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PETIT DIRECTOIRE POUR LES
RECTEURS

Règlements divers
des
prêtres du Sacré-Cœur

Règles pour les Supérieurs

Les Supérieurs locaux sont nommés pour trois ans par le Provincial et son Conseil avec la confirmation du Supérieur Général. Ils peuvent être confirmés, s'il y a une raison grave, pour trois années.

Quand un Supérieur est nommé pour trois ans, ses pouvoirs expirent avec la fin de son triennat. Il conserve cependant l'administration de sa maison jusqu'à la venue de celui qui le remplacera ou jusqu'à qu'il ait reçu sa seconde nomination.

Le Supérieur est nommé par un acte authentique signifié à la commu­nauté qu'il sera appelé à diriger. Il en sera de même, s'il est réélu pour un second triennat.

Le Supérieur local élu pour trois ans ne peut être déposé de son emploi ou transféré ailleurs avant l'expiration de son triennat que pour raison grave et du consentement du Conseil généralice.

Le Supérieur local doit être prêtre et profès des voeux perpétuels.

Les fonctions du Supérieur sont:

1° De gouverner et administrer la maison qui lui est confiée confor­mément aux constitutions.

2° D'accorder, à l'occasion, des dispenses communes relative au rè­glement quotidien.

3° En cas d'urgence d'accorder en particulier une dispense relative­ment aux règles générales.

4° De veiller à ce que tous aient le nécessaire pour la nourriture, le vê­tement et le logement.

5° De permettre les dépenses ordinaires pour les réparations de la maison.

6° De veiller à ce que les messes soient acquittées exactement: soit quant au nombre, soit quant aux conditions.

Chaque maison de l'Institut administre ses biens propres par l'écono­me local, sous la surveillance immédiate du Supérieur local, qui ne peut pas remplir lui-même les fonctions d'économe.

Chaque maison remettra chaque année à la caisse qui est à la maison généralice (ou provinciale) ce qui est prescrit par les constitutions et le Chapitre.

Le recteur organise avec soin les retraites du mois et veille à l'observa­tion des règlements.

S'il doit s'absenter de la maison, il préviendra son assistant.

Il fera bien de s'intéresser au travail, aux études de ses subordonnés. S'ils sont peu occupés dans la maison, il leur procurera quelque travail dans une de nos maisons de la région ou dans quelque œuvre.

Il doit régler les réunions mensuelles du cas de conscience selon les prescriptions du Codex.

Il veille à ce que la tenue et le costume de tous réponde à leur condi­tion de religieux.

Pour les maisons non formées et qui n'ont pas au moins quatre prêtres et deux frères, le Supérieur n'est pas à proprement parler un recteur, mais il a la même autorité.

Les recteurs feront bien de relire tous les mois à leur retraite ce petit Directoire.

Le Conseil de chaque maison sera composé de deux profès choisis par le Supérieur général ou provincial assisté de son Conseil.

L'économe est également désigné par le R. P. Provincial en son Con­seil.

Il appartient au Supérieur local de désigner les religieux chargés des autres emplois de sa maison.

=====II. – Les Supérieurs selon le Sacré-Cœur, d’après la Bienheureuse Marguerite-Marie

Notre-Seigneur Jésus-Christ est l'unique Supérieur et ceux qui por­tent ce nom ne doivent se regarder que comme ses délégués, et en quel­que sorte, comme les sacrements de son amour plus encore que de son autorité divine. Aussi est-ce à l'école du Cœur de Jésus, au Saint Taber­nacle, que la Bienheureuse Marguerite-Marie convie les Supérieurs, s'ils veulent apprendre à remplir dignement leur emploi si difficile.

D'après la servante de Dieu, toute leur fonction doit se borner à étu­dier et à exécuter les desseins d'amour de ce divin Cœur sur leurs infé­rieurs et tout le secret du gouvernement des autres se trouve dans l'union avec ce Cœur sacré. - Un bon Supérieur doit donc gouverner non avec son cœur humain, mais en quelque sorte avec le Cœur de Jésus auquel il se sera comme identifié par l'amour.

Telle est toute la science du gouvernement exposée par la Bienheureu­se dans diverses réponses qu'elle dut donner à des Supérieures qui l'avaient consultée: science sublime que la servante de Dieu apprit de Notre-Seigneur lui-même, et qu'elle mit en application dans les fonc­tions importantes de maîtresse des novices, de directrice de pensionnat et d'assistante.

Ecoutons les enseignements que la Bienheureuse a laissés: l° sur les sentiments qui doivent animer les Supérieurs à l'égard de leur charge; 2° sur la manière de gouverner selon l'esprit du Sacré-Cœur.

====A. Sentiments qui doivent animer les Supérieurs par rapport à leur charge==== Deux sentiments doivent animer les Supérieurs par rapport à leur charge: une grande défiance d'eux-mêmes, en considérant la pesanteur de leur fardeau, et une inébranlable confiance dans le Cœur de Jésus. Ce Cœur sacré les ayant choisis pour le représenter moins dans l'exerci­ce de son autorité divine que dans la manifestation de son amour, ne manquera pas de les assister, s'ils s'appuient uniquement sur lui et non sur eux-mêmes. Il résulte de là que si l'on ne doit jamais s'ingérer de soi­-même dans la charge de Supérieur, il ne faut pas non plus la refuser avec obstination quand la volonté de Dieu s'est manifestée.

La Bienheureuse Marguerite-Marie donnait d'innombrables exem­ples de cette défiance et de cette humilité qu'il faut pratiquer à l'égard des charges. Non seulement elle ne se permit jamais de les rechercher, mais elle les refusait avec une telle persistance qu'elle en fut blâmée par Notre-Seigneur.

Cependant, comme nous l'avons dit, tout en redoutant pour elle­-même et pour les autres les charges et les dignités, la Bienheureuse com­prenait qu'il ne faut pas les refuser, quand Dieu les impose et même qu'il faut les accepter avec confiance et courage.

«Il faut recevoir de la main du Seigneur les emplis comme tout le res­te, sans rien demander, ni refuser, écrivait-elle à une religieuse. Il faut nous abandonner et par un parfait oubli de nous-mêmes, ne rien vouloir, ni désirer, et nous trouverons tout en Dieu. Le Cœur de notre bon Sau­veur regarde avec complaisance votre très honorée Mère, dans la place qu'elle occupe, parce qu'il l'y a mise de son choix. C'est pourquoi j'espè­re qu'il en aura soin, pourvu qu'elle mette en lui toute sa confiance».

Science sublime que celle de gouverner selon l'esprit du Sacré-Cœur! On peut la résumer dans ces seuls mots: laisser le Cœur de Jésus diriger et se contenter de seconder doucement mais fortement son action, en sorte que chaque Supérieur puisse dire: Ce n'est pas moi qui gouverne, c'est le Sacré-Cœur qui gouverne par moi; je ne suis que son humble et docile instrument.

La Bienheureuse Marguerite-Marie donne sur ce point les leçons les plus belles. Elle indique d'une façon précise ce que le Supérieur doit faire:

1° A l'égard de lui-même.

2° A l'égard du Sacré-Cœur.

3° A l'égard de la communauté en général.

4° A l'égard de chaque sujet.

A l'égard de lui-même. - Le Supérieur doit faire deux choses: se con­sacrer au Sacré-Cœur de Jésus et se tenir constamment uni à ce divin Cœur.

La Consécration au Sacré-Cœur doit être le premier acte d'un Supérieur qui entre en charge.

Ayant appris qu'une de ses intimes amies, la soeur de Sourdeilles, ve­nait d'être élue Supérieure de la Visitation de Moulins, la Bienheureuse Marguerite-Marie lui écrivit aussitôt: «Le Seigneur sait combien je vous aime et le désir que j'ai qu'il remplisse votre cœur de l'abondance de ses grâces et de son pur amour. Je vous dirai simplement comme à une vraie amie dans l'adorable Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que lors­que je le prie pour vous, cette pensée me vient que si vous désirez vivre toute pour lui et arriver à la perfection qu'il désire de vous, il faut faire à son Sacré-Cœur un entier sacrifice et une consécration absolue de vous­-même et de tout ce qui dépend de vous».

Cette consécration ne doit pas être une donation ordinaire, mais un abandon complet, un sacrifice tout entier que le Supérieur fait de lui-même et de tout ce qui dépend de lui.

Il doit renoncer à se conduire d'après son propre esprit, à agir d'après sa volonté personnelle, à aimer par ses affections humaines pour ne se laisser guider en tout que d'après les lumières et les mouvements du Sacré-Cœur.

Cette grâce s'obtient par l'union habituelle avec ce divin Cœur et par la conformité de vie, de pensées et de sentiments avec lui. Tel est le se­cond devoir personnel d'un Supérieur.

«Il me semble, disait encore la Bienheureuse à la Mère de Sourdeilles, que ce mot de Supérieur ne veut dire autre chose sinon une image vivante de Jésus-Christ qu'il doit représenter en tout. Lorsque Notre-Seigneur élève quelqu'un à cette dignité, il veut un entier dépouillement de tout propre intérêt, en lui laissant le soin de nous-mêmes pour ne penser qu'à se bien acquitter de son œuvre. Il veut qu'on ne regarde en tout que sa plus grande gloire, qu'on n'aime que par l'amour de son Sacré-Cœur et qu'on n'agisse que dans son esprit, le laissant vivre, régner et agir lui-même autant qu'il est à notre pouvoir, d'autant qu'il me semble qu'il n'y a rien de plus à craindre ni de plus difficile que de rendre compte d'autrui.

Unissez-vous donc à ses desseins qui sont grands sur vous, car il peut se procurer beaucoup de gloire par vous, si vous le laissez faire. Alors il réparera ce qu'il pourrait y avoir d'imparfait dans vos actions et il sanc­tifiera les bonnes».

L'œuvre principale confiée à tout Supérieur, c'est l'extension du règne du Sacré­Cœur. - Ecrivant à la Mère Dubuisson qui avait remplacé la Mère de Sourdeilles dans le gouvernement de la Visitation de Moulins, la Bien­heureuse lui disait: «Que tout votre désir soit d'aimer, d'honorer et de glorifier ce divin et tout aimable Cœur et n'épargnez pour cela ni vos soins ni vos peines, car c'est là le moyen le plus essentiel pour entrer dans son amitié, et pour attirer sur vous et sur votre sainte communauté l'abondance de ses grâces sanctifiantes et le règne de son ardente charité».

«Oubliez-vous vous-même et tous vos intérêts, écrivait-elle à la supé­rieure d'un couvent d'Ursulines, pour ne plus penser qu'à l'augmenta­tion de la gloire du Sacré-Cœur de Notre-Seigneur J.-C. dans l'emploi qu'il vous a confié. Je crois que cet adorable Cœur vous sera très libéral de ses grâces après que suivant les lumières qu'il vous donnera, vous au­rez adouci l'amertume qu'il reçoit».

Comment les Supérieurs doivent-ils s'efforcer de glorifier et de conso­ler le Cœur de Jésus? Où doivent-ils avant tout exercer leur apostolat? Sans circonscrire leur zèle dans leur maison, c'est cependant surtout là qu'ils doivent le manifester, soit à l'égard de la communauté en général, soit à l'égard de chaque sujet.

A l'égard de la communauté. - Le Supérieur doit s'efforcer de mériter pour soi l'éloge adressé par la Bienheureuse à la Supérieure d'une mai­son de la Visitation: «Votre communauté est selon le Cœur de Jésus. N.-S. y fait ses délices».

Pour cela il faut que le Supérieur s'applique à ce que dans sa maison on rende au Cœur de Jésus tous les hommages qu'il demande et surtout à ce qu'on y pratique toutes les vertus que ce divin Cœur attend de ses fidèles serviteurs, spécialement la charité.

Saint François de Sales se plaignant un jour à sa sainte fille de divers abus qui s'étaient glissés dans quelques couvents de la communauté, lui dit: «La trop grande douceur des Supérieures qui s'est glissée avec la complaisance des créatures, est la cause de tous ces manquements et de beaucoup d'autres; il faut donc que ce soit par l'esprit d'une aimable ri­gueur et d'une vigilance continuelle que tous ces défauts soient corrigés, puisque Dieu donne les grâces nécessaires à chacune en particulier, si l'on veut s'en servir. Au jour de ma fête (1673) je viendrai pour choisir mes vraies filles qui possèdent mon vrai esprit et je les écrirai dans mon cœur pour les offrir sans cesse à la divine Majesté en odeur de suavité pour suppléer aux imparfaites».

«Notre-Seigneur me fit ensuite connaître, continue la Bienheureuse, que si l'on ne se corrigeait pas des manquements à la charité, sa miséri­corde se retirerait pour laisser agir sa justice, parce que la charité est le caractère et le véritable esprit des filles de saint François de Sales et des enfants du Sacré-Cœur.

4° La sollicitude des Supérieurs doit s'étendre à tous les inférieurs sans exception et se manifester par un dévouement sans bornes aux intérêts, surtout à la sanctification de chacun d'eux. Ce dévouement étant puisé dans son unique source véritable, dans le Cœur de Jésus, fera de chaque Supérieur auprès de ses sujets un auxiliaire actif et zélé de ce divin Cœur. Le Supérieur s'efforcera donc avant tout de connaître les des­seins de ce Cœur sacré sur chacune des âmes confiées à sa sollicitude, et ensuite par une direction prudente et ferme il aidera celles-ci à répondre aux divines exigences de la grâce.

Dans les diverses charges de directrice du pensionnat, de maîtresse de novices et d'assistante que la Bienheureuse dut remplir, elle eut sou­vent l'occasion de manifester les trésors de charité, de sagesse et de dé­vouement que le Cœur de Jésus lui avait si largement départis pour la conduite des autres.

Il y avait plaisir à l'entendre parler de Dieu, disaient les contemporai­nes, elle le faisait d'une manière si forte et si insinuante que les plus tiè­des étaient animées à aimer Notre-Seigneur. elle ne pouvait tenir d'au­tres discours que de l'amour pour Jésus et son Cœur sacré et de la sou­mission au bon plaisir de Dieu, «les moyens les plus sûrs pour arriver à la sainteté, disait-elle».

Ce qui donnait aux paroles de la vénérable soeur une force extraordi­naire, c'est qu'elle ne savait refuser aucun service, aussi venait-on re­courir souvent à son obligeante charité; souvent même elle allait s'offrir à ses soeurs pour les aider dans leurs fonctions.

Ces quelques pages suffisent pour faire comprendre aux Supérieurs ce que le Sacré-Cœur attend d'eux; elles leur montrent ce qu'ils doivent être et ce qu'ils doivent faire, pour mériter la qualification si glorieuse de «Supérieurs selon le Sacré-Cœur».

Tous les matins à l'examen de prévoyance, vous vous direz: «Dieu m'a confié ses enfants pour que je sois leur père et leur directeur».

Ma mission, comme père, est de les former à la vertu.

«Si par ma faute une de ces âmes souffre ou n'est pas consolée, si par ma faute elle ne pratique aucune vertu, Dieu me punira parce que je n'aurai pas rempli la tâche qu'il m'a imposée».

Le soir récitez une prière, v. gr: une dizaine de chapelet, pour ceux de vos enfants que vous auriez commises ou laissé commettre et cherchez si le lendemain vous n'avez rien à réparer.

Votre double mission vous impose quatre devoirs: aimer vos enfants, les édifier, les instruire, les corriger.

§ 1. aimer vos enfants

Vous devez aimer vos enfants, parce que vous tenez auprès d'eux la place de Jésus-Christ.

Si le Sauveur vivait encore, ils seraient allés joyeux se ranger autour de lui, vivre sous sa dépendance, le servir, le suivre partout.

Jésus n'est plus là visiblement, mais il a dit à chacun d'eux: «Mon en­fant, ce supérieur me remplace, va près de lui: aime-le comme tu m'ai­merais». Et il est venu plein de confiance se donner à vous, comme il se serait donné a Jésus-Christ. Imaginez un instant l'affection que Jésus lui aurait portée.

Mon Dieu! quand je vois tout ce que vous faisiez pour vos apôtres, aux petits enfants, même aux âmes coupables, quand je vous vois les ap­peler, les rapprocher de vous, les instruire lentement, patiemment, les encourager, n'ai-je pas le droit de penser que vous en auriez fait autant pour ces enfants? Si vous les aviez vus tristes, ennuyés, comme vous les auriez consolés!

S'ils avaient souffert de quelque maladie, comme vous les auriez soi­gnés!

Si leur caractère difficile les avait rendus moins aimables, comme vous auriez pris sans jamais vous lasser tous les moyens pour les rendre plus doux et plus affables!

Tout amour vrai a pour but de rendre heureuse la personne qu'on ai­me.

Or, rendre heureux quelqu'un, c'est se dévouer à lui, c'est chercher chaque jour à deviner ce qui peut lui procurer un bien réel pour son âme, 'son intelligence, son cœur, c'est le supporter avec ses défauts, ses bizarreries de caractère, et montrer à tous le même visage calme, bon, le plus souvent souriant.

C'est compatir aux faiblesses de tous et ne pas s'irriter de leurs défauts.

C'est les recevoir avec douceur, quand ils viennent demander une permission, un moment d'entretien; leur donner toujours une bonne pa­role, quand on ne peut pas accéder à leur désir; donner une bonne paro­le est toujours possible.

C'est écouter avec mansuétude leurs plaintes, souvent mal fondées, les consoler dans leurs afflictions et leurs inquiétudes.

C'est les soulager dans leurs souffrances physiques, les soigner même au-delà du nécessaire dans leurs indispositions et leurs infirmités.

C'est pourvoir avec un certain empressement à tout ce qui regarde le logement, la santé, la nourriture, le vêtement.

C'est les aider à porter le fardeau de la vie commune qui a bien aussi ses misères, soit en leur rendant service, soit en leur faisant plaisir.

C'est non seulement leur donner auprès de vous un libre accès, mais c'est encore les prévenir quand vous voyez qu'ils n'osent pas vous exposer leurs besoins; c'est aller les chercher quand ils vous fuient, malgré toutes les répugnances que votre amour propre peut éprouver.

Adoucissez les peines intérieures que Dieu enverra à vos enfants. Pre­nez en pitié et soignez avec dévouement ces maladies spirituelles: scrupu­les, tentations, mélancolies, découragements, qui sont souvent si douloureuses.

Une chose bien importante, c'est de dilater les âmes, or il n'y a que l'amour qui les dilate.

Donnez à tous la facilité d'accomplir chacun des points de la règle: re­traites particulières, retraites du mois, visites au Saint-Sacrement.

«La perfection du gouvernement, disait saint François d'Assise, con­siste dans cinq mots: aimer, veiller, supporter, pardonner, nourrir» et encore le mot aimer dirait-il tout.

L'amour est fort, il empêchera que vous ployiez sous le poids de votre charge.

L'amour est ingénieux, il vous fera trouver des industries de toutes sor­tes pour gagner les âmes.

L'amour est attirant, il finira par vous attacher tous les cœurs.

«Je ne dis pas, écrivait saint François de Sales à une Supérieure, que vous soyez flatteuse, cajoleuse, mais soyez douce, aimable, affable. Ai­mez d'un amour cordial, maternel et pastoral toutes vos filles. Soyez toute à tous, mère à chacune et secourable à toutes. C'est la seule condition qui suffit et sans laquelle rien ne suffit».

Quand vous serez embarrassé pour agir, demandez-vous: si Jésus­Christ était là, que me dirait-il de faire?

Aimez! une parole affectueuse, disait saint Vincent de Paul, suffit pour calmer de graves inquiétudes et pour rendre un inférieur content et heureux.

§ 2. edifier vos enfants

1. L'exemple de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui commença parfai­re, puis enseigner. Comment ferez-vous un reproche, si vos enfants peu­vent vous dire: Vous faites comme nous.

2. Vous êtes placé par Dieu à la tête de vos frères pour qu'ils vous sui­vent dans le chemin de la règle et de la sanctification.

3. Vous êtes comme un flambeau pour qu'à votre clarté tous puissent voir ce qu'ils doivent pratiquer.

4. L'exemple fait sur tous une impression vive et entraînante.

5. L'autorité sans l'exemple aigrit et rend odieuse la vie de commu­nauté.

L'édification s'étend à tout. - Soyez grave, recueilli dans votre exté­rieur et cependant affable.

Soyez le premier et le plus exact à tous les exercices publics.

Gardez le silence comme le dernier de vos frères. Parlez plutôt à voix un peu basse. Récitez les prières assez lentement.

Accueillez cordialement tout le monde. Evitez la raillerie, l'indiscrétion.

Ayez la réputation d'être pieux en restant réellement uni au Bon Dieu.

Si on peut dire de vous: Il ne fait rien sans consulter Dieu, vous épargne­rez beaucoup de murmures. - La piété d'ailleurs ne se simule pas; c'est un don de Dieu qu'il faut demander et mériter.

Sainte Thérèse écrivant à une supérieure, lui disait: «Le Seigneur m'a fait connaître qu'il vous manque ce qu'il y a de plus fondamental dans votre charge, c'est-à-dire la piété et l'esprit d'oraison; or, quand la base manque, l'édifice s'écroule, car le défaut de piété entraîne toujours le dé­goût des choses de Dieu: le trouble de l'âme, le chagrin de l'esprit, la fierté dans les paroles et un visage sec, sévère ou évaporé. De là nulle inclination à obliger, point de cœur, point de prévenance, point de charité, peu d'esprit religieux et quelquefois à peine le sens commun dans les juge­ments portés sur les inférieurs…

Acceptez aussi avec une douce résignation les peines qui vous arri­vent. Parlez souvent de la Providence.

Sachez vouloir ce que Dieu veut.

§ 3. instruire vos enfants

1. Vous êtes le père spirituel de ces âmes, vous devez les nourrir du pain spirituel qui est la connaissance et l'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Vous êtes leur directeur, leur guide pour les conduire au ciel; il faut leur montrer le chemin et les prémunir contre les dangers et les difficul­tés.

2. Chacune de ces âmes est appelée à un degré spécial de perfection et Dieu veut se servir de vous pour l'y conduire.

1. Lectures et conférences. Il y a des livres à faire lire en lectures publi­ques et d'autres à conseiller à chacun.

Quelques-uns sont connus comme:

Rodriguez: Traité de la perfection chrétienne.

Saint Jure: L'homme religieux.

Id: La connaissance de Jésus-Christ.

P. Neveu: L'esprit du Christianisme.

S. François de Sales: Ses lettres. L'esprit de S. François de Sales.

Id: La vraie et solide vertu (extraite de ses œuvres).

S. Liguori: La pratique de l'amour de Dieu.

Id: Le pouvoir de Marie, etc., etc.

P. Grou: L'intérieur de Jésus et de Marie.

Id: Le manuel des âmes intérieures.

P. Lombez: Traité de la paix intérieure.

Quelques vies de saints ou de fondateurs d'ordres:

Vies de saint François de Sales - de sainte Chantal.

Id: de M. Olier - du P. Lacordaire.

Id: de Me Barat - de Me Duchesne.

P. Giraud: L'esprit et la vie de sacrifice dans l'état religieux.

P. Valuy: Les vertus religieuses.

P. Potel: Les principes de la vie religieuse.

(Ces trois volumes conviennent pour les conférences quotidiennes ou

hebdomadaires).

Chaque maison doit avoir aussi sa bibliothèque du Sacré-Cœur où il faut mettre:

La vie et les écrits de la bienheureuse Marguerite-Marie qu'on trouve à la Vi­sitation de Paray.

Le règne du Sacré-Cœur (5 volumes).

Le Catéchisme du Sacré-Cœur à Montmartre.

P. Croiset: Dévotion au Sacré-Cœur.

P. Franciosi: Id.

Fastes de la dévotion au Sacré-Cœur: à Evreux, imprimerie de l'Eure.

Mois du Sacré-Cœur d'après la bienheureuse Marguerite-Marie, chez Poussielgue.

Vie de la Vénérable Anne de Rémuzat, etc.

Les conférences doivent être préparées avec soin pour qu'elles ne soient pas ennuyeuses; elles doivent être prudentes pour qu'on n'y décou­vre aucune allusion à des fautes ou des défauts qu'on connaîtrait par la direction.

Elles doivent être pratiques et ramenées ordinairement à l'esprit, aux Règles et aux coutumes de la Congrégation.

2. Avis et direction. - C'est surtout dans les pieux entretiens que vous avez seul à seul avec chacun de vos religieux que vous pourrez leur être immensément utile.

La direction est difficile. Les âmes manquent souvent de confiance; el­les craignent une indiscrétion; elles ont peut-être été une fois rebutées; elles craignent de n'être plus estimées.

Si on ne vous dit rien, ne vous impatientez pas, ne rudoyez pas; ne gardez pas longtemps ce dirigé; demandez ses prières. Puis vous prierez et vous attendrez un temps plus favorable.

Ne parlez ni des péchés, ni des tentations qui font rougir.

Voici un sommaire de questions qui vous aidera:

Bonheur dans la Communauté: Demandez ce qui rend heureux, ce qui rend triste. S'il n'y a pas de réponse précise, passez vite. Conseillez la ferveur.

L'emploi: Si on y éprouve des difficultés. Louez le travail, compatissez aux ennuis, cherchez les moyens d'alléger les peines.

Vertus: Quelle est celle qu'on a essayé d'acquérir depuis la dernière di­rection. Indiquez les moyens.

Sacrements: Si on en tire des fruits; si on reçoit quelques grâces.

Charité fraternelle: ce qui la refroidit. Ne questionnez guère sur les ami­tiés particulières qu'on n'avoue pas volontiers. Il faut dénouer lente­ment ces liens; vouloir les couper c'est les serrer davantage et exciter les passions mauvaises là où il n'y avait que sympathie et enfantillage.

Santé: S'étendre sur la santé, les causes qui l'affaiblissent, les soins qu'elle exige, accorder largement les permissions particulières qui sont demandées avec simplicité même pour le lever du matin.

Fidélité aux exercices de la Règle: Insister sur cette fidélité, mais douce­ment et suavement, demander quels sont les exercices qui ennuient et pourquoi, excuser toujours un peu en encourageant à mieux faire.

Fidélité à l'oraison surtout; c'est le point essentiel pour le soutien des âmes; demander la méthode qu'on emploie, approuver, modifier, con­seiller, mais toujours avec bonté et discrétion.

Lettres. - Quand vos frères sont loin de vous, écrivez-leur quel­quefois pour les encourager; répondez toujours et bientôt à toutes les let­tres qu'ils vous adressent.

Vos lettres produiront un grand bien, si elles sont paternelles. Voyez celles de saint François de Sales.

§ 4. corriger vos enfants

1. Vos frères vous sont confiés par Dieu afin que vous les aidiez à de­venir saints. C'est vous qui devez leurs montrer les défauts, les inclina­tions, les habitudes qu'il faut déraciner. Si ces âmes se perdent par votre négligence à les surveiller, à les avertir, à les punir, Dieu vous demandera compte de la perte de ces âmes.

2. Non seulement vous devez la correction à ces chères âmes pour leur bien à elles, mais aussi vous la leur devez pour le bien des autres.

Il y a en effet des âmes bonnes, mais faibles, que les mauvais exemples scandalisent et entraînent. Craignez de nuire par votre faiblesse à ces âmes aimées du Sacré-Cœur.

N'oubliez pas que le but à atteindre n'est pas de punir, mais de corri­ger; il n'est pas d'humilier, mais de sanctifier.

1. Choisissez le temps favorable, celui par exemple où il vous semblera que le coupable est plus uni à Dieu, où il vous témoignera plus de con­fiance, où vous aurez l'occasion de lui faire plaisir.

2. Donnez ordinairement à celui qui a fait la faute le temps de se recon­naître et de se calmer.

3. Agissez avec un grand calme extérieur, avec une grande douceur de paro­les, une patience à toute épreuve pour écouter la justification, une charitable condescendance pour accepter les excuses, une douce fermeté enfin pour exi­ger ce qui est juste.

4. Surnaturalisez votre intention. S'il y a chez vous antipathie naturelle ou émotion trop vive, attendez que ces sentiments soient apaisés et priez Dieu.

5. Punissez peu, encouragez beaucoup. Pardonnez facilement, oubliez surtout; que votre visage pendant et après la correction, ne témoigne que le bonheur d'avoir fait du bien.

6. Reprenez secrètement les fautes secrètes. Si une réparation publique est nécessaire pour des fautes publiques, il vaudra mieux ordinairement que vous ayez déjà averti le coupable et gagné son cœur.

7. Ne reprenez pas trop souvent et pour des minuties. Trop de rigueur aigrit les caractères et ferme les cœurs.

NOTE 1. - Il peut y avoir des incorrigibles par l'âge et l'habitude. Il faut alors fermer les yeux sur certaines choses, autrement on n'aboutit qu'à les aigrir. «Les nerfs de leur esprit, dit saint François de Sales, com­me ceux de leur corps ont déjà fait contraction et ont perdu leur souples­se».

NOTE 2. - Il peut aussi y avoir des incorrigibles par opiniâtreté et mauvais esprit. Priez pour eux tous les jours, demandant trois choses à Dieu: qu'ils se convertissent; qu'ils ne nuisent pas aux autres; que votre charité pour eux ne se lasse jamais.

Ne les rebutez pas. Donnez-leur des emplois qui les occupent de préfé­rence en dehors des autres.

Témoignez-leur un peu de confiance et de bonté, afin que leurs plain­tes et leurs murmures soient manifestement injustes.

Faites comme un médecin qui veut se rendre le témoignage qu'il n'a rien négligé pour la guérison de son malade.

1. Un supérieur tient la place de Jésus-Christ. Il doit comme lui éclai­rer et réchauffer les âmes.

2. Les vertus et les défauts d'une communauté viennent ordinaire­ment du supérieur.

3. Les supérieurs qui veulent s'acquitter de leur devoir ont toujours beaucoup à souffrir.

4. Ils doivent se rappeler l'exemple de Jésus-Christ qui supporta pa­tiemment.

5. Rien n'est plus nuisible à une communauté que d'être gouvernée par des supérieurs trop faibles qui cherchent à plaire et à se faire aimer.

6. Les supérieurs gagnent souvent beaucoup à prendre conseils même de leurs inférieurs.

7. Le supérieur doit choisir le moment favorable pour corriger.

8. Un supérieur a besoin de témoigner à ses inférieurs de l'estime et de la confiance.

9. Il est plus facile de prévenir les abus que de les réformer.

10. C'est le propre de l'esprit de Dieu d'agir avec douceur et avec amour.

Extrait d'une circulaire du R. P. Général du 17 octobre 1898

Quant à vous, nos très chers frères, qui partagez avec nous la grave responsabilité de gouverner les élus du Cœur de Jésus, nous ne saurions trop vous recommander de vous tenir à la hauteur de votre tâche. Vous devez à ceux que vous dirigez l'exemple, la prière et le sacrifice. Les Pa­triarches offraient à Dieu chaque matin un sacrifice pour obtenir que leurs enfants ne tombent pas dans le péché (job, 1,5).

Vous devez prier chaque jour pour tous ceux de votre maison.

Vous devez offrir à Dieu pour eux le sacrifice de vos mortifications et de vos immolations quotidiennes.

Vous devez surtout veiller à ce qu'ils observent nos saintes Règles pour le salut de leurs âmes et la consolation du Cœur de Jésus. Vous de­vez insister pour cela de toutes manières.

«Insta opportune, importune; increpa, obsecra in omni patientia et doctrina» (2 Tim 4). Autrement vous ne sauverez ni leurs âmes ni les vôtres. Saint Augustin disait à son peuple: «Nos de nobis et de vobis rationem reddemus».

Vous devez exiger fermement l'exactitude aux exercices, le silence dans la maison, en dehors des temps de récréation, la fidélité aux confes­sions hebdomadaires et au compte rendu de conscience. Veillez à l'obser­vation de la pauvreté. Que personne ne se rattache à quelques livres ou objets qui lui seraient donnés. Plusieurs religieux ont commencé par là à se perdre. Réglez avec soin les correspondances et les visites. C'est votre devoir.

Indiquez les sujets de méditation et de lectures spirituelles selon l'esprit de notre vocation et de manière à faire croître les âmes dans l'amour du Cœur de Jésus.

Vous devez prendre à cœur toutes nos œuvres, favoriser les voca­tions, recruter des agrégés pour nos associations et entretenir l'union des cœurs entre tous et avec nous.

Vous devez éviter d'introduire et de conserver des usages qui ne soient pas conformes aux coutumes générales de l'œuvre.

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