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Mois de Novembre

Mois des morts et de sainte Gertrude

Deux méditations pour la retraite du mois

I. La vie interieure

Ideo ingrediens mundum dixit: Ho­stiam et oblationem noluisti: corpus au­tem aptasti mihi. Holocautomata pro pec­cato non tibi placuerunt. Tunc dixi: Ecce venio: in capite libri scriptum est de me: Ut faciam, Deus, voluntatem tuam (Ad Heb., 10,5).

En entrant en ce monde, Jésus dit: Vous n'avez plus voulu les hosties et les oblations: vous m'avez fait homme. Les sacrifices pour le péché ne vous satisfai­saient plus. Alors j'ai dit: Me voici. Il est écrit que je dois faire votre volonté, ô mon Dieu (Aux Hébr., 10,5).

1er Prélude. Je me représente le Verbe de Dieu au ciel proposant à son Père de venir prendre la place de toutes les victimes de l'Ancienne Loi.

2e Prélude. O Jésus, donnez-moi l'intelligence des dispositions de votre Cœur victi­me, afin que j'y entre de plus en plus.

Ier POINT: Le Cœur de Jésus et l'esprit d'holocauste et d'amour. - Dès le premier instant de sa vie humaine, Jésus formule en son cœur les senti­ments qu'exprimaient les anciens sacrifices. Il se substitue à toutes les victimes, qui n'étaient que figuratives. Il s'offre à son père, il se donne. Il devient hostie, oblation, holocauste et victime. Il commence le sacrifi­ce de l'obéissance et de la soumission à la volonté de son Père; il adore, il rend grâces, il prie, il répare.

Ecce venio! Me voici, ô mon Père, pour suppléer aux victimes imparfaites du passé; me voici pour vous offrir désormais et sans interruption l'hom­mage parfait de l'adoration, de l'amour, de la prière, de la réparation.

Ces actes forment le Cœur spirituel de Jésus. Il en est pénétré, il leur est identifié.

Mais notre faible intelligence ne se rend compte de la perfection de cette oblation qu'en supposant des actes successifs.

Nous voyons d'abord dans le Cœur immolé de Jésus un acte d'adoration et d'amour, et pour exprimer cette adoration, des anéantissements infinis. Jésus confesse l'absolue dépendance dans laquelle il est devant l'abso­lue Majesté de son Père.

Il proclame qu'il lui doit tout, et pour lui faire un sacrifice de tout ce qu'il est, il s'abaisse jusqu'au néant, comme l'explique sainte Paul (aux Philip., 2,6); car c'est bien le néant que cette nature humaine prise dans sa pauvreté, dans son infinie petitesse, avec la charge de tous les péchés des hommes.

Et ce cœur humilié se fond dans l'amour de l'infinie beauté divine. Mais plus le Verbe de Dieu s'abaisse, plus nous devons l'exalter par nos louanges.

IIe POINT: Le Cœur de Jésus et l'esprit d'action de grâces et de prière. - Jé­sus sent profondément tout ce qu'il doit de reconnaissance à son Père pour les grâces reçues en son humanité. Il a reçu le grand don de l'union hypostatique. Son humanité est par là toute déifiée et ses actes devien­nent les actes d'un Dieu.

Le Christ a reçu aussi des grâces sanctifiantes, qui surpassent toutes celles que peuvent recevoir toutes lès créatures ensemble. Il a joui sans retard de la vision béatifique.

Comment remerciera-t-il son Père? Ses anéantissements expriment sa reconnaissance aussi bien que ses adorations. L'âme qui reçoit une grâce insigne se confond dans son néant devant son bienfaiteur.

La reconnaissance de Jésus s'étend aussi à tout ce que la libéralité, la tendresse, la providence, la miséricorde de la Sainte-Trinité a répandu de bien sur toutes les créatures. Rien ne sera oublié.

Comme je pourrais contenter mon Dieu en m'unissant à tous ces sen­timents!

L'Ancienne Loi avait aussi ses sacrifices de prière ou d'impétration. Jésus porte la prière à sa perfection. Il demandé toutes les grâces et tous les bienfaits divins que peuvent désirer ses frères de tous les temps. Nous ne pouvons rien demander d'utile à Dieu qu'il ne l'ait demandé pour nous avant nous, et c'est ce qui fait la force de notre prière, qui ne se présente pas seule devant son Père, mais qui est toujours appuyée sur la sienne, purifiée en son cœur et rendue par lui acceptable et efficace.

Que n'ai-je la grâce de sainte Gertrude pour adorer, pour rendre grâ­ces et pour prier avec Jésus, en lui et par lui!

IIIe POINT: Le Cœur dé Jésus et l'esprit de réparation. - Jésus est surtout victime pour le péché, victime de réparation et d'amende honorable. Il l'a été tous les jours. Il l'a été surtout à l'Agonie et au Calvaire.

Il ne disait pas comme David: Je sens toujours le poids de mes péchés. - Peccatum meum contra me est semper. Mais il disait: Je porte tous les jours le poids des péchés, parce qu'il en sentait mieux la laideur. Les psaumes de pénitence, tout remplis des gémissements et des larmes de David, ne suffisent pas à exprimer tous les actes de réparation du Cœur de Jésus. Voilà notre modèle. «Formez dans vos cœurs, dit saint Paul, les senti­ments du Cœur de Jésus. - Hoc sentite in vobis quod et in Christo Jesu» (Aux Philip., 2,5).

Sainte Gertrude vit un jour une colonne de lumières et de flammes s'élever du tabernacle avec des fumées d'encens. Les flammes brûlantes étaient les actes du Cœur de Jésus et l'encens symbolisait nos actes inté­rieurs unis à ceux du divin Cœur.

Résolutions. - Avec sainte Gertrude et Marguerite-Marie, je m'unirai fréquemment aux actes intimes du Cœur de Jésus. Avec Marguerite­-Marie, je me fixerai un certain nombre d'actes d'adoration, d'actions de grâces, de prière, de réparation et d'amour à faire chaque jour en diver­ses circonstances.

Colloque avec le Cœur de Jésus priant.

II. Les châtiments du pêché

Le purgatoire

Iratus Dominus ejus tradidit eum torto­ribus quoadusque redderet universum de­bitum.

Sic et Pater meus coelestis faciet vobis, si non remiseritis unusquisque de corde suo fratribus vestris (Mat., XVIII, 34-35).

Son maître irrité le livra aux tourments jusqu'à ce qu'il ait payé toute sa dette. Mon Père céleste fera de même pour vous si vous ne pardonnez pas de tout cœur à vos frères (Mat., XVIII, 23-35).

1er Prélude. Je me représente le mauvais serviteur, dur et injuste, livré aux exécu­teurs des châtiments judiciaires.

2e Prélude. O mon Sauveur, donnez-moi la sainte crainte des jugements divins.

Ier POINT: La justice divine s'exerce au purgatoire. - Notre-Seigneur nous le dit, en parlant aux Pharisiens au chapitre douzième de saint Ma­thieu.

Les péchés contre le Saint-Esprit, c'est-à-dire le refus absolu de la grâce et l'impénitence finale ne sont remis ni dans ce monde ni dans l'autre: les dispositions nécessaires font défaut. Il manque le repentir, qui ob­tient le pardon. Tous les autres péchés, même le blasphème contre le Christ, peuvent être remis à qui se repent. Mais alors ils devront être ex­piés en cette vie ou en l'autre, parce que toute dette envers Dieu doit être payée.

On rendra compte au jugement nous dit Notre-Seigneur, même d'une parole inutile (Mat., XII 36).

C'est là un exemple: Notre-Seigneur indique cette faute légère, pour nous faire comprendre que rien ne lui échappera.

Tout sera compté et tout sera expié en ce monde ou en l'autre.

IIe POINT: Le compte sera sévère. - Notre-Seigneur nous a fait lui-même l'application à la justice divine de la parabole d'un roi qui fait rendre compte à ses serviteurs. Un des serviteurs a été dur pour un collè­gue. Le roi lui avait remis une dette, mais lui, avait pris à la gorge un autre esclave qui lui devait. Il avait été sans pitié. Il avait refusé tout délai et fait jeter son débiteur en prison. Le roi mis au courant en avait été indigné. Il avait repris la faveur accordée et livré cet homme si dur aux tortures judiciaires.

«Mon Père, ajoutait le Sauveur, en usera ainsi avec vous».

Si vous n'avez pas effacé vos fautes sur la terre par un appel à la miséricorde divine ou par quelque autre moyen, vous serez livré aux tortures jusqu'à ce que vous ayez acquitté entièrement votre dette (Mat., XVIII).

Une autre parabole au chapitre cinquième de Saint Mathieu conduit à la même conclusion.

Si vous avez une dette envers un créancier, dit Notre-Seigneur, réglez-la avant que celui-ci ne vous conduise au juge, parce que le juge vous livrera aux exécuteurs qui vous jetteront en prison et vous y retien­dront jusqu'à ce que vous ayez payé le dernier sou: «Donec reddes univer­sum quadrantem».

Payons toutes nos dettes, c'est-à-dire expions toutes nos fautes sur la terre, avant de comparaître devant le souverain juge qui nous ferait jeter en purgatoire.

IIIe POINT: C'est le feu qui purifie les âmes au purgatoire. - Saint Paul nous l'indique dans sa première épître aux Corinthiens; nous bâtissons sur le fondement de la foi, et nos œuvres peuvent être d'or, d'argent, de pierre, de bois ou de paille. Mais le jour de Dieu viendra nos œuvres passeront par l'épreuve du feu, nous serons sauvés: «Ipse autem salvus erit, sic tamen quasi per ignem».

Saint François de Sales qui a les doctrines les plus douces sur le purga­toire place cependant les âmes souffrantes dans un océan de feu. Les mystiques, comme sainte Gertrude, sainte Catherine de Gênes et la bienheureuse Marguerite-Marie ont vu ces âmes souffrir dans les flammes.

Ces âmes souffrent aussi de la peine du dam: elles ont entrevu Dieu et s'en voient repoussées. Leur supplice est un amour violent inassouvi. Le sentiment de l'église est aussi que les châtiments du purgatoire sont longs: elle encourage les fondations de messes à perpétuité.

Ces souffrances ont une longueur réelle et une longueur apparente. Dans ces souffrances aiguës, les heures paraissent des années.

Et d'après les révélations sérieuses des mystiques, l'expiation est sou­vent longue. Le père Chaignon cite un saint évêque qui y a passé cinq ans pour avoir désiré sa dignité, un prêtre qui en a fait quarante ans pour avoir négligé la visite de quelques malades1).

Résolutions. - Je veux faire mes confessions avec ferveur, avec une profonde contrition. - J'accepte humblement toutes les croix quoti­diennes, notamment celles de la règle et du devoir d'état, pour purifier mon âme.

Colloque avec Jésus prêchant ses disciples.

1 Novembre

Visite au ciel avec le Sacré-Cœur

Post haec vidi turbam magnam, quam dinumerare nemo poterat, ex omnibus gentibus et tribubus, et populis, et lin­guis, stantes ante thronum et in conspectu Agni, amicti stolis albis, et palmae in ma­nibus eorum: et clamabat voce magna di­centes: Salus Deo nostro qui sedet super thronum et agno (Apoc., 7,9).

Après cela je vis une grande foule qu'on ne pouvait compter, de toutes na­tions et tribus, peuples et langues, debout devant le trône et en face de l'Agneau, vê­tus de robes blanches et des palmes dans les mains; et ils criaient en disant à haute voix: Salut à notre Dieu sur le trône et à l'Agneau (Apoc., 7,9).

1er Prélude. Je vais en compagnie du Sacré-Cœur visiter son royaume de gloire.

2e Prélude. Seigneur, faites-moi goûter les fruits de cette belle fête.

Ier POINT: Salut à notre Dieu et à l'Agneau. - Je m'avance avec le Sacré-Cœur, avec l'Agneau blessé et triomphant, à travers ces rangs pressés. Et tous les anges et les saints s'écrient: «Gloire, bénédiction, ac­tion de grâces, honneur et puissance à notre Dieu dans tous les siècles».

Avec eux je répète: Béni soit le Sacré-Cœur qui a gagné toute cette foule et l'a conduite au triomphe.

Il a éclairé les prophètes et les docteurs, il a détaché du monde les ascè­tes et les confesseurs, il a conquis le cœur des vierges, il a fortifié les martyrs, il a inspiré le zèle des apôtres, des pontifes et des prêtres.

Encore une fois louange, action de grâces, amour et bénédiction au Sacré-Cœur de Jésus.

je me réjouis de votre triomphe, ô divin Cœur. je me représente avec joie ces chants de gloire aux échos infinis et incessants.

Si longue qui soit cette méditation, je ne saurais pas épuiser cette visi­te à vos amis qui chantent votre gloire et vous disent leur amour et leur gratitude.

IIe POINT: Je dis aux Saints mes louanges, j'admire leurs vertus, je réclame leur intercession. - Bien que toute grâce vienne de Dieu, le Sacré-Cœur veut bien féliciter tous ses Saints: «Recevez, leur dit-il, la couronne, l'auréole et la joie que mon Père vous a préparées de toute éternité».

Et à moi, Notre-Seigneur veut bien me dire: «Voilà mes amis, voilà ceux qui ont lavé leurs robes dans le sang de l'Agneau, ils sont venus de la grande tribulation, et maintenant ils servent Dieu en son temple, ils sont à l'abri des besoins de la vie terrestre et je les laisse boire aux sour­ces rafraîchissantes de mes plaies et surtout de mon Cœur» (Apoc., 7,14).

Comme à saint Jean dans la grande vision de Patmos, Notre-Seigneur me montre successivement les prophètes et les apôtres, mûris par la sa­gesse, les évangélistes qui conduisent le char de l'église, les martyrs qui portent la palme de la victoire, les vierges qui suivent partout l'agneau et la foule des confesseurs qui chantent leur reconnaissance.

Quelle grande leçon à méditer! Voilà donc le chemin du ciel: la sages­se des vieillards, le zèle des évangélistes, des pontifes et des prêtres, la pureté des vierges, La piété des confesseurs, la force d'âme des martyrs. Voilà pour moi un sujet infini de réflexions.

Et je vois que les anges et les Saints mettent dans leurs encensoir célestes les prières de l'église militante avec les leurs; et comme aujourd'hui j'ai recours à l'intercession de tous les Saints, c'est d'une in­finité d'encensoirs que mes humbles prières et louanges unies aux priè­res des Saints s'élèveront vers Dieu avec une efficacité infinie.

IIIe POINT: Les Saints du Sacré-Cœur. - Saint Jean nous dit, que les vierges suivent partout l'agneau, mais depuis Marguerite-Marie, nous savons qu'il y a encore un autre groupe qui a au ciel une intimité parti­culière avec Notre-Seigneur, ce sont les Saints du Sacré-Cœur, ceux qui se sont livrés plus pleinement à la vie d'amour, soit dans les préludes de la dévotion au Sacré-Cœur, soit dans l'acte même de cette dévotion de­puis qu'elle est promulguée.

Saint Jean n'est pas privé de reposer sur le Cœur de Jésus, ni saint Gertrude, ni Marguerite-Marie.

Saint Augustin, saint Bernard, saint Bonaventure, ne sont pas privés de pénétrer dans la blessure du côté de Jésus et jusqu'à son Cœur et d'y établir leur demeure.

Saint François, saint Paul de la croix et d'autres peuvent encore appli­quer leurs lèvres au Cœur de Jésus.

Sainte Catherine de Sienne et d'autres n'ont pas perdu la grâce de l'échange des Cœurs.

Oui, il y a vraiment des privilèges pour les Saints du Sacré-Cœur. Et aujourd'hui je les salue avec tendresse et me recommande à eux tout particulièrement.

Résolutions. - Au Cœur de Jésus mes louanges, à tous les Saints mes félicitations. A tous aussi mes humbles prières. Aux Saints du Sacre­Cœur, aux Saints de l'amour et de la réparation, une visite spéciale avec une prière et une résolution de les imiter.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

2 Novembre

Le Sacré-Cœur de Jésus et le purgatoire

Pauperi porrige manum tuam, ut perfi­ciatur propitiatio et benedictio tua. Gratia dati in conspectu omnis viventis, et mor­tuo non prohibeas gratiam. Non desis plo­rantibus in consolatfone, et cura lugenti­bus ambula (Eccli, 7,36).

Ouvrez votre main aux pauvres pour que vos sacrifices et vos offrandes soient parfaites. La libéralité est agréable à ceux qui vivent, et n'empêchez pas qu'elle ne s'étende sur les morts. Consolez ceux qui souffrent et pleurez avec ceux qui pleu­rent (Eccli., 7,36).

1er Prélude. Avec le Cœur de Jésus, visitons les morts et portons-leur le secours de nos petites réparations jointes à celles du divin Cœur.

2e Prélude. Jésus nous bénira, si nous aidons ces âmes qui lui sont chères.

Ier POINT: Cette dévotion est chère à Notre-Seigneur. - C'est évidemment Notre-Seigneur qui a inspiré à Marguerite-Marie la pensée d'intéresser son Sacré-Cœur aux âmes du purgatoire.

Elle invitait ses novices à offrir pour les pauvres âmes les mérites du Sacré-Cœur, en y ajoutant leurs petits sacrifices de chaque jour. «Vous ferez, disait-elle, un petit tour par le purgatoire, en la compagnie du Sacré-Cœur, en lui consacrant tout ce que vous aurez fait, pour le prier d'appliquer ses mérites à ces saintes âmes souffrantes».

Dans un discours sur cette dévotion, le cardinal Parocchi disait fort justement: «Parmi les membres de l'Eglise, pour lesquels la source du Sacré-Cœur s'est ouverte plus largement dans ces derniers temps, il faut aussi compter ceux qui sont morts dans le Christ, âmes bien chères au Rédempteur, et qui ne ressentent encore que les rigueurs de la justice di­vine. Mais, dans sa clémence infinie, Jésus inspire à ceux qui vivent en­core ici-bas de puiser, pour les prisonnières, dans les trésors de mérites de son Cœur sacré».

Quand Notre-Seigneur disait à Marguerite-Marie: «J'ai soif de ré­pondre par toi les grâces de mon Cœur», il avait en vue les âmes du pur­gatoire comme celles des vivants, et il inspirait à Marguerite-Marie une tendre dévotion pour ces chères âmes.

IIe POINT: Sa pratique. - Faisons le tour du purgatoire chaque jour; mais n'y allons pas seuls, le fruit de nos pauvres prières et de nos petits sacrifices serait trop maigre. Allons-y en compagnie du Cœur de Jésus et distribuons ses mérites, qui sont le trésor de tous les fidèles.

Ayons un moment réservé pour cela dans notre visite au Saint­-Sacrement ou dans nos dernières prières de la soirée. Varions nos of­frandes pour tenir notre dévotion en éveil.

Le lundi, offrons pour les chères âmes les anéantissements du Cœur de Jésus dans son incarnation.

Le mardi, ses abaissements dans sa naissance à Bethléem, et dans sa fuite en Egypte.

Le mardi, les sacrifices de la vie de travail et d'obéissance de Notre­Seigneur à Nazareth.

Le mercredi, les contradictions et les fatigues de sa vie publique.

Le jeudi, l'institution de l'Eucharistie, la trahison de judas et les dou­leurs de l'agonie.

Le vendredi, les souffrances de la Passion et le sang versé au Calvaire. Le samedi, prions Jésus d'offrir, avec les mérites de son humiliation au tombeau, ceux de sa sainte Mère et de tous les Saints.

Le dimanche, offrons à Jésus les mystères de sa résurrection et de sa vie glorieuse, pour qu'il y fasse participer les pauvres âmes.

Nous pouvons aussi varier nos intentions en pensant un jour aux âmes consacrées, un jour à nos parents et amis, un jour aux âmes les plus dé­laissées, les autres jours aux âmes que Notre-Seigneur ou la sainte Vier­ge ou saint Joseph voudraient voir délivrées.

IIIe POINT: Ses fruits. - Marguerite-Marie nous les fait connaître: «Vous prierez les saintes âmes, dit-elle, d'employer leur pouvoir pour nous obtenir la grâce de vivre et de mourir dans l'amour et la fidélité au Sacré-Cœur de Notre-Seigneur, en répondant à ses désirs sur nous sans résistance». Et elle ajoute: «Si vous pouviez mettre en liberté quelques­unes de ces pauvres prisonnières, vous seriez bien heureuses d'avoir dans le ciel des avocates qui plaideraient votre salut».

Les âmes délivrées ne sont jamais ingrates. Un jour que Marguerite­Marie se recommandait aux prières de deux âmes qu'elle avait déli­vrées, elles lui dirent pour dernières paroles: «L'ingratitude n'est jamais entrée au ciel».

Le bulletin de l'œuvre fondée à Rome pour cette dévotion nous dit que de grandes faveurs temporelles et spirituelles ont souvent manifesté combien le Cœur de Jésus avait pour agréable cette pieuse pratique. On peut y recourir en vue d'une conversion, d'une guérison, d'une grâce particulière.

Les saintes âmes ont révélé à Marguerite-Marie l'efficacité de cette dévotion pour leur délivrance. «Si vous saviez, disait-elle à ses novices, avec quelle ardeur ces pauvres âmes demandent ce remède nouveau, si souverain à leurs souffrances?».

Comment ne voudraient-elles, pas elles aussi, profiter de cette nouvel­le source de grâces ouverte à toute l'Eglise?

Résolutions. - Aidons les âmes du purgatoire en union avec le Sacré­Cœur. Offrons pour elles les mérites du Sacré-Cœur dans son incarna­tion, dans sa vie cachée et publique, dans sa Passion et dans l'Euchari­stie. Les messes en l'honneur du Sacré-Cœur sont particulièrement fé­condes. Que ferai-je tous les jours pour les saintes âmes?

Colloque avec Marguerite-Marie.

3 Novembre

Visite au purgatoire avec sainte Gertrude

Domine, quando te vidimus esurien­tem et pavimus te: sitientem et dedimus tibi potum? Quando te vidimus hospitem et collegimus te: aut nudum et cooperui­mus te? Aut quando te vidimus infirmum aut in carcere et venimus ad te? Et re­spondens rex dicet illis: Quamdiu fecistis uni ex his fratribus meis minimis, mihi fe­cistis (S. Mat., 25,37).

Seigneur, quand vous avons-nous vu ayant faim et vous avons-nous donné à manger et à boire? Quand vous avons­nous donné l'hospitalité et vous avons­nous vêtu? Quand vous avons-nous visité infirme ou prisonnier? Et le roi répondra: Quand vous avez fait cela au moindre de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait (S. Mat., 25,37).

1er Prélude. Notre-Seigneur applique cela aux œuvres que nous faisons pour les dé­funts, dans un entretien avec sainte Gertrude.

2e Prélude. Je vous offre, Seigneur, les prières efficaces que vous avez inspirées à sainte Gertrude pour les défunts.

Ier POINT: Offrande de l'amour que le Sacré-Cœur a témoigné pour les âmes dans son incarnation, sa vie cachée, sa vie publique et son Eucharistie. - «Je vous adore, je vous salue et je vous bénis, ô doux Seigneur Jésus-Christ, et avec l'affection de toutes les créatures que je m'approprie, je vous re­mercie de l'amour par lequel vous vous êtes incarné, vous êtes ne, vous avez, pendant trente-trois ans, souffert la faim, la soif, les travaux et les douleurs, et vous vous êtes laissé vous-même dans le Saint-Sacrement; et je vous prie de vouloir bien unir et confondre avec les mérites de votre très sainte vie cette prière que je vous adresse pour les défunts. Suppléez par votre abondance à tout ce qu'ils ont négligé dans l'exercice de vos louanges et de votre amour et dans la pratique des vertus et des œuvres auxquelles votre divin service les obligeait».

IIe POINT: Offrande de l'amour que le Sacré-Cœur a témoigné pour les âmes dans la Passion. - «Je vous adore, je vous salue et je vous bénis, ô doux Seigneur Jésus-Christ, vous remerciant de l'amour avec lequel vous avez bien voulu, pour nous racheter, vous le Créateur de toutes choses, être saisi par les hommes, lié, traîné, foulé aux pieds, frappé, couvert de crachats, flagellé, couronné d'épines, condamné, chargé de la croix, dé­pouillé, crucifié, pour mourir de la plus amère des morts et être percé de la lance. Et en union de ce même amour, je vous offre mes indignes prie­res, vous suppliant par les mérites de votre très sainte passion et de votre mort, de daigner entièrement laver et effacer tous les péchés dont les âmes pour lesquelles je prie se sont souillées, par pensées, par paroles ou par actions. Je vous conjure d'offrir à Dieu le Père, pour toutes les pei­nes que ces âmes ont encourues auprès de votre justice, toutes les peines et les douleurs, les mérites et les actions de votre corps couvert de blessu­res et de votre âme abîmée de douleurs. Ainsi soit-il».

IIIe POINT: Prière pour les défunts au nom des mystères de la résurrection et de la vie glorieuse de Notre-Seigneur, et par les mérites et les prières de la Sainte Vierge et de tous les Saints. - «Je vous adore, je vous salue et je vous bénis, ô doux Seigneur Jésus-Christ, vous rendant grâces pour cet amour avec lequel, ressuscitant votre chair, vous l'avez glorifiée, après avoir vaincu la mort, et l'avez placée en montant au ciel, à la droite de votre Père; et je vous prie de faire participer à votre gloire et à votre victoire les âmes pour lesquelles je prie.

Je vous bénis encore, ô doux Seigneur Jésus-Christ, et je vous remer­cie pour les bienfaits dont vous avez comblé votre glorieuse Mère et tous vos élus. J'unis mes remerciements à la reconnaissance que vous témoi­gnent tous les saints en vous remerciant de les avoir béatifiés par votre Incarnation, par votre Passion et par votre Résurrection.

Je vous supplie de daigner suppléer par les mérites et les prières de la glorieuse Vierge et des Saints, à tout ce qui manque à ces âmes de méri­tes propres. Ainsi soit-il» (Traduction du P. Denis).

Notre-Seigneur a bien voulu dire à sainte Gertrude que ces prières lui étaient très agréables. Il n'y a donc pas à douter qu'elles ne soient très ef­ficaces.

«Quand on délivre une âme du purgatoire, a dit aussi Notre-Seigneur, c'est comme si l'on payait ma rançon pour m'en délivrer moi-même; et je rendrai cela en temps opportun, selon la toute-puissance de ma très li­bérale bonté».

Délivrer les âmes, c'est exercer les œuvres de miséricorde à leur égard. C'est les visiter en prison, leur procurer un vêtement de gloire et les délices du ciel dont elles ont faim et soif. Notre-Seigneur ne tient-il pas comme fait pour lui-même ce qu'on fait pour tous les pauvres?

Résolutions. - Seigneur, je suis sûr de réjouir votre Cœur en l'aidant à délivrer les âmes qui lui sont chères. Il attend que je lui fasse ces offran­des pour les leur appliquer. Je les fais donc de grand cœur et je les re­nouvellerai plusieurs fois tous les jours.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

4 Novembre

Saint Charles Borromée

Non quaero quae vestra surit, sed vos. Nec enim debent filii parentibus thesauri­sare, sed parentes filiis. Ego autem liben­tissime impendam et superimpendar ipse pro animabus vestris: licet plus vos dili­gens minus diligar (II ad Cor., 12,14).

Je ne cherche pas vos biens, mais vous. Ce ne sont pas les fils qui doivent thésau­riser pour les pères, mais les pères pour les fils. Moi, je dépenserai et je me dépen­serai moi-même pour vos âmes, lors mê­me, que je serais moins aimé en aimant plus (2 aux Cor., 12,14).

1er Prélude. Ces paroles de saint Paul s'appliquent admirablement à saint Charles. Il s'est dépensé et il n'a pas trouvé la reconnaissance.

2e Prélude. Grand saint, demandez pour moi à Notre-Seigneur l'esprit de piété, de zèle et de réparation.

Ier POINT: Sa piété. - Dès son enfance, il montra une piété telle, qu'on lui reconnut la vocation ecclésiastique et on lui donna la tonsure à l'âge de dix ans. Devenu évêque de Milan à vingt-trois ans, il commence par régler sa maison comme un monastère. Les exercices de piété s'y font aux heures déterminées. Notre saint commence dès lors cette vie d'oraison, de charité pastorale et d'austérités qu'il continua jusqu'à sa mort. Il témoignait son amour pour Notre-Seigneur en se confessant tous les jours avant la sainte messe et en récitant son bréviaire à genoux. Comme tous les amis du Sacré-Cœur, il avait une dévotion ardente pour la passion de Notre-Seigneur. Il faisait chaque jour quelques exer­cices d'une tendre dévotion envers la sainte Vierge et les saints. L'exem­ple de sa piété édifiait et transformait son diocèse.

Il avançait sans cesse dans l'amour de Dieu et à un âge peu avancé, à quarante-huit ans, il était mûr pour la récompense.

Il pressentait sa fin. Il se rendit avec son confesseur, qu'il avait tou­jours près de lui, au pèlerinage marial de Monte-Varallo. Il y fit une confession extraordinaire et quelques jours après il allait mourir sainte­ment à Milan.

IIe POINT: Son zèle. - Le zèle pour les âmes est la conséquence de l'amour pour Notre-Seigneur. Saint Charles, qui brûlait d'amour pour le Sauveur voulait absolument lui gagner une infinité d'âmes.

Il ne se dévoua pas moins aux intérêts généraux de l'Eglise qu'à ceux de son diocèse. Il contribua puissamment à mener à bien les derniers tra­vaux du Concile de Trente, qui traînait en longueur depuis dix-huit ans. Avant d'aller dans son diocèse, il y avait envoyé des religieux de la compagnie de Jésus, pour ranimer la piété par les missions.

Il commença par donner dans sa maison l'exemple de la réforme pre­scrite par le Concile de Trente en vendant ses équipages et ses meubles précieux.

Il renonça à plusieurs de ses bénéfices et il employa ses revenus à fon­der des séminaires et des collèges et à fournir aux besoins des pauvres et des malades dans les hôpitaux.

Pour subvenir à ses œuvres, il vendit sa vaisselle d'argent, ses meu­bles précieux et tout ce qui pouvait être chez lui d'un grand prix.

Le triomphe de son zèle fut le dévouement qu'il montra au moment de la peste. Il alla lui-même visiter les pestiférés et leur porter les secours de la religion. Il présida des processions de pénitence pour apaiser la ju­stice divine.

Defunctus adhuc loquitur (Heb., 11). Il est resté le modèle des évêques. Sa vie est un exemple pour eux. Ses œuvres sont leur manuel de pasto­rale. Ils trouvent une direction pour leur zèle dans ses actes synodaux, ses sermons et ses lettres.

Il a fait rédiger le catéchisme de Trente qui est encore pour tout prêtre le meilleur manuel de prédication.

IIIe POINT: Son esprit de réparation. - Réforme et réparation, c'était la pensée principale de saint Charles. Il souffrait du relâchement que le schisme d'occident et la Renaissance avaient introduit dans l'église.

Il n'hésite pas à réformer sa maison et à en supprimer tout luxe. Il vend son argenterie, ses meubles précieux pour subvenir à ses œuvres. Il fait disparaître de son palais les tapisseries, les décorations et autres re­cherches du luxe, de la vanité et de la sensualité.

L'objet favori de ses méditations est la passion de Notre-Seigneur. Son jeûne est continuel, excepté les jours de fête. Il l'observe en ne man­geant que quelques légumes et du pain et en ne buvant que de l'eau. Il sait qu'il y a tant à réparer!

Comme saint Paul, il rencontre des ennemis. On désapprouve sou­vent sa conduite, on blâme ses aumônes, on l'accuse de sévérité.

Des religieux, qu'il voulait réformer, les Humiliés, tentèrent deux fois de la faire assassiner et il n'échappa que par miracle. Il souffrit tout sans se plaindre et finit par gagner ses ennemis par sa douceur.

Au moment de la peste, il s'offre en victime pour ses ouailles. Il brave la contagion. Il va en procession nu-pieds et la corde au cou. Il assiste les pestiférés dans leur lazaret.

Il avait à un haut degré l'esprit de réparation et d'immolation.

Résolutions. - Amour de Notre-Seigneur, zèle, réparation, voilà bien l'esprit des amis du Sacré-Cœur. Ce sont les dispositions où je dois me remettre constamment. Je le ferai selon ma règle au commencement de chaque action et dans mes examens et oraisons.

Colloque avec saint Charles Borromée.

5 Novembre

Visite au purgatoire avec sainte Mechtilde

Cum esset in quodam loco orans, ut cessavit, dixit unus ex discipulis ejus ad eum: Domine, doce nos orare… Et ait il­lis: Cum oratis, dicite. Pater sanctificetur nomen tuum, adeveniat regnum tuum. Panem nostrum quotidianum da nobis hodie, et dimitte nobis peccata nostra (S. Luc., 11,1).

Comme Notre-Seigneur priait un jour, quand il cessa, un de ses disciples lui dit: Maître, enseignez-nous à prier… Il leur dit: quand vous priez, dites: Père, que vo­tre nom soit sanctifié, que votre règne ar­rive. Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien et pardonnez-nous nos pé­chés (S. Luc, 11,1).

1er Prélude. Pour tous nos besoins, pour les morts comme pour les vivants, nous avons un modèle de prière, le Pater.

2e Prélude. Notre-Seigneur a enseigné à sainte Mectilde l'application du Pater pour les morts, je vais m'en servir avec confiance.

Ier POINT: Les premières demandes du Pater. - Notre Père qui êtes aux cieux, je vous prie de daigner pardonner aux âmes du purgatoire de ne vous avoir pas aimé, de ne vous avoir pas rendu le culte qui vous est dû, à vous, leur Père auguste et chéri, mais de vous avoir éloigné de leur cœur où vous désiriez habiter; et pour suppléer à leur faute, je vous offre l'amour et l'honneur que votre Fils chéri vous a rendu sur la terre, et cette abondante satisfaction par laquelle il a payé la dette de tous leurs péchés.

Que votre nom soit sanctifié, je vous conjure, ô tendre Père, de daigner pardonner aux âmes des défunts de n'avoir jamais dignement honoré votre saint nom, de se l'être trop rarement rappelé avec dévotion, de l'avoir souvent employé en vain, et de s'être rendues, par leur vie désho­norante, indignes du nom de chrétien. Et comme satisfaction pour ce pé­ché, je vous offre la très parfaite sainteté de votre fils par laquelle il a exalté votre nom dans ses prédications, et l'a honoré dans toutes ses œuvres très saintes. Ainsi soit-il.

IIe POINT: Autres demandes. - Que votre règne arrive; je vous prie, ô ten­dre Père, de daigner pardonner aux âmes des défunts de n'avoir jamais désiré avec ferveur, ni recherché avec soin vous et votre règne, dans le­quel seul consistent le vrai repos et l'éternelle gloire. Pour expier toute l'indifférence qu'elles ont eue pour toute espèce de bien je vous offre les saints désirs par lesquels votre Fils a voulu que votre règne arrive et que nous soyons les cohéritiers de son royaume.

Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel; je vous conjure, ô ten­dre Père, de daigner pardonner aux âmes des défunts, et surtout des reli­gieux, d'avoir préféré leur volonté à la vôtre et de n'avoir pas aimé en tout votre volonté, pour vivre et agir très souvent d'après la leur. Et pour réparer leur désobéissance, je vous offre l'union du très doux Cœur de votre Fils avec votre sainte volonté, de même que la prompte soumission avec laquelle il vous a obéi jusqu'à la mort de la croix.

Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien; je vous conjure, ô tendre Pè­re, de pardonner aux âmes des défunts de n'avoir pas reçu le Très Saint Sacrement de l'autel avec les désirs, la dévotion et l'amour qu'il mérite; de s'en être rendues, pour un grand nombre, indignes, et de l'avoir trop rarement reçu. Pour expier leur péché, je vous offre la parfaite sainteté et la dévotion de votre Fils, ainsi que l'ardent amour et l'ineffable désir qui l'ont porté à nous donner ce précieux trésor.

IIIe POINT: Dernières demandes. - Et pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés; je vous conjure, ô tendre Père, de daigner pardonner aux âmes des défunts les péchés dans lesquels elles sont tombées, surtout en ne pardonnant pas à ceux qui les avaient offen­sées et en n'aimant pas leurs ennemis. Pour ces péchés, je vous offre la prière de la plus douce suavité, que votre Fils a faite sur la croix pour ses ennemis.

Et ne nous induisez point en tentation, je vous conjure, ô tendre Père, de pardonner aux âmes des défunts de n'avoir pas résisté à leurs vices et à leurs concupiscences, d'avoir souvent consenti aux embûches du démon et de la chair, et de s'être volontairement engagées dans beaucoup de mauvaises actions. Pour la multitude de leurs péchés, je vous offre la glorieuse victoire par laquelle votre Fils a vaincu le monde et le démon, ainsi que toute sa très sainte vie, avec tous ses travaux et ses fatigues, sa très amère passion et sa mort.

Mais délivrez-nous du mal; délivrez-les aussi de tout mal et de toute pei­ne, par les mérites de votre cher Fils, et conduisez-les dans le royaume de votre gloire, qui n'est autre que vous-même. Ainsi soit-il.

- Après que sainte Mechtilde eut fait cette belle prière sous l'inspira­tion de Notre-Seigneur, elle vit une grande multitude d'âmes monter au ciel. J'ai la confiance qu'aujourd'hui ma prière sera également exaucée.

Descendez en purgatoire, ô tendre Jésus, avec vos mérites et votre sang. Soulagez ceux qui souffrent dans la captivité et tendez-leur la main pour les conduire dans le lieu du rafraîchissement, de la lumière et de la paix.

Résolutions. - Je visiterai le purgatoire tous les jours avec le Sacré-­Cœur de Jésus pour délivrer beaucoup d'âmes.

Aujourd'hui surtout et pendant tous ces jours consacrés à la prière pour les morts, j'offrirai souvent tout ce que je peux selon l'esprit de sainte Gertrude et de sainte Mechtilde.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

6 Novembre

Dévotion gertrudienne:
l'offrande de nos actions

Ego autem cantabo fortitudinem tuam: Quia factus es susceptor meus, et refu­gium meum, in die tribulationis meae. Adjutor meus, tibi psallam, quia Deus su­sceptor meus es: Deus meus, misericordia mea (Ps. 58,17).

Je chanterai, Seigneur, votre puissance et j'exalterai le matin votre miséricorde, parce que vous vous êtes fait mon sauveur et mon refuge au jour de la tribulation. Vous êtes mon aide et mon sauveur, je le chanterai, mon Dieu, au cœur compatis­sant (Ps. 58,17).

1er Prélude. Le chant nouveau qui exalte la bonté divine, c'est bien la louange du Sacré-Cœur.

2e Prélude. Seigneur, mettez-moi dans cette disposition de louer votre Sacré-Cœur dès le matin et souvent dans le jour.

Ier POINT: Le salut du matin au Sacré-Cœur. - «Dès votre réveil, a dit Notre-Seigneur à sainte Mechtilde, saluez mon Cœur et offrez-lui votre cœur». - «Que chacun, dès son réveil, lui dit-il encore, soupire de tout son cœur vers moi, et me demande que, pendant la journée, j'achève et je perfectionne en lui chacune de ses actions; de cette manière, il m'atti­rera à lui; et comme le corps reçoit la vie de l'âme, ainsi son âme pren­dra sa vie en moi, et ne fera rien que par moi. Je me rapproche de ceux qui aspirent après moi» (Liv., 4, c. 29).

Sainte Gertrude nous a laissé diverses formules de salutations au Sacré-Cœur. En voici une où elle exprime toute sa tendresse: «Je vous salue, ô perle vivifiante de la noblesse divine; je vous salue, ô fleur de la dignité humaine, fleur que rien ne flétrira jamais; je vous salue, ô très ai­mant Jésus; et m'appropriant tous les charmes de la divinité, je vous ser­re contre mon cœur, en vous aimant avec l'affection de toutes les créatu­res: je me recommande à votre Cœur et j'introduis mon cœur dans la très douce plaie de ce Cœur divin». Ainsi soit-il.

IIe POINT: L'intention de pur amour. - Jésus a dit à sainte Gertrude qu'il conserve écrites en lettres d'or dans le livre de vie, les œuvres que l'on fait purement pour la gloire de Dieu et le salut du monde, en union avec sa Passion, en faisant abstraction de tout mérite personnel et sans autre intention que d'offrir à Dieu un tribut de louanges et d'amour. Bien que les autres bonnes œuvres, ajouta-t-il, doivent trouver auprès de Dieu une riche récompense, celles qui se font purement par amour pour la gloire de Dieu, ont un tout autre mérite et une toute autre digni­té, comme aussi elles procurent à l'homme un accroissement infiniment plus grand de la gloire éternelle (Liv. 4, c. 10).

Notre-Seigneur a inspiré à sainte Mechtilde une belle offrande de pur amour pour ses prières et ses actions: «Seigneur Jésus, disait-elle, je m'associe à cette intention et à cet amour avec lesquels vous avez payé à Dieu votre Père, le tribut de vos louanges. Je vous offre cette prière et c'est dans cette union avec vous que je la réciterai».

Sainte Gertrude se mettait dès le matin dans la disposition du pur amour envers le Sacré-Cœur. L'amour du Sacré-Cœur l'absorbait et la soumettait tout entière et à chaque instant à son bon plaisir.

Un jour, sainte Mechtilde vit dans son oraison sa sainte amie Gertru­de qui allait et venait devant le trône du Sauveur. Notre-Seigneur lui dit: «La vie de mon élue est si parfaite qu'à tous les instants elle marche en ma présence, ainsi que tu la vois; elle ne cherche qu'à connaître le bon plaisir de mon Cœur. Aussi, dès qu'elle a connu ma volonté sur un point, elle se met aussitôt de toutes ses forces à l'exécuter; puis elle re­vient de nouveau savoir mes autres désirs, afin de les satisfaire sans re­tard; c'est ainsi que toute sa vie est consacrée à mon honneur et à ma gloire».

IIIe POINT: Offrons et recommandons nos actions au Sacré-Cœur. - Sainte Gertrude offrait ses actions en ces termes: «Seigneur, je vous offre cette action par votre divin Fils, je vous l'offre dans la vertu divine de l'Esprit­-Saint, pour la gloire de votre éternelle Majesté». Il lui fut révélé que tout ce qu'on offre ainsi est merveilleusement ennobli et réjouit le Seigneur. Comme la lumière prend la couleur des vitraux qu'elle traverse, ainsi nos actions présentées par le Cœur de Jésus en revêtent la beauté.

Si nous recommandons nos prières et nos actions au Cœur de Jésus, il supplée à leurs défectuosités. «Tes œuvres sont pleines de charmes pour moi», dit Notre-Seigneur à sainte Gertrude. - «Comment cela peut-il se faire?» lui demanda-t-elle. - «Mais, lui dit-il, si tu avais un objet que tu pourrais sans peine rendre parfait et agréable à la vue, ne le ferais-tu pas? Eh bien! tes actions, par cela même que tu me les recommandes, passent par mes mains, et comme ni le pouvoir ni la bonté ne me man­quent pour les perfectionner, je me fais une joie de les purifier toutes, pour les rendre agréables à mes yeux et aux yeux de mon Père» (Liv., 4, c. 13).

Comme ces paroles de Notre-Seigneur nous encouragent à vivre dans l'intention du pur amour pour le Sacré-Cœur! Nous serions bien insen­sés de ne pas nous y conformer.

Résolutions. - Oui, Seigneur, je vous offre en ce moment, je vous of­frirai tous les matins et souvent dans la journée, toutes mes actions dans l'intention du pur amour. Purifiez-les, suppléez à leurs défauts, pour les rendre agréables à votre divin Père et à vous-même.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

7 Novembre

Dévotion gertrudienne:
l'oraison: puiser la grâce au Cœur de Jésus

Si quis sitit, veniat ad me et bibat. Qui credit in me, sicut dicit scriptura, flumi­na de ventre ejus fluent aquae vivae. Hoc autem dixit de spiritu, quem accepturi erant credentes in eum (S. Joan., 7,17).

Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Celui qui croit en moi, ver­ra, comme dit l'Ecriture, des flots d'eau vive sortir de son cœur. Il disait cela de l'Esprit-Saint que ses disciples allaient re­cevoir (S. Jean., 7,17).

1er Prélude. C'est au Cœur de Jésus qu'il faut boire les eaux vives de la grâce, il en est le réservoir infini.

2e Prélude. Permettez, Seigneur, que je boive à cette source divine, particulièrement au temps propice de l'oraison.

Ier POINT: Le Sacré-Cœur de Jésus est le médiateur entre Dieu et les hommes. - C'est par lui que viennent aux pécheurs les grâces de conversion et aux justes les grâces de sanctification. Notre-Seigneur expliqua cela lui-même à sainte Gertrude.

Un jour qu'elle était retenue à la chambre par la maladie pendant le sermon, il s'offrit à la prêcher lui-même. Il la fit reposer sur son cœur. Elle sentit dans le cœur du Seigneur deux mouvements admirables d'une extrême douceur2). Il lui dit: «Chacun de ces battements opère le salut des hommes, le premier est pour les pécheurs et le second pour les justes. - Par le premier, je parle sans interruption à mon Père pour apaiser sa justice et l'incliner à la miséricorde; je parle aux saints pour excuser les pécheurs, avec le zèle et la fidélité d'un frère, et je les excite à prier eux; je parle au pécheur lui-même, je l'appelle miséricordieusement à la pénitence et j'attends avec un désir incroyable sa conversion.

«Par le second battement, je m'adresse encore à mon Père pour nous réjouir ensemble du fruit de ma Passion et des œuvres consolantes des justes; je parle à toute la milice céleste pour que tous louent les justes et me remercient avec eux de mes bienfaits; je m'adresse aux justes eux­mêmes pour leur prodiguer de nouvelles faveurs et les exhorter à pro­gresser de jour en jour et d'heure en heure». - Ah! si nous répondions à tant de miséricorde! (3,51).

IIe POINT: Le Sacré Cœur est la source de la grâce. - C'est la promesse du prophète: «Vous puiserez avec joie aux sources du Sauveur». Dans l'office du Sacré-Cœur, nous disons avec l'église: c'est là une source qui ne tarit pas et qui forme comme sept fleuves: Ex hoc perennis gratia ceu sep­tiformis fluvius. Dans ses litanies, nous l'appelons: Source de vie et de sainteté.

«Le Cœur de Jésus est l'océan de la grâce, dit Monseigneur Baudry. Il est le lieu de toutes les grâces, comme la mer est le lieu de toutes les eaux; et ces eaux immenses sont en lui avec leurs voix énergiques, leurs élancements admirables, leur étonnante puissance, leur inépuisable fé­condité».

Mais comment irons-nous puiser à cet océan les eaux qu'il renferme pour les verser dans nos âmes? Notre Seigneur l'enseigna à sainte Ger­trude (4,32).

Il lui rappela que les apôtres reçurent les grâces du Saint-Esprit après avoir touché ses mains et son côté. C'est alors qu'il leur dit: Recevez le Saint-Esprit. Nous devons de même toucher le côté du Seigneur, c'est-à-dire considérer avec reconnaissance l'amour du Cœur de notre Dieu qui nous a prévenus de toutes sortes de bienfaits et poursuivis de ses grâces. Nous devons aussi toucher ses mains en nous rappelant toutes les œuvres de la Rédemption, à laquelle Notre-Seigneur a travaillé trente-trois ans pour notre amour et surtout en sa Passion et à sa mort.

Quand nos cœurs seront échauffés de l'amour du Sauveur et purifiés par le repentir qu'inspire sa Passion, nous demanderons le Saint-Esprit, et il nous sera donné comme aux apôtres.

C'est ainsi que nous devons procéder dans nos méditations, considé­rons toutes choses dans le Cœur de Jésus, nous serons toujours à la sour­ce de la grâce.

IIIe POINT: Le Sacré-Cœur est la source des dons du Saint-Esprit. - Notre­-Seigneur l'a bien fait comprendre à sainte Gertrude. Une veille de Pen­tecôte, elle se mit à considérer avec une profonde humilité combien elle était indigne de grâces. Il lui sembla que cette pensée de son indignité avait creusé dans son cœur un abîme profond que Notre-Seigneur vint remplir par un ruisseau de miel découlant de son Cœur Sacré et symbo­lisant la douceur de l'esprit consolateur (4,38).

Le jour de la Pentecôte, à Tierce, pendant qu'on chantait le Veni Crea­tor, Notre-Seigneur lui apparut encore. Il semblait ouvrir de ses deux mains son Cœur rempli de toute douceur. Elle reposa sa tête sur le Sacré-Cœur et y reçut la grâce de l'union de sa volonté avec le Sacré­-Cœur. Elle toucha le Cœur divin de ses deux mains et reçut la grâce de la sanctification de ses actions. Elle présenta ses pieds à Notre-Seigneur et reçut la sanctification de ses désirs et de ses démarches. Et quand on chanta: Accende lumen sensibus, elle recommanda ses sens à Notre­-Seigneur et en reçut la promesse que ses sens en seraient illuminés de façon à édifier le prochain…

Ce sont là des grâces qui nous invitent à recourir toujours au Sacré-­Cœur pour notre sanctification. Allons à lui dans nos oraisons, dans nos prières et sans cesse. Par lui, nous sommes tout puissants. Il est le trésor qui nous permet d'acheter toutes les grâces.

Résolutions. - Je puiserai avec joie aux sources du Sauveur. Dans mes oraisons, je me placerai toujours en vue du Sacré-Cœur. J'étudierai ses vertus, ses bienfaits, son amour. Je présenterai ses mérites à son Père. Dans toutes mes prières, j'aurai recours au Sacré-Cœur.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

8 Novembre

Dévotion gertrudienne:
le saint-office

Et cantabant canticum novum, dicen­tes: dignus es Domine accipere librum et aperire signacula ejus: quoniam occisus es et redemisti nos Deo in sanguine tuo ex omni tribu, et lingua et populo, et natione (Apoc., 5,9).

Ils chantaient le cantique nouveau en di­sant: Vous êtes digne, Seigneur, de rece­voir le livre et d'en ouvrir les sceaux, parce que vous avez été mis à mort et nous avez rachetés devant Dieu, de toute tribu, lan­gue, peuple et nation (Apoc., 5,9).

1er Prélude. Le chant nouveau, c'est celui qui loue le Sacré-Cœur, d'où le sang a coulé pour notre rédemption.

2e Prélude. Aidez-moi, Seigneur, à chanter toujours le chant nouveau par l'union au Sacré-Cœur dans mes prières et en particulier dans la récitation du saint office.

Ier POINT: La lyre divine. - Notre-Seigneur est le chorège de toutes les louanges offertes à Dieu par les anges, les saints et les justes. Sainte Gertrude le vit en son humanité, debout en présence de l'adorable Trini­té, offrant nos faibles efforts et les ennoblissant lui-même, pour en faire un digne holocauste à cette ineffable Trinité.

Notre-Seigneur offrait son très doux et très précieux Cœur, comme si c'eût été une lyre, où venaient résonner devant Dieu toutes les pieuses prières, toutes les paroles qui se chantaient en cette fête. Le chant des re­ligieuses sans dévotion ne semblait produire qu'un sourd murmure des cordes inférieures; mais le chant de celles qui voulaient louer avec piété la sainte Trinité, semblait faire retentir sur le très saint Cœur de Jésus­-Christ, comme sur les cordes les plus sonores, un chant suave et mélo­dieux.

Heureux le prêtre, le religieux, le chrétien qui sait s'emparer du Cœur de Jésus pour chanter l'adorable Trinité.

Nos prières ne sont-elles pas jusqu'ici trop discordantes avec la lyre di­vine? (4,41).

IIe POINT: Le Sacré-Cœur supplée à l'imperfection de nos louanges. - Sain­te Gertrude voyait avec tristesse lui échapper des distractions. Notre­Seigneur se plut à la consoler. Il lui présenta, comme de ses propres mains, son Cœur divin en lui disant: «Voici devant les yeux de ton âme, mon très doux Cœur, l'organe de l'adorable Trinité. Tu lui remettras avec confiance toutes tes prières, pour qu'il supplée à leur imperfection. Comme un fidèle serviteur est toujours à la volonté de son maître, ainsi mon Cœur sera désormais toujours à ta disposition pour réparer à cha­que instant toutes tes négligences» (3,25).

La chère sainte trouvait messéant que le Cœur du Seigneur, le plus précieux trésor de la divinité, l'assistât, elle si chétive, comme un servi­teur aux ordres de son maître, pour suppléer à toutes ses infidélités. Mais Notre-Seigneur lui expliqua ainsi sa pensée: «Si tu avais une voix flexible et sonore, ne serais-tu pas heureuse de la substituer à une voix désagréable et discordante? Eh bien! il en est ainsi de mon divin Cœur; il connaît la faiblesse et l'inconstance de l'homme, et il désire d'une ar­deur incroyable que tu l'invites, au moins en pensée ou par quelque si­gne, à te remplacer et à exécuter pour toi ce que, de toi-même, tu es complètement incapable de faire».

O Cœur sacré! nous ne refuserons pas vos services! Venez donc sup­pléer à tout ce qui est imparfait dans la récitation de nos prières et de no­tre office.

Tâchons donc de prier et de réciter l'office avec la ferveur de sainte Gertrude. Invitons aussi Notre-Seigneur à suppléer à nos imperfections; et comme les prières de sainte Gertrude, les nôtres, en s'échappant de nos lèvres et de notre cœur, s'élanceront comme une flèche vers le Cœur de Jésus pour le pénétrer profondément et en faire jaillir la grâce pour nous et la gloire pour les saints.

IIIe POINT: Prière au Sacré-Cœur. - Dieu de mon cœur, objet chéri de mes vœux, dans votre surabondance infinie, admettez dès cette heure une note nouvelle dans les mélodies qui s'échappent de votre Cœur, pour exprimer mon indigne louange, mon impuissante action de grâces! Que cet accent nouveau, inséré dans votre harmonieux cantique, soit l'hommage que je vous dois en retour de vos bienfaits, pour m'avoir créé, pour m'avoir racheté, pour m'avoir élu et retiré du monde. Ren­fermez aussi mon amour pour vous dans cette mélodie. Cet amour, serrez-en le nœud si étroitement que mon âme soit sans cesse transpor­tée en songeant à vous, au milieu même des épreuves et des misères de cet exil (Exerc. 6).

O mon Dieu et mon Roi, consacrez mon être et ma vie à votre louan­ge et à votre gloire. Que mon âme dans toutes ses pensées, ses mouve­ments, ses paroles et ses œuvres, vous glorifie dans ce qu'elle de plus in­time; que mon corps, dans son essence et dans son énergie, soit voué aussi à votre amour. Présentement, il n'est qu'une prison pour mon âme, qui aspire avec ardeur à vous, ô Dieu, source de sa vie… Faites­ moi éprouver les effets de votre bonté même dans mon exil, mais surtout recevez-moi dans votre Cœur divin à ma mort. C'est là sur l'autel d'or de ce divin Cœur que je brûlerai l'encens que vous aimez, l'encens de mon âme, et que je m'immolerai avec délices, en retour de tant de bien­faits dont vous m'avez comblé.

Résolutions. - Divin Cœur de Jésus, c'est un pacte que je fais avec vous. Prenez mes prières et suppléez par votre surabondance à leurs im­perfections. Je vous rappellerai souvent cette demande. Aidez-moi. Je voudrais vous recommander fidèlement toutes mes prières.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

9 Novembre

Dévotion gertrudienne
la sainte messe

Et alius angelus venit, et stetit ante al­tare habens thuribulum aureum: et data sunt illi incensa multa, ut daret de oratio­nibus sanctorum omnium super altare au­reum, quod est ante thronum Dei. Et ascendit fumus incensorum de orationi­bus sanctorum de manu angeli coram Deo (Apoc., 8,3).

Un autre ange vint et se tint devant l'autel avec un encensoir d'or: et il reçut beaucoup d'encens, pour offrir les prières de toutes les saints sur l'autel d'or qui est devant le trône de Dieu. Et le parfum de l'encens des prières des saints s'éleva vers Dieu de la main de l'ange (Apoc., 8,3).

1er Prélude. L'autel d'or qui est devant le trône de Dieu, c'est le Cœur de Jésus sur lequel le Sauveur présente à son Père tous les sacrifices offerts par les hommes.

2e Prélude. Présentez en particulier, ô Jésus, et fécondez les saintes messes auxquelles je participe, soit en les disant, soi en y assistant.

Ier POINT: Le Sacré-Cœur est le médiateur entre Dieu et les hommes. - Le Christ est le médiateur naturel entre Dieu et les hommes. Il est aussi le souverain prêtre. A ce double titre, il donne à Dieu et il donne aux hom­mes: à Dieu la gloire, l'adoration, la louange, l'action de grâce; aux hommes la grâce, le pardon, la résurrection, la vie éternelle.

Ces fonctions sublimes ont commencé le jour de l'Incarnation, elles ont continué pendant toute la vie du Sauveur, elles ont eu surtout leur plein exercice dans les derniers jours de sa vie, quand il offrait son sang et sa vie sur l'autel de la croix et qu'il instituait l'Eucharistie et le sacer­doce de la loi nouvelle pour perpétuer son sacrifice.

Mais le centre d'où s'élançaient ses adorations et ses hommages vers Dieu, et d'où jaillissaient les grâces de pardon et de sanctification pour nos âmes, c'était là vraiment l'autel du sacrifice.

Ces deux fonctions continuent toujours, le Cœur de Jésus est au ciel l'autel d'or d'où s'élève vers Dieu toute glorification et d'où descendent sur les hommes toutes les grâces.

IIe POINT: La messe au ciel. - C'était un dimanche de l'Avent. Sainte Gertrude, empêchée par la maladie, était privée de la messe. Notre­-Seigneur daigna l'élever jusqu'au ciel pour la faire assister à une messe qu'il célébrait lui-même.

Or pendant que l'on chantait l'offertoire, le très précieux Cœur du Seigneur Jésus sembla sortir de sa poitrine sacrée. Il avait la forme d'un autel d'or et il brillait comme la flamme. Alors tous les anges préposés au ministère des hommes, prenant leur vol, vinrent offrir joyeusement, sur cet autel du Cœur de Jésus, toutes les bonnes œuvres et toutes les priè­res accomplies par ceux dont ils étaient chargés. Tous les saints s'appro­chant ensuite offrirent chacun leurs mérites pour la louange de Dieu et le salut de Gertrude. Enfin son bon ange arriva, portant un calice d'or qu'il offrit également sur l'autel du divin Cœur. Ce calice renfermait toutes les tribulations et les peines que Gertrude avait supportées depuis son enfance. Le Seigneur bénit aussitôt ce calice, puis il dit d'une voix harmonieuse: Sursum corda! et tous les saints s'avancèrent auprès de l'au­tel d'or; et ils attendirent que le calice béni et consacré par le Seigneur avec tant d'affection vînt à déborder, pour en recueillir quelques gout­tes, afin d'accroître leur joie et leur gloire.

Ensuite Notre-Seigneur, se levant de son trône, présenta à son Père son Cœur très saint, que Gertrude avait vu sous la forme d'un autel d'or, et l'offrit pour son Eglise, en l'immolant et sacrifiant d'une maniè­re ineffable, qu'aucune créature ne peut comprendre.

C'est ainsi que s'accomplit au ciel le sacrifice de l'Agneau, le sacrifice du Cœur de Jésus, uni aux offrandes des saints et des justes, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes (4,69).

IIIe POINT: La messe sur la terre. - A la même heure que dans cette vi­sion Notre-Seigneur offrait à son Père son Cœur divin, on sonna la clo­che à l'église pour l'élévation. Sainte Gertrude remarqua qu'au même instant Notre-Seigneur accomplissait dans le ciel ce qu'il opérait dans l'Eglise par le ministère des prêtres. Elle ressentit une joie profonde en admirant cette merveilleuse coïncidence. Notre-Seigneur l'invita à dire alors le Pater en union avec les sentiments qu'il avait lui-même quand il préparait cette prière en son Cœur et la disant et enseignait sur la terre.

Puis il lui ordonna de prier pour l'Eglise et pour les personnes qu'elle voulait recommander. En même temps, Notre-Seigneur distribuait aux âmes les fruits de ses mérites, de ses souffrances et de ses prières, et il dit à Gertrude: «Cette prière que tu viens de m'offrir pour l'Eglise sera pour elle le salut».

Vision consolante! pour adorer et prier la Majesté infinie de Dieu, nous ne sommes donc pas réduits à notre faiblesse. Le Sacré-Cœur reçoit nos hommages, il les offre lui-même et leur donne ainsi une valeur infinie.

Quel encouragement à nous unir au ciel et particulièrement au Cœur de Jésus, quand nous participons à la sainte messe! Pouvons-nous ac­complir avec froideur et indifférence un acte auquel Notre-Seigneur at­tache tant d'importance au ciel?

Résolutions. - Seigneur, je n'y pensais pas. Changez mes dispositions. Faites moi assister à la messe avec la foi et les lumières de sainte Gertru­de. C'est par votre miséricorde que j'ai connu cette vision, j'en veux profiter en m'unissant chaque matin et aussi quelquefois dans la journée à vos messes du ciel.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

10 Novembre

Dévotion gertrudienne:

conformité de volonté avec le Cœur de Jésus,
et sanctification des œuvres communes

Dicunt ei: Ecce mater tua et fratres tui foris quaerunt te. Et respondens eis ait: Quae est mater mea et fratres mei? Et cir­cumspiciens eos, qui in circuitu ejus sede­bant, ait: Ecce mater mea et fratres mei. Qui enim fecerit voluntatem Dei, hic fra­ter meus, et soror mea et mater est (S. Marc., 3,32).

Ils lui disent: Il y a votre mère et vos frères qui vous cherchent dehors. Il ré­pond: Qui sont ma mère et mes frères? Et regardant ceux qui étaient assis autour de lui, il dit: Voilà ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, c'est mon frère, ma soeur et ma mère (S. Marc, 3,32).

1er Prélude. Si nous nous attachons à faire en tout la volonté de Dieu, Notre-Seigneur nous aimera comme ses frères et comme sa mère.

2e Prélude. Seigneur, donnez-moi la grâce de vous livrer entièrement ma volonté au­jourd'hui et pour toujours.

Ier POINT: La conformité à la volonté divine. - Notre-Seigneur l'a re­commandée par-dessus tout à sa servante bien-aimée, sainte Gertrude. - Un soir des Rameaux, Gertrude, méditant sur l'hospitalité offerte à Jésus par Marthe et Marie à Béthanie, était toute enflammée de recevoir aussi Jésus. Elle baisait la plaie du côté de Jésus sur son crucifix et sup­pliait le Sacré-Cœur, par le désir qu'il avait eu d'aller chez ses amis de Béthanie, de daigner descendre dans la pauvre hôtellerie de son cœur très indigne. Le Seigneur, plein de bonté, qui écoute volontiers ceux qui l'invoquent, la favorisa de sa présence et lui dit cette parole douce et en­gageante: «Me voici, que vas-tu me donner?» - «Hélas! Seigneur, dit-elle, je n'ai rien préparé qui soit digne de votre magnificence, et je vous prie de préparer vous-même en moi ce qui peut plaire à votre divine bonté». - «En ce cas, dit le Seigneur, donne-moi la clef de ton âme pour me permettre de prendre et de replacer tout comme il me conviendra, tant pour être à mon aise que pour me reposer». - «Et quelle est cette clef?» dit-elle. - «Ta volonté propre», dit Jésus-Christ.

Elle comprit que si l'on tient à donner à Notre-Seigneur l'hospitalité, il faut lui remettre la clef de la propre volonté, s'abandonner pleinement à son bon plaisir, et attendre avec une pleine confiance de sa bonté qu'en toutes choses il opérera notre salut.

IIe POINT: Sanctification des actions communes par leur union au Sacré­-Cœur. - Une première application de cette conformité à la volonté divi­ne, c'est de faire nos actions communes en union avec le Sacré-Cœur.

Sainte Gertrude eut cette lumière que toutes les œuvres faites en esprit de foi sont absorbées par les membres du corps sacré de Notre­-Seigneur pour être purifiées et ennoblies, puis elles sont présentées par Notre-Seigneur à la Sainte Trinité. Mais les œuvres faites par amour et uniquement pour la gloire de Dieu, sont absorbées par le divin Cœur de Jésus, qui les rend parfaites pour les présenter à son Père.

Combien il est donc avantageux de faire toutes nos œuvres en union avec le Cœur divin! La vie du Sacré-Cœur leur est communiquée. Les actions les plus communes sont ainsi ennoblies et divinisées: «Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, dit saint Paul, faites tout au nom de Jésus-Christ».

Notre-Seigneur enseigna ainsi à sainte Gertrude à sanctifier ses repas, son travail, son repos et son sommeil en les unissant aux intentions du divin Cœur. Prenons aussi cette habitude si salutaire.

IIIe POINT: Abandon et résignation. - La vie pieuse est souvent soumi­se à l'épreuve. L'âme dévouée au Cœur de Jésus doit s'y attendre; elle doit surtout savoir s'y conduire. Son Bien-Aimé veut alors qu'elle s'abandonne entièrement à sa discrétion et n'attende que de lui force et consolation.

Se sentant un jour abattue par la tristesse, Gertrude dit à Notre­-Seigneur: «Que deviendrai-je et que ferez-vous de moi?» - «Comme une mère console ses enfants, lui répondit Jésus, moi aussi je te console­rai. Mais, ajouta-t-il, tu sais ce qu'une mère attend de son enfant. Elle veut ses caresses et moi aussi je veux que tu me témoignes ton amour. Une mère éprouve la volonté de son enfant, elle lui laisse croire qu'elle veut sa résignation, puis après elle le lui accorde. Moi aussi je te laisserai craindre des épreuves, tu te résigneras et ensuite les épreuves ne vien­dront pas».

Des contrariétés nous viennent aussi de la part du prochain. Notre­Seigneur expliquait ainsi à sainte Gertrude les desseins de sa Providence à ce sujet. Je permets cela, lui dit-il, afin que tu te détaches davantage des créatures et que tu viennes auprès de moi chercher consolation dans mon amour. Je tiens compte aussi de ta résignation et de ta patience en toutes choses, je te prépare en mon Cœur des consolations.

La servante du Seigneur souffrait aussi de ses négligences dans le ser­vice de son divin époux, mais Notre-Seigneur lui dit que son regret répa­rait tout et qu'il suppléait à ses imperfections (3,41).

Résolutions. - Tout pour vous, Seigneur, pour votre amour, pour vo­tre gloire. Que voulez vous que je fasse? Ce sera là ma disposition habi­tuelle. Et si vous m'éprouvez, je garderai ma confiance en vous, assuré que vous allégerez ma peine et que vous la rendrez utile au bien de mon âme.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

11 Novembre

Saint Martin

Domine, quando te vidimus esurien­tem et pavimus te; sitientem, et dedimus tibi potum? Quando auteur te vidimus ho­spitem, et collegimus te: aut nudum et cooperuimus te?… Et respondens rex di­cit illis: Amen, dico vobis, quandiu feci­stis uni ex his fratribus meis minimis, mi­hi fecistis (S. Mat., 25,37).

Seigneur, quand ai-je apaisé votre faim en vous donnant à manger, et votre soif en vous donnant à boire? Quand vous ai­je donnné un asile ou le vêtement qui vous manquait?… Et le roi répondit: je vous le dis en vérité, quand vous l'avez fait au moindre de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait (S. Mat., 25,37).

1er Prélude. Saint Martin, dans sa charité, a vêtu Notre-Seigneur en revêtant un pauvre.

2e Prélude. Grand saint, faites-moi participer à votre grand amour pour Notre Seigneur.

­

Ier POINT: Sa piété. - Dès son enfance, saint Martin s'attacha ardem­ment à Notre-Seigneur. A l'âge de dix ans, il s'échappait de la maison paternelle pour aller entendre à l'église l'enseignement de l'Evangile, et il se faisait inscrire parmi les catéchumènes. Devenu soldat à quinze ans, il est un modèle de vie chrétienne, il reçoit le baptême à dix-huit ans. En quittant le service, il se rend auprès de saint Hilaire de Poitiers, attiré par la sainteté du grand évêque. Dès lors, il était définitivement épris de la vie monastique. Il voulait se sanctifier dans la prière et l'amour de Notre-Seigneur. Il se retire d'abord dans un monastère à Milan; puis il en fonde un près de Poitiers, à Liguge. Devenu évêque de Tours contre son gré, il organise là aussi un monastère à Marmoutiers, pour y vivre avec son clergé.

Il prêche beaucoup dans les Gaules et il convertit une infinité de païens, mais le fond de sa prédication est toujours la connaissance et l'amour de Notre-Seigneur.

Un petit trait marque sa piété et son esprit surnaturel. Invité à un re­pas chez l'empereur Maxime à Trèves, il présente le vin à un prêtre avant de le présenter à l'empereur, et l'empereur eut le bon sens de ne pas s'en froisser. Pendant sa dernière maladie, il lève sans cesse les mains et les yeux vers le ciel où l'attend le Bien-Aimé de son cœur. Comme on voulait l'incliner pour le soulager: «Laissez-moi, dit-il, re­garder le ciel où mon âme va se rendre».

IIe POINT: Son zèle pour la perfection et pour la réparation. - Saint Martin ne veut que la vie monastique pour se former à la perfection. Il la chercha à Milan, à Poitiers, à Tours.

Son humilité est extrême. Longtemps il refuse le sacerdoce. A Poi­tiers, il n'était qu'exorciste. Il fallut lui faire violence pour lui faire ac­cepter l'épiscopat. Devenu évêque, il garda la même humilité, la pau­vreté dans ses habits et dans ses meubles et l'austérité monacale. Avant de bâtir Marmoutiers, il habitait à Tours une pauvre cellule près de l'église. A Marmoutiers, il fit revivre toute l'austérité des anachorètes. Il introduisit la vie monacale en France. Il lui revient donc une part de tout le bien qui s'est fait dans nos innombrables abbayes pendant tous les siè­cles de foi.

Sa vie a été si sainte, si détachée des créatures et du monde, qu'il n'avait rien à redouter à sa mort. Le démon se présenta à lui, il put lui dire: «Retire-toi, bête immonde, tu n'as aucun droit sur moi». - Voilà le chemin du ciel: le détachement des créatures, la pureté, la prière, l'amour de Notre-Seigneur.

IIIe POINT: Sa charité pour le prochain. - C'est la vertu caractéristique de saint Martin. On le représente donnant la moitié de son manteau à un pauvre. C'est ce grand acte de charité qui lui a gagné le Cœur de Notre-Seigneur et qui lui a préparé toutes ses grâces.

Il a été un apôtre infatigable. Il a parcouru la Gaule, convertissant les païens par ses prédications et par ses miracles. Il détruisait les temples et faisait bâtir des églises pour les remplacer.

Dans sa bonté, il sollicitait auprès des princes, à Trèves, le pardon des criminels, la liberté des captifs, le retour des exilés, ou le soulagement des pauvres et des malheureux.

Il savait persuader à l'empereur que toutes ces œuvres serviraient à sa gloire.

Devenu malade, il est prêt à retarder la jouissance de sa récompense, si Notre-Seigneur veut encore l'utiliser sur la terre. Quand ses disciples en larmes le supplient de ne pas les quitter, il adresse à Notre-Seigneur cette prière si connue: «Seigneur, si je suis encore nécessaire à votre peu­ple, je ne refuse pas le travail. Que votre saint volonté soit faite!».

C'était là le secret de ses succès apostoliques et de ses progrès inces­sants dans la vertu: la conformité à la volonté divine en toutes choses. Cette admirable vie nous invita à la louange de Dieu, à la reconnais­sance, et à l'imitation des vertus de cet aimable saint.

Résolutions. - Piété, amour de Notre-Seigneur, zèle pour la perfec­tion, charité pour le prochain, voilà un beau règlement de vie. Toutes ces vertus se tiennent. Le détachement et l'austérité en sont la condition, mais c'est l'amour de Notre-Seigneur qui donne des ailes à l'âme pour avancer rapidement dans la voie de la sainteté.

Colloque avec saint Martin.

12 Novembre

Dévotion gertrudienne:
le recueillement et les oraisons jaculatoires

Surge, amica mea, speciosa mea, et ve­ni: colomba mea in foramimibus petrae, in caverna maceriae, ostende mihi faciem tuam, sonet vox tua in auribus meis; vox enim tua dulcis et facies tua decora (Gant., 2,13).

Lève-toi, mon amie toute belle et viens: O ma colombe, dans les fentes de la pier­re, dans le creux du rocher, montre-moi ton visage, que ta voix résonne à mes oreilles; ta voix est douce et ton visage est beau (Gant., 2,13).

1er Prélude. La colombe au regard aimable et à la voix douce, c'est l'âme qui se tient en présence de Notre-Seigneur et qui lui parle souvent par ses oraisons jaculatoires.

2e Prélude. Seigneur, formez mon âme à ces habitudes qui sont une condition de vo­tre amitié.

Ier POINT: Les encouragements de Notre-Seigneur. - Sainte Gertrude avait souvent sur les lèvres quelque oraison jaculatoire, qu'elle lançait comme une flèche brûlante dans le Cœur de son Bien-Aimé.

Un jour, elle dit à Notre-Seigneur: «O très aimable Seigneur, que voulez-vous faire de ces paroles qui me viennent à la pensée et à la bou­che?». Alors Notre-Seigneur lui apparut et lui montra un collier d'or où ses aspirations étaient enchâssées comme des pierres précieuses, variées et étincelantes.

La sainte, toute émue, reçut alors de Notre-Seigneur une prière toute remplie de ces aspirations ardentes. Et comme elle demandait à Notre­Seigneur s'il lui serait agréable que cette prière fût connue et récitée par d'autres, il lui répondit: «Celui qui récitera ces prières avec dévotion, sentira s'augmenter en lui la connaissance qu'il a de moi-même et rece­vra au dedans de lui la splendeur de ma divinité. Ses bonnes dispositions accrues par cette visite brilleront comme l'or brille à la lumière». Ces promesses doivent s'entendre aussi évidemment de toutes prières et aspi­rations analogues.

IIe POINT: Exemple de sainte Gertrude. - Voici là prière inspirée de sainte Gertrude, qui nous aidera à formuler des aspirations d'amour en­vers le Sacré-Cœur: «O vie de mon âme! que l'affection de mon cœur, se fondant à l'ardeur de l'amour, s'unisse à vous, et qu'elle s'éloigne de tout autre objet, parce que vous êtes la beauté par excellence, la douceur de toutes les saveurs, le parfum de toutes les odeurs, le charme de tous les sens, la tendre suavité des chastes embrassements. En vous se trouve une volupté pleine de délices; de vous provient l'excès de toute abondan­ce; vers vous nous attirent les charmes les plus doux, vous êtes l'abîme débordant de la divinité. O très digne Roi des rois, très illustre Prince, très doux Dominateur, très puissant Protecteur, vivifiante pierre pré­cieuse qui ennoblit l'homme, artisan le plus ingénieux, instructeur le plus doux, conseiller le plus sage, auxiliaire le plus dévoué, ami le plus fidèle, union la plus délicieuse des douceurs intimes! C'est vous qui ca­ressez avec le plus de tendresse, qui désirez avec le plus d'ardeur, qui ai­mez avec le plus de ferveur. Vous êtes l'époux le plus aimable, le plus ja­loux et le plus chaste, la fleur de printemps la plus éclatante, le plus ai­mable frère, le jeune homme le plus florissant de grâce et de force, le compagnon le plus agréable, l'hôte le plus généreux, l'intendant le plus soigneux et le plus empressé! Oui, je vous préfère à toute créature; pour vous, je renonce à tout plaisir; pour vous, j'affronte toute adversité et je ne cherche en tout que votre louange…».

Peut-on concevoir des témoignages d'amitié plus tendres et plus forts? Et c'est Notre-Seigneur lui-même qui les a inspirés et dictés à son épou­se!

Hésiterons-nous encore à nous montrer tendres et affectueux, comme saint Jean, comme Marguerite-Marie, comme saint Gertrude? (Traduc­tion de Granger: Archives du Sacré-Cœur).

IIIe POINT: Conseils de saint François de Sales. - En cet exercice de la retraite spirituelle et des oraisons jaculatoires, dit saint François de Sa­les, gît la grande œuvre de la dévotion; il peut suppléer au défaut de tou­tes les autres oraisons; mais s'il vient à manquer, il ne peut être rempla­cé par rien. Sans lui, on ne peut pas bien faire la vie contemplative, et on ne saurait que mal faire la vie active; sans lui, le repos n'est qu'oisiveté et le travail qu'empressement inutile. C'est pourquoi je vous conjure de l'embrasser de tout votre cœur, sans jamais vous en départir. - Aspirez donc bien souvent à Dieu, Philotee, par de courts et ardents élancements de votre cœur; admirez sa beauté, imaginez son aide, jetez-vous en esprit au pied de la croix, adorez sa bonté, parlez-lui souvent de votre sa­lut, donnez-lui mille fois le jour votre âme, tendez-lui la mains comme un petit enfant à son père, pour qu'il vous conduise… Servez-vous des élancements semés dans les psaumes de David, des invocations diverses du nom de Jésus, des traits d'amour du Cantique des cantiques. On peut s'aider aussi de la nature. Tel voyant les arbres fleuris soupirait: «Pourquoi suis-je seul au jardin de l'Eglise à ne point porter de fleurs?».

Un autre, voyant de petits poussins ramassés sous leur mère: «O Sei­gneur, dit-il, conservez-moi sous l'ombre de vos ailes».

Sainte Françoise romaine, en voyant un ruisseau disait: «La grâce de mon Dieu coule ainsi doucement et suavement» (Vie dévote, 2,13).

Résolutions. - Aidez-moi, Seigneur, à pratiquer constamment cette vie de retraite spirituelle et d'oraisons jaculatoires. Ma vie est toute vai­ne si je ne le fais pas, elle sera toute remplie de grâces si je le fais. Je re­prends aujourd'hui cette sainte habitude.

Colloque avec Notre-Seigneur.

13 Novembre

Saint Stanislas

Placens Deo factus est dilectus, et vi­vens inter peccatores translatus est. Rap­tus est ne malitia mutaret intellectu, ejus aut ne fictio deciperet animam illius… Consummatus in brevi explevit tempora multa (Sap., 4,10).

Il plut à Dieu et en fut aimé, et Dieu l'enleva du monde où il vivait. Dieu le prit de peur que la malice du monde ne changeât ses pensées ou que l'illusion ne trompât son âme… Consommé en peu de temps il a accompli une longue carrière (Sap., 4,10).

1er Prélude. Saint Stanislas est bien un des saints en qui les oracles de la sagesse se sont le mieux réalisés; consommé en peu de temps, il a accompli une longue carrière.

2e Prélude. Cher saint, priez pour moi et pour tous les jeunes gens auxquels je m'in­téresse.

Ier POINT: Sa piété. - Sa mère lui inspira de bonne heure de tendres sentiments de piété. Il y a souvent une sainte mère auprès du berceau des saints.

Le premier usage qu'il fit de sa raison fut de se consacrer à Dieu avec une ferveur au-dessus de son âge.

Il manifesta de bonne heure sa dévotion à l'Eucharistie, on le trouvait souvent jeune encore au pied des autels.

Etant malade à Vienne chez un protestant qui éloignait le prêtre, il désirait tellement la sainte communion qu'un ange vint la lui apporter. Il aimait tant la chasteté que s'il entendait des paroles qui blessassent la pudeur, il en était affecté jusqu'à s'évanouir.

Pour satisfaire sa piété, il résolut d'entrer dans la compagnie de Jésus. Dans son voyage vers Rome, comme il désirait ardemment de s'unir à son Sauveur, il fut nourri une seconde fois du pain des anges par les esprits célestes. Pendant son noviciat, il montra une piété si vive que tous ses compagnons étaient embrasés par son exemple d'amour pour Dieu et de zèle pour leur état.

Il mourut plutôt d'amour pour Notre-Seigneur que de maladie, em­porté en quatre jours, quand il paraissait bien portant.

IIe POINT: Réparation et immolation. - Cette courte vie fut traversée par des épreuves. On confia son éducation à un précepteur mondain qui le logea à Vienne chez un luthérien. «L'enfant eut beaucoup à souffrir dans ce milieu. Son frère aussi le trouvait trop pieux, il se plaisait à l'em­pêcher d'aller à l'église et de communier et il le poursuivit pour le rame­ner quand le jeune saint prit le chemin de Rome».

Il n'avait que dix-sept ans quand il renonça à tout pour se consacrer à Dieu. Il entreprit seul et à pied le très long voyage de Vienne à Rome à travers mille difficultés.

Il avait déjà une belle gerbe de sacrifices à offrir à Notre-Seigneur. A Vienne, il avait souffert la persécution, la raillerie, la maladie.

Quel courage il lui fallut pour partir seul! Par quelles angoisses il pas­sa quand il sut que son frère le poursuivait! Et quel voyage immense et difficile il fit seul et sans ressources! Mais dans toutes ses épreuves il re­courait à Marie et aux saints anges et il était secouru.

A Rome, sera-t-il bien reçu, il ne sait pas, mais il trouve un acccueil pa­ternel auprès de Saint François de Borgia. Il est le modèle de tous au novi­ciat pour la modestie, les sacrifices quotidiens et la mortification. Sa vie et sa mort sont un holocauste pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.

IIIe POINT: L'enfant de Marie. - Il n'est guère de saint dont la dévo­tion à Marie soit plus caractérisée.

Son bonheur était de parler de la sainte Vierge, de la prier, le l'hono­rer. Lorsqu'on lui demandait s'il aimait Marie: «Si je l'aime? disait-il, elle est ma mère».

Il l'aimait si bien qu'il l'attirait à lui. Elle vint dans sa maladie le con­soler à Vienne, elle lui dit que l'heure de sa mort n'était pas encore ve­nue et elle lui fit connaître son appel à la compagnie de Jésus.

Il aimait Marie comme une mère, Marie l'aimait comme un enfant. On peut dire qu'il est mort d'amour pour Marie. La fête de l'Assomption ap­prochait, il ne pensait plus qu'à Marie, à son triomphe. Il enviait le sort des anges qui chantaient au ciel les gloires de Marie. La Sainte Vierge lui fit comprendre que son désir d'aller fêter Marie au ciel serait satisfait. «Mon Père, dit-il à son directeur, que la joie des saints doit être grande pour le jour de l'Assomption de Marie au ciel! J'espère que je verrai la première fê­te qu'ils en feront». On ne remarqua pas sa prédiction, mais peu de jours après, le 10 août, il devint malade et manifesta la joie qu'il en éprouvait. Le 14 août il annonça qu'il mourrait la nuit suivante. Il se prépara, et le matin du 15, après avoir dit qu'il voyait la Sainte Vierge escortée d'une troupe d'anges, il expira tranquillement. Son amour avait fait violence au cœur de Marie, elle était venue le chercher.

Résolutions. - Piété, amour ardent de l'Eucharistie, esprit de sacrifice, dévotion filiale à Marie, voilà les exemples que nous a laissés saint Stani­slas. Voilà les résolutions que je dois renouveler aujourd'hui. O Marie, moi aussi j'ai faim de vous voir.

Colloque avec la Sainte Vierge Marie.

14 Novembre

Dévotion gertrudienne:
la confession

Miserere mei, Deus, secundum ma­gnam misericordiam tuam et secundum multitudinem miserationum tuarum dele iniquitatem meam. Amplius lava me ab iniquitate mea et a peccato meo munda me (Ps. 50).

Mon Dieu, ayez pitié de moi selon vo­tre grande miséricorde, et selon votre infi­nie pitié effacez mes iniquités. Lavez-moi de plus en plus de mon iniquité et purifiez-moi de mes péchés (Ps. 50).

1er Prélude. David a péché, mais sa confiance en la bonté du cœur de Dieu est sans li­mites.

2e Prélude. Repentir, confiance, pardon, voilà, Seigneur, les grâces que je vous de­mande.

Ier POINT: Humilité et simplicité. - Notre-Seigneur permet que la con­fession pèse lourdement quelquefois même aux personnes pieuses. Cela arriva à Sainte Gertrude. Elle confia sa peine à Notre-Seigneur, tout en s'efforçant de se vaincre: «C'est bien juste, disait-elle à Notre-Seigneur, qu'après vous avoir offensé par mes fautes, je me donne de la peine pour les rechercher et les confesser». Cette appréhension de se confesser res­semble à celle qu'on a pour prendre un bain froid. C'est ainsi que le con­sidérait Notre-Seigneur, car il dit à sainte Gertrude: «Je vais de mon souffle divin réchauffer pour toi le bain de la confession». Le souffle di­vin réchauffait le bain en inspirant à la sainte l'humilité, la simplicité, la confiance.

Saint François de Sales nous indique les disposition qui peuvent rele­ver notre courage.

1° Ne pas nous étonner de nos fautes. Notre nature est si faible, nos mauvaises habitudes si invétérées! Il faut avoir patience avec nous­-mêmes et relever doucement notre cœur quand il tombera, en nous hu­miliant devant Dieu.

2° Ne pas nous troubler. Il se faut attrister, mais d'une tristesse cal­me, tranquille et réfléchie. Nous devons savoir qu'il faut toujours re­commencer l'œuvre difficile de notre perfection.

3° Ne pas nous décourager. Soyons charitables pour notre pauvre âme et relevons-la doucement en l'invitant à se remettre à l'œuvre.

IIe POINT: Profits et avantages de la confession. - Notre âme éprouve après la confession une grande douceur. Nos fautes, tant qu'elles sont dans nos âmes sont des épines, dit saint François de Sales. Elles en sor­tent par la confession et sont remplacées par des roses odorantes. - La contrition et la confession effacent la laideur et dissipent la puanteur du péché, elles changent le fumier en roses et en lis. - Simon le lépreux di­sait que Madeleine était pécheresse, mais Notre-Seigneur ne voyait plus en elle que la douceur de ses parfums et la grandeur de sa charité. - Si nous sommes bien humbles, notre péché nous déplaira infiniment, parce que Dieu en est offensé; mais l'accusation de notre péché nous sera dou­ce et agréable, parce que Dieu en est honoré. - Ce nous est une sorte d'allégement de bien dire au médecin le mal qui nous tourmente.

Quand vous serez arrivé devant votre père spirituel, imaginez-vous d'être à la montagne du calvaire, sous les pieds de Jésus crucifié, duquel le sang précieux distille de toutes parts, surtout de son Cœur, pour vous laver de vos iniquités, car bien que ce ne soit pas le propre sang du Sau­veur, c'est néanmoins le mérite de son sang répandu qui arrose abon­damment les pénitents au confessionnal (Vie dev. 1,19).

«Tout sert au bien de ceux qui aiment Dieu». Nous devons tirer profit de la connaissance de notre faiblesse.

Jamais David n'eût été si comblé d'humilité, s'il n'eût péché, ni Ma­deleine si amoureuse de son Sauveur, s'il ne lui eût remis tant de péchés. Rien ne peut tant nous humilier devant la miséricorde de Dieu que la multitude de ses bienfaits, et rien ne peut tant nous humilier devant sa justice que la multitude de nos méfaits.

Conscients de notre faiblesse, ne nous décourageons pas, mais jetons­nous dans les bras de la miséricorde divine, et tenons-nous bien unis à Dieu par la continuation de nos exercices, pour puiser en lui notre force.

IIIe POINT: L'amour purifie l'âme de ses taches. - «Enseignez-moi, très bon Maître, disait sainte Gertrude, comment je pourrai effacer les ta­ches que j'aurai contractées. - Notre-Seigneur répondit: «Ne les laisse pas vieillir en toi, mais dès que tu aperçois une souillure, dis avec un cœur fervent ce verset: Miserere met Deus: Ayez pitié de moi, mon Dieu! ou cette oraison: O Christ Jésus, mon unique salut, donnez-moi d'effa­cer tous mes péchés par votre mort salutaire».

«Pourquoi te plains-tu de ces négligences, lui dit encore un jour Notre-Seigneur, tu es couverte du manteau glorieux de la charité qui couvre la multitude des péchés». - Mais elle reprit: «Comment puis-je me consoler de voir la charité couvrir mes fautes, si j'en suis encore toute souillée?» - «La charité, répondit Notre-Seigneur, ne couvre pas seule­ment les fautes, mais comme un brûlant rayon de soleil, elle les consu­me; elle anéantit toutes le fautes vénielles et comble l'âme de mérites». Quelle ressource précieuse pour nous! Nous pouvons purifier notre âme chaque jour et cent fois le jour, sans attendre la confession, en faisant des actes de charité parfaite; et ces actes sont incessants dans une âme vouée au Sacré-Cœur, qui à chaque instant exprime à Notre-Seigneur son amour tendre et désintéressé par quelque oraison jaculatoire.

Résolutions. - Seigneur, j'irai avec confiance trouver votre représen­tant pour lui dire mes fautes avec humilité et en recevoir le pardon; mais je veux aussi, par l'habitude de la retraite spirituelle et des oraisons jacu­latoires, vous dire souvent mon amour et purifier mon cœur, pour qu'il puisse mieux vous aimer et vous contenter.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

15 Novembre

Sainte Gertrude
1256-1302

Et alius angelus venit, et stetit ante al­tare, habens thuribulum aureum, et data sunt illi incensa multa, ut daret de oratio­nibus sanctorum omnium super altare au­reum, quod est ante thronum Dei. Et ascendit fumus incensorum de orationi­bus sanctorum de manu angeli coram Deo (Apoc. 8,3).

Un autre ange vint et se tint devant l'autel, ayant un encensoir d'or, et on lui donna beaucoup d'encens pour qu'il offrît les prières des saints sur l'autel d'or qui est devant le trône de Dieu. Et la fumée de l'encens s'éleva des prières des saints par la main de l'ange devant Dieu (Apoc., 8,3).

1er Prélude. L'encensoir d'or, c'est le Cœur de Jésus, sur lequel sainte Gertrude nous a appris à déposer nos prières et nos œuvres.

2e Prélude. Grande sainte, enseignez-moi à louer le Cœur de Jésus, à l'imiter, à y puiser des grâces de sanctification et d'apostolat.

Ier POINT: Sa mission doctrinale. - Sainte Gertrude a été le héraut di­vin pour la dévotion privée au Sacré-Cœur comme Marguerite-Marie pour la dévotion publique. Sainte Gertrude a accentué davantage la dé­votion de louange, d'amour et d'union; Marguerite-Marie, la dévotion de compassion et de réparation.

Sainte Gertrude a écrit toutes les lumières qu'elle a reçues dans son li­vre des Insinuations de la bonté divine. Ce livre contient, à chaque page, d'ineffables traits d'amour du Cœur de Jésus ou de touchantes effusions de la sainte pour le Cœur de son bien-aimé. Notre-Seigneur a bien vou­lu lui dire que ses écrits seraient un témoignage de la tendresse du divin Cœur et qu'ils édifieraient bien des âmes.

L'Eglise donne crédit aux révélations de la sainte dans les leçons de son office et dans l'oraison de la messe.

Les grands maîtres de la vie spirituelle s'en nourrissaient. Saint François de Sales honorait cette sainte comme sa mère spirituelle. Louis de Blois parcourait tous les ans ses écrits. Lansperge a consacré ses veil­les à traduire ses œuvres. Corneille de La Pierre la qualifie de très par­faite maîtresse de l'esprit. M. Olier se nourrissait de ses ouvrages qu'il recommandait instamment.

Vivons de la dévotion gertrudienne et nous ravirons le Cœur de Jésus.

IIe POINT: Sa sanctification par le Sacré-Cœur. - C'est devant son cruci­fix que sainte Gertrude reçut la première faveur du Sacré-Cœur. «Je vis sortir tout à coup, de la plaie. du côté de Jésus, dit-elle, comme un rayon de soleil aussi perçant qu'une flèche, qui, par un mouvement rapide, s'avançait vers moi et se retirait. Il continua ainsi quelque temps, atti­rant à lui doucement toute mon affection». - «Enfin, à l'improviste, dit-elle à Notre-Seigneur, votre flèche blessa mon cœur, tandis que vous di­siez: Je veux qu'il vienne à moi le flot de toutes tes affections. C'est ici qu'elles doivent se réunir».

A partir de ce moment, le Sacré-Cœur se fait le maître habituel de la sainte et il se manifeste à elle le plus souvent dans l'Eucharistie.

Le Sauveur présente à la sainte son divin Cœur comme gage de pardon. «O Père bien-aimé, dit-il, je vous offre mon Cœur, et en retour pardon­nez à Gertrude toutes ses volontés, tous ses désirs défectueux». Un jour qu'elle s'humiliait de ses défauts, Notre-Seigneur les effaçait à mesure par les grâces qui découlaient de son Cœur.

Le Cœur de Jésus, lui est présenté comme source des grâces divines. «Je t'offre mon Cœur, lui dit-il, comme un séjour où tu puisses trouver vie, science, vertu et tout ce que ton âme peut désirer».

Il lui donne son Cœur comme son temple. «Regarde mon cœur, je veux qu'il soit ton temple». Il l'invite à y déposer ses prières et ses œuvres. Mais le divin Cœur est aussi l'autel et «l'encensoir d'or où les an­ges viennent offrir les bonnes œuvres et les prières des hommes et où le prêtre éternel s'immole lui-même».

Le Cœur du Sauveur est aussi son suppléant. «Vois mon Cœur, je te le donne pour suppléer à ton impuissance… Sers-toi de mon Cœur, il connaît l'inconstance et la faiblesse humaine; il désire d'une ardeur in­croyable que tu l'invites à te remplacer».

Comme sainte Gertrude, nous pouvons nous sanctifier par le Sacré­-Cœur.

IIIe POINT: Son apostolat par le Sacré-Cœur. - L'apostolat des âmes cloîtrées est surtout celui de la prière et de la réparation. Sainte Gertrude l'exerçait par le moyen du Cœur de Jésus. Elle s'appliquait ainsi de tou­tes ses forces à réparer les crimes du monde et à sauver les âmes.

Comme Notre-Seigneur exauçait ses prières pour les pécheurs! «Tou­tes les fois que tu voudras prier pour quelques âmes, lui disait-il, présente-moi mon très doux Cœur avec cet amour qui m'a fait prendre ce Cœur d'homme pour le salut du monde. Je t'accorderai ce que tu me demanderas. Mon cœur sera comme le coffre-fort d'un homme riche, qu'on lui apporte pour qu'il en tire des présents pour ses amis».

C'est de toutes manières qu'elle avait crédit et qu'elle l'a encore au­près du Cœur de Jésus. «Je veux, lui a-t-il dit, exaucer toutes tes prières et accorder tout ce qui me sera recommandé par toi. Quand tu voudras prier, offre-moi mon Cœur que je t'ai donné, j'y puiserai les grâces que tu désireras obtenir… Je verserai de la source jaillissante de mon Cœur des torrents de divine consolation sur tous ceux qui auront recours à toi avec confiance et humilité… Le cœur de Gertrude est comme un pont très sûr pour arriver à moi sans chute et sans vertige… O Père saint, je veux que le cœur de Gertrude épanche sur les hommes les trésors infinis de mon Cœur humain».

Résolutions. - Divin Cœur de Jésus, je désire ardemment vous aimer, vous louer, vous servir, je vous demande cette grâce par sainte Gertru­de, votre épouse bien-aimée, vous ne pouvez pas me la refuser. Je m'ap­pliquerai à vivre auprès de vous dans l'humilité et dans une tendre affec­tion.

Colloque avec sainte Gertrude.

16 Novembre

Dévotion gertrudienne:
la sainte communion

Dicetis patrifamilias domus: Dicit tibi Magister: Ubi est diversorium, ubi pa­scha cum discipulis meis manducem? Et ipse ostendet vobis caenaculum magnum stratum et ibi parate. Euntes autem inve­nerunt sicut dixit illis et paraverunt pa­scha (S. Luc., 22,11).

Vous direz au chef de maison: Le Maître vous fait demander où est la salle où il mangera la pâque avec ses disciples. Et il vous montrera une salle grande et ornée de tentures. Faites là vos apprêts. Ils allè­rent et trouvèrent ce qu'on leur avait dit et ils préparèrent la pâque (S. Luc., 22,11).

1er Prélude. Il faut nous préparer à la sainte communion et la recevoir avec ferveur et avec amour.

2e Prélude. Seigneur, faites-moi connaître comment je répondrai aux désirs de votre Cœur dans mes communions.

Ier POINT: La préparation. - L'âme doit se préparer à ce banquet sa­cré, mais sans trouble ni scrupule. Elle doit prier Notre-Seigneur, de suppléer à sa préparation. Un jour sainte Gertrude se trouvait imparfai­tement préparée, mais elle se dit: «A quoi bon attendre? Quand je m'y appliquerais pendant mille ans, je ne serais pas encore préparée comme il faut. J'irai donc avec humilité et confiance et j'espère que Notre-­Seigneur voudra bien me préparer lui-même». En effet Notre-Seigneur lui apparut, et il la revêtit de sa propre innocence comme d'une tunique blanche et de son humilité comme d'une violette. Il lui communiqua son désir et son espérance de se donner aux âmes, comme une parure verte, son amour comme un manteau d'or, et la joie qu'il éprouvait, comme une couronne de pierreries. Ainsi parée Gertrude put dignement se pré­senter devant Notre-Seigneur.

Un jour, Gertrude priait pour une personne trop sévère vis-à-vis des âmes avides de communier. Notre-Seigneur lui dit: «Mes délices sont d'être avec les enfants des hommes. Ceux qui éloignent les âmes de moi, ressemblent à un précepteur trop sévère, qui empêcherait le fils du roi de jouer comme il le désire avec les enfants de son âge, sous prétexte qu'ils ne sont pas assez nobles ou riches».

IIe POINT: La communion fréquente et confiante. - Un jour, un prédica­teur s'étant longuement étendu sur la justice divine, sainte Gertrude n'osait plus s'approcher des sacrements. Mais Notre-Seigneur l'encouragea en lui disant: «Vois la parcelle de pain sous laquelle je t'offre toute mon humanité et ma divinité, mon corps se cache sous cette faible appa­rence pour exprimer toute la condescendance de ma bonté et pour en­courager les âmes à la confiance et à la familiarité».

Une fois qu'elle s'était abstenue, sur le conseil de son abbesse, Notre­Seigneur la consola. Il la reçut avec affection sur son sein paternel et la traita comme fait une mère quand elle caresse son enfant. Il la fit encore reposer avec une amoureuse tendresse sur la plaie de son très saint côté, en disant: «Puisque tu t'abstiens aujourd'hui par discrétion de me rece­voir corporellement, dans le sacrement de l'autel, bois spirituellement dans mon cœur, au courant efficace de ma très suave divinité». C'était une communion spirituelle. Gertrude se désaltéra à ce torrent de la divi­ne volonté: «O Seigneur! dit-elle, si celui qui s'abstient de la sainte com­munion reçoit tant de biens, il sera donc mieux de l'omettre que de la re­cevoir?» - «Nullement, répondit Jésus; car celui qui par amour pour moi reçoit les sacrements, celui-là possède réellement mon corps déifié et le nectar embaumé de ma divinité. Il est revêtu de la parure splendide de mes vertus divines».

Le Sacré-Cœur brûle du désir de se donner à nous et de nous revêtir de ses grâces. Rendons-nous de plus en plus dignes de le recevoir et il en éprouvera une grande joie.

IIIe POINT: Les effets de la sainte communion. - Dans la sainte commu­nion, Notre-Seigneur veut nous faire vivre de sa propre vie. Un jour, il apparut à sainte Gertrude, pendant son action de grâces, sous la forme d'un pélican qui s'ouvre le cœur pour nourrir ses petits. Il lui dit: «Ton âme, en recevant ce don, est vivifiée pour la vie éternelle, de même que les petits du pélican reprennent la vie dans son sang».

Une autre fois, au moment de communier, elle se considérait comme une petite plante qui dépérissait d'heure en heure par suite de ses fautes et de ses négligences. Mais Jésus l'attira à lui, il la purifia dans l'eau et l'arrosa du sang vivifiant sorti de son cœur. Le petit arbuste reprit sa vi­gueur et se changea en un arbre verdoyant. Après la communion, il lui sembla que la sève sortie du Cœur de Jésus vivifiait tout l'arbre et déve­loppait ses fruits. Cette sève était la vertu divine de l'humanité et de la divinité de Notre-Seigneur.

L'âme elle-même est transformée par la sainte communion jusque. dans les profondeurs intimes de sa substance. Gertrude ayant un jour reçu le corps de Jésus-Christ, vit son âme transparente d'une splendeur de neige comme un clair cristal. Et dans cette âme limpide, la divinité produisait des opérations admirables et si douces, que la sainte Trinité et les saints du ciel se complaisaient à les voir et y trouvaient leurs déli­ces.

Oh! que les fruits de la sainte communion sont grands dans une âme simple et docile!

Résolutions. - Merci encore, pour ce grand don de l'Eucharistie. Di­vin Pélican, laissez-moi boire à votre Cœur et y puiser la vie. Je veux vi­vre de l'Eucharistie, étant chaque jour occupé de me préparer à sa ve­nue, de la recevoir, de la visiter, de l'adorer.

Colloque avec Jésus-Hostie.

17 Novembre

Dévotion gertrudienne:
la vie d'amour

Quemadmodum desiderat cervus ad fontes aquarum: ita desiderat anima mea ad te Deus. Sitivit anima mea ad Deum fortem vivum: quando veniam et appare­bo ante faciem Dei? Fuerunt mihi lacry­mae meae panis die ac nocte, dum dicunt mihi: Ubi est Deus tuus? (Ps., 41,1).

Comme le cerf aspire à l'eau des fontai­nes, de même, ô mon Dieu, mon âme vous désire avec ardeur. Mon âme a soif du Dieu fort, du Dieu vivant: quand paraîtrai-je devant la face de Dieu? Mes larmes sont mon pain, jour et nuit, quand j'entends dire chaque jour par les hom­mes: Où est ton Dieu? (Ps. 41,1).

1er Prélude. Sainte Gertrude aspirait après l'union avec son céleste époux, comme le cerf aspire après l'eau des fontaines.

2e Prélude. Sainte amante du Sauveur, obtenez-moi la grâce d'aimer le Sacré-Cœur à votre exemple.

Ier POINT: Sainte Gertrude met toutes ses délices dans l'amour du Cœur de Jésus. - Gertrude et Marguerite-Marie sont nos deux modèles pour l'amour du Sacré-Cœur. Gertrude a goûté davantage les joies enivran­tes de l'épouse bien-aimée, Marguerite-Marie a ressenti surtout les joies douloureuses de la victime innocente (Granger. Archives du Sacré-Cœur).

L'amour du Sacré-Cœur absorbait sainte Gertrude. Notre-Seigneur a dit d'elle à sainte Mechtilde: «Elle marche toujours en ma présence et ne cherche qu'à connaître le bon plaisir de mon Cœur».

Toutes les œuvres, toutes les paroles, toute la vie de sainte Gertrude sont consacrées au Cœur de Jésus, c'est là qu'elle trouve tout son bon­heur. - Si elle chante les louanges de Dieu, le Sacré-Cœur devient comme un orgue qui accompagne sa voix; à la sainte messe, elle l'aperçoit comme l'autel où l'amour divin reçoit et consume nos obla­tions; dans la communion, c'est du Sacré-Cœur que viennent les flam­mes d'amour qui consument les âmes; quand la douleur vient la visiter, elle appuie doucement sa tête sur le Sacré-Cœur et trouve dans ses pro­pres souffrances une consolation à offrir à ce Cœur compatissant. «O amour, dit-elle, dont les divins baisers sont si doux, vous êtes cette fon­taine que cherche ma soif ardente… Dans son ardeur, mon âme fondue en vous ne vit plus que pour vous».

IIe POINT: Les témoignages d'amour envers le Sacré-Cœur. - Le cœur hu­main est comme le foyer d'une fournaise. Il faut à ses flammes un ali­ment perpétuel qui les entretienne, un souffle impétueux qui les active sans cesse. Gertrude connaissait cette loi de l'amour, et pour entretenir l'ardeur de son cœur, elle se livrait à un exercice continuel d'amour, qui comprenait: les témoignages de tendresse, la méditation des paroles et des douleurs de son Bien-Aimé et le sacrifice du Cœur (Granger. Archi­ves du Sacré-Cœur).

Notre-Seigneur désire les témoignages de notre amour. N'a-t-il pas admis son disciple bien-aimé à se reposer sur sa poitrine? N'a-t-il pas provoqué les larmes de saint Pierre et les protestations de son amour hu­milié mais sincère?

Entre sainte Gertrude et le Sacré-Cœur, c'était un échange constant de témoignages d'amitié. «M'attacher à vous seul, ô mon Bien-Aimé, c'est mon bonheur», dit un jour sainte Gertrude. Notre-Seigneur lui ré­pond: «Et à moi, il me sera toujours très doux de m'attacher à toi, ma bien-aimée». - Quand Gertrude s'écrie dans ses affectueux désirs: «Toute vile créature que je suis, je vous salue, ô Seigneur très aimant»; elle entend cette réponse: «Et moi, je te rends ton salut, ma bien-aimée».

Elle comprit que toutes les fois qu'on dit à Dieu avec ferveur des mots comme ceux-ci: «Mon Bien-Aimé, mon très doux Maître…» on en reçoit une réponse analogue.

Elle vit aussi les sentiments ineffables excités dans le Cœur divin quand on lui rappelle par les invocations des litanies, ou d'autres sem­blables, sa bonté, sa douceur et toutes ses aimables qualités.

IIIe POINT: Puiser aux sources du Sauveur et lui faire le sacrifice de notre cœur. - Un grand encouragement à l'amour du Sacré-Cœur, c'est de méditer la Passion du Bien-Aimé et de considérer ses plaies. Un jour Notre-Seigneur lui même présenta à sainte Gertrude la plaie de son côté à baiser. Elle le fit à plusieurs reprises, avec un grand amour. Notre-­Seigneur lui suggéra alors les invocations suivantes en l'honneur des cinq plaies:

«Jésus, Sauveur du monde, exaucez-nous, vous à qui rien n'est im­possible, si ce n'est de n'avoir pas de miséricorde pour les misérables. - Vous qui, par votre croix, avez racheté le monde, Christ, écoutez-nous. - Je vous salue, Jésus, doux époux, dans la joie de votre divinité; je vous embrasse avec l'affection de toutes les créatures de l'univers; je vous embrasse dans la plaie de l'amour. - Le Seigneur est ma force et ma gloire, il est devenu mon salut. - Vous puiserez avec joie aux fon­taines du Sauveur».

Ces affections et d'autres semblables ravissent le Cœur de Jésus. Mais ce qui n'est pas moins urgent pour entretenir le feu sacré de l'amour divin, c'est de bien sacrifier notre cœur en écartant toute affec­tion étrangère, qui ne serait pas conforme à notre devoir et à la volonté de Jésus. La grande sollicitude d'une âme éprise du Sacré-Cœur, c'est de n'aimer que lui seul et tous les autres pour lui.

Sainte Gertrude et Marguerite-Marie ont toujours manifesté cette pleine possession de leur cœur par l'amour du Bien-Aimé.

Résolutions. - «Seigneur, ouvrez-moi, comme un asile de salut, votre Cœur si aimé. Quant au mien, je ne l'ai plus; c'est vous, ô mon cher trésor, qui déjà l'avez pris et vous êtes vous-même son guide; c'est de vous qu'il vit uniquement et vous l'avez transformé en vous. Dans son ardeur, mon âme fondue en vous ne vit plus que pour vous».

Colloque avec le Sacré-Cœur.

18 Novembre

Dévotion gertrudienne:
la vie de réparation

Fecerunt autem ei coenam ibi: et Mar­tha ministrabat, Lazarus autem unus erat ex discumbentibus cum ea. Maria ergo accepit libram unguenti nardi pistici, pre­tiosi, et unxit pedes Jesu, et extersit pedes ejus capillis suis: et domus impleta est ex odore unguenti (S. Joan., 12,2).

On lui offrit là un repas: Marthe servait et Lazare était un des convives. Marie prit donc une livre de parfum d'un nard précieux, et elle oignit les pieds de Jésus et elle essuya ses pieds avec ses cheveux: et la maison était toute remplie de l'odeur du parfum (S. Jean, 12,2).

1er Prélude. Madeleine est le modèle des âmes réparatrices quand elle verse ses par­fums sur les pieds de Jésus.

2e Prélude. Seigneur, je m'unis à Madeleine dans mon repentir et je voudrais vous offrir un riche parfum de réparation.

Ier POINT: Sainte Gertrude, modèle de réparation. - La réparation au Sacré-Cœur domine davantage dans la vie de Marguerite-Marie, mais elle règne aussi dans celle de sainte Gertrude.

Comme Marguerite-Marie, sainte Gertrude s'applique particulière­ment à la réparation dans le temps de carnaval, où les hommes se livrent à l'ivresse et à la débauche. Elle offre aussi des réparations spéciales pour les outrages faits au Saint-Sacrement et pour les fautes des âmes consa­crées. Saint Gertrude se fait aussi le héraut de la réparation dans sa com­munauté. Les deux chères saintes sont vraiment des âmes sœurs et vi­vant du même esprit.

Aux divers jours du carnaval, elle voit Notre-Seigneur souffrant et lui offre réparation. Il lui apparaît dans le mystère de l'Ecce homo comme a Marguerite-Marie (4,15).

Notre-Seigneur la loue de se faire le héraut de la réparation. «Ce que tu feras faire par les autres, lui dit-il, je t'en récompenserai comme si tu l'avais fait toi-même». Il vient à elle, comme plus tarde il devait venir à Marguerite-Marie en demandant réparation et consolation. «Sois ma protectrice, toi, ma bien-aimée, lui dit-il, propose-toi de me défendre se­lon ton pouvoir contre les insultes dont je suis accablé, particulièrement en ce temps. Me voici maintenant repoussé par les autres et je désire me reposer, J'accours me réfugier près de toi». Et la sainte s'efforçait de le cacher dans son cœur. Quel touchant sujet de contemplation! (4,15).

IIe POINT: Notre-Seigneur est affligé par les excès des laïques, des prêtres et des religieux. - Notre-Seigneur apparut à la sainte dans l'état où il était lorsqu'on le flagella. Deux bourreaux le frappaient au visage, l'un avec des épines et l'autre avec un fouet noueux. Sa face en était toute déchirée et ses yeux blessés. Gertrude pleurait et elle comprit que le premier bourreau représentait les laïques qui pèchent publiquement, et l'autre les religieux qui manquent à leurs règles. Notre-Seigneur lui dit: «N'as­tu point lu qu'il était écrit de moi: nous l'avons vu comme un lépreux?» (Isaïe, 83). - «Ah! Seigneur, s'écria-t-elle, comment pourrait-on cal­mer la douleur de votre face si délicate?».

Une autre fois que le communauté faisait un acte de réparation envers l'Eucharistie, la sainte disait à Notre-Seigneur: «Il arrive souvent que des outrages sont commis envers vous, non seulement par vos ennemis, comme les juifs et les païens, mais encore, hélas! par vos amis, c'est-à-dire les fidèles rachetés par votre sang précieux, et ce que je dis en pleu­rant, quelquefois même par les prêtres et les religieux…».

IIIe POINT: Moyens de réparation enseignés par Notre-Seigneur. - Le pre­mier moyen, c'est de bien faire en esprit surnaturel et en union avec Notre-Seigneur, les actes communs, comme le manger, le boire et le dormir, auxquels les gens du monde se livrent avec passion. «Celui qui fait cela, dit Notre-Seigneur, me protège comme un bouclier contre les attaques des mondains».

- Saint Jean est le secrétaire du Sacré-Cœur pour inscrire nos œuvres sur le grand livre du ciel. Il inscrit en noir les œuvres faites avec des vues intéressées, et en or les œuvres de pur amour; pour celles-ci, il trempe sa plume dans le Cœur de Jésus. Ce sont des œuvres vraiment réparatrices. «Un autre moyen, dit Notre-Seigneur, est de supporter pa­tiemment, en mémoire de la Passion, toutes les peines intérieures et ex­térieures qui peuvent nous affliger et de nous résigner à faire ce qui nous répugne davantage». - Un grand moyen de réparation, c'est d'offrir les mérites de Notre-Seigneur: Le matin, pendant les messes, offrons son immolation eucharistique; dans le jour, les mérites de sa sainte vie, et le soir les souffrances de sa Passion. - Offrons les cinq plaies du Sauveur pour expier les fautes commises par les hommes dans leurs sens; les in­tentions de son Cœur divin pour expier tous les péchés de pensées, de désirs, de volontés, d'affections; tous les actes si purs de sa bouche, priè­res, prédications, tempérance, pour réparer les actes de gourmandises et péchés de paroles (4,15).

Enfin, pour consoler Notre-Seigneur, offrons-lui nos caresses spiri­tuelles et nos douces louanges. Apaisé par notre amour, il pardonne à d'innombrables pécheurs. «Un cœur contrit, dit Notre-Seigneur, un cœur qui éprouve une compassion amoureuse pour moi, met sur ma fa­ce blessée un baume qui efface toutes mes douleurs». - Embrassons ses plaies bénies, surtout celle de son Cœur en lui offrant et à son Père tout ce qu'il a fait lui-même pour la réparation.

Résolutions. - J'éprouve vraiment, Seigneur, cette compassion amou­reuse. Je souffre de tous les outrages qui vous sent prodigués. J'accepte les peines que votre Providence m'enverra. J'offre aujourd'hui et j'offri­rai fréquemment toutes vos expiations et tous les mérites de votre Pas­sion.

Colloque avec l'Ecce homo.

19 Novembre

Sainte Mechtilde
1241-1298

Surge, amica mea, speciosa mea, et ve­ni: columba mea in foraminibus petrae, in caverna maceriae, ostende mihi faciem tuam, sonet vox tua in auribus meis: vox enim tua dulcis, et facies tua decora (Cant., 2,13).

Levez-vous, ma bien-aimée, et venez; ma colombe fidèle, retirez-vous dans le creux de la pierre, dans les enfoncements de la muraille. Montrez-moi votre visage: que votre voix se fasse entendre à mes oreilles, car votre voix est douce et votre visage agréable (Cant. des cant., 2,13).

1er Prélude. Sainte Mechtilde mérita excellement le beau titre d'amie du Sacré­Cœur, comme sainte Gertrude, dont elle fut la compagne et l'émule dans cette dévo­tion.

2e Prélude. Grande sainte, conduisez-moi avec vous dans le creux de la pierre, dans le Cœur adorable de Jésus.

Ier POINT: L'amie du Sacré-Cœur. - Le livre des Révélations de sainte Mechtilde a un grand crédit dans l'Eglise. Elle y raconte toutes les fa­veurs du Sacré-Cœur à son égard. Ce n'est pas la Passion qui y tient la première place comme dans les révélations de Marguerite-Marie, c'est le mystère de l'Incarnation. Il s'y manifeste maintes fois, et c'est le Cœur de Jésus qui y apparaît comme le symbole de l'amour et de ses ef­fusions divines.

La dévotion au Sacré-Cœur, d'après sainte Mechtilde, n'est pas un acte accidentel, elle doit absorber toute la vie, toute la religion. L'âme fi­dèle doit être toute concentrée dans le Sacré-Cœur. Elle doit lui offrir toutes ses actions et s'inspirer de toutes ses intentions. C'est par lui qu'elle loue la divine Majesté. Elle n'a plus de vie propre. C'est le Sacré-­Cœur qui vint en elle.

Notre-Seigneur en a vraiment fait l'amie de son Cœur. Un jour, l'introït de la messe commençait par ces mots: «Venez les bien-aimés de mon Père». Elle dit à Notre-Seigneur: «Ah! si j'étais de ces âmes trop bé­nies!». Et Notre-Seigneur de répondre: «Sois-en bien assurée, tu es de leur nombre, et je vais te donner en gage mon divin Cœur, que tu gar­deras toujours avec toi, et que tu me remettras comme un témoignage au jour où j'accomplirai ton désir! Je te donne aussi mon Cœur divin com­me une maison de refuge, afin qu'à l'heure de la mort, il ne s'ouvre de­vant toi aucun autre chemin que dans mon Cœur où tu viendras te repo­ser éternellement».

IIe POINT: La miséricorde du Sacré-Cœur. - Notre-Seigneur lui mani­festa souvent la miséricorde de son Cœur. Un jour il lui dit: «Si tu veux obtenir le pardon de toutes tes négligences à mon service, aie une tendre dévotion pour mon Cœur». Et une autre fois: «C'est avec l'amour de mon Cœur que je te purifierai». Il ouvrit alors son Cœur et elle en vit sortir un fleuve d'eau vive. C'étaient les eaux du divin amour. Son âme y entra et elle fut aussitôt lavée de toutes ses taches.

Dans une autre circonstance elle implorait miséricorde pour une âme qui marchait à sa perdition. elle pleurait amèrement. Notre-Seigneur lui dit:

«Ma fille, apprends à cette âme que si elle souhaite la conversion et le pardon, elle doit venir les chercher dans mon Cœur». Elle vit alors la Charité, sous la forme d'une vierge céleste, tremper un diamant dans le Cœur de Jésus et réitérer cette action, afin de montrer qu'il n'y a pas de cœur si dur que le Cœur de Jésus n'amollisse. Le Sauveur lui dit encore plus tard: «Celui qui veut me prier avec fruit pour les pécheurs, n'a qu'à me prier par l'amour de mon Cœur».

Priant pour une personne malade de langueur spirituelle, elle vit cette âme admise dans le Cœur du Sauveur qui disait: «Qu'elle me le deman­de à la façon d'un enfant qui demande à son père toute ce qu'il désire. Veut-elle l'humilité, la pureté? Qu'elle les prenne de moi et qu'elle s'empare avec confiance de mon amour».

IIIe POINT: L'union avec le Sacré-Cœur. - Notre Seigneur a enseigné à sainte Mechtilde comme à Marguerite-Marie, l'union constante avec son divin Cœur.

Il lui recommandait de s'unir à lui en toutes choses, en toutes ses ac­tions. «Offre à Dieu le Père tes intentions, tes prières, tes désirs, en union avec les miens, lui disait-il. Tout cela montera devant Dieu et lui plaira, et cela ne sera qu'une seule chose, comme plusieurs parfums brû­lés ensemble ne font plus qu'une seule fumée qui s'élève droit au ciel, et comme le cuivre fondu avec l'or, qui n'est plus une vile matière».

Il s'offre à elle comme son suppléant. «Je te donne mon Cœur pour que, par son amour, tu aimes ton Dieu et toute créature pour Dieu… Avec mon Cœur, tu pourras toujours me louer… Ne t'afflige pas de ton insuffisance, tout ce qui est à moi est à toi». - «Alors, dit-elle, puisque je possède votre amour, je vous l'offre». - «C'est ainsi qu'il faut faire», répondit-il. Tu diras: «O mon Dieu, je vous loue, suppléez, je vous prie, tout ce qui manque à ma louange. Offrez pour moi à votre Père l'amour de votre Cœur».

Consolante doctrine que nous enseignent aussi sainte Gertrude et Marguerite-Marie.

En sa dernière maladie, ayant accepté de souffrir pour «expier tout ce que les créatures ont négligé en la louange divine», elle entendit ces dou­ces paroles: «De même que mes souffrances ont touché le Cœur de mon Père, ainsi tes souffrances, ont touché le Cœur de mon Père, ainsi tes souffrances et ta mort pénétreront au plus profond de mon Cœur et con­tribueront au salut du monde».

Au moment du trépas, elle vit le Cœur de son Bien-Aimé se présenter à elle et absorber le sien.

Résolutions. - Avec saint Mechtilde, je veux me donner tout entier au Cœur de Jésus et vivre en lui. Je mets mon pauvre cœur, plus dur que la pierre, dans la fournaise du Cœur de Jésus, pour qu'il s'amollisse. Je veux puiser au divin Cœur l'humilité, la pureté, la ferveur.

Colloque avec sainte Mechtilde.

20 Novembre

Dévotion gertrudienne:
dans la souffrance

Tunc ait illis: Tristis est anima mea usque ad mortem: sustinete hic et vigilate mecum. Et progressus pusillum, procidit in faciem suam, orans et dicens: Pater mi, si possibile est, transeat a me calix iste, verumtamen non sicut ego volo, sed sicut tu (S. Mat., 26,38).

Il leur dit alors: Mon âme est triste jus­qu'à la mort: restez là et veillez avec moi. Et s'avançant un peu, il se prosterna la fa­ce contre terre, priant et disant: Mon Pè­re, si c'est possible, que ce calice s'éloigne de moi, cependant que votre volonté se fasse et non la mienne (S. Mat., 26,38).

1er Prélude. A Gethsémani, Notre-Seigneur nous donne le plus merveilleux exemple de résignation et de sacrifice.

2e Prélude. Seigneur, mettez dans mon cœur la même disposition d'abandon à votre volonté divine.

Ier POINT: Pour les épreuves et contradictions qui nous viennent des créatures. - Notre-Seigneur permet ces épreuves, puis il les allège et nous console. Sainte Gertrude avait eu beaucoup à souffrir de ce chef, Notre-Seigneur la pressa sur son cœur et lui dit: «Une tendre mère cherche à adoucir les chagrins de son petit enfant: ainsi je veux, par de douces paroles d'amour, calmer toutes tes peines et tes contrariétés».

Après qu'elle eut goûté sur le Cœur du Sauveur la douceur des conso­lations divines, Notre-Seigneur lui présenta son Cœur ouvert où elle put voir ses actes de patience recueillis par Notre-Seigneur, embellis et cou­ronnés d'or. Elle fit remarquer à Notre-Seigneur que ses peines avaient été légères et adoucies par les consolations divines. «J'adoucis tes peines, lui dit le Sauveur, pour ne pas te laisser succomber sous le poids, cepen­dant je ne te laisse pas privée du mérite de la patience». - «Je trouve à propos, ajouta-t-il, de purifier mes justes par la tribulation, toutefois je ne le fais pas jusqu'à l'épuisement de leur forces, mais seulement pour les éprouver et les sauver».

La sainte comprit aussi que la joie de Notre-Seigneur est plus grande quand une âme va jusqu'à se réjouir de souffrir quelque chose pour l'amour du Sacré-Cœur.

IIe POINT: La résignation à la volonté divine. - Sainte Gertrude reçut aussi cette lumière que ceux qui se conforment avec une entière soumis­sion à la volonté de Dieu, désirant par-dessus toute chose que cette très louable volonté s'accomplisse parfaitement en eux, quant au corps et quant à l'âme, touchent singulièrement le cœur de Dieu.

De diverses expressions de résignation formulées dans les écrits de la sainte, le Père Denis a composé cette prière qui peut nous aider à diriger notre intention: «Très saint Père, bien que je ne sois qu'une pauvre et vile créature, daignez permettre que je renonce entre vos mains à ma propre volonté. Je m'offre, je me sacrifie à votre très sainte volonté et à votre bon plaisir. Préférablement à toutes les délices du monde, je sou­haite que votre très louable volonté s'accomplisse toujours parfaitement en moi, quant au corps et quant à l'âme, dans le temps et dans l'éternité. Et dans ce but, j'exposerais avec bonheur, à quelque peine que ce fût, tous les membres de mon corps. - Oui, mon Dieu, si vous me disiez de choisir ce que j'aimerais le mieux obtenir de vous, je ne désirerais pas autre chose que l'accomplissement de votre très sainte volonté et de vo­tre bon plaisir, en moi et en toute créature. Aussi m'unissant à cette di­vine résignation avec laquelle Jésus s'est entièrement abandonné sur le mont des Oliviers à votre sainte volonté, m'appropriant son affection et son intention, sa voix et son cœur, je vous dis, je vous redis mille fois: que votre volonté, ô Père très saint, et non pas la mienne s'accomplisse dans le temps et dans l'éternité».

Unissons-nous à ces dispositions de la sainte confidente du Sacré-­Cœur.

IIIe POINT: Quand l'adversité menace. - Nous avons aussi pour ces cir­constances difficiles une direction de Notre-Seigneur. - «Si quelqu'un, dit sainte Gertrude, offre absolument sa volonté au bon plaisir de Dieu quelles que soient les adversités qui le menacent, il fait une chose aussi agréable à Dieu que la compassion de celui qui, pendant la Passion, eût appliqué sur les plaies du Sauveur les plus adoucissants remèdes» (Liv. 2, c. 64).

Offrons-nous dans cette intention! (Je m'offre à vous, ô bon Jésus, je me remets entre vos mains, avec la disposition de bien recevoir cette ad­versité qui me menace; je la recevrai de bon cœur de votre main, et je la supporterai avec toute la patience dont je serai capable, m'unissant à cet amour avec lequel vous avez reçu chacune de vos adversités de la main de votre Père, pour les lui offrir ensuite à votre tour avec la plus vive re­connaissance: daignez m'accorder les forces et la patience nécessaires pour supporter avec courage cette peine dans l'intérêt de votre éternelle gloire et du salut de tout l'univers» (P. Denis).

Ne craignons pas que Notre-Seigneur nous demande trop. Il a plu­sieurs fois expliqué à sainte Gertrude comment il adoucit toujours les épreuves qui nous arrivent. Il lui proposa cette gracieuse comparaison: Une mère qui veut réchauffer son enfant l'approche du feu, mais elle le garantit avec sa main pour qu'il ne sente pas trop vivement la chaleur. Ainsi, ajoutait-il, quand je veux purifier les justes par le feu de quelque tribulation, j'interpose ma main pour adoucir l'épreuve (3,63).

Résolutions. - Je serai fidèle à me rappeler chaque jour la Passion de Notre-Seigneur, je baiserai souvent mon crucifix, j'honorerai les cinq plaies de Notre-Seigneur, surtout la plaie de son cœur, et dans l'exem­ple du Sauveur je trouverai le courage pour supporter les épreuves de la vie.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

21 Novembre

La presentation

Dilectus meus descendit in hortum suum ad areolam aromatum, ut pascatur in horto, et lilia colligat. Ego dilecto meo et dilectus meus mihi, qui pascitur inter lilia. Pulchra es amica mea, suavis et de­cora sicut Jérusalem (Cant., 6,1).

Mon bien-aimé est descendu dans son jardin au parterre des parfums, pour manger des fruits et cueillir des lis. Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi, lui qui se plaît parmi les lis. Tu es belle, mon amie, tu es douce et agréable comme Jérusalem (Gant., 6,1).

1er Prélude. Il me semble entendre le dialogue de la Sainte Trinité avec la jeune en­fant du temple, belle et douce comme le lis.

2e Prélude. Comme le bien-aimé, je suis séduit par la beauté et la grâce de la jeune colombe du temple.

Ier POINT: L'appel divin. - Marie n'avait que trois ans, mais elle avait déjà la raison développée et elle était avancée en grâce. Elle s'unis­sait à la récitation et au chant des beaux psaumes que ses parents Anne et Joachim disaient avec tant de ferveur. Et la grâce divine parlait en même temps à son cœur. Nous pouvons penser quelle impression faisait sur cette âme candide le psaume 83: «Que vos tabernacles sont aimables. Dieu des vertus! Mon âme soupire et défaille pour aller dans les parvis du Seigneur… Bienheureux ceux qui habitent dans votre maison, ô mon Dieu…». - Et pendant qu'elle récitait et goûtait ces aspirations, la grâce sollicitait son âme. Le Verbe divin lui disait comme au psaume 44: «Ecoute ma fille, vois, prête l'oreille à mon appel: oublie ton peuple et la maison de ton père…». Et il ajoutait tout bas: «Le roi est épris de ta beauté et il veut t'avoir dans sa maison et son intimité: concupiscit rex deco­rem tuum». La sainte enfant entendait et comprenait l'appel divin. Rien ne peut la retenir. Elle dit à ses parents bien-aimés: «J'ai soif d'habiter le temple pour me consacrer entièrement à la prière et au service de Dieu». Anne et Joachim accédèrent à son désir, comme autrefois la mère de Sa­muel. Ce fut une explosion de joie dans le cœur de la sainte enfant: «Je me suis réjoui quand on m'a dit que j'irai dans la maison du Seigneur: Loetatus sum in his quae dicta sunt mihi: in domum Domini ibimus» (Ps. 121).

IIe POINT: Les sentiments de Marie en allant au temple. - C'était l'usage en allant au temple de chanter le psaume Beati immaculati in via: «Bien­heureux ceux qui marchent sans tache dans la voie du Seigneur». Qui pourrait expliquer, dit saint François de Sales, avec quel sentiment d'amour et de dilection cette sainte Vierge le disait, vu que ce cantique ne traite d'autre chose que d'accomplir la loi et la volonté de Dieu, ce qui était son but en allant au temple».

Et comme elle approchait, les sentiments du psaume quam dilecta de­vaient remplir et émouvoir son jeune cœur!

«Que vos tabernacles sont aimables, Seigneur, dit le psaume. Mon âme tressaille en approchant de vos portiques. Mon cœur et ma chair elle-même exultent devant le Dieu vivant… Le passereau trouve une maison dans le creux de la muraille, et la tourterelle dans la fente du ro­cher. Pour moi, Seigneur Dieu des vertus, ce sont vos autels qui sont mon refuge. C'est là que j'aime à demeurer…».

Les cantiques des degrés sont aussi une touchante préparation. Ils ex­priment des regrets pour les péchés du peuple, ils remercient Dieu de ses bienfaits, ils louent la communion des saints, la beauté de Jérusalem et de son temple.

Avec cette angélique Colombe, consacrons-nous à Dieu, aimons à vi­vre en son temple, cherchons notre bonheur auprès du tabernacle et loin du monde.

IIIe POINT: Le temple. - Marie s'est donnée tout entière. elle a choisi une vie de prière, de travail et de silence. Quel recueillement au temple! Quelle docilité dans toutes ses petites occupations!

Sa joie est extrême, servir Dieu est tout son bonheur. Elle exulte quand elle chante le psaume 83, qui nous dit tous les charmes de la mai­son de Dieu: «Bienheureux sont, ô Seigneur, ceux qui habitent en votre maison! Bienheureux ceux qui n'attendent que de vous leur appui et leurs secours. Leur cœur s'élèvera de degrés en degrés et ils avanceront sans cesse dans la vertu».

Personne mieux que Marie ne réalisa ce pronostic du psaume: elle s'est élevée de degrés en degrés jusqu'aux sommets de la vertu. Elle a ga­gné le cœur de Dieu et l'affection de la sainte Trinité, qui se prépara à réaliser dans son sein virginal l'incarnation du Verbe.

Le Roi du ciel convoitant sa beauté la choisit non seulement pour son Epouse mais pour sa Mère.

Le Verbe en la considérant pouvait lui dire: «Vous êtes ce beau soleil que je veux choisir pour ma demeure, et d'où je sortirai un jour comme un époux qui sort de sa couche nuptiale. Ornez cette couche de fleurs, parce que le temps approche où je dois consommer l'alliance que j'ai promis de faire avec la nature humaine: In sole posuit tabernaculum suum et exultavit ut gigas ad currendam viam» (Ps. 18).

Résolutions. - Pour nous, ô Marie, vous êtes au temple le modèle de la vie intérieure, de la vie de règle et du don de soi-même à Dieu. Faites­-moi bien comprendre cette vie d'abandon. Je veux commencer à la réali­ser en vous consacrant bien à vous et au Sacré-Cœur, chacune de mes actions l'une après l'autre.

Colloque avec Marie au temple.

22 Novembre

Sainte Cécile

Implemini spiritu sancto, loquentes vo­bismetipsis in psalmis, et hymnis, et can­ticis spiritualibus, cantantes et psallentes in cordibus vestris Domino, gratias agen­tes semper pro omnibus in nomine domi­ni nostri Jesu Christi, Deo et Patri, sub­jecti invicem in timore Christi (Ad Eph., 5,19).

Soyez remplis de l'Esprit Saint, échan­geant vos pensées dans des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels, chan­tant de tout cœur au Seigneur, rendant grâces toujours et en tout, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à Dieu le Père, vous tenant unis et soumis dans la crainte de Dieu (Aux Eph., 5,11).

1er Prélude. Qui mieux que sainte Cécile a rempli ce programme de saint Paul: chants de louange et d'action de grâces à Dieu et charité pour le prochain?

2e Prélude. Aimable sainte, demandez pour moi à Notre-Seigneur l'esprit de louange et d'action de grâces.

Ier POINT: Piété et amour de Notre-Seigneur. - Cécile a été élevée dans la piété. Toute jeune encore elle donne tout son cœur à Notre-Seigneur et se consacre à lui par le vœu de virginité.

Elle aimait à chanter, disent ses actes, en s'accompagnant de l'orgue, mais c'était pour Dieu: «Conservez, Seigneur, la pureté immaculée de mon cœur et de mon corps».

Elle avait toujours présents à son cœur les mystères de l'évangile. Jour et nuit elle se livrait à l'oraison et aux divins colloques, et son cœur était tout brûlant du feu de l'amour divin.

Sa vie angélique lui valut la présence habituelle de son ange gardien. Elle se mit sous sa protection pour sauvegarder sa virginité.

Souvent les bras en croix elle priait Dieu de défendre sa virginité con­tre tous ses ennemis.

Comme les disciples du Sacré-Cœur, elle n'aimait que le Sauveur Jésus, ne considérant les créatures qu'en Dieu et pour Dieu.

IIe POINT: Zèle et charité pour le prochain. - Elle désirait ardemment gagner des âmes à Jésus-Christ et elle exerçait l'apostolat dans son en­tourage. Sa famille l'obligea à se marier, ce fut pour elle une occasion d'exercer son zèle. Elle fait connaître son vœu de chasteté à Valérien son époux et lui déclare qu'elle est protégée par un ange, un génie du ciel. Pour voir cet ange, Tiburce consent à se faire instruire de la religion chrétienne et à recevoir le baptême des mains du Pape Urbain.

Tiburce, frère de Valérien fait de même. L'apostolat de Cécile est fé­cond. Ces convertis deviennent si fervents, qu'ils accepteront bientôt avec joie le martyre.

Elle gagne encore à la foi un officier du nom de Maxime, et lui aussi sera martyr.

Sa charité pour les malheureux était immense. Elle donnait beaucoup habituellement, mais quand vint l'heure de la persécution, elle se dé­pouilla de tout et distribua ses vastes trésors et ceux de Valérien. Quand le Préfet lui demanda où étaient ses richesses et celles de sa famille, elle put lui dire que tout avait été donné aux malheureux.

Son cœur avait appris de celui de Jésus à tout donner et à se dévouer pour les âmes.

IIIe POINT: Réparation et martyre. - Saint Cécile était mûre pour la grande grâce du martyre. Elle avait appris en méditant la Passion à ai­mer le sacrifice.

La mortification chrétienne lui était familière. Elle aimait la discipli­ne, les jeûnes, les veilles et les cilices. Elle n'avait eu qu'à développer et surnaturaliser les mâles vertus de l'ancienne noblesse romaine.

Elle domptait ses membres par les cilices, disent ses actes. Elle priait Dieu avec des larmes et des gémissements en pensant aux péchés du monde. C'était une âme réparatrice.

Par des jeûnes de deux et trois jours elle s'appliquait à mériter la bien­veillance divine pour la sauvegarde de sa virginité et de sa foi.

Son martyre fut le couronnement de tous ses sacrifices.

Elle est jetée en prison. Elle comparaît devant le magistrat, elle lui ré­pond fermement.

Elle est condamnée à être étouffée dans ses propres bains. On l'y en­ferme un jour et une nuit et l'on chauffe les chaudières à l'excès, mais les anges la protègent et elle sort intacte de ce foyer, comme saint Jean à Rome, comme Daniel et les jeunes Hébreux à Babylone.

Elle est alors condamnée à avoir la tête tranchée. Le bourreau s'émeut devant une telle besogne. Il s'y reprend à trois fois avec sa hache, puis il renonce à aller jusqu'au bout de son odieux forfait, il laisse la sainte bles­sée mais vivante. Elle expire trois jours après et son âme toute pure va chercher au ciel les palmes de la virginité et du martyre. Elle va rejoin­dre son céleste époux.

Résolutions. - Aimable sainte, aidez-moi à garder la pureté et à vivre dans l'amour de Notre-Seigneur.

Vos exemples inspirent mes résolutions; prière assidue, mortification, méditation de la Passion, amour tendre et généreux pour Notre­-Seigneur, tels doivent être mes dispositions et mes actes quotidiens pour gagner le Cœur de Jésus.

Colloque avec sainte Cécile.

23 Novembre

Dévotion gertrudienne:
l'exercice du soir

Alterum vero agnum offeres ad vespe­ram juxta ritum matutinae oblationis, et juxta ea quae diximus, in odorem suavi­tis: sacrificium est Domino, oblatione perpetua in generationes vestras ad ostium tabernaculi testimonii coram Do­mino, ubi constituam ut loquar ad te (Exod., 29,4l).

Vous offrirez le soir un autre agneau, selon le rite de l'oblation du matin, et comme nous l'avons dit, en odeur de sua­vité; c'est le sacrifice du Seigneur, par l'oblation perpétuelle de toutes les généra­tions à la porte du tabernacle de l'alliance devant le Seigneur, où j'ai résolu de vous parler (Exod., 29,41).

1er Prélude. Offrons le sacrifice du soir devant l'arche du Cœur de Jésus, et il nous parlera.

2e Prélude. Agréez, Seigneur, mes offrandes de chaque soir, mon sacrifice d'actions de grâces et de réparation.

Ier POINT: Action de grâces avec sainte Gertrude. - Je vous salue, ô mon Dieu, le salut et la lumière de mon âme. Que tout ce que renferment le ciel, la terre et la profondeur des abîmes vous rende grâces pour les bien­faits et les miséricordieuses bontés dont vous m'avez comblé aujourd'hui pour le corps et pour l'âme. Et comme le nombre en est si grand que je ne puis en reconnaître la millième partie, je confie ce soin à cette éternel­le, immense et immuable gratitude, par laquelle vous vous payez à vous­-même et de votre propre fonds, ô glorieuse et bienheureuse Trinité, tou­tes les dettes que vos pauvres créatures ont contractées envers vous et auxquelles elles ne peuvent suffire. je me présente devant vous, vil com­me le grain de poussière qu'on foule aux pieds, et je vous offre par celui qui, revêtu de ma nature, est assis à la droite de votre divine Majesté, des actions de grâces et de louanges, dans toute la perfection avec laquel­le vous nous avez donné la grâce de le faire par lui dans le Saint-Esprit (P. Denis).

IIe POINT: Contrition et réparation. - Inspirons-nous aussi des senti­ments de réparation de sainte Gertrude. - Pénétré de l'amertume de la Passion de votre divin Fils Jésus-Christ, je m'en veux beaucoup, ô Père très aimant, et je m'accuse avec une grande indignation contre moi-­même, de vous avoir servi aujourd'hui avec tant d'infidélité, et de vous avoir offensé, vous le plus tendre et le plus aimable des pères en me lais­sant aller à tant de négligence et de péchés. Aussi c'est avec le sentiment de la plus profonde humiliation que je répète avec le pécheur de l'Evan­gile: Mon Dieu, soyez-moi propice à moi pauvre pécheur. Pour expier toutes ces négligences, par lesquelles j'ai éteint en moi votre Esprit-Saint source de toute suavité, je vous offre les peines et les larmes de votre Fils bien-aimé; et unissant, dans la vertu de l'Esprit-Saint, ma pauvre prière à la prière toute puissante de Jésus, je vous demande, ô notre Père, le pardon de tous mes péchés et la réparation de tous mes manquements. Daignez m'accorder cette grâce au nom de cet inexprimable amour qui a arrêté le bras de votre puissance, lorsque votre Fils unique, l'amour des amours et les délices infinies de votre cœur paternel fut rangé parmi les malfaiteurs (2,18).

Pardon aussi, Seigneur, pour les péchés de tous les hommes mes frères. Je vous fais amende honorable pour toutes leurs fautes. Pardonnez en particulier à ceux pour lesquels j'ai une plus étroite obligation de prier. Bénissez-les.

IIIe POINT: Recommandons-nous aux saints Cœurs de Jésus et de Marie. - Doux Cœur de mon Jésus, je vous recommande pendant cette nuit mon cœur et mon corps, pour qu'ils reposent doucement en vous; et puisque pendant mon sommeil, je ne pourrai louer Dieu, daignez y suppléer vous-même pour moi, et multiplier avec les battements de mon cœur et avec chacune de mes respirations les louanges que vous offrirez pour moi à la très sainte Trinité.

Bienheureuse Vierge Marie, je me confie durant cette nuit à votre maternelle fidélité et à votre spéciale protection, vous suppliant de me protéger contre les embûches de l'ennemi.

Mon bon ange et mes saints patrons, défendez-moi pendant cette nuit et conservez-moi sain et sauf. Pendant mon sommeil, ne cessez pas un instant de louer Dieu pour moi; et daignez maintenant me donner votre bénédiction. Je vous la demande humblement.

Seigneur Jésus, je me livrerai au repos de la nuit, dans ce même amour avec lequel vous l'avez sanctifié, lorsque dans votre très sainte Humanité, vous vous y êtes livré vous-même, pour la gloire de Dieu vo­tre Père, et pour le salut de tout le genre humain. Faites qu'uni ainsi à votre divin amour, mon sommeil serve à la gloire et au salut de l'Eglise triomphante, militante et souffrante.

Que Jésus de Nazareth, Roi des juifs et mon Roi bien-aimé, me pré­serve d'une mort subite et malheureuse. Ainsi soit-il (Liv. 4, c., 13). Ces prières sont des indications. Elles montrent par quelles industries je puis donner un grand prix à mes actions de grâces, à mes réparations, à mes prières.

Résolutions. - Non seulement le soir, mais plusieurs fois le jour je puis, offrir à Dieu les actions de grâces et les réparations du Cœur de Jésus pour donner de la valeur aux miennes. Je puis demander la bénédic­tion de Marie et des saints anges.

Colloque avec le Sacré-Cœur.

24 Novembre

Dévotion gertrudienne:
pour une bonne mort

Amen, amen dico vobis, quia qui ver­bum meum audit, et credit ei qui misit me, habet vitam aeternam et in judicium non venit, sed transit a morte ad vitam. Amen dico vobis quia venit hora et nunc est quando mortui audient vocem Filii Dei, et qui audierint, vivent (S. Joan, 5,24).

Je vous le dis en vérité, celui qui entend ma parole et croit à mon Père qui m'a en­voyé, celui-là a la vie éternelle, il ne subit pas le jugement et il passe de la mort à la vie. Je vous le dis en vérité, l'heure vient et c'est maintenant que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'au­ront entendue, vivront (S. Jean, 5,24).

1er Prélude. Il faut nous habituer à entendre la douce voix de Jésus sur la terre, pour l'entendre à l'heure du jugement.

2e Prélude. Parlez, Seigneur, votre voix seule m'est douce, vous entendre est ma vie.

Ier POINT: Se préparer à la mort en union avec le Sacré-Cœur de Jésus. - Sainte Gertrude a composé un bel exercice pour la préparation à la mort. Elle ne nous présente pas la mort sous ses aspects lugubres de ma­nière à nous laisser dans la crainte et l'abattement; mais elle nous porte au contraire à la confiance, en nous invitant à de doux colloques avec l'amour du Sacré-Cœur pour le prier d'apaiser la justice divine et de mettre en œuvre la miséricorde de Dieu.

L'amour divin, incarné dans le Sacré-Cœur de Jésus, consentira, dit sainte Gertrude, à s'entretenir avec vous. Vous le chargerez d'être votre ambassadeur auprès du Père de miséricorde, d'apaiser sa justice et d'ob­tenis de lui qu'il daigne puiser dans le trésor de la Passion de son Fils la rançon suffisante pour racheter toutes vos dettes jusqu'à votre dernier péché de négligence. Par ce moyen, votre confiance sera rassurée sur la manière dont s'accomplira votre fin, et vous aurez lieu d'espérer que tous vos péchés sont pleinement remis.

IIe POINT: Colloque avec la justice et avec l'amour divin. - Sainte Gertru­de fait comparaître l'âme avec l'amour son puissant avocat devant la vé­rité et la justice divine.

- O vérité! ô justice divine! comment comparaître en votre présence, moi qui suis accablé sous le poids de mon iniquité, sous le fardeau de ma vie que j'ai perdue, sous le faix de toutes mes négligences? Je n'ai pas su faire valoir, hélas! le trésor de la foi chrétienne et de la vie spirituelle.

Je sais ce que je vais faire: je prendrai le calice du salut, le calice de je­ sus. Je le placerai sur le plateau vide de la vérité et de la justice. Par ce moyen, je subviendrai à tout ce qui me manque, je couvrirai tous mes péchés. Ce calice relèvera mes ruines, par lui je suppléerai et au-delà à mon indignité.

- O amour divin, prêtez-moi mon Jésus, votre royal captif, lui qui a été traîné pour moi de tribunal en tribunal, lui qui a été condamné pour m'avoir aimé, et livré à la mort à cause de moi.

O Jésus, aimable gage de ma rédemption, venez donc avec moi au ju­gement. Jugez-moi, vous en avez le droit, mais vous êtes aussi mon avo­cat. Pour que je sois justifié, vous n'aurez qu'à raconter ce que vous avez fait pour moi et le prix auquel vous m'avez acquitté. Vous avez pris ma nature afin que je ne périsse pas; vous avez porté le fardeau de mes péchés, vous êtes mort pour moi afin que je ne meure pas de la mort éternelle; voulant m'enrichir de mérites, vous m'avez tout donné. Jugez-moi donc à l'heure de ma mort d'après cette innocence et cette pureté que vous m'avez conférées en payant toute ma dette et en vous laissant condamner à ma place.

IIIe POINT: Colloque de l'âme avec la miséricorde et l'amour. - O douce miséricorde de Dieu, toute remplie de compassion et de clémence, je viens dans la douleur et l'angoisse de mon cœur recourir à vos conseils; car vous êtes toute mon espérance et toute ma confiance. Jamais vous n'avez méprisé le malheureux, jamais vous n'avez repoussé un pécheur, si dégoûtantes que fussent les plaies de son âme. Jamais vous n'avez re­jeté celui qui cherchait en vous un refuge… Votre main généreuse dai­gnera me faire une aumône assez abondante pour réparer ma vie que j'ai perdue. Votre charité daignera couvrir tous mes péchés et suppléer à toutes mes négligences. - Et vous, amour divin, mon Jésus est votre royal captif. C'est vous qui l'avez fait prisonnier à Gethsémani et lié en­suite de cordes et de chaînes. Vous vous êtes emparé de sa personne et de ses biens pour enrichir le ciel et la terre avec ce précieux butin, pour combler de biens tous les êtres en puisant dans les trésors d'un si glo­rieux prisonnier.

Avec le prix d'un si riche butin, d'un si illustre captif, vous pouvez, ô amour, racheter ma vie que j'avais perdue, et me rendre, non sept fois, mais cent fois la valeur de mes œuvres si inutiles jusqu'à présent.

Emparez-vous de moi aussi, ô amour et enchaînez-moi avec mon Jésus aimé, afin que je ne me sépare plus jamais de lui.

Résolutions. - Le jour du jugement viendra bientôt pour moi, je veux m'assurer un avocat, un défenseur contre la justice de Dieu, ce sera l'amour divin, l'amour du Sacré-Cœur pour moi, qui paiera toutes mes dettes avec le prix infini des mérites du Sauveur. Je fais appel aujourd'hui à ce divin avocat et je le ferai tous les soirs.

Colloque avec l'amour divin.

25 Novembre

Sur la crainte de Dieu

Arescentibus hominibus prae timore, et expectatione, quae supervenient universo orbi; nam virtutes coelorum movebuntur: et tum videbunt Filium hominis venien­tem in nube cum potestate magna et vir­tute (S. Luc., 21,26)

Les hommes sécheront de frayeur dans l'attente des maux dont tout le monde se­ra menacé; car les vertus des cieux seront ébranlées. Et alors ils verront le Fils de l'homme qui viendra sur une nuée avec une grande puisance et une grande majes­té (S. Luc., 21,26).

1er Prélude. Notre-Seigneur veut à tout prix nous sauver. C'est la préoccupation de son cœur aimant. Pour nous prémunir contre le péché et la damnation, il veut nous inspirer la crainte du jugement. C'est l'objet d'un de ses derniers discours.

2e Prélude. Seigneur, imprimez dans mon cœur la crainte salutaire de vos juge­ments.

Ier POINT: Avant d'entrer en possession de la béatitude éternelle, il y aura un jugement qu'il faut craindre. - Notre-Seigneur était avec ses disciples sur le Mont des Oliviers, en face de Jérusalem. Les apôtres faisaient des réfle­xions sur la beauté du Temple: «Quelles pierres magnifiques! et quelle richesse!». Oui, leur dit Notre-Seigneur, c'est bien beau, mais dans peu d'années tout cela sera détruit. Et plus tard, ce sera toute la terre qui se­ra bouleversée. Tout cela est passager. Le repos n'est pas là, il est avec votre Jésus dans l'éternité. Mais il faudra d'abord passer par le juge­ment, et ce jugement, il faut le prévoir, le méditer, le préparer.

L'Eglise nous le fait méditer au commencement de l'Avent, pour que nous nous préparions par la pénitence aux grandes grâces de Noël.

Ce jugement sera terrible, effrayant. Ses préludes même seront un bouleversement universel. Les vivants se dessécheront de frayeur, les morts sortiront de leurs tombeaux. Notre-Seigneur viendra dans l'éclat de la puissance et de la majesté et il prononcera contre les pécheurs la terrible sentence.

IIe POINT: Ce jugement est a redouter même pour ceux qui ont reçu de grandes grâ­ces et une vocation de choix. - Les Saints ont toujours redouté le jugement. «Je châtie mon corps par la pénitence, disait saint Paul, pour me mettre en gar­de contre la réprobation» (1 aux Cor 9). - Saint Augustin: Je crains le feu éternel. - Saint Bernard: Je tremble à la pensée de l'enfer.

Les âmes privilégiées, les religieux, les prêtres, n'auront-ils pas un compte sévère à rendre de leur administration et des grâces qu'ils ont reçues?

Rappelons-nous la parabole de l'économe infidèle. C'est Notre-­Seigneur qui a dit: on demandera beaucoup à celui qui aura reçu beau­coup (S. Luc, 12,48).

Le livre de la Sagesse avait dit: Le jugement sera plus dur pour les grands (Chap. 6).

Notre-Seigneur n'a-t-il pas dit à ses apôtres que le démon s'acharne­rait à leur perte? «Il vous criblera comme du blé» (S. Luc, 22).

Saint Jérôme disait: Les âmes consacrées sont un mets exquis pour le démon. Il y a donc lieu pour nous de craindre le jugement.

En nous inspirant cette crainte Notre-Seigneur n'oublie pas l'amour de son cœur pour nous. Il veut cette crainte parce qu'elle est précieuse pour notre sanctification, parce qu'elle est le commencement de la sages­se: Initium sapientiae, timor Domini (Ps. 110).

Il veut cette crainte parce qu'il veut notre salut, parce qu'il ne veut pas que nous nous perdions, que nous nous endormions dans la tiédeur, dans le péché.

Il a indiqué lui-même ce motif de son discours sur le jugement: c'est pour que nous puissions échapper à la condamnation et paraître devant le Fils de Dieu (S. Luc, 21).

IIIe POINT: Cette crainte ne doit pas être servile, mais filiale et mêlée d'amour. - Nous sommes les enfants du Sacré-Cœur, nous ne devons jamais oublier la part de l'amour dans nos dispositions. La crainte est un don de l'Esprit-Saint, de l'Esprit d'amour. Elle doit-être surnaturelle et filiale. Nous devons craindre de perdre Jésus, d'être éloignés de lui pour l'éternité, d'être privés de son amour et de son cœur.

Une crainte servile et intéressée ne peut pas suffire aux amis du Sacré­Cœur.

La crainte mêlée d'amour et de confiance est douce: Bienheureux ce­lui qui craint le Seigneur (Ps. 111).

Cette crainte est d'ailleurs adoucie dans le temps présent, dans le temps de l'Avent par l'attente du jour de Noël, par l'attente de la nais­sance du Sauveur qui est un gage d'espérance, de confiance et d'amour.

Demandons souvent cette grâce. Disons avec David: Imprimez, Sei­gneur, votre crainte dans mes sens (Ps. 118).

Rappelons-nous souvent les motifs de crainte: Souvenez-vous de vos fins dernières et vous ne pêcherez pas (Ecc. 7).

Rappelons-nous les motifs spéciaux de craindre pour les âmes privilé­giées.

Craignons le jugement maintenant, dit saint Augustin, c'est le meil­leur moyen de ne pas le craindre quand il arrivera.

Celui qui craint Dieu, ne négligera rien de ses devoirs. Il cherchera à connaître le bon plaisir de Dieu pour s'y conformer (Eccl., 7 et 19).

Résolutions. - Je redoute ce jugement parce que je crains la damna­tion, mais surtout parce que je pourrais être séparé de Notre-Seigneur pour l'éternité. Je me rappellerai le jugement à mes examens quotidiens.

Colloque avec Jésus prêchant le jugement au Mont des Oliviers.

26 Novembre

Sur la confiance

His auteur fieri incipientibus, respicite et levate capita vestra: quoniam appro­pinquat redemptio vestra. Videte ficul­neam et omnes arbores, cum producunt jam ex se fructum, scitis quoniam prope est aestas. Ita et vos cum videritis haec fie­ri, scitote quoniam jam prope est regnum Dei (S. Luc., 21,28).

Quand toutes ces choses commenceront, regardez en haut et levez la tête, parce que votre rédemption approche. Voyez le fi­guier et les autres arbres, quand ils com­mencent à donner leurs fruits, vous savez que l'été est proche. De même, quand vous verrez ces événements, le règne de Dieu viendra (S. Luc 21,28).

1er Prélude. Nous verrons comment Notre-Seigneur, après nous avoir portés à une crainte salutaire, dans notre intérêt et par amour pour nous, veut relever notre courage et nous consoler en nous portant à la confiance.

2e Prélude. Seigneur, je sais que votre miséricorde surpasse toutes vos œuvres.

Ier POINT: Jésus veut nous inspirer la confiance, comme il l'a lui-même prati­quée dans sa vie mortelle. - De même que la sagesse infinie de Notre­Seigneur lui avait conseillé de nous intimider par la crainte du jugement, ainsi son Cœur lui inspira de nous relever par la confiance dans sa miséricorde.

Il a voulu pleurer en décrivant à ses apôtres la destruction de Jérusa­lem, figure du jugement dernier, pour les toucher davantage et leur im­primer plus profondément une crainte salutaire (S. Luc 19). Mais aussi il a voulu rendre la paix et la confiance à leurs cœurs en leur montrant que cette méditation effrayante du jugement dernier n'était pour eux qu'une précaution salutaire.

«Pour vous, leur disait-il, lorsque ces choses commenceront d'arriver, regardez en haut, levez la tête, parce que votre rédemption approche». Et il ajoutait pour les affermir dans cette confiance une comparaison ti­rée du gracieux spectacle qu'ils avaient sous les yeux: «Voyez, leur disait-il, ces figuiers et ces autres arbres, ils s'apprêtent à donner leurs fruits et vous dites que l'été approche; de même, quand vous verrez les préludes du jugement, pensez que le règne de Dieu est proche»,… c'est­-à-dire pensez que la moisson est proche pour vous.

Cette confiance, que Notre-Seigneur voulait laisser à ses apôtres, il veut nous l'inspirer aussi.

Ne nous a-t-il pas donné l'exemple par la confiance en son Père, ma­nifestée dans les circonstances les plus difficiles, à Gethsémani et au Cal­vaire? Alors même que son âme était plongée dans la crainte, la tristesse et l'ennui, il se relevait avec confiance: Surgite eamus.

Abandonné sensiblement par son Père, il lui remettait néanmoins son âme avec confiance: In manus tuas commendo spiritum meum.

N'est-ce pas cette confiance qui frappait l'apôtre saint Paul, lorsqu'il s'écriait: «Il a pris la croix avec joie» (Aux Heb., 12).

Il inspirait cette confiance à ses saints, et saint Paul, après avoir dit: «je crains la réprobation», ajoutait: «cependant j'ai la confiance d'obte­nir la couronne après avoir combattu le bon combat».

IIe POINT: Notre confiance doit reposer sur la bonté du Cœur de Jésus et sur ses mérites. - Quels peuvent être les principes ou les bases de notre confian­ce? N'est-ce pas la puissance, la bonté, la fidélité, les grâces, les mérites, les souffrances, le sang et la mort de Notre-Seigneur?

Sa bonté, en pouvons-nous douter, nous surtout, qui avons reçu tant de grâces? Il nous a aimés de toute éternité, il nous a créés, conservés, ornés de tous les dons naturels; puis il nous a rachetés de son sang, il nous a fait naître dans des familles chrétiennes, il nous a régénérés par le baptême. Puis il nous a conservés dans la foi, il nous a préservés de mille dangers de l'âme et du corps pendant notre enfance et notre adolescen­ce. Il aurait pu nous abandonner après une faute mortelle, il nous a inspiré le repentir et nous a pardonné. Il nous a nourris mille fois de son corps et de son sang. Il nous a inspiré notre belle vocation, il a fait de nous ses amis, ses enfants, ses héritiers. On ne doute pas de ses amis. Si personne n'est un ami plus généreux que lui, pouvons-nous douter de lui?

Si après cela nous n'avons pas confiance en lui, ne pensons-nous pas qu'il en serait attristé, blessé, offensé?

Donnons-lui notre confiance filiale, elle honore sa bonté, elle console et réjouit son divin Cœur.

IIIe POINT: Notre confiance pour être fondée doit aussi s'appuyer sur nos bon­nes œuvres. - Notre-Seigneur ne veut cependant pas de nous une con­fiance présomptueuse. Compter sur sa bonté au jugement, sans cesser de l'offenser, sans faire pénitence, sans pratiquer la vertu, ce n'est pas con­fiance, c'est présomption.

Il y a donc un second principe de notre confiance, ce sont nos bonnes œuvres. C'est ce qu'exprimait saint Paul quand il disait: «J'ai combattu le bon combat, c'est pour cela que j'espère la couronne de gloire».

Pour que notre confiance soit légitime, il ne faut perdre de vue ni la défiance que nous devons avoir de notre faiblesse, ni la crainte filiale d'un Dieu infiniment juste, ni le soin de soutenir notre confiance par nos bonnes œuvres, qui auront quelque prix si nous les faisons en union avec le Cœur de Jésus.

La miséricorde de Notre-Seigneur l'emporte sur sa justice (Ps. 144); notre confiance doit l'emporter sur la crainte, mais elle n'exclut pas la crainte.

Mais en ce temps de l'année surtout la confiance est facile. Noël va ve­nir. Celui qui s'est fait petit enfant pour nous, nous inspire-t-il encor de la crainte? Pouvait-il imaginer un moyen plus puissant de nous donner confiance?

«Seigneur, j'aurai confiance à l'ombre de vos ailes» (Ps. 66). «J'ai espéré en vous, je ne serai pas confondu» (Ps. 30).

«La miséricorde de Dieu est belle comme un nuage de pluie (pour un champ aride)» (Eccl., 35).

«Dieu répand ses miséricordes par milliers» (Deut. 5).

Résolutions. - Confiance filiale, mêlée de crainte salutaire et de zèle pour les bonnes œuvres. Appuyons notre confiance sur la bonté du Cœur de Jésus.

Colloque avec Jésus enseignant la confiance à ses apôtres.

27 Novembre

Sur la vigilance

De die autem et hora nemo scit, neque angeli coelorum, nisi solus Pater; sicut autem in diebus Noe, ita erit et adventus Filii hominis; sicut enim, erant comeden­tes et bibentes… Vigilate ergo quia nesci­tis qua hora Dominus vester venturus sit (S. Mat., 24,36).

Personne ne sait le jour ni l'heure, pas même les anges, mais Dieu seul; comme au temps de Noé, ainsi en sera t-il de l'avènement du Fils de l'homme. Les hommes d'alors mangeaient et buvaient sans inquiétude… Veillez donc, car vous ne savez pas l'heure où le Seigneur vien­dra (S. Mat., 24,36).

1er Prélude. Notre-Seigneur conclut lui-même son discours par une exhortation à la vigilance.

2e Prélude. Seigneur, faites que je ne mérite pas le reproche de n'avoir pas pu veiller une heure avec vous.

Ier POINT: Il faut veiller pour imiter Notre-Seigneur et suivre ses conseils. - Notre-Seigneur après nous avoir exhortés à la crainte filiale et à la con­fiance, nous recommande également la vigilance. C'est la bonté de son Cœur qui le presse. Il le fait dans notre intérêt et par amour pour nous, mais aussi dans l'intérêt de la gloire de son Père.

Ne nous a-t-il pas donné l'exemple de la vigilance la plus assidue? Quand le démon est venu lui présenter ses tentations au désert, que faisait-il? Il veillait et il priait. Aussi n'a-t-il eu qu'à redire au démon quelques-unes des pensées qu'il avait méditées: «Il est écrit: L'homme ne vit pas seulement de pain… » - «Il est encore écrit: Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu». - «Il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul».

C'est ainsi que nous aurons toujours une réponse prête pour le tenta­teur, si nous avons l'habitude de la vigilance et de la prière.

Les Evangiles ne nous disent-ils pas combien la vigilance et la prière étaient habituelles à Notre-Seigneur? «Il s'en alla en un lieu désert et il y priait» (Marc, 1,35). «Il se retira sur une montagne et il y prolongeait sa prière dans la nuit» (Mat. 14, Luc, 6).

La vigilance de David avait figuré celle du Sauveur: «J'ai veillé, disait le psalmiste, et je me tenais solitaire comme un passereau» (Ps. 101). Au jardin de l'agonie, dans la lutte suprême contre les faiblesses de la nature humaine, n'est-ce pas à la vigilance qu'il a demandé la victoire? Il a veillé et il a prié avec persévérance, à travers toutes les angoisses et toutes les épreuves de la crainte et de la frayeur, et il a trouvé dans cette vigilance sa force et sa consolation. Il y a puisé la résolution courageuse d'aller au-devant de la mort pour notre salut.

Dans cette même circonstance, n'est-ce pas la vigilance qu'il recom­mandait à ses apôtres, comme le moyen pour eux d'échapper aux tenta­tions et au découragement. «Veillez et priez, leur disait-il, pour que vous ne cédiez pas à la tentation». Il leur reprochait de ne pas persévérer dans la vigilance et la prière: «Vous n'avez donc pas pu, leur disait-il, veiller une heure avec moi?» - La vigilance était la disposition habituelle du Cœur de Jésus.

Il faut donc veiller, et veiller avec Jésus.

Il l'a encore recommandé par diverses paraboles. Par celle du Père de famille qui est en garde contre les voleurs… Par celle des Vierges sages et des Vierges folles, où le salut est la récompense de la vigilance.

IIe POINT: Il faut veiller pour contenter Notre-Seigneur et sauver notre âme. - Veillons donc pour contenter Notre-Seigneur, pour réjouir son Cœur, pour nous souvenir de lui qui est notre ami, pour le servir fidèlement et délicatement.

Veillons pour sauver notre âme, à laquelle Notre-Seigneur tient tant. Veillons, si nous aimons Notre-Seigneur, pour conserver sa présence dans notre âme et notre union avec son divin Cœur! Sa grâce, son ami­tié, n'est-elle point le plus précieux des trésors?

N'est-il pas étrange que les hommes soient si zélés et si vigilants pour leurs intérêts temporels, pour satisfaire leur avarice ou leur ambition, et qu'ils le soient si peu pour acquérir et pour conserver le plus précieux des trésors, la grâce, l'amitié de Notre-Seigneur, sa présence dans leur ame.

Veillez parce que vous êtes entourés de périls: périls du côté du dé­mon, périls du côté des créatures, périls du côté de vos passions. Ecoutez saint Pierre, qui avait connu les graves conséquences du man­que de vigilance. «Mes frères, disait-il, soyez sobres et veillez, parce que votre ennemi, le démon, rôde comme un lion pour vous dévorer. Résistez-lui en demeurant fermes dans la foi (et dans la charité)» (Pet., 5).

IIIe POINT: Comment il faut veiller. - En pratique, comment veillerons-nous? - Nous ne nous endormirons sur aucun de nos de­voirs. Nous ne nous pardonnerons pas la perte d'un seul moment de no­tre temps. Notre vigilance s'étendra sur nos pensées, nos sentiments, nos paroles, nos actions.

Devenons vigilants comme était le roi David, qui pouvait dire: «Mon

Dieu, je veille dès le premier instant du jour pour penser à vous , j'aspire vers vous, mon âme brûle d'une soif ardente pour vous, mes sens même sont sous l'impression de votre présence» (Ps. 62). Et encore: «J'oublie même de manger mon pain, pour penser à vous, je veille pendant la nuit pour méditer vos grandeurs et dire vos louanges» (Ps, 101).

Mais aussi à quelle vertu s'est élevé ce saint roi par sa vigilance! Demandons comme lui cette vertu, puisque nous sentons qu'elle nous manque: «Mon âme s'est endormie dans la tiédeur, fortifiez-moi, Sei­gneur, par vos paroles» (Ps. 118).

«Je dors, mais mon cœur veille, dit l'Epouse du Cantique», c'est-à-dire qu'au milieu même des occupations communes, repos, travail, ré­fection, je garde l'impression de la présence de Dieu.

Le sage livre son cœur à la vigilance dès le matin» (Eccl., 39). Il faut nous livrer, nous attacher à la vigilance par la pensée et par le cœur.

Résolutions. - Veiller dès le matin. Veiller et prier. Veiller sur ses pen­sées, ses paroles, ses actions. - «Veillez, dit saint Augustin, par la foi, par le cœur, par les œuvres» (De verbo Dei). - Veillons en amis, en disciples du Cœur de Jésus.

Colloque avec Jésus recommandant la vigilance.

28 Novembre

Sur la fidélité

Coelum et terra transibunt, verba au­tem mea non transibunt. Attendite autem vobis, ne forte graventur corda vestra in crapula et ebrietate, et curis hujus vitae: et superveniet in vos repentina dies illa (S. Luc., 21,33).

Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. Prenez donc garde à vous, de peur que vos cœurs ne s'appesantissent par l'excès de la bonne chère et le souci des choses temporelles, et que ce jour ne vienne tout d'un coup vous surprendre (S. Luc., 21,23).

1er Prélude. Notre-Seigneur nous rappelle en terminant son discours combien ses pa­roles sont positives et ses résolutions sans changement. S'il est fidèle, à nous de l'être aussi.

2e Prélude. Seigneur, faites de moi le serviteur fidèle et prudent, qui est toujours prêt à paraître devant vous.

Ier POINT: Jésus s'est montré fidèle dans ses promesses et dans ses menaces. - Notre-Seigneur avait fait souvent affirmer sa fidélité par ses prophètes: «Dieu est fidèle dans toutes ses voies», dit le Psalmiste (Ps. 144).

Il a voulu répéter cette affirmation au commencement de sa vie publi­que, au discours sur la montagne: «Le ciel et la terre passeront, mais pas un iota des prophéties et des figures ne restera sans s'accomplir» (S. Mat., 5,18).

Au moment de sa Passion, sa préoccupation n'est-elle pas de tout ac­complir fidèlement? Après la Cène, il dit à son Père: «J'ai été fidèle à toute ma mission» (S. Jean 17). Sur la croix même, il se préoccupe d'ac­complir les prophéties jusque dans les moindres détails: «Sachant que tout est accompli, pour réaliser à la lettre les Ecritures, il dit: «J'ai soif» (S. Jean 19,28). Et encore: «Quand il eut pris du vinaigre, il dit: Tout est accompli». - Il a donc accompli fidèlement la rédemption, comme son Père l'avait annoncée aux patriarches et aux prophètes.

Il a promis de soutenir son Eglise, ne l'a-t-il pas fait? «Les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle». N'a-t-elle pas triomphé de tous ses ennemis, des persécutions, des hérésies, de l'islamisme?

Il doit donc être aussi fidèle dans ses menaces, quoi qu'il lui en coûte. Il a annoncé la ruine de Jérusalem, en reste-t-il pierre sur pierre? Le jugement particulier pour chacun et le jugement général s'accompliront aussi. Soyons donc fidèles jusqu'à la mort, dit Notre-Seigneur à l'évêque de Smyrne dans l'Apocalypse, et je te donnerai la couronne de vie».

IIe POINT: Jésus est fidèle dans son amitié, il est mort pour nous. - N'a-t-il pas été fidèle aussi dans son amitié pour nous? Il a pu nous provoquer à une lutte d'amitié et prétendre au premier rang: «Personne n'aime plus, dit-il, que celui qui donne sa vie pour ses amis» (S. Jean, 15). Il a donné le premier sa vie pour nous.

Cette fidélité n'a-t-elle pas frappé saint Jean quand il écrit, en racon­tant la Cène: «Jésus a aimé les siens jusqu'à la fin» (S. Jean, 13). Il nous avait donné son Cœur, il ne l'a pas repris.

Notre-Seigneur peut nous dire: «Ma fidélité envers vous m'a coûté tout mon sang. Je m'en fais gloire, c'est pour moi un titre d'honneur, comme je l'ai exprimé dans l'Apocalypse: Celui qui était à cheval s'ap­pelait le Fidèle et le Véridique (Apoc., 19). - Soyez fiers aussi de votre fidélité. Faites-vous en un titre d'honneur. Vos plus chers intérêts en dépendent et mon amitié en est le prix».

Soyons fidèles, si nous voulons entendre un jour cette sentence: «Ve­nez bon et fidèle serviteur, votre fidélité sera récompensée, entrez dans la joie du Seigneur» (S. Mat., 25).

Notre-Seigneur ne ferait-il pas pour nous ce que Dieu demandait aux justes de l'Ancienne Loi: «Si vous avez un serviteur fidèle, qu'il soit comme de votre sang (sicut anima tua); traitez-le en frère» (Eccl., 34).

Mais nous, nous ne sommes même plus des serviteurs, mais des amis: Jam non dixi vos servos, sed amicos… (S. Jean, 15). Ceci s'applique particu­lièrement aux prêtres. C'est d'eux surtout que Jésus attend la fidélité qui convient aux amis.

Si nous sommes fidèles, le regard aimant de Jésus ne nous quittera pas: Ocult met ad fideles terme ut sedeant mecum. (Ps., 100).

Nous serons sa consolation et sa joie: «Rien n'est comparable à un ami fidèle, un ami fidèle est le remède aux peines de la vie» (Eccl., 6,15). Après tout ce que Jésus a fait pour nous, après les preuves d'amitié que son divin Cœur nous a données, spécialement dans sa passion, dans la sainte Eucharistie, dans notre vocation privilégiée, n'a-t-il pas le droit de compter que nous serons pour lui des amis fidèles?

IIIe POINT: Pratique de la fidélité. - Que ferons-nous dans la pratique? Nous devons nous examiner d'abord et nous repentir. Nous avons été si peu fidèles jusqu'à présent! Infidèles à la grâce et aux inspirations divi­nes que nous négligions; infidèles à nos devoirs d'état; infidèles à nos promesses les plus sacrées, que nous avons souvent violées.

Demandons cette fidélité qui nous manque. Demandons-la par Ma­rie, la Vierge fidèle entre toutes.

Disons avec saint Augustin: «Seigneur, faites-moi persévérer dans les œuvres que votre volonté demande de moi» (Méd., 12).

La fidélité est le gage des consolations divines et de la gloire céleste. «Soyez fidèle et persévérant, dit l'Imitation, soyez ferme et courageux, et la consolation vous viendra en son temps» (Liv., 3, c. 31).

Résolutions. - Je serai fidèle dans les petites choses.

Je serai fidèle à ma règle, à mes vœux, à mon règlement de vie.

Je serai pour Jésus un ami fidèle, dévoué, assidu. Je renouvellerai cet­te résolution avant mes principales actions.

Colloque avec Jésus demandant notre fidélité.

29 Novembre

Sur la fuite des plaisirs
et des soins de cette vie

Attendite auteur vobis ne forte graven­tur corda vestra in crapula et ebrietate et curis hujus vitae, et superveniet in vos re­pentina dies illa (S. Luc., 21,34).

Ne laissez pas vos cœurs s'appesantir par les plaisirs des sens et les soucis de cet­te vie, de peur que le jugement ne vous 'surprenne à l'improviste (S. Luc, 21,34).

1er Prélude. Notre-Seigneur nous met en garde contre un grave péril, qui pourrait compromettre notre salut: l'amour des plaisirs sensuels et les sollicitudes du siècle.

2e Prélude. Seigneur, faites que j'aie le goût des choses du ciel et non de celles de la terre.

Ier POINT: L'abnégation et la mortification nous sauveront des convoitises du monde. - Notre-Seigneur veut à tout prix sauver nos âmes, c'est le grand souci de son divin Cœur, voilà pourquoi, après nous avoir inspiré une crainte salutaire et nous avoir encouragés à la confiance, à la vigi­lance et à la fidélité, il veut encore nous mettre en garde contre les dan­gers du chemin. Le désir de son Cœur est toujours de nous introduire en son royaume par un jugement favorable.

C'était là, du reste, l'enseignement ordinaire de Notre-Seigneur. Maintes fois dans l'Evangile, il nous met en garde contre le démon et ses convoitises. Il se sert de paraboles et d'exemples pour nous mieux con­vaincre, comme la parabole des deux maîtres, celle du mauvais riche etc. Enfin il a si bien pénétré ses apôtres de cette pensée que ceux qui ont écrit la répètent dans toutes leurs épîtres.

Les dangers viennent du monde, de ses habitudes et de ses convoiti­ses. Le remède est dans le détachement, l'esprit de pauvreté et d'abné­gation dont Notre-Seigneur a donné l'exemple depuis la crèche jusqu'au Calvaire.

A-t-il fait quelque concession au monde, lui, quand il a choisi les re­buts et la pauvreté de Bethléem, l'exil et le dénuement de l'Egypte, le travail humble et rude de son adolescence et de sa jeunesse, les contra­dictions, les fatigues, les persécutions de sa vie publique, les souffrances de sa Passion?

Notre-Seigneur a enseigné souvent la pénitence, l'abnégation, la mor­tification. Il a déclaré que c'était la condition pour marcher à sa suite et pour être son disciple. Pouvait-il être plus formel?

IIe POINT: Dégageons-nous des sollicitudes de la vie. - Combien aussi Notre-Seigneur nous a recommandé de ne pas nous embarrasser dans les soins du monde et de garder notre esprit bien libre pour aller à lui. «Vous ne pouvez pas, nous a-t-il dit, servir deux maîtres à la fois, votre Dieu et l'avarice» (S. Mat., 6,25).

«Donnez donc à Dieu avant tout ce que vous devez lui donner, il vous aidera pour le reste» (S. Luc., 12,31).

Pour les besoins de la vie même, après avoir fait votre devoir, abandonnez-vous à la sollicitude de votre Père céleste; il prendra soin de vous. Rappelez-vous la parabole du semeur. La semence est la parole de Dieu. Là où les soins de la vie absorbent les âmes, la semence tombe dans un champ obstrué par les épines.

Rappelons-nous encore le reproche que Notre-Seigneur fit à Marthe à Bethanie: «Marthe, Marthe, vous vous agitez trop et vous vous troublez trop».

Les apôtres ont été tellement pénétrés de cet enseignement, qu'ils l'ont répété à chaque page de leur épîtres.

Saint Pierre d'abord: «Je vous conjure de vous garder des convoitises charnelles, qui s'opposent à la vie de l'âme» (1 Pet., 2,11).

Et saint Jean: «N'aimez pas le monde et les choses du monde. Vous ne trouverez là que la concupiscence et l'orgueil». (S. Jean, 2,15). Et saint Jacques: «L'amour du monde est opposé à l'amour de Dieu» (Jac., 4,4). Ecoutons enfin saint Paul: «Cherchons les choses du ciel et non celles de la terre». (Aux Colos., 3). «Les disciples du Christ crucifient leur chair» (Aux Gal., 5). Portons toujours en notre corps la mortification du Christ, pour que la vie de Jésus se manifeste en nous (Aux Cor., 4,20). Il faudrait citer tout saint Paul.

N'est il pas juste que nous réservions à Notre-Seigneur le meilleur de notre esprit et de notre cœur?

Si nous allons à lui avec un esprit distrait, avec un cœur passionné pour les choses de la terre, peut-il être satisfait?

Celui qui veut voir dans l'amitié de Jésus son meilleur trésor n'aura-t-­il pas ses préférences?

Disons avec saint Augustin: «Toute richesse qui n'est pas mon Dieu est pour moi la pauvreté» (Med., 18).

IIIe POINT: Les âmes favorisées de grâces, les religieux, les prêtres doivent montrer encore plus de générosité. - Ceux-là sont plus particulièrement les amis, les confidents du Cœur de Jésus. Ils doivent reproduire plus exac­tement la vie de Notre-Seigneur. Ils doivent lui réserver plus fidèlement leur esprit et leur cœur. Ils doivent être plus unis à son divin Cœur.

Ils se nourrissent si souvent de sa chair, de son sang, de son âme, de sa divinité! Ils doivent être d'autres lui-même. Ils doivent vivre en lui et lui en eux.

S'ils sont absorbés par des préoccupations mondaines, s'ils recher­chent la bonne table, les conversations du monde, s'ils sont passionnés pour le succès de leurs affaires temporelles ou la satisfaction de leur amour-propre, comment prieront-ils? que deviendront leur médita­tions? au saint autel même, ne feront-ils pas à Notre-Seigneur l'affront de lui parler sans faire attention à ce qu'ils disent.

Au temps de l'avent particulièrement, nous devons fuir les dissipa­tions mondaines. Nous devons nous livrer à la prière, au recueillement, au silence, à la méditation, pour nous préparer aux grandes grâces de Noël.

Résolutions particulières: Garder le recueillement;

Ne point s'occuper sans raison des choses du monde; Observer la tempérance et la mortification;

Imiter le détachement du Cœur de Jésus.

Colloque avec Jésus enseignant le détachement.

30 Novembre

Saint André, apôtre

Ambulans autem Jésus juxta mare Ga­lilaeae, vidit duos fratres: Simonem qui vocatur Petrus et Andream, fratrem ejus, mittentes rete in mare (erant enim pisca­tores), et ait illis: Venite post me et faciam vos fieri piscatores hominum. At illi conti­nuo relictis retibus secuti sunt eum (S. Mat., 4,18).

En se promenant près de la mer de Ga­lilée, Jésus vit deux frères: Simon-Pierre et André son frère, occupés à jeter le filet à la mer (ils étaient pêcheurs), et il leur dit: Venez à ma suite et je vous ferai pê­cheurs d'hommes; et eux aussitôt jetèrent leurs filets et le suivirent (S. Mat., 4,18).

1er Prélude. Je vois Jésus appelant Piere et André et ils quittent tout pour le suivre.

2e Prélude. O mon bon Maître, que je voudrais vous suivre véritablement, vous ai­mer et vous imiter.

Ier POINT: Zèle pour sa sanctification et celle du prochain. - Saint André habitait Capharnaüm. Il était d'une piété ardente. Ayant entendu parler des prédications de saint Jean-Baptiste, il courut l'entendre avec avidité, il devint son disciple et pratiqua la pénitence. Il allait aux prédications de Jean-Baptiste avec saint Jean, qui était pour lui un ami pieux. Mais un jour ayant entendu dire à saint Jean-Baptiste que Jésus-Christ, qui revenait alors du désert où il avait passé quarante jours, était l'Agneau de Dieu, et sa foi lui faisant comprendre le sens de ces paroles mystérieu­ses, il s'attacha au divin Sauveur et le suivit.

Avec saint Jean, ils allèrent, pleins d'ardeur, au lieu où Jésus logeait; ils passèrent avec lui le reste du jour et toute la nuit. Quel zèle saint An­dré montre en tout cela pour sa sanctification!

Une fois gagné à Jésus, à son affection, à son Cœur, il s'en fait l'apô­tre. Il va trouver Simon son frère, et lui fait part de la joie dont son cœur déborde: «Nous avons trouvé le Messie, lui dit-il, le Christ promis par les Prophètes». Il conduit Simon au Sauveur et ils se font tous deux ses disciples. Saint André montre un cœur ardent pour sa sanctification et celle du prochain. Est-ce ainsi que nous cherchons les moyens de sancti­fication? En faisons-nous part aux autres?

IIe POINT: Attachement à Notre-Seigneur. - Saint André s'est donc atta­ché entièrement au Sauveur, il va le trouver souvent, il assiste à ses instructions, il l'accompagne aux noces de Cana, il va avec lui à Jérusa­lem pour célébrer la pâque. A la fin de l'année, Notre-Seigneur fait faire à Simon et à André la pêche miraculeuse, puis il se les attache entière­ment. Il les prend pour en faire des pêcheurs d'hommes, et ils quittent tout pour le suivre.

Saint André devient un disciple des plus intimes, un ami du Cœur de Jésus. Il est le second dans la liste des apôtres. Il présente les pains à multiplier. Jésus avait compassion de ces cinq mille personnes qui l'avaient suivi dans le désert et qui étaient pressées par la faim. Il de­mande à ses disciples comment on pourrait leur donner à manger. C'est André qui répond: il est familier avec Jésus et il partage la pitié de Jésus pour les foules. «Il y a, dit-il, un adolescent qui a cinq pains et deux pois­sons», ajoutant que c'était peu pour une si grande multitude. Mais il ne doutait pas que Jésus, s'il le jugeait à propos, pût faire éclater sa puis­sance à cette occasion. Il sait qu'il est plus grand qu'Elisée, qui a nourri cent hommes avec vingt pains. Sa foi et sa confiance en Jésus ont contri­bué à préparer le miracle de la multiplication des pains, comme la foi de Marie a préparé le miracle du changement de l'eau en vin.

Jésus a fixé sa demeure à Capharnaüm auprès de Pierre et d'André, parce qu'ils sont ses apôtres les plus intimes.

A Jérusalem, des gentils s'adressent à André pour avoir accès auprès du Sauveur qu'ils désiraient voir. - Adressons-nous à lui aussi, pour qu'il présente nos requêtes au Sauveur dans le ciel.

IIIe POINT: Son amour de la croix. - Saint André est un des apôtres qui ont le mieux compris et goûté le mystère de la croix. Son bon cœur a été pénétré par la grâce du Calvaire. Il a prêché la croix dans la Scythie, dans le Pont et dans d'autres contrées. Il désirait mourir sur la croix, pour rendre à Notre-Seigneur amour pour amour. Il a eu cette grâce à Patras. Il reprochait au juge ses persécutions contre la vérité. Le juge ir­rité lui ordonna de sacrifier aux dieux. - «C'est au Dieu tout-puissant, l'unique et véritable, répondit André, que j'immole tous les jours, non la chair des animaux, mais l'Agneau sans tache, entier et plein de vie sur l'autel, après avoir été immolé et donné en nourriture aux chrétiens».

Il montrait surtout par là son amour pour l'Eucharistie.

On rapporte qu'en voyant de loin la croix sur laquelle il devait être at­taché, il s'écria: «Je vous aime, croix précieuse, qui avez été consacrée par le corps de mon Dieu, et ornée de ses membres comme avec de riches pierreries… Je m'approche de vous avec joie, recevez-moi dans vos bras… Il y a longtemps que je vous désire et que je vous cherche. Mes vœux sont accomplis. Que celui qui s'est servi de vous pour me rache­ter, daigne me recevoir présenté par vous».

En pratique, unissons toutes nos croix quotidiennes à la croix de Jésus. Elles nous uniront à ses mérites.

Résolution. - Je répondrai promptement à la volonté de Dieu. Je m'attacherai à Jésus pour le suivre toujours. Je me sanctifierai par la croix et le sacrifice.

Colloque avec saint André saluant la croix.


1)
La paix de l’âme, p. 535.
2)
N’y a-t-il pas là une analogie surprenante avec la physiologie du Cœur? Le cœur humain envoie le sang altéré se purifier dans l’air vivifiant des poumons; il envoie le sang régénéré porter la vie à tous les organes.
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