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Couronnes d'amour au Sacré-Cœur

LA TRIPLE COURONNE
DU SACRE-CŒUR DE JESUS

Il existe plusieurs couronnes ou chapelets du Sacré-Cœur. La Bien­heureuse Marguerite-Marie aimait à offrir cet hommage au Cœur de Jésus: «Je vous sais bon gré du petit chapelet à l'honneur du Sacré­-Cœur», écrivait-elle à la mère de Saumaise. La couronne que nous pro­pageons a été approuvée par un grand nombre d'évêques. En choisissant des invocations indulgenciées, nous donnons à cette couronne un très grand prix pour ceux qui la récitent et pour les âmes du purgatoire, en faveur desquelles on peut l'offrir.

Cette couronne n'est pas seulement précieuse par ses indulgences, c'est un acte d'amour au Sacré-Cœur, répété un grand nombre de fois et qui peut être accompagné d'une courte méditation sur les mystères du Sacré-Cœur, comme les Ave Maria du Rosaire, sont accompagnés d'une pieuse méditation sur les mystères de la vie de Marie.

Nous donnons dans ce volume une série de méditations ou de lectures en forme de retraite sur ces mystères du Sacré-Cœur. C'est comme pré­paration et comme thème de ces lectures que nous reproduisons ici cette triple couronne.

En 1852, cette pieuse pratique fut soumise au bienheureux Vianney, curé d'Ars. Il l'accueillit avec joie, l'encouragea et la bénit.

La triple couronne considère et honore le Cœur sacré de Jésus dans les Mystères de l'Incarnation, de la Rédemption et de l'Eucharistie.

Méthode pratique

POUR RECITER LA TRIPLE COURONNE
SUR LE CHAPELET ORDINAIRE

Ave, Cor Jesu, amantissimum et ama­bilissimum;1)
Te amamus, benedicimus et glorifica­mus;
Te laudamus cum igneis Seraphim;
Te exaltamus cum sublimibus Thronis;
Tibi gratias agimus cum omnibus An­gelis et Sanctis tuis;
Te diligimus cum Corde Mariae aman­tissimo et cum Joseph amabili sponso Ma­riae et patre tuo adoptivo;

Tibi cor nostrum offerimus, donamus, consecramus, immolamus;
Illud totum accipe, accende et infiamma;
Una oblatione consummasti in sempi­ternum sanctifcatos;

Sanguine tuo pretioso nos peramanter redemisti;
Te, Cor Jesu, expectabo et misericor­diam tuam praestolabor;
In Te, Cor Jesu, speravi, non confun­dar in aeternum.
Salut, Cœur très aimant et très aima­ble de Jésus;
Nous vous aimons, nous vous bénis­sons et nous vous glorifions;
Nous vous louons avec les Séraphins brûlants d'amour;
Nous vous exaltons avec le chœur su­blime des Trônes;
Nous vous rendons grâces avec tous vos Anges et tous vos Saints;
Nous vous aimons avec le Cœur très ai­mant de Marie et avec saint Joseph, l'aima­ble époux de Marie et votre père adoptif;
Nous vous offrons, donnons, consa­crons et immolons notre cœur; Prenez-le tout entier et embrasez-le;

Vous avez consommé par une seule oblation, ceux que vous avez sanctifiés pour l'éternité;
Par un excès d'amour, vous nous avez rachetés par votre sang précieux;
O Cœur de Jésus, je vous attendrai et je soupirerai après votre miséricorde;
J'ai espéré en vous, Cœur de Jésus, je ne serai pas confondu pour l'éternité.
* Ad crucem* Sur la croix
Veni, Sancte Spiritus, reple tuorum corda fidelium, et tui amoris in eis ignem accende.Venez, Esprit-Saint, remplissez les cœurs de vos fidèles et embrasez-les du feu de votre amour.
* Ad tres primas tesseras* Sur les trois premiers grains
V). Amatum sit ubiqueV). Aimé soit partout
R). Sacratissimum Cor Jesu (100 d. ind.).R). Le Sacré-Cœur de Jésus (100 j. d' ind. ).

Première Couronne

«Cœur sacré de Jésus, victime d'amour, je vous adore et je vous aime dans les my­stères de votre Incarnation».

Ier Mystère. - Oblation du Sacré-Cœur de Jésus dans le sein virginal de Marie.

Fruit du mystère: Offrir son cœur à Dieu dès le réveil, par le Sacré-Cœur de Jésus. (Invoca­tions comme ci-dessous à chaque dizaine).

IIe Mystère. - Le Sacré-Cœur de Jésus dans son enfance.

Fruit du mystère: La simplicité de cœur et l'obéissance à la sainte Eglise.

IIIe Mystère. - Le Sacré-Cœur de Jésus dans sa vie cachée à Nazareth.

Fruit du mystère: L'amour de sa condition et la fuite du monde.

IVe Mystère. - Le Sacré-Cœur de Jésus dans sa vie apostolique.

Fruit du mystère: Union au Sacré-Cœur de Jésus dans son apostolat.

Ve Mystère. - Le Sacré-Cœur de Jésus dévoué aux malades et aux pécheurs.

Fruit du mystère: Amour de compassion aux malades, de dévouement aux pécheurs.

* Ad tesseras majores* Sur les gros grains
V). Jesu, mitis et humilis Corde,V). Jésus, doux et humble de Cœur,
R). Fac cor meum sicut Cor tuum (300 d. ind.).R). Rendez mon cœur semblable au vôtre (300 j. d'ind.).
* Ad tesseras minimas* Sur les petits grains
V). Dulce Cor Jesu,V). Doux Cœur de Marie,
R). Fac ut te magis ac magis diligam (300 d. ind.).R). Faites que je vous aime de plus en plus (300 j. d'ind.).
* Post quamlibet seriem
decem invocationum
* Après chaque dizaine
V). Dulce Cor Mariae,V). Doux Cœur de Marie,
R). Sis salus mea (300 d. ind.).R). Soyez mon salut (300 j. d'ind.).

Deuxième Couronne

Cœur sacré de Jésus, brisé de douleur à cause de nos péchés, immolez mon cœur à votre amour souffrant.

Ier Mystère. - Le Sacré-Cœur de Jésus dans son agonie.

Fruit du mystère: Horreur et fuite du péché. (Invocations comme à la première Couron­ne).

IIe Mystère. - Le Sacré-Cœur de Jésus dans ses Humiliations.

Fruit du mystère: Douceur et patience dans les humiliations: pardon généreux.

IIIe Mystère. - Le Sacré-Cœur de Jésus dans ses souffrances extérieures.

Fruit du mystère: Sanctification des souffrances par la résignation.

IVe Mystère. - Le Sacré-Cœur de Jésus abandonné du ciel et de la terre.

Fruit du mystère: Abandon total au bon plaisir de Dieu.

Ve Mystère. - Le Sacré-Cœur de Jésus percé par la lance.

Fruit du mystère: Retraite de l'âme dans le Sacré-Cœur de Jésus.

Troisième Couronne

Cœur sacré de Jésus, Cœur aimable et toujours aimant, vivant d'amour pour nous dans la sainte Eucharistie, que je ne vive plus que pour vous aimer!

Ier Mystère. - Vie d'amour.

Fruit du mystère: Fidélité à visiter le Sacré-Cœur de Jésus au Saint-Sacrement et à assister au­tant que possible, au saint sacrifice de la Messe. (Invocations comme ci-dessous à chaque di­zaine).

IIe Mystère. - Vie de silence et de prière.

Fruit du mystère: L'âme recueillie dans le Sacré-Cœur de Jésus au milieu du monde.

IIIe Mystère. - Vie de sacrifices.

Fruit du mystère: Se sacrifier pour Dieu et ses frères, à l'exemple du Sacré-Cœur de Jésus.

IVe Mystère. - Vie outragée par les méchants.

Fruit du mystère: Faire chaque jour, au moins le vendredi, amende honorable au Sacré-Cœur de Jésus.

Ve Mystère. - Vie d'action, de grâces.

Fruit du mystère: Offrir sa reconnaissance au Cœur de Jésus par les saints Cœurs de Marie et de Joseph.

* Ad tesseras majores in 3a corona* Sur les gros grains à la 3e couronne
V). Laudatum, adoratum, amatum cum grati animi affectu, sit Eucharisti­cum Cor Jesu,V). Loué, aimé et remercié soit à tout instant le Cœur Eucharistique de Jésus,
R). Singulus omnibus orbis temporis momentis, in tabernaculis, usque ad consummationem saeculi (100 d. ind.).R). Dans tous les tabernacles du monde jusqu'à la consommation des siècles (100 j. d'ind.)
* Ad tesseras minimas* Sur les petits grains
V). Dulce Cor Jesu,V). Doux Cœur de Jésus.
R). Fac ut te magis ac magis diligam (300j. d'ind.)R). Faites que je vous aime de plus en plus (300 j. ind.).
* Post quamlibet seriem deceme invocationum* Après chaque dizaine
V). Dulce cor Mariae.V). Doux Cœur de Marie.
R). Sis salus mea (300 d. ind.).R). Soyez mon salut (300 j. d'ind.).
* POST TRIPLICEM CORONAM* APRES LA TRIPLE COURONNE
Accepta sit, Domine Jesus, Sacratissi­mo Cordi tuo pro compensandis tot ac tantis tibi, presertim in sanctissimo amo­ris Sacramento, illatis injuriis, devota cor­dium nostrorum oblatio et fac nos divinis­simi illius Cordis magis persentire dolo­rem, imitari virtutes et promereri favores. Qui vivis et regnas in saecula saeculorum Amen.Seigneur Jésus, daignez agréer l'oblation de nos cœurs, en réparation de tant et de si grandes injures qui sont faites à votre Sacré­Cœur, surtout dans le Sacrement de votre amour, et faites-nous la grâce de ressentir davantage les douleurs de ce divin Cœur, d'imiter ses vertus et de mériter ses faveurs. Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Cette triple Couronne, on le voit, est vraiment une fortune spirituelle pour les vi­vants et pour les morts, par les riches indulgences attachées aux invocations dont elle se compose, indulgences toutes applicables aux âmes du Purgatoire.

Qui n'aimerait une dévotion si aimable et si fructueuse? Aussi les princes de l'Eglise et plusieurs prélats l'ont-ils honorée de leur plus sympathique approbation.

Vu et approuvé par Nous:

 L. M. Card. CAVEROT, archevêque de Lyon.

 J. H. Card. GUIBERT, archevêque de Paris.

 V. A. Card. DECHAMPS, archevêque de Malines.

 Fr. Card. RICHARD, archevêque de Paris.

 JUSTIN, archevêque de Besançon.

 ARMAND, archevêque de Toronto.

 JOSEPH, archevêque de Bourges.

 PIERRE, évêque de Belley.

 MARIE-CAMILLE-ALBERT, évêque de Saint-Dié.

 J. B. JOSEPH, év. d'Arras, de Boulogne et de St-Omer.

 AMAND JOSEPH, évêque de Grenoble.

 LOUIS, évêque de Nîmes, d'Uzès et d'Alais.

 AUGUSTIN, évêque de Portland (Amérique).

Ces méditations peuvent se faire en tout temps, elles forment comme une longue re­traite d'amour au Sacré-Cœur. Elles peuvent aussi servir pour le mois du Sacré-Cœur pendant trois années consécutives.

Si l'on préfère les partager suivant les divers temps de l'année liturgique, la première couronne convient au temps de Noël, la deuxième au mois de mars que la Bienheureu­se Marguerite-Marie consacrait toujours à la Passion; la troisième au mois de juin, qui est dédié au saint Sacrement et au Sacré-Cœur.

Prières préparatoires

(A lire avant la méditation préliminaire)

Ant. Ecoute, ô ma fille, regarde, prête l'oreille et oublie ton peuple et la maison de ton père, alors le roi sera épris de ta beauté (et te donnera son Cœur) (Ps. 44).

Oraison. Seigneur Jésus, qui avez conduit d'une manière si suave votre épouse, la Bienheureuse Marguerite-Marie, dans la retraite sacrée de votre Cœur, comme dans un purgatoire d'amour, faites que, sous sa protection, nous puissions achever nos saints exercices sous l'influence d'une charité parfaite, dans votre Cœur, avec votre Cœur et par votre Cœur bien-aimé. Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles.

O Bienheureuse Vierge Marguerite-Marie, à laquelle le Cœur de Jésus s'est totalement confié, vous qui vous teniez devant ce Cœur comme une toile d'attente pour recevoir ses empreintes, obtenez-nous la grâce que ce Cœur, qui est notre Cœur à tous, s'imprime dans nos cœurs et qu'il y vive et règne parfaitement.

Seigneur Jésus, qui avez révélé d'une manière admirable les richesses infinies de votre Cœur à la Bienheureuse Marguerite-Marie, accordez­-nous, par ses mérites, la grâce de l'imiter et de vous aimer en tout et par­dessus tout, afin que nous méritions d'obtenir une demeure permanente dans ce même Cœur, vous qui vivez et régnez dans tous les siècles. Amen.

Meditation preliminaire

«Je suis venu allumer le feu sur

la terre» (S. Luc, XII)

Ce texte nous offre un sens nouveau depuis les révélations du Sacré­Cœur. Notre-Seigneur réservait pour les derniers temps un feu caché. Il est venu manifester et révéler ce feu en montrant à la Bienheureuse Marguerite-Marie les flammes qui entourent son Cœur et qui en jaillis­sent. Il y a là une lumière et une chaleur nouvelles. Il doit en résulter, si les âmes laissent agir ce feu, une illumination éclatante et un embrase­ment puissant. Ces effets doivent se produire particulièrement dans les retraites et même dans les méditations quotidiennes; et ils se produisent à la condition qu'on y suive bien la doctrine du Sacré-Cœur, qu'on y marche bien dans la voie nouvelle, la voie du Sacré-Cœur: Initiavit nobis viam novam (Ad Heb. X). Jésus nous a ouvert une voie nouvelle.

Cette doctrine, il faut la puiser aux vraies sources. On la trouve en sainte Gertrude, dans ses Insinuations du divin amour, qui sont les insinua­tions du Sacré-Cœur; dans Marguerite-Marie et dans les lumières re­çues et indiquées par quelques âmes privilégiées. On la trouve dans la source toujours nouvelle, l'Ecriture, mais l'Ecriture ouverte par cette clef nouvelle de la révélation du Sacré-Cœur.

Cette lumière nouvelle nous montre davantage l'amour de Dieu pour nous, l'amour du Sacré-Cœur pour nous. Ce feu nouveau, c'est le feu de l'amour et de l'immolation, montré par Notre-Seigneur à Marguerite-Marie, feu divin que le Sacré-Cœur veut communiquer à nos cœurs: «Quid volo nui ut accendatur. - Je veux, dit-il, que ce feu se propage».

Cette retraite, pour être conforme à la voie nouvelle, pour produire les fruits merveilleux promis par le Sacré-Cœur à cette voie nouvelle, doit être toute entière dans le Sacré-Cœur, avec le Sacré-Cœur et par le Sacré-Cœur. Elle doit nous redire tout l'amour de Dieu, tout l'amour du Sacré-Cœur qui va jusqu'à l'immolation pour nous, elle doit sacri­fier nos cœurs dans le feu de l'amour, elle doit les enflammer d'un feu inextinguible d'amour et d'immolation, en union avec le Sacré-Cœur et pour le Sacré-Cœur.

Les conditions pour bien faire cette retraite, pour en obtenir les fruits merveilleux qu'on est en droit d'en attendre, sont insinuées dans les prières préparatoires que nous avons dites. Méditons-les.

Audi, filia, et vide, et inclina aurem tuam et obliviscere populum tuum, et do­mum, patris tut, et concupiscet rex decorem tuum, (dabitque tibi cor suum). - Ecoute, ma fille, vois, prête l'oreille à mes paroles, oublie ton peuple et la maison de ton père, et le roi aimera ta beauté (et te donnera son cœur) (Ps. 44).

Ce psaume que vous venez de redire est un épithalame, comme l'inti­tule David: Canticum pro dilecto. C'est un chant de noces, le chant des no­ces de Jésus-Christ avec son Eglise, de Jésus avec Marie, du céleste Epoux avec chacune de nos âmes.

«Viens, ma fille, regarde, contemple, penche ton oreille, écoute». Il emploie tour à tour les noms les plus tendres: ma fille, ma soeur, mon épouse. Ce chant de noces, nous l'avons appliqué spécialement à la Bienheureuse Marguerite-Marie, l'épouse privilégiée du Cœur de Jésus; elle est, parmi toutes les vierges, une des épouses préférées, avec les Catherine, les Gestrude, les Mechtilde, etc. Nos retraites, nos oraisons doivent se faire sous la protection de la Bienheureuse qui en sera le mo­dèle et la patronne; elle est un peu notre mère, ou, si vous le voulez, no­tre sœur aînée. Nous passerons ces moments précieux dans l'attitude où nous voyons représentée la Bienheureuse, à genoux aux pieds de Notre-­Seigneur, le regard fixé sur son Cœur.

«Venez et contemplez». Cette invitation, l'Epoux l'adresse à toutes les âmes qu'il a prévenues de grâces particulières, et nous serions bien in­grats, si nous ne reconnaissions pas que nous sommes du nombre de ces âmes choisies: «Ma fille, dit-il à notre âme, considère mon Cœur et écoute ma parole pendant cette retraite, la parole de ma grâce, la parole de mon Cœur: inclina aurem tuant… incline ton oreille, car je parle tout bas au dedans des âmes».

Dans son incompréhensible bonté, le Roi céleste veut bien trouver en nous quelque beauté, et concupiscet Rex decorem tuum». Cette beauté, c'est celle des dons qu'il a mis en nous: les dons de la nature, qui sont un ve­stige de son Etre divin; les dons de la grâce, qui sont une image, une imi­tation de sa beauté. Et nous ajoutons au texte sacré un commentaire qui est bien dans l'esprit du psaume: «et il donnera son Cœur». Le texte indique seulement que l'Epoux veut faire à l'épouse un don royal; ce don royal, c'est le don que Jésus veut nous faire de son propre Cœur. Ce don royal, Notre-Seigneur l'a fait d'une manière admirable à la Bienheureuse Marguerite-Marie.

Mais, pour entendre la parole de l'Epoux et recevoir ce don, il y a des conditions: «Obliviscere populum tuum et domum patris tui: Oublie ton peuple et la maison de ton père». Il faut tout quitter, laisser tout ce qui nous oc­cupe et nous préoccupe d'ordinaire, quitter non seulement les affaires et le vain bruit du monde, «oublie le peuple», mais aussi ce qui nous est le plus cher, le plus intime «et la maison de ton père». Que notre seule af­faire soit de considérer le Cœur de Jésus.

Nous demandons à Notre-Seigneur que nos exercices spirituels se fas­sent en son Cœur, avec son Cœur et par son Cœur.

En son Cœur: c'est là que nous voulons habiter durant ces heures bé­nies; le Cœur de Jésus sera notre demeure, notre refuge, le lieu de notre retraite.

Avec son Cœur: nous ferons ces pieux exercices avec les sentiments du Cœur de Jésus, avec ses sentiments d'amour pour son Père et pour les hommes, avec ses sentiments de douceur et d'humilité.

Par son Cœur: nous serons assistés de la grâce du Cœur de Jésus. Toute cette retraite sera employée à lire le Cœur de Jésus, ce livre écrit dedans et dehors: librum scriptum intus et foris; nous le lirons, nous l'étudierons, nous le dévorerons, nous y considérerons les mystères de son enfance et de sa vie cachée en attendant qu'il nous soit donné d'y contempler, dans les autres retraites, les mystères de sa Passion et de son Eucharistie. «Accipe librum et devora illum, et faciet amaricari ventrem tuum, sed in ore tuo erit dulce tanquam mel (Apoc. X): Prends ce livre, dévore-le, il mettra l'amertume en tes entrailles, mais il sera doux comme le miel à ta bouche». Il aura le miel des affabilités, de la suavité du Cœur de Jésus­-Enfant; mais aussi, il aura une amertume pour tes entrailles, l'amertu­me de la compassion quand tu songeras que l'amour n'est point aimé, que toi-même tu ne l'aimes pas comme tu devrais l'aimer. Notre-­Seigneur lui-même, en présentant son Cœur à la Bienheureuse Marguerite-Marie, lui montrait la douceur et l'amertume qu'elle y trou­verait: «Voilà ce Cœur, qui a tant aimé les hommes!» Voilà le miel, la douceur de l'amour «et qui ne reçoit de la plupart que de l'ingratitude». Voilà l'amertu­me de la douleur.

La Bienheureuse Marguerite-Marie habitait dans le Cœur de Jésus comme dans un purgatoire d'amour. Qu'est-ce que ce purgatoire d'amour? Toute retraite doit commencer par une purification. Ordinai­rement ce sont les grandes vérités, les fins dernières que l'on expose; c'est la crainte de la mort, du jugement et de l'enfer qu'on fait agir sur les âmes pour les forcer à se purifier. Pour nous, enfants du Cœur de Jésus, nous rechercherons plutôt la purification opérée par les flammes de l'amour. Quand, après avoir contemplé les mystères de Jésus-Enfant, nous serons épris de ses charmes, de sa beauté, nous pleurerons de voir les larmes de cet Enfant divin causées par nos péchés. Ce sera le purga­toire de l'amour compatissant.

C'est ce glaive de douleur qui a transpercé le Cœur de la sainte Vier­ge, quand elle a vu Jésus s'humilier et souffrir pour nos péchés: douleur plus méritoire que toutes les mortifications parce que c'est le sacrifice du cœur.

La Bienheureuse Marguerite-Marie se tenait devant Notre-Seigneur comme une toile d'attente, toile bien blanche, bien belle, bien purifiée dans ce purgatoire d'amour. Sur cette toile, Notre-Seigneur comme un habile peintre, dessinait l'image de son Cœur. Ce n'était pas une pein­ture morte, mais une image vivante qui reproduisait les traits du divin Maître; cette âme, illuminée et purifiée par le Cœur de Jésus, était si semblable à son adorable modèle, qu'elle réalisait cette unité mystique qui est le dernier terme de l'union avec le Cœur de Jésus. Nous aussi, soyons devant Notre-Seigneur comme une toile bien blanche où il impri­mera le sceau de son Cœur; il nous purifiera, il nous éclairera, il nous élèvera enfin à cette union parfaite dans laquelle on ne fait plus qu'un avec lui. Alors nous pourrons dire avec saint Paul: «Vivo, non ego, vivit ve­ro in me Christus. -je ne vis plus, c'est Jésus Christ, c'est son Cœur qui vit en moi» (ad Gal. II). Demeurons donc aux pieds de Notre-Seigneur avec un regard de tendresse, avec un effort d'amour, dans l'amertume de nos fautes et la joie du pardon, sous un rayon de lumière et de béné­diction.

Résolution. - O mon bon Maître, je viens à vous, je me tiendrai devant vous dans le calme, dans un pieux recueillement, comme une toile d'at­tente. Je contemplerai paisiblement et amoureusement les mystères de votre vie. Je serai docile à votre grâce et à votre amour. Ainsi je me déta­cherai facilement des créatures et je purifierai mon cœur dans le feu de votre amour, pour entendre votre douce voix qui veut m'offrir le don de votre Cœur.


1)
Invocations du Vén. P. Eudes.
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  • ostatnio zmienione: 2022/06/23 21:40
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