarchie. - Notre-Seigneur a esquissé la sainte hiérarchie par les deux groupes de ses apôtres et de ses disciples. Il lais­sait à l'Eglise le soin de déterminer les divers degrés de participation au sacrement de l'Ordre et de concours aux fonctions ecclésiastiques.

Le Concile de Trente nous dit qu'il est de foi que «Notre-Seigneur a voulu l'institution dans l'Eglise de la sainte hiérarchie, composée des évêques, des prêtres et des ministres». - Saint Thomas d'Aquin, après saint Denis, compare la hiérarchie au corps humain, où tous les mem­bres sont coordonnés. Saint Jacques d'Antioche écrivant aux Philadel­phiens, leur dit que l'évêque ne fait qu'un avec ses prêtres et ses minis­tres.

Contemplons cette admirable hiérarchie. - Le tonsuré est préparé aux ordres: il se sépare du monde et il entre dans la famille lévitique. - Les minorés sont les anges du sanctuaire, ils sont voués au service du temple et de l'autel. - Les sous-diacres contractent avec Jésus des épou­sailles spirituelles. Ils entrent dans la vie d'union intime avec lui. - Les diacres sont associés à l'immolation de la sainte victime. Ils doivent s'immoler avec elle. - Les prêtres surtout sont victimes avec Jésus. Tous leurs actes doivent être offerts selon les quatre fins du sacrifice: hommage, reconnaissance, réparation, prière. Le prêtre est intercesseur et médiateur avec Jésus; il est apôtre et associé à l'œuvre du Messie. Il doit travailler au règne du Christ.

Résolutions. - Seigneur, c'est au règne de votre divin Cœur que le prêtre doit travailler aujourd'hui, et tous les fidèles doivent s'unir à lui, prier avec lui, prier pour lui. «Qu'ils soient un, comme Jésus et son Père sont un avec le Saint-Esprit».

Colloque avec le Sacré-Cœur.

29 Septembre

La dédicace de l'église de Saint-Michel, archange

Et factum est praelium magnum in coe­lo: Michael et angeli ejus praeliabantur cum dracone et draco pugnabat et angeli ejus: et non valuerunt, neque locus inven­tus est eorum amplius in coelo. Et projec­tus est draco ille magnus, serpens anti­quus, qui vocatur diabolus (Apoc. 12,7).

Il se fit un grand combat au ciel: Mi­chel et ses anges combattaient contre Sa­tan et les démons: et ceux-ci furent vain­cus et ils furent chassés du ciel. Le dragon puissant fut rejeté, le serpent ancien, qu'on appelle le diable (Apoc. 12,7).

1er Prélude. Saint Jean nous décrit le combat qui durera jusqu'à la fin du monde: Sa­tan toujours vaincu et saint Michel toujours victorieux.

2e Prélude. Puissant protecteur de l'Eglise, secourez-nous, aidez-nous.

Ier POINT: Préparation de l'Eglise. - L'occasion de cette fête est la dé­dicace de l'église du mont Gargan.

Saint Michel est l'ange de Notre-Seigneur, le chef de ses armées céle­stes, son porte-étendard. L'épreuve des anges au commencement fut sans doute l'adoration du Verbe incarné qui leur était montré. Saint Mi­chel s'inclina devant la vision du Sauveur et devint le ministre et l'ami de Notre-Seigneur. Au temps des patriarches et des prophètes, il présida à la préparation de la rédemption.

Il arrêta la main d'Abraham et sauva la vie d'Isaac, figure de Jésus. Il apparaît à Moïse dans le buisson ardent et dirige la nuée qui conduisait les Hébreux dans le désert.

Il dispute contre le démon touchant le corps de Moïse qu'il ensevelit. Il se manifeste à Josué et à Gédéon, il extermine l'armée de Sennache­rib. Il protège Daniel dans la fosse aux lions et ses compagnons dans la fournaise. Il frappe de verges le sacrilège Héliodore et soutient judas Macchabée contre ses ennemis. Saint Denis nous apprend dans son livre de la Hiérarchie céleste que saint Michel, d'après la tradition, avait pré­paré la rédemption en protégeant la Synagogue.

IIe POINT: Le protecteur de l'Eglise. - Saint Michel est aussi le protec­teur de l'Eglise. Il a un amour tout de feu pour Notre-Seigneur et un zè­le tout ardent pour son règne. On croit que c'est lui qui apparut à Notre-Seigneur au jardin des Olives et qui annonça sa résurrection à Marie-Madeleine et aux saintes femmes. Il suivait partout Notre-Seigneur.

Il a le même zèle pour l'Eglise, qui est le corps mystique de Notre-Seigneur. Il délivre saint Pierre de la prison et il apparaît souvent à saint Jean pour lui révéler les mystères de l'Apocalypse. C'est de lui que parle le prêtre à la sainte messe, lorsqu'après la consécration il demande à Dieu que son sacrifice lui soit présenté par les mains de son saint ange. C'est lui encore que l'Eglise invoque à la mort des fidèles et qui reçoit leurs âmes au moment de leur séparation. C'est lui qui les défend au ju­gement de Dieu et qui porte les âmes justes dans les délices du ciel.

On pense que c'est lui qui revêtit la forme de Notre-Seigneur pour im­primer les stigmates à saint François.

Protecteur de l'Eglise, il l'est aussi de la France, sa fille aînée. Il com­battit pour Clovis à Tolbiac. Il se fit élever le sanctuaire du Mont-Saint­Michel et en fit un rempart pour la France. Il suscita Jeanne d'Arc et la conduisit à la victoire.

Disons avec ferveur chaque jour la prière que le Pape a prescrite après la messe: «O saint Michel, défendez-nous dans le combat que nous li­vrent Satan et ses suppôts. Repoussez-le dans l'enfer par la divine puis­sance qui vous est donnée, et avec lui tous les esprits répandus dans le monde pour perdre les âmes».

IIIe POINT: L'ange du Sacré-Cœur. - L'ange de Jésus, l'ange de l'Eglise, devait être l'ange du Sacré-Cœur, le porte-étendard du Sacré­-Cœur. Sainte Gertrude a eu celle lumière. Elle nous fait dire cette priè­re: «Je vous salue, prince très glorieux, archange saint Michel, noble chef de la milice céleste. Je vous salue, honneur et gloire des célestes hiérarchies. O prince très illustre, vous êtes bien redevable à votre créateur qui vous a fait si excellent et vous a enrichi de tant de vertus. O héros très auguste, ornement du Paradis, pierre précieuse du plus sublime éclat dans le palais céleste, vous êtes le sceau de l'image de Dieu, plein de sagesse et accompli en beauté. Toute pierre précieuse concourt à vous orner (toutes les vertus symbolisées par ces pierres). L'or (de la charité) achève de relever votre éclat dans les délices du paradis de Dieu. C'est vous que Dieu a établi prince du Ciel, pour y recevoir les âmes et les in­troduire dans le paradis de gloire. Je vous rappelle, ô bienheureux prin­ce, ces grâces et toutes celles que la libéralité sans bornes de Dieu vous a accordées préférablement à tous les ordres des anges, et je vous deman­de, par l'amour mutuel qui unit votre cœur angélique à celui de Dieu, de recevoir mon âme au jour de ma mort et de me rendre mon juge clément en inter­cédant pour moi».

Résolutions. - O saint Archange, si aimant pour le Cœur de Jésus et si aimé de lui, aidez-nous à le faire régner dans la société et dans nos âmes. Protégez particulièrement les amis et les apôtres du Sacré-Cœur. je me plairai à vous invoquer souvent dans la journée avec Marie, Joseph et saint Jean pour que vous me conduisiez au Cœur de Jésus.

Colloque avec l'archange saint Michel.

30 Septembre

Saint Jérôme, le saint de Bethléem

Quaecumque scripta sunt ad nostram doctrinam scripta sunt: ut per patientiam et consolationem scripturatum spem ha­beamus. Deus autem patientiae et solatii det vobis idipsum sapere in alterutrum se­condum Jesum Christum; ut unanimes uno ore honorificetis Deum et Patrem do­mini nostri Jesu Christi (Ad. Rom., 15,4).

Tout ce qui est écrit a été écrit pour no­tre instruction, afin que nous conservions une espérance ferme par la force et la con­solation que les Ecritures nous donnent. Que le Dieu de force et de consolation vous donne la grâce d'être unis de senti­ment selon l'esprit de Jésus-Christ, afin que vous honoriez d'un même cœur Dieu le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ (Aux Rom., 15,4).

1er Prélude. Chercher sa force et sa consolation dans les saintes Ecritures et louer Dieu en communauté, c'est la vie de saint Jérôme.

2e Prélude. Saint docteur, obtenez-moi la même grâce: l'amour de la sainte Ecriture et l'union avec mes frères.

Ier POINT: Ses austérités et son amour pour Dieu. - Saint Jérôme fit de brillantes études et se laissa entraîner un moment par les vanités du monde. Revenu à Dieu, il reçut le baptême et se retira dans la solitude, près d'Antioche, pour se livrer à l'étude et à la pénitence sous la direc­tion de l'abbé Théodose.

Le démon vint le tenter et lui rappeler les plaisirs de Rome. Saint Jé­rôme repoussait les assauts du tentateur en redoublant ses austérités. Il couchait sur la terre nue, se frappait la poitrine avec une pierre, passait les jours et les nuits à pleurer et se refusait la nourriture pendant plu­sieurs jours.

Il avait une sainte passion pour la vie monastique. Elle se manifeste dans les lettres qu'il écrivait pour susciter des vocations. «Je vous invite, hâtez-vous, écrit-il au jeune Héliodore. Vous avez méprisé mes prières, peut-être entendrez-vous mes reproches. Soldat efféminé, que faites ­vous sous le toit paternel?… Quand même votre neveu se suspendrait à votre cou, quand même votre mère, les cheveux épars, vous montrerait à travers ses vêtements déchirés le sein qui vous a nourri, quand même votre père serait couché sur le seuil de la porte, franchissez cet obstacle, et, les yeux secs, venez vous ranger sous l'étendard de la croix… L'amour de Dieu et la crainte de l'enfer rompent facilement ce chaînes…».

IIe POINT: L'Écriture Sainte. - Personne n'a plus aimé et mieux étu­dié l'Écriture sainte. N.-S. lui-même l'y avait exhorté. Il lui avait fait re­proche, dans une vision, de trop s'attacher aux lectures profanes et il l'avait déterminé à ne plus étudier que les saints livres.

Saint Jérôme n'épargna rien pour cela, Il étudia l'hébreu avec les Israélites, il visita la Palestine et y rechercha les traditions et les souve­nirs de l'ancien et du nouveau Testament.

Appelé à Rome par le Pape Damase pour prendre part à un concile, il fut chargé par lui de revoir la traduction des livres saints.

Il y avait alors à Rome de nobles chrétiennes, qui réunissaient dans leurs palais des vierges et des veuves et menaient avec elles une vie sain­te. Parmi elles, on distinguait Paula, Marcella et Eustochium. Sur leur invitation, Jérôme leur commenta la Sainte Ecriture, et ses exhortations les firent avancer dans la voie de la perfection.

Il sut tirer de l'Écriture des armes pour combattre les hérésies des Apollinaristes et des Pélagiens; mais il n'excellait pas moins à en extraire les leçons de la piété et de la perfection. Et c'est en cela que nous devons l'imiter. Nourrissons-nous de l'Évangile pour y apprendre à nous con­former aux sentiments et aux vertus du Cœur de Jésus.

IIIe POINT: Bethléem. - Saint Jérôme aimait extrêmement Bethléem. Les mystères de la naissance de Notre-Seigneur le charmaient. Cette na­ture plutôt rude et austère, ce lion du désert, aimait l'enfant de Beth­leem. Il avait séjourné là déjà avant d'être appelé par le Pape Damase. Il s'y fixa de nouveau après diverses épreuves morales qui l'éloignèrent de Rome et ce fut pour toujours. Rien ne lui paraissait plus profitable à mé­diter que les leçons d'humilité, de pauvreté et de détachement de la crè­che.

Il fonda là et dirigea des monastères d'hommes et de femmes, où il at­tira l'élite de la société romaine. On priait, on pratiquait la pénitence et on se livrait à l'étude de l'Écriture sainte, qui fit toujours les délices de saint Jérôme.

Il avançait dans la science comme dans la sainteté: de tous les pays, on s'adressait à lui comme à un oracle, pour le consulter.

Sur la fin de sa vie, il eut à combattre les Pélagiens, qui soutenaient des erreurs pernicieuses sur la grâce. Furieux de se voir vaincus par les écrits du savant docteur, ces hérétiques vinrent mettre le feu aux deux monastères de Bethléem.

Saint Jérôme ne survécut pas longtemps à cet odieux attentat. Cette épreuve acceptée avec résignation le prépara au sacrifice suprême.

Résolutions. - Je lirai chaque jour avec respect, avec dévotion, quel­ques pages de la Sainte Ecriture. J'aimerai le délicieux mystère de Beth­léem. Je m'y reporterai souvent, particulièrement à l'heure de l'Angélus pour me rappeler ses grandes leçons d'humilité et de détachement.

Colloque avec saint Jérôme.

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